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Article de revue

Élections et élus de février 1871 en Gascogne : le triomphe des conservateurs

Pages 93 à 106

Notes

  • [1]
    Alors que les républicains, même s’ils sont d’accord sur la question de l’instauration d’un régime de démocratie représentative, sont en revanche profondément divisés quant à l’attitude à adopter vis-à-vis de l’ennemi allemand.
  • [2]
    Édition du 3 février 1871.
  • [3]
    Édition du 5 février 1871.
  • [4]
    Édition du 7 février 1871.
  • [5]
    Les cas de Thiers et Maleville sont ambigus. En effet, ces derniers doivent être a priori classés au centre gauche. C’est d’ailleurs là qu’ils siègent. Mais, parce qu’ils sont favorables à une République conservatrice, ils sont souvent, et parfois contre leur gré, à la tête de listes de candidats des droites.
  • [6]
    D’ailleurs, les républicains au pouvoir en 1871 se gardent bien de soulever la question de la revanche afin de rassurer un électorat rural qui vient d’affirmer son pacifisme en février 1871 (cf. Bertrand Joly, « La France et la Revanche, 1871-1914 », Revue d’Histoire moderne et contemporaine, n°46, avril/juin 1999, pp. 325-347).
  • [7]
    AN., F7 1275. Préfet du Gers, 21 janvier 1871.
  • [8]
    Stéphane Audoin-Rouzeau, « 1870 : une étape oubliée vers la guerre totale. Étude d’opinion publique », Historiens et Géographes, n°338, spécial « La France au XIXe siècle », décembre 1992, pp. 81-96, ici p. 93.
  • [9]
    Le Réveil de Lot-et-Garonne, 11 et 12/13 février 1871.
  • [10]
    La sociologie du Cercle néracais de la Ligue de l’enseignement, fondé à la fin de l’année 1867 ou au début de 1868, confirme cette situation : le cercle ne rassemble que les urbains de sensibilité de gauche ou libérale. La catégorie des gens de la terre est complètement absente. Cf. Céline Piot, « La FOL47 a cent ans », in Céline Piot et Fanny Tarreau (dir.), FOL47. Nous avons écrit ton nom, à paraître.
  • [11]
    Discours prononcé à Périgueux le 15 avril 1884.
  • [12]
    Le Messager du Sud-Ouest, 12 novembre 1868.
  • [13]
    Répartition cartographiée des résultats : in René Rémond, La vie politique en France depuis 1789, t. 2 : 1848-1879, Paris, Armand Colin, 2e éd. augm., 1971 [1re éd. : 1969], 379 p., p. 75.
  • [14]
    Idem, p. 82.
  • [15]
    Eugen Weber, « Comment la Politique vint aux paysans : A second look at Peasant Politicization », dans American Historical Review, n°87, 1982, pp. 357-389. Pour un chroniqueur du journal Le Vengeur (15 février 1871), les masses rurales sont « affolées de servilisme ».
  • [16]
    Maurice Agulhon, 1848 ou l’apprentissage de la République 1848-1852, Paris, Éditions du Seuil, 1973.
  • [17]
    Ce qui représente environ un tiers de leurs revenus. La première Restauration augmente alors l’inquiétude paysanne qu’exploite Napoléon Ier. La crainte du rétablissement de la dîme explique par conséquent l’enthousiasme lors du retour au pouvoir de ce dernier, puis la peur pendant la seconde Restauration. En 1848, croyant à des complots formés par les nobles et les prêtres, les paysans se tiennent prêts à lutter contre eux (ce qui signifie, en fait, contre le rétablissement de la dîme et des droits féodaux). Cf. Albert Soboul, « “Survivances féodales” dans la société rurale française au XIXe siècle », Annales ESC, 23e année, n°5, septembre/octobre 1968, pp. 965-986, ici pp. 971-978.
  • [18]
    AD47, 4 M 73 : rapport du commissaire de police de Tonneins du 30/11/1869.
  • [19]
    Par exemple en Lot-et-Garonne : 74 % de « oui » lors du plébiscite de 1851 et 77,9 % en 1852.
  • [20]
    La défaite de Guilloutet marque, pour les Landes, la fin définitive des victoires électorales des tenants du régime impérial.
  • [21]
    Cassagnac l’emporte à Mirande, Lasies à Condom et Delpech-Cantaloup à Lectoure tandis qu’à Auch, le radical Decker-David ne se maintient qu’au prix de quelques concessions faites aux antisémites.
  • [22]
    En avril 1872, le commissaire de police écrit que « le parti bonapartiste est très fort à Agen » (AD47, 4 M 76).
  • [23]
    Hermann Sarrette, député de la circonscription de Villeneuve-sur-Lot depuis 1871.
  • [24]
    Comme Adolphe Thiers et Léon de Maleville n’ont pas choisi le département gascon dans lequel ils ont été élus, nous ne les avons pas pris en compte dans ce portrait de groupe.
  • [25]
    Pour les renseignements biographiques sur ces élus, nous renvoyons à Sylvie Guillaume et Bernard Lachaise (dir.), Dictionnaire des parlementaires d’Aquitaine sous la Troisième République, Bordeaux, 1998, 624 p., pp. 378-379 ; 394-396 ; 425-428 ; 431-433 ; 502-504 ; et à Georges Courtès (dir.), Le Gers. Dictionnaire biographique de l’Antiquité à nos jours, Société Archéologique et Historique du Gers, Auch, 1999, 365 p., pp. 17 ; 41 ; 135 ; 192 ; 229 ; 296-297.
  • [26]
    NDLR : voir Francis Perrot « L’Uniforme et la Toge. Les officiers élus à l’Assemblée nationale (1871-1875) », dans [Recherche], supra, pp. 49-60.
  • [27]
    Initié à Villeneuve-sur-Lot, il devient membre de la loge « Les Cœurs Réunis » d’Agen.
  • [28]
    La loge landaise « La Concorde » se rappelle longtemps des combats menés contre elle par ce dernier au point de dénoncer, en 1903, la promotion au grade de capitaine sans changement d’affectation du fils du député monarchiste qu’elle considère comme son « plus grand ennemi » dans Alain Pécastaing, La Franc-maçonnerie dans les Landes. Le Grand Orient de France de 1888 à nos jours, Mont-de-Marsan, B.E. Éditions, 2007, p. 58.
  • [29]
    Rémond, op. cit., p. 258 ; Jean-Marie Mayeur, Les débuts de la IIIe République 1871-1898, Paris, Seuil, 1973, 256 p., p. 14.
  • [30]
    Jean-Marie Mayeur, op. cit., p. 14.
  • [31]
    Si le cinquième siège est toutefois gagné par un républicain, le notable et grand propriétaire lectourois Albert Descamps, il s’agit d’un républicain très modéré et catholique pratiquant.
  • [32]
    Thèse de doctorat en cours menée par Céline Piot, sous la direction du Professeur Bernard Lachaise, Université de Bordeaux III.

