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Article de revue

Islamabad : les services secrets, les islamistes et la bombe « islamique »

Pages 241 à 252

Notes

  • [1]
    Officier de réserve dans l’Armée française.
  • [2]
    Ces derniers temps, le Pakistan a vécu successivement l’assassinat le 27 décembre 2007 par des mouvements extrémistes de la candidate de l’opposition, Benazir Bhutto, et la démission le 18 août 2008 de son président Musharraf, qui tenait encore fermement le pays.
  • [3]
    On enregistre néanmoins les diatribes irrationnelles du dirigeant iranien Ahmadinejad qui, à plusieurs reprises ces dernières années, a menacé de rayer Israël de la carte.
  • [4]
    La Jamaat-i-Ulema-i-Islam est un mouvement représentant l’école déobandie dans le champ politique. Plutôt apolitique durant les premières années suivant sa création, elle se lance dans l’action politique au cours des années 1970 et 1980. La radicalisation de la JUI est en fait récente et date du début des années 1980 avec la création du Sipah-e-Sahaba-Pakistan (SSP) qui peut être considéré comme son bras armé. L’organisation soutient activement les moudjahidin afghans, d’abord par le biais des chefs religieux pachtouns, puis directement avec les taliban à proprement parler. L’heure de gloire de la JUI arrive avec l’avènement des taliban en Afghanistan en 1994. Bon nombre des chefs de Kaboul sont passés par les madrasa déobandies de l’organisation. Peu à peu, la JUI s’était « talibanisée », les étudiants de ses madrasa étant encouragés à aller se battre aux côtés des taliban. L’histoire de la Jamaat-i-Ulema-i-Islam illustre parfaitement le processus de radicalisation des milieux cléricaux conservateurs pakistanais dans le sens du jihadisme.
  • [5]
    Ces écoles coraniques dans lesquelles sont éduqués des milliers d’enfants pakistanais souvent déshérités formeront par la suite les gros bataillons des militants islamistes. C’est dans ces mêmes madrasa pakistanaises qu’ont été instruits dans les années 1980 et 1990 les taliban afghans. Nombre de leaders taliban seront choisis parmi des enfants abandonnés aux portes des mosquées déobandies et éduqués par des oulémas intégristes. Après le 11 septembre 2001, Musharraf a essayé de réformer les madrasa pour lutter contre l’enseignement radical mais il s’est heurté à une vague de protestation et ces réformes n’ont finalement pas abouti à un changement profond.
  • [6]
    L’ISI est un vivier d’officiers dont le nationalisme sourcilleux flirte souvent avec le panislamisme le plus échevelé.
  • [7]
    A l’heure actuelle, les deux nébuleuses islamistes vraiment internationalistes sont les réseaux al-Qaïda et les mouvements pakistanais. Elles ont suivi des chemins parallèles et restent « institutionnellement » distinctes malgré des affinités croissantes.
  • [8]
    Si les thèmes ne sont pas nouveau, les moyens le sont : entraînement militaire, passage à la lutte armée, assassinats de personnalités, mitraillages de mosquées des autres confessions, mouvements et courants religieux.
  • [9]
    Conférence de M. Chellaney le 15 mars 2002 à l’IFRI, « The India-Pakistan-China Strategic Triangle in the New International Environment » .
  • [10]
    Cheikh Omar, chef des assassins du journaliste new-yorkais Daniel Pearl, était de notoriété publique un malfrat à teinture islamiste dont l’ISI avait utilisé les services pour des attentats en Inde. En décembre 1999, il avait été libéré des prisons indiennes consécutivement au détournement d’un avion indien par des terroristes sur médiation des services pakistanais.
  • [11]
    Une activité qui lui vaudra en 1983 un procès par contumace à Amsterdam à l’issue duquel il est condamné à quatre ans de prison – peine annulée un peu plus tard pour vice de forme.
  • [12]
    Les Américains n’eurent de cesse de s’opposer au contrat franco-pakistanais en proposant notamment que les Français modifient leurs installations de manière à exclure tout usage militaire.
  • [13]
    Cf. François Soudan, « Abdul Qadeer Khan », Jeune Afrique, 22 février 2004.
  • [14]
    Voir à ce sujet l’enquête menée par Bernard-Henri Lévy dans Qui a tué Daniel Pearl ?, Paris, Grasset, 2003.
  • [15]
    Bashiruddin Mahmoud est un activiste du Harkat ul-Mujahiddin, groupe fondamentaliste impliqué notamment dans le rapt et l’assassinat du journaliste américain Daniel Pearl en 2002 ; il a été mis à la retraite en 1999 en raison de ses orientations politiques comme de ses protestations véhémentes et publiques contre la ratification par son pays du traité de non-prolifération.
  • [16]
    Cf. Mariam Abou Zahab, Olivier Roy, Réseaux islamiques : la connexion afghano-pakistanaise, Paris, Hachette Littérature, 2004.
  • [17]
    Plusieurs articles de presse révélaient déjà en 2001-2002 qu’au cas où la situation venait à déraper, des commandos de la CIA associés à une unité spéciale israélienne lanceraient une opération pour prendre le contrôle des têtes nucléaires pakistanaises.
  • [18]
    L’embuscade meurtrière tendue à une colonne de militaires français (10 tués et 21 blessés) à 50 kilomètres de Kaboul le 19 août 2008 est là pour nous rappeler que la situation en Afghanistan reste précaire et hautement risquée.

