Notes
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[*]
Docteure en histoire, bibliothécaire, responsable des collections de périodiques à la Bibliothèque/Centre documentaire du Musée de l’Armée.
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[1]
138 698 Indiens, dont 1 923 officiers, 87 412 hommes du rang et 49 273 non-combattants ont servi en Europe entre août 1914 et décembre 1919. Santanu Das, L’Inde dans la Grande Guerre, Les Cipayes sur le front de l’Ouest, Paris, Gallimard-Ministère de la Défense-DMPA, 2014, p. 8. Rares sont les études publiées en français sur l’Inde et les Indiens pendant la Première Guerre mondiale, le livre de Santenu Das vient remplir cette lacune. Voir Douglas Gressieux, Les Troupes indiennes en France: 1914-1918, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, 2007; Claude Markovits, « Les soldats indiens au secours de la France en 1914 », Hommes et migrations, n° 1268-1269, 2007, p. 44-59.
-
[2]
Antilles, Réunion, Saint-Pierre-et-Miquelon, comptoirs de l’Inde, « Quatre Communes » de Sénégal: l’ensemble des territoires acquis par la France depuis le xviie siècle jusqu’à la troisième décennie du xixe siècle.
-
[3]
Yvan Combeau, « Les colonies de l’Océan Indien dans la Grande Guerre. Introduction », Guerres Mondiales et Conflits Contemporains, n° 255, 2014, p. 3-7.
-
[4]
En février 2014, l’Université de Dhaka sous l’égide de l’Alliance française a organisé un colloque international « War & Colonies, 1914-1918 » réunissant historiens, politologues et écrivains (allemands, bangladais, français, indiens, irlandais et américains) avec « un focus exceptionnel sur le Bengale pendant la Première Guerre mondiale, avec cinq communications dédiées » et une exposition de photographies sur les troupes coloniales britanniques et françaises issues des fonds de l’ECPAD (Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense). Yvan Combeau, article cit.
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[5]
Voir au sujet de l’Inde et de la Première Guerre mondiale la bibliographie de George Morton-Jack, The Indian Army on the Western Front: India’s Expeditionary Force to France and Belgium in the First World War, New York, Cambridge University Press, 2014 ; Vedica Kant, India and the First World War: ‘if I Die Here, who Will Remember Me?’, New Delhi, Roli Books, 2014 ; Santanu Das (ed.), Race, Empire and First World War Writing, Cambridge, Cambridge University Press, 2011 ; David E Omissi (ed.), Indian Voices of the Great War: Soldiers’ Letters, 1914-18, London, Palgrave Macmillan, 1999 ; Upendra Narayan Chakravorty, Indian Nationalism and the First World War, 1914-18: Recent Political & Economic History of India, New Delhi, Progressive Publishers, 1997; Budheswar Pati, India and the First World War 1914-1918, New Delhi, Atlantic Publishers and Distributors, 1996 ; Shyam Narain Saxena, Role of Indian Army in the First World War, New Delhi, Bhavna Prakashan, 1987. Nous ne citons pas tous les travaux en langue bengali concernant le sujet.
-
[6]
En effet, cette guerre constitue d’une manière générale, dans l’histoire d’Asie « une étape qui demeure, encore aujourd’hui, sérieusement sous-évaluée et sous-étudiée », Xu Guoqi, « L’Asie », dans Jay Winter (dir.) La Première Guerre mondiale – Combats, t. 1, Paris, Fayard, 2014, p. 551.
-
[7]
Jacques Frémeaux, Les colonies dans la Grande Guerre, combats et épreuves des peuples d’outre-mer, Paris, SOTECA 14-18 éditions, 2006, p. 58.
-
[8]
Douglas Gressieux, « Les Établissements français de l’Inde de 1914 à leur cession en 1963 », dans Philippe Bonnichon, Pierre Gény, Jean Nemo, Présences françaises outre-mer (XVIe-XXIe siècles), t. 2, Science, religion et culture, Paris, Karthala, 2012, p. 654.
-
[9]
Jacques Frémeaux, op. cit., p. 15.
-
[10]
En 1910, Alfred Martineau est nommé gouverneur général intérim de l’Inde française, rappelé en France en 1911 et revient à Pondichéry en novembre 1913 pour y rester jusqu’en 1918. Il fonde la Société de l’histoire de l’Inde française en 1911. Spécialiste de l’Inde française, il écrit dans sa lettre en date du 27 octobre 1916 qui accompagnait le premier numéro de la Revue historique de l’Inde française, adressée au ministre des Colonies : « […] Même dans les circonstances actuelles, il ne m’a pas paru inutile de créer un organe, qui put prouver que l’Inde française ne se recommande pas seulement à l’attention par des considérations purement politiques ».
