Pardès 2009/2 N° 46

Couverture de PARDE_046

Article de revue

La Bible en vert

La lecture écologiste du judaïsme et du sionisme par A. D. Gordon

Pages 189 à 201

Notes

  • [1]
    Charles S. Liebman et Eliezer Don Yehia, Civil Religion in Israel, Berkeley, University of California Press, 1983, p. 31-32.
  • [2]
    L’expression « religion du travail » revient à Rabbi Binyamin. Voir Rabbi Binyamin, « Rabbi Aharon David Gordon – z » l » [de mémoire bénie] », Hatzoffeh, 14-21 février, 1947.
  • [3]
    A. D. Gordon, « Mi-Tokh Kriah [Lectures] » (1915), dans Yosef Aharanowitz (ed), Kitvei A. D. Gordon, Tel-Aviv, HaPoel HaTzaïr, 1925-1929, vol. 1 p. 216. (Kitvei…)
  • [4]
    A. D. Gordon, « Pitaron bilti ratzionali [Une solution irrationnelle] » (1909), dans Eliezer Schweid (ed), Mivchar Ktavim, Jérusalem, The Zionist Library, 1982, p. 178. (Mivchar…).
  • [5]
    A. D. Gordon, « Mi-Mikhtavav ha-Pratiyim shel Oved ou-Mityashev be-Eretz Israel [Correspondance privée d’un travailleur et colon en Eretz Israel] », dans Kitvei…, vol. 4, p. 304-305.
  • [6]
    Ibid., p. 303.
  • [7]
    Concernant la pensée éthique écologiste et féministe, voir Val Plumwood, « Nature, Self and Gender : Feminism, Environmental Philosophy, and the Critique of Rationalism », dans Robert Elliot (ed), Environmental Ethics, Oxford, Oxford University Press, 1995, p. 155-164 ; concernant les vues de l’orthodoxie sioniste sur ce point, voir Dov Schwartz, Eretz haMamashouth ve-haDimyon : Maamada shel Eretz Israel ba-Hagouth haTzionith haDatith [La Terre du réel et de l’imaginaire : statut de la Terre d’Israël dans la pensée sioniste-religieuse], Tel-Aviv, Am Oved, 1997.
  • [8]
    A. D. Gordon, Lettre à Rachel Katzenelson dans Mivchar…, p. 360.
  • [9]
    « “Vous serez saints car je suis saint” – quel mode de relation, quelles paroles ! Tout un univers en une phrase ! Voilà ce que la nature demande […] quand vous avez le privilège d’entendre cette demande de sa part et de celle de ses créatures – ses compagnes dans la création. », « Hara’hath Atzmenyou [Estime de soi] », dans Kitvei…, vol. 3, p. 76.
  • [10]
    A. D. Gordon, « MiTokh Kriah » (1918), dans Kitvei…, vol. 1, p. 232.
  • [11]
    Ibid., p. 214.
  • [12]
    A. D. Gordon, « HaAdam ve-HaTeva [L’Homme et la Nature] », dans Kitvei…, vol. 3, p. 131.
  • [13]
    A. D. Gordon, « Mkhtav she-lo Nishla‘h bi-Zmano [Une lettre qui ne fut pas envoyée en son temps] », dans Mivchar…, p. 203-204.
  • [14]
    A. D. Gordon, « Mikhtavim mi-Eretz Israel [Lettres d’Eretz Israel] », lettre à B. Brutskus, dans Kitvei…, vol. 2, p. 215-216.
  • [15]
    A. D. Gordon, « Mikhtavim mi-Eretz Israel », 2e lettre, dans Kitvei…, vol. 2, p. 229.
  • [16]
    A. D. Gordon, « Le-Virour Raayoneinou mi-Yesodo [Pour une clarification de nos idées depuis les fondements] », dans Mivchar…, p. 255.
  • [17]
    A. D. Gordon, « Avodateinou mi-Ata [Notre travail à dater de maintenant] », dans Kitvei…, vol. 2, p. 51-52.
  • [18]
    A. D. Gordon, Lettre à Yosef H’ayim Brenner dans Mivchar…, p. 365.
  • [19]
    Gordon avait coutume de dire : « Donnez-moi 300 jeunes, et je vous donnerai le pays » entendant par là qu’un petit groupe de gens dévoués suffirait pour faire de la vision une réalité. Voir les mémoires de Nathan Chofsky, Archives Gordon, Beith Gordon, Kibboutz Degania A.
  • [20]
    A. D. Gordon, « Avodath ha-Te’hyah be-Artzoth ha-Golah [L’œuvre du renouveau en Diaspora] », dans Mivchar…, p. 274-280.
  • [21]
    A. D. Gordon, « MiTokh Kriah », dans Kitvei…, vol. 1, p. 232. Bizarrement, ce passage clef pour la compréhension de l’œuvre de Gordon fut supprimé de la seconde édition des écrits (révisée par Hugo Bergman et Eliezer Shoh’at). On ne peut plus le trouver maintenant que dans la première édition, ce qui explique qu’on ne lui ait guère prêté attention.
  • [22]
    A. D. Gordon, « HaAdam ve-HaTeva », dans Mivchar…, p. 164.
  • [23]
    Tzvi Sokholovsky, « A. D. Gordon ve-HaTzim’honouth [A. D. Gordon et la question végétarienne] », Tel-Aviv, HaPoel HaTzaïr, 40e année, n° 20, p. 10.
  • [24]
    A. D. Gordon, Lettre à Nathan Bistritzki (1921), dans Mivchar…, p. 374-379.
  • [25]
    Ibid.
  • [26]
    A. D. Gordon, « HaAdam ve-HaTeva », dans Mivchar…, p. 166.
  • [27]
    A. D. Gordon, « Mikhtavim mi-Eretz Israel », 3e lettre (publiée à l’origine dans Der Jude, 1917), dans Kitvei…, vol. 2, p. 248. Pour une analyse plus poussée de la différence entre les implications éthiques des conceptions mécanistes et organiques de la nature, voir Carolyn Merchant, The Death of Nature : Women, Ecology and the Scientific Revolution, San Francisco, Harper, 1983.