1En septembre 1870, la République, plus rapidement proclamée qu’acceptée, n’est pas immédiatement ratifiée par le suffrage universel. Les élections du 8 février 1871 voient même la très nette victoire des candidats conservateurs, car, dans sa majorité, le pays n’attend pas ces nouvelles institutions républicaines. Les résultats au cœur de la Gascogne (Gers, Landes, et Lot-et-Garonne) confirment cette situation.

2A longtemps prévalu l’idée que cette région était devenue rapidement républicaine et qu’elle était peu encline aux résistances venues des droites. S’il est vrai que le Conseil général de Lot-et-Garonne est précocement à gauche, dès 1876, ces résultats électoraux constituent-ils les seuls critères pour déterminer la « couleur » politique d’un territoire ? Que faire alors de la profondeur des contestations antirépublicaines ?

3Si notre propos n’est pas d’étudier ici la résistance multiforme menée par les conservateurs sous la IIIe République, il est tout de même intéressant de relever le raz-de-marée conservateur en Gascogne lors des élections du 8 février 1871. Est-il annonciateur de droites puissantes et victorieuses ou ne représente-t-il qu’un « chant du cygne » dû à l’exceptionnalité de ce scrutin ?

Les élections du 8 février 1871 en Gascogne

4Un raz-de-marée conservateur. Ces élections se déroulent dans un contexte très particulier, celui de la guerre contre la Prusse, et après une campagne électorale quasi inexistante, ce qui renforce leur caractère exceptionnel.

5La brièveté de la campagne ne laisse guère de temps pour composer à loisir des listes de candidatures, ramenées à deux grandes tendances, républicaine et conservatrice. Les conservateurs essaient de réaliser la plus large union possible [1] en s’abstenant d’adopter des dénominations trop marquées et en associant aussi bien des nobles monarchistes que des bourgeois libéraux attachés aux institutions parlementaires, voire des républicains qui acceptent de ne pas soutenir Gambetta et ses mots d’ordre de lutte à outrance. C’est le cas d’Adolphe Thiers et de Léon de Maleville, le premier pour la liste conservatrice du Lot-et-Garonne et les deux réunis pour celle des Landes. Le quotidien bonapartiste Journal de Lot-et-Garonne[2], alors l’organe le plus influent du département, salue le fait que les conservateurs n’ont pas « hésité à mettre [notre] liste sous le patronage de Thiers » et approuve le rapprochement avec les orléanistes et les légitimistes, parce qu’il s’agit de « patriotes ».

6Le Réveil de Lot-et-Garonne[3], journal républicain, rappelle que voter pour la liste conservatrice lot-et-garonnaise, c’est provoquer « la ruine de la France », car c’est donner sa voix à la fois à des orléanistes, ce qui favorise « le retour des fils de Louis-Philippe », à des légitimistes, ce qui revient « à voter Henri V et rétrograder au-delà de 1789 », et à des bonapartistes dont le seul but n’est autre que de « restaurer l’Empire ». Ce quotidien espère un sursaut des catholiques, des paysans et des ouvriers. Il explique, en effet, aux premiers que, si la liste conservatrice réunit différentes options politiques, elle est fortement soutenue par les bonapartistes locaux, c’est-à-dire ceux qui défendent un courant politique à l’origine de la chute du pouvoir temporel du pape. En expliquant qu’en 1848, les républicains proclamaient « Paix et Liberté », il attend une réaction des deuxièmes. Il démontre enfin aux troisièmes que seule la République peut les émanciper [4]. Les républicains axent leur campagne sur la critique de la politique du Second Empire.

7De son côté, le quotidien conservateur le Journal de Lot-et-Garonne, tout en faisant une farouche campagne en faveur de la liste conduite par Thiers, mène parallèlement deux combats. Il s’élève contre la reprise de la loi organique du 15 mars 1849 permettant l’élection des députés au scrutin de liste et s’indigne du vote au chef-lieu de canton en n’ayant de cesse de réclamer un vote par communes. Sachant que le vivier des voix conservatrices se trouve parmi les paysans, il a peur que ces derniers, souvent éloignés du chef-lieu et fatigués d’avoir eu à voter plusieurs fois depuis 1869, ne se rendent pas aux urnes, ce qui favoriserait ainsi les républicains dont l’électorat est davantage urbain.