1 Le Pakistan, souvent qualifié de détenteur de la « bombe islamique », est-il un État, un concept, ou l’avant-garde des éléments panislamistes de la région ? Le Pakistan est en réalité une somme d’ambiguïtés : s’il constitue bien un État-nation au sens classique du terme, ses moyens, surtout militaires, ont parfois été mis au service d’une cause supranationale, en l’occurrence la défense de l’islam. Le responsable du programme nucléaire pakistanais, le Dr Abdul Qadeer Khan – lequel s’est plus tard placé à la tête d’un réseau de prolifération nucléaire – avait déclaré qu’il voulait utiliser l’arme nucléaire au bénéfice des plus faibles. Cet argument tiers-mondiste, transformé plus tard en doctrine de « bombe islamique » par l’ancien chef des services secrets, Hamid Gul, visait à dynamiter le club nucléaire tenu par les Occidentaux et à rééquilibrer la balance stratégique avec l’Inde.

2 Toutefois, dans les faits, la bombe pakistanaise est restée une arme nationale qui a rendu jusqu’à présent possible la neutralisation du conflit avec l’Inde, toute escalade militaire étant à partir d’un certain stade verrouillée. S’il y a eu plusieurs guerres et tensions entre les deux pays, la bombe pakistanaise a pleinement rempli son rôle de sanctuarisation du Pakistan contre la menace indienne. Aujourd’hui, comme le montre la multiplication des attentats islamistes et le conflit armé dans les zones tribales entre les insurgés islamistes et l’armée, le Pakistan est devenu l’un des hauts lieux d’expression de la violence islamiste. Le délitement de l’État pakistanais  [2] et le risque que le pays implose fait resurgir de manière inquiétante la menace d’une bombe nucléaire tombant aux mains d’extrémistes religieux.

3 En comparaison avec l’Iran dont les ambitions nucléaires ne font plus l’ombre d’un doute, un scénario où la bombe atomique pakistanaise tomberait dans les mains d’extrémistes sunnites est peut-être plus encore à craindre. La raison en est simple : bien que dirigé par un clergé religieux, l’Iran joue encore les cartes classiques et rationnelles du jeu stratégique des intérêts nationaux et de la construction d’une puissance régionale  [3]. Une bombe iranienne serait probablement davantage « iranienne » que proprement « islamique », voire plus « chiite » que « sunnite », dans la mesure où les Iraniens sont surtout soucieux de rétablir une parité militaire régionale avec le Pakistan et Israël et de consolider leur autorité sur l’« arc chiite » qui s’étend de l’Iran au Sud-Liban en passant par l’Irak et la Syrie, sans compter les « enclaves » de la péninsule Arabique. En revanche, si le régime pakistanais s’effondre, il est probable que les éléments islamistes de l’armée œuvrent de concert avec la frange radicale des groupes religieux pour que l’arme atomique nationale devienne, ou redevienne une « bombe islamique ».

4 Le Pakistan n’est pas n’importe quel domino menacé par l’islamisme. C’est un État nucléaire qui dispose de 60 à 100 têtes atomiques, qui entretient un conflit frontalier avec l’Inde, qui connaît une vague d’attentats islamistes et qui est fortement lié au conflit en Afghanistan. De plus, pendant plusieurs années, le Pakistan a été un État « proliférant », exportateur direct ou indirect de technologie sensible. Des années durant, le Dr Khan a en effet organisé des fuites de technologie vers des pays tiers, en particulier l’Iran, la Libye et la Corée du Nord. Aujourd’hui, le Pakistan est un État au régime fragilisé, avec une chaîne de commandement affaibli et, selon toute vraisemblance, un establishment nucléaire perméable à la corruption.

5 Quelle est l’origine de la bombe pakistanaise et quels sont les risques de voir cette bombe tomber dans les mains de réseaux islamistes ? Quel scénario pour ce pays pouvant basculer sous l’emprise d’une fraction fondamentaliste de l’armée qui défend à tout prix son programme nucléaire, soutient les taliban et al-Qaïda et alimente de concert avec ces derniers la guerre en Afghanistan et au Cachemire ? Va-t-on vers un déstabilisation continue du régime pakistanais ou est-il encore possible que l’État reprenne le contrôle de la situation ?

