Couverture de OUTE_031

Article de revue

À quoi sert la BCE ?

Pages 131 à 142

Notes

  • [1]
    Journaliste, Il Foglio.
  • [2]
    Cf. Matthias Sobolewski, Dina Kyriakidou, « S&P downgrades nine euro zone countries », Reuters, 13 janvier 2012.
  • [3]
    Cf. Isabella Bufacchi, « Quel fossato che divide Roma di Berlino », Il Sole 24 Ore, 15 décembre 2011.
  • [4]
    Cf. Altiero Spinelli, Ernesto Rossi, Il Manifesto di Ventotene, Milan, Mondadori, 2006.
  • [5]
    Cf. Stephen Grenville, « Bankers hold Europe to ransom », The Interpreter, 25 juillet 2011.
  • [6]
    Cf. Paul Dobson, « German Auction "Disaster" Stirs Crisis Concern », Bloomberg, 23 novembre 2011.
  • [7]
    Conseil des ministres n° 144 du 30 juin 2011, communiqué de presse officiel, <www.governo.it>.
  • [8]
    Décret-loi n° 138, 2011, Gazzetta Ufficiale n° 188.
  • [9]
    « Il testo della lettera della Bce al Governo italiano », Il Sole 24 Ore, 29 septembre 2011.
  • [10]
    Cf. Fabrizio Manzetti, « Monti sulla lettera Bce, giusti i contenuti ma non andava scritta », MF/Milano Finanza, 11 octobre 2011.
  • [11]
    « Il testo della manovra (DI 201/2011), Il Sole 24 Ore, 6 décembre 2011.
  • [12]
    Cf. Dino Pesole, « Nel 2011 manovre per 81 , 2 milliardi », Il Sole 24 Ore, 7 janvier 2012.
  • [13]
    Cf. Alessandro Cornelli, « La storia recente insegna che svettare per rigore (come l’Italia) non basta », Il Foglio, 28 décembre 2011 ; Gianluca Cafiso, « Understanding Eurozone debt developments by nation », <www.voxeu.org>, 5 janvier 2012.
  • [14]
    Cf. Paul Krugman, « An Impeccable Disaster », The New York Times, 11 septembre 2011.
  • [15]
    Article 123 de la Version consolidée du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, [http://eur-lex.europa.eu/ JOHtml.do?uri=OJ:C:SOM:FR:HTML]
  • [16]
    Cf. Helen Pidd, « ECB : can a lender of last resort defuse Europe’s liquidity timebomb », The Guardian, 7 novembre 2011.
  • [17]
    Cf. Alberto Alesina, Francesco Giavazzi, « C’è una sola via d’uscita », Corriere della Sera, 24 novembre 2011.
  • [18]
    Cf. Luigi Zingales, « La Merkel deve cambiare ricetta », L’Espresso, 2 décembre 2011.
  • [19]
    Deutsche Bank, « Focus Europe. 2012 : A deeper recession », 25 novembre 2011.
  • [20]
    Cf. Charles Wyplosz, « An Open Letter to Dr Jens Weidmann », <www.woxeu.org>, 18 novembre 2011.
  • [21]
    Cf. Paul De Grauwe, « The European Central Bank : Lender of last resort in the government bond markets », CESifo Working Paper n° 3569, septembre 2011.
  • [22]
    Cf. Jean Pisani-Fery, « The Euro Crisis and the New Impossible Trinity », Bruegel Policy Contribution 2012, 1, 2 janvier 2012.
  • [23]
    Cf. Michel Rocard, Pierre Larrouturou, « Pourquoi faut-il que les États payent 600 fois plus que les banques », Le Monde, 2 janvier 2012.
  • [24]
    Cf. Ralph Atkins, « Call for QE to stave off euro deflation », Financial Times, 22 décembre 2011.
  • [25]
    Cf. Dough Cameron, « ECB Official Sees EU Lender of Last Resort Mechanism as Feasible », Real Time Economic – Wall Street Journal online, 6 janvier 2012.
  • [26]
    Entretien avec Les Echos, « Nous sommes en guerre contre les spéculateurs », Les Echos, 15 novembre 2011.
  • [27]
    Cf. Mario Monti, « Lettera al premier », Corriere della Sera, 30 octobre 2011 : « Il est certes vrai que l’euro reste « une monnaie étrange », un phénomène qui ne s’était jamais vu. Votre diagnostic s’en trouvant fondé et partagé par les observateurs les plus sérieux : le principal problème de l’euro, c’est qu’il s’agit d’une monnaie « sans gouvernement, sans État, sans banque en dernier ressort ». Bien sûr que nous avons la Banque centrale européenne, mais comme vous voulez bien justement le dire celle-ci n’est pas la garantie d’une intervention sans limite en cas de difficulté ».
  • [28]
    Cf. Annika Breidhardt, « Geithner presses euro zone to leverage bailout fund », Reuters, 16 septembre 2011 ; David Lawder, « European govt's, ECB must team up on crisis : Geithner », Reuters, 24 septembre 2011.
  • [29]
    « ECB announces measures to support bank lending and money market activity », [www.ecb.int], 8 décembre 2011.