8Pourtant, les résultats sont à la hauteur des espérances des conservateurs. Dans chacun des trois départements, six sièges sont à pourvoir. Sur les 18 élus du 8 février en Gascogne, 16 peuvent être classés parmi les conservateurs [5], soit 2 bonapartistes et 14 royalistes, eux-mêmes se partageant en 8 orléanistes et 6 légitimistes. Ces résultats sont comparables à la situation nationale, qui voit la très forte victoire des monarchistes. En Gascogne, ce succès est même beaucoup plus net :

tableau im1
courant politique France (en sièges) cœur de la Gascogne (en sièges) conservateurs 61,6 % 88,8 % dont bonapartistes 2,9 % 11,1 % dont royalistes 58,6 % 77,7 % orléanistes 31,7 % 44,4 % légitimistes 26,9 % 33,3 %

9En nombre de voix, c’est dans le Gers que la victoire des conservateurs est la plus forte, avec 58 % des inscrits, tandis qu’en Lot-et-Garonne la liste conservatrice libérale l’emporte avec 55,6 %.

10Plusieurs facteurs permettent d’expliquer ces résultats.

11Le premier d’entre eux, c’est la volonté de paix. Après la défaite de Sedan et l’écroulement du Second Empire, il s’agit de choisir entre la paix et la poursuite de la guerre, et celle-ci est majoritairement incarnée par les républicains qui, derrière Gambetta, refusent la capitulation. D’ailleurs, Le Réveil de Lot-et-Garonne, fondé en septembre 1870 afin de soutenir l’action des candidats républicains à la Constituante initialement convoquée pour octobre, se veut avant tout le « journal de la Défense nationale ». Son zèle belliciste a certainement coûté la victoire aux candidats des gauches. Parce que ce sont les ruraux qui ont supporté le poids principal de l’effort de guerre, ils ont donné leur confiance aux listes conservatrices qui leur promettaient la paix [6]. Cela étant, une analyse plus détaillée révèle que la situation n’est pas aussi schématique. En effet, à la mi-janvier 1871, des raidissements patriotiques apparaissent au sein du monde rural, en particulier gersois [7]. Finalement, la population mêle un puissant désir de paix avec certaines velléités d’en refuser les termes trop humiliants : « Le vote du 8 février 1871 est dans une large mesure le fruit de cette rupture décisive qu’[a été] la capitulation parisienne […]. La différence villes-campagnes […] mérite d’être sérieusement nuancée. » [8]

12D’autre part, les Français ont une mauvaise image, voire un mauvais souvenir de la République : celle de 1792-1794 se termine par la Terreur, et la IIe, débutée en 1848, n’est sociale et libérale que pendant quelques mois.

13En l’absence de formations politiques organisées, les électeurs sont laissés à eux-mêmes ou plus exactement soumis aux influences traditionnelles. Lors d’une épreuve nationale, telle que peut l’être la guerre contre la Prusse, et face à l’effondrement des cadres administratifs et politiques, le réflexe spontané est de se tourner vers les notables conservateurs ou libéraux, que les circonstances amènent à reprendre le rôle historique de leurs ancêtres suppléant à la défaillance des autorités légales. Le discrédit du gouvernement a d’ailleurs été un des leitmotivs favoris de la presse de droite depuis septembre 1870.

14Celle de gauche, au contraire, accuse une campagne des conservateurs trop « sauvage » : « S’ils avaient montré contre l’Étranger la millième partie de l’activité dont ils viennent de faire preuve, Paris ne serait pas aux Prussiens […]. On aurait dit que l’ennemi, c’était moins l’envahisseur que le compatriote si ce compatriote s’appelait républicain » [9]. Elle explique aussi que les républicains n’étaient pas prêts, car ils ne voulaient pas voter qu’avec une partie de la France : « Le peuple avait l’épée de la Prusse sur la gorge. Au lendemain du 4 septembre, le résultat aurait été différent ». Dans tous les cas, elle considère que ce vote n’a accouché que d’une « monarchie […] sans monarque, comme si ce n’était pas là sa propre négation ».

15Le vote des ruraux a donc été déterminant [10]. Depuis les années 1860, les républicains l’ont parfaitement compris au point que Jules Ferry a lancé : « La République sera la République des paysans ou elle ne sera pas. » [11] Martinelli, le candidat républicain de l’arrondissement de Nérac (Lot-et-Garonne), a ouvert la campagne électorale des législatives de 1869 en s’interrogeant sur le vote paysan : « Toute la question est là […]. C’est d’eux [les propriétaires cultivateurs] que dépend le succès des élections, car ils représentent les 2/5e des électeurs dans les petites communes qui sont les plus nombreuses. On les aura pour soi si l’on parvient à les guérir de la peur absurde des partageux […]. L’élément le plus rebelle, c’est le métayer, à cause de sa dépendance […]. » [12] La situation est identique dans le Gers : alors que le candidat républicain Jean David atteint 52 % dans la ville même d’Auch, il n’obtient que 27 % dans l’ensemble de l’arrondissement en 1869. Les républicains n’ont alors de cesse de démontrer que la République est le rempart de la propriété privée et que les paysans n’ont aucune raison d’avoir peur d’elle mais plus à craindre d’une restauration monarchique qui rétablirait les droits féodaux. Lors des cantonales de 1874, l’habile Armand Fallières ne tente-t-il pas de rassurer les ruraux en leur expliquant qu’ « il n’y a qu’un moyen aujourd’hui d’être conservateur, c’est d’être républicain » ? Mais, en février 1871, les paysans se méfient encore de ce nouveau régime.

