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Article de revue

Bonn n'est pas Weimar ? Le mouvement ouest-allemand vu par les députés du Bundestag en 1968

Pages 118 à 130

Notes

  • [1]
    Allusion au livre du publiciste suisse René Allemann Bonn ist nicht Weimar publié en 1953 au lendemain des élections législatives qui confortaient la CDU du Chancelier Konrad Adenauer et la stabilité du régime démocratique.
  • [2]
    Ingrid Gilcher-Holtey (dir.), 1968. Vom Ereignis zum Gegenstand der Geschichtswissenschaft, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1998; Franz-Werner Kersting, „Entzauberung des Mythos? Ausgangsbedingungen und Tendenzen einer gesellschaftsgeschichtlichen Standortbestimmung der westdeutschen 68er-Bewegung“, Westfällische Forschungen, 48, 1998, pp. 1-19; Étienne François, Matthias Middell, Emmanuel Terray, Dorothee Wierling (dir.), 1968 – ein europäisches Jahr ?, Leipzig, Leipziger Universitätsverlag,1997; Christian von Hodenberg, Detlef Siegfried (dir.), Wo „1968“ liegt. Reform und Revolte in der Geschichte der Bundesrepublik, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2006.
  • [3]
    Detlef Siegfried, Time is on my side. Konsum und Politik in der westdeutschen Jugendkultur der 60er Jahre, Göttingen, Wallstein Verlag, 2006.
  • [4]
    Le SDS était l’un des fers de lance du mouvement contestataire allemand. Organisation étudiante du parti social-démocrate fondée en 1959, le SDS prend ses distances vis-à-vis de la politique du parti après le tournant de Bad Godesberg et devient indépendant au début des années 1960. Le SDS comptait en 1968 environ 1 600 membres sur un total de 300 000 étudiants.
  • [5]
    Manfred Görtemarker, Geschichte der Bundesrepublik Deutschland. Von der Gründung bis zur Gegenwart, Beck, München, 1999; Edgar Wolfrum, Die geglückte Demokratie. Geschichte der Bundesrepublik Deutschland von ihren Anfängen bis zur Gegenwart, Stuttgart, Klett-Cotta, 2006.
  • [6]
    Rudi Dutschke, Jeder hat sein Leben ganz zu leben. Die Tagebücher 1963-1979, Köln, Kiepenheuer und Witsch, 2005.
  • [7]
    Manfred Görtemarker, op. cit., p. 470.
  • [8]
    Institut für Demoskopie Allensbach, Untersuchungen über die Studentenunruhen in Deutschland, Verlag für Demoskopie, Allensbach/Bonn, 1968, p.19.
  • [9]
    Elisabeth Noelle, Erich Peter Neumann (Hg.), Jahrbuch der öffentlichen Meinung, Band 5: 1966-1973, Verlag für Demoskopie, Allensbach/Bonn, 1974, p. 459.
  • [10]
    Der Spiegel, Der deutsche Student – Situation, Einstellungen und Verhaltensweisen, Verlag für Demoskopie, Allensbach/Bonn, 1968, p. 26.
  • [11]
    Peter Schindler, Datenhandbuch zur Geschichte des deutschen Bundestages 1949 bis 1999, Band I, Baden-Baden, Nomos, 1999, p. 557.
  • [12]
    Bundestag, Stenographische Berichte, 113. Sitzung, 9. Juni 1967, p. 5482.
  • [13]
    À la suite de l’attentat contre Rudi Dutschke, la RFA a connu les affrontements les plus violents de son histoire. En l’espace de cinq jours, entre le Jeudi Saint et le Lundi de Pâques, le ministère de l’Intérieur a recensé des manifestations dans 27 villes rassemblant environ 20 000 personnes. La police a procédé à plus de huit cents arrestations d’étudiants et recensé 4 à 11 000 participants impliqués dans des actes de violence. Bundestag, Stenographische Berichte, 169. Sitzung, 30. April 1968, p. 8990.
  • [14]
    Bundestag, Stenographische Berichte, 154. Sitzung, 9. Februar 1968, p. 7870.
  • [15]
    Ibid.
  • [16]
    Bundestag, op. cit., p. 7881.
  • [17]
    Bundestag, op. cit., pp. 7883-7884.
  • [18]
    Bundestag, op. cit., p. 7885.
  • [19]
    Kurt Georg Kiesinger a fait des études de droit et a déjà exercé le métier d’avocat sous le IIIe Reich. Wolfgang Pohle, avocat d’affaires, a défendu des industriels compromis sous le national-socialisme comme Flick et Krupp. Richard Jäger est juriste de formation, membre de la commission de protection de la Loi Fondamentale au Bundestag dans les années 1950 et Rainer Barzel est docteur en droit.
  • [20]
    Le concept d’État de droit est introduit en France par Raymond Carré de Malberg. Voir Raymond Carré de Malberg, Contribution à la théorie générale de l’État, Paris, Sirey, 1920.
  • [21]
    Jürgen Habermas, Écrits politiques (1985-1990), Paris, Flammarion, (1990) 1999, pp. 129-130.
  • [22]
    Ibid.
  • [23]
    Alfred Wahl, La Seconde histoire du nazisme dans l’Allemagne fédérale depuis 1945, Paris, Armand Colin, 2006.
  • [24]
    Bundestag, op. cit., p. 7875.
  • [25]
    Bundestag, op. cit., p. 7881.
  • [26]
    Bundestag, op. cit., p. 7887.
  • [27]
    Bundestag, op. cit., p. 7871.
  • [28]
    Pour une réflexion sur la provocation en histoire, voire le dossier « Provocations » dirigé par Didier Francfort dans Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n°93, 2007.
  • [29]
    Bundestag, op. cit., p. 7884.
  • [30]
    Theodor Adorno, Études sur la personnalité autoritaire, Paris, Allia, (1950) 2007. La révolte étudiante fonde son action sur les réflexions de Theodor Adorno à propos de la formation de la personnalité autoritaire. Ils pervertissent sa pensée en détournant le sens du mot structure. Chez Theodor Adorno, ce sont les structures mentales qui conduisent à la formation de la personnalité autoritaire. Pour Rudi Dutschke et l’aile antiautoritaire du SDS, ce sont les structures traditionnelles (notamment les institutions) qui produisent de l’autoritarisme.
  • [31]
    Sylvia Heinemann, Liselotte Funcke „An Menschen ihrer Zeit". Briefe aus fünf Jahrzehnten, Hagen, Ardenkuverlag, 2005.
  • [32]
    Ibid.
  • [33]
    Walter Scheel termine son intervention par un court rappel sur la nécessité de défendre l’État de droit mais cette position ne constitue par le cœur de son discours.
  • [34]
    Dans son discours radio et télédiffusé du 14 avril 1968, le président de la République, Gustav Heinemann (SPD), lance un appel au calme et dénonce également la stigmatisation dont sont victimes les étudiants. Voir Horst Ferdinand (dir.), Reden, die die Republik bewegten, Opladen, Leske+Budrich, 2002, pp. 340-341.
  • [35]
    Ibid.
  • [36]
    Bundestag, Stenographische Berichte, 169. Sitzung, 30. April 1968, p. 9 041.
  • [37]
    Norbert Elias, Logiques de l’exclusion, Paris, Fayard, (1965) 2001, p. 15.
  • [38]
    Bundestag, Stenographische Berichte, 154. Sitzung, 9. Februar 1968, p. 7884.
  • [39]
    Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, parti socialiste de la RDA.
  • [40]
    Bundestag, op. cit., p. 7885.
  • [41]
    Bundestag, Stenographische Berichte, 169. Sitzung, 30. April 1968, p. 9 027.