LA RADICALISATION DE LA SOCIÉTÉ PAKISTANAISE, LES « 3 M » : MADRASA, MOLLAHS ET CASTE MILITAIRE

6 La société pakistanaise a connu une radicalisation progressive. Il y a à cela plusieurs raisons internes qui ont précédé l’influence extérieure grandissante du réseau al-Qaïda. Dans leur conflit permanent avec l’Inde et leur rivalité régionale avec l’Iran, les autorités pakistanaises ont fait le choix de laisser se développer le seul pôle identitaire commun aux populations disparates qui peuplent le pays, l’islam sunnite. La principale matrice du nouveau radicalisme islamiste issu des milieux conservateurs est l’école déobandie (wahhabisme « musclé » et agressif), incarnée sur le plan politique par l’organisation Jamaat-i-Ulema-i-Islam (JUI)  [4]. La radicalisation des mouvements religieux remonte à la politique de réislamisation conservatrice mise en place par le général Zia-ul-Haq. Elle fut ensuite nourrie par une surenchère de l’État qui entreprenait d’instrumentaliser les mouvements fondamentalistes. Ceux-ci ayant en effet avec les services de sécurité des ennemis communs : l’Inde, les communistes et, dans une moindre mesure, les chiites. La radicalisation des religieux conservateurs s’est en effet articulée sur deux thèmes précis, et bien sûr avec l’appui des services de renseignement : le jihad au Cachemire et en Afghanistan et la lutte contre le chiisme. Soutenue financièrement par l’Arabie saoudite, cette stratégie a naturellement favorisé l’expansion des formes locales les plus fondamentalistes, notamment la Tablighi Jamaat (TJ, courant fondamentaliste mais pacifique) et surtout les divers mouvements radicaux issus de l’école déobandie, bien implantée chez les oulémas pakistanais et afghans et dont la doctrine était répandue à travers le réseau des madrasa  [5]. Ces madrasa, véritable réseau d’endoctrinement de la jeunesse déshéritée pakistanaise, continuent de tourner à plein régime, et même Musharraf n’avait pas un instant songé à les fermer, tant elles font partie intégrante de la société pakistanaise.

7 Du point de vue des services de l’Inter-Services Intelligence (ISI), l’omniprésente agence pakistanaise de renseignement, spécialiste des opérations clandestines  [6], le jihad des années 1980 a servi à la fois de modèle, de couverture et de catalyseur à tous ces mouvements radicaux. Leur supervision par cette dernière poursuit deux objectifs : contrôler les jihad du Cachemire et d’Afghanistan en marginalisant leurs éléments nationalistes au profit des « internationalistes islamiques »  [7] basés au Pakistan et intervenir à la fois dans la vie politique pakistanaise  [8]. Mais petit à petit, tous ces mouvements radicaux islamistes ont fini par devenir des instruments de plus en plus autonomes par rapport à la politique régionale du gouvernement pakistanais et ont imposé leur propre stratégie, tout en conservant des liens étroits avec les services secrets. Après avoir contribué à développer des convictions islamiques dures, l’ISI a dû lutter pour empêcher cette idéologie de se répandre. D’ailleurs, l’ex-président Musharraf avait bien entrepris en 1999 de réprimer les mouvements les plus sectaires, mais il continua à utiliser certains d’entre eux au Cachemire. Aujourd’hui, bien que l’armée soit engagée dans de véritables batailles rangées contre des éléments islamistes étrangers et des taliban pakistanais dans les zones tribales, l’État s’abstient d’appliquer une véritable répression des mouvements religieux, même des plus radicaux, au sein de la société. Le Tehrik-e Taliban Pakistan (TTP) qui a pris le pouvoir au Waziristan nord-occidental tient des discours toujours plus extrémistes, ce qui n’empêche pas l’État d’être prêt à un gouvernement de coalition avec ces mouvements islamistes. Et ce malgré l’assassinat de Benazir Bhutto par des éléments proches des taliban et d’al-Qaïda.

8 Pour l’Occident, l’armée pakistanaise représente encore – quoique cette approche soit fort contestée – le dernier rempart face aux risques d’instabilité dans le pays. Sans l’armée pakistanaise, le chaos s’installerait à travers le pays et on assisterait à un raz-de-marée islamiste. Certains observateurs  [9] n’hésitant pas à penser au contraire que la caste militaire pakistanaise constitue davantage une menace pour la sécurité régionale, en partie à cause de la progression chez les plus hauts responsables militaires d’idées extrémistes – principalement les cadres pachtouns de l’armée de terre qui forment l’ossature de l’ISI. Dans cette optique, le Pakistan ressemblerait davantage en termes d’instabilité et de dangerosité à la Colombie mais avec l’arme nucléaire en plus. Les militaires pakistanais de l’ISI ne seraient d’ailleurs pas tous aussi fiables qu’on le croirait : ils auraient été à l’origine de plusieurs actions terroristes menées par des groupes fondamentalistes  [10].

9 C’est dans ce contexte de radicalisation progressive de la société que le développement du programme nucléaire pakistanais a évolué. Lancé par Ali Bhutto en 1975 et poursuivi par le général Zia-ul-Haq, le programme nucléaire pakistanais est intimement lié aux milieux des services secrets pakistanais, eux-mêmes très proches des mouvements islamistes du pays.

