Notes
-
[1]
Les Allemands expulsés sont originaires des territoires appartenant au Reich et perdus à la fin de la guerre (Silésie, Prusse Orientale, Poméranie Orientale, Brandebourg oriental, Dantzig) ou de régions d’Europe centrale, du sud et sud-est de l’Europe (Sudètes, Roumanie entre autres).
-
[2]
Pour désigner l’ensemble des populations déplacées (qu’elles aient fui devant l’avancée de l’Armée rouge ou qu’elles aient été expulsées par les régimes communistes installés en Europe de l’Est) de 1945 à 1947, on utilisera le terme « expulsés » pour traduire le mot allemand « Vertriebene » qui s’est imposé en RFA dès les années 1950.
-
[3]
Au nom de la solidarité communiste, les autorités de RDA considèrent que les Allemands déplacés sont intégrés en quelques années et ignorent très vite leur existence. Il ne sera question dans cette étude que du cas de la RFA.
-
[4]
Ray M. Douglas, « Ordnungsgemäße Überführung ». Die Vertreibung der Deutschen nach dem Zweiten Weltkrieg, Munich, Beck, 2012, p. 389-391.
-
[5]
Le statut d’expulsé est accordé non seulement aux Allemands expulsés de régions appartenant au Reich avant 1937, mais aussi aux membres des minorités vivant à travers l’Europe de l’Est et l’Europe du Sud-Est.
-
[6]
Sozialdemokratische Partei Deutschlands, Parti social-démocrate d’Allemagne.
-
[7]
Christlich Demokratische Union Deutschlands, Union chrétienne-démocrate d’Allemagne et Christilich-Soziale Union in Bayern, Union chrétienne-sociale en Bavière.
-
[8]
Freie Demokratische Partei, Parti libéral-démocrate
-
[9]
Edgar Pscheidt, « Zur Integration der Sudetendeutschen in Bayern », in Peter Heumos (dir.), Heimat und Exil : Emigration und Rückwanderung, Vertreibung und Integration in der Geschichte der Tschechoslowakei, Munich, Oldenbourg, 2001, p. 199-223.
-
[10]
Rudolf Morsey, « Bayerns Anfänge im Bund 1949. Zugleich eine Würdigung der Protokolle des Bayerischen Ministerrats 1949 », in Bernhard Löffler, Karsten Ruppert (dir.), Religiöse Prägung und politische Ordnung in der Neuzeit. Festschrift für Winfried Becker zum 65. Geburtstag, Cologne, Weimar, Vienne, Böhlau, 2006, p. 519-539.
-
[11]
Tobias Weger, « Volkstumskampf » ohne Ende ? Sudetendeutsche Organisationen, 1945-1955, Berne, Peter Lang, 2008, p. 418.
-
[12]
Le Bund der Heimatvertriebenen und Entrechteten, Fédération des expulsés et des dépossédés, prend le nom en 1952 de Gesamtdeutscher Block-BHE, Bloc interallemand-BHE, pour souligner sa volonté d’unifier toutes les parties de l’Allemagne et pas seulement les deux États allemands.
-
[13]
Voir paragraphe suivant.
-
[14]
Wolfgang Fischer, Heimat-Politiker ? Selbstverständnis und politisches Handeln von Vertriebenen als Abgeordnete im Deutschen Bundestag 1949 bis 1974, Düsseldorf, Droste, 2010, p. 272-285.
-
[15]
Sabine Voßkamp, Katholische Kirche und Vertriebene in Westdeutschland. Integration, Identität und ostpolitischer Diskurs 1945 bis 1972, Stuttgart, Kohlhammer Verlag, 2007, p. 293.
-
[16]
Organisation de jeunesse de la CDU/CSU.
-
[17]
Jürgen Echternach, « Etwas außerhalb der Demokratie », Die Zeit, no 31, 1963.
-
[18]
« Neue Heimat », Der Spiegel, no 25, 1969, p. 36-37.
-
[19]
Wolfgang Fischer, op. cit., p. 104.
-
[20]
Herbert Czaja est président du BdV (1970-1994), président de la Landsmannschaft des Hauts-Silésiens (1964-1969) et député CDU au Bundestag (1953-1990). Wenzel Jaksch est président du BdV (1964-1966), vice-président de la Landsmannschaft des Allemands des Sudètes (1961) et député SPD au Bundestag (1953-1966). Herbert Hupka est président de la Landsmannschaft des Silésiens (1968-2000) et député au Bundestag (SPD : 1969-1972 ; CDU : 1972-1987).
-
[21]
L’une des principales difficultés a consisté à trouver un accord sur les revendications territoriales car un retour aux frontières de 1937 ne suffisait pas aux Allemands des Sudètes. Cf. Christian Lotz, Die Deutung des Verlusts. Erinnerungspolitische Kontroversen im geteilten Deutschland um Flucht, Vertreibung und die Ostgebiete (1948-1972), Cologne, Weimar, Vienne, Böhlau, 2007, p. 151-156.
-
[22]
Manfred Wambach, Verbändestaat und Parteienoligopol. Macht und Ohnmacht der Vertriebenenverbände, Stuttgart, Enke, 1971, p. 110.
-
[23]
Wolfgang Fischer, op. cit., p. 82.
-
[24]
Johannes-Dieter Steinert, Vertriebenenverbände in Nordrhein-Westfalen 1945-1954, Düsseldorf, Schwann, 1986, p. 72.
-
[25]
Landsmannschaft Schlesien – Nieder- und Oberschlesien e. V. – (dir.), 50 Jahre Landsmannschaft Schlesien. Eine Dokumentation, Königswinter, 1999, p. 26-27.