1Lieu de mémoire transnational, 1968 est avant tout un « chiffre magique », quasi-mythique, une date-symbole des protestations sociales, culturelles et politiques initiées de Berkeley à Rome en passant par Mexico, Paris et Berlin-Ouest par les mouvements étudiants. Pourtant, les travaux de la recherche historique, qui se multiplient régulièrement à l’approche de chaque date anniversaire, insistent sur la nécessité de réinscrire cet « événement » dans un cadre historique plus large, à savoir les décennies 1960-1970 [2], au cours desquelles les sociétés européennes se transforment et se modernisent [3]. Cet élargissement du cadre chronologique prend tout son sens dans le cas de la République Fédérale d’Allemagne (RFA). En effet, le mouvement étudiant y est beaucoup plus précoce qu’en France. Il remonte au milieu des années 1960, connaît une phase d’escalade accompagnée de violences, à partir du mois de juin 1967, à l’occasion de la visite du Shah d’Iran, avant d’atteindre son paroxysme en avril 1968. Son centre névralgique est Berlin-Ouest, d’où émerge dans les réunions de l’ancienne organisation étudiante du SPD, le SDS (Sozialistischer Deutscher Studentenbund) [4], la figure charismatique et tragique de Rudi Dutschke. Paradoxalement, la multiplication des travaux d’histoire sociale et culturelle ne s’accompagne pas d’études socio-historiques sur les lieux et les acteurs du pouvoir face à la contestation étudiante.

2La chambre basse du Parlement ouest-allemand, le Bundestag, n’est ainsi pratiquement jamais évoquée dans les monographies (y compris les plus récentes) retraçant l’histoire de 1968 en RFA [5]. Elle ne semble pas avoir été non plus un lieu central pour les étudiants eux-mêmes. Elle n’a jamais été une cible pour les contestataires ni même fait l’objet de remarques dans les notes du journal de Rudi Dutschke récemment publié [6]. Ce « trou de mémoire » interpelle l’historien et constitue une invitation à regarder de plus près ce qui s’est passé au Bundestag entre 1967 et 1968, car la contestation étudiante a bien fait l’objet de débats et de discours. Il pose toute une série d’interrogations qui constituent le fil rouge de cette contribution : quelle grille de lecture proposent les députés pour tenter de saisir le mouvement de contestation ? Le Bundestag a-t-il perçu les ferments de la révolte étudiante et proposé des solutions à la crise de la jeunesse ? Peut-on observer une lecture des événements qui transcende les partis politiques ? Observe-t-on l’emploi d’un vocabulaire spécifique en fonction de l’appartenance à un parti ?

3Au-delà de l’analyse de discours, c’est toute une génération de parlementaires qui doit être étudiée dans son rapport à la jeunesse. Ainsi, dans quelle mesure la grille de lecture générationnelle (et pas seulement politique) explique-t-elle la profonde hostilité et finalement la large incompréhension de la majorité des parlementaires vis-à-vis du mouvement étudiant ? Mais surtout, dans quelle mesure le poids du passé conduit-il les députés à craindre le danger de la répétition de l’histoire ? En d’autres termes, pourquoi la majorité des députés est-elle fermement convaincue que la République de Bonn peut suivre la même pente tragique que la défunte République de Weimar ?