1 L’emballement de la situation économique en Italie a brutalement rapproché la crise de l’Union européenne d’un point de non-retour, mais elle a parallèlement amené le débat sur l’euro à effectuer un saut qualitatif. De fait, on rediscute depuis quelques mois, et pas seulement sur le Vieux continent, du statut de l’unique institution de l’UE qui ait un rôle indubitablement déterminant et un caractère clairement supranational : la Banque centrale européenne (BCE). L’Eurotower, se demandent les analystes comme les décideurs politiques, doit-elle ou non modifier son ADN germanique et devenir ainsi le vrai garant de la monnaie unique ? À cette question un nombre croissant d’économistes et de gouvernements répondent positivement : il serait bon que l’institut présidé par l’Italien Mario Draghi se transforme en « prêteur en dernier ressort », à l’instar de la Federal Reserve aux États-Unis et de la Bank of England au Royaume-Uni. Une thèse qui se renforce de pair avec la prise de conscience de la nature systémique de la crise économique, comme vient d’en témoigner en janvier le déclassement conjoint de 9 pays de l’UE par l’agence de notation Standard & Poor’s [2] . Mais avant de passer en revue les différentes positions en présence, il faut comprendre pourquoi on est entré dans le vif du sujet justement au moment où l’Italie a rejoint la liste des pays à plus haut risque.

2 Les raisons principales sont au nombre de trois. Il y a d’abord une question de taille. L’Italie est la troisième économie d’Europe avec un PIB de 1 556 milliards d’euro (données consolidées d’Eurostat pour 2010), précédée seulement par l’Allemagne (2 476 milliards) et la France (1 932 milliards). La dette publique équivalant à 120 % du PIB atteint en conséquence des dimensions considérables même par comparaison avec les niveaux mondiaux : 1 900 milliards d’euro sur un total de 7 800 milliards pour la zone euro dans son ensemble. Sur toute l’année 2012, l’Italie demandera selon certaines estimations aux investisseurs d’acheter des obligations publiques à hauteur de quelque 450 milliards d’euro [3]. Voilà les chiffres essentiels qui rendent le pays too big to fail, trop grand pour faire faillite et par là déclencher un cataclysme financier, et en même temps too big to bail out, trop grand pour être sauvé par des méthodes conventionnelles. Puis il y a là une question d’interdépendance économique : l’Italie est liée aux autres pays de la zone par des flux continus et intenses, qu’ils soient d’ordre commercial ou financier. En d’autres termes : la situation italienne est à des années-lumière de la grecque, vu qu’Athènes pèse seulement pour 2 % dans le PIB de la zone euro. C’est enfin une question d’histoire : le 25 mars 1957 fut signé à Rome le traité éponyme qui instituait la Communauté économique européenne (CEE) sans que la valeur symbolique de l’Urbs pour l’histoire de l’Occident en fût brouillé et il ne fait pas de doute que ce furent précisément des penseurs italiens comme Altiero Spinelli et Ernesto Rossi avec leur Manifesto di Ventotene de 1941 [4] qui inspirèrent l’actuelle construction européenne. Quelle représentativité ou légitimité aurait une Union qui laisserait aller à la dérive l’un des pays fondateurs ?

3 Cela dit, pour reconstruire le calendrier de la détérioration de la situation en Italie, un indicateur désormais repris obsessionnellement par les médias du Vieux continent peut être utile, le spread, soit le différentiel entre le rendement qu’un pays doit offrir de façon à convaincre les investisseurs d’acquérir les titres de sa dette publique et celui que garantit l’Allemagne, soit le pays fiable par excellence de la zone, pour que ces derniers acquièrent ses Bund. Plus le spread augmente, plus le risque perçu par les marchés quant à la santé financière d’un pays est grand. Surtout : plus le spread augmente, plus il devient onéreux d’honorer ses dettes. Le fait que l’on ait commencé à parler avec insistance de spread à partir de 2010 ne doit pas donner à penser qu’il n’existait pas auparavant. Mais la réalité, c’est jusqu’alors tout se passait comme si les « marchés » avaient fermé les yeux sur la situation en Europe. Parmi les premiers mais certes pas isolé à soutenir cette thèse de manière extrêmement claire l’économiste australien Stephen Grenville, autrefois membre du Board de la Banque centrale de Canberra :

4 « Quand la Grèce a adhéré à l’euro, il n’y avait aucune bonne raison d’ordre économique pour que ce pays ait pu lever des capitaux sur les marchés en offrant des rendements substantiellement identiques à ceux de l’Allemagne. La zone euro était une Union monétaire, de fait, mais chaque pays demeurait responsable de sa propre dette ; voilà pourquoi c’est beaucoup plus probablement Athènes qui s’est mis dans le pétrin et non le sérieux et discipliné Berlin qui l’y aurait plongé. Il n’empêche que la Grèce a réussi à s’endetter sur les marchés à un taux voisin du taux allemand et ce jusqu’à il y a un peu plus d’un an. La participation à l’euro a balayé d’un coup la discipline qu’un pays avec son propre taux de change est tenu de respecter, car des politiques fiscales désordonnées entraînent une dépréciation du taux de change et font grimper les intérêts des prêts.