-
[26]
Karl-Heinz Eisert, « Rückschau auf das Bundestreffen 1957 », Heimatblatt für den Kreis Groß Wartenberg in Schlesien, no 3, 1957, p. 1.
-
[27]
« Geistlicher Rat teuer », Der Spiegel, no 11, 1949, p. 9-11.
-
[28]
Matthias Stickler, « Ostdeutsch heißt gesamtdeutsch ». Organisation, Selbstverständnis und heimatpolitische Zielsetzungen der deutschen Vertriebenenverbände 1949-1972, Düsseldorf, Droste, 2003, p. 130-135 ; Andreas Kossert, Kalte Heimat. Die Geschichte der deutschen Vertriebenen nach 1945, Munich, Siedler, 2008, p. 156.
-
[29]
Wolfgang J. Mommsen, « Die Paulskirche », in Étienne François, Hagen Schulze (dir.), Deutsche Erinnerungsorte, vol. 2, Munich, Beck, 2001, p. 46-67.
-
[30]
Eva Hahn, Hans Henning Hahn, Die Vertreibung im deutschen Erinnern. Legenden, Mythos, Geschichte, Paderborn, Schöningh, 2010, p. 448-457.
-
[31]
« Geistlicher Ratteuer », p. 9-11.
-
[32]
Michael Imhof, Die Vertriebenenverbände in der Bundesrepublik Deutschland. Geschichte, Organisation und gesellschaftliche Bedeutung, Marbourg, thèse de doctorat, 1975, p. 176-185 ; Hans-Jürgen Gaida, Die offiziellen Organe der ostdeutschen Landsmannschaften. Ein Beitrag zur Publizistik der Heimatvertriebenen in Deutschland, Berlin, Duncker & Humblot, 1973, p. 26.
-
[33]
Michael Freund, Heimatvertriebene und Flüchtlinge in Schleswig-Holstein. Ein Beitrag zu ihrer gesellschaftspolitischen Bedeutung als Bundes- und Landtagsabgeordnete, Kiel, thèse de doctorat, 1975, p. 116-118.
-
[34]
Cf. www.landesbeirat.nrw.de (page consultée le 5 juillet 2013).
-
[35]
Michel Korinman, « La longue marche des organisations de réfugiés allemands de 1945 », Hérodote, no 68, 1993, p. 41-67.
-
[36]
Wolfgang Fischer, op. cit., p. 199, 267, 272, 366.
-
[37]
Wolfgang Fischer, op. cit., p. 90. Lorsqu’est discutée la question de savoir comment mieux répartir les expulsés sur le territoire ouest-allemand, les députés expulsés défendent alors le point de vue du Land dans lequel ils résident, faisant fi d’une quelconque solidarité entre expulsés, cf. Fischer, p. 147.
-
[38]
Moyennes établies sur les législatures de 1949 à 1976. Les expulsés représentent 12,2 % de l’ensemble des députés entre 1953 et 1957, seule législature où le BHE est présent au Bundestag. Lors de la première législature, 9,7 % des députés du SPD sont des expulsés (cette proportion atteint 13,2 % en 1972), ils représentent 9 % des députés CDU/CSU (proportion qui reste stable durant les sept premières législatures), 100 % des députés du BHE (67,9 % seulement lors de la deuxième législature) et 14,9 % des députés du FDP (baisse continue de cette proportion : 5,4 % en 1969 et 8,2 % en 1972). Cf. Wolfgang Fischer, op. cit., p. 66-70.
-
[39]
Dans le Traité de Varsovie, la ligne Oder-Neisse est définie comme la frontière occidentale de la Pologne. Les deux pays réaffirment l’inviolabilité de leurs frontières et leur refus de toute prétention territoriale. Cette reconnaissance de fait de la frontière germano-polonaise marque une rupture pour de nombreux expulsés et sonne le glas des espoirs de retour.
-
[40]
Wolfgang Fischer, op. cit., p. 116-119.
1À leur arrivée dans les zones d’occupation alliées, les 12,5 millions d’Allemands déplacés des territoires situés à l’est de la ligne Oder-Neisse entre 1945 et 1947 ne savaient pas quand ils rentreraient chez eux [1]. Les Accords de Potsdam renvoyant le statut définitif des territoires placés sous administration polonaise ou soviétique à un traité de paix, les expulsés [2] pouvaient croire que leur exil ne serait que provisoire.
2Avant même la création des États de RFA et RDA en 1949 [3], la question se pose de savoir comment intégrer ces millions d’Allemands venus de l’Est à une population locale sortant d’une guerre dévastatrice. Pour les Alliés qui exercent l’autorité dans les zones d’occupation, il convient avant tout d’éviter le revanchisme et la constitution de communautés d’expulsés trop virulentes. Tandis que les partis politiques sont autorisés progressivement à partir de 1946, l’engagement en faveur des expulsés au-delà du cadre des partis légaux est strictement interdit par les Alliés [4]. Afin de favoriser l’intégration politique des Allemands déplacés, les rassemblements politiques d’expulsés sont interdits tout comme les partis politiques ne s’adressant qu’à ce groupe particulier de la population. Les associations à but culturel ou social sont autorisées à partir de 1947-1948.