4L’étude des débats au Bundestag implique dans un premier temps un rappel du contexte politique particulier de l’époque, c’est-à-dire celui de la Grande Coalition. Ensuite, l’analyse fine des discours permet de mettre en lumière une unanimité des députés autour de la nécessité du respect de l’État de droit et de sa défense au nom de la « démocratie ». Enfin, nous entendons opposer d’une part la ligne d’analyse politique de la Grande Coalition marquée par le spectre des années 1930-1933 (sans omettre de montrer les différences de jugements entre SPD et CDU) et d’autre part la ligne d’analyse politique défendue par l’opposition libérale autour de la critique de l’expérience de la Grande Coalition.

Le Bundestag en 1968 : un lieu antidémocratique et autiste ?

5Derrière ce titre provocateur, nous entendons replacer le Bundestag dans le contexte de la Grande Coalition. Depuis décembre 1966, le chrétien-démocrate Kurt Georg Kiesinger dirige un gouvernement de Grande Coalition. Il a succédé à Ludwig Erhard, le père du « miracle économique » allemand, qui dirigeait depuis 1963 un gouvernement de coalition constitué par le parti démocrate-chrétien (Christlich-Demokratische Union, CDU), continuellement au pouvoir depuis 1949, et le parti libéral (Freie Deutsche Partei, FDP).

6Ce gouvernement de Grande Coalition constitue une première dans l’histoire de la jeune République de Bonn. Il est constitué de ministres issus de la CDU et du parti social-démocrate (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD) qui fut longtemps le seul grand parti d’opposition. Cette formule permet au SPD de sortir de sa position d’éternel opposant et de faire la preuve de ses qualités de parti gouvernant. Cette expérience politique nouvelle conduit à faire du FDP le seul parti d’opposition. C’est la deuxième fois que le FDP tombe dans l’opposition, sauf qu’en 1957-1961, il n’était pas seul. En 1968, le FDP est limité à un rôle d’ « opposition miniature »[7]. Avec seulement 49 députés, le FDP ne possède ni une minorité de blocage contre des changements constitutionnels ni un nombre suffisant de sièges pour exiger la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. En dépit de ce rôle d’opposition « croupion », le FDP essaie d’être très actif. Il vient de faire évoluer son orientation. D’un parti plutôt national-conservateur sous son leader historique Thomas Dehler, il entame un retour aux sources en se rattachant, sous l’impulsion du sociologue Ralf Dahrendorf et de Walter Scheel, à la tradition du libéralisme allemand du XIXe siècle.

7Cette constellation politique et le risque de glisser vers un système bipolaire déplaisent de plus en plus fortement aux étudiants. Selon des enquêtes d’opinion réalisées en 1967-1968, plus de la moitié des étudiants interrogés rejette la formule de la Grande Coalition (contre seulement 34 % parmi le reste de la population), jugée « antidémocratique » [8]. Près d’un étudiant sur deux pense que le système parlementaire ne fonctionne pas bien [9]. Si environ deux tiers des jeunes âgés entre 17 et 25 ans sont, en 1968, méfiants par rapport au système politique ouest-allemand, une écrasante majorité d’entre eux (90 %) est convaincue que la démocratie est la meilleure forme politique [10]. Au-delà de la formule gouvernementale que les étudiants les plus radicaux assimilent à celle du parti unique, un projet a cristallisé l’opposition de la jeunesse ouest-allemande : les lois d’urgence (Die Notstandsgesetze). Initié au début des années 1960, le débat sur la législation d’urgence vise à donner à l’État un instrument afin de faire face à des situations exceptionnelles mettant en cause l’existence même de la République. Pour les étudiants, ce projet rappelle l’article 48 de la République de Weimar qui octroyait au Président le droit de proclamer en cas de nécessité l’état d’urgence. Loin de représenter la fin de la démocratie, cette législation vise au contraire à la protéger. Elle comporte de nombreux garde-fous puisque le Parlement conserve l’essentiel de ses pouvoirs et qu’un droit de résistance est accordé à tous les citoyens.