Le paysage tel qu’Abraham et Sarah le virent

1À quoi ressemblait la terre que Dieu montra à Abram (Gn xii, 1) ? Quelle était la scène qui se découvrait aux yeux du premier Patriarche tandis qu’il « traversait la contrée aussi loin que le site de Shekhèm » (Gn xii, 6) ? La Torah nous montre une ébauche minimaliste des paysages de la Terre promise : Abram, Saraï et Lot, son neveu, se rendirent tout d’abord dans la montagne (Gn xii, 8). Après leur dramatique détour par l’Égypte du fait de la famine, leur retour (Gn xii, 14-20) et une tentative de séparation à l’amiable avec Lot et ses bergers (Gn xiii, 1-9), la « caméra biblique » nous promène à travers le paysage de la « plaine bien irriguée du Jourdain » (Gn xiii, 17) à seule fin de nous faire comprendre la tragédie que représenterait son éventuelle destruction. Même lorsque Dieu déploie la contrée devant Abram, lui demandant de lever les yeux et de regarder « au nord et au sud, à l’est et à l’ouest » (Gn xiii, 14), et même lorsqu’il « parcourt la contrée en long et en large » (Gn xiii, 17), nous, les lecteurs, n’avons aucune information sur ce qu’il a vu, mais nous avons une impression du pays. Entre les guerres sans fin que ce pays a connues, il nous semble apprendre ce qu’Abram a vu : il y a des collines, et des vallées, la Mer du Sel (la mer Morte, Gn xi, 2) et le désert, une source (Gn xiv, 6-7) et des puits (Gn xiv, 10). Au fil de la tradition abrahamique, nous imaginons le paysage antique de la Terre d’Israël grâce à des indices : le désert, un bosquet (xiv, 18), l’eau qui affleure (Gn xvi, 7), une montagne (Gn xix, 30), un âne, un bélier (Gn xxii, 3, 13), et même le peuple juif. Les descendants d’Abraham et Sarah sont évoqués par des métaphores dérivant du paysage : « Je te bénirai, je multiplierai ta semence, comme les étoiles des ciels, comme le sable aux lèvres de la mer » (Gn xxii, 17). S’ils n’avaient pas vu, la nuit, la voûte étoilée au-dessus du désert, s’ils n’avaient pas vu le sable du rivage au bord de la Méditerranée, la métaphore biblique n’aurait eu aucun sens. Au fil de la Bible hébraïque, nous lisons divers propos concernant des régions différentes, des paysages différents de cette terre de Canaan qui deviendra la Terre d’Israël, et dont la Torah a préservé en nous la mémoire au long des millénaires. À chaque région son héros ou son héroïne : les Patriarches et les Matriarches sont les puisatiers du désert ; Élie et la vallée de Jezréel ; les criques et le mont Carmel au Livre des Rois I (chapitres xvi-xxii), les amoureux jeunes gens du Cantique des Cantiques en quête l’un de l’autre dans les vignes près de Jérusalem, et tant d’autres exemples.

2Des générations durant, le peuple juif a maintenu ses liens avec la Terre d’Israël grâce aux descriptions conservées et transmises jusqu’à nous par la Bible. Cependant, saurons-nous léguer à nos descendants le même puissant rapport au paysage qui fait partie intégrante de notre identité juive, en une ère industrielle où le panorama change constamment ? Le penseur juif qui a prêté la plus sérieuse attention à cette question au xxe siècle est Aharon David Gordon (1856-1922). Approfondissant sa réflexion sur l’importance de l’éthique et des disciplines de l’environnement pour la perpétuation du peuple juif, il note que si le respect de l’environnement est pour le reste du monde une question de survie physique, pour nous, Juifs, il s’agit également de survie spirituelle du fait de notre relation privilégiée et de notre responsabilité à l’égard du milieu écologique qu’est la Terre d’Israël. Ainsi le respect de l’environnement est-il une garantie de notre survie non seulement individuelle, mais aussi nationale.