5 On pourrait plutôt soutenir qu’un taux d’intérêt peu élevé dans la zone euro a encouragé les Grecs à vivre au-dessus de leurs moyens, d’où une dette publique dépassant les 150 % du PIB. Et pourtant, les marchés financiers étaient prêts à leur rendre service. De leur côté, les agences de notation ont échoué à anticiper sur les problèmes qui se dessinaient à l’horizon ; il est déjà incroyable que l’une des principales agences ait maintenu l’appréciation de la Grèce jusqu’au début de cette année à un « niveau de risque faible » pour les investisseurs institutionnels » [5].

6 La distance (géographique) par rapport au déroulement des faits a sans doute aidé l’Australien Grenville à appréhender les évolutions de façon plus objective que nombre d’analystes européens. Reste qu’à un certain point et pour différentes raisons les marchés ont apparemment ouvert les yeux, le spread commençant à faire le tour de l’Europe. Le différentiel entre les Buoni del Tesoro Poliennali (BTP) à dix ans italiens et les Bund allemands à même échéance qui, de l’introduction de la monnaie unique (1999) à l’effondrement de Lehman Brothers (2008), n’avait jamais été supérieur à 50 points dépassait le seuil des 300 points à l’été 2011 pour atteindre les 575 points en novembre dernier. L’Italie panique, mais la panique s’étend à tout l’Europe, car les investisseurs font savoir au cours de ces semaines-là qu’ils n’ont jamais eu aussi peu confiance dans le Vieux continent, comme en témoignent des spread records dans toute l’UE et ce jusqu’au flop sensationnel des Bund, bien que passager, lors d’une adjudication le 23 novembre [6].

7 Le système politique italien ne sera pas non plus immunisé contre le chaos des marchés. Le 30 juin 2011, le Conseil des ministres alors présidé par Silvio Berlusconi à la tête d’une coalition de centre-droit annonce un décret-loi comportant des « dispositions urgentes pour la stabilisation financière en cohérence avec les objectifs de l’ajustement partagés par l’Europe » [7], transformé en loi le 15 juillet avec l’intention déclarée d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2014. Il ne faudra cependant pas plus d’un mois pour que Giulio Tremonti présente en Conseil des ministres un ajustement bis qui entre en vigueur le 13 août [8]. La « correction » des comptes publics se montait alors à 20 milliards d’euros pour 2012 et à 25,5 milliards pour 2013 avec l’intention d’atteindre un déficit zéro en 2013 et non plus en 2014. Que s’était-il passé en un mois ? On le demandera bien sûr aux marchés et à la BCE. Pendant les jours qui se sont écoulés d’un décret à l’autre, en effet, une lettre par la suite rendue publique par le Corriere della Sera est adressée au gouvernement italien ; elle présente quelques « suggestions » signées directement Jean-Claude Trichet, président de l’institut de Francfort et Mario Draghi, gouverneur de la Banca d’Italia et successeur en son for intérieur du premier.

8 L’incipit de la missive était on ne peut plus clair :

9 « Cher Premier ministre,

10 Le Directoire de la Banque centrale européenne réuni le 4 août a discuté de la situation des marchés obligataires d’État italiens. Il retient qu’est nécessaire une action urgente de la part des autorités italiennes pour rétablir la confiance des investisseurs. (...) Le gouvernement italien s’est fixé pour objectif un équilibre du budget en 2014 et il a récemment adopté à cette fin un paquet de mesures. Ce sont là des avancées importantes mais pas suffisantes » [9].

11 Dans le texte envoyé à Palazzo Chigi (siège de la présidence du Conseil des ministres) le 5 août sont exigées « des mesures supplémentaires d’ajustement du budget nécessaires », puis énumérées d’autres réformes « pour rehausser le potentiel de croissance ». Rien d’étonnant a posteriori si le Premier ministre Berlusconi et son ministre de l’Économie et des Finances Giulio Tremonti annoncent justement le même jour, lors d’une conférence de presse improvisée tard le soir, un tour de vis supplémentaire sur les comptes. De sorte que tout d’un coup l’expression d’une « Italie placée sous administration » (commissariamento) envahit les unes des journaux, indépendamment de leur orientation éditoriale et de leur couleur politique. Il n’est pas jusqu’à l’ex-commissaire européen Monti qui ne fasse des observations, avant de devenir président du Conseil d’un « gouvernement technique » de l’Italie, lors d’un événement à Milan : « "[La missive] a été tout à fait bienvenue du point de vue du contenu et nous devrions en être reconnaissants à ses auteurs" – a-t-il déclaré comme le rapporte le quotidien milanais MF / Milano Finanza – Quant aux aspects institutionnels, par contre, "les demandes sont discutables, car il n’y a jamais eu un tel écart entre un acte politique concret et le statut de son auteur". En substance, a précisé Monti, il demeure étrange qu’une Banque centrale puisse s’adresser à un État membre, lui suggérant "des interventions qui n’ont rien à voir avec la politique monétaire" » [10].