3D’emblée, la question de la représentation politique de ces expulsés allemands pose problème. En effet, une grande partie d’entre eux a été expulsée de territoires allemands (que la RFA considère comme toujours allemands du point de vue du droit international) vers d’autres territoires allemands [5]. Or, durant les années 1950, presque toute la société ouest-allemande s’accorde sur un retour des expulsés dans les territoires perdus. Les deux États allemands nouvellement créés sont eux aussi considérés comme une solution provisoire née de l’incapacité des Alliés à s’entendre. Comment, dans cette situation, intégrer les expulsés à leur nouvel environnement tout en maintenant leur espoir ou leur envie de rentrer chez eux ? Comment faire participer ces populations à la représentation parlementaire ? Faut-il réserver des sièges dans les assemblées aux représentants de ces territoires ? Les populations déplacées doivent-elles voter en fonction de leur région d’origine ? Ne risque-t-on pas ainsi d’empêcher toute intégration sociale et politique des expulsés ? Combien de temps une telle solution peut-elle durer et avoir un sens si les frontières de la République fédérale ne devaient plus changer ?
4Même après 1949, les autorités ouest-allemandes n’ont pas les mains entièrement libres pour s’occuper du sort des territoires perdus. La RFA ne jouit pas d’une entière souveraineté en matière de politique étrangère et, malgré ses déclarations aux expulsés, le chancelier Adenauer ne peut rien entreprendre pour changer la situation. Ce n’est qu’en 1951 qu’un ministère des Affaires étrangères voit le jour et en 1955 qu’un ministre est chargé de diriger ce ministère. La politique d’ancrage à l’Ouest d’Adenauer nécessite que la RFA s’aligne sur les positions des Alliés occidentaux et que la question de la frontière germano-polonaise soit laissée de côté.
5En montrant, dans un premier temps, comment les expulsés ont été intégrés aux principaux partis de gouvernement durant les années 1950, on s’attardera ensuite sur la constitution et le mode de fonctionnement des associations d’expulsés avant de voir comme nt les expulsés ont su porter leurs revendications et défendre leurs intérêts dans les principales institutions de RFA.
L’immédiat après-guerre et les premières années de la RFA
Intégration des expulsés dans les grands partis et échec du BHE
6Lors des premières élections locales, les expulsés trouvent place sur les listes présentées par les grands partis (sociaux-démocrates du SPD [6], chrétiens-démocrates de la CDU/CSU [7] ou libéraux du FDP [8]), mais aussi au sein de petits partis ou de rassemblements citoyens, ce qui leur permet de contourner l’interdiction faite aux organisations politiques d’expulsés. Ainsi, ils obtiennent des sièges dans les assemblées locales, et les résultats électoraux en Bavière montrent que, dans ce Land où leur poids démographique est important, la représentation du groupe est assurée [9]. Si le gouvernement régional de Bavière refuse de reconnaître officiellement l’existence d’un parlement provisoire (Notparlament) pour les expulsés, il le tolère dans les faits pour éviter les crispations et permettre aux colères et frustrations de s’exprimer [10]. En août 1948, les expulsés vivant dans l’ancien camp de concentration de Dachau (rouvert quelques semaines auparavant pour surmonter la pénurie de logements) entament une grève de la faim pour exiger de meilleures conditions de vie. Les élections ont lieu le 6 décembre 1948 et la Représentation régionale des expulsés (Landesvertretung der Ausgewiesenen) tient sa première séance à Munich le 21 décembre 1948 [11].
7Après la création de la RFA en 1949, l’interdiction voulue par les Alliés perd sa validité et un parti politique se consacrant entièrement aux expulsés voit le jour. Le BHE [12] entend se faire le porte-parole des expulsés dans toutes les assemblées. Il réussit à entrer au Bundestag en 1953 (27 sièges) et participe alors à la coalition gouvernementale dirigée par Adenauer. Il s’avère un allié à la fois utile au chancelier pour garantir une large majorité au Parlement, mais un allié inconfortable en raison de ses positions intransigeantes sur la diplomatie. Les liens entre le BHE et la CDU sont nombreux et marqués, entre autres, par le transfert de personnalités influentes de l’un à l’autre : Linus Kather, dirigeant de la Fédération régionale Oder-Neisse [13], quitte la CDU en 1954 pour rejoindre le BHE tandis que Theodor Oberländer, ministre des Expulsés et dirigeant national du BHE, quitte ce parti en 1956 pour rallier la CDU et devenir le leader de la Fédération régionale Oder-Neisse. Malgré un potentiel électoral fort de plusieurs millions de voix, le succès du BHE ne dure pas et le parti ne parvient pas à se maintenir au Bundestag en 1957. Le parti s’est radicalisé suite au départ de plusieurs de ses députés. Il se déchire aussi sur la question du statut de la Sarre, mais cet échec prouve surtout que le statut d’expulsés ne suffisait pas à rassembler ses membres. La plupart ne se retrouvaient que sur les questions sociales mais ne parvenaient pas à surmonter leurs différends dans d’autres domaines [14].