ORIGINES DE LA BOMBE « ISLAMIQUE » PAKISTANAISE ET SANCTUARISATION DU RÉGIME PAKISTANAIS

10 Il est avéré que le programme nucléaire pakistanais a trouvé ses racines dans l’espionnage et la contrebande. L’explosion de la bombe atomique hindoue en 1974 renforce les dirigeants pakistanais dans leur volonté de se doter d’un armement nucléaire. Après la bombe atomique indienne, le Premier ministre pakistanais Zulfikar Ali Bhutto lance le projet nucléaire du Pakistan en déclarant publiquement que les Pakistanais se procureront eux aussi leur bombe « quitte à manger de l’herbe et des racines ». En 1975, les grandes nations nucléaires, effrayées par l’instabilité produite sur la scène internationale par des ventes inconsidérées d’équipements ou de combustible nucléaire, vont tenter par diverses mesures de contrôler la prolifération qu’elles avaient elles-mêmes contribué à créer, tout en continuant bien sûr à vendre elles-mêmes centrales et réacteurs. Diverses réglementations contraignantes n’empêcheront pourtant pas les nations désireuses de se « nucléariser » de redoubler d’efforts, et cela malgré un traité international de non-prolifération totalement inefficace. Dès 1972, le Dr Abdul Qadeer Khan travaille en Hollande au Physical Dynamics Research Laboratory, sous-traitant d’Ultra-Centrifuge Nederland, lui-même partenaire d’URENCO (Grande-Bretagne, RFA, Pays-Bas), le consortium d’enrichissement de l’uranium. Le chercheur pakistanais va se livrer à un espionnage industriel en règle. Il photocopie, recopie, photographie tout ce dont il a besoin, utilisant au besoin les services d’amis néerlandais naïfs et manipulés  [11]. Rien d’étonnant à ce que le Pakistan ait commencé à cette époque à se procurer les composantes de son programme d’enrichissement. En décembre 1975, Khan quitte soudainement l’Europe et rentre au Pakistan avec dans sa mallette les plans complets d’une centrifugeuse, la future Pak 1. Accueilli à bras ouverts, reçu par le Premier ministre en personne, l’ingénieur prodige se voit aussitôt affecté au Commissariat à l’énergie atomique dirigé par le physicien Bashiruddin Mahmoud. Ce dernier, un « vieux turban » (cf. infra) déjà proche de l’extrémisme religieux (il sera arrêté et interrogé par le FBI après le 11 septembre 2001), ne tarde pas à être marginalisé. Éclaboussé par ses échecs – le Canada a interrompu toute assistance au Pakistan dans le domaine du nucléaire et la France est paralysée par le veto américain  [12] –, Mahmoud cède la place à son rival plus jeune, plus déterminé, adepte de méthodes moins classiques et surtout extrêmement ambitieux. De Bhutto, Khan obtient qu’on lui confie la création d’un centre de recherche et de production d’uranium enrichi à Kahuta, dans la grande banlieue d’Islamabad, l’Engineering Research Laboratories (ERL), qui sera par la suite rebaptisé A.Q. Khan Research Laboratories (KRL) sous le général Zia-ul-Haq le 1er mai 1981. En deux ans – temps record – l’affaire est bouclée. Khan va prendre contact avec des firmes américaines, allemandes, japonaises et britanniques de façon à se procurer des alliages spéciaux utilisés dans l’industrie nucléaire. Pour ce faire, il puise dans le listing de la centaine de sociétés contractantes d’URENCO qu’il a subtilisé avec son habituelle maestria. Françaises, allemandes, britanniques, autrichiennes : aucune d’entre elles ne soulève la moindre objection face aux propositions du Dr Khan. Au contraire, elles se précipitent. Parallèlement, l’Arabie saoudite et la Libye s’intéressent de très près au développement nucléaire du pays. La Libye propose même de participer au financement du programme nucléaire pakistanais. Celui-ci sera en définitive financé avec l’aide de l’Arabie saoudite et de la Malaysia. Le 28 mai 1998, Khan arrive au faîte de la gloire avec l’explosion de la première bombe atomique pakistanaise au Baloutchistan, à quelques kilomètres de la frontière iranienne. Si la bombe pakistanaise a pu être qualifiée de « bombe islamique », elle a aussi et surtout permis la sanctuarisation du régime pakistanais et cela jusqu’à la présidence de Musharraf que personne (en Occident) pendant un temps n’a voulu voir disparaître. Or, depuis les attentats du 11 septembre 2001, l’ancien président pakistanais a effectué un virage à 180 degrés dans la politique extérieure de son pays. Pour préserver l’arme atomique, ce véritable « joyau de la couronne » et la mainmise sur le Cachemire, il s’est lancé dans une coopération en matière de lutte anti-terroriste en abandonnant l’arrière-cour afghane et le régime taliban.