12 Mais la lettre de Francfort n’allait pas servir à remettre les choses en ordre. Le cocktail de dissensions politiques et personnelles au sein du gouvernement et avec la Banque d’Italie, d’opposants qui n’ont pas pensé une minute à enterrer la hache de guerre – polémiquant souvent a priori – avec le président du Conseil, de terribles fluctuations du marché avait quelque chose d’évidemment fatal. Le 8 novembre, Berlusconi fit savoir qu’il allait présenter sa démission en tant que président du Conseil ; le 14, le président de la République, Giorgio Napolitano, nommait l’ex-commissaire européen Mario Monti sénateur à vie et tout de suite après président du Conseil. En décembre, le nouvel exécutif approuvait un énième ajustement budgétaire, les « Disposizioni urgenti per la crescita, l’equità e il consolidamento dei conti pubblici » [11] pour une valeur de 25 milliards d’euro. Récapitulons : « À ne considérer que la correction du déficit, on a en 2011, annus horribilis de la crise de la dette et des trois ajustements budgétaires, mis en place une force de frappe sans précédent au moins depuis 1992 de 76 milliards pour les deux années à venir » [12]. L’ajustement budgétaire de Monti, contient en autre une réforme structurale du système des retraites italien (lequel figurait déjà parmi les moins branlants en Europe en termes de soutenabilité financière) ; l’effet des mesures approuvées a été d’unifier l’âge du départ à la retraite qui sera pour tous de 67 ans en 2022, annulant substantiellement les « pensions d’ancienneté » de même qu’est désormais adopté sous forme générale et définitive le recours au mécanisme contributif.

13 Mais le spread entre BTP et Bund allemands, lui, n’est pas redescendu à des niveaux « normaux » comme s’y attendaient certains analystes ; à la mi-janvier, il se situait encore à des niveaux insoutenables, autour de 500 points. Qui plus est : la solution d’urgence à l’italienne d’un « gouvernement technique » intronisé sans passer par un vote et de fait sans échéance assurée sinon celle, naturelle, de la législature (à la différence du gouvernement d’union nationale en Grèce) apparaît comme un fait institutionnel unique en Europe. C’est la preuve que subsistent dans le système politique italien nombre d’anomalies et que dans le même temps la crise des dettes souveraines chez les Européens a atteint un niveau alarmant et concomitant avec un échec à réduire le risque perçu comme tel par les investisseurs.

CRISE DE L’EURO, PAS DE L’ITALIE

14 La rapidité avec laquelle la situation de l’Italie sur les marchés s’est détériorée, malgré une évolution de la dette relativement vertueuse durant les années qui précèdent par comparaison avec celles de toutes les autres économies européennes [13], a été déterminante pour convaincre divers observateurs des choses européennes et de nombreux décideurs qu’il fallait réfléchir quant aux implications d’une crise désormais systémique de l’euro, laquelle n’était plus confinée à certains pays pris séparément comme est venu le démontrer le déclassement collectif de 9 États de l’UE en janvier 2012 par l’agence de notation Standard & Poor’s. Rien d’étonnant dès lors que le débat sur le rôle d’une des institutions les plus puissantes et les plus autorisées, la Banque centrale européenne, se soit instauré parallèlement à l’échappement en vrille de la crise italienne. L’Eurotower devait-elle se comporter comme un « prêteur en dernier ressort » de la monnaie unique, au point de s’engager à garantir que les taux d’intérêt de la dette de certains États (solvables bien qu’en crise) ne dépassent pas des seuils d’alerte.

15 Parmi les premiers à se prononcer avec véhémence en faveur de cette alternative, le prix Nobel d’économie Paul Krugman, économiste américain liberal, particulièrement attentif aux affaires européennes. Et ce dans un éditorial du New York Times paru le 11 septembre dernier, avec une attaque frontale contre Jean-Claude Trichet, alors président de la BCE : à ce dernier était attribuée la responsabilité d’un « désastre parfait », résultat de sa politique monétaire trop restrictive combinée à des politiques d’austérité appliquées par tous les pays de l’UE. Krugman abordait ensuite la question du « prêteur en dernier ressort » :

16 « Voilà comment fonctionne semblable course : les investisseurs craignent pour quelque raison que ce soit que le pays fasse défaut. D’où leur réticence à acheter ses obligations, au moins tant qu’un taux d’intérêt très élevé n’est pas offert. Et le fait que le pays doive placer sa dette à des taux d’intérêt élevés aggrave ses perspectives fiscales, rendant le défaut plus vraisemblable, de sorte que la crise de confiance tourne à la prophétie autoréalisatrice. Et le pays virera ce faisant aussi bien à la crise bancaire dans la mesure où les banques du pays en question sont en règle générale lourdement engagées dans la dette publique.

17 Prenons maintenant un pays qui a sa propre devise, comme la Grande-Bretagne. Il peut court-circuiter le processus dans la mesure où la Bank of England est en mesure d’intervenir en achetant de la dette publique avec de la monnaie nouvellement créée par elle. Ce qui peut induire de l’inflation (même si on peut en douter dans le cas d’économies déprimées), mais celle-ci est une menace bien moindre pour les investisseurs que le défaut pur et simple. L’Espagne et l’Italie, cependant, ont adopté l’euro et ne possèdent plus de monnaies propres. Résultat, la menace d’une prophétie autoréalisatrice de crise devient très réelle, les taux d’intérêts sur les dettes espagnole et italienne étant deux fois supérieurs à celui de la dette britannique » [14].