La pensée de la préservation selon Gordon

3C’est en 1904, à l’âge de quarante-huit ans, que Gordon émigra d’Ukraine en Israël, où il s’obstina à se faire paysan (malgré son âge « avancé » par rapport aux autres pionniers), devenant en fin de compte l’un des pères fondateurs du mouvement travailliste et de la fédération kibboutzique non-marxiste. Les travaux et la vie de Gordon représentent pour la religion civile et laïque du sionisme et d’Israël le bréviaire et l’apogée du « culte de la Mère-Patrie [1] ». Dans le cursus scolaire et la tradition populaire sioniste, en Israël comme à l’étranger, Gordon est dépeint comme une figure mythique, un prototype de ces pionniers qui peuplèrent et défrichèrent le pays aux premiers jours du sionisme. On l’associe communément aux termes de « religion du travail ». Dans le lexique sioniste, la « religion du travail » désignait l’union du Peuple d’Israël avec la Terre d’Israël par le travail physique (agraire en particulier). Au cœur de ce discours laïque (saturé de terminologie religieuse) la confusion s’instaurait autour de la nature en terre « maternelle » d’Israël, à la faveur du double sens du mot avodah, « travail », qui signifie en hébreu tout à la fois labeur et culte.

4La locution « religion du travail », bien qu’attribuée à Gordon, n’apparaît nulle part dans ses écrits. Quoi qu’il en soit, elle marque un renversement des valeurs, pour reprendre les termes de Nietzsche, qui, entre autres inversions, considérait la nature en cette contrée, et non le Dieu surnaturel d’Israël, comme la source de la théologie et de la culture juives, ou de ce qu’il appelait « l’âme juive [2] ». La pensée radicale de Gordon voyait l’interaction de l’homme et de la nature physique comme l’origine, plutôt qu’un stade, de la religiosité et de l’éthique humaines. Même s’il ne fut pas suffisamment explicite (et peut-être ne pouvait-il l’être dans le contexte de 1922) quant aux obligations écologiques nouvelles découlant de cette autre perspective, il ne faisait aucun doute dans son esprit que cette mutation paradigmatique entraînait à sa suite toute une série de règles jamais édictées encore dans le code traditionnel des commandements juifs.

La constitution d’une culture nationale

5Comprendre le regard de Gordon sur la nature demande d’examiner ses thèses concernant l’influence du paysage sur le développement d’une culture nationale. D’après lui, la rencontre avec la nature a conduit l’esprit humain, lui-même partie intégrante de la nature, à « donner naissance » à des nations et des cultures. Celles-ci diffèrent les unes des autres en fonction des différences de panorama entre les contrées qui les ont engendrées « à leur propre image ». Il définit donc le nationalisme comme une relation organique entre le paysage géographique et l’expression culturelle d’un groupe de gens. La conscience nationale a émergé de la rencontre historique entre le paysage et le groupe qui s’est finalement constitué en nation :

6

En disant « peuple », « nation », vous dites une profonde structure de vie humaine […], [une] énergie créatrice spécifique, […] originale, à l’image de la nature du pays particulier où la nation est née et a reçu ses premiers rudiments d’éducation [3].

7La contrée, quelle qu’elle soit de ce point de vue, représente la mère, celle qui a donné la vie et l’éducation première, constituant ainsi la « psyché » – ou les traits culturels de la nation. Tous les peuples et leurs cultures, religions et conceptions du divin furent faits « à l’image » des paysages de leur Mère-Patrie [4].

8Gordon voyait le rapport entre un peuple et sa Mère-Patrie comme un lien peu à peu formé au cours d’une période de temps. Une durée prolongée peut seule permettre la production d’une culture, d’une religion et d’une éthique sucées avec le lait (autre constante de ses écrits) de la contrée où naquit telle ou telle nation. « La nature, disait-il, n’aime pas quitter son moule originel, et la vie sociale ne peut tisser entre des gens venus d’horizons divers les mêmes liens naturels que ceux existant entre les descendants d’un commun horizon de la nature [5]. » Ainsi n’éprouvait-il guère de sympathie pour le nationalisme américain, qu’il voyait comme superficiel, étranger au paysage sur lequel on l’avait fondé et dont il n’avait jamais sucé le lait [6].

De la nature comme principe holistique

9À l’instar de la pensée écologiste et féministe, Gordon percevait la nature comme un organisme en constante évolution, non hiérarchisé et infini [7]. C’est ainsi qu’il considérait chaque pays comme une ramification faisant partie intégrante de l’Être universel, saint et infini qui s’était déployé en chacun des éléments particuliers du cosmos. En réponse à une lettre de son amie Rachel Katzenelson, qui lui demandait son avis concernant son départ d’Eretz Israel pour un certain temps, il écrivait : « La nature européenne n’est-elle pas un membre de ce même corps vivant dont Israël en est un autre [8] ? » Aussi l’encourageait-il à faire son voyage, fût-ce au prix d’une coupure momentanée avec la nature en Terre d’Israël. Il ne tenait donc aucun pays pour plus sacré qu’un autre : à ses yeux, c’est la nature tout entière qui était sacrée [9].

