Un des facteurs essentiels de l’élection de Jair Bolsonaro à la présidence de
la République a été l’appui de l’un de trois « B », celui du « Bœuf », les grands
éleveurs de bovins, et plus généralement du secteur de l’agrobusiness. En
conjonction avec les représentants de la « Bible », les protestants néo-pentecôtistes, et de « Balle » (les partisans d’une politique de répression et d’armement
des citoyens) ils ont activement soutenu sa candidature et déjà obtenus des
mesures les favorisant, par exemple, le rattachement au ministère de l’Agriculture de la délimitation des réserves indiennes.
Bien que le secteur agroalimentaire ait été largement favorisé sous les
gouvernements du Parti des travailleurs, cela indique que cet appui sera encore
plus fort maintenant. C’est là un manifeste retour à un passé que l’on croyait
aboli : à l’époque coloniale (1500 - 1822) et jusqu’au XIXe siècle, pendant toute
la « République du café au lait », le pouvoir politique était entre les mains des
barons du sucre, du café et de l’élevage, et quand le système agro-exportateur
avait atteint ses limites lors de la crise de 1929, le capital qui avait permis de
financer le démarrage de l’industrie de São Paulo était venu des profits du café
ou des politiques publiques de rachat des stocks invendus, brûlés dans les locomotives ou jetés à la mer.
Le poids du secteur rural dans l’économie a certes diminué, mais il n’est
pas négligeable, notamment dans le commerce extérieur. On dit souvent que
le Brésil est devenu la « ferme du monde », comme la Chine est devenue son
usine et l’Inde son bureau…