Notes
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[1]
À la suite de la déprogrammation d’un documentaire mettant en cause Le Crédit Mutuel, partenaire économique du groupe Vivendi, le journaliste Jean-Baptiste Rivoire avait témoigné sur le site Arrêt sur Images des interventions de la présidence de la chaîne dans la délimitation des sujets sur lesquels il était possible ou non d’enquêter à Canal+.
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[2]
En 2016, la France pointe à la 45e place sur 180.
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[3]
L’ouvrage dirigé par Éric George aborde la question du pluralisme sous de multiples aspects. Nous avons choisi dans cette lecture critique, faute d’espace et dans un souci de cohérence, de nous concentrer sur les contributions qui abordent la question du pluralisme de l’information sous l’angle de la participation à sa production.
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[4]
Voir sur ce sujet les contributions de Gaëtan Tremblay, Simon Claus, Renaud Carbasse et Marc-François Bernier.
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[5]
Pour une analyse des nouvelles contraintes que le numérique fait peser sur le travail des journalistes au sein des rédactions, voir notamment le dossier « Presse en ligne » de la revue Réseaux, dirigé par É. Dagiral et S. Parasie et paru en 2010.
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[6]
Le digital labor désigne la production gratuite par les internautes d’informations qui sont ensuite valorisées par des entreprises qui en tirent des bénéfices. Perçue par certains chercheurs comme une nouvelle forme d’aliénation, alors que d’autres pointent les motivations non intéressées des internautes, la notion fait débat au sein de la communauté scientifique. Voir à ce sujet Cardon et Casilli, 2015.
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[7]
Voir à ce sujet les études de l’Observatoire du Webjournalisme, http://obsweb.net/blog/2016/02/25/75 (accès le 30/08/2016).
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[8]
Sur la dimension verrouillée des systèmes d’exploitation mobiles et l’encadrement des usages qui en découle, voir Badouard, Mabi et Sire, 2016.
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[9]
L’accès au statut de fonds de dotation pour les entreprises de presse a notamment fait l’objet d’une campagne de la part de Médiapart.
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[10]
À la question, « Avez-vous très confiance, plutôt confiance, plutôt pas confiance ou pas confiance du tout dans chacune des organisations suivantes… », seuls 24 % des sondés ont répondu « très ou plutôt confiance » pour les médias, contre 12 % pour les partis politiques, 27 % pour les syndicats et 29 % pour les banques.
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[11]
Le cas de la banlieue et de ses traitements médiatiques est un exemple symptomatique de cette déconnexion. Sur le sujet, voir Berthaud (2013) et Sedel (2013).
-
[12]
Vincent Goulet note ainsi que dans les quartiers populaires, l’appartenance à un même territoire vient compenser la diversité des cultures d’origine et des opinions. L’inscription dans un territoire constitue par ailleurs un facteur de succès pour les titres de presse, comme en témoigne la relative bonne santé de la presse régionale dans un contexte de crise économique.
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[13]
On pense notamment au Bondy Blog, né dans le contexte des émeutes de 2005, au média participatif Le Crieur de la Villeneuve à Grenoble, à Fumigène Mag à Caen, et plus globalement aux différents médias engagés dans le collectif Presse & Cité.
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[14]
Dans ce domaine, il est à noter la création du dispositif « La Chance aux concours » qui aide des étudiants boursiers à préparer les concours des écoles de journalisme, les classes préparatoires « Égalité des chances » de l’École supérieure de journalisme de Lille, et la création d’un master de journalisme à Gennevilliers par l’Université de Cergy-Pontoise, dans lequel enseigne l’auteur de la présente lecture critique.
1Lecture critique des ouvrages suivants : Julia Cagé, 2015, Sauver les médias. Capitalisme, financement participatif et démocratie, Paris, Seuil ; Éric George (dir.), 2015, Concentration des médias, changements technologiques et pluralisme de l’information, Québec, Presses de l’Université Laval ; Vincent Goulet, 2014, Médias : le peuple n’est pas condamné à TF1, Paris, Éditions Textuel.
2L’indépendance des médias vis-à-vis des pouvoirs économiques et financiers est un enjeu démocratique de premier ordre. La récente reprise en main de Canal+ par Vincent Bolloré, qui s’est traduite par une série d’interventions directes du PDG de Vivendi sur les choix éditoriaux de la cellule investigation de la chaîne, en est un exemple frappant [1]. L’accélération du mouvement de concentration des médias en France, qui voit tomber dans l’escarcelle de grands groupes industriels un nombre toujours plus important de rédactions, constitue ainsi l’une des causes du mauvais classement de la France dans le baromètre de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières [2].