10Sa conception des cycles naturels comme non hiérarchisés et holistiques le conduisit à voir la nature comme le premier des éducateurs, un modèle à étudier et imiter. Gordon l’opposait aux cultures urbaines modernes, synonymes dans son esprit de relations portant à la division et l’isolement systématiques. Il soutenait qu’à la différence de relations « mécaniques », mesurant la grandeur à des critères externes de compétition, dans la nature « rien n’est grand ni petit, important ou insignifiant [10] ». Il nous faut apprendre d’elle comment elle dispense son enseignement :

11

Les montagnes, les cieux, les pierres, les plantes, la mer, le vent, les nuages, la nuit, etc., ne songent pas à éduquer – et pourtant comme il le font ! Si seulement l’être humain savait comment leur demander à apprendre d’eux la Torah, ou plus précisément, à s’efforcer d’apprendre leur propre Torah d’après eux. [Le but de cette éducation] est d’éveiller en celui qui la reçoit un sentiment d’estime envers lui-même, la conscience de la valeur humaine qu’il porte en lui [11].

De la Terre d’Israël comme unique

12Malgré son approche universaliste de la nature, Gordon rétablit la position unique d’Eretz Israel, la présentant en fin de compte comme dotée d’une signification historique plus puissante que les autres. Ce fut de l’image du panorama de la Terre d’Israël que le monothéisme émergea. Ainsi est-ce la rencontre d’êtres humains avec ses paysages qui inspira à l’humanité l’idée la plus élevée qui soit, celle du monothéisme, qu’il entend comme l’unité de Dieu et de la création tout entière :

13

L’opinion selon laquelle le monothéisme est le produit du désert pourrait être juste à deux points de vue : d’une part, la nature au désert n’est pas si riche de formes, couleurs et futilités séduisant l’âme humaine, la noyant sous les détails et lui révélant un monde qui en est plein […] Au désert, c’est comme si l’âme humaine avait été conçue dès l’origine pour être immergée dans le tout de la création universelle […] En même temps, le désert paraît forcer ses habitants à se rapprocher les uns des autres et être plus unis. Ils sont par conséquent mieux aptes à former une nation montrant un certain courage dans sa vitalité et son unité interne, et donc plus proches de la perception de l’Unité [12].

14L’ambivalence de Gordon envers le judaïsme traditionnel comme le sionisme laïque se reflète également dans ce passage. D’un côté, il s’allie avec les sionistes laïques qui bouleversaient la théologie traditionnelle : en d’autres termes, Gordon faisait observer que dans la conscience du peuple juif la rencontre avec la Mère-Patrie avait amené l’idée du Dieu monothéiste ; cette remarque était, en fait, une paraphrase du récit biblique de la création, selon lequel le Père-Divin monothéiste et personnifié créa la Mère-Patrie. De l’autre côté, et c’est là qu’il diverge des sionistes laïques, la rencontre avec la terre était finalement une rencontre avec une réalité supérieure absolue. Quoi qu’il en soit, sa perception du divin était différente de celle de la tradition.

15De même que la Terre d’Israël avait donné naissance au Dieu d’Israël et à la psyché, ou à l’inconscient collectif de la nation, Gordon la considérait comme la mère de chacune des âmes juives prises individuellement :

16

Il semble qu’ici, sur la Terre d’Israël, l’essence la plus élevée flotte, coulant des autres mondes dans l’âme humaine […] et en particulier dans l’âme du Juif, fils de sa nature […] L’essence du concept du einsof [l’infini] est là comprise d’une autre façon [13].

17C’était la « transparence » du paysage de la terre du désert, Eretz Israel, qu’il estimait être le trait essentiel de cette contrée.

18Sa compréhension de la relation organique entre la Mère-Patrie et la psyché de la nation s’exprimait, quoique de manière non explicite, dans le parallèle qu’il dressait entre les principes fondamentaux de la religion juive – la fidélité à la vérité – et le paysage nu d’Israël. C’était comme s’il entendait ce principe éthique comme un reflet des paysages d’Israël, en particulier l’air et la lumière clairs et transparents du pays. Il voyait la pure lumière de la Terre d’Israël comme perçante, son silence comme porteur de tristesse et de deuil. Il trouvait cependant cette nature plus distante et mystérieuse que celle de l’Ukraine où il avait grandi. Aussi appela-t-il dès la toute première rencontre à faire plus d’efforts pour comprendre la Mère ancienne et sage, Eretz Israel[14].

L’Exil : s’éloigner de la Mère du Peuple

19Gordon reconnaît dès l’abord l’ambivalence du rapport du Juif envers Mère-Sion du fait de l’exil et de la séparation.