18 L’intervention des Banques centrales en soutien de la dette publique des États - que ce soit au Royaume-Uni, aux États-Unis ou au Japon – reste un anathème pour le pays robuste par excellence de la zone euro, l’Allemagne. Du point de vue de Berlin, en effet, la Banque centrale européenne ne peut contrevenir à son propre statut [15] modelé comme par hasard à l’image de celui de la Bundesbank, la Banque centrale allemande, lequel l’empêche de financer la dette des États membres de la zone euro. Le 3 novembre, Draghi se réfère justement lors d’une première conférence de presse en tant que président de la BCE aux liens imposés par Maastricht pour formuler sa propre opposition à l’hypothèse d’une Banque centrale plus interventionniste, répétant que le seul prêteur en dernier ressort possible opérait en soutien des banques nationales, pas des États. Et quand la demande commence à circuler aussi dans les capitales de l’UE, c’est la chancelière en personne qui descend dans l’arène pour la neutraliser d’emblée. Déclarant dans un discours à Berlin : « Je suis sûre que ce genre d’approche n’apporterait aucune solution à la crise » ; et puis : « S’il y a des politiques pour penser que la BCE pourrait résoudre le problème de la faiblesse de l’euro, alors c’est qu’ils essaient de se persuader eux-mêmes de quelque chose qui ne se produira jamais ». Il ne s’agit naturellement pas de pur fétichisme juridique. Hans-Werner Sinn, professeur d’économie et président de l’Institute for Economic Research (Ifo) de l’université de Munich explique dans les termes suivants l’opposition allemande à ce que le rôle de la Banque centrale présidée par Mario Draghi soit revisité de la sorte : « Parce que cela conduit à l’inflation. Et nous autres Allemands l’avons appris de notre histoire. C’est ce qu’a fait l’Allemagne jusqu’en 1923 » [16]. Une BCE qui actionne la « planche à billets » réveille donc le fantasme de la République de Weimar, mais surtout l’effrondrement de cette dernière et tout ce qui s’est ensuivi.

19 Et pourtant, la thèse d’une « BCE-véritable-garant-de l’euro » n’est plus soutenue uniquement par un électron libre néo-keynésien autoproclamé comme Paul Krugman, traditionnellement allergique à toute limitation de l’État providence (pour gonflé et calamiteux qu’il soit), partisan en général de l’intervention de l’État dans l’économie et farouche adversaire de l’école monétariste. Le 24 novembre, des économistes italiens fort connus aux États-Unis, Alberto Alesina (Harvard) et Francesco Giavazzi (Bocconi-MIT), tous deux libéraux fustigeant depuis longtemps les gouvernements trop prudents sur le front des réformes pro-marché, arrivent en une du Corriere della Sera (le quotidien italien le plus important et le plus diffusé) aux mêmes conclusions que Krugman :

20 « À ce stade il n’y a plus qu’une manière de sauver l’euro, une vigoureuse intervention de la BCE. Pareille solution est très problématique et nous n’y arrivons qu’en raison de l’irresponsabilité dont ont fait preuve les uns après les autres les gouvernements européens, le nôtre compris. Même s’il était possible d’intervenir sur les flux, par exemple en commençant à émettre des eurobonds ou euro-obligations, c’est-à-dire des titres garantis par l’UE, cela agirait trop lentement. Il faut donc intervenir sur les stocks : agir sur les flux ne suffit plus. La BCE peut acquérir des quantités illimitées de titres, réduisant du même coup leur volatilité et permettant de revenir à des niveaux de rendement pré-crise. Pas pour tous les pays, mais seulement pour ceux qui tels l’Italie et l’Espagne ne sont pas insolvables. Il suffirait en réalité que la BCE annonce une intention de stabiliser les rendements à un niveau déterminé : elle n’aurait pas à faire beaucoup de véritables achats » [17].

21 Certes, pour avoir une BCE qui agit comme la Fed, il faudra comme le soutiennent Alesina et Giavazzi que l’Europe se dote néanmoins d’obligations de dette fédérale et d’un ministre du Trésor unique à l’instar des États-Unis. Mais cela reste pour le moment dans les termes de l’éditorial du Corriere « la seule issue ». Encore plus significative et pas seulement dans le milieu des économistes le fait que se soit repositionné Luigi Zingales, professeur de finance à l’université de Chicago qui abrita Milton Friedman et son école, considéré par le Boston Globe comme l’un des quatre principaux et des plus prometteurs penseurs conservateurs américains ; et voilà ce qu’il écrit dans l’hebdomadaire L’Espresso du 2 décembre :

22 « L’euro est en crise. Et la crise de confiance ne se limite plus aux pays périphériques, elle s’étend au noyau dur : Autriche, Finlande et jusqu’à l’Allemagne. Confrontés à une crise généralisée des titres souverains, les gouvernements n’ont qu’un seul recours : l’utilisation de la banque centrale en tant qu’acquéreur en dernier ressort. Car si la crise n’est pas une crise d’insolvabilité mais une crise de liquidité, l’intervention de la banque centrale doit suffire à la stopper sans coûts pour l’Union. Si par contre il s’agit d’une crise d’insolvabilité, une éventuelle intervention de la banque centrale peut créer de l’inflation et induire surtout les gouvernements nationaux à différer l’assainissement, transformant ainsi le cas échéant une crise de liquidité en une crise d’insolvabilité. Angela Merkel a eu raison de dire que la Grèce était insolvable et que la BCE ne devait pas intervenir. Elle avait encore raison quand elle disait que l’Italie devait faire son devoir avant d’être sauvée. Mais dès lors que tant la Grèce que l’Italie font leur devoir et que la crise s’est déplacée sur la France et la Belgique, sa rigidité devient excessive. Les radiations servent à guérir le malade, mais à trop irradier ce dernier on le tue » [18].