-
[11]
Le nom de « loge » était donné, sous le régime de la Compagnie des Indes, à des factoreries ou établissements isolés comprenant une maison avec un terrain adjacent, où la France avait le droit de faire flotter son pavillon et de former des comptoirs. Dictionnaire universel théorique et pratique du commerce et de la navigation, vol. 2, Paris, Librairie de Guillaumin et Cie, 1861, p. 441.
-
[12]
Sur la côte de Coromandel, Pondichéry et ses huit communes (29 145 hectares ; Karikal et ses six communes (13 515 hectares) ; sur la côte d’Orissa, Yanaon et ses aldées (1 772 hectares), la loge de Masulipatam ; sur la côte de Malabar, Mahé et son territoire (5 909 hectares) ; la loge de Calicut ; dans le Gujerate, la factorerie de Surate, et au Bengale, Chandernagor (940 hectares), les loges de Cassimbazar, Dacca, Balassore et Patna (la loge de Jougdia étant envahie par les eaux de la mer).
-
[13]
La Seconde République accorde le droit d’élire un député à l’Assemblée nationale en 1848, droit révoqué au bout de deux mois, et à nouveau établi en 1871 sous la IIIe République.
-
[14]
BDIC (Bibliothèque de documentation internationale contemporaine), F delta 0884/23, Fonds du Bureau d’études de la presse étrangère, Inde Française, Note de la Section d’Études et de Documentation du Service d’information et de Presse, 20 février 1924, p. 2.
-
[15]
Journal Officiel des Établissements Français dans l’inde (JOEF), n° 47, 24 novembre 1914, p. 973-974.
-
[16]
Sur la base du taux de change pour l’année 1912 (1 roupie vaut 1, 67 francs) : Compte Administratif des recettes et des dépenses du service local pour exercice 1912 Pondichéry : Imprimerie du Gouvernement, 1914.
-
[17]
La loi du 5 août 1914, pose le principe du moratorium en autorisant le gouvernement à prendre jusqu’à la cessation des hostilités, toutes les mesures nécessaires pour faciliter ou suspendre les effets des obligations commerciales ou civils pour suspendre toutes prescriptions ou péremptions.
À la fin du mois de juillet 1914, la ruée vers les banques, et face à une pénurie de fonds disponibles dans les établissements bancaires, une série de moratoires – moratoire bancaire pour éviter les retraits massifs, moratoire sur le paiement des loyers suspendant le versement obligatoire des loyers pour tous les mobilisés – ont été adoptés pendant toute la durée de la guerre. Voir Jay Winter (dir.), La Première Guerre mondiale:États, t. II, Paris, Fayard, 2014 ; Jean-Michel Guieu, Histoire de la France contemporaine – 5, Gagner la paix, 1914-1929, Paris, Éditions du Seuil, 2015. -
[18]
ANOM (Archives nationales d’Outre-Mer), COL 1 AFF-POL 325, Sous dossier 1 : Situation de la colonie après le déclaration de guerre, S.D. (août 1914).
-
[19]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Lettre de Dejean de la Batie, Consul général de France à Calcutta, adressée à Théophile Delcassé, Ministre des affaires étrangère, le 24 décembre 1914.
-
[20]
Jacques Frémaux, « Les contingents impériaux au cœur de la guerre », Histoire, économique & société, n° 2, 2004, p. 221.
-
[21]
Dans son discours prononcé, à l’audience solennelle de la Cour d’appel de Pondichéry, le 16 novembre 1918. JOEF, n° 47, Novembre 1918.
-
[22]
Les comptoirs connaissent, de 1905 à 1911, en période électorale la vague de violence liée aux scrutins locaux. Les conseillers généraux sont élus au suffrage universel direct sur la base de deux collèges : le premier, comprenant les Européens et descendants d’Européens régis par l’état civil français, et le second les Indigènes régis par leur statut personnel. Le premier ne compte guère que cinq cents électeurs mais nomme 14 des 25 conseillers généraux, tandis que les électeurs indigènes, environ cent fois plus nombreux, n’en désignent que 11. Les conseillers municipaux sont élus au scrutin de liste mais un certain nombre de sièges sont de droit réservés aux les Européens et descendants d’Européens. Des fraudes électorales massives et violences entre ces deux collèges, en particulier à Karikal, conduisent à une paralysie des instances politiques. C’est dans ce contexte que Martineau est rappelé en France en 1911. Voir Damien Deschamps, « En attendant le vote des indigènes. L’administration coloniale l’analyse des pratiques électorales dans les Établissements français de l’Inde », Outre-mers. Revue d’Histoire, vol. 90, n° 338, 2003, p. 109-131 ; Douglas Gressieux, op. cit., p. 654.