3L’influence de la concentration des médias sur l’indépendance des rédactions et sur le pluralisme de l’information est également une question de recherche en sciences sociales, qui a récemment suscité la publication de deux ouvrages. En 2015, Julia Cagé a publié Sauver les médias. Capitalisme, financement participatif et démocratie, aux éditions du Seuil, dans lequel l’économiste se penche sur les rapports entre propriété des entreprises de presse et garantie de l’indépendance des rédactions. La même année, le chercheur en communication Éric George dirige aux Presses de l’Université Laval un ouvrage collectif intitulé Concentration des médias, changements technologiques et pluralisme de l’information, qui propose une série de contributions interrogeant les rapports entre multiplication des sources d’information sur Internet et pluralisme effectif des contenus produits. À ces deux ouvrages axés sur la question de la concentration des médias s’ajoute celui de Vincent Goulet, publié en 2014 aux éditions Textuel, intitulé Médias : le peuple n’est pas condamné à TF1, dans lequel le chercheur revient sur la déconnexion entre classes populaires et médias « progressistes » à travers une critique, notamment, de la très forte homogénéité sociale de la profession journalistique.
4De ces trois ouvrages aux statuts différents (essais et ouvrage collectif), abordant des sujets différents, nous proposons ici une lecture croisée centrée sur la question de la participation comme remède aux maux des médias. Ces trois publications abordent en effet cet enjeu selon des acceptions distinctes mais profondément complémentaires. Dans l’ouvrage dirigé par Éric George, il est tout d’abord question de la participation à la production de l’information : si Internet a permis une démultiplication des sources et des acteurs sur le marché de l’information, en découle-t-il « naturellement » un pluralisme accru en termes de diversité des sujets abordés et de leurs modes de traitement ? Comme le montrent les contributions qui composent l’ouvrage, les choses sont loin d’être aussi simples, et la participation du plus grand nombre à la production de l’information peut aussi s’accompagner de phénomènes de concentration et de redondance propres au web. Chez Julia Cagé, il est ensuite question de participation financière à la propriété des médias : quels mécanismes juridiques pourraient permettre d’ouvrir le capital des entreprises de presse à de nouveaux acteurs afin de garantir leur indépendance ? L’économiste explore ainsi la possibilité de création de nouveaux statuts juridiques pour les médias, qui permettraient d’inviter les petits actionnaires, les lecteurs et les journalistes à investir dans le capital des entreprises en bénéficiant d’un pouvoir de décision accru dans les conseils d’administration. Vincent Goulet, quant à lui, se penche sur la participation des classes populaires au travail des médias, en explorant les ressorts de la défiance à leur égard : comment, dans ce contexte, permettre une reconnexion entre populations socialement défavorisées et médias « progressistes » ?
5Pluralisme, indépendance, diversité, trois facettes de la question « participative » dans le champ médiatique, que nous proposons ici de lier dans une réflexion commune, en les considérant comme trois conditions essentielles à la production d’une information de qualité devant permettre aux citoyens de se forger une opinion sur les problèmes publics et les grandes questions de société.
Internet et pluralisme : la participation du public comme remède à la redondance des contenus
6La notion de pluralisme appliquée à la production de l’information peut être entendue de différentes façons [3]. Dans l’ouvrage dirigé par Éric George, deux principales acceptions sont développées : la pluralité des sources, c’est-à-dire le nombre de producteurs présents sur le marché de l’information ; et la diversité des contenus, c’est-à-dire la capacité des programmes et des informations produites par les journalistes à représenter la diversité des points de vue. L’enjeu des contributions de l’ouvrage est d’étudier la manière dont la première influence la seconde : l’augmentation ou la diminution des acteurs sur le marché de l’information génèrent-elles une plus grande diversité de contenus, tant sur le plan des sujets abordés, des opinions exprimées que des catégories de population qui les produisent et/ou y sont représentées ?
7Pour aborder cette question, l’ouvrage accorde une place importante à la présentation des résultats d’un projet de recherche canadien sur le sujet, en se focalisant plus précisément sur le Québec, une province où la concentration des médias est particulièrement importante [4]. À cette enquête déclinée en plusieurs contributions, s’ajoutent des cas d’étude provenant d’autres régions du monde, comme le Bénin, le Brésil et le Sénégal. Plusieurs contributions abordent également le cas français, notamment à travers la présentation des résultats d’une étude sur le pluralisme de l’information sur le web francophone.
8Dans ces différentes zones géographiques, la première transformation produite par Internet sur le marché de l’information a été de démocratiser les possibilités de production et de publication de contenus médiatiques. L’arrivée de nouveaux acteurs sur ce marché s’est-elle pour autant traduite par une diversification des contenus et de leurs traitements ? Rien n’est moins sûr, à en croire différentes contributions de l’ouvrage. Comme le rappelle le chapitre de Renaud Carbasse, si Internet a mis fin à un état de rareté éditoriale, en permettant une ouverture de l’espace médiatique à un ensemble de voix et d’opinions, toutes ces voix ne bénéficient pas de la même audience. Les lignes se déplacent et, pour paraphraser Dominique Cardon, l’enjeu est aujourd’hui moins de rendre publique une information sur Internet que de la rendre visible (Cardon, 2010). À ce petit jeu, ce sont les acteurs centraux du champ médiatique qui sortent gagnants : les sites Internet des médias « traditionnels », comme LeMonde.fr en France par exemple, restent les plus visités et les plus partagés sur les réseaux sociaux. Si Internet permet une démultiplication des prises de parole, il ne leur permet donc pas de se faire entendre de la même façon, et les acteurs historiques demeurent les plus écoutés.