16Les résultats du 8 février 1871 : rupture ou continuité des opinions en Gascogne ? Lors de l’élection présidentielle du 10 décembre 1848, le Lot-et-Garonne a fait partie des secteurs qui n’ont attribué qu’entre 60 et 75 % des votes à Louis-Napoléon Bonaparte alors que le Gers et les Landes lui ont donné entre 75 et 90 % [13]. Pourtant, c’est en Lot-et-Garonne – et seulement là – qu’en février 1871 deux députés bonapartistes sont élus, en l’occurrence le comte Octave de Bastard d’Estang et Hermann Sarrette.

17Le scrutin de 1871 semble plutôt ramener à la situation issue des législatives du 13 mai 1849 qui a vu à la fois la division en deux grands blocs et le triomphe des droites [14], malgré les progrès des démocrates socialistes. Les idées républicaines n’avaient pas encore pénétré en profondeur les provinces françaises et les notables avaient gardé intact leur prestige héréditaire, ce qui a été le cas dans les trois départements du cœur de la Gascogne : plus de la moitié des élus lot-et-garonnais sont du parti de l’Ordre, faisant de ce département l’un des plus conservateurs d’Aquitaine ; et si, dans les Landes et dans le Gers, moins de la moitié des élus appartiennent à ce parti, le résultat est très serré.

18C’est pourtant en Lot-et-Garonne et dans le Gers que la résistance au coup d’État du 2 décembre 1851 a été la plus forte, à la différence des Landes où la population ne s’est que faiblement opposée au renforcement de l’autorité de Louis-Napoléon Bonaparte. Dans les régions concernées par cette résistance, les meneurs appartiennent en très grande majorité aux professions libérales. À l’inverse, les cultivateurs et ouvriers agricoles ne figurent que très rarement parmi les résistants. Pour certains observateurs [15], le massif engagement bonapartiste est à la fois la marque de l’ignorance des paysans et l’influence de la « légende » napoléonienne. Pour d’autres [16], c’est le signe du manque d’organisation de la minorité républicaine et de la forte répression contre ses clubs politiques. Mais d’autres facteurs explicatifs doivent être discutés. Si les paysans se méfient durablement de la République, c’est moins parce qu’ils sont ignorants que parce qu’ils gardent le souvenir des années 1790 au cours desquelles les républicains sont venus supprimer leurs usages et nationaliser les biens du clergé. S’ils sont en très grande majorité bonapartistes, c’est aussi – et surtout – parce que les deux Napoléon ont maintenu la suppression de la dîme pour les paysans propriétaires [17]. Ces éléments permettent de comprendre pourquoi pratiquement aucun cultivateur et bien peu de forestiers participent à la résistance au coup d’État du 2 décembre 1851 : ils ont toutes les raisons d’être les moins convaincus.

19Si l’on assiste au renouveau d’une opposition républicaine lors des législatives de 1858, c’est essentiellement au cours des législatives de 1863 que ce regain est le plus prégnant, même si tous les candidats officiels sont élus. Celles des 23 et 24 mai 1869 consacrent encore dans les trois régions la victoire des candidats bonapartistes avec leur réélection. Ces législatives de 1863 et de 1869 révèlent donc deux éléments principaux : le Sud-Ouest est une région très bonapartiste mais l’opposition républicaine fait des progrès, bien qu’elle ne réussisse pas encore à surmonter les hésitations des électeurs des campagnes.

20Le 8 mai 1870, les Français sont appelés à s’exprimer par plébiscite. Les résultats nationaux donnent 67,32 % de « oui » contre 14,38 % de « non ». Des trois départements étudiés ici, c’est celui des Landes qui apporte son soutien le plus massif à l’Empire avec 74,8 % de votes favorables. Pourtant, en février 1871, on n’y trouve aucun élu bonapartiste. Les Gersois approuvent l’empereur à 72 % mais, comme dans les Landes, 1871 ne voit l’élection d’aucun bonapartiste. La situation est inverse en Lot-et-Garonne : avec une approbation à « seulement » 68 % en 1870, conforme aux résultats nationaux mais la plus faible des trois départements gascons, deux candidats bonapartistes sont pourtant élus en 1871. Comment interpréter ces résultats a priori paradoxaux, nous amenant à conclure que le résultat triomphal de mai 1870 donne une image plutôt idéalisée de la force du régime bonapartiste ? En premier lieu, l’adhésion à l’Empire semble plus calculée qu’enthousiaste de la part de nombreux électeurs qui, la prospérité revenue, espéraient des avantages matériels. À Tonneins (Lot-et-Garonne) par exemple, la bourgeoisie ne cache pas son opposition à l’Empire en 1869. Néanmoins, elle aspire tout autant à la liberté qu’elle redoute le désordre [18]. D’autre part, en 1870, en dépit de ses proclamations, l’empereur ne retrouve tout de même pas « son chiffre », ni celui de 1851 ni celui de 1852 [19]. Enfin, s’il y a très peu d’élus bonapartistes en 1871, c’est aussi parce qu’il y a, tout simplement, peu de candidats : les bonapartistes, discrédités, n’osent pas se présenter. Mais le fait que, dans le canton de Plaisance-sur-Gers, l’impétueux impérialiste Paul Granier de Cassagnac, alors qu’il n’est pas candidat, obtienne la majorité des suffrages prouve non seulement que les listes constituées par les droites en février 1871 n’ont pas toujours recouvré toutes les options conservatrices, mais aussi que les électeurs gascons sont encore très sensibles au bonapartisme, ce que les premières décennies de la IIIe République montrent très bien dans le Gers et, dans une moindre mesure, en Lot-et-Garonne et dans les Landes. En effet, les députés monarchistes gersois de 1871, Rességuier et Abbadie de Barrau, perdent leur siège dès 1876 au profit des bonapartistes Fauré et Cassagnac. D’autre part, il faut tout de même attendre les législatives de 1893 pour voir les républicains l’emporter dans le Gers et dans les Landes [20] et, déjà, les législatives de 1898 restituent provisoirement la majorité aux bonapartistes gersois [21]. Peut-être moins spectaculaires, mais non moins réelles, les résistances conservatrices existent également en Lot-et-Garonne au cours des années 1870-1880 [22]. C’est pourtant en 1889 – soit plus précocement que dans les deux autres départements – que le dernier député bonapartiste [23] disparaît du tableau électoral.