8En raison de la décision des Alliés, c’est par le biais des grands partis que les expulsés doivent trouver l’accès aux parlements régionaux et au Bundestag. Durant les premières années de la RFA, ils adhèrent aux trois grands partis, sans que l’un d’eux ne s’affirme comme un choix privilégié. À l’intérieur des partis qui se constituent à la fin des années 1940, la question se pose de savoir s’il faut réserver une place particulière aux expulsés. La forme fédérale du nouvel État ouest-allemand se reflète dans l’organisation des partis. La CDU compte autant de fédérations régionales qu’il y a de Länder en RFA, auxquels s’ajoutent deux fédérations : celle de la CDU en exil qui représente les Allemands vivant en RDA et la Fédération régionale Oder-Neisse (Landesverband Oder-Neiße). Cette dernière est créée en 1950 lors du premier congrès de la CDU. Elle rassemble les expulsés issus de tous les territoires à l’Est de la RDA et ses délégués participent au congrès du parti. À la fin des années 1960, alors que la nouvelle Ostpolitik se dessine et qu’au sein de la CDU aussi, certains envisagent de nouvelles relations avec les voisins de l’Est européen [15], des voix s’élèvent contre l’existence de cette fédération régionale. Jürgen Echternach, fervent pourfendeur de cette organisation et dirigeant régional de la Junge Union [16], argue de l’absence de militants de la CDU à l’Est de la ligne Oder-Neisse pour mettre en cause sa raison d’être. Dans une tribune publiée dans l’hebdomadaire Die Zeit, en 1963, sous le titre « Un peu à l’écart de la démocratie [17] », il critique le manque de transparence dans la composition d’un groupe fermé sur lui-même et rétif à toute influence extérieure. La prise de position d’Echternach est intéressante car il tire sa légitimité à s’exprimer sur le sujet à la fois de son statut d’expulsé de Poméranie et de son appartenance à la direction régionale de Hambourg de la CDU. Il fait partie de cette génération qui a vécu l’expulsion durant l’enfance et qui, arrivée à l’âge adulte, entend rompre avec les pratiques de la génération précédente. La Fédération régionale Oder-Neisse disparaît en 1968 suite à l’adoption d’une loi fédérale qui n’autorise que les fédérations régionales de partis correspondant à la structure fédérale de la RFA [18]. Cependant, une représentation des expulsés au sein de la CDU demeure, puisqu’apparaît à sa suite l’Union des expulsés (Union der Vertriebenen und Flüchtlinge).
9L’une des conséquences de l’interdit posé par les Alliés est d’avoir permis l’intégration politique des expulsés. Les grands partis ont été contraint s de prendre en compte leur situation particulière et de leur réserver des places tant sur les listes électorales que dans leurs programmes électoraux. En évitant une situation de concurrence entre partis représentant la population locale et partis réservés aux expulsés, la période d’occupation par les Alliés favorise l’intégration de l’ensemble de la population dans les partis naissants. Malgré les tentatives de groupuscules extrémistes de s’adresser spécifiquement aux expulsés, ces derniers ont préféré les grands partis démocratiques et ont laissé les extrêmes à la marge du champ politique [19]. En dehors des partis politiques, les associations d’expulsés ont également contribué à l’organisation et à l’intégration de cette partie de la population.
Les organisations d’expulsés
Mise en place des associations et de leurs institutions parallèles
10L’organisation politique des expulsés à travers les partis se double d’une organisation au sein d’associations qui, fortes de leurs millions d’adhérents, vont devenir des acteurs incontournables du débat public. Les Landsmannschaften sont ces associations qui fédèrent au sein d’une même grande structure nationale tous les expulsés issus d’une même région de l’Est (Silésie, Prusse orientale, etc.) et qui présentent un programme des plus ambitieux. Elles jouent un rôle social en aidant les expulsés et en les informant de leurs droits. Elles défendent aussi l’héritage culturel et participent à l’entretien de la mémoire des territoires perdus tout en militant ardemment en faveur du droit au retour. Ce dernier point est celui sur lequel les principaux dirigeants se font le plus souvent entendre. Conscients qu’ils ne parviendront pas à obtenir d’avancée de leur cause sans relais dans le monde politique, les leaders des Landsmannschaften sont aussi très souvent des membres influents des grands partis, ce qui permet aux associations de ne pas se limiter à une dimension culturelle et d’obliger les partis à prendre en compte les problèmes des expulsés [20]. Après des années de négociations et de tergiversations, une organisation centrale rassemblant toutes les associations naît en 1957, la Fédération des expulsés (Bund der Vertriebenen, BdV) qui va s’imposer comme le porte-parole principal des revendications des expulsés sans pour autant faire disparaître les Landsmannschaften qui continuent de peser de tout leur poids dans le débat politique [21]. Dès 1949, les associations souhaitaient voir se créer au Bundestag une plateforme de travail au-dessus des partis et commune à tous les députés ayant le statut d’expulsé. Les dirigeants des groupes parlementaires s’y opposent, principalement à cause de la discipline de vote imposée par le SPD [22]. C’est finalement grâce au soutien des Landsmannschaften fédérées qu’un Conseil parlementaire (Parlamentarischer Beirat) est créé en 1954 pour défendre les intérêts des expulsés auprès des groupes parlementaires du Bundestag et du ministère des Affaires étrangères [23]. Les Landsmannschaften jouent pleinement leur rôle d’interface entre les expulsés et les partis politiques. C’est pourquoi les associations locales ou nationales des expulsés insistent sur leur représentativité démocratique. Bien qu’elles se soient autoproclamées leurs représentantes uniques et légitimes, elles ne parlent en réalité qu’au nom de leurs adhérents et monopolisent la parole de l’ensemble des expulsés [24].
11Certaines Landsmannschaften souhaitent se donner les apparences d’une véritable représentation parlementaire. Ainsi, Poméraniens et Silésiens instaurent une représentation régionale de leur territoire perdu avec la création de la Pommersche Landesvertretung et de la Schlesische Landesversammlung. Ces différentes instances régionales se réunissent ensuite au sein du Congrès des représentations régionales de l’Est (Kongress der ostdeutschen Landesvertretungen). Lors de sa première réunion le 4 septembre 1957, la Schlesische Landesversammlung se définit ainsi :
La Schlesische Landesversammlung parle en tant que représentante des Silésiens expulsés en RFA, des Silésiens condamnés au silence dans la zone d’occupation soviétique et des Silésiens restés dans notre région [25].