8En fait, derrière cette méfiance vis-à-vis de l’Establishment et l’opposition aux lois d’urgence, ce sont la compréhension et le sens donné au mot « démocratie » qui diffèrent. La mise en perspective du fossé générationnel exige de se pencher de plus près sur la répartition par âge des députés et leur longévité politique. Deux tiers des députés sont nés entre 1870 et 1919, c’est-à-dire qu’ils relèvent de deux générations marquées par l’Empire et sa culture politique autoritaire, le chaos des années 1918-1919, l’effondrement de la République de Weimar et la catastrophe du IIIe Reich. Les députés de cette cinquième législature (1965-1969) exercent leur mandat en moyenne depuis le début des années 1960. Mais sur un total de 496 députés, 70 le sont depuis les débuts de la République de Bonn, soit près de 15 % des députés du Bundestag[11]. En face, les étudiants sont issus de la génération du baby-boom. Ils ont été socialisés au cours des décennies du « miracle économique » et ils n’ont connu que la démocratie. Ce fossé générationnel se traduit donc automatiquement par un regard plus ou moins critique sur ce qu’est la démocratie ouest-allemande dans les années 1960, les uns regardant avec fierté ce qui a été accompli, les autres déplorant les manques et blocages actuels. Il débouche notamment chez les députés sur un certain désintérêt pour la contestation étudiante entre 1964 et 1967. Elle ne fait jamais l’objet de points inscrits à l’ordre du jour ou de questions d’actualité. Il est frappant de remarquer qu’à la suite de la mort de l’étudiant Benno Ohnesorg le 2 juin 1967 dans le cadre de la visite officielle du Chah d’Iran à Berlin-Ouest, le sujet n’a pas été abordé lors des séances de juin 1967. Lors de la séance 113 du 9 juin 1967, quelques députés CDU et SPD ont posé des questions au Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Intérieur au sujet de la venue du Chah. Leurs questions ne sont pas directement liées aux violences et à la mort de l’étudiant. Elles reflètent une opposition assez nette entre le SPD, qui par la voix du député bavarois Günther Müller soulève la question des agissements des forces de sécurité qui selon lui sont incompatibles avec la liberté d’expression des manifestants, et la CDU/CSU, par l’intermédiaire des députés Manfred Schlager et Walter Becher qui posent ouvertement la question du droit d’asile en Allemagne [12]. Selon eux, les étudiants iraniens hostiles au régime de Téhéran ont été les initiateurs des manifestations. Ce genre de discours reprend, volontairement ou non, des thèmes développés par le parti d’extrême-droite, le parti national-démocrate (Nationaldemokratische Partei Deutschlands, NPD). Crée en 1964, il vient de faire son entrée au Parlement régional de Basse-Saxe deux jours après la manifestation tragique du 2 juin 1967 à Berlin-Ouest. Il franchit également la barre des 5 % à Brême en octobre 1967 et dans le Bade-Wurtemberg en avril 1968. Cette montée de l’extrême-droite inquiète nombre de députés et accélère le vote des lois d’urgence.

9Finalement, il faut attendre le 9 février 1968 pour que la séance de questions au gouvernement aborde les « troubles étudiants » (Studentenunruhen). Cette séance est exceptionnellement longue, reflétant tout à la fois l’inquiétude et l’intérêt portés par les députés pour ce mouvement. En raison du nombre de questions, la séance doit même être prolongée. Ce genre de prolongation est extrêmement rare, d’autant plus que le Président du Bundestag, le socialiste Eugen Gerstenmeier, veille à faire respecter à la lettre le déroulement de l’ordre du jour. Il est de nouveau question des « troubles étudiants » le 11 mars 1968 lors de l’heure allouée aux questions au gouvernement (158e séance). Mais une seule question fut alors posée. Enfin, les députés reviennent une dernière fois sur le mouvement étudiant le 30 avril 1968 dans le cadre du rapport du gouvernement sur la situation de politique intérieure. Cette séance fait suite à la multiplication des violences urbaines [13] qui ont éclaté après l’attentat du 11 avril 1968 sur Rudi Dutschke. En fin de compte, les députés n’ont fait qu’aborder ponctuellement la révolte étudiante. Ils ont continué à légiférer normalement et à préparer le vote des lois d’urgence. Nul doute que le fait de travailler dans la paisible ville-résidence de Bonn a contribué à la continuité du travail parlementaire. Mais le Bundestag ne fut ni autiste ni passif. Depuis le début des années 1960, les députés discutent d’une réforme de l’Université qui puisse répondre aux défis de la modernisation et de la massification de l’enseignement supérieur. Mais par rapport au mouvement de contestation étudiante, quelles interrogations, quelles réflexions, quelles analyses cette révolte a-t-elle inspirées aux députés ?

La défense unanime de l’État de droit

10Au cours des débats sur la révolte étudiante, on s’aperçoit que tous les députés, quelle que soit leur appartenance politique, rappellent dans les discours la nécessité de garantir la sécurité du droit (d’où le recours au champ lexical du trouble). Le député CDU/CSU de Bavière Wolfgang Pohle interpelle le gouvernement sur le danger que font planer les « provocateurs radicaux de gauche » dont le but serait la « destruction de l’ordre constitutionnel et démocratique » [14]. Le ministre de la Recherche, Gerhard Stoltenberg, insiste à de nombreuses reprises dans sa réponse sur les « violations du droit », le « mépris conscient du droit et de la tolérance ». Il conclut son intervention en rappelant que la « sécurité du droit doit être intégralement garantie » [15]. Chaque évocation des violations du droit est accompagnée par une salve d’applaudissements de l’ensemble de l’hémicycle. Cet appel à la défense de l’État de droit se retrouve tant dans le discours du Chancelier Kurt Georg Kiesinger sur les « troubles étudiants » [16] que chez le chef du groupe parlementaire démocrate-chrétien Rainer Barzel [17] et le chef de l’opposition, Walter Scheel [18]. Ainsi de ces discours prononcés à l’occasion des débats sur la révolte étudiante se dégage un appel unanime à la défense de tous les partis politiques représentés au Bundestag, opposition incluse.

11Il n’est pas très étonnant d’observer l’accumulation de références à la notion d’État de droit (Rechtsstaat) dans les discours prononcés par les députés. La plupart d’entre eux, et notamment tous ceux qui ont pris la parole à l’occasion de ces débats [19] (sauf Walter Scheel), ont une formation de juriste et la notion d’État de droit fut traitée à l’origine, au XIXe siècle, par des juristes allemands [20]. Dans la conception de l’État de droit, on considère que les institutions qui exercent la souveraineté, comme le Bundestag, doivent prendre des décisions conformes au droit. L’État de droit est un État dans lequel l’administration, dans les rapports avec les citoyens, est soumise à des règles de droit. Mais dans ce régime de droit, les citoyens ont également un certain nombre de devoirs à respecter et c’est à l’État de garantir la liberté de chacun.

