Le Brésil impose aux sciences de l’homme, non seulement la compréhension
d’un espace lointain, mais celle d’une temporalité différente, de configurations
sociales originales, de pratiques culturelles singulières : on le sait au moins depuis
la mission française appelée pour la fondation de l’Universidade de São Paulo,
qui comptait entre autres, aux côtés Claude-Lévi-Strauss et Fernand Braudel, le
géographe Pierre Monbeig. Cesar César Simoni Santos écrit, à son propos, dans
un article dont le titre peut se traduire par « Pierre Monbeig et le vacillement
d’une tradition dans les Tropiques » :
« Dans le Nouveau Monde, la dynamique territoriale de l’avancée de la
civilisation occidentale, tout en nécessitant de nouvelles ressources théoriques
et conceptuelles pour sa propre interprétation, a ouvert un nouvel univers de
possibilités dans le domaine disciplinaire de la géographie. […] Pierre Monbeig, confronté au phénomène des franges pionnières [...] a su présenter des pistes
insolites face à une nouvelle réalité. [Il] a eu la chance de faire, presque simultanément à la consolidation de la méthode régionale en France, l’expérience
d’une réalité hostile à la stabilité des agencements spatiaux, ce qui lui a permis
d’examiner en profondeur la légitimité de la méthode qui avait été normalisée
par l’habitude disciplinaire de la géographie ». Et il ajoute, « ce ne fut pas une
expérience significative seulement pour la géographie. Roger Bastide a également
dénoncé l’insuffisance des « notions » apprises dans les pays d’Europe et d’Amérique du Nor…