-
[23]
ANOM COL 1 AFF-POL 325, Note du Gouverneur des Établissements français de l’Inde au ministre des Colonies, le 12 octobre 1914.
-
[24]
ANOM COL 1 AFF-POL 325, Note du 12 octobre 1914, arrivée au ministère le 23 octobre 1914, n° 820.
-
[25]
Pour cette partie de l’article, nous nous appuierons essentiellement sur les sources d’archives nationales d’outre-mer et Journal Officiel des Établissements français dans l’Inde.
-
[26]
Chantal Antier, « Le recrutement dans l’empire colonial français 1914-1918 », Guerres Mondiales et Conflits Contemporains, 2008, n° 230, p. 23-36.
-
[27]
Idem, p. 35.
-
[28]
La France, n’ayant pas voulu supprimer brutalement les institutions indigènes, a ainsi maintenu les statuts personnels, et souhaite opérer une pénétration progressive du Code civil. Mais en voulant respecter les coutumes locales, elle met en place une catégorisation des Français : « citoyens » (très souvent appelés « citoyens français »), « indigènes », « renonçants », c’est-à-dire les indigènes ayant renoncé à leur statut personnel en se plaçant sous l’égide du Code civil. Anne Girollet, « Spécialité législative et discrimination : une application inégale des principes républicains dans les colonies françaises (xixe-xxe siècles) », dans Éric Gojosso, David Kremer, Arnaud Vergne, (dir.), Les colonies. Approches juridiques et institutionnelles de la colonisation de la Rome antique à nos jours, Poitiers, LGDJ, Presses universitaires de l’Université de Poitiers, 2014.
-
[29]
Jacques Frémeaux, op. cit., p. 33 ; Voir aussi Benoît Haberbusch, «Un espace stratégique ? L’empire colonial français à la veille de la Première Guerre mondiale », Revue historique des armées, 2014, n° 274 –1, p. 38-48.
-
[30]
JOEF, n° 52, 29 décembre 1914.
-
[31]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Dossier : Incorporation des Hindous renonçants et non-renonçants 1915-1917, Note du gouverneur des Établissements Français dans l’Inde, adressée au ministre des Colonies, le 9 mars 1916
-
[32]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Dossier : Incorporation des Hindous renonçants et non-renonçants 1915-1917, Dépêche télégraphique du gouverneur, le 28 juin 1916.
-
[33]
Du perse « sipahi », signifiant fantassin.
-
[34]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Dossier : Incorporation des Hindous renonçants et non-renonçants 1915-1917.
-
[35]
C’est d’ailleurs en 1915, au cours de laquelle les français commencent à employer le terme « Grande Guerre ». Stéphane Audoin-Rouzeau, « 1915 : enlisement », dans Jay Winter (dir.), La Première Guerre Mondiale. Combats, op. cit., p. 79.
-
[36]
Pour l’Afrique du Nord, l’Afrique Occidentale Française (AOF), l’Afrique Équatoriale française, Madagascar, la Côte des Somalis, l’Indochine, l’Inde française et l’Océanie. Service Historique de la Défense (SHD), Vincennes, 7 N 2121, Commission sénatoriale de l’Armée au ministre des Colonies et au ministre de la Guerre, janvier 1916.
-
[37]
La loi du 19 octobre 1915 permet de recruter les ressortissants des quatre communes dans les unités françaises en tant qu’ « originaires ».
-
[38]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Lettre du ministre des Colonies, René Besnard, au député de l’Inde, Paul Bluysen, au sujet de la situation des veuves des Indiens non-renonçants, en ce qui concerne le droit aux pensions, le 26 septembre 1917.
-
[39]
JOEF, n° 16, 15 avril 1916.
-
[40]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Note n° 222 du Gouverneur des Établissements français dans l’Inde adressée au ministre des Colonies, le 28 janvier 1916.
-
[41]
JOEF, 2e partie, n° 7, 12 Février 1916, p. 255.
-
[42]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Note n° 222 du Gouverneur des Établissements français dans l’Inde adressée au ministre des Colonies, le 28 janvier 1916.
-
[43]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Lettre du gouverneur Martineau adressée au ministre des Colonies, le 24 mars 1916.
-
[44]
Les Troupes de la Marine prennent le nom de Troupes coloniales par la loi du 7 juillet 1900.
-
[45]
Aristide Dally, La France Militaire Illustrée, Paris, Librairies Larousse & Boyer Réunies, 1885, p. 294.
-
[46]
Benoît Haberbusch, « La gendarmerie coloniale au début du siècle », Revue Historique des Armées, n° 1, 2000, p. 98-107.