20

Nous avons été tellement coupés de la maison de notre vieille Mère-Patrie […], de la nature et de la vie de la nature, dans la mesure où le mot de « Mère » a un bizarre écho tragique ; il semble par trop empli de commisération, trop accueillant, trop humain, en quelque sorte puéril [15].

21Il souhaitait, par ses écrits, accoutumer les Juifs à ce langage de l’amour de la mère. Il estimait que l’aliénation vis-à-vis d’elle constituait une situation émotionnelle souffreteuse et comparait le peuple juif à des orphelins dont la mère vivrait encore. Son appel sioniste invitant les Juifs à rejoindre leur Mère-Patrie et sa nature leur demandait de rentrer lui proposer de l’aider aux soins du ménage. Il écrivait :

22

L’être humain doit se libérer lui-même de l’étroitesse humaine, d’attitudes cérébrales automatiques […] et revenir à la nature, à l’espace, à l’infini, non comme un esclave dans ses chaînes, mais comme un fils adulte revenant auprès de sa mère pour participer aux soins du ménage. [C’est Einat Ramon qui souligne] Cette tâche exaltera en lui […] le sens du travail et la créativité, le goût d’une vie de travail dans la nature, un sentiment de responsabilité suprême à l’égard de toute vie et toute créature et, surtout, la conscience de la valeur de son essence intime comme expression la plus haute de la vie et de l’être [16].

23C’était un appel à se libérer de la vie mesquine et mécanique des Juifs, assimilés ou non, au sein des villes et des ghettos de la Diaspora. Un appel à se ressourcer au sein des paysages dont la Bible était issue et l’expression d’un espoir, pour le peuple juif, de revivre une vie éthique à l’image de ces paysages. Ce que signifiait cet appel éthico-spirituel n’en demeure pas moins vague et imprécis dans ses écrits.

L’homme et la nature : implications morales

24À bien y regarder, la conception gordonienne d’Eretz Israel en tant que mère du peuple juif pose de multiples problèmes. Le plus important était sa vision apparemment simpliste du rapport entre la nature en Terre d’Israël et le monothéisme. Nul doute que la rencontre de Gordon avec la nature en Israël a reflété son approche eurocentrique. Cela renvoyait à un voyage fait d’Europe au Moyen-Orient, sans tenir compte de l’existence d’autres déserts de par le monde qui n’avaient pas induit l’émergence du monothéisme (pas même au sens mystique qu’il donnait à ce terme). En outre, sa description de la nature était trop statique et ignorait les changements et la diversité des paysages qu’elle offrait en Terre d’Israël. L’argument selon lequel les conditions géographiques du pays étaient la seule cause de la conception judaïque de Dieu (comme s’il n’y en avait qu’une) était par conséquent réductionniste et historiquement erroné. La vision unilatérale que Gordon se faisait de la survie juive en Diaspora, perçue comme en divorce complet avec la nature, constituait un second problème. Même s’il sentait que beaucoup de Juifs s’étaient trouvés coupés des paysages qui avaient donné naissance à leur religion, les années de formation de Gordon lui-même, vécues dans les fermes et les forêts d’Ukraine, prouvaient que certains Juifs conservaient en Diaspora une relation puissante avec la nature dans son ensemble.

25L’éclairage jeté par Gordon sur l’importance religieuse du lien physique avec la Terre d’Israël soulève la question du rôle de la Diaspora et de ses Juifs dans ce nouveau rapport à la nature [17]. Comme la plupart des sionistes, il ne faisait pas grand cas de la Diaspora, qu’il associait essentiellement à l’aliénation des cités modernes ou à la judaïcité isolée des ghettos, et dont les caractéristiques étaient : intellectuelle à l’outrance, hiérarchisée et spirituellement coupée de la nature. Nous devons cependant replacer la vision étroite que Gordon se faisait de la Diaspora dans le contexte de sa critique socioculturelle sioniste de la corruption du judaïsme rabbinique en Europe. À la différence de beaucoup de ses contemporains sionistes laïques, tels les écrivains Berdyczewsky et Brenner, Gordon ne reproche pas aux Juifs de conserver des modes aliénés, « exiliques », d’observance de la Torah et d’organisation communautaire. Il voit résolument cela comme une catastrophe résultant de l’impérialisme politico-culturel de l’Occident (auquel les Juifs furent soumis tout au long de leur histoire) [18]. Semblable en cela à A’had Ha-Am, Gordon n’attend pas de chaque Juif qu’il vive en Israël, sinon de ceux qui sont sensibles à l’appel « prophétique » à le faire [19]. Il soutient la centralité de la Terre d’Israël et insiste sur l’importance cruciale qu’il y a à renouveler la présence nationale juive sur son sol et à en assumer la responsabilité. En tant que penseur utopiste, il croit pourtant que pareil renouveau en Israël d’une vie juive tournée vers la nature finirait par avoir également un impact sur les Juifs de Diaspora (et sur ceux du monde entier). Les Juifs restés en Diaspora pourraient donc s’en inspirer et y prendre part où qu’ils se trouvent en revenant à la nature, en particulier au travail des champs [20].