12Il est intéressant de voir comment les députés définissent la notion d’État de droit. Ils mettent avant tout l’accent sur son non-respect par une « minorité », c’est-à-dire qu’ils rappellent le principe de soumission de la société. Mais ce que les députés n’ont pas vu ou voulu voir, c’est que l’État de droit possède une double dimension rappelée par le philosophe allemand Jürgen Habermas [21] : « il y a bien, d’une part, la garantie par l’État de la paix intérieure et de la sécurité juridique pour tous les citoyens, mais il y a tout autant, d’autre part, l’exigence que l’ordre de l’État soit reconnu par les citoyens comme légitime, et ce de leur propre chef, c’est-à-dire délibérément. » Ainsi, ces deux idées sont entrées dans un rapport de tension en 1968. D’un côté, les députés rappellent l’exigence d’obéir de façon inconditionnelle au droit ; de l’autre, les étudiants veulent obéir à un droit en toute connaissance de cause. Le Bundestag entend garantir le respect des lois, par la force si nécessaire. Les étudiants appellent à l’évolution du système politique qu’ils ne reconnaissent pas comme démocratique. C’est ce que Jürgen Habermas appelle « la désobéissance civile dans un État de droit » [22].

13Cet appel unanime à la défense de l’État de droit s’explique non seulement par la conscience juridique aiguë des députés ouest-allemands, mais aussi par le facteur générationnel. Nés pour la plupart entre 1900 et 1920, ils craignent que l’histoire ne se répète à nouveau.

Le fantôme de 1933 ou l’incompréhension entre les générations

14Les représentations collectives partagées par les députés sont fortement ancrées dans l’expérience vécue de la chute de la République de Weimar et de la dictature du national-socialisme. Dans le même temps, depuis 1963 et les procès de Francfort, la RFA est entrée dans une nouvelle phase de traitement de son passé. L’époque du miracle économique s’est accompagnée d’un trait provisoire sur le passé puisque la phase de dénazification à l’Ouest a blanchi beaucoup d’Allemands [23]. Or, la génération née après 1945 atteint l’âge adulte au milieu des années 1960. Héritière d’une culpabilité non vécue, elle entame le processus d’interpellation de ses aînés. Même si le nazisme a joué un rôle mineur dans le mouvement de contestation en 1967-1968, il n’en reste pas moins que le IIIe Reich est un lieu de mémoire bien vivant pour les étudiants. Ces derniers affichent une grande exigence morale, considérant parfois que Bonn n’est que le prolongement du régime nazi.

15Refoulé pendant deux décennies, le souvenir du nazisme refait surface dans la mémoire des députés. Pratiquement toutes les interventions de députés de la majorité CDU-SPD établissent un parallèle entre 1968 et 1933. Ils revendiquent cette conscience claire de la réalité au nom de leurs expériences de la dictature. Le retour de l’extrême-droite sur la scène politique associée à la montée d’un radicalisme de gauche fait craindre le danger de la dissolution de la République de Bonn, prise sous le feu croisé des extrémismes politiques. C’est d’ailleurs ce qu’affirme clairement le Ministre de l’Intérieur chrétien-démocrate Paul Lücke. Né en 1914, traumatisé par l’avènement du IIIe Reich dans sa jeunesse, ce dernier rappelle que « les forces d’extrême-droite et d’extrême-gauche s’entraînent mutuellement » [24].

16Dans son intervention du 9 février 1968 au nom de la fraction social-démocrate, Helmut Schmidt (futur Chancelier de RFA entre 1974 et 1982) invoque les leçons de l’histoire pour défendre l’ordre démocratique : « Nous autres Allemands, si nous avons appris quelque chose des expériences de dictature à propos de notre propre peuple, c’est bien que la tolérance envers la pensée et la volonté de l’Autre fait partie d’une société honorable et libre » [25]. Sur un ton nettement plus moralisateur, Rainer Barzel, chef du groupe parlementaire chrétien-démocrate, rappelle aux étudiants que les députés savent ce que c’est que de défendre le droit et la liberté. Certains députés analysent la révolte étudiante à l’aune du national-socialisme. C’est ainsi que le député chrétien-démocrate Richard Jäger compare l’utilisation du mot « Establishment » par les étudiants à celui de « système » que les Nazis employaient pour dénoncer la démocratie de Weimar [26]. Son collègue Max Schulze-Vorberg va jusqu’à utiliser le terme de « suiviste » (Mitläufer) pour caractériser la majorité des étudiants qui tel le peuple allemand en 1933 suit une petite minorité radicale. Ce député affirme qu’il est du devoir du gouvernement fédéral de rappeler aux jeunes gens que dans l’histoire allemande, des « petites minorités radicales ont agi de façon décisive en entraînant avec eux des gens crédules » [27].