Les élus conservateurs en Gascogne : des hommes vraiment nouveaux ?

21Portrait de groupe [24]. Cette élection du 8 février 1871 consacre le retour des notables [25]. Comme à l’échelle nationale, environ la moitié des élus gascons sont des propriétaires fonciers. Il en va ainsi du marquis Élie de Dampierre, fils d’un pair de France, héritier d’une importante fortune et propriétaire terrien en Charente, Lot-et-Garonne et dans les Landes où il s’installe définitivement à partir de 1839. Son grand domaine du Vignau près de Lussagnet est composé d’un château, d’un moulin et de six métairies. C’est aussi le cas de Jean-Baptiste Dumon, ancien polytechnicien et sous-lieutenant d’artillerie, qui démissionne de l’Armée pour s’occuper de ses vastes vignobles qu’il possède dans le Gers, dans la région d’Eauze. Signalons encore Félix d’Abbadie de Barrau, issu d’une famille d’abbés béarnais, héritier de la seigneurie de Castex en Armagnac, devenu président de la Société d’Agriculture du Gers. Le comte Albert de Resseguier est également un grand propriétaire à Sauveterre dans le Gers, tout en ayant des attaches en Basses-Pyrénées, à l’instar de Louis Lacave-Laplagne, propriétaire à Montesquiou, fils d’un ministre des Finances sous la monarchie de Juillet, et d’Édouard de Cazenove de Pradines, issu d’une vieille famille monarchiste, fils d’un très important notable emprisonné sous la Terreur et propriétaire à Marmande. Quant à Hermann Sarrette, même s’il exerce le métier d’avocat, il tient de sa famille paternelle un vaste domaine à Caubel dans la commune de Lacaussade en Lot-et-Garonne tandis que son grand-père maternel possédait aussi une propriété à Monflanquin ; ou Octave de Bastard d’Estang qui, bien qu’appartenant à cette catégorie de militaires portés à l’Assemblée nationale au lendemain de l’armistice par des électeurs reconnaissants de leur participation à la défense du territoire, réside dans le château paternel de Bachac et devient vice-président du comice agricole de Marmande.

22Un tiers des élus conservateurs de Gascogne est magistrat : Jean Baze – l’un des rares élus gascons à être issu d’un milieu modeste –, Hermann Sarrette et Victor Luro ont été ou sont encore avocats en 1871 ; Edmond Dufaur de Gavardie, qui a débuté sa carrière également comme avocat, est devenu successivement substitut du procureur à Orthez, substitut à Mont-de-Marsan, procureur à Dax, puis procureur général à Pau.

23Signalons aussi quelques professions minoritaires : on trouve quelques universitaires, comme Anselme Polycarpe Batbie, professeur de droit à partir de 1852, et quelques diplomates, comme Damaze de Chaudordy. On reste là dans des fonctions supérieures.

24Enfin, et la Gascogne n’est pas une région isolée en cela, un certain nombre d’élus sont d’anciens officiers [26]. Il en va ainsi de Bastard d’Estang, capitaine en 1856, ayant participé aux campagnes de l’Empire et blessé à Sedan ; de Cazenove de Pradines qui a revêtu l’uniforme de zouave pontifical en 1860 et qui, engagé en 1870 dans l’armée de la Loire dirigée par Chanzy, a été blessé à la bataille de Loigny ; ou encore de Dumon qui est devenu sous-lieutenant d’artillerie en 1841 avant de préférer s’occuper de ses terres.

25Finalement, la sociologie des élus gascons est similaire à celle de l’ensemble des élus du pays, où une majorité de représentants appartient à la France rurale, par conséquent à la société traditionnelle qui se défie des villes et qui vit à l’écart de la société industrielle ou commerciale.

26D’autre part, très peu de ces élus conservateurs sont francs-maçons, ce qui ne saurait surprendre. Seul le Lot-et-Garonnais Jean Baze appartient à une loge maçonnique [27]. Toutefois, sans en être membres, certains députés ont un lien avec ce mouvement de pensée. Ainsi, Damaze de Chaudordy et sans doute Octave de Bastard d’Estang ont un parent franc-maçon, le père pour le premier, un oncle pour le second. À l’inverse, les légitimistes ultramontains combattent la franc-maçonnerie, parfois de façon virulente, tel Edmond Dufaur de Gavardie [28].

27Enfin, concernant la pratique politique, force est de constater que l’Assemblée nationale est formée d’un personnel nouveau puisque à peine 27 % des élus ont l’expérience d’une assemblée législative [29]. Qu’en est-il en Gascogne ? La proportion est en fait quasiment la même : seulement 25 % des représentants conservateurs ont été députés avant 1871 – le pourcentage tombant à 22 % si l’on intègre les deux députés républicains landais. Il s’agit de Jean Baze, Élie de Dampierre et Albert de Rességuier, élus à l’Assemblée en mai 1849. Parmi eux, ceux qui comptent le plus d’expérience sont Baze et Dampierre, leur premier mandat national datant des élections d’avril 1848.