LE RÉSEAU KHAN DE PROLIFÉRATION NUCLÉAIRE

11 « Père » de la première bombe atomique du monde islamique, le Dr Khan est considéré au Pakistan comme un héros national. En Occident, en revanche, son image est plus proche d’un Docteur Folamour : tous les moyens lui on semblé bons, au fil des années, pour faire avancer le programme nucléaire pakistanais. Khan a poussé ses « recherches » très loin : en échangeant sa maîtrise de l’élaboration des charges nucléaires contre des missiles porteurs avec notamment des pays comme la Corée du Nord, il a mis en place un véritable réseau de prolifération nucléaire. C’est seulement en février 2004, après les révélations du colonel Kadhafi qui a décidé fin 2003 d’abandonner tout programme de destruction massive, que Khan passe aux aveux et dévoile l’étendue de son réseau de prolifération. Il admet publiquement lors d’une déclaration télédiffusée avoir fait profiter de son savoir-faire la Libye, l’Iran et la Corée du Nord et proposé ses services à une quinzaine d’autres pays. Les responsables politiques et militaires du Pakistan ignoraient tout de ses activités, assure Khan : « J’assume la totalité de mes responsabilités et demande votre pardon. Ce que j’ai fait et ce que mes collaborateurs ont fait sur mes instructions l’a été sans aucune autorisation officielle. Je n’ai jamais informé le gouvernement de mes activités. Je suis le seul responsable de tout ». Comme un fait exprès, le président accordera prestement son « pardon » au chercheur sur recommandation du gouvernement. La confession de ce dernier visait surtout à dédouaner de toute responsabilité l’establishment militaire pakistanais dans ce gigantesque trafic planétaire. Sa loyauté à toute épreuve lui vaudra de bénéficier du pardon du président Pervez Musharraf et de faire valoir ses droits à la retraite. Mais personne n’est dupe. L’arrestation, en octobre 2001, de trois de ses collaborateurs, sympathisants d’al-Qaïda, laissait déjà présager le pire. Khan a également pris soin de blanchir l’ISI, les services de renseignement infiltrés par les islamistes.

12 À y regarder de près, les activités de prolifération du Dr Khan sont impressionnantes  [13] : dans la confession écrite de douze pages qu’il a remise le 4 février 2004 au président Musharraf, le docteur reconnaît avoir proposé de « partager », depuis la fin des années 1980, son savoir-faire et celui du Pakistan à cinq pays considérés comme très risqués, si ce n’est voyous, par les États-Unis : la Syrie, l’Irak, l’Iran, la Corée du Nord et la Libye. Khan mène pour ainsi dire une double vie : acquéreur de matériels sensibles, de plans top-secret et de technologie sophistiquée pour le Pakistan le jour ; revendeur pour son compte la nuit. Sur ces cinq offres, deux ont tourné court. En octobre 1990, la proposition de vente d’une centrifugeuse à Bagdad échouera : craignant un piège américain, Saddam Hussein donne l’ordre d’interrompre tout contact avec Khan. De même, la rencontre à Beyrouth en 1995 avec un officiel syrien de haut rang restera sans suite. La collaboration avec la Corée du Nord où Khan a effectué une douzaine de voyages – le tout dernier en juin 2002 – relève, elle, de l’exploitation judicieuse d’un accord secret d’État à État. Conclu en décembre 1993 lors d’une visite à Pyongyang de Benazir Bhutto le troc pakistano-coréen portait sur la livraison par Islamabad des plans de la centrifugeuse Pak 1 contre le schéma détaillé de fabrication et de montage du missile balistique Nodong qui servira de modèle au Ghaouri pakistanais. Khan va ensuite assurer pour son propre compte le service après-vente et la fourniture de pièces de rechange. Tous les documents relatifs au deal nord-coréen ayant été détruits en septembre 2002 par l’ISI sur ordre, dit-on, de Pervez Musharraf lui-même, il sera bien difficile d’en apprendre plus. Mais avec l’Iran et la Libye, le trafic du Dr Khan ne bénéficiait tout au moins officiellement d’aucune « couverture » de ce type. Les premiers contacts entre le Pakistanais et ses interlocuteurs iraniens ont lieu dès 1987, à Istanbul, à Casablanca et à Madrid. Ambitieux, Khan propose un programme de fabrication de 50000 centrifugeuses Pak 1 permettant de produire à terme trente bombes par an ! Prudents, les Iraniens se contentent d’acheter les plans. Nouvelle prise de contact en 1989, cette fois à Téhéran. Les Iraniens commandent divers équipements, le schéma précis élaboré par les KRL, ainsi que des centrifugeuses clés en main. Khan leur donne satisfaction en un temps record, quitte à fourguer au passage des centrifugeuses d’occasion, usagées et parfois contaminées. Son réseau tourne alors à plein régime, alimenté par deux hommes de confiance : Muhammad Farooq, directeur jusqu’en 2000 des KRL qui sert d’interface avec l’ISI ; Bukhari Sayed Abu Tahir, Émirati d’origine sri-lankaise installé à Dubaï où il gère SMB Computers, une société écran qui s’occupe de finances. Khan lui-même répartit les marchés : ce que les surplus pakistanais ne peuvent fournir, il le commande à une société malaysienne, Scomi Precision Engineering, où Kamaluddine Abdullah, fils du Premier ministre Abdullah Ahmad Badawi, possède des intérêts. La Libye où le Dr Khan se trouvait encore en visite privée à la mi- 2003 sera le dernier et le plus rémunérateur des contractants. Khan y vend en vrac des plans de têtes nucléaires emballés dans des sacs en plastique d’une teinturerie d’Islamabad, des composantes de centrifugeuses que les Libyens entasseront dans des baraques mobiles en préfabriqué avec plan de montage et garantie de service après-vente et même, à titre de bonus, les plans rédigés en chinois d’une bombe atomique à implosion plutôt rudimentaire élaborée au début des années 1960 sur ordre de Mao Tse-tung et transmis vingt ans plus tard aux autorités pakistanaises... Une véritable frénésie d’achat qui amènera le Dr Khan à se rendre pas moins de quarante-quatre fois à Dubaï de 2000 à 2003 pour y rencontrer ses interlocuteurs. Et qui causera aussi, en partie, sa perte. Début octobre 2003, le cargo allemand BBC China, en route vers Tripoli, fait une escale technique dans le port de Tarente (Italie). Agissant sur renseignement de la CIA qui suit le navire depuis la Malaysia, la police italienne saisit à son bord deux mille « pièces de machines de précision » destinées au Conseil national libyen de la recherche scientifique. Il s’agit en fait des composantes d’une trentaine de centrifugeuses de type Pak 2 fabriquées par Scomi Precision Engineering. Une découverte qui sera pour beaucoup dans la décision prise par Mu‘ammar Kadhafi d’abandonner définitivement son programme d’armes de destruction massive.