9À ce phénomène de concentration de l’attention s’ajoutent des questionnements en termes de qualité de l’information produite sur Internet. Au sein des rédactions, les technologies numériques bouleversent les routines professionnelles, en imposant une plus forte productivité aux journalistes. La production quotidienne en vigueur dans les médias dits « traditionnels » (sortir un journal, préparer une émission) se transforme en production en continu en ligne [5]. Les journalistes produisent plus, plus vite, et se retrouvent davantage dépendants des sources officielles, comme les communiqués des institutions et des entreprises. La consécration des réseaux sociaux comme nouvelle porte d’entrée vers l’information (une part de plus en plus importante du trafic sur les sites des médias en ligne provient de ces plateformes) ne fait qu’accélérer le phénomène. Comme le rappellent Marc-Olivier Goyette et Sylvain Rocheleau dans leur contribution, l’injonction à être le premier à diffuser une information sur Facebook et Twitter incite les journalistes à publier quasiment tels quels les communiqués de presse qui leur sont fournis, sans vérifier l’information ni croiser les sources. Dans son introduction, Éric George souligne également le rôle « méta-éditorial » qu’occupent les réseaux sociaux pour les journalistes : puisque l’enjeu est de toucher un maximum d’internautes sur ces plateformes pour les faire venir sur les sites des médias, les journalistes sont tentés de produire des contenus plus légers, autour de faits d’actualité divertissants, dans la mesure où ceux-ci sont les plus partagés par les internautes.
10Un autre phénomène important lié à Internet est l’entrée de nouveaux acteurs industriels sur le marché de l’information, dont le but n’est pas de produire des contenus mais de valoriser ceux produits par les médias afin d’en détourner les recettes publicitaires. C’est notamment le cas des « infomédiaires » comme Google Actualités, qui diffusent sur leurs portails des liens vers des articles proposés par des médias divers. Ces liens produisent de la valeur en captant l’attention des lecteurs, mais les revenus générés par cette attention, via les publicités présentes sur les portails, ne bénéficient qu’aux intermédiaires et non aux rédactions. Ces pratiques ont généré de nombreux conflits entre titres de presse et géants américains du web (Sire, 2015), conflits dont les rédactions ne sortent jamais gagnantes, puisque ces géants échappent aux réglementations nationales, comme le souligne la contribution de Simon Claus.
11Le chapitre d’Annelise Touboul et Franck Rebillard s’intéresse plus précisément aux différentes stratégies éditoriales des acteurs en présence sur le web. À partir d’une étude d’ampleur réalisée sur 209 sites, les chercheurs questionnent le pluralisme en ligne sous l’angle de la variété (le nombre de sujets abordés chaque jour), l’équilibre (la répartition des articles en fonction des sujets) et la disparité (les traitements différenciés d’un même sujet). Cette étude présente l’intérêt de comparer les médias en ligne (c’est-à-dire les sites Internet des journaux, radios et chaînes de télévision), aux médias natifs du web (les pure players, qui ne disposent pas d’équivalent hors ligne), aux blogs et aux infomédiaires (comme les agrégateurs de nouvelles de type Google Actualités, ou les portails commerciaux comme Orange). Sur les 11 jours de collecte, réalisée en mars 2011, les auteurs précisent que 5 841 sujets ont été abordés, soit 531 sujets chaque jour. En ce sens, notent les auteurs, le web est indéniablement un facteur de diversité éditoriale. Le plus intéressant demeure la diversité des stratégies : les infomédiaires et les médias en ligne, qui adoptent une logique de captation de l’attention, mettent en œuvre un véritable « matraquage éditorial » en publiant de nombreux articles sur un même sujet. À l’inverse, les pure players et les blogs adoptent une logique de rareté éditoriale, en proposant peu d’articles sur un même sujet, et en traitant un grand nombre de sujets différents. Ces acteurs sont également ceux qui accordent le plus d’attention aux sujets rares (c’est-à-dire abordé par moins de cinq articles dans l’ensemble du corpus), avec près de la moitié de leurs publications entrant dans cette catégorie. Si les sites des médias et les infomédiaires reproduisent en ligne des logiques de « circulation circulaire de l’information », pour reprendre l’expression de Pierre Bourdieu (1996), qui ont pour conséquence une concentration de l’attention autour de quelques sujets, les blogs et les sites natifs du web constituent les véritables acteurs du pluralisme de l’information sur Internet.
12Une dernière série de questionnements sur les liens entre participation et pluralisme de l’information en ligne a trait à la captation de la valeur économique générée par la participation des internautes. Dans son chapitre, Nikos Smyrnaios décrit notamment comment de pure players, comme le Huffington Post, ont bâti leur notoriété sur le travail gratuit de centaines de blogueurs dont ils hébergent les contributions. Cet accaparement de la production amateur s’étend selon l’auteur aux médias traditionnels, qui exploitent les billets de blog sous forme de chroniques. Mais les entreprises de presse ne s’arrêtent pas là et entendent bien monétiser les commentaires des internautes (à travers des stratégies de fidélisation et de référencement) ainsi que leurs pratiques de partage sur les réseaux sociaux (en les « profilant » à des fins publicitaires). La contribution de Nikos Smyrnaios, qui n’est pas sans rappeler les débats autour du « digital labor » [6], a pour intérêt de poser la protection des données personnelles comme une question politique : son enjeu n’est pas uniquement éthique (protéger ses données à titre individuel et ne pas trop s’exposer) mais économique, puisque les traces laissées par les internautes sont au cœur même de l’économie de l’Internet marchand.
13Si Internet constitue un espace médiatique alternatif où peuvent être exprimés des points de vue peu visibles dans les médias traditionnels, les auteurs de l’ouvrage collectif dirigé par Éric George nuancent cette « promesse démocratique » sur plusieurs points. D’abord, si toutes les opinions peuvent y être exprimées, toutes ne bénéficient pas de la même audience, et les médias traditionnels restent les plus écoutés. Alors que les blogs et les sites natifs du web sont les véritables acteurs du pluralisme de l’information en ligne, ils restent moins consultés que les médias et les infomédiaires, qui sont de leur côté engagés dans des stratégies de matraquage éditorial. La production amateur sur Internet est par ailleurs rentabilisée par des acteurs économiques qui en accaparent la valeur, favorisant ainsi un phénomène de concentration des revenus et de l’attention autour d’un petit nombre de services. Une piste intéressante pour de futures recherches, mentionnée dans l’ouvrage mais ne faisant pas l’objet d’un traitement à part entière, est celle de la place des réseaux sociaux dans cet « écosystème médiatique » : puisque Twitter et Facebook constituent aujourd’hui une porte d’entrée vers les sites d’information, permettent-ils à des médias alternatifs de toucher un plus large public via les activités de partage des internautes ? En tirent-ils un pouvoir accru en termes de mise à l’agenda ? Une dernière piste, qui n’est pas abordée dans l’ouvrage, a trait à la consommation d’information sur supports mobiles (tablettes et smartphones), en pleine expansion [7], et à la traduction de la tension entre pluralisme et concentration dans un environnement médiatique particulièrement verrouillé [8] : les applications génèrent-elles un phénomène de concentration plus important encore que sur le web ? Comment se répartissent les revenus tirés de la consommation d’applications ? Les médias indépendants et alternatifs parviennent-ils à se faire une place sur ce marché ?
Indépendance : ouvrir la participation à la propriété des médias
14Si la question du pluralisme est également au cœur de l’ouvrage de Julia Cagé, celle-ci est abordée par le prisme de la propriété des médias. L’économiste de Sciences Po Paris dresse en introduction un constat sans appel : la propriété des médias est devenue en France une chasse gardée pour des milliardaires en mal d’influence. Pour protéger le pluralisme et l’indépendance des rédactions, il devient urgent de favoriser des mécanismes d’actionnariat multiple selon une logique participative, qui permettrait à la fois aux journalistes et aux lecteurs de disposer de droits de vote au sein des conseils d’administration. Julia Cagé propose ainsi la création du statut de « société de média à but non lucratif », qui emprunte à la fois aux statuts des fondations et des sociétés par actions.
15La France, comme d’autres pays, s’est dotée d’un arsenal législatif en vue de protéger le pluralisme des médias. Il est par exemple interdit pour un groupe de posséder plus de 30 % de la diffusion totale de la presse quotidienne d’information politique et générale. La règle dite « des deux sur trois » interdit également à un même groupe de posséder à la fois une télévision de diffusion nationale, une radio de diffusion nationale et un quotidien de diffusion nationale, en ne lui autorisant que le contrôle de deux de ces trois médias. À ces dispositions s’ajoutent des règlements par média, comme l’interdiction pour un même actionnaire de posséder plus de 49 % du capital et des droits de vote d’une chaîne de télévision hertzienne nationale (sauf si l’audience moyenne de la chaîne reste inférieure à 2,5 % de l’audience totale), ou pour un même groupe de posséder des stations radiophoniques dont l’audience cumulée dépasserait les 20 %.
16Si, en termes de diffusion nationale, des garde-fous législatifs existent, la principale menace réside, comme nous le rappelle Julia Cagé, dans les rapports entre sources de financement et pouvoir de décision au sein des entreprises de presse. Historiquement, les médias disposent de trois sources de financement : la publicité, dont le marché se fragmente, du fait d’une offre éditoriale étendue (il existe de plus en plus de titres de presse, notamment du côté de la presse magazine de divertissement) ; l’achat au numéro, mais les ventes des journaux baissent constamment alors que sur Internet s’est installée une habitude de gratuité sur laquelle il semble difficile de revenir ; les aides publiques, qui posent des questions en termes d’indépendance par rapport au pouvoir en place, puisqu’en France ces aides constituent 4,8 % du chiffre d’affaires de la presse (et même 10,6 % de la presse générale et politique, pouvant aller jusqu’à 17 ou 23 % pour des titres en crise comme Libération ou L’Humanité).
17Julia Cagé appelle donc, dans Sauver les médias, à explorer de nouvelles sources de financement, en s’inspirant notamment du rôle des fondations au Royaume-Uni et aux États-Unis. Dans les pays anglo-saxons existe en effet une tradition du journalisme à but non lucratif, où de grands médias sont détenus par des fondations (comme le Guardian au Royaume-Uni), et où les éventuels bénéfices sont réinvestis plutôt que distribués aux actionnaires sous la forme de dividendes (comme le cas de Pro-Publica aux États-Unis, qui s’inspire du modèle économique des « non-profit »). Le statut de fondation dispose d’un avantage de taille : la stabilité, puisque les fonds qui lui sont alloués sont irrévocables (un donateur ne peut pas « retirer sa mise »). Mais elle présente également des inconvénients, comme sa mise sous tutelle par l’État, puisque la création d’une fondation implique qu’elle soit reconnue d’utilité publique par le Conseil d’État et qu’un de ses représentants siège à son conseil d’administration.
18D’autres modèles sont passés en revue par l’économiste : les fonds de dotation, statut flexible en termes de création et qui n’implique pas un rapport de subordination aux pouvoirs publics, mais auquel les entreprises de presse n’ont pas accès aujourd’hui [9] ; les SCOP (Sociétés Coopératives Ouvrières de Production), qui permettent aux salariés de posséder l’entreprise selon le principe « un salarié = une voix », mais qui dans la pratique se traduisent souvent pas des échecs (à l’exception notable du magazine Alternatives économiques), dans la mesure où les bénéfices éventuels sont rarement réinvestis dans la modernisation de l’outil de production ; les modèles hybrides, de type Ouest France, où une association loi 1901 contrôle le capital de la société qui possède le journal, le mettant ainsi à l’abri d’une prise de contrôle par rachat d’actions puisqu’il est nécessaire pour cela d’être membre de l’association, et donc d’obtenir l’agrément de son conseil d’administration.
19À partir de cette revue des statuts juridiques possibles pour une entreprise de presse, Julia Cagé propose la création d’un nouveau statut, celui de « société de média à but non lucratif », qui mixerait les avantages de la fondation et ceux de la société par actions. Cette société de média serait à but non lucratif, interdisant le versement de dividendes, tout en empêchant les actionnaires de récupérer leur apport, sur le modèle des fondations. La participation au capital ouvrirait un droit de vote au conseil d’administration, mais selon un principe de non-proportionnalité. Ce principe est au cœur de la proposition de Julia Cagé et constitue l’une de ses principales originalités : le seuil de 1 % du capital octroierait un droit de vote au conseil d’administration, mais au-delà d’un certain seuil (qui pourrait être de 10 %), seul un tiers des apports donnerait lieu à des voix supplémentaires, majorant de fait celui des petits contributeurs, afin que le total équivaille toujours à 100 %. Un tel mécanisme permettrait, selon l’auteure, d’encadrer le pouvoir décisionnel des actionnaires extérieurs en offrant notamment une place aux sociétés de lecteurs et de salariés.
20Car la seconde originalité de la proposition de Julia Cagé est de s’inspirer des plateformes de financement participatif (crowdfunding) pour permettre aux journalistes et aux lecteurs de s’associer pour posséder une part du capital du média. S’ils disposent de faibles apports, ils peuvent les cumuler pour obtenir une voix (ou plus) au conseil d’administration, et décider par vote interne des décisions à soutenir lors des délibérations. Leurs voix sont par ailleurs majorées par le principe de non-proportionnalité, leur permettant ainsi de peser dans les décisions qui les impactent directement en tant qu’employés et consommateurs.
21La spécificité de l’ouvrage de Julia Cagé repose donc sur le caractère concret de la proposition qu’elle formule. L’auteure n’en reste pas aux constats, connus par ailleurs, de la crise des médias et de la nécessité d’un renouvellement des modèles économiques, mais expose les conditions de la mise en œuvre de solutions potentielles. Ces solutions reposent notamment sur la mise en place de mécanismes d’association entre petits actionnaires, rendus possibles par Internet via des outils de crowdfunding, et sur le principe de non-proportionnalité qui permet à ces petits actionnaires de peser dans les décisions des conseils d’administration. Cette volonté d’intervenir dans le débat public autour de la crise économique de la presse explique en partie le large écho qu’a reçu la publication de cet essai dans les médias. Certains journaux ont même exprimé leur volonté d’expérimenter les mécanismes décrits par l’économiste : c’est notamment le cas du média en ligne Les Jours, fondé par d’anciens journalistes de Libération, qui a proposé à ses lecteurs d’en devenir actionnaires.
Diversité : permettre une meilleure représentation de la société au sein de la profession journalistique
22L’enjeu traité par Vincent Goulet dans son ouvrage Médias : le peuple n’est pas condamné à TF1, est tout à fait différent, mais tout aussi essentiel pour qui entend saisir l’enjeu de la participation aux médias. Depuis plusieurs années, un fossé semble se creuser entre les médias et leur public, ce dont attestent différentes enquêtes d’opinion. Le baromètre de la confiance politique publié tous les ans par le CEVIPOF est, à ce titre, évocateur : en 2015, les médias restent l’une des organisations envers laquelle les sondés expriment la confiance la plus faible, juste devant les partis politiques, mais derrière les banques et les syndicats [10]. Si le constat n’est pas nouveau, et que la méthodologie de ces enquêtes peut elle-même être remise en question, dans la mesure où la catégorie « les médias » semble peu significative (il existe des médias et des journalistes en lesquels on a confiance, d’autres dont on se méfie), force est de constater que le rôle des médias dans le fonctionnement de notre démocratie n’est pas l’objet d’un satisfecit collectif.
23Dans son ouvrage, qui reprend les grandes lignes du précédent Médias et classes populaires (Goulet, 2010) dans un style plus proche de l’essai, le chercheur en communication s’intéresse plus particulièrement à la déconnexion qu’il identifie entre publics populaires et médias « progressistes » – c’est-à-dire « de gauche » sous la plume de l’auteur –, en abordant à la fois ses causes et en dressant un ensemble de pistes pour y remédier. La posture est périlleuse, dans la mesure où elle implique pour le chercheur d’adopter un point de vue surplombant à partir duquel évaluer la « qualité » des médias, tout en cherchant à « libérer le public » malgré lui. L’auteur se tire finalement assez vite de cette posture pour aborder la thématique à travers le prisme de la politisation, en cherchant à comprendre les raisons du désintérêt des classes populaires pour les contenus politisés et progressistes, et leur attrait pour les contenus dépolitisés ou véhiculant une idéologique conservatrice.
24Selon Vincent Goulet, le premier facteur explicatif de cette déconnexion est le sociocentrisme de la presse de gauche, qui implique un écart culturel et sociologique important entre les producteurs et les récepteurs de ce type d’information. Les journalistes qui animent ces médias auraient ainsi du mal à se décentrer, en prenant en compte d’autres valeurs et d’autres visions du monde. Ce sociocentrisme s’exprime notamment à travers le style et la forme de cette presse de gauche, en totale opposition avec les modes d’appropriation populaire des médias. Son ton doctrinal, sa posture professorale, ses arguments d’autorité, sa phraséologie complexe ou son style abstrait sembleraient ainsi peu adaptés à un public qui dispose d’un faible capital culturel. La posture même de ces journalistes, qui cherchent une forme de reconnaissance au sein d’un champ culturel et intellectuel précis, les détournerait des usages que les classes populaires ont des médias, pour se focaliser uniquement sur les retours de leurs pairs.
25Vincent Goulet relève également la permanence d’un tropisme de gauche hérité du paradigme de la lutte des classes, qui veut que le désintérêt du prolétariat pour la politique ait pour cause principale l’idéologie des classes dominantes qui l’induit en erreur. Il suffirait donc de l’éduquer, d’augmenter son degré de connaissance par des opérations de dévoilement pour susciter mécaniquement une prise de conscience politique. Cette posture connaît un certain nombre de limites, comme le rappelle l’auteur, en négligeant notamment les apports des cultural studies, qui ont montré de longue date comment les classes populaires, dans leur consommation des médias, ne cherchent pas tant à expliquer la domination de façon savante qu’à en atténuer les effets, en s’en moquant ou en s’en indignant. Les classes populaires expriment ainsi une forte appétence pour les discussions morales, visant l’évaluation normative des conduites des uns et des autres, alors qu’à l’inverse les valeurs progressistes s’affirment davantage sur le plan de la rationalité. Il existerait ainsi différents usages sociaux de l’information, potentiellement incompatibles.
26Ce décalage entre la vision de l’information portée par les journalistes de gauche et les modes de consommation de l’information par les classes populaires s’explique également par la composition sociologique de la profession journalistique. Dans les écoles de journalisme, on retrouve une surreprésentation importante des enfants de cadres et une sous-représentation d’étudiants issus des classes populaires. Ces étudiants ont par ailleurs souvent suivi un parcours similaire, en passant par des Instituts d’études politiques (IEP) ou des classes préparatoires avant de s’orienter vers le journalisme. Enfin, les journalistes issus de l’immigration sont largement sous-représentés dans la profession. Un problème de « diversité » pointé depuis de nombreuses années par le Club Averroès et le CSA, mais qui ne semble pas s’être traduit par une politique volontariste de recrutement au sein des rédactions. Ce problème est particulièrement important dans la mesure où des sujets de première importance comme l’immigration, les banlieues, les discriminations, la place de l’islam dans la société ou encore le multiculturalisme sont traités par des journalistes qui n’en ont pas une expérience directe et en proposent assez logiquement un traitement biaisé [11].
27Après avoir dressé ce constat, Vincent Goulet explore trois cas historiques de médias populaires et émancipateurs : Le Père Duchesne lors de la Révolution française, Le Cri du Peuple à la fin du xixe siècle et la radio Lorraine Cœur d’Acier à la fin du xxe. À partir de ces trois exemples historiques, il dégage des caractéristiques de ce que pourraient être des médias populaires progressistes aujourd’hui : un langage direct, proche des discussions de tous les jours ; une dimension concrète qui passe par l’inscription dans un espace géographique précis (qui définit le périmètre du « nous » [12]) ; un traitement de l’actualité centré autour du débat d’idées en montrant les points de vue en opposition ; une valorisation des cultures issues de l’immigration en abordant frontalement les frictions entre ces différentes cultures. Pour que ces conditions soient réunies, il est nécessaire pour les journalistes de disposer d’une bonne connaissance des cultures minoritaires et des quartiers populaires, afin d’en parler sans condescendance ni a priori. Vincent Goulet en donne pour exemple les fêtes religieuses des groupes minoritaires, qui font l’objet de beaucoup d’attention dans les quartiers populaires mais qui sont très peu traitées dans les médias, pour la simple raison que les journalistes les méconnaissent. Ainsi, poursuit le chercheur, il est nécessaire que les journalistes proviennent ou s’immergent dans cette culture pour lui garantir une véritable représentation médiatique.
28L’ouvrage de Vincent Goulet nous rappelle que la contribution des classes populaires au travail des médias est un enjeu d’empowerment citoyen. Disposer d’un pouvoir de mise à l’agenda dans le débat public, faire entendre un point de vue peu représenté dans l’espace public, proposer une vision alternative des grands enjeux de société passe par un accès à la scène médiatique. Or cet accès reste aujourd’hui fermé aux classes populaires et aux populations issues de l’immigration, alors même qu’il reste une thématique récurrente dans les discours politiques depuis les émeutes de 2005. S’il existe de nombreuses initiatives qui naissent dans les quartiers populaires à travers la production de médias alternatifs [13], il est nécessaire aujourd’hui de repenser les mécanismes de recrutement des journalistes, à la fois dans les rédactions des grands médias, mais aussi dans les écoles de journalisme [14]. Un impératif dont l’ouvrage de Vincent Goulet souligne le caractère pressant.
Conclusion : la participation peut-elle sauver les médias ?
29La question de la participation dans le domaine des médias est souvent perçue à travers le prisme de la participation des citoyens à la production d’une information indépendante et/ou alternative. L’intérêt des trois ouvrages chroniqués ici est de nous montrer qu’au-delà de cette dimension, la question concerne de nombreux débats sur le rôle des médias en démocratie, qu’il est important de faire tenir ensemble. La participation du public à l’information touche à la fois à la production et à la diffusion de cette information, aux nouvelles formes de collaboration entre professionnels et amateurs, mais aussi aux modes de financement de la presse et à l’ouverture de la profession journalistique aux publics populaires. La crise économique de la presse, la multiplication des opportunités de publication, la mainmise des pouvoirs industriels sur les rédactions et le fossé grandissant entre les journalistes et leurs publics appellent en effet à une refonte profonde des mécanismes de financement des médias et de recrutement des journalistes. La participation, selon les différents sens que lui donnent les auteurs des ouvrages abordés dans cette lecture critique, est une piste privilégiée comme remède à une situation inquiétante : la participation du public à la production de l’information, à travers les blogs et les sites natifs du web, contribue effectivement au pluralisme des contenus ; la participation financière des journalistes et des lecteurs à la propriété des médias via des mécanismes de financement participatif peut permettre de garantir l’indépendance des rédactions ; la participation des populations économiquement défavorisées et/ou issues de l’immigration à la profession journalistique peut permettre de rapprocher les médias « progressistes » des classes populaires.
30Le constat n’est pas nouveau, mais les pistes proposées par les auteurs font preuve d’originalité et soulignent la faible volonté politique en la matière, malgré le vote de la loi Bloche sur le pluralisme des médias au début de l’année 2016. Le champ médiatique reste encore insuffisamment travaillé par les chercheurs en sciences sociales qui s’intéressent aux pratiques citoyennes et aux mutations démocratiques contemporaines. Il constitue pourtant un terrain privilégié pour observer les agencements entre mobilisations citoyennes (produire et diffuser des informations relatives à des problèmes qui affectent le public), économie collaborative (faire peser la voix des consommateurs dans les décisions des entreprises de presse) et inclusion (permettre aux « publics faibles » de faire entendre leurs points de vue sur les questions de société en en proposant de nouveaux cadrages). Trois facettes de l’empowerment citoyen qui sont souvent traitées de manière indépendante, mais dont le croisement laisse entrevoir des pistes de réflexion et d’action fructueuses.
Bibliographie
Bibliographie
- Badouard R., Mabi C., Sire G., 2016, « Inciter, contraindre, encadrer : trois logiques de gouvernementalité numérique », French Journal for Media Research, http://www.frenchjournalformediaresearch.com/index.php?id=1001 (accès le 30/08/2016).
- Berthaut J., 2013, La Banlieue du « 20 heures ». Ethnographie de la production d’un lieu commun journalistique, Marseille, Agone.
- Bourdieu P., 1996, Sur la télévision, Paris, Raisons d’agir.
- Cardon D., 2010, La démocratie Internet, Paris, Seuil.
- Cardon D., Casilli A., 2015, Qu’est-ce que le digital labor ?, Bry-Sur-Marne, Éditions de l’INA.
- Dagiral É., Parasie S., 2010, dossier « Presse en ligne », Réseaux, no 160-161, p. 13-281.
- Goulet V., Médias et classes populaires. Les usages ordinaires des informations, Paris, Éditions de l’INA, 2010.
- Sedel J., 2013, Les médias et la banlieue, Lormont/Bry-sur-Marne, Le Bord de l’eau/INA.
- Sire G., 2015, Google, la presse et les journalistes. Analyse interdisciplinaire d’une situation de coopétition, Bruxelles, Bruylant.
Notes
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[1]
À la suite de la déprogrammation d’un documentaire mettant en cause Le Crédit Mutuel, partenaire économique du groupe Vivendi, le journaliste Jean-Baptiste Rivoire avait témoigné sur le site Arrêt sur Images des interventions de la présidence de la chaîne dans la délimitation des sujets sur lesquels il était possible ou non d’enquêter à Canal+.
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[2]
En 2016, la France pointe à la 45e place sur 180.
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[3]
L’ouvrage dirigé par Éric George aborde la question du pluralisme sous de multiples aspects. Nous avons choisi dans cette lecture critique, faute d’espace et dans un souci de cohérence, de nous concentrer sur les contributions qui abordent la question du pluralisme de l’information sous l’angle de la participation à sa production.
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[4]
Voir sur ce sujet les contributions de Gaëtan Tremblay, Simon Claus, Renaud Carbasse et Marc-François Bernier.
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[5]
Pour une analyse des nouvelles contraintes que le numérique fait peser sur le travail des journalistes au sein des rédactions, voir notamment le dossier « Presse en ligne » de la revue Réseaux, dirigé par É. Dagiral et S. Parasie et paru en 2010.
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[6]
Le digital labor désigne la production gratuite par les internautes d’informations qui sont ensuite valorisées par des entreprises qui en tirent des bénéfices. Perçue par certains chercheurs comme une nouvelle forme d’aliénation, alors que d’autres pointent les motivations non intéressées des internautes, la notion fait débat au sein de la communauté scientifique. Voir à ce sujet Cardon et Casilli, 2015.
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[7]
Voir à ce sujet les études de l’Observatoire du Webjournalisme, http://obsweb.net/blog/2016/02/25/75 (accès le 30/08/2016).
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[8]
Sur la dimension verrouillée des systèmes d’exploitation mobiles et l’encadrement des usages qui en découle, voir Badouard, Mabi et Sire, 2016.
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[9]
L’accès au statut de fonds de dotation pour les entreprises de presse a notamment fait l’objet d’une campagne de la part de Médiapart.
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[10]
À la question, « Avez-vous très confiance, plutôt confiance, plutôt pas confiance ou pas confiance du tout dans chacune des organisations suivantes… », seuls 24 % des sondés ont répondu « très ou plutôt confiance » pour les médias, contre 12 % pour les partis politiques, 27 % pour les syndicats et 29 % pour les banques.
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[11]
Le cas de la banlieue et de ses traitements médiatiques est un exemple symptomatique de cette déconnexion. Sur le sujet, voir Berthaud (2013) et Sedel (2013).
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[12]
Vincent Goulet note ainsi que dans les quartiers populaires, l’appartenance à un même territoire vient compenser la diversité des cultures d’origine et des opinions. L’inscription dans un territoire constitue par ailleurs un facteur de succès pour les titres de presse, comme en témoigne la relative bonne santé de la presse régionale dans un contexte de crise économique.
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[13]
On pense notamment au Bondy Blog, né dans le contexte des émeutes de 2005, au média participatif Le Crieur de la Villeneuve à Grenoble, à Fumigène Mag à Caen, et plus globalement aux différents médias engagés dans le collectif Presse & Cité.
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[14]
Dans ce domaine, il est à noter la création du dispositif « La Chance aux concours » qui aide des étudiants boursiers à préparer les concours des écoles de journalisme, les classes préparatoires « Égalité des chances » de l’École supérieure de journalisme de Lille, et la création d’un master de journalisme à Gennevilliers par l’Université de Cergy-Pontoise, dans lequel enseigne l’auteur de la présente lecture critique.