François Chevalier nous quitte en juin 2012, à 98 ans. En janvier 2010, devant l’Association des anciens de la Casa Velasquez, il évoquait la figure de son cadet Pierre Chaunu (1923-2009) qui venait de mourir à 86 ans, pour souligner que celui qui fut l’auteur d’une histoire du continent américain fort originale (l’Amérique et les Amériques, de la préhistoire à nos jours, Armand Colin, Destin des mondes, 1964) n’avait jamais souhaité aller sur ce « terrain » américain et que, plongé dans les archives à Séville, il semblait se désintéresser de l’Espagne dans laquelle il vivait.
Chevalier, lui, était atypique dans la corporation des historiens de sa génération et sa trajectoire est toute différente. Certes, il est très proche de l’école des Annales, mais à l’origine il est étudiant de géographie autant que d’histoire à Grenoble (1933-1936), où vit son père qui enseigne la philosophie à l’université. Il y reçoit l’enseignement du géographe Raoul Blanchard, dont il évoquait à l’occasion les organisations d’excursions. Il reçoit l’enseignement de Marc Bloch à l’École des chartes à Paris (1936-1939).
De 1941 à 1945, il est pensionnaire à la Casa Velasquez à Madrid, où il travaille sur l’histoire agraire mexicaine (archives des Indes de Séville), œuvre qu’il poursuit comme boursier-enseignant-bibliothécaire à l’Institut français d’Amérique latine de Mexico (IFAL) de 1946 à 1949, année où il soutient sa thèse sur La formation des grands domaines au Mexique, terre et société aux XV…