13 Mais le réseau de prolifération Khan a également concerné, et cela est peut-être même encore plus inquiétant, des acteurs non-étatiques  [14]. Bashiruddin Mahmoud, un des proches collaborateurs de Khan, inventeur de l’usine de fabrication de plutonium construite avec l’aide des Chinois à Khushab et patron de Commissariat à l’énergie atomique pakistanais jusqu’en 1999 [15], aurait eu encore en août 2001 des contacts en Afghanistan avec des chefs taliban haut placés , voire avec Oussama Ben Laden en personne. Mahmoud est l’un des inspirateurs de la théorie selon laquelle la bombe pakistanaise ne serait pas « pakistanaise » mais « islamique » et appartiendrait à ce titre, de droit, à la communauté des croyants tout entière, à l’umma.

LA CONNEXION KHAN – ISI – ISLAMISTES

14 Difficile de croire que l’ISI ignorait tout des activités du Dr Khan. Ce dernier n’a en effet jamais cessé de travailler en étroite collaboration avec cet État dans l’État. C’est sous ce lourd parrainage, mais aussi avec l’aide d’experts chinois dépêchés par leur gouvernement afin de neutraliser la montée en puissance de l’Inde, qu’Abdul Qadeer Khan réussira.

15 Les liens entre l’ISI et certains mouvements extrémistes agissant sur la scène intérieure, au Cachemire ou en Afghanistan sont patents. L’armée et les services de renseignement pakistanais ont toujours instrumentalisé et soutenu les mouvements radicaux islamistes dans le cadre de la politique régionale du Pakistan  [16]. Spécifiquement pour intervenir là où l’action militaire conventionnelle était impossible, au Cachemire et en Afghanistan. Plusieurs officiers supérieurs ont été – et continuent d’être – extrêmement proches de la mouvance islamiste tel Hamid Gul, ancien patron de l’ISI. Lorsque Pervez Musharraf prend le pouvoir en octobre 1999, les services pakistanais sont déjà devenus prisonniers de leur propre création qu’ils ne pilotent plus qu’avec incertitude.

16 L’après-11-Septembre a quelque peu bouleversé les relations entre milieux islamistes et services secrets pakistanais. L’ISI perd le contrôle d’un certain nombre de réseaux d’activistes pakistanais qu’il soutient depuis les années 1980 et il subit les contrecoups de cette politique. Après le 11-Septembre, quand le président Musharraf s’est publiquement allié à l’Administration Bush, l’ISI n’a pas pu endiguer les activistes qu’il alimente depuis des décennies pour exercer une pression sur l’Inde et l’Afghanistan. Des dizaines d’officiers de l’ISI qui ont entraîné les activistes sont devenus des sympathisants de la cause et ont dû être chassés de l’agence. Trois purges aurait eu lieu depuis la fin des années 1980 et elle ont même concerné trois directeurs de l’ISI suspectés de sympathies avec les activistes. Selon certains responsables américains du renseignement, Musharraf et l’ISI n’ont toutefois jamais complètement abandonné leurs protégés militaires et jouaient en fait un double jeu. Musharraf coopérait avec les services de renseignement américains pour traquer les combattants arabes d’al-Qaida ; l’ISI gardait les commandants des taliban et les activistes du Cachemire en réserve. D’ailleurs : pour affaiblir les partis politiques d’opposition, Musharraf courtisait les conservateurs religieux. Voilà pourquoi il aurait, au lieu de les réprimer, adopté des demi-mesures. Selon un ancien responsable pakistanais, certains officiels – gouvernement et ISI – pensaient que les activistes devaient être tenus en réserve comme une « assurance » pour le jour où les Américains et l’OTAN abandonneraient la région et où le Pakistan en aurait besoin comme d’un levier contre l’Inde. Or, la situation est devenue aujourd’hui si tendue et si incontrôlable que les activistes islamistes s’en prennent ouvertement à tous les représentants des services de sécurité de l’État : armée, police, etc.