28En revanche, les représentants conservateurs ont été ou sont tout de même des élus locaux. Baze a été conseiller général d’Agen de 1848 à 1851 puis de 1864 à 1870, et a présidé le Conseil général de Lot-et-Garonne de 1849 à 1851 ; Dumon a été maire de Séailles et conseiller général d’Eauze de 1860 à 1867 ; Abbadie de Barrau a été maire de Castex et conseiller général de Cazaubon pendant le Second Empire ; Luro a été conseiller général de Miélan de 1866 à 1870 ; Lacave-Laplagne est conseiller général de Riscle depuis 1861 ; Bastard d’Estang devient conseiller général de Bouglon en 1871.

29L’Assemblée nationale est certes formée d’un personnel nouveau, mais qui, malgré tout, n’est guère rajeuni. La moyenne d’âge des députés est de 53 ans [30]. L’âge moyen des élus gascons est sensiblement inférieur avec 48,3 ans. Le plus jeune est Édouard Cazenove de Pradines (33 ans), le plus âgé est Jean Baze (71 ans).

30Des droites très divisées. La répartition des députés n’est pas aisée à déterminer avec précision, en l’absence d’étiquettes à signification constante et de groupes constitués stables. Ce problème d’identification politique des élus vaut aussi bien pour l’ensemble du pays que pour le cœur de la Gascogne.

31Cela étant, la victoire de la liste conservatrice est totale à la fois dans le Gers et le Lot-et-Garonne. Ainsi, dans le Gers, on assiste à l’élection de 6 royalistes tandis que le Lot-et-Garonne consacre 4 royalistes et 2 bonapartistes. Le succès des droites est plus mitigé dans les Landes où « seulement » 4 sièges sur 6 sont donnés aux conservateurs.

tableau im2
Gers Lot-et-Garonne Landes Légitimistes - Félix d’Abbadie de Barrau - Jean-Baptiste Dumon - Albert de Rességuier - Edouard Cazenove de Pradines - Elie de Dampierre - Edmond Dufaur de Gavardie Orléanistes (et libéraux) - Anselme Polycarpe Batbie - Louis Lacave-Laplagne - Victor Luro - Adolphe Thiers - Jean Baze Damaze de Chaudordy - Adolphe Thiers - Léon Maleville Bonapartistes - Octave de Bastard d’Estang - Hermann Sarrette
En italique : Candidats s’étant présentés sur plusieurs circonscriptions et, une fois élus, n’ayant finalement pas opté pour la circonscription des départements ici étudiés.

32Ces hommes, aux idées parfois nettement opposées, peuvent-ils s’entendre ? Si, au moment de la campagne électorale et de la constitution des listes, les conservateurs se sont abstenus de mettre en avant une dénomination trop marquée, la division entre les élus des droites est toutefois réelle. Les conservateurs sont divisés entre bonapartistes et royalistes, eux-mêmes se répartissant entre légitimistes et orléanistes. Mais les légitimistes se scindent également entre ultras et modérés. Quant aux orléanistes, les plus nombreux, si la majorité siège au centre droit, certains sont finalement plus proches des républicains que des légitimistes souhaitant une restauration monarchique.

33Que peut-il, en effet, y avoir de commun entre Thiers et Maleville, orléanistes devenus favorables à la République si celle-ci est conservatrice, siégeant au centre gauche, et les légitimistes ultramontains comme Dufaur de Gavardie, qui est de tous les combats contre le régime républicain, ou Cazenove de Pradines, à l’origine de la loi sur les prières publiques et qui a été le secrétaire du comte de Chambord rencontré en Autriche ? Et même parmi les représentants qui siègent au centre, comment Thiers, qui veut la paix à n’importe quel prix, peut-il s’entendre avec l’orléaniste Chaudordy, acquis aux idées libérales, prêt à accepter aussi bien la monarchie parlementaire que la République, qui se déclare le candidat de la paix mais si celle-ci est négociée avec les Prussiens, et avec Batbie, de convictions monarchistes et qui n’a ensuite de cesse de combattre la politique menée par le chef du gouvernement ? Que peut-il y avoir encore de commun entre les deux élus bonapartistes lot-et-garonnais, Sarrette et Bastard d’Estang, et le député gersois Lacave-Laplagne, hostile au régime impérial par fidélité à l’orléanisme ?

34Ce sont en partie ces profondes divisions entre conservateurs qui expliquent qu’une assemblée apparemment acquise au retour d’un roi ait fini par donner à la France une constitution républicaine.

35Le scrutin du 8 février 1871 n’est donc indicatif que pour une période très spécifique, celle de l’immédiat après-guerre, l’exceptionnalité de cette élection ayant brouillé les cartes et empêché la lecture des votes postérieurs : six élus conservateurs en Lot-et-Garonne, département qui pourtant bascule précocement vers la République ; aucun élu bonapartiste dans le Gers qui, cependant, reste ensuite longtemps fidèle à des députés favorables à l’Empire. Or, l’absence d’élus bonapartistes ne signifie pas un revirement soudain de la part d’électeurs en majorité conservateurs, mais plutôt l’absence de candidats.