17Ces rappels de l’histoire témoignent d’une profonde inquiétude des députés. Leur culture politique marquée par la césure de 1933 les empêche de désigner le mouvement étudiant par des termes appropriés. Rainer Barzel parle d’« ennemis de la démocratie » et a recours à deux reprises au mot « terreur ». Son collègue social-démocrate, Hermann Schmidt-Vockenhausen, parle quant à lui d’« actions terroristes ». Le champ lexical de la violence et de la provocation [28] employé par la majorité des députés est une façon de stigmatiser le répertoire d’actions protestataires du mouvement étudiant auquel les hommes politiques ouest-allemands ne sont pas habitués. Ces derniers n’ont pas les clefs de lecture pour comprendre cette nouvelle grammaire de la contestation. Le mot « provocation » témoigne de l’incapacité de nombreux députés à désigner autrement un mouvement dont le but n’est pas la remise en cause révolutionnaire de l’ordre démocratique. Rainer Barzel conclut ainsi son intervention par une affirmation moralisatrice qui symbolise à elle seule le fossé générationnel : « Ce serait un avantage pour l’atmosphère de la discussion, si les jeunes gens pouvaient aussi témoigner de respect pour l’œuvre de reconstruction réalisée par les générations plus âgées dans ces vingt dernières années. » [29]

18Certains députés comme Rainer Barzel critiquent indirectement une des sources philosophiques des étudiants et de la gauche radicale : les thèses éducatives de Theodor Adorno sur les structures autoritaires encore en vigueur en RFA. Rainer Barzel met en avant son expérience de l’autorité sous une dictature pour dénoncer cette influence [30]. C’est ce spectre de 1933 qui pousse les députés de la majorité à afficher une grande fermeté à l’égard du mouvement étudiant. Très peu de députés ou de ministres de la Grande Coalition s’interrogent vraiment sur les raisons du mouvement, le rôle des médias, la puissance du sentiment anti-américain. Ainsi, la politique du dialogue et de la main tendue ne vient pas du SPD ou de la CDU, mais de l’opposition libérale.

Le FDP ou l’appel au dialogue et à la fin de la Grande Coalition

19À la différence des partis de gouvernement, le FDP témoigne indéniablement de plus de compréhension envers les étudiants. Cette position va de pair avec un positionnement stratégique sur l’échiquier politique : le FDP entend se présenter comme un parti de dialogue, en phase avec la révolte étudiante. Le FDP rejoint depuis plusieurs mois la critique étudiante lorsqu’il dénonce la Grande Coalition en la qualifiant « d’alliance de l’immobilisme ». Lors de son congrès à Fribourg en janvier 1968, il peut même se targuer d’avoir entamé un dialogue avec l’icône de la révolte étudiante, Rudi Dutschke. Le FDP se présente ainsi comme un parti à l’écoute des étudiants. Il a véritablement joué un rôle d’intermédiaire entre la classe politique et les étudiants grâce à Ralf Dahrendorf ou encore à la députée Liselotte Funcke [31].

20Lors de la séance du 9 février, Walter Scheel développe un discours qui se démarque de ses collègues Helmut Schmidt et Rainer Barzel. Volontiers polémique voire provocateur, il n’hésite pas à reprendre le champ lexical utilisé par le mouvement étudiant pour qualifier la Grande Coalition. Walter Scheel désigne ainsi les deux partis de gouvernement sous le nom d’« Establishment » [32]. Il se distingue nettement des interventions précédentes qui commençaient toutes par le rappel du caractère inviolable de l’État de droit [33]. À la façon d’un sociologue, il met en évidence la répercussion des préjugés sur la perception que le groupe dominant (« l’Establishment ») détient sur la « minorité ». Il dénonce la stigmatisation et finalement la logique d’exclusion dont sont victimes les étudiants [34]. Selon lui, « il serait erroné et dangereux de qualifier les événements par les mots de terreur, d’émeute, de voyous, de bagarres » [35]. Son collègue Wolfram Dorn va dans le même sens en déclarant que le mot « Étudiant ne doit pas devenir un nouveau gros mot » [36].

21Il est vrai que les préjugés que la plupart des députés de la majorité expriment sont « façonnés non pas à partir d’une expérience vécue de l’altérité, mais à partir d’une structure de personnalité, elle-même mise en place dans la prime enfance, l’éducation, la famille, en dehors du rapport concret avec ceux qu’ils décrivent » [37]. Ce conflit générationnel prend sa source dans les représentations que les « anciens » ont des « jeunes ». Walter Scheel dénonce de façon ironique ces représentations déformées du mouvement étudiant : « Est-ce que le Viêt-Cong est parmi nous ? » [38]

22Il est l’un des rares députés à se lancer dans une analyse socio-politique de la révolte étudiante. Il rejette l’hypothèse d’un mouvement dirigé par Moscou ou le SED [39]. Au-delà des causes liées à la massification de l’enseignement supérieur, il affirme que ce mouvement est avant tout l’expression d’un désir de démocratie : « Soir après soir, j’ai fait l’expérience que parmi les étudiants, parmi la jeunesse, une grande majorité souhaite rendre la démocratie plus vivante ». [40] Ce discours annonce en quelque sorte la déclaration gouvernementale de Willy Brandt, le 28 octobre 1969, lorsqu’il appelle le pays à « oser plus de démocratie ». Pour Walter Scheel, l’origine de la révolte étudiante réside dans l’incapacité de la RFA à devenir une « société ouverte ». Cette formule est une façon de prendre ses distances avec l’expression de « société intégrée » du Chancelier Ludwig Erhard qui renvoie à une vision de la société où les problèmes sociaux se résolvent non par le conflit mais par le consensus. Selon Walter Scheel, il faut être prêt à accepter le conflit, à refuser le consensus mou. Cette analyse vise in fine à dénoncer le fonctionnement du système politique depuis la mise en place de la Grande Coalition. Walter Scheel affirme que cette formule politique a rendu le Parlement inutile. Il lance un appel à la clarté : par rapport au passé national-socialiste, par rapport au fonctionnement de la démocratie. Pour le FDP, la Grande Coalition est une formule politique dangereuse et inefficace dans la mesure où elle serait incapable de réaliser de grandes réformes structurelles comme celle des universités. La position du parti libéral lors de ces discussions sur le mouvement étudiant annonce déjà le changement d’alliance politique et la mise en place de la coalition social-libérale de Willy Brandt.