17 Il y a chez les hauts responsables pakistanais différentes attitudes : certains sont favorables à préserver cette capacité d’action. Des ministres et autres officiels sympathiseraient avec les activistes et les protégeraient. D’autres encore plaident pour la retenue par peur des représailles que pourraient exercer les activistes. Il est arrivé que la police ait refusé d’agir jusqu’à ce qu’elle ait des ordres écrits lorsque des arrestations ont été ordonnées, car elle croyait que les activistes disposaient comme auparavant de la protection de l’ISI.

LA SITUATION AU PAKISTAN DÉGÉNÉRERA-T-ELLE ?

18 Depuis deux ans, le Pakistan est en proie à une vague sans précédent d’attentats ; ceux-ci qui ont fait plusieurs milliers de morts sont perpétrés par des taliban et des combattants proches al-Qaïda. Les récentes offensives de l’armée dans les zones tribales frontalières avec l’Afghanistan, ordonnées par le nouveau gouvernement sous la pression de Washington, laisse augurer d’une recrudescence de ces attaques. Les taliban pakistanais ont tout comme al-Qaïda déclaré le jihad, la « guerre sainte », au chef de l’État et à son armée dès lors que le premier eut ordonné en juillet 2007 l’assaut sur la Mosquée rouge d’Islamabad où s’étaient retranchés des centaines d’islamistes lourdement armés. L’attaque a fait une centaine de morts, des « martyrs » qu’Oussama Ben Laden lui-même et des chefs islamistes pakistanais jureront de venger.

19 Si le nouveau régime pakistanais s’effondre, il n’est pas impossible que des éléments islamistes de l’armée alliés aux groupes religieux extrémistes œuvrent ensemble pour s’emparer de l’arme atomique en tant que « bombe islamique »  [17]. Certains militants islamistes parlent de plus en plus d’un axe Pakistan-Arabie saoudite pour unir les musulmans puisque le premier a les masses et la bombe, la seconde l’argent de la rente pétrolière. Un discours qui pourrait avoir des répercussions importantes au-delà du Pakistan si l’actuel régime pakistanais s’écroulait.

20 L’évolution de la situation en Afghanistan où la coalition internationale emmenée par les États-Unis est en proie à une insurrection taliban de plus en plus difficile à endiguer  [18] aura également un impact décisif sur l’évolution de l’échiquier pakistanais. Les situations respectives de ces deux pays sont en effet très imbriquées l’une dans l’autre. La mouvance des taliban afghans a développé une métastase au Pakistan voisin avec le soutien d’au moins une partie des services secrets d’Islamabad et en bénéficiant de la déstabilisation politique d’un régime en agitation permanente. Les événements se déroulant de part et d’autre de la chaîne montagneuse s’alimentent même mutuellement. Si la coalition internationale échoue en Afghanistan et que le pays repasse sous contrôle taliban, il est fort probable que semblable phénomène galvanisera les taliban pakistanais de l’autre côté de l’Hindou Kouch et qu’une onde de choc islamiste se répandra à travers tout le Pakistan. En sens inverse, si les islamistes prennent le pouvoir à Islamabad, ce sera la fin du soutien et de la coopération antiterroristes pakistanais, et l’équation afghane deviendra quasi-insoluble pour l’Occident. Le pays tiendra-t-il face à la pression islamiste ? La coalition internationale réussira-t-elle en Afghanistan ce que les Soviétiques ne sont pas parvenus à réaliser en dix ans ? Jamais le Pakistan n’a été aussi proche du chaos. Les taliban et l’ensemble des rebelles islamistes ont toutes les raisons de se réjouir. Ce qui est certain et sans aucune ambiguïté, c’est qu’un Pakistan islamiste et nucléarisé constituerait le pire scénario et le pire cauchemar pour l’Occident.

21 Dans tous les cas de figure : Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe pakistanaise, qui avait été pardonné mais placé en résidence surveillée pendant cinq ans par Musharraf après avoir reconnu en février 2004 avoir vendu dans les années 1990 des secrets de technologie militaire à l’Iran, à la Corée du Nord et à la Libye est depuis août 2009 un homme libre.