26Les affirmations de Gordon concernant le lien géographique entre la terre et la religion d’Israël n’en sont pas moins stimulantes et méritent d’être examinées. Après tout, les paysages d’Eretz Israel se reflètent en tant d’aspects de la religion juive. Il est difficile d’imaginer des expressions de religiosité juive durables sans un lien solide avec le pays où elles ont germé. Le cycle de l’année juive tout entier est basé sur les saisons agraires en Terre d’Israël. Les rituels juifs convoquent les saveurs, le toucher et les parfums de la flore et de la faune du pays. Qui plus est, la Bible et les Textes fondamentaux de la Tradition rabbinique plongent intégralement leurs racines dans la nature physique d’Israël, comme beaucoup des images de Dieu présentes en eux. Les liens entre la terre et la religion d’Israël sont donc impossibles à briser.

27Aussi l’assertion selon laquelle la nature en Terre d’Israël pourrait nous enseigner la Torah repose-t-elle sur trois faits : tout d’abord, au plan historique, les rencontres des Hébreux avec les paysages d’Israël les conduisirent à la contemplation du Divin et à développer une religion inspirée par ces rencontres ; ensuite, le modèle talmudique de religiosité juive, surtout fondé sur l’étude des textes juridiques et la prière en commun, a éloigné le judaïsme de ces moments initiaux de révélation (au sein de la nature de leur terre maternelle) ; enfin, le contact sensuel renouvelé entre les Juifs comme peuple et la nature ayant donné naissance à leur nation pourrait imprimer un nouvel élan à leur compréhension de Dieu et leur relation à l’Être Divin. Ce qui découle de la doctrine de Gordon est la thèse qu’au plan moral, spirituel et intellectuel un rapport aussi intime entre le peuple juif et la terre pourrait également mener les Juifs à réinterpréter la mémoire de leur révélation historique, à savoir la Torah.

Une Torah écologique

28Les préoccupations environnementales étonnamment précoces de Gordon émergent donc du rôle central que la nature en Terre d’Israël a joué, selon lui, dans le développement d’une conscience humaine religieuse et morale. D’après lui, l’observation de la nature par les hommes leur fit prendre conscience « que rien n’est grand ni petit, important ou insignifiant, etc. L’être humain et le ver eux-mêmes, comme le monde entier, ne font qu’un [21]. » Ce principe anti-hiérarchique et cette interprétation anti-darwinienne de la nature constituèrent l’axe de sa théologie et de son éthique. Suivant cette thèse, chaque être dispose dans la nature d’un soi équivalent, et toutes les créatures ont été organiquement liées les unes aux autres. La hiérarchie et la domination ne furent ainsi que des symptômes de la décadence de la civilisation humaine et de son éloignement de la nature. Éloignement qui eut pour résultat l’hostilité des êtres humains entre eux et à l’encontre de la nature. « Comment l’homme s’est-il comporté envers la nature à partir de l’instant où il a commencé à la traiter comme lui appartenant en propre ? » est la question rhétorique posée par Gordon dans son principal essai philosophique, L’Homme et la Nature :

29

Existe-t-il, en réalité, un rapport spirituel à la plante, au champ, au jardin et à la forêt telles qu’elles sont ? N’y a-t-il pas là une dynamique de déboisement de forêts entières, et même de forêts éternelles faisant non seulement la splendeur de la nature mais une ébauche de la noblesse de la nature et de son inspiration divine ? Ces forêts sont également essentielles à la santé des humains et des plantes. Ne les détruisons-nous pas au seul nom de l’argent, du fait de nos petits calculs mesquins ? Même les plus justes des gouvernements omettent de réglementer ce type d’actions. L’étroitesse d’esprit est cause de tout cela, et non un simple fait de nature […] Où sont passées les forêts [bibliques] du Liban ? Ou encore : lorsqu’une chute d’eau se transforme en centrale électrique, qu’est-ce que cela veut dire ? Et ainsi de suite. [Ne répondez pas (à ces questions) en rejetant toute la faute sur le capitalisme. Cette (destruction de la nature) existe depuis l’aube de la civilisation. Une révolution sociale n’apporterait rien à cet égard. Dans un ordre social différent, il peut se trouver une plus juste répartition des ressources matérielles et naturelles, mais le chemin d’un autre rapport à la nature est encore très long[22].]

30Gordon décrit dans ses travaux le cercle vicieux suivant : l’éloignement humain de la nature causa une lutte destructrice sans fin pour la dominer, cependant que la culture des valeurs de domination qui en résulta creusait constamment le schisme entre l’humanité et la nature. Les ressources naturelles doivent être préservées, non seulement pour des raisons pragmatiques, l’humanité dépendant d’elles, mais aussi afin de permettre un contact pédagogique. La leçon que la nature nous enseigne est celle de l’humilité et d’une profonde connaissance de soi.

31Bien que les questions d’environnement n’aient pas été aussi préoccupantes que maintenant, il ne fait aucun doute que Gordon (du fait de ses motivations spirituelles) a eu conscience, dès le tournant du xixe au xxe siècle, de la contradiction entre le développement et la tentative de conserver les paysages anciens au sein de l’idéologie sioniste. En avance sur sa génération par son profond souci d’écologie, il tira les conséquences de la relation organique qu’il voyait entre l’humanité et la nature. Végétarien, il mena une vie très simple et sans matérialisme [23]. Prié d’écrire sur le choix végétarien dans une revue, il exprima le point de vue qu’il s’agissait d’une attitude toute de compassion envers les animaux. Signalant les maltraitances admises à l’encontre des animaux domestiques, il dépeignit le manque de sensibilité à l’égard des chevaux et des bœufs laissés à l’extérieur par grands froids ou grandes chaleurs, et les signes d’épuisement montrés le soir par les chevaux.

32

Qu’est-ce que cette attitude, cette sécheresse de cœur ? N’est-ce pas l’incapacité à se mettre dans l’âme de l’animal ? Cette même incapacité à se projeter dans l’âme de l’autre que vous rencontrez dans toutes les relations entre êtres humains [24].

33Dans nombre de ses essais, Gordon appela à l’émergence d’un individualisme dénué d’égocentrisme. Il émit l’espoir, dans sa lettre sur l’option végétarienne, que cette attitude mentale inclurait également un nouveau comportement à l’égard des autres espèces [25].

34Il conserva aussi une approche préservatrice du développement, exprimant fréquemment son rejet des projets sionistes visant à fonder en Israël des cités de type occidental. À l’occasion d’un voyage à Vienne (où il participait à l’un des congrès sionistes) il formula dans son journal le vœu que des villes telles que Vienne, où la nature n’était qu’une pure figure de style ou un élément du décor, ne soient pas construites en Terre d’Israël. Opposant Vienne à la nature « crue », innocente et en friches de Kfar Uriah, où il vivait en 1913, Gordon s’interrogeait :

35

Cette nature désolée, si exaltée et si humble dans sa beauté et sa puissance, si chère à notre cœur, nous est-elle si hospitalière ? En secret, et aimablement, elle nous récite une poésie venue de la Torah de notre âme. Qu’avons-nous à lui promettre, et à lui offrir ? Un groupe vient ici poser les fondations d’une implantation. Qu’adviendra-t-il de cette construction ? Ajoutera-t-elle quelque chose à cette nature aimée, ou au moins, ne lui causera-t-elle pas de déprédations [26] ?

36Le respect affiché par Gordon pour la terre désolée d’Israël, autant que sa conscience du potentiel de destruction du développement lié au sionisme, sont assez uniques parmi les écrits sionistes. Il prêchait pour que l’on « comprenne » la terre avant de la transformer, et que l’on tente de se laisser former par elle avant de la former. Son point de vue sur les rapports entre les êtres humains et la nature se fondait sur l’humilité. De la même façon qu’il faut se montrer humble en présence de sa mère (et de son Dieu, selon Michée vi, 8), de celle qui vous a porté et nourri, il faut se montrer humble dans ses relations avec la nature dans sa Mère-Patrie. Pourtant, comme pour ses diverses opinions politiques et religieuses, il ne précisait pas les implications pratiques de ses positions. Tout en mettant en garde contre les destructions que l’approche répressive d’êtres humains coupés de la nature pourrait de ce fait infliger à l’environnement, il n’énonçait pas les paramètres d’une conduite écologique répondant à cette inquiétude. Sa contribution à la pensée juive de l’environnement constitua l’apport d’une terminologie juive et sioniste adéquate, ainsi que la mise en lumière du potentiel de destruction découlant de la domination de la nature par les humains, et des limites à lui imposer. Selon lui, le retour des Juifs à la Mère-Patrie signifiait de retrouver l’art de « coexister » avec elle et ses habitants [27].

Notes

  • [1]
    Charles S. Liebman et Eliezer Don Yehia, Civil Religion in Israel, Berkeley, University of California Press, 1983, p. 31-32.
  • [2]
    L’expression « religion du travail » revient à Rabbi Binyamin. Voir Rabbi Binyamin, « Rabbi Aharon David Gordon – z » l » [de mémoire bénie] », Hatzoffeh, 14-21 février, 1947.
  • [3]
    A. D. Gordon, « Mi-Tokh Kriah [Lectures] » (1915), dans Yosef Aharanowitz (ed), Kitvei A. D. Gordon, Tel-Aviv, HaPoel HaTzaïr, 1925-1929, vol. 1 p. 216. (Kitvei…)
  • [4]
    A. D. Gordon, « Pitaron bilti ratzionali [Une solution irrationnelle] » (1909), dans Eliezer Schweid (ed), Mivchar Ktavim, Jérusalem, The Zionist Library, 1982, p. 178. (Mivchar…).
  • [5]
    A. D. Gordon, « Mi-Mikhtavav ha-Pratiyim shel Oved ou-Mityashev be-Eretz Israel [Correspondance privée d’un travailleur et colon en Eretz Israel] », dans Kitvei…, vol. 4, p. 304-305.
  • [6]
    Ibid., p. 303.
  • [7]
    Concernant la pensée éthique écologiste et féministe, voir Val Plumwood, « Nature, Self and Gender : Feminism, Environmental Philosophy, and the Critique of Rationalism », dans Robert Elliot (ed), Environmental Ethics, Oxford, Oxford University Press, 1995, p. 155-164 ; concernant les vues de l’orthodoxie sioniste sur ce point, voir Dov Schwartz, Eretz haMamashouth ve-haDimyon : Maamada shel Eretz Israel ba-Hagouth haTzionith haDatith [La Terre du réel et de l’imaginaire : statut de la Terre d’Israël dans la pensée sioniste-religieuse], Tel-Aviv, Am Oved, 1997.
  • [8]
    A. D. Gordon, Lettre à Rachel Katzenelson dans Mivchar…, p. 360.
  • [9]
    « “Vous serez saints car je suis saint” – quel mode de relation, quelles paroles ! Tout un univers en une phrase ! Voilà ce que la nature demande […] quand vous avez le privilège d’entendre cette demande de sa part et de celle de ses créatures – ses compagnes dans la création. », « Hara’hath Atzmenyou [Estime de soi] », dans Kitvei…, vol. 3, p. 76.
  • [10]
    A. D. Gordon, « MiTokh Kriah » (1918), dans Kitvei…, vol. 1, p. 232.
  • [11]
    Ibid., p. 214.
  • [12]
    A. D. Gordon, « HaAdam ve-HaTeva [L’Homme et la Nature] », dans Kitvei…, vol. 3, p. 131.
  • [13]
    A. D. Gordon, « Mkhtav she-lo Nishla‘h bi-Zmano [Une lettre qui ne fut pas envoyée en son temps] », dans Mivchar…, p. 203-204.
  • [14]
    A. D. Gordon, « Mikhtavim mi-Eretz Israel [Lettres d’Eretz Israel] », lettre à B. Brutskus, dans Kitvei…, vol. 2, p. 215-216.
  • [15]
    A. D. Gordon, « Mikhtavim mi-Eretz Israel », 2e lettre, dans Kitvei…, vol. 2, p. 229.
  • [16]
    A. D. Gordon, « Le-Virour Raayoneinou mi-Yesodo [Pour une clarification de nos idées depuis les fondements] », dans Mivchar…, p. 255.
  • [17]
    A. D. Gordon, « Avodateinou mi-Ata [Notre travail à dater de maintenant] », dans Kitvei…, vol. 2, p. 51-52.
  • [18]
    A. D. Gordon, Lettre à Yosef H’ayim Brenner dans Mivchar…, p. 365.
  • [19]
    Gordon avait coutume de dire : « Donnez-moi 300 jeunes, et je vous donnerai le pays » entendant par là qu’un petit groupe de gens dévoués suffirait pour faire de la vision une réalité. Voir les mémoires de Nathan Chofsky, Archives Gordon, Beith Gordon, Kibboutz Degania A.
  • [20]
    A. D. Gordon, « Avodath ha-Te’hyah be-Artzoth ha-Golah [L’œuvre du renouveau en Diaspora] », dans Mivchar…, p. 274-280.
  • [21]
    A. D. Gordon, « MiTokh Kriah », dans Kitvei…, vol. 1, p. 232. Bizarrement, ce passage clef pour la compréhension de l’œuvre de Gordon fut supprimé de la seconde édition des écrits (révisée par Hugo Bergman et Eliezer Shoh’at). On ne peut plus le trouver maintenant que dans la première édition, ce qui explique qu’on ne lui ait guère prêté attention.
  • [22]
    A. D. Gordon, « HaAdam ve-HaTeva », dans Mivchar…, p. 164.
  • [23]
    Tzvi Sokholovsky, « A. D. Gordon ve-HaTzim’honouth [A. D. Gordon et la question végétarienne] », Tel-Aviv, HaPoel HaTzaïr, 40e année, n° 20, p. 10.
  • [24]
    A. D. Gordon, Lettre à Nathan Bistritzki (1921), dans Mivchar…, p. 374-379.
  • [25]
    Ibid.
  • [26]
    A. D. Gordon, « HaAdam ve-HaTeva », dans Mivchar…, p. 166.
  • [27]
    A. D. Gordon, « Mikhtavim mi-Eretz Israel », 3e lettre (publiée à l’origine dans Der Jude, 1917), dans Kitvei…, vol. 2, p. 248. Pour une analyse plus poussée de la différence entre les implications éthiques des conceptions mécanistes et organiques de la nature, voir Carolyn Merchant, The Death of Nature : Women, Ecology and the Scientific Revolution, San Francisco, Harper, 1983.
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