23En conclusion, le Bundestag a été ponctuellement l’occasion de débats sur le mouvement de contestation étudiante. Les interventions des députés mettent clairement en lumière l’existence d’une ligne de partage entre les partis de gouvernement et le parti d’opposition. Bien que réunis autour de la défense de l’État de droit, les premiers ont recours à une grille de lecture politique faussée par le recours permanent à l’exemple de la République de Weimar. Ils ne comprennent pas le nouveau sens donné par les leaders du mouvement au mot « organisation » : la nouvelle gauche (Neue Linke) ne se considère pas comme un parti mais comme un mouvement dont le mot d’ordre est « action ». Elle veut par l’action directe, c’est-à-dire des actes de provocation, bousculer l’opinion publique et le monde politique. Il s’agit là moins de détruire l’autorité que de la mettre à l’épreuve, c’est-à-dire l’amener à réagir. La critique estudiantine des institutions « productrices de structures de domination autoritaires » fait craindre à de nombreux députés l’entrée dans une phase d’instabilité politico-sociale pouvant déboucher sur la chute de la République de Bonn. Les libéraux se présentent quant à eux comme un parti ouvert, moderne, prêt au dialogue et soucieux d’éviter toute stigmatisation des étudiants. Sous l’impulsion de Walter Scheel, les événements de 1968 lui permettent d’effacer l’image d’un parti conservateur et de mettre l’accent sur le caractère réformateur du parti. L’appel au dépassement des traditions autoritaires correspond à un profond changement des mentalités. Ce virage ne se traduit pas dans les urnes lors des élections de septembre 1969 mais il permet, dans un premier temps, le retour aux affaires du FDP dans le cadre d’une alliance avec le SPD. Cette stratégie lui permet d’exister en tant que parti d’opposition et de se tailler un espace politique entre les deux grands traditionnels.

24Au final, les députés ont très peu parlé de facteurs culturels ou sociaux comme le rôle des médias. En dépit d’un discours de fermeté, le Chancelier Kurt Georg Kiesinger reconnaît tardivement dans son intervention du 30 avril 1968 que la « jeune génération a une autre compréhension » [41] de la démocratie et de l’histoire. Ce décalage générationnel explique le dialogue de sourds entre les partis de gouvernement et les étudiants. Le mouvement de contestation s’essouffle toutefois après le vote des lois d’urgence à la fin du mois de mai 1968. La stabilité du système institutionnel de la RFA a repoussé le défi du mouvement de 1968 et confirmé la démocratie représentative : Bonn n’est pas Weimar.


Mots-clés éditeurs : Parlement, 1968, fossé générationnel, mouvement étudiant, RFA