23 S’agit-il d’économistes italiens surtout « intéressés » à sauver leur pays ? Pas précisément. Jusqu’au centre très autorisé de recherche de la Deutsche Bank, cœur de la finance germanique, conclut dans un rapport rédigé fin novembre dernier et consacré aux scénarios de 2012 :

24 « La bonne nouvelle c’est que dans la même mesure où les perspectives économiques se détériorent, il est vraisemblable que la BCE va adopter des mesures plus agressives de façon à négocier un compromis sur le mécanisme de la transmission monétaire par rapport au risque croissant pour la stabilité des prix d’orientation à la baisse » [19].

25 Sans compter pour finir les thèses de tradition européiste. Par exemple l’intervention de Charles Wyplosz, professeur d’économie internationale à l’Institut universitaire des hautes études internationales de Genève sur son site d’analyse économique vox.eu le 18 novembre dernier [20]. L’économiste ne liquide d’ailleurs pas d’un cœur léger les thèses rigoristes de la BCE opposées à une intervention extraordinaire : « Vous avez certainement raison de vous inquiéter comme vous le faites de l’indépendance de la BCE. C’est un des progrès les plus importants accomplis par l’Union européenne que d’avoir concédé une totale autonomie aux Banques centrales de la zone euro ». Et puis : « Je suis d’accord sur le fait qu’une union monétaire ne peut survivre si les différents pays ne respectent pas tous la discipline budgétaire ». Cependant, Wyplosz soumet le paradoxe suivant aux locataires de l’Eurotower : « Selon votre interprétation de l’article 123 du Traité, la BCE ne doit pas aider les gouvernements. C’est également mon interprétation, mais en mai 2010 elle a elle-même contrevenu à cet article. En décidant d’acheter de la dette publique grecque, la BCE n’a pas seulement violé l’esprit du Traité, elle a aussi transformé le système de fonctionnement de la zone euro ». L’économiste belge Paul De Grauwe, ex-conseiller du président de la Commission, José Manuel Barroso, arrivant à des conclusions identiques :

26 « Les gouvernements nationaux d’une union monétaire émettent de la dette dans une monnaie « étrangère », soit une monnaie sur laquelle ils n’ont aucun contrôle. Le résultat est qu’ils ne peuvent pas garantir aux détenteurs d’obligations qu’ils auront toujours les liquidités nécessaires pour les payer à échéance. Ce qui les oppose aux pays « indépendants » qui émettent des obligations souveraines dans leurs propres devises. Une caractéristique qui permet à ces derniers de garantir que le liquide sera toujours disponible pour payer les détenteurs. Car un pays indépendant présente toujours la garantie implicite que la Banque centrale demeure prêteur en dernier ressort sur le marché des obligations d’État » [21].

27 Autre économiste très écouté à Bruxelles, le Français Jean Pisani-Ferry du think-tank Bruegel Institute voit les choses plus ou moins de la même manière. Pisani-Ferry cite l’article 123 du Traité UE qui, comme il l’explique, interdit effectivement des accords explicites à l’instar de celui existant entre la Fed et le Trésor US qui remonte à 1942 et engage la Banque centrale américaine à maintenir des prix relativement stables et des rendements stables sur les titres du débit public. Certes, les achats sur le marché secondaire des titres restent possibles comme le démontre le Security Markets Programme, mais le lien supra fait de la BCE « un type plutôt spécial de Banque centrale comparativement aux autres institutions monétaires ». D’où les trois options suggérées par l’économiste pour résoudre ce qu’il appelle « le nouveau trilemme » de l’Europe unie, la première concernant la BCE :

28 « Première solution, celle qui a été largement discutée à l’automne 2011, c’est d’accorder à la BCE un rôle de prêteur en dernier ressort vis-à-vis des États souverains. Comme dans le cas d’une Banque centrale par rapport aux Banques commerciales, cela ne reviendrait pas à lui donner mission de rendre les pays insolvables solvables. La BCE pourrait plutôt ou bien prêter pour une durée limitée à un État souverain à un taux supérieur au taux de rendement sans risque mais inférieur au taux que l’État souverain doit payer sur le marché ; ou bien à l’instar de la proposition Gross-Mayer (2011), elle accorderait une ligne de crédit à un organisme public (le Fonds européen de stabilité financière, ou FESF, dans la proposition) de façon à créer un effet de levier pour son capital et lui communiquer assez de puissance de feu. L’organisme interviendrait alors sur le marché, suivant de préférence une politique déterminée ou une autre. D’une manière ou d’une autre, la BCE fournirait des liquidités de manière à éviter aux États d’être coupés de tout financement et elle contribuerait à fixer un plafond au taux d’emprunt, prévenant de la sorte les prophéties de crise de la dette autoréalisatrices. En un certain sens, le soutien de la BCE exercerait un effet dissuasif et il serait bien possible que les gouvernements n’aient jamais à en faire usage » [22].