-
[47]
Douglas Gressieux, op.cit., p. 654. Voir aussi Jacques Weber, Les Établissements français en Inde au XIXe siècle: 1816-1914, Paris, Librairie de l’Inde, 1988.
-
[48]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Note n° 222 du gouverneur des Établissements français dans l’Inde adressée au ministre des Colonies, le 28 janvier 1916.
-
[49]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Télégramme n° 32, ministère des Colonies, le 9 mars 1916.
-
[50]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Note du gouverneur Martineau adressée au ministre des Colonies, le 21 juillet 1916 ; JOEF, 1 juillet 1916.
-
[51]
JOEF, n° 36, 8 septembre 1914.
-
[52]
Chantal Antier, op. cit.
-
[53]
Douglas Gressieux, op. cit., p. 654.
-
[54]
JOEF, n° 16, 20 avril 1915.
-
[55]
JOEF, 10 juillet 1915.
-
[56]
3 officiers, 6 sous-officiers, 6 caporaux et 2 soldats.
-
[57]
JOEF, n° 27, 1er juillet 1916.
-
[58]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Dépêche télégraphique du gouverneur Martineau au ministre des Colonies, le 8 juin 1917.
-
[59]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Note du gouverneur Martineau, adressée au Directeur du service de l’Océan Indien, le 26 septembre 1917.
-
[60]
JOEF, n° 27, 6 juillet 1918.
-
[61]
La capitale du Bengale. Le Bengale n’a pas recouvert exactement la même zone au fil des siècles, et désigne une zone géographique de l’est du sous-continent indien, dont la langue est le bengali, parlée par le principal groupe ethnique du Bengale, partagé aujourd’hui entre l’Inde et le Bangladesh.
-
[62]
Voir Claude Markovits (dir.), Histoire de l’Inde moderne, 1480-1950, Paris, Fayard, 1994 ; « L’Inde britannique ou « le joyau de la Couronne » », Clio ; pour découvrir les mondes et ses cultures, http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/pdLpdf_l_inde_britannique_oule_joyau_de_la_couronne_.pdf ; Voir aussi Prithwindra Mukherjee, Les racines intellectuelles du mouvement d’indépendance de l’Inde (1893-1918), Talmont-Saint-Hilaire, Éditions Codex, 2010.
-
[63]
Lord Curzon, vice-roi des Indes, divisa le Bengale en deux provinces. L’objectif était d’étouffer l’agitation politique qui y prenait naissance et de dresser la partie orientale, dominée par les musulmans contre l’occidentale, à majorité hindoue. La partition de l’Inde en 1947 est le fruit de cette politique du « diviser pour régner » ; le Bengale oriental deviendra d’abord le Pakistan oriental ensuite un État indépendant: le Bangladesh en 1971.
-
[64]
Voir note 22.
-
[65]
Sailendra Nath Sen, Chandernagore: From Boundage to Freedom, 1900-1955, New Delhi, Primus Books, 2012, p. 7-39.
-
[66]
Sailendra Nath Sen, op. cit., p. 8.
-
[67]
L’arrestation et l’emprisonnement de Charu Chandra Roy en juin 1908, un « sujet » français de Chandernagor, accusé de complot contre l’autorité anglaise. Voir-Sailendra Nath Sen, op. cit., p. 7-39 ; Georgette David, « Chandernagor et le swadeshisme au début du xxe siècle : L’affaire Charu Chandra Roy », Revue française d’histoire d’outre-mer, vol. 78, n° 290, 1991, p. 89-103.
-
[68]
S. Geetha, Society and Politics in French India : Merger and Anti-Merger Alignements in the Mid-Twentieth Century, Thèse de doctorat, G. Chandhrika (directeur de thèse), Université de Pondichéry, 2008, p. 65.
-
[69]
Sailendra Nath Sen, op.cit. Moti Lal Roy (1882-1959), un réformateur social, crée en 1920 le « Prabartak Samgha », un lieu d’entraînement au combat spirituel. Durant les années 1910, sa maison, située à Boraichanditola, était le lieu de rassemblement des révolutionnaires.
-
[70]
Aurobindo Ghose, Arun Chandra Dutt, Light to Superlight: Unpublished Letters of Sri Aurobindo, Calcutta, Prabartak Publishers, 1972, p. 70.
-
[71]
Sailendra Nath Sen, op. cit., p. 349. Lt. col. L.H. Muhammad, “Bengali Volunteers of Chandanagar in the French Army”, in War and Colonies, 1914-1918, Actes de la Conférence Internationale, Alliance Française de Dhaka, 25 et 26 février 2014, Senate Hall, University of Dhaka, Bangladesh. (Communication orale).