Mise en ligne 14/05/2008

https://doi.org/10.3917/parl.009.0118

Notes

  • [1]
    Allusion au livre du publiciste suisse René Allemann Bonn ist nicht Weimar publié en 1953 au lendemain des élections législatives qui confortaient la CDU du Chancelier Konrad Adenauer et la stabilité du régime démocratique.
  • [2]
    Ingrid Gilcher-Holtey (dir.), 1968. Vom Ereignis zum Gegenstand der Geschichtswissenschaft, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1998; Franz-Werner Kersting, „Entzauberung des Mythos? Ausgangsbedingungen und Tendenzen einer gesellschaftsgeschichtlichen Standortbestimmung der westdeutschen 68er-Bewegung“, Westfällische Forschungen, 48, 1998, pp. 1-19; Étienne François, Matthias Middell, Emmanuel Terray, Dorothee Wierling (dir.), 1968 – ein europäisches Jahr ?, Leipzig, Leipziger Universitätsverlag,1997; Christian von Hodenberg, Detlef Siegfried (dir.), Wo „1968“ liegt. Reform und Revolte in der Geschichte der Bundesrepublik, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2006.
  • [3]
    Detlef Siegfried, Time is on my side. Konsum und Politik in der westdeutschen Jugendkultur der 60er Jahre, Göttingen, Wallstein Verlag, 2006.
  • [4]
    Le SDS était l’un des fers de lance du mouvement contestataire allemand. Organisation étudiante du parti social-démocrate fondée en 1959, le SDS prend ses distances vis-à-vis de la politique du parti après le tournant de Bad Godesberg et devient indépendant au début des années 1960. Le SDS comptait en 1968 environ 1 600 membres sur un total de 300 000 étudiants.
  • [5]
    Manfred Görtemarker, Geschichte der Bundesrepublik Deutschland. Von der Gründung bis zur Gegenwart, Beck, München, 1999; Edgar Wolfrum, Die geglückte Demokratie. Geschichte der Bundesrepublik Deutschland von ihren Anfängen bis zur Gegenwart, Stuttgart, Klett-Cotta, 2006.
  • [6]
    Rudi Dutschke, Jeder hat sein Leben ganz zu leben. Die Tagebücher 1963-1979, Köln, Kiepenheuer und Witsch, 2005.
  • [7]
    Manfred Görtemarker, op. cit., p. 470.
  • [8]
    Institut für Demoskopie Allensbach, Untersuchungen über die Studentenunruhen in Deutschland, Verlag für Demoskopie, Allensbach/Bonn, 1968, p.19.
  • [9]
    Elisabeth Noelle, Erich Peter Neumann (Hg.), Jahrbuch der öffentlichen Meinung, Band 5: 1966-1973, Verlag für Demoskopie, Allensbach/Bonn, 1974, p. 459.
  • [10]
    Der Spiegel, Der deutsche Student – Situation, Einstellungen und Verhaltensweisen, Verlag für Demoskopie, Allensbach/Bonn, 1968, p. 26.
  • [11]
    Peter Schindler, Datenhandbuch zur Geschichte des deutschen Bundestages 1949 bis 1999, Band I, Baden-Baden, Nomos, 1999, p. 557.
  • [12]
    Bundestag, Stenographische Berichte, 113. Sitzung, 9. Juni 1967, p. 5482.
  • [13]
    À la suite de l’attentat contre Rudi Dutschke, la RFA a connu les affrontements les plus violents de son histoire. En l’espace de cinq jours, entre le Jeudi Saint et le Lundi de Pâques, le ministère de l’Intérieur a recensé des manifestations dans 27 villes rassemblant environ 20 000 personnes. La police a procédé à plus de huit cents arrestations d’étudiants et recensé 4 à 11 000 participants impliqués dans des actes de violence. Bundestag, Stenographische Berichte, 169. Sitzung, 30. April 1968, p. 8990.
  • [14]
    Bundestag, Stenographische Berichte, 154. Sitzung, 9. Februar 1968, p. 7870.
  • [15]
    Ibid.
  • [16]
    Bundestag, op. cit., p. 7881.
  • [17]
    Bundestag, op. cit., pp. 7883-7884.
  • [18]
    Bundestag, op. cit., p. 7885.
  • [19]
    Kurt Georg Kiesinger a fait des études de droit et a déjà exercé le métier d’avocat sous le IIIe Reich. Wolfgang Pohle, avocat d’affaires, a défendu des industriels compromis sous le national-socialisme comme Flick et Krupp. Richard Jäger est juriste de formation, membre de la commission de protection de la Loi Fondamentale au Bundestag dans les années 1950 et Rainer Barzel est docteur en droit.
  • [20]
    Le concept d’État de droit est introduit en France par Raymond Carré de Malberg. Voir Raymond Carré de Malberg, Contribution à la théorie générale de l’État, Paris, Sirey, 1920.
  • [21]
    Jürgen Habermas, Écrits politiques (1985-1990), Paris, Flammarion, (1990) 1999, pp. 129-130.
  • [22]
    Ibid.
  • [23]
    Alfred Wahl, La Seconde histoire du nazisme dans l’Allemagne fédérale depuis 1945, Paris, Armand Colin, 2006.
  • [24]
    Bundestag, op. cit., p. 7875.
  • [25]
    Bundestag, op. cit., p. 7881.
  • [26]
    Bundestag, op. cit., p. 7887.
  • [27]
    Bundestag, op. cit., p. 7871.
  • [28]
    Pour une réflexion sur la provocation en histoire, voire le dossier « Provocations » dirigé par Didier Francfort dans Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n°93, 2007.
  • [29]
    Bundestag, op. cit., p. 7884.
  • [30]
    Theodor Adorno, Études sur la personnalité autoritaire, Paris, Allia, (1950) 2007. La révolte étudiante fonde son action sur les réflexions de Theodor Adorno à propos de la formation de la personnalité autoritaire. Ils pervertissent sa pensée en détournant le sens du mot structure. Chez Theodor Adorno, ce sont les structures mentales qui conduisent à la formation de la personnalité autoritaire. Pour Rudi Dutschke et l’aile antiautoritaire du SDS, ce sont les structures traditionnelles (notamment les institutions) qui produisent de l’autoritarisme.
  • [31]
    Sylvia Heinemann, Liselotte Funcke „An Menschen ihrer Zeit". Briefe aus fünf Jahrzehnten, Hagen, Ardenkuverlag, 2005.
  • [32]
    Ibid.
  • [33]
    Walter Scheel termine son intervention par un court rappel sur la nécessité de défendre l’État de droit mais cette position ne constitue par le cœur de son discours.
  • [34]
    Dans son discours radio et télédiffusé du 14 avril 1968, le président de la République, Gustav Heinemann (SPD), lance un appel au calme et dénonce également la stigmatisation dont sont victimes les étudiants. Voir Horst Ferdinand (dir.), Reden, die die Republik bewegten, Opladen, Leske+Budrich, 2002, pp. 340-341.
  • [35]
    Ibid.
  • [36]
    Bundestag, Stenographische Berichte, 169. Sitzung, 30. April 1968, p. 9 041.
  • [37]
    Norbert Elias, Logiques de l’exclusion, Paris, Fayard, (1965) 2001, p. 15.
  • [38]
    Bundestag, Stenographische Berichte, 154. Sitzung, 9. Februar 1968, p. 7884.
  • [39]
    Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, parti socialiste de la RDA.
  • [40]
    Bundestag, op. cit., p. 7885.
  • [41]
    Bundestag, Stenographische Berichte, 169. Sitzung, 30. April 1968, p. 9 027.
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