29 Parmi les derniers à intervenir sur le sujet il y a aussi l’ex-Premier ministre socialiste français Michel Rocard qui se demande dans un article écrit à quatre mains avec l’économiste Pierre Larrouturou comment la Fed a pu prêter aux banques américaines 1 200 milliards de dollars à 0,01 %, donc avec une déduction significative par rapport au 1 % normalement exigés aux guichets de la Banque centrale alors que certains États européens aujourd’hui en difficulté (comme l’Italie ou l’Espagne) sont contraints d’offrir des intérêts de 600 à 800 fois plus élevés [23]. Sans doute s’agit-il ici d’une provocation, mais il y a aussi un appel plutôt désolé à Mario Draghi.

30 Le fait que cet affrontement ne soit pas resté confiné à la « grise science » économique témoigne de la centralité assumée par le débat sur le rôle de la Banque centrale et l’avenir de l’euro. Jusqu’à la BCE où l’on n’a plus peur de parler de lender of last resort ; de Lorenzo Bini Smaghi [24], membre sortant du Directoire et certes bien vu des Allemands au gouverneur de la Banque centrale de Chypre, donc membre du Conseil des gouverneurs de l’Eurotower, Athanasios Orphanides [25].

31 En outre, aux mois de novembre-décembre, avec la contagion progressive de la crise grecque et l’aggravation consécutive de la situation en Italie, en Espagne et en France, nombreuses sont les chancelleries à braver publiquement le tabou de l’orthodoxie germanique. Un virage qui pourrait résulter du coup de poignard infligé à l’Europe en janvier 2012 par l’agence de notation Standard & Poor’s qui a déclassé d’un coup neuf pays européens sans épargner le triple A de la France. Ce ne sont pas désormais seulement l’Irlande et le Portugal – destinataires de plans de sauvetage internationaux – qui proposent explicitement une nécessaire transformation de la BCE dans le sillage de la Federal Reserve aux États-Unis. Le nouveau Premier ministre espagnol Mariano Rajoy en a profité pour faire référence dans son discours d’investiture du 19 décembre 2011 à un nouveau rôle, renforcé, de Francfort. Et sur ce dossier le président français Nicolas Sarkozy a laissé entendre de ne pas être parfaitement en phase avec madame Merkel, faisant lui-même alterner des demandes d’intervention et des promesses de non-ingérence dans les travaux de Trichet d’abord, Draghi ensuite. De même que le ministre de l’Économie et des Finances de Paris, François Baroin, a été de toute façon plutôt explicite en demandant un plus grande capacité d’intervention de la BCE [26].

32 Début janvier 2012, les positions du nouveau gouvernement italien étaient encore en voie d’élaboration, mais les quelques déclarations du ministre du Développement, Corrado Passera, ne sont pas passées inaperçues : « Jusqu’ici l’UE s’est révélée inadéquate. Il convient de la doter d’une authentique Banque centrale avec les ressources et les instruments nécessaires pour gérer un marché stable et pourvu de liquidités ». Pour le moment, Monti semble réticent à demander à la chancelière de modifier les tâches de la BCE en sortant du cadre restreint de la stabilité monétaire, mais les conceptions formulées par lui antérieurement en tant qu’universitaire et comme éditorialiste ne laissent pas de doute sur ce qu’il pense vraiment [27]. D’ailleurs, même des pays traditionnellement alignés sur Berlin pour les choix économiques et monétaires – de l’Autriche à la Belgique en passant par la Finlande – n’ont pas manqué d’exprimer une certaine distance en la matière quant à l’immobilisme d’Angela Merkel. Sans parler des pressions exercées par l’Administration américaine d’Obama. À la mi-septembre 2011, le secrétaire au Trésor de Washington, Timothy Geithner, avait parmi les premiers exhorté les gouvernements européens à promouvoir un rôle déterminé de la BCE. Et à la même époque, cet ex-président de la Fed de New York suggérait lors d’une insolite invitation à un sommet des ministres de l’UE de renforcer le Fonds européen de stabilité financière (FESF) en le dotant d’outils de leveraging (effet de levier) financier avec l’appui de l’Eurotower de façon à ce qu’il puisse soutenir l’acquisition de titres d’État [28]. D’où l’intervention publique du président de la Bundesbank, Jens Weidmann, pour contredire en sens inverse toute hypothèse de capacité accrue de Francfort.

33 La BCE n’a donc jusqu’ici rien voulu savoir d’une éventuelle transformation en prêteur en dernier ressort pour les États de la zone euro. Mais il ne fait aucun doute que le président de l’institut, Mario Draghi, a commencé à puiser dans le répertoire des « politiques non conventionnelles » [29]. En effet, outre une réduction du taux de référence de la Banque centrale à 1 % (jamais l’argent n’a été offert à des prix aussi avantageux par la BCE), il a mis en place fin 2011 un prêt illimité sur trois ans avec un taux très encadré pour les instituts de crédit du Vieux continent. Lors d’une première adjudication en décembre dernier à laquelle ont participé 523 banques européennes le montant du prêt s’avérait : presque 500 milliards d’euros. Une deuxième adjudication allait se dérouler au mois de février, et ce toujours avec l’objectif de favoriser l’afflux de liquidités en direction des banques. Sommes-nous en attente de mesures encore plus robustes ? Peut-être. Reste que nous sommes encore loin du rôle de « garant de l’euro » invoqué par des économistes et des chefs de gouvernement. Mais il n’est pas dit qu’un déploiement aussi vaste et divers d’intelligences économiques et de chancelleries dans le monde ne réussisse pas à faire plier la résistance coriace de Berlin de façon à sauver l’euro. Si les choses évoluaient dans ce sens, cela signifierait qu’à travers le chas de la crise italienne est passé un énorme chameau avec toutes les apparences d’une « révolution institutionnelle européenne ».