-
[72]
Id.
-
[73]
Id.
-
[74]
Id.
-
[75]
Cet affrontement entre colonisés et Britanniques dans le contexte de l’Inde du temps des « lanciers du Bengale » est un tournant décisif tant pour les Indes que pour l’impérialisme européen. Voir James Mc Cearney, La révolte des Cipayes, Paris, J. Picollec, 1999.
-
[76]
Voir Vincent Joly, « Races guerrières » et masculinité en contexte colonial. Approche historiographique », Clio. Femmes, Genre, Histoire [En ligne], 33-2011, p. 139-156; voir aussi David E. Omissi, The Sepoy and the Raj: the Indian Army, 1860-1940, London, Palgrave Macmillan, 1998.
-
[77]
Sugata Bose, His Majesty’s Opponent: Subhas Chandra Bose and India’s struggle against Empire, Cambridge, Mass. Harvard University Press, 2011, p. 32. Pendant la Grande Guerre, plus de mille Bengalis ont été envoyés en Angleterre pour remplacer les matelots anglais. Susan Fox, The New Cockney: New Ethnicities and Adolescent Speech in the Traditional East End of London, London, Palgrave Macmillan, 2015, p. 23.
-
[78]
Message and Mission of Prabartak Samgha, (Rapport sur les activités de l’Organisation Prabartak Samgha), sans auteur, Chandernagor, édité par l’Organisation Prabartak Samgha, 1970.
-
[79]
Voir Budheswar Pati, India and the First World War 1914-1918, New Delhi, Atlantic Publishers and Distributors, 1996, p. 7-29 ; Santanu Das, “Ardour and Anxiety: Politics and Literature in the Indian Homefront”, dans Heike Liebau, et alii. (eds), (dir.), The World in World Wars : Experiences, Perceptions and Perspectives from Africa and Asia, Leiden, Brill, p. 341-368.
-
[80]
Les Annales Coloniales, 8 décembre 1910.
-
[81]
Uma Mukherjee, Two Great Indian Revolutionaries: Rash Behari Bose & Jyotindra Nath Mukherjee, Calcutta, Dey’s Publishing, 2004, p. 64.
-
[82]
Amrita Bazar Patrika, Dainik Basumati, 18 avril 1916, Bengalee, 19 avril 1916. “Indian Subjects and the War. Should not more be utilized!”, The Evening Post, 26 December, 1916.
-
[83]
Santanu Das, “Ardour and Anxiety: Politics and Literature in the Indian Home-front”, art. cit., p. 366.
-
[84]
Santanu Das, L’Inde dans la Grande Guerre, Les Cipayes sur le front de l’Ouest, op. cit., P. 12.
-
[85]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Note du gouverneur des Établissement français de l’Inde au ministre des Colonies, le 17 mars 1916.
-
[86]
BDIC, F delta 0884/23, Fonds du Bureau d’études de la presse étrangère, Inde Française, Note de la Section d’Etudes et de Documentation du Service d’Information et de Presse, 20 février 1924, p. 2.
-
[87]
Landrecies, ville natale de Dupleix, dévastée par la guerre, a été adoptée dès 1918 par la ville de Chandernagor dont le Conseil général lui a alloué une forte subvention annuelle de 5 000 roupies en 1921 ainsi que divers dons des particuliers. Les Annales Coloniales, 17 août 1921.
-
[88]
Marc Gaborieau, « L’Inde de 1919 à 1941: nationalismes, “communalisme” », prosélytisme et fondamentalisme », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, n° 95-98, 2002, p. 111-125.
-
[89]
Des journaux locaux – comme Soujanaranjany, Vijaya, Balabarati, Darma, Suryodayam et Swadesamitran publiés en Podichéry, Nyayabhimani à Karaikal et Swadin Bharat, un journal antibritannique en Chandernogor – jouent un rôle important dans l’intensification d’un sentiment anti-européen. S. Geetha, op.cit., p. 63.
Pour l’indépendance des comptoirs français de l’Inde, voir Patrick Pitoëf, « L’Inde française en sursis. 1947-1954 », Revue française d’histoire d’outre-mer, vol. 78, n° 290, 1991, p. 105-131; Jacques Weber, « Vers l’abandon », dans Pondichéry et les comptoirs de l’Inde après Dupleix : La démocratie au pays des castes, Paris, Denoël, 1996, p. 323-427 ; Georges Chaffard, « L’abandon des comptoirs de l’Inde », dans Les Carnets secrets de la décolonisation I, Paris, Calmann-Lévy, 1965, p. 199-249. -
[90]
Douglas Gressieux, op. cit., p. 656.
-
[91]
S. Geetha, op.cit., p. 67.
-
[92]
D’après B. Krishnamurthy, « Il y a une pluralité de mouvements de libération et non pas un seul mouvement d’indépendance en Inde, car l’Inde devait affronter trois puissances coloniales différentes suivant des tactiques différentes (par un mouvement de masse dans le cas d’Inde britannique, par le règlement pacifique et négocié pour l’Inde française et par le « spectacle » de la force concernant l’Inde portugaise. « De Bruxelles à Bandung : l’anticolonialisme de Jawaharlal Nehru », Revue Française d’histoire des idées politiques, n° 42, 2e sem., 2015, p. 13-46.
-
[93]
En 1916, une baisse du recrutement est constatée en AOF en raison, entre autres, de l’aménagement de l’abaissement de la taille à 1,62 ou même 1,58 m. Les mesures, parfois plus généreuses à l’engagement pour les « originaires » que pour les « indigènes », provoquent aussi des révoltes. Chantal Antier-Renaud, Les soldats des colonies dans la Première Guerre mondial, Rennes, Éditions Ouest-France, 2008, p. 36.
-
[94]
Victor Basquel, Alcide Delmont, Le Livre d’or de l’effort colonial français pendant la Grande guerre 1914-1918, Paris, Institut Colonial Français, Lavauzelle, t. I, 1922, p. 66-69. Voir également le site « Mémoire des Hommes », la base de données des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale, ministère de la Défense, Paris.
-
[95]
ANOM, COL 1 AFF-POL 807, Délivrance des Cartes du Combattant, Note du Président du Comité d’Administration de l’Office National du Combattant, adressée au ministre des Colonies, 17 mars 1932.
-
[96]
ANOM COL 1 AFF-POL 1451, Lettre du Président Poincaré au ministre des Colonies, 19 mai 1919.
-
[97]
Le Mémorial indien de Neuve-Chapelle à Richebourg, inauguré le 7 octobre 1927 en présence du maréchal Foch, rend un hommage poignant à tous les soldats indiens qui ont combattu pendant la Première Guerre mondiale.
1La contribution de l’Inde française à la Première Guerre mondiale, même très modeste par rapport à celle de l’Inde britannique [1], est très peu abordée dans les études consacrées aux rapports entre la Grande Guerre et les colonies, et lorsque cette expérience est mentionnée, dans des articles ou des chapitres de livres, elle est le plus souvent reléguée au registre des « Vieilles colonies » [2], et se limite à quelques brèves lignes. La raison de ce désintérêt réside peut-être dans la très faible contribution de l’Inde française à la guerre. D’autant que les efforts des colonies sont longtemps restés « ignorés ou occultés par d’autres questionnements dans les études historiques sur ce premier conflit mondial » [3]. Le centenaire de la Grande Guerre redonne aujourd’hui sa dimension mondiale au conflit, « les regards se déplacent pour une écriture polyphonique sur les implications des troupes coloniales et les retentissement de la guerre sur l’Empire » [4]. L’historiographie anglo-saxonne a fait l’objet d’importants travaux de recherches sur la participation de l’Inde à la Grande Guerre [5] ; mais ils restent encore relativement peu nombreux [6].
2Parmi les 38 000 incorporés des vieilles colonies, dont 30 000 sont venus en Europe, les comptoirs de l’Inde, en particulier Pondichéry, ne comptent que près de 800 hommes [7], parmi lesquels près de 200 volontaires [8]. Ce chiffre est très faible au regard du nombre de soldats venus des autres territoires de l’Empire français et du total des habitants des Établissements français de l’Inde (272 000 dont 225 000 appartenant à la population d’origine indienne [9]). Néanmoins, pour ces populations, la conscription n’est obligatoire qu’à partir de 1915. Se sentent-ils alors concernés par cette obligation, toute neuve pour eux ? Il y a certes un élan, présent dans les revendications d’une partie de la population et notamment décrit par le gouverneur Martineau [10] dans ses notes.
3À partir d’archives diverses et des journaux officiels, l’article analyse tout d’abord le contexte dans lequel s’est déroulé l’appel – de mobilisés ou de volontaires – à la population des Établissements français de l’Inde. On se penchera en particulier sur le cas des 26 volontaires de Chandernagor qui s’engagent dans l’armée française à titre personnel. Quelles furent les raisons de leur enrôlement en un moment où les revendications nationalistes commençaient à se répandre dans l’Inde française ? Cet élan est-il généralisé dans les comptoirs ? Tel ne fut pas le cas. Malgré les avantages financiers offerts, le volontariat ne remporte, en effet, pas le succès escompté dans les Établissements français. Restent donc à élucider les raisons de la faible participation de l’Inde française à l’effort de guerre.
1. La situation des Établissements français de l’Inde après la déclaration de guerre
4En 1914, l’Inde française, possession française depuis plus de deux siècles, se compose de dépendances isolées les unes des autres, et se limite à cinq comptoirs : Pondichéry, Karikal, Mahé, Yanaon et Chandernagor, ainsi qu’à douze loges [11], situées au nord de l’Inde et au Bengale [12]. La superficie des comptoirs est de 51 281 hectares (510 km2) et compte environ 272 000 habitants dont environ 60 000 à Pondichéry, et ils sont éparpillés dans l’empire des Indes Britanniques.
5Sur le plan administratif, l’organisation de ces cinq comptoirs s’applique à des populations de mœurs et de langues très différentes : Bengali à Chandernagor, Télougou à Yanaon, Tamoul à Pondichéry et Karikal, et Malayalam à Mahé. Les Établissements français de l’Inde sont placés sous l’autorité d’un gouverneur des colonies dotés d’un conseil général qui siège à Pondichéry, capitale des Établissements, et comprend 28 membres : 12 à Pondichéry, 8 à Karikal, 4 à Chandernagor, 2 à Mahé et 2 à Yanaon. Chaque dépendance a un conseil local et les 17 communes de la colonie ont chacune un conseil municipal. Les Établissements sont représentés à l’Assemblée nationale par un député (1871) [13] et un sénateur (1875). Le gouverneur garde la haute main sur toutes les affaires de la colonie, qui relèvent plus particulièrement des chefs d’administration placés à la tête de chaque dépendance.
6À la veille de la guerre, ces comptoirs ne sont que de modestes enclaves dans ce vaste empire anglo-indien, mais qui ont leur valeur en tant que comptoirs de commerce. Les résultats budgétaires des douze années de 1910 à 1921 [14] montrent bien la prospérité de ces établissements français (voir tableau 1).
7Après la déclaration de guerre, diverses mesures réglementaires d’ordre économique, financier et social – relatives à la création d’indemnités pour charges familiales ; aux allocations, pendant la durée de la guerre ; d’indemnité aux familles des militaires appelés sous les drapeaux ; à la solde des troupes coloniales et métropolitaines, etc. – recommandées à l’ensemble des colonies, ont été appliquées dans les Établissements français par l’arrêté du 22 novembre 1914 [15], comme d’autres décisions importantes, telle la fixation de prix maximum de vente des denrées de première nécessité indispensables à l’alimentation, en vue de prévenir leur accaparement. Selon les prescriptions du département des colonies, le gouvernement français est représenté par le gouverneur de l’Inde qui a la faculté d’appliquer ou non le moratorium [17] dans les Établissements. Cette mesure n’a pas été mise en œuvre [18]. Aucun incident n’a été signalé en ce qui concerne la promulgation du décret du 22 août 1914 tendant à réprimer les indiscrétions de la presse en temps de guerre. Quant à la situation budgétaire, le Gouverneur n’a remarqué aucun trouble.
Tableau 1. Excédents budgétaires des Établissements français
Tableau 1. Excédents budgétaires des Établissements français
[16]8Le comportement de la population indienne après le début de guerre est tout aussi calme : « La tranquillité dans l’Inde n’a pas été un instant troublée jusqu’ici par l’état de guerre qui existe entre l’Angleterre et la Turquie » [19]. En revanche, le comportement des habitants d’origine européenne s’accorde avec celui de leurs compatriotes en Europe « entre enthousiasme et résignation » [20]. Aux dires du gouverneur Alfred Martineau :
Quand au mois d’août 1914 la mobilisation générale fut décrétée en France, un grand frisson secoua la nation. Elle n’avait pas voulu la guerre, bien mieux, elle ne l’avait pas cru possible, et cependant l’Allemand la lui imposait. Chacun comprit alors que les destinées du pays allaient se jouer à cette heure décisive, et sans cris, sans vaine jactance, mais grave et conscient du devoir à remplir, se rendit à son poste de combat. [21]
10Les tensions liées aux élections locales [22] qui agitaient les comptoirs s’apaisent pendant la durée de la guerre, et toute la population se rallie alors à l’Union sacrée devant la patrie en danger. Dès septembre 1914, les comptoirs ont dû se préparer à une éventuelle attaque du croiseur allemand Emden, de 3 500 tonneaux avec environ 300 hommes d’équipages, qui se dirigeait, après avoir paralysé le commerce du golfe du Bengale et bombardé les réservoirs à pétrole de Madras, vers le sud. Ils ne possédaient aucune force armée. Afin de s’opposer aux premières tentatives de débarquement d’Emden, un corps de volontaires de la ville de Goudelour et de Villapuram se met à la disposition du gouverneur pour renforcer 200 hommes de la gendarmerie indigène des cipayes militarisés [23]. Le gouverneur Martineau souligne dans sa note, adressée au ministre des Colonies, l’esprit de discipline patriotique de ces gens face à la menace de l’Emden [24]. Mais le navire ennemi ne s’est pas rapproché de la côte de Coromandel, au grand soulagement de la population de Pondichéry, probablement en raison de la présence à proximité des croiseurs anglais et japonais qui le poursuivaient. Il est finalement démoli par le croiseur australien le Sydney le 9 novembre dans l’océan Indien, au large des îles Cocos.
2. La mobilisation et l’engagement des soldats [25]
11La mobilisation générale, proclamée le 2 août 1914, révèle un manque crucial d’effectifs français pour faire face à l’offensive allemande. Le recours au « réservoir d’hommes » des colonies apparaît comme le seul moyen de remédier à cette insuffisance d’hommes. Les mesures se succèdent pour autoriser l’anticipation des incorporations et des décrets spéciaux ont permis à la France, entre 1913 et 1915, de recruter librement dans son Empire [26]. D’après le rapport publié en décembre 1924 du député des Lyons de Feuchin, le nombre d’engagés volontaires « indigènes », en comptant les travailleurs coloniaux a été de 805 716 hommes, mais tous les historiens ne sont pas convaincus de l’authenticité de ces chiffres [27].
12Les Hindous des comptoirs français de l’Inde ont aussi été incorporés. Pour mieux comprendre les modes de recrutement des soldats, appel ou engagement, c’est-à-dire conscription ou volontariat, il est important de situer les Établissements français de l’Inde dans leur contexte colonial du début du xxe siècle, avec un statut, des droits et devoirs différents pour ses habitants. La population de ces comptoirs indiens est divisée en trois catégories : Européens et Créoles (descendants d’Européens de l’Inde et des vieilles colonies), renonçants et non-renonçants [28]. Ces termes désignent les Hindous qui ont renoncé à leur statut personnel, ce qui signifie pour eux l’abandon de leur identité personnelle, régie par leur religion et les règles de leur société traditionnelle, et leur soumission à la législation française par le décret du 21 septembre 1881. Par cette renonciation à leurs droits précédents, au statut personnel, ces Indiens sont régis, ainsi que leurs femmes et enfants mineurs, par les lois civiles et politiques applicables aux Français de la colonie. Les renonçants passent alors du statut de sujet à celui de citoyen français. Les non renonçants désignent ceux qui conservent leur statut brahmanique.
13Les renonçants sont donc soumis, au même titre que les descendants d’Européens, aux règles de la conscription instaurée par la loi du 21 mars 1905 qui rend le service militaire applicable à toutes les colonies, instituant un service militaire universel et égalitaire pour tous. Mais, les citoyens des Établissements français de l’Inde et de l’Océanie, de la Côte des Somalis et des Comores, de Saint-Pierre-et-Miquelon, ainsi que de la plus grande partie des territoires africains sont dispensés de toutes obligations militaires. Peu nombreux, ils sont jugés indispensables pour l’administration et la mise en valeur de ces territoires. Néanmoins, les dispositions de loi de 1905 commencent à être exécutées à partir de la loi d’août 1913 [29].
14La mobilisation générale s’applique donc dans les Établissements français de l’Inde. Dans un premier temps, l’appel du contingent s’adressait surtout aux Européens et Créoles, à l’exclusion des Indiens d’origine. Le décret du 28 décembre 1916 décide que tous les hommes mobilisés, sauf ceux placés en sursis d’appel, seront dirigés sur la France et s’embarqueront sur le paquebot Dupleix attendu à Pondichéry vers le 14 janvier 1915. Tous les réservistes et territoriaux européens (classes 1893 à 1910 inclus) résidant dans les comptoirs sont mis à la disposition du ministre de la Guerre. Ils sont appelés à se présenter à l’hôpital de Pondichéry pour la visite médicale. Les hommes réformés, exemptés du service militaire ou classés dans des services auxiliaires doivent se représenter devant un conseil de révision [30].
15Le nombre des citoyens français renonçants s’élevait, en 1915, à 2 500 environ [31]. Étant donné leur faible nombre, ils n’ont pas été convoqués immédiatement. Ils n’ont pas tardé à exprimer leur mécontentement. La dépêche de l’administrateur Gaebelé Laporte en date du 30 janvier 1915, adressée au ministre des Colonies, souligne que « les renonçants protestent respectueusement contre leur exclusion dans l’appel du contingent indien et revendiquent l’honