Notes
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[1]
Cette publication a été élaborée à partir d’une communication au 17ème Congrès international du Rorschach, Université de Rome, 9-14 septembre 2002.
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[2]
Maître de Conférences en Psychologie clinique, Groupe de Recherche en Psychologie de la Santé (GREPSA), Laboratoire de Psychologie, Université Nancy-2.
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[3]
Je remercie vivement Belkacem Bouchentouf, Gwenaëlle Butin, Mélanie Thouvenin et David Voinson, qui ont réalisé leur mémoire de maîtrise de psychologie sous ma direction, et récolté certains des protocoles analysés dans cette publication.
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[4]
Psychologue clinicienne.
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[5]
Le premier chiffre correspond au numéro de la planche considérée, et le second renvoie à l’ordre des réponses pour chaque planche.
1L’insomnie, qui constitue le trouble du sommeil le plus fréquent chez l’adulte, représente un problème de santé publique en augmentation croissante et comporte un risque de chronicisation majeur (de Koninck et Godbout, 1985 ; Ohayon, 1996 ; Ohayon et Bousquet, 1997 ; Touchon et coll., 1997 ; Dollander, 2002b). Près d’un Français sur cinq se déclare insatisfait de la quantité ou de la qualité de son sommeil, ou affirme consommer des somnifères (Ohayon, 1996). Ohayon et Bousquet (1997) rapportent en outre qu’un tiers des sujets souffrant d’insomnie en sont affectés depuis plus de cinq ans.
2D’un point de vue psychologique, l’insomnie traduit une difficulté du sujet adulte à prendre de la distance avec les tensions qui peuplent son monde externe, et avec les conflictualités intrapsychiques que ces tensions et angoisses suscitent. Rares sont les travaux en langue française qui tentent d’approcher cette problématique à l’aide d’une technique projective telle que le test de Rorschach, et c’est ce que nous souhaitons tenter dans cette publication.
3Une revue des principales contributions psychanalytiques dans le champ des troubles du sommeil chez l’adulte (Freud, 1900, 1920 ; Fenichel, 1953 ; Bergeret, 1976 ; Houzel, 1995 ; Assoun, 1995) nous a amenée, dans une précédente publication (Dollander, 2002b) à formaliser quatre hypothèses différenciées pour rendre compte de l’étiologie de l’insomnie chronique. Il nous semble en effet que l’on peut envisager l’insomnie de différentes manières, en fonction du tableau clinique du sujet insomniaque considéré :
4- soit comme une conséquence du débordement de la fonction symbolisante du rêve, du fait de conflits intra-psychiques ou d’un trop-plein d’angoisses non symbolisées ;
5- soit comme une conséquence du débordement de la fonction symbolisante du rêve, du fait d’une surcharge externe ;
6- soit comme une conséquence de cauchemars traumatiques et répétitifs ;
7- ou enfin comme une conséquence de difficultés à régresser à la position passive, en raison de l’excès d’angoisse réactivé par cette régression. C’est cette dernière hypothèse que nous envisagerons dans ce travail. Nous en présenterons dans un premier temps les fondements théoriques, avant de proposer une méthodologie pour la mettre à l’épreuve puis de présenter les premiers résultats de notre étude exploratoire.
L’INSOMNIE CHRONIQUE COMME CONSÉQUENCE DE LA DIFFICULTÉ À REGRESSER À LA POSITION PASSIVE
8Dès 1900, Freud soulignait les relations étroites existant entre le sommeil et la nécessité d’une plongée régressive, conduisant l’être humain à se rapprocher de ce qui fut le point de départ de son développement. Il décrit le sommeil comme « une reviviscence du séjour dans le corps maternel dont il réalise certaines conditions : position de repos, chaleur et mise à l’écart de l’excitation ». On retrouve un point de vue analogue chez Xambo (1993), selon lequel le sommeil représente un « temps de repos réparateur dans une sécurité apaisante. Dormir ramène chacun vers un imaginaire de la relation première mère/enfant : “dormir comme un bébé”, régression bénéfique au stade de la relation maternante archaïque, quand nourrissage, sécurité et bien-être corporel et affectif confondus sont assurés de l’extérieur par l’adulte tutélaire. »
9Comme nous l’avons précédemment exposé, nous posons pour notre part l’hypothèse selon laquelle la régression à la position passive est un mouvement nécessaire à l’endormissement et au sommeil, et que l’insomnie dans toutes ses manifestations (d’endormissement, intermittente ou de réveil précoce) est liée à la difficulté du sujet à investir de manière prolongée une position passive, cette dernière venant réactiver des angoisses de castration (dues aux difficultés d’élaboration de la position œdipienne), d’abandon ou de mort.
10Dans le premier versant de cette hypothèse, on peut supposer que certains sujets insomniaques ne parviennent pas à s’endormir ou à rester endormis du fait qu’une passivité prolongée les expose fantasmatiquement à un risque de mutilation ou de perte de leur intégrité. Car, ainsi que l’affirme Fenichel (1953) : « La pensée inconsciente peut naître que l’on peut être châtré pendant le sommeil, mais la perte même de conscience pendant le sommeil peut avoir elle-même la signification de castration ». L’hypervigilance mobilisée pour lutter contre cette angoisse viendrait alors détériorer la qualité du sommeil.
11Le second volet de cette hypothèse renvoie à l’impossibilité pour certains sujets insomniaques de s’endormir ou de rester endormis, du fait que la situation de séparation et de repli nécessaire au sommeil les expose à une solitude inélaborable et vient réactiver des angoisses d’abandon et de perte d’objet. Selon Debray (1999), l’acceptation de la passivité est « en grande partie fonction de la tolérance à l’accès à la position passive du sujet, révélant ce que Marty (1980) appelait son “épaisseur régressive” ». Ce mouvement engage dans un premier temps des régulations somatiques permettant d’atténuer les décharges motrices désorganisantes. C’est ensuite que pourront se développer plus largement les aménagements passifs désignés par Green (1980) sous le terme de « passivité pulsionnelle » : « L’action de la pulsion, elle-même active, “passivise” le sujet qui la subit. Le rôle des soins maternels passivise l’enfant. Pour que la pulsion ne soit pas vécue comme dangereuse et destructrice [...], il faut que [le sujet] puisse compter sur l’objet, comme l’enfant passivisé par les soins maternels doit pouvoir compter sur la mère. » (Debray, 1999). Le sommeil nécessite lui aussi une « passivation confiante » où le sujet s’en remet à ses objets internes et externes. On suppose alors des effets délétères engendrés par de fortes angoisses de perte d’objet et d’abandon sur la possibilité d’endormissement et le déclenchement du symptôme insomniaque.
12Selon Debray (1999), l’accès à la position passive évoqué précédemment relève d’un long processus : « Le mouvement progrédient va du plus extérieur au plus intérieur, du corps à travers ses états de tension et ses régulations automatiques jusqu’au dedans de la psyché, de la mise en acte dehors à l’élaboration fantasmatique sur la scène psychique où l’érotisation de la position passive insérée dans l’activité sexuelle éloigne de la mélancolie et de la mort. » Ainsi, l’érotisation de la position passive permet de prévenir la réactivation par le sommeil d’une angoisse de perte d’objet invalidante, de même que d’une angoisse de mort.
13Ce dernier point nous mène au troisième volet de notre hypothèse : les sujets insomniaques ne pourraient pas s’endormir ou rester endormis longtemps, du fait de la menace de mort fantasmatique que représente pour eux la position passive, cette menace les mettant dans une nécessité psychologique d’hypervigilance. En effet, l’endormissement est un moment critique pour certains : le seul fait d’être seul, dans le noir et loin du monde extérieur, peut raviver des angoisses de non-continuité d’être, et provoque le « renversement en angoisse de la jouissance passive d’exister » décrit par Dayan (1998). Ce dernier rappelle d’ailleurs qu’« il est reconnu que certaines formes d’insomnie apparaissent en raison de cette vigilance de tous les instants qui semble requise pour garantir la survie ou le droit à la continuité identitaire du JE ». Dans le même ordre d’idées, Fenichel (1953) affirme que la peur névrotique de la mort « est toujours due à des conceptions inconscientes associées aux idées de mourir ou d’être mort, et à une fuite loin des impulsions actives à tuer. Une fois cette peur établie, elle peut facilement amener des troubles du sommeil en faisant du sommeil et de la mort des équivalents. »
14Ce sont les trois dimensions de cette hypothèse que nous avons souhaité mettre à l’épreuve, selon une méthodologie que nous allons maintenant explorer.
MÉTHODOLOGIE
Méthodologie du cas unique
15S’agissant d’une recherche en cours, nous ne présenterons ici que la phase exploratoire de notre travail, centrée sur la mise à l’épreuve de notre hypothèse à partir d’une palette de quelques cas cliniques contrastés, présentant soit un sommeil de qualité soit un symptôme insomniaque. À l’instar de Widlöcher (1990), nous estimons que cette étude approfondie de cas individuels représente une nécessité scientifique. Le cas unique représente en effet un instrument de découverte irremplaçable (Widlöcher, 1999 ; Walter, 1998), dont « l’un des attraits est l’opportunité qu’il offre de descriptions cliniques exhaustives, faisant intervenir autant de variables que possible en fonction de la complexité de la situation clinique » (Braconnier et Lesieur, 1999). Cette méthodologie s’avère donc fondamentale « en tant que point de départ d’une élaboration théorique » (Humery, 1995).
16Nous pensons que la dynamique de la régression passive et de ses avatars peut être approchée de manière extrêmement fine par le test de Rorschach. C’est la formalisation de ces indicateurs que nous développerons dans les lignes qui suivent, après avoir détaillé les critères de sélection des sujets retenus pour notre étude.
Critères de sélection des sujets
17Concernant la sélection des sujets insomniaques, nous nous sommes appuyées sur les critères formalisés par Morin (1997) :
18- une plainte subjective d’insomnie ;
19- un temps requis pour s’endormir ou temps passé éveillé après le début du sommeil supérieur à trente minutes, une durée totale du sommeil inférieure à 6h30 heures, ou une efficacité du sommeil inférieure à 85% (cette efficacité correspondant au ratio entre le temps passé endormi et le temps passé au lit, multiplié par 100) ;
20- des difficultés à dormir présentes trois nuits ou plus par semaine ;
21- une durée de l’insomnie supérieure à un mois ;
22- une détresse psychologique et/ou des difficultés de fonctionnement (social, familial ou occupationnel) causées par l’insomnie.
23Nous avons retenus comme sujets contrôles des sujets tout venant ne témoignant pas d’un sommeil perturbé.
Opérationnalisation des avatars de la régression à la position passive par le test de Rorschach
24Nous avons privilégié le test de Rorschach pour approcher l’angoisse associée aux avatars de la régression à la position passive. Ainsi que le suggère une partie de la littérature développée à son propos (Rausch de Traubenberg, 1970 ; Chabert, 1983, 1987 ; de Tychey, 1986), nous pensons en effet que cet instrument permet d’approcher de manière particulièrement fine cette problématique. Notre première interrogation a porté sur les indicateurs pouvant rendre compte de ce trop plein d’angoisse. Plus particulièrement, il nous est apparu que dans les contextes d’insomnie, cet excès d’angoisse pouvait être lié à une excitation de la pensée se traduisant sur le plan de la production au Rorschach à la fois quantitativement et qualitativement.
25Sur le plan quantitatif on pourra relever :
26- une surabondance du pôle kinesthésique (somme des kinesthésies humaines et animales) ;
27- une dominante des verbes d’action sur les verbes d’état dans les kines-thésies ;
28- une chute de la qualité formelle des réponses ;
29- un indice d’angoisse (I.A.%) supérieur à 12% ;
30- une chute des réponses G, et ce en particulier aux planches compactes ;
31- la projection de contenus évocateurs de l’investissement d’une position d’hypervigilance (réponse « yeux »).
32Sur le plan qualitatif, le trop plein d’angoisse non élaborable mentalement entraînera :
33- une multiplication des recours aux agirs corporels et comportementaux ;
34- la multiplication des silences et des ruptures intra-discours, témoin de l’intensité de l’angoisse et de la défense massive en termes d’inhibition fantasmatique suscitée chez un moi placé dans l’incapacité de l’élaborer ;
35- à l’extrême, le refus de répondre, et donc l’incapacité à fantasmer une quelconque réponse à la présentation de la planche, reflète l’impact particulièrement invalidant de l’angoisse, générant une impuissance à penser.
36Plus spécifiquement, nous avons privilégié dans ce travail exploratoire la planche VI du test en raison de son contenu latent (Rausch de Traubenberg, 1970 ; Chabert, 1983, 1987) qui pousse à la régression passive et dont la symbolique sexuelle est fortement marquée : nous estimons en effet que ces deux dimensions sont étroitement intriquées dans la genèse du symptôme insomniaque (voir aussi Fenichel, 1953). Certes, le positionnement du sujet face à la régression passive et la menace fantasmatique qu’elle représente peuvent s’exprimer à d’autres planches du test. En particulier, les planches pastels - et tout spécifiquement la planche IX - ont elles aussi pour particularité de solliciter la régression. Toutefois, elles ne poussent pas de manière aussi spécifique au positionnement passif face à la symbolique sexuelle : ainsi la planche IX peut-elle solliciter des mouvements régressifs plus archaïques à une position orale agressive, voire à une régression fusionnelle intra-utérine. Aussi pensons-nous que la dimension que nous cherchons à isoler s’exprimera de manière plus privilégiée et discriminative face à la symbolique de la planche VI, en raison du caractère particulièrement marqué de l’engramme banal « peau d’animal ». Le choix de cette orientation méthodologique, dessinée dans un premier temps en fonction des arguments théoriques que nous venons d’exposer, fut enfin renforcé par notre travail préalable de comparaison des versions complètes des protocoles Rorschach de sujets insomniaques et bons dormeurs en notre possession. Ce travail ne fit apparaître aucune différenciation nette entre sujets insomniaques et bons dormeurs aux autres planches du test.
37Dans l’exposé de notre opérationnalisation, nous dirons d’abord quelques mots des indicateurs offerts par la planche VI pour identifier la capacité à régresser à la position passive, avant de proposer une opérationnalisation de l’impossibilité de cette régression sans angoisse majeure. Dernière précision, outre la réponse banale de la sixième planche du test, c’est également toute la dynamique de la planche que nous prendrons en compte, à la fois dans le protocole et dans la passation associative. C’est en effet cette dynamique d’ensemble qui renseigne sur l’élaboration ou non des angoisses réactivées par le contenu latent de la planche. Cette analyse sera enfin assortie de considérations ponctuelles sur l’ensemble du protocole, en particulier afin d’approcher les relations entre la difficulté de régresser à la position passive et le mode d’organisation de la personnalité du sujet.
La capacité à régresser à la position passive
38Selon nous, la possibilité pour le sujet de régresser à la position passive se traduira de différentes manières à la planche VI :
39- le sujet sera capable de fournir l’engramme banal de manière globale (réponse G) sans angoisse ;
40- cette réponse banale pourra en outre faire l’objet de qualificatifs associant l’investissement d’une position passive à la projection d’un vécu de plaisir (par exemple : « Une peau de mouton... c’est tout doux, tout chaud... ») ;
41sur le plan de la dynamique intraplanche, la qualité formelle des réponses se maintiendra, et on ne relèvera pas de rupture de la qualité de la sym-bolisation (absence de projections de contenus crus à valence sexuelle ou agressive).
L’impossibilité de régresser à la position passive sans angoisse majeure
42Parallèlement, l’incapacité du sujet à régresser à la position passive se traduira à la planche VI par les indicateurs suivants :
43- l’augmentation du temps de latence ;
44- des acting corporels ou comportementaux associés à la réponse ;
45- l’impossibilité de fantasmer l’engramme banal, qui signe l’impossible investissement d’une régression passive devenue trop anxiogène ;
46- sur le plan de la dynamique intraplanche, la détérioration de la qualité formelle des réponses et/ou la réduction de la productivité si la réponse banale a été donnée ;
47- la projection d’une angoisse non élaborée mentalement, dont témoigne le recours à des agirs corporels et comportementaux face à la planche (retournement de la planche suivi d’inhibition, grimace, pâleur, tremblements, tenue à distance de la planche.).
48La détérioration immédiate de l’engramme banal fantasmé s’exprimera de plusieurs façons selon la nature de l’angoisse réactivée par la régression passive. En fonction de nos hypothèses théoriques il nous faut en effet distinguer une régression à la position passive interdite ou entravée par une réactivation majeure de l’angoisse de castration, de l’angoisse de séparation et de perte d’objet, ou enfin de l’angoisse de mort et de destruction.
49• Régression à la position passive problématique, en raison d’une réactivation majeure d’angoisse de castration
50L’angoisse de castration se traduit dans les indicateurs généraux suivants
51(de Tychey, 1986) :
52- une augmentation du temps de latence avant de fournir l’engramme banal ;
53- un mode d’appréhension en G amputée, en D ou Dd pour représenter cette réponse banale - réponse que l’on cotera alors (Ban) ;
54- une gêne explicitement verbalisée devant les parties saillantes ou en creux de la planche, avant ou après avoir produit l’engramme banal ;
55- une tendance à produire, après la réponse « peau », d’autres contenus animaux ou humains plus souvent tronqués qu’entiers (bien que les représentations unitaires existent), tant dans la dynamique de la planche VI que sur l’ensemble du protocole de test (ce qui se répercutera sur les rapports H/Hd et A/Ad, qui s’éloigneront alors des normes habituelles) ;
56- une production associative mettant l’accent sur un vécu d’impuissance, d’incapacité de réalisation de soi générateur d’angoisse ;
57- la présence dans la dynamique de la planche de réponses sexuelles crues après (ou en l’absence de) la production de l’engramme banal. La désymbo-lisation opérée (Laplanche, 1980) est alors en lien direct avec l’intensité de l’angoisse de castration réactivée ;
58- un accent mis sur la castration (Schafer, 1954) au niveau des contenus projetés après la verbalisation de l’engramme banal (réponses « pince », « trognon », membres amputés ou déformés). On retrouve une position assez proche chez N. Rausch de Traubenberg et M.-F. Boizou (1977) à propos des réponses cotées qualitativement « défect » - c’est-à-dire des contenus désignant un humain, un animal ou un objet auquel il manque quelque chose -après la verbalisation de l’engramme banal. Ces deux auteurs notent que l’angoisse de castration s’exprimera, quel que soit le contenu, par des remarques sur ce qui manque, ce qui est coupé. Cependant, pour pouvoir légitimement conférer cette valeur à cette réponse, encore faut-il que l’image projetée ne produise aucune association avec le fantasme de destruction ou de mort, lequel indique toujours la résurgence d’un conflit prégénital.
59• Régression à la position passive problématique, en raison d’une réactivation majeure d’angoisse de séparation et de perte d’objet
60On peut formaliser les indicateurs suivants :
61les remarques interrogatives véhiculant une demande d’étayage au psychologue, après la verbalisation de l’engramme banal ;
62l’insistance, dans la production associative, sur la souffrance liée aux deuils évoqués ou au sentiment de solitude éprouvé ;
63la sensibilité à la planche VI au déterminant C’ (couleur noire au grise), qu’elle soit présente dans la verbalisation de l’engramme banal ou dans les commentaires précédant ou suivant la production de la banalité ;
64l’expression d’affects dépressifs liés à la forme ou à la couleur de la planche. Une attention toute particulière sera accordée au choix des qualificatifs, comme par exemple : « C’est triste comme couleur cette planche »;
65la présence de qualificatifs associant la projection d’affects de déplaisir à la représentation de l’engramme banal, comme par exemple :« Une peau d’animal mais c’est moche parce que ce gris c’est triste et la peau est découpée d’une manière qui ne correspond pas à la bestiole elle-même »;
66des contenus évocateurs de solitude (par exemple, une île donnée en G ou en Dd de bordure) ;
67la projection de réponses « lien », ou insistant sur la nécessité de relier les percepts ;
68la production, après l’engramme banal ou à sa place, de réponses kines-thésiques humaines ou animales mettant l’accent sur le rétablissement du lien ou sur la dépendance anaclitique. Ces productions reflètent alors indirectement l’angoisse de perte d’objet responsable de ce type de fantasmati-sation. En cas d’absence de la réponse « peau », elles signent l’impossibilité même d’investir la position passive.
69• Régression à la position passive problématique, en raison d’une réactivation de l’angoisse de mort
70Les indicateurs en seront les suivants :
71une projection de pulsions sadiques infiltrant la représentation fantasmée de l’engramme banal (comme par exemple : « Une peau de vache... c’est vraiment comme si on l’avait écartelée... on a taillé dans le bestiau... ») signe indirectement la réactivation massive d’une angoisse de mort associée à l’investissement d’une position passive ;
72un refus de réponse, non levé à l’enquête, traduit selon nous un état de mort psychique face à la sollicitation régressive passive de la planche VI ;
73toute thématique véhiculant une destruction potentielle ou réalisée, fan-tasmée en association, ou sur le plan dynamique après la verbalisation de l’engramme banal, nous paraît également renvoyer à la réactivation de l’angoisse de mort induite par la valence régressive passive de la planche ;
74la détérioration de la qualité de la symbolisation au niveau des contenus suivants fantasmés à cette planche (présence de réponses crues à valence agressive telles que le sang : cette réponse évoque la mise à l’épreuve massive de l’intégrité corporelle lorsqu’elle est donné en G à la planche VI) ;
75une production associative saturée à cette planche par la verbalisation explicite d’une angoisse de mort.
VIGNETTES CLINIQUES ET RÉSULTATS
76Nous présenterons ici les résultats de notre travail exploratoire issus de l’analyse d’une dizaine de cas cliniques de sujets insomniaques âgés de 20 à 53 ans (nous parlerons de plusieurs cas uniques, l’effectif étant trop faible pour parler de groupe), comparés avec les productions de cinq sujets tout venant ne présentant aucun trouble du sommeil. Dans un souci de concision, nous illustrerons nos conclusions à partir de six vignettes cliniques (cinq insomniaques et un sujet contrôle).
77Les conclusions de nos premières investigations se révèlent richement informatives. Contrairement à ce que l’on peut observer chez les sujets bons dormeurs, les personnes insomniaques ne parviennent pas à réaliser une régression à la position passive à la planche VI qui soit associée à l’expression d’affects de plaisir. Tous les sujets étudiés dans ce sous-groupe présentent en effet une réactivation massive d’angoisse consécutive à ce positionnement : angoisse de castration, angoisse de mort, ou intrication des deux chez un même sujet. Nous n’avons en revanche identifié aucun indicateur signant la présence d’une angoisse de séparation.
78Ces analyses font également apparaître que les formes d’expression des angoisses de castration et de destruction non élaborées sont variées. Elles peuvent apparaître dans le comportement du sujet devant la planche VI, en prélude à sa réponse. Elles se traduisent aussi par les aspects qualitatifs de sa verbalisation accompagnant ou non la représentation de l’engramme banal. Elles transparaissent enfin dans la succession dynamique des réponses à la planche VI, lorsque le sujet évoque plusieurs réponses (ce qui n’est pas toujours le cas).
79Nous présenterons ici les trois contextes d’apparition des troubles insomniaques que nous avons pu identifier, avant d’évoquer en contraste celui d’un sujet bon dormeur.
Avatars de la régression à la position passive et réactivation de l’angoisse de castration
80Une angoisse de castration drastique peut totalement interdire la régression à la position passive. Mais nous avons également observé que certains sujets paraissaient dans un premier temps parvenir à investir la position passive, régression dans un second temps interdite par l’émergence d’angoisses non symbolisées.
Impossibilité de régresser à la position passive, du fait de l’intensité de l’angoisse de castration
81L’adulte souffrant d’insomnie peut être dans l’incapacité de répondre à la sollicitation latente de la planche VI, ne pouvant alors fantasmer autour de l engramme banal « peau d animal ». C est le cas de Madame J., âgée de cinquante-trois ans et mère de deux enfants, dont les troubles ont débuté lors-qu elle avait une vingtaine d années. Ses problèmes de sommeil sont récurrents et presque quotidiens à l heure actuelle. Son protocole de test de Rorschach est contrasté : le test a en effet suscité une angoisse majeure, que l on peut inférer à partir de l inhibition drastique qui le caractérise (douze réponses au total), mais il est toutefois dominé par une excitation de la pensée (pourtant plus caractéristique du pôle obsessionnel) indiscutable. Celle-ci est attestée par la présence de sept réponses kinesthésiques, toutes caractérisées par l’investissement d’une position hyperactive, qui nous a semblé à valence presque maniaque à certains moments du test (planche II et planche X). Aucun compromis entre activité et passivité ne semble possible dans la construction des scénarii kinesthésiques :
82P 1-1 [5] : « une chauve-souris qui s’envole »;
83P 2-1 : « des clowns, des rigolos, ils sont en train de faire le clown avec leurs bras »;
84P 3-1 : « des amoureux de Penney »;
85P 5-2 : « une bestiole qui a des grands trucs prêts à décoller, pis y’en a deux autres qui veulent rentrer » ;
86P 7-1 : « des anges qui se regardent, qui se parlent »;
87P 8-1 : « des bêtes qui montent, qui montent... elles veulent arriver en haut mais en haut pourquoi ?»;
88P 10-1 : « c’est le 14 Juillet ça, c’est le feu d’artifice ça, ça pète de partout ça ! »)
89Il n’est pas étonnant que ce soit la planche VI, qui sollicite le plus la régression passive, qui place Mme J. en difficulté adaptative majeure. Cette dernière semble tout d’abord refuser la planche tant est grande l’angoisse de castration que ce positionnement réactive :«hum.alors ça. oh ben dis, moi je vois rien à ça... ». La défense par recours à la réalité objective et par dénégation, mobilisée dans une tentative d’endiguer l’angoisse intrapsychique, ne permet pas réellement de dégagement. L’angoisse reste flottante : « une tache d’encre, ça fait pas comme ça... C’est pas évident de dire... non, ça m’inspire pas ». Ici, la persistance du refus et l’incapacité de fantasmer l’engramme banal donnent la mesure de la charge d’angoisse de castration non élaborée interdisant la régression à la position passive.
90L’analyse de ce protocole révèle chez Mme J. une structure de personnalité hystérophobique, submergée d’angoisse de castration. La relation d’objet génitalisée fantasmée en P 3-1 (« Des amoureux de Penney ») et l’angoisse face à la puissance phallique (P 4-1 : « On dirait une descente de lit, non ?... et euh je sais pas quoi, pas un tigre parce que c’est c’est la couleur je sais pas. » ; P 6-1 : « moi je vois rien ») suffisent à nous en convaincre. Cette femme mobilise à la fois une inhibition majeure et une hypervigilance parfois maniaque pour ne pas accéder à une passivité trop culpabilisée (défense contre la culpabilité qui émerge tout particulièrement en P 7-1 : « des anges ») car trop liée à la sexualité, ce qui nous éclaire sur la genèse de son symptôme insomniaque.
Régression possible à la position passive, mais rendue très problématique en raison de l’intensité de l’angoisse de castration réactivée
91Nous illustrerons cette configuration par le protocole d Anne. Cette jeune femme, âgée de vingt-sept ans, connaît des troubles du sommeil prenant à la fois la forme de difficultés d endormissement et de réveils nocturnes. Elle fournit au test de Rorschach trente-deux réponses dont neuf à dominante kinesthésique. Contrairement à Mme J., Anne semble dans un premier temps parvenir sans difficulté à régresser à la position passive. Elle fournit sans hésitation ni angoisse (mais sans plaisir - contrairement, nous le verrons plus loin, aux sujets bons dormeurs) l engramme banal :«une peau de bête ». Mais la dynamique de sa deuxième et dernière réponse à cette planche, la perte de distance qui est la sienne, montrent clairement qu’ elle est submergée par une angoisse de castration massive, malgré la tentative de symbolisation phallique qu’ elle met en œuvre, comme si la conflictualité œdipienne fantasmée dans le scénario kinesthésique suscitait une charge anxiogène trop importante :
92« Je sais pas, deux personnes qui sont face à face, deux têtes avec un nez pas super, même carrément dégueulasse, mais bon en caricature avec les deux yeux [contenu qui nous semble traduire l’investissement d’une position d’hypervigilance], les paupières, le menton et la bouche, qui sont en face à face ».
93L’angoisse de castration réactivée est tellement intense que lors de la procédure associative, cette planche est la seule du test pour laquelle Anne ne parvient à évoquer aucune représentation associative. Ceci témoigne de la lourdeur et de la rigidité de l inhibition fantasmatique, comme défense ultime contre l angoisse.
94Le protocole d Anne témoigne lui aussi d une structure hystérophobique, associé à une excitation de la pensée dont témoigne la prégnance des kines-thésies (5K et 2k). À l’instar de Mme J., cette surcharge pulsionnelle fait écho à une angoisse de castration non symbolisée, réactivée par la sollicitation à la régression passive et la confrontation à la symbolique sexuelle appelées par la planche VI. Les kinesthésies de ce protocole évoquent une organisation génitale œdipienne, dans sa double valence : dimension libidinale érotisée (P 2-2 : « deux petits ours qui se font des bisous ») assortie d’un conflit d identification sexuelle avec disqualification du féminin (P 1-3 : « deux bonnes femmes en train de danser » ; P 7-3 : « une femme ou un homme, je sais pas. En tout cas deux personnes qui s embrassent »), et dimension d opposition agressive (P 3-l : « deux femmes qui sont en tête à tête » ; P 6-2 :« deux personnes qui sont face à face »).
95Tout comme Mme J., Anne présente donc un fonctionnement hystérique instable, organisé autour d’un fort noyau de conflictualité phallique œdipienne. Il semble bien que ce soient l’excitation de la pensée et l’affirmation d’une position active face au conflit œdipien qui participent à la survenue de son symptôme insomniaque.
Avatars de la régression à la position passive et réactivation de l’angoisse de mort
96Dans d’autres contextes cliniques plus chargés, la sollicitation régressive de la planche VI du test de Rorschach vient réactiver chez les sujets insomniaques une angoisse de destruction et de mort. Une nouvelle fois, deux tableaux apparaissent caractéristiques. Pour certains, la mise en scène de la position passive à travers l’engramme banal « peau d’animal » s’avère impossible. Pour d’autres, la régression à la position passive peut dans un premier temps se réaliser sur un mode adaptatif (production de l’engramme banal sans angoisse), mais ne se maintient pas sur un plan dynamique, car associée à une menace de destruction.
Impossibilité de régresser à la position passive, du fait de l’intensité de l’angoisse de mort
97Mme V. est une femme mariée âgée de vingt-cinq ans, et son protocole témoigne d’un indice d’angoisse élevé (I.A% de 29%). Chez elle, l’angoisse de mort surgit immédiatement face à la sollicitation régressive de la planche VI. Elle fantasme en effet une réponse unique, après un temps de latence conséquent, en lieu et place de l’engramme banal que l’on aurait attendu :
98« Je sais pas on dirait un... je sais pas comme quelque chose d’écrasé par terre, ou je sais pas, sur lequel on a roulé, je sais pas, y’a des moustaches, c’est peut-être une bête » [cotation G F- (A) défect, tendance K].
99La projection de pulsions sadiques destructives est à l’origine d’un fantasme de désintégration corporelle. Elle ne fournit pas d’autre réponse que ce contenu très projectif à cette planche. L’angoisse de mort est encore plus palpable à l’enquête, où elle déclare :
100« C’est juste la tête, je sais pas, on dirait la moustache d’un renard profilé que quelqu’un a écrasé et le reste, je ne vois pas, c’est peut-être... si, c’est peut-être le reste du corps avec les pattes avant... Mais c’est morbide, c’est morbide... Ouais c’est un animal écrasé ».
101L’angoisse de mort reste très présente lors de la procédure associative. Elle suscite un mouvement d’inhibition dans un premier temps, puis la projection de la même thématique que dans le protocole : « Non... J’pense à quelqu’un qui a fauché une bête sur l’ autoroute. »
102Mme V. se caractérise elle encore par une structure de personnalité hysté-rophobique, avec identification à un féminin érotisé :
103P 2-1 : « on dirait deux femmes qui dansent » ;
104P 3-1 : « on dirait des femmes africaines qui pétrissent je sais pas trop quoi... hum donc, on voit bien dessinés la poitrine, les genoux, les pieds, euh. il y a une espèce de récipient au milieu, c est un travail en partage »;
105P 7-1 : « ben j’ai l’impression que c’est encore des femmes qui dansent, qui sont en vis-à-vis, euh. c est plus gai, c est déjà moins foncé, j’ sais pas on dirait qu’ y a leur natte là qui est placée en arrière, c est. hyper dynamique ».
106On notera ici une revendication phallique de facture hystérique alliée à une perspective anale dénotant une réactivation de la dimension homosexuelle féminine. L’hyperactivité (« hyper dynamique ») semble ici mobilisée à la fois contre la résurgence de désirs homosexuels et celle d’ affects dépressifs (« c est plus gai, c est déjà moins foncé »).
107Outre l’ angoisse de mort, la reconnaissance de la puissance phallique est également réactivatrice d’ angoisse de castration et d’ affects dépressifs :
108P 4-1 (unique réponse à cette planche) : « Je sais pas, on dirait un bonhomme vraiment imposant. grand, fort. c est vraiment pas très gai les couleurs là, hum. je sais pas, je sais pas ce qu’il y a là (sourit), j’arrive pas trop à... interpréter. On voit bien les pieds, des espèces d’ébauches de bras [défect], en fait il est déformé ce bonhomme-là, il a une tête un peu particulière. [tendance clob] je sais pas, je trouve que c est imposant, c est fort comme image, mais euh. c est triste, c est. de toute façon ce qui est noir j’aime pas trop c’est foncé ».
109Cette sensibilité dépressive fait écho aux angoisses de mort déjà identifiées à la planche VI.
110Malgré une structure de personnalité proche, Mme V. se distingue de Mme J. et d’ Anne par une sensibilité aux affects dépressifs marquée. Outre les éléments déjà soulignés plus haut, on relève en effets ses réponses suivantes :
111P 1-1 « c est sombre, on dirait un masque, c est assez effrayant »; P 5-1 : « on dirait une chauve-souris, donc il y a les ailes qui sont bien dessinées des côtés, les antennes devant, les pattes arrière qui pendent, et pis euh... ben après c’est tout ce qui se rapporte à l’ animal quoi, la nuit, les histoires qu’ y a autour euh. [.] la couleur est toujours foncée » (on notera à la fois une sensibilité au phallique de facture hystérique et une kinesthésie de posture où la passivité s’allie à l’impotence) ; P 8-2 : « on dirait un visage, un visage triste, avec les yeux [hypervigilance] un peu qui tombent, les cheveux des côtés, les joues, le nez ».
112La troisième réponse à la planche 3 fait à nouveau apparaître l’angoisse de mort qui habite Mme V. : « après ça devient comme un squelette ».
113La structure de personnalité de Mme V. s’avère plus complexe que celles de Mme J. et Anne. On y relève en effet une angoisse de castration caractéristique des structures névrotiques (angoisse qui transparaît en P4-1 et P5-1, et à travers la sensibilité aux segments phalliques et la présence de défects). Mais la force de l’angoisse de mort et de destructivité liée à la puissance phallique prend largement le devant de la scène, et c’est cette angoisse de mort qui surgit lorsqu’est sollicité le positionnement conjoint de Mme V. face à la position passive et à la symbolique sexuelle. Sans doute le caractère insupportable de la position passive pour la jeune femme est-il également à lier à une sensibilité à l’homosexualité féminine insuffisamment refoulée (dont on peut penser qu’elle vient encore renforcer l’angoisse liée à la dimension phallique interdictrice et punitive), ainsi qu’à un maniement très problématique de l’agressivité :
114P 2-2 : « ce qui se passe en bas, j’sais pas, on dirait du sang. »;
115P 3-2 : « J’sais pas, je trouve que les taches là n’ont rien à faire dans le, euh... dans la figure. Je sais pas c’est comme si c’était immaculé (sic) de sang quoi, qu’on avait jeté du sang dessus ».
116Ici émerge même un traitement interprétatif du test témoignant de la non-symbolisation des pulsions agressives.
Régression possible à la position passive, mais rendue très problématique en raison de l’intensité de l’angoisse de mort réactivée
117Marc est âgé de vingt-quatre ans, et éprouve régulièrement des difficultés d’endormissement qui retentissent sur son rythme de travail diurne. L’entrée en matière à la planche VI semble dans un premier temps indiquer une possible régression à la position passive :«Là, on dirait une espèce de peau tendue ». Mais sur un plan dynamique, cette première réponse est rapidement submergée par une thématique de destruction qui se déploiera en deux temps. La projection d’une pulsionnalité agressive véhiculant une menace d’agression infiltre en effet d’emblée la production de l’engramme banal fantasmé en P 6-2 : « genre une peau chassée par les indiens. ». Dans un second temps, le mouvement régressif semble se prolonger et revêtir une menace d’engloutissement : « un truc sur un plan d’eau, une espèce de forêt, un marécage. ». L’association à cette planche reste factuelle et ne permet pas d’élaboration des angoisses réactivées, mais plutôt le refuge dans une régression infantile :
118« J’ai beaucoup regardé les dessins animés, la télé, les films et j’ai beaucoup lu de bandes dessinées. Et c’est vrai que quand tu es gamin, c’est beaucoup de trucs, cowboys et indiens euh., machin et c’est vrai ça me fait penser à ça [.] ».
119Le protocole Rorschach de Marc indique une structure de personnalité état-limite, dont témoigne l’incapacité à fantasmer une relation d’objet géni-talisée (P 3-1 : « deux serveurs de bar, comme s’ils avaient une espèce de costume » ; P 3-4 : « des planches d’anatomie »), la projection d’une dimension sexuelle féminine non symbolisée (P 2-3 : « le truc rouge pourrait faire les lèvres d’un vagin » ; P 9-3 : « une photo de bébé dans l’utérus ») et l’existence d’une dimension phallique non structurante et réactivatrice, outre l’angoisse de mort soulignée plus haut, d’une angoisse d’abandon associée à un fantasme de destruction :
120P 4-1 : « une espèce de monstre dans les films d’horreur à deux balles »;
121P 4-4 : « une espèce de tronc d’arbre qui flotte et dessus comme un chien qui est en train de hurler, comme s’il est en train d’appeler, comme s’il y avait un déluge ».
122Dans ce contexte de personnalité abandonnique, loin d’être structurante, la dimension phallique renvoie à la nécessité de la séparation entre soi et l’objet d’étayage, ce qui est porteur chez Marc d’angoisses d’anéantissement. C’est l’excitation de la pensée (quarante-six réponses, une grande et quatre petites kinesthésies) et le recours au factuel mobilisés contre ces angoisses de destruction qui semblent à l’origine de l’insomnie de Marc.
Avatars de la régression à la position passive et réactivation simultanée des angoisses de castration et de mort
123Jérôme, qui a présenté des insomnies depuis sa naissance jusqu’à l’âge de trois ans, est maintenant âgé de vingt-deux ans. Il éprouve des difficultés d’endormissement, et affirme ne dormir qu’une à deux heures par nuit, par tranches de dix à quinze minutes. Le test de Rorschach met en évidence une excitation majeure de la pensée (soixante-deux réponses, dont trente kines-thésiques !). La dynamique de la succession des réponses face à la planche VI est particulièrement démonstrative. Jérôme évoque dans un premier temps l’engramme banal, mais en scotomisant la pointe phallique de la planche, ce qui témoigne de l’angoisse de castration agissante. La réponse suivante traduit le besoin de se protéger (« une tête de masque ») puis se désorganise, infiltrée par l’angoisse de mort (« enfin plus une tête de squelette hein juste la tête les yeux la forme le museau...») qui mobilise une position d’hyper-vigilance (insistance sur les yeux réitérée à l’enquête) puis un acting comportemental évoquant un mouvement de déni de l’angoisse (Jérôme se couche sur la table avec la tête sur le bras). La réponse suivante exprime à la fois l’investissement d’une position active et une bonne symbolisation de la bisexualité :« une fleur avec des pistils sur les côtés et le truc qui sort qui serait peut-être prêt à éclore ». Jérôme est le seul sujet de notre sous-groupe à donner ensuite à la planche VI une réponse où pourrait se lire a minima une lutte contre l’angoisse de séparation : « deux mains qui sont rejointes ». Puis il réaffirme ensuite une position active (P 6-5 : « quelque chose qui voudrait s’ouvrir »), immédiatement suivie d’un mouvement régressif passif particulièrement anxiogène en P 6-6 (il tourne trois fois la planche) : « sinon là les petits morceaux ça me fait penser aussi à des paysages qu’on voit au loin au crépuscule... L’ombre des arbres au soleil couchant quoi... ». La sensibilité à l’estompage, suggérant le maintien de l’angoisse, se poursuit dans la réponse suivante, l’angoisse semblant épongée pour un temps par le recours à l’intellectualisation. Jérôme fantasme en effet une production artistique en P 6-7 :«Pareil [il s’agit toujours du détail phallique supérieur de la planche] pour le morceau là ça me fait penser à un tableau, je crois que c’est de Monet où en fait y’a juste l’ombre d’une église avec le soleil ». Mais cette défense est peu adaptative pour juguler une angoisse qui nous semble à la fois de castration et de mort, véhiculée dans une dernière réponse formellement très détériorée et très projective, au point de mobiliser le même acting que quelques réponses plus tôt (Jérôme se recouche sur la table.) : « en prenant du côté comme ça aussi on croirait deux, une bouche d’araignée presque avec les deux crochets devant et pis au fond mais je sais plus comment ça s’appelle euh enfin une bouche d’araignée ». La procédure associative réactive un mouvement phobique que l’on peut voir là aussi comme une condensation d’angoisses de castration et de mort (malgré les tentatives de refoulement) :
124« J’aime pas de trop les araignées, c’est vrai que ça me faisait penser à un truc. euh... euh je sais pas... à la rigueur de la peur quoi... parce que les crochets ça m’avait toujours fait penser. ben je sais pas justement, comme si on voulait t’accro-cher, te piquer euh. ouais ce serait de la peur répulsive. »
125Jérôme présente une structure de personnalité obsessionnelle, dont témoignent l’intégration de la bisexualité psychique que nous avons relevée plus haut et une relation d’objet génitalisée malgré quelques difficultés d’identification à son sexe générique :
126P 3-1 : « c’est deux personnes qui s’opposent euh ça fait toujours deux vu que c’est symétrique mais qui frappent sur des tam-tam. à la rigueur deux femmes parce que ça fait presque une poitrine devant. ou alors qui tiennent quelque chose presque un berceau » - on remarquera le doute obsessionnel qui infiltre la pensée : « à la rigueur », « ou alors. presque ».
127Nous soulignerons une nouvelle fois l’intensité des angoisses de castration et de mort réactivées chez Jérôme par la symbolique phallique, contre lesquelles le jeune homme se défend par l’excitation de la pensée et la dévalorisation :
128P 4-1 : « une tête d’oiseau, un corbeau, enfin pas en entier pis pas très beau »;
129P 4-2 : « une grosse tête d’oiseau avec les ailes qui se déploient »;
130P 4-4 : « une tête couronnée » - dans la symbolique de cette réponse apparaît de manière saisissante le surinvestissement de la sphère intellectuelle ;
131P 5-1 : « un alligator qui sort de la mare qui veut attraper une proie la gueule grande ouverte ».
132Dans ce contexte névrotique obsessionnel, l’intensité du sadisme vient amoindrir l’efficience du refoulement et favoriser un fonctionnement beaucoup plus projectif et interprétatif. De cela témoignent les réponses suivantes :
133P 2-2 : « ça c’est deux nains de jardin qui s’affrontent. avec leur bonnet mais leur visage a disparu c’est ça. ouais mais ça ça fait vraiment des mains quoi avec l’impression en tout cas que c’est des mains opposées là l’une sur l’autre c’est tout à fait ça... avec les taches rouges sur eux, c’est ils sont pas simplement opposés quoi ils combattent, y’a du sang. » - réponse suivie à l’enquête de la remarque suivante : « la tête c’est ce qui est en blanc c’est comme si y’avait pas de tête mais elle est suggérée quoi. (rouge inférieur ?) ouais ouais, je sais pas, ce serait sur les jambes je saurais pas dire pourquoi mais c’est. comme si justement la notion d’affrontement ça faisait des taches rouges sur eux, du sang ou je sais pas »; P 7-2 et P 7-3 : « deux personnes avec un grand nez genre Pinocchio... pis qui ont l’air un peu hagard... ça fait comme s’ils avaient des yeux » ; « Dessus ça serait leurs pensées qui s’élèvent comme un nuage mais elles resteraient bien cachées » - dans ces derniers contenus, outre un refoulement massif, semble surgir une hypervigilan-ce éventuellement paranoïde face à l’angoisse de castration.
Régression à la position passive non problématique : profil des « bons dormeurs »
134Les protocoles Rorschach de sujets bons dormeurs actuellement en notre possession se démarquent nettement de ceux des sujets insomniaques quant au traitement de la planche VI. Ils présentent les caractéristiques communes suivantes :
135- la capacité à régresser à la position passive, soit sans angoisse, soit accompagnée d’une angoisse ténue finalement contenue par un refoulement efficace, correspondant sur le plan dynamique à la capacité de fournir l’en-gramme banal entier et sans atteinte ;
136- la capacité à verbaliser des affects de plaisir associés à la régression à la position passive ou à valoriser cette position.
137Pour étayer notre propos, nous présenterons rapidement les productions d’Emma, âgée de vingt ans, et qui est l’une des cinq adultes bons dormeurs évalués. Sa productivité au test de Rorschach est moyenne (vingt-quatre réponses). Elle donne neuf réponses kinesthésiques, mais investit à plusieurs reprises la position passive, notamment face à la symbolique phallique de la planche IV (P 4-1 : « un géant assis sur un tronc d’arbre »). Emma donne d’emblée une symbolisation très réussie du détail phallique supérieur de la planche VI, associée à des affects de plaisir (P 6-1 : « En fait ça me rappelle Cyrano avec son grand nez. C’est marrant. Je sais pas si tu le vois mais c’est le grand nez qui me fait penser à Cyrano »). Le vécu de plaisir est encore plus explicite à l’association :
138« Cyrano ça me fait penser à mon prof de français de 5ème... parce que j’ai joué un bout de la pièce devant la classe et j’avais bien réussi. J’ai bien aimé le livre, je trouve que c’est une belle histoire et c’est bien écrit. J’ai joué la tirade des nez et j’aime bien ce passage-là ».
139L’évocation du désir à l’égard de la gent masculine réactive une angoisse de castration sensible dans la réponse suivante (P 6-2 : « là ça fait comme un insecte bizarre mais je saurais pas dire quel insecte » - vu dans l’ensemble, sans précisément la pointe phallique !). À la différence des sujets insomniaques, Emma parvient à mettre en place un refoulement opérant face à cette angoisse, et verbalise finalement l’engramme banal sans inconfort, preuve d’une régression adaptative à la position passive :«en fait là il y a une peau de bête étendue ».
140À l’instar de Mme J. et Anne, Emma se caractérise par une organisation hystérophobique de la personnalité, avec des défenses obsessionnelles en termes de recours à l’imaginaire (elle produit trois grandes et sept petites kinesthésies). Elle apparaît toutefois beaucoup plus stable, la conflictualité phallique œdipienne étant suffisamment élaborée pour lui permettre d’investir une position passive non réactivatrice d’angoisse de castration invalidante. On ne relève pas non plus de revendication phallique chez Emma, ce qui témoigne à nouveau d’une bonne intégration du stade phallique œdipien, et rend compte tout à la fois de sa capacité à reconnaître une dimension phallique valorisée et à exprimer des affects de plaisir en lien avec l’investissement d’une position passive :
141P 2-1 : « je vois un visage là, avec de grosses moustaches blanches, c’est marrant, j’ai l’impression qu’il me regarde avec ses yeux là dans le blanc »;
142P 4-1 : « un géant assis sur un tronc d’arbre »;
143P 6-1 : « en fait ça me rappelle Cyrano avec son grand nez. C’est marrant ».
DISCUSSION
144Les analyses que nous venons de présenter sont riches d’enseignements. Il apparaît ainsi que, contrairement à ce que l’on peut observer chez les sujets bons dormeurs, les personnes insomniaques ne parviennent pas à réaliser une régression à la position passive à la planche VI qui soit associée à l’expression d’affects de plaisir. Tous les sujets étudiés dans ce sous-groupe présentent en effet une réactivation massive d’angoisse consécutive à ce positionnement : angoisse de castration, angoisse de mort, ou intrication des deux chez un même sujet. Nous n’avons en revanche identifié aucun indicateur signant la présence d’une angoisse de séparation. Ce premier constat est intéressant, car il suggère une différence importante entre la dynamique des troubles du sommeil chez l’adulte et celle des mêmes troubles chez l’enfant, chez lequel l’angoisse de séparation semble occuper une place beaucoup plus importante (Dollander, 2002a).
145Nous proposerons ici une courte discussion reprenant le sens du symptôme insomniaque pour chacun des sujets envisagés, en fonction de leur structure de personnalité, de la nature de l’angoisse réactivée chez eux par la sollicitation d’un positionnement conjoint face à la régression passive et la symbolique sexuelle, et en relevant également la distance qu’ils ont instaurée avec le matériel projectif.
146Chez les deux femmes où c’est une angoisse de castration invalidante qui interdit la régression à la position passive ou son maintien (Mme J. et Anne), c’est un traitement projectif du test qui prédomine, en lien à une problématique œdipienne mal élaborée et très anxiogène. L’une et l’autre mobilisent une forte excitation de la pensée pour lutter contre une angoisse de castration drastique, le relais étant pris par l’inhibition lorsque cette défense ne suffit plus à contenir l’angoisse - cette dernière apparaissant moins forte chez Anne, c’est-à-dire chez le sujet parvenant dans un premier temps à investir un positionnement passif.
147Les deux sujets pour lesquels nous avons pu identifier une angoisse de mort à l’origine de leurs troubles insomniaques (Mme V. et Marc) présentent des tableaux cliniques plus contrastés. Mme V. apparaît en effet de structure hystérique et témoigne d’un traitement projectif (mais également parfois interprétatif) du test qui fait apparaître des affects dépressifs, des motions agressives non symbolisées et une sensibilité homosexuelle féminine anxiogène. L’angoisse de castration est présente, mais c’est une angoisse de mort qui est réactivée lorsque Mme V. est confrontée au positionnement conjoint face à la dimension phallique et à la régression à la position passive. Chez Marc, d’organisation état-limite, la reconnaissance de la puissance phallique, loin d’être structurante, est fortement anxiogène. Le traitement projectif du protocole indique clairement le surgissement d’angoisses d’anéantissement quand est sollicité le positionnement du sujet à la fois face à la dimension sexuelle et à la régression à la position passive, angoisses contre lesquelles est également mobilisé un recours au factuel.
148Quant à Jérôme, dont les symptômes insomniaques semblent liés à une résurgence insurmontable d’angoisses de mort et de castration, il se caractérise par une structure de personnalité obsessionnelle et un traitement projec-tif - voire interprétatif - du matériel.
149Rappelons enfin que chez Emma, sujet bon dormeur de structure hystéro-phobique, le traitement projectif du test et la présence de nombreuse kines-thésies attestent d’un imaginaire riche, mais n’entravent pas l’investissement de la position passive - lequel s’allie en outre à des affects de plaisir évoqués en lien à la confrontation à la dimension phallique. D’autre part, un refoulement opérant est mobilisé face à l’angoisse de castration, alors que ce mécanisme de défense ne parvient jamais à contenir suffisamment les angoisses des cinq premiers sujets.
150D’un point de vue méthodologique, nous avons pu vérifier la pertinence de l’outil privilégié pour entreprendre notre approche comparative des avatars de la régression à la position passive. La symbolique de la planche VI du test de Rorschach présente en effet l’avantage avéré et conséquent de susciter la régression à une position passive, tout en la liant à l’investissement de la sexualité et à la sollicitation surmoïque. Le lit représente d’ailleurs autant le cadre contenant du sommeil que celui de la vie sexuelle... Fenichel soulignait il y a fort longtemps déjà (1953) les relations étroites entre l’insomnie et la sexualité en affirmant que l’insomnie pouvait être un équivalent « d’une peur du sommeil signifiant la peur des désirs inconscients qui peuvent naître dans le sommeil », et en avançant également qu’une autre cause d’insomnie pouvait tenir à « de graves soucis ou des expectatives chargées d’émotion, qu’elles soient agréables ou désagréables, en particulier l’excitation sexuelle sans possibilité de satisfaction ». Dernier point concernant le choix de la planche VI, il reste sans doute à affiner son opérationnalisation en fonction du sexe des sujets, du fait que cette planche sexuelle ne revêt évidemment pas la même valeur pour les femmes et les hommes.
151Concernant les perspectives de recherche futures, les premières conclusions présentées ici engendrent plusieurs réflexions. Elles appellent d’une part à tenter de généraliser ces résultats sur un échantillon plus important. Nous adopterons ainsi la position de compromis proposée par Widlöcher (1999) : « Si la méthode quantitative a surtout pour intérêt de vérifier la régularité d’un événement observé, la méthode du cas unique a surtout pour but de découvrir de nouveaux objets de connaissance. La première, forte sur le plan méthodologique, n’apporte pourtant rien de nouveau ; le contraire s’observe pour la seconde, fut-ce au prix d’une certaine faiblesse de la démonstration. Les deux démarches sont donc plus complémentaires qu’en rivalité. Le cas unique précède souvent la vérification ». En particulier, il importerait de vérifier si l’apparente absence de l’angoisse de séparation dans la genèse de l’insomnie se confirme. Il serait de plus pertinent d’identifier finement les modalités défensives, adaptatives ou non, mobilisées pour faire face aux angoisses réactivées par la sollicitation régressive à la position passive.
152Ces résultats suggèrent également la pertinence d’une étude comparative des avatars de la régression à la position passive en fonction du sexe du sujet. Cet investissement suscite en effet probablement des conflictualités différentes chez l’homme et la femme dans leur rapport à la sexualité. Il importera d’autre part d’envisager les méandres de ce processus dans les formes d’organisations de la personnalité où il est « par définition » plus problématique. Nous pensons tout particulièrement aux organisations obsessionnelles de la personnalité, caractéristiques de certains des sujets que nous avons rencontrés, lesquels présentaient par ailleurs une excitation de la pensée.
153De nouvelles investigations pourraient en outre permettre de décider si les quatre hypothèses différentielles proposées en introduction sont exclusives les unes des autres, ou si les troubles insomniaques d’un même sujet peuvent tenir de plusieurs de ces étiologies. Enfin, un autre axe de recherche pourrait viser à comparer les productions d’adultes hypersomniaques à celles de sujets insomniaques.
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- Xambo J.-J. (1993). « Sommeil - rêve - insomnies », Soins formation - pédagogie - encadrement, n° 7, 3ème trimestre 1993, p.43-48.
Mots-clés éditeurs : Pasividad, Passivité, Clinica adulta, Régression, Rorschach, Insomnie, Regresión, Clinique adulte, Insomnio
Date de mise en ligne : 01/12/2010
https://doi.org/10.3917/pcp.009.0285Notes
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[1]
Cette publication a été élaborée à partir d’une communication au 17ème Congrès international du Rorschach, Université de Rome, 9-14 septembre 2002.
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[2]
Maître de Conférences en Psychologie clinique, Groupe de Recherche en Psychologie de la Santé (GREPSA), Laboratoire de Psychologie, Université Nancy-2.
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[3]
Je remercie vivement Belkacem Bouchentouf, Gwenaëlle Butin, Mélanie Thouvenin et David Voinson, qui ont réalisé leur mémoire de maîtrise de psychologie sous ma direction, et récolté certains des protocoles analysés dans cette publication.
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[4]
Psychologue clinicienne.
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[5]
Le premier chiffre correspond au numéro de la planche considérée, et le second renvoie à l’ordre des réponses pour chaque planche.