36De plus, si l’élection du 8 février semble être à la fois une rupture par rapport aux deux décennies précédentes et un rejeu de la situation de mai 1849, il n’en reste pas moins que la lente adhésion au régime républicain est en marche. Les résultats électoraux locaux l’attestent et les élections du 2 juillet 1871 le confirment : à peine cinq mois après le raz-de-marée des conservateurs, les nouvelles législatives changent la physionomie de l’Assemblée nationale. La représentativité gasconne perd déjà trois élus conservateurs. Ainsi, en Lot-et-Garonne, le républicain Léopold Faye gagne le siège laissé vacant par Adolphe Thiers – qui a opté pour la Seine – en battant le légitimiste général de Gondrecourt. Dans les Landes, en remplacement de Thiers, de Léon de Maleville – qui a préféré le Tarn-et-Garonne – et du républicain Eugène Duclers – ayant choisi les Basses-Pyrénées –, trois républicains sont élus, en l’occurrence Pascal Duprat (extrême gauche), Albert Boucau Darmentieu – qui venait d’être battu en février 1871 – et Gustave Loustalot (tous deux de la gauche républicaine) : si l’un ne fait que logiquement remplacer un autre, les deux autres effacent l’élection de Thiers et Maleville. Il n’y a que dans le Gers où la victoire conservatrice de février est confirmée par la suite : lors des municipales d’août 1871 où les républicains ne l’emportent que dans 80 municipalités (sur 465 communes) signifiant une régression de l’opposition des gauches, puis lors des cantonales d’octobre 1871 où les conservateurs enlèvent 20 cantons sur 29.

37Que deviennent les élus des droites ? La plupart sont battus aux législatives de 1876 lorsqu’ils se représentent : c’est le cas de Chaudordy, Cazenove de Pradines, Abbadie de Barrau, Dampierre et Rességuier. Le seul élu du 8 février 1871 à connaître la longévité dans son fief d’origine est Hermann Sarrette, constamment réélu jusqu’en 1889. En dépit de son échec de 1876, Cazenove de Pradines poursuit une longue carrière d’élu, encore en Lot-et-Garonne en 1885 puis en Loire-Inférieure à partir de 1889.

38Même si Abbadie de Barrau échoue lors des sénatoriales de 1876, nombreux d’entre eux deviennent toutefois sénateurs en 1875 ou en 1876. Certains passent par les urnes, comme Bastard d’Estang en 1875 (il reste au Sénat jusqu’au renouvellement de 1879), Batbie, élu en 1876 et réélu en 1879 (toujours sénateur lorsqu’il meurt en 1887), Dufaur de Gavardie, élu de 1876 à 1888 (sa défaite cette année-là le pousse à se présenter aux législatives de 1889 qu’il perd cependant), Lacave-Laplagne, élu en 1876, 1879 et 1888. D’autres sont nommés en 1875 sénateurs inamovibles, tels Baze, Dumon et Luro, ce dernier se mettant cependant à voter avec les gauches à partir de cette date.

39Parallèlement au destin personnel de ces hommes, il est intéressant de constater que si l’image politique de l’Aquitaine sous la IIIe République est celle d’une région de gauche, la phase de républicanisation de l’ensemble du Sud-Ouest est plutôt lente – allant de 1870 à 1893 essentiellement – et la survivance du conservatisme encore forte. Ainsi, les élections législatives de 1876, qui pourtant consacrent le triomphe républicain à l’échelle nationale, laissent les droites majoritaires dans tout le Sud-Ouest, à l’exception du Lot-et-Garonne. Le Gers envoie à la Chambre des députés quatre représentants bonapartistes sur cinq possibles [31]. Pour les Landes, les conservateurs sont aussi nettement majoritaires avec, pour cinq sièges à pourvoir, la victoire de deux légitimistes et de deux bonapartistes.

40Le scrutin du 8 février 1871 au cœur de la Gascogne doit donc se lire sur un temps plus long qui permettra de mieux dégager la coloration politique et la force de la permanence des conservateurs [32]. Alors, est-ce le « chant du cygne » des droites en 1871 ? Non, puisque des conservateurs sont encore élus après et, selon les circonscriptions, cette tendance court sur de nombreux scrutins ; en outre, quand bien même les républicains arrivent à s’imposer assez tôt dans un département – tel le Lot-et-Garonne –, des terres bonapartistes résistent – en particulier dans le Villeneuvois. Élection annonciatrice de la puissance durable des droites ? Non toutefois, car la conquête républicaine est en marche. De plus, à partir des années 1890, le vote contestataire se tourne vers d’autres forces, en particulier le radicalisme, qui profite du transfert des voix en provenance de l’électorat opportuniste déçu, mais surtout de l’électorat bonapartiste que l’échec du boulangisme a fait se reclasser.


Mots-clés éditeurs : Bonapartistes, Légitimistes, Élections de 1871, Gascogne, Orléanistes

Date de mise en ligne : 30/03/2012

https://doi.org/10.3917/parl.016.0093

Notes

  • [1]
    Alors que les républicains, même s’ils sont d’accord sur la question de l’instauration d’un régime de démocratie représentative, sont en revanche profondément divisés quant à l’attitude à adopter vis-à-vis de l’ennemi allemand.
  • [2]
    Édition du 3 février 1871.
  • [3]
    Édition du 5 février 1871.
  • [4]
    Édition du 7 février 1871.
  • [5]
    Les cas de Thiers et Maleville sont ambigus. En effet, ces derniers doivent être a priori classés au centre gauche. C’est d’ailleurs là qu’ils siègent. Mais, parce qu’ils sont favorables à une République conservatrice, ils sont souvent, et parfois contre leur gré, à la tête de listes de candidats des droites.
  • [6]
    D’ailleurs, les républicains au pouvoir en 1871 se gardent bien de soulever la question de la revanche afin de rassurer un électorat rural qui vient d’affirmer son pacifisme en février 1871 (cf. Bertrand Joly, « La France et la Revanche, 1871-1914 », Revue d’Histoire moderne et contemporaine, n°46, avril/juin 1999, pp. 325-347).
  • [7]
    AN., F7 1275. Préfet du Gers, 21 janvier 1871.
  • [8]
    Stéphane Audoin-Rouzeau, « 1870 : une étape oubliée vers la guerre totale. Étude d’opinion publique », Historiens et Géographes, n°338, spécial « La France au XIXe siècle », décembre 1992, pp. 81-96, ici p. 93.
  • [9]
    Le Réveil de Lot-et-Garonne, 11 et 12/13 février 1871.
  • [10]
    La sociologie du Cercle néracais de la Ligue de l’enseignement, fondé à la fin de l’année 1867 ou au début de 1868, confirme cette situation : le cercle ne rassemble que les urbains de sensibilité de gauche ou libérale. La catégorie des gens de la terre est complètement absente. Cf. Céline Piot, « La FOL47 a cent ans », in Céline Piot et Fanny Tarreau (dir.), FOL47. Nous avons écrit ton nom, à paraître.
  • [11]
    Discours prononcé à Périgueux le 15 avril 1884.
  • [12]
    Le Messager du Sud-Ouest, 12 novembre 1868.
  • [13]
    Répartition cartographiée des résultats : in René Rémond, La vie politique en France depuis 1789, t. 2 : 1848-1879, Paris, Armand Colin, 2e éd. augm., 1971 [1re éd. : 1969], 379 p., p. 75.
  • [14]
    Idem, p. 82.
  • [15]
    Eugen Weber, « Comment la Politique vint aux paysans : A second look at Peasant Politicization », dans American Historical Review, n°87, 1982, pp. 357-389. Pour un chroniqueur du journal Le Vengeur (15 février 1871), les masses rurales sont « affolées de servilisme ».
  • [16]
    Maurice Agulhon, 1848 ou l’apprentissage de la République 1848-1852, Paris, Éditions du Seuil, 1973.
  • [17]
    Ce qui représente environ un tiers de leurs revenus. La première Restauration augmente alors l’inquiétude paysanne qu’exploite Napoléon Ier. La crainte du rétablissement de la dîme explique par conséquent l’enthousiasme lors du retour au pouvoir de ce dernier, puis la peur pendant la seconde Restauration. En 1848, croyant à des complots formés par les nobles et les prêtres, les paysans se tiennent prêts à lutter contre eux (ce qui signifie, en fait, contre le rétablissement de la dîme et des droits féodaux). Cf. Albert Soboul, « “Survivances féodales” dans la société rurale française au XIXe siècle », Annales ESC, 23e année, n°5, septembre/octobre 1968, pp. 965-986, ici pp. 971-978.
  • [18]
    AD47, 4 M 73 : rapport du commissaire de police de Tonneins du 30/11/1869.
  • [19]
    Par exemple en Lot-et-Garonne : 74 % de « oui » lors du plébiscite de 1851 et 77,9 % en 1852.
  • [20]
    La défaite de Guilloutet marque, pour les Landes, la fin définitive des victoires électorales des tenants du régime impérial.
  • [21]
    Cassagnac l’emporte à Mirande, Lasies à Condom et Delpech-Cantaloup à Lectoure tandis qu’à Auch, le radical Decker-David ne se maintient qu’au prix de quelques concessions faites aux antisémites.
  • [22]
    En avril 1872, le commissaire de police écrit que « le parti bonapartiste est très fort à Agen » (AD47, 4 M 76).
  • [23]
    Hermann Sarrette, député de la circonscription de Villeneuve-sur-Lot depuis 1871.
  • [24]
    Comme Adolphe Thiers et Léon de Maleville n’ont pas choisi le département gascon dans lequel ils ont été élus, nous ne les avons pas pris en compte dans ce portrait de groupe.
  • [25]
    Pour les renseignements biographiques sur ces élus, nous renvoyons à Sylvie Guillaume et Bernard Lachaise (dir.), Dictionnaire des parlementaires d’Aquitaine sous la Troisième République, Bordeaux, 1998, 624 p., pp. 378-379 ; 394-396 ; 425-428 ; 431-433 ; 502-504 ; et à Georges Courtès (dir.), Le Gers. Dictionnaire biographique de l’Antiquité à nos jours, Société Archéologique et Historique du Gers, Auch, 1999, 365 p., pp. 17 ; 41 ; 135 ; 192 ; 229 ; 296-297.
  • [26]
    NDLR : voir Francis Perrot « L’Uniforme et la Toge. Les officiers élus à l’Assemblée nationale (1871-1875) », dans [Recherche], supra, pp. 49-60.
  • [27]
    Initié à Villeneuve-sur-Lot, il devient membre de la loge « Les Cœurs Réunis » d’Agen.
  • [28]
    La loge landaise « La Concorde » se rappelle longtemps des combats menés contre elle par ce dernier au point de dénoncer, en 1903, la promotion au grade de capitaine sans changement d’affectation du fils du député monarchiste qu’elle considère comme son « plus grand ennemi » dans Alain Pécastaing, La Franc-maçonnerie dans les Landes. Le Grand Orient de France de 1888 à nos jours, Mont-de-Marsan, B.E. Éditions, 2007, p. 58.
  • [29]
    Rémond, op. cit., p. 258 ; Jean-Marie Mayeur, Les débuts de la IIIe République 1871-1898, Paris, Seuil, 1973, 256 p., p. 14.
  • [30]
    Jean-Marie Mayeur, op. cit., p. 14.
  • [31]
    Si le cinquième siège est toutefois gagné par un républicain, le notable et grand propriétaire lectourois Albert Descamps, il s’agit d’un républicain très modéré et catholique pratiquant.
  • [32]
    Thèse de doctorat en cours menée par Céline Piot, sous la direction du Professeur Bernard Lachaise, Université de Bordeaux III.

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