Notes

  • [1]
    Journaliste, Il Foglio.
  • [2]
    Cf. Matthias Sobolewski, Dina Kyriakidou, « S&P downgrades nine euro zone countries », Reuters, 13 janvier 2012.
  • [3]
    Cf. Isabella Bufacchi, « Quel fossato che divide Roma di Berlino », Il Sole 24 Ore, 15 décembre 2011.
  • [4]
    Cf. Altiero Spinelli, Ernesto Rossi, Il Manifesto di Ventotene, Milan, Mondadori, 2006.
  • [5]
    Cf. Stephen Grenville, « Bankers hold Europe to ransom », The Interpreter, 25 juillet 2011.
  • [6]
    Cf. Paul Dobson, « German Auction "Disaster" Stirs Crisis Concern », Bloomberg, 23 novembre 2011.
  • [7]
    Conseil des ministres n° 144 du 30 juin 2011, communiqué de presse officiel, <www.governo.it>.
  • [8]
    Décret-loi n° 138, 2011, Gazzetta Ufficiale n° 188.
  • [9]
    « Il testo della lettera della Bce al Governo italiano », Il Sole 24 Ore, 29 septembre 2011.
  • [10]
    Cf. Fabrizio Manzetti, « Monti sulla lettera Bce, giusti i contenuti ma non andava scritta », MF/Milano Finanza, 11 octobre 2011.
  • [11]
    « Il testo della manovra (DI 201/2011), Il Sole 24 Ore, 6 décembre 2011.
  • [12]
    Cf. Dino Pesole, « Nel 2011 manovre per 81 , 2 milliardi », Il Sole 24 Ore, 7 janvier 2012.
  • [13]
    Cf. Alessandro Cornelli, « La storia recente insegna che svettare per rigore (come l’Italia) non basta », Il Foglio, 28 décembre 2011 ; Gianluca Cafiso, « Understanding Eurozone debt developments by nation », <www.voxeu.org>, 5 janvier 2012.
  • [14]
    Cf. Paul Krugman, « An Impeccable Disaster », The New York Times, 11 septembre 2011.
  • [15]
    Article 123 de la Version consolidée du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, [http://eur-lex.europa.eu/ JOHtml.do?uri=OJ:C:SOM:FR:HTML]
  • [16]
    Cf. Helen Pidd, « ECB : can a lender of last resort defuse Europe’s liquidity timebomb », The Guardian, 7 novembre 2011.
  • [17]
    Cf. Alberto Alesina, Francesco Giavazzi, « C’è una sola via d’uscita », Corriere della Sera, 24 novembre 2011.
  • [18]
    Cf. Luigi Zingales, « La Merkel deve cambiare ricetta », L’Espresso, 2 décembre 2011.
  • [19]
    Deutsche Bank, « Focus Europe. 2012 : A deeper recession », 25 novembre 2011.
  • [20]
    Cf. Charles Wyplosz, « An Open Letter to Dr Jens Weidmann », <www.woxeu.org>, 18 novembre 2011.
  • [21]
    Cf. Paul De Grauwe, « The European Central Bank : Lender of last resort in the government bond markets », CESifo Working Paper n° 3569, septembre 2011.
  • [22]
    Cf. Jean Pisani-Fery, « The Euro Crisis and the New Impossible Trinity », Bruegel Policy Contribution 2012, 1, 2 janvier 2012.
  • [23]
    Cf. Michel Rocard, Pierre Larrouturou, « Pourquoi faut-il que les États payent 600 fois plus que les banques », Le Monde, 2 janvier 2012.
  • [24]
    Cf. Ralph Atkins, « Call for QE to stave off euro deflation », Financial Times, 22 décembre 2011.
  • [25]
    Cf. Dough Cameron, « ECB Official Sees EU Lender of Last Resort Mechanism as Feasible », Real Time Economic – Wall Street Journal online, 6 janvier 2012.
  • [26]
    Entretien avec Les Echos, « Nous sommes en guerre contre les spéculateurs », Les Echos, 15 novembre 2011.
  • [27]
    Cf. Mario Monti, « Lettera al premier », Corriere della Sera, 30 octobre 2011 : « Il est certes vrai que l’euro reste « une monnaie étrange », un phénomène qui ne s’était jamais vu. Votre diagnostic s’en trouvant fondé et partagé par les observateurs les plus sérieux : le principal problème de l’euro, c’est qu’il s’agit d’une monnaie « sans gouvernement, sans État, sans banque en dernier ressort ». Bien sûr que nous avons la Banque centrale européenne, mais comme vous voulez bien justement le dire celle-ci n’est pas la garantie d’une intervention sans limite en cas de difficulté ».
  • [28]
    Cf. Annika Breidhardt, « Geithner presses euro zone to leverage bailout fund », Reuters, 16 septembre 2011 ; David Lawder, « European govt's, ECB must team up on crisis : Geithner », Reuters, 24 septembre 2011.
  • [29]
    « ECB announces measures to support bank lending and money market activity », [www.ecb.int], 8 décembre 2011.
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