LES SITES NUCLÉAIRES AU PAKISTAN

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LES SITES NUCLÉAIRES AU PAKISTAN


THE SECURITY OF PAKISTAN'S NUCLEAR FACILITIES, KEN BERRY, RESEARCH COORDINATOR, INTERNATIONAL COMMISSION ON NUCLEAR NON-PROLIFERATION AND DISARMAMENT (ICNND), AUGUST 2009

Notes

  • [1]
    Officier de réserve dans l’Armée française.
  • [2]
    Ces derniers temps, le Pakistan a vécu successivement l’assassinat le 27 décembre 2007 par des mouvements extrémistes de la candidate de l’opposition, Benazir Bhutto, et la démission le 18 août 2008 de son président Musharraf, qui tenait encore fermement le pays.
  • [3]
    On enregistre néanmoins les diatribes irrationnelles du dirigeant iranien Ahmadinejad qui, à plusieurs reprises ces dernières années, a menacé de rayer Israël de la carte.
  • [4]
    La Jamaat-i-Ulema-i-Islam est un mouvement représentant l’école déobandie dans le champ politique. Plutôt apolitique durant les premières années suivant sa création, elle se lance dans l’action politique au cours des années 1970 et 1980. La radicalisation de la JUI est en fait récente et date du début des années 1980 avec la création du Sipah-e-Sahaba-Pakistan (SSP) qui peut être considéré comme son bras armé. L’organisation soutient activement les moudjahidin afghans, d’abord par le biais des chefs religieux pachtouns, puis directement avec les taliban à proprement parler. L’heure de gloire de la JUI arrive avec l’avènement des taliban en Afghanistan en 1994. Bon nombre des chefs de Kaboul sont passés par les madrasa déobandies de l’organisation. Peu à peu, la JUI s’était « talibanisée », les étudiants de ses madrasa étant encouragés à aller se battre aux côtés des taliban. L’histoire de la Jamaat-i-Ulema-i-Islam illustre parfaitement le processus de radicalisation des milieux cléricaux conservateurs pakistanais dans le sens du jihadisme.
  • [5]
    Ces écoles coraniques dans lesquelles sont éduqués des milliers d’enfants pakistanais souvent déshérités formeront par la suite les gros bataillons des militants islamistes. C’est dans ces mêmes madrasa pakistanaises qu’ont été instruits dans les années 1980 et 1990 les taliban afghans. Nombre de leaders taliban seront choisis parmi des enfants abandonnés aux portes des mosquées déobandies et éduqués par des oulémas intégristes. Après le 11 septembre 2001, Musharraf a essayé de réformer les madrasa pour lutter contre l’enseignement radical mais il s’est heurté à une vague de protestation et ces réformes n’ont finalement pas abouti à un changement profond.
  • [6]
    L’ISI est un vivier d’officiers dont le nationalisme sourcilleux flirte souvent avec le panislamisme le plus échevelé.
  • [7]
    A l’heure actuelle, les deux nébuleuses islamistes vraiment internationalistes sont les réseaux al-Qaïda et les mouvements pakistanais. Elles ont suivi des chemins parallèles et restent « institutionnellement » distinctes malgré des affinités croissantes.
  • [8]
    Si les thèmes ne sont pas nouveau, les moyens le sont : entraînement militaire, passage à la lutte armée, assassinats de personnalités, mitraillages de mosquées des autres confessions, mouvements et courants religieux.
  • [9]
    Conférence de M. Chellaney le 15 mars 2002 à l’IFRI, « The India-Pakistan-China Strategic Triangle in the New International Environment » .
  • [10]
    Cheikh Omar, chef des assassins du journaliste new-yorkais Daniel Pearl, était de notoriété publique un malfrat à teinture islamiste dont l’ISI avait utilisé les services pour des attentats en Inde. En décembre 1999, il avait été libéré des prisons indiennes consécutivement au détournement d’un avion indien par des terroristes sur médiation des services pakistanais.
  • [11]
    Une activité qui lui vaudra en 1983 un procès par contumace à Amsterdam à l’issue duquel il est condamné à quatre ans de prison – peine annulée un peu plus tard pour vice de forme.
  • [12]
    Les Américains n’eurent de cesse de s’opposer au contrat franco-pakistanais en proposant notamment que les Français modifient leurs installations de manière à exclure tout usage militaire.
  • [13]
    Cf. François Soudan, « Abdul Qadeer Khan », Jeune Afrique, 22 février 2004.
  • [14]
    Voir à ce sujet l’enquête menée par Bernard-Henri Lévy dans Qui a tué Daniel Pearl ?, Paris, Grasset, 2003.
  • [15]
    Bashiruddin Mahmoud est un activiste du Harkat ul-Mujahiddin, groupe fondamentaliste impliqué notamment dans le rapt et l’assassinat du journaliste américain Daniel Pearl en 2002 ; il a été mis à la retraite en 1999 en raison de ses orientations politiques comme de ses protestations véhémentes et publiques contre la ratification par son pays du traité de non-prolifération.
  • [16]
    Cf. Mariam Abou Zahab, Olivier Roy, Réseaux islamiques : la connexion afghano-pakistanaise, Paris, Hachette Littérature, 2004.
  • [17]
    Plusieurs articles de presse révélaient déjà en 2001-2002 qu’au cas où la situation venait à déraper, des commandos de la CIA associés à une unité spéciale israélienne lanceraient une opération pour prendre le contrôle des têtes nucléaires pakistanaises.
  • [18]
    L’embuscade meurtrière tendue à une colonne de militaires français (10 tués et 21 blessés) à 50 kilomètres de Kaboul le 19 août 2008 est là pour nous rappeler que la situation en Afghanistan reste précaire et hautement risquée.
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