13La presse donne plus de détails sur la composition de cette nouvelle instance :
La Schlesische Landesversammlung doit constituer en quelque sorte le « parlement des Silésiens ». Elle se compose de représentants de renom de l’ensemble des corps de métier de Silésie, d’hommes des arts et des sciences, des représentants de la Landsmannschaft et de l’ensemble des députés silésiens (des parlements) élus de toutes les orientations politiques [26].
15Les premières années de la RFA sont marquées par la volonté des expulsés de souligner leur différence et de limiter leur intégration au nouvel État allemand. Le désir de retour est très fort et largement partagé et leurs représentants voient bien le danger que ferait peser sur les espoirs de retour une trop grande intégration. Dès 1949, Georg Goebel, ecclésiastique de Basse-Silésie et précurseur dans l’organisation des expulsés durant la période d’occupation par les Alliés, qui ne croit guère à l’intérêt des partis pour leur cause, cherche à limiter leur intégration car il considère que la présence des expulsés n’est que transitoire. S’ils n’obtiennent pas de droits particuliers garantis au sein du Parlement ouest-allemand, Goebel jugera les expulsés illégitimes à se prononcer sur une constitution pour la RFA et prônera l’abstention en cas de consultation de la population [27].
16Certainement conscients du caractère utopique de certaines revendications portant sur l’accès réservé aux institutions, les dirigeants des Landsmannschaften créent un nouvel organe représentatif, le Conseil permanent des Landsmannschaften de l’Est et des représentations régionales, envisagé comme une structure concurrente du Bundesrat et consacré aux territoires de l’Est. Les assemblées ont beau se multiplier, leur action ne gagne pas pour autant en efficacité. Pourtant, des succès symboliques comme la reconnaissance officielle de l’Assemblée des députés de Poméranie (Pommersche Abgeordnetenversammlung) par le Land de Schleswig-Holstein, renforcent la détermination des autres organisations d’expulsés. L’Assemblée fédérale des Allemands des Sudètes (Sudetendeutsche Bundesversammlung) obtient le droit de siéger dans le bâtiment où siège le Landtag de Bavière. Toutefois, toutes ces tentatives ne sont pas couronnées de succès puisque le gouvernement fédéral s’oppose, en 1951, à la Landsmannschaft des expulsés de Dantzig. Il conteste l’organisation d’élections qui conduisent à la création d’un Conseil des Dantzicois, sorte de gouvernement en exil. Le gouvernement fédéral craint que ces élections n’aient des conséquences diplomatiques dommageables [28].
17Les actions des expulsés ne passent pas toutes inaperçues. La promulgation de la Charte des expulsés le 5 août 1950 provoque un fort retentissement médiatique puisque, dans ce texte que les expulsés considèrent généralement comme leur loi fondamentale, ils renoncent à la violence et aux représailles pour recouvrer leurs territoires. Un an plus tard, le premier Congrès des Landsmannschaften de l’Est siège à Francfort dans l’église Saint-Paul devant des représentants du gouvernement fédéral, des députés des parlements régionaux et des membres des grandes institutions fédérales [29]. Dans un lieu très symbolique, où se tinrent les séances du premier Parlement librement élu de l’histoire allemande, la force évocatrice est très grande et témoigne de la volonté d’inscrire les expulsés dans l’identité de la nation allemande [30].
Tentatives avortées d’obtenir une représentation dans les institutions classiques (bundesrat)
18La création d’institutions parallèles est une réponse à l’échec des tentatives d’obtenir une place à part dans la représentation nationale. Dans les mois précédant la création de la RFA, Georg Goebel réclame que le Bundesrat ait un pendant pour les territoires de l’Est et que les expulsés aient un gouvernement propre qui dirigerait des Länder de l’Est créés sur le modèle de ceux qui structurent la RFA. Il s’agirait donc d’un gouvernement qui exercerait le pouvoir sur des territoires n’appartenant plus (ou n’ayant jamais appartenu) à l’Allemagne et qui travaillerait en collaboration avec deux chambres élues par les expulsés ou leurs représentants [31]. Si éloignés de la réalité que soient ces desseins, ils témoignent de l’ambition des expulsés à la fin des années 1940.
19Durant les années 1950 et 1960, les demandes officielles émanant des Landsmannschaften de donner aux territoires de l’Est une représentation au Bundesrat avec des sièges réservés se multiplient [32]. La crainte de voir les expulsés insuffisamment représentés au Bundestag est à l’origine du projet de création, à titre provisoire, de circonscriptions électorales réservées aux expulsés afin d’assurer la représentation de leur poids démographique à l’issue des premières élections législatives fédérales de 1949 [33]. Le projet, défendu par la CDU, prétend éviter la radicalisation des expulsés qui pourraient se sentir mis à l’écart. Mais c’est au nom d’une égalité des citoyens et pour répondre aux désirs d’intégration qu’il est finalement rejeté par le Conseil parlementaire.
20L’échec d’une représentation pour les territoires de l’Est au Bundesrat n’est qu’une face du combat des expulsés car la situation est toute autre au Bundestag où des députés vont parler en tant qu’expulsés.
Quel comportement dans les institutions pour les députés expulsés ?
Présence des expulsés au plus haut niveau institutionnel
21Les représentants des expulsés déploient une grande énergie pour se faire entendre partout où cela est possible. Cette stratégie consistant à faire feu de tout bois s’illustre par les multiples tentatives de jouer un rôle actif dans la vie politique à tous les niveaux du pouvoir.
22Dans les Länder, les expulsés sont associés au processus législatif quels que soient leurs engagements dans les partis ou les institutions. Le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie permet aux expulsés de s’exprimer sur toutes les questions les concernant à travers des commissions diverses et met en place un Conseil régional des expulsés (Landesbeirat für Vertriebenen-, Flüchtlings- und Spätaussiedlerfragen) qui assure le lien entre les expulsés et les institutions régionales [34].
23En étant présents dans les grands partis à un haut niveau de responsabilité, les expulsés espèrent non seulement influencer les décisions politiques, mais ils se donnent aussi la possibilité d’obtenir rapidement des informations très fiables. En effet, lorsque la coalition sociale-libérale qui amorce le tournant décisif de la nouvelle Ostpolitik arrive au pouvoir, les expulsés des partis conservateurs perdent soudain leur place privilégiée dans les coulisses du gouvernement fédéral et ils découvrent, parfois avec retard, les initiatives diplomatiques prises dans les ministères. Très tôt, les expulsés avaient pris l’habitude d’envoyer des représentants lors des grandes conférences internationales à titre d’observateurs pour suivre au plus près l’évolution de la situation géopolitique et anticiper les obstacles à leurs revendications [35]. Même si le Bundestag comme le Bundesverfassungsgericht (Tribunal constitutionnel fédéral) rappellent par la suite que le Traité de Varsovie (1970) n’implique pas de reconnaissance officielle de la frontière germano-polonaise, sa ratification marque le début d’un lent et régulier déclin de l’influence des expulsés dans la vie politique ouest-allemande.
Présence des expulsés au Bundestag
24Bien que les députés expulsés se sentent liés pour la plupart à une communauté de destin, on ne peut pas parler d’un front commun des expulsés au parlement [36]. Les députés au Bundestag sont avant tout membres d’un parti et la discipline de vote prend le plus souvent le pas sur l’identité de chaque député. Lorsque les intérêts des expulsés vont dans un sens et qu’un parti décide de voter dans un sens différent, les députés qui sont aussi expulsés sont tiraillés entre deux désirs contradictoires : défendre leur intérêt identitaire en tant qu’expulsés et rester loyal vis-à-vis du parti. Malgré leur destin commun, les députés expulsés agissent d’abord, au moment du vote, comme les représentants d’un parti ; leur statut d’expulsé joue rarement un rôle décisif [37].
25Il est impossible de donner à cette situation une explication valable pour l’ensemble des députés expulsés. Choisir des candidats expulsés permet aux partis de montrer aux électeurs qu’ils prennent en compte la situation particulière des expulsés. Les députés expulsés sont présents dans tous les partis : 35 % d’entre eux sont membres du SPD, 32 % de la CDU/CSU, 7 % du BHE et 9 % du FDP [38]. Preuve de la continuité de l’engagement politique au-delà du statut d’expulsés, 28 % des députés expulsés étaient déjà actifs sur la scène politique avant 1933. Les expulsés présents au Bundestag exercent leur mandat comme les autres députés puisque leur champ d’activité ne se limite pas strictement aux questions les concernant. Toutefois, ils sont naturellement plus présents dans les commissions travaillant sur la politique étrangère, les mécanismes de péréquation des charges pour les victimes de la guerre ou encore les commissions sur l’emploi et le logement, ce qui montre leur volonté d’agir dans les domaines qui touchent tout particulièrement les expulsés.
Le tournant du traité de Varsovie
26L’Ostpolitik et le rapprochement avec les pays communistes est-européens culminent avec la signature des traités de l’Est, en particulier celle du Traité de Varsovie, qui, en 1955, reconnaît de fait la frontière germano-polonaise, provoquant la mise en péril de la majorité gouvernementale sociale-libérale : plusieurs députés expulsés quittent leur parti, SPD ou FDP, et choisissent de siéger dorénavant parmi les conservateurs. Pour les expulsés les plus âgés et aussi les plus radicaux, c’est la seule issue possible au conflit personnel entre discipline de parti et fidélité à la communauté de destin des expulsés [39]. Herbert Hupka, député SPD et leader charismatique de la Landsmannschaft de Silésie, est la figure de proue de ce mouvement. La présence de personnalités d’envergure, actives tant dans les associations que dans les partis, a permis de maintenir sur l’agenda gouvernemental les questions liées aux expulsés, mais les rivalités reposant sur des questions de personnes ont considérablement nui à l’efficacité du travail des députés expulsés [40].
27L’Ostpolitik marque ainsi une rupture dans leur travail parlementaire. Après 1972, les expulsés sont toujours présents au Bundestag, mais leur présence est désormais plus discrète. Le ministère des Expulsés est dissous en 1969 et ses activités réparties entre plusieurs ministères. C’est au moment de la réalisation de l’unité allemande en 1990 que certains députés font à nouveau entendre leur voix d’expulsés au Bundestag en refusant de voter les traités d’unification. Durant les années 1970 et 1980, les expulsés s’effacent progressivement de la scène politique et médiatique. Le temps qui passe rend l’idée d’un retour illusoire et leurs représentants officiels dénoncent la classe politique, qui aurait choisi d’attendre que meurent les dernières victimes de l’expulsion pour ne pas avoir à résoudre la question des expulsés et de leurs revendications, ce que les expulsés eux-mêmes dénoncent cyniquement en parlant de « solution biologique ». L’opinion publique a tourné la page de ce chapitre douloureux de l’histoire et ce n’est qu’au début des années 2000 que l’on observe un regain d’intérêt pour ce sujet.
28Au xxie siècle, le statut d’expulsé n’a plus grande importance pour les élus. Pourtant, la CDU/CSU continue de faire vivre un groupe des expulsés au sein de son groupe parlementaire. Ils s’intéressent principalement au sort des minorités allemandes vivant en Europe centrale et orientale, mais ils sont aussi la vitrine que la CDU/CSU présente aux expulsés, un électorat traditionnellement conservateur.
29Les revendications des expulsés à l’égard des institutions ouest-allemandes sont souvent frappées par des revers. De demandes inabouties de réserver des voix au Bundesrat pour les représentants des territoires perdus à l’échec de leur revendication principale, l’exercice du droit au retour, on pourrait penser que leurs activités n’ont conduit qu’à une succession de défaites. Ce serait commettre une erreur car, en bien des domaines, l’activité déployée par les expulsés a été couronnée de succès. Tous les dispositifs législatifs pour dédommager les pertes subies pendant la guerre et les mesures sociales en faveur de l’emploi et du logement à destination des expulsés sont, entre autres, le fruit des efforts de leurs représentants au Parlement. En contribuant grandement au miracle économique, les expulsés se sont intégrés socialement et économiquement au nouvel État allemand. L’échec des partis extrémistes à rassembler les expulsés derrière des revendications revanchistes ou révisionnistes, l’existence finalement assez brève du parti réservé aux expulsés ainsi que leur présence active dans les partis de gouvernement témoignent de l’intégration politique de la plupart des expulsés.
Mots-clés éditeurs : Allemagne, partis politiques, Bundestag, expulsés
Date de mise en ligne : 05/11/2014
https://doi.org/10.3917/parl1.021.0059Notes
-
[1]
Les Allemands expulsés sont originaires des territoires appartenant au Reich et perdus à la fin de la guerre (Silésie, Prusse Orientale, Poméranie Orientale, Brandebourg oriental, Dantzig) ou de régions d’Europe centrale, du sud et sud-est de l’Europe (Sudètes, Roumanie entre autres).
-
[2]
Pour désigner l’ensemble des populations déplacées (qu’elles aient fui devant l’avancée de l’Armée rouge ou qu’elles aient été expulsées par les régimes communistes installés en Europe de l’Est) de 1945 à 1947, on utilisera le terme « expulsés » pour traduire le mot allemand « Vertriebene » qui s’est imposé en RFA dès les années 1950.
-
[3]
Au nom de la solidarité communiste, les autorités de RDA considèrent que les Allemands déplacés sont intégrés en quelques années et ignorent très vite leur existence. Il ne sera question dans cette étude que du cas de la RFA.
-
[4]
Ray M. Douglas, « Ordnungsgemäße Überführung ». Die Vertreibung der Deutschen nach dem Zweiten Weltkrieg, Munich, Beck, 2012, p. 389-391.
-
[5]
Le statut d’expulsé est accordé non seulement aux Allemands expulsés de régions appartenant au Reich avant 1937, mais aussi aux membres des minorités vivant à travers l’Europe de l’Est et l’Europe du Sud-Est.
-
[6]
Sozialdemokratische Partei Deutschlands, Parti social-démocrate d’Allemagne.
-
[7]
Christlich Demokratische Union Deutschlands, Union chrétienne-démocrate d’Allemagne et Christilich-Soziale Union in Bayern, Union chrétienne-sociale en Bavière.
-
[8]
Freie Demokratische Partei, Parti libéral-démocrate
-
[9]
Edgar Pscheidt, « Zur Integration der Sudetendeutschen in Bayern », in Peter Heumos (dir.), Heimat und Exil : Emigration und Rückwanderung, Vertreibung und Integration in der Geschichte der Tschechoslowakei, Munich, Oldenbourg, 2001, p. 199-223.
-
[10]
Rudolf Morsey, « Bayerns Anfänge im Bund 1949. Zugleich eine Würdigung der Protokolle des Bayerischen Ministerrats 1949 », in Bernhard Löffler, Karsten Ruppert (dir.), Religiöse Prägung und politische Ordnung in der Neuzeit. Festschrift für Winfried Becker zum 65. Geburtstag, Cologne, Weimar, Vienne, Böhlau, 2006, p. 519-539.
-
[11]
Tobias Weger, « Volkstumskampf » ohne Ende ? Sudetendeutsche Organisationen, 1945-1955, Berne, Peter Lang, 2008, p. 418.
-
[12]
Le Bund der Heimatvertriebenen und Entrechteten, Fédération des expulsés et des dépossédés, prend le nom en 1952 de Gesamtdeutscher Block-BHE, Bloc interallemand-BHE, pour souligner sa volonté d’unifier toutes les parties de l’Allemagne et pas seulement les deux États allemands.
-
[13]
Voir paragraphe suivant.
-
[14]
Wolfgang Fischer, Heimat-Politiker ? Selbstverständnis und politisches Handeln von Vertriebenen als Abgeordnete im Deutschen Bundestag 1949 bis 1974, Düsseldorf, Droste, 2010, p. 272-285.
-
[15]
Sabine Voßkamp, Katholische Kirche und Vertriebene in Westdeutschland. Integration, Identität und ostpolitischer Diskurs 1945 bis 1972, Stuttgart, Kohlhammer Verlag, 2007, p. 293.
-
[16]
Organisation de jeunesse de la CDU/CSU.
-
[17]
Jürgen Echternach, « Etwas außerhalb der Demokratie », Die Zeit, no 31, 1963.
-
[18]
« Neue Heimat », Der Spiegel, no 25, 1969, p. 36-37.
-
[19]
Wolfgang Fischer, op. cit., p. 104.
-
[20]
Herbert Czaja est président du BdV (1970-1994), président de la Landsmannschaft des Hauts-Silésiens (1964-1969) et député CDU au Bundestag (1953-1990). Wenzel Jaksch est président du BdV (1964-1966), vice-président de la Landsmannschaft des Allemands des Sudètes (1961) et député SPD au Bundestag (1953-1966). Herbert Hupka est président de la Landsmannschaft des Silésiens (1968-2000) et député au Bundestag (SPD : 1969-1972 ; CDU : 1972-1987).
-
[21]
L’une des principales difficultés a consisté à trouver un accord sur les revendications territoriales car un retour aux frontières de 1937 ne suffisait pas aux Allemands des Sudètes. Cf. Christian Lotz, Die Deutung des Verlusts. Erinnerungspolitische Kontroversen im geteilten Deutschland um Flucht, Vertreibung und die Ostgebiete (1948-1972), Cologne, Weimar, Vienne, Böhlau, 2007, p. 151-156.
-
[22]
Manfred Wambach, Verbändestaat und Parteienoligopol. Macht und Ohnmacht der Vertriebenenverbände, Stuttgart, Enke, 1971, p. 110.
-
[23]
Wolfgang Fischer, op. cit., p. 82.
-
[24]
Johannes-Dieter Steinert, Vertriebenenverbände in Nordrhein-Westfalen 1945-1954, Düsseldorf, Schwann, 1986, p. 72.
-
[25]
Landsmannschaft Schlesien – Nieder- und Oberschlesien e. V. – (dir.), 50 Jahre Landsmannschaft Schlesien. Eine Dokumentation, Königswinter, 1999, p. 26-27.
-
[26]
Karl-Heinz Eisert, « Rückschau auf das Bundestreffen 1957 », Heimatblatt für den Kreis Groß Wartenberg in Schlesien, no 3, 1957, p. 1.
-
[27]
« Geistlicher Rat teuer », Der Spiegel, no 11, 1949, p. 9-11.
-
[28]
Matthias Stickler, « Ostdeutsch heißt gesamtdeutsch ». Organisation, Selbstverständnis und heimatpolitische Zielsetzungen der deutschen Vertriebenenverbände 1949-1972, Düsseldorf, Droste, 2003, p. 130-135 ; Andreas Kossert, Kalte Heimat. Die Geschichte der deutschen Vertriebenen nach 1945, Munich, Siedler, 2008, p. 156.
-
[29]
Wolfgang J. Mommsen, « Die Paulskirche », in Étienne François, Hagen Schulze (dir.), Deutsche Erinnerungsorte, vol. 2, Munich, Beck, 2001, p. 46-67.
-
[30]
Eva Hahn, Hans Henning Hahn, Die Vertreibung im deutschen Erinnern. Legenden, Mythos, Geschichte, Paderborn, Schöningh, 2010, p. 448-457.
-
[31]
« Geistlicher Ratteuer », p. 9-11.
-
[32]
Michael Imhof, Die Vertriebenenverbände in der Bundesrepublik Deutschland. Geschichte, Organisation und gesellschaftliche Bedeutung, Marbourg, thèse de doctorat, 1975, p. 176-185 ; Hans-Jürgen Gaida, Die offiziellen Organe der ostdeutschen Landsmannschaften. Ein Beitrag zur Publizistik der Heimatvertriebenen in Deutschland, Berlin, Duncker & Humblot, 1973, p. 26.
-
[33]
Michael Freund, Heimatvertriebene und Flüchtlinge in Schleswig-Holstein. Ein Beitrag zu ihrer gesellschaftspolitischen Bedeutung als Bundes- und Landtagsabgeordnete, Kiel, thèse de doctorat, 1975, p. 116-118.
-
[34]
Cf. www.landesbeirat.nrw.de (page consultée le 5 juillet 2013).
-
[35]
Michel Korinman, « La longue marche des organisations de réfugiés allemands de 1945 », Hérodote, no 68, 1993, p. 41-67.
-
[36]
Wolfgang Fischer, op. cit., p. 199, 267, 272, 366.
-
[37]
Wolfgang Fischer, op. cit., p. 90. Lorsqu’est discutée la question de savoir comment mieux répartir les expulsés sur le territoire ouest-allemand, les députés expulsés défendent alors le point de vue du Land dans lequel ils résident, faisant fi d’une quelconque solidarité entre expulsés, cf. Fischer, p. 147.
-
[38]
Moyennes établies sur les législatures de 1949 à 1976. Les expulsés représentent 12,2 % de l’ensemble des députés entre 1953 et 1957, seule législature où le BHE est présent au Bundestag. Lors de la première législature, 9,7 % des députés du SPD sont des expulsés (cette proportion atteint 13,2 % en 1972), ils représentent 9 % des députés CDU/CSU (proportion qui reste stable durant les sept premières législatures), 100 % des députés du BHE (67,9 % seulement lors de la deuxième législature) et 14,9 % des députés du FDP (baisse continue de cette proportion : 5,4 % en 1969 et 8,2 % en 1972). Cf. Wolfgang Fischer, op. cit., p. 66-70.
-
[39]
Dans le Traité de Varsovie, la ligne Oder-Neisse est définie comme la frontière occidentale de la Pologne. Les deux pays réaffirment l’inviolabilité de leurs frontières et leur refus de toute prétention territoriale. Cette reconnaissance de fait de la frontière germano-polonaise marque une rupture pour de nombreux expulsés et sonne le glas des espoirs de retour.
-
[40]
Wolfgang Fischer, op. cit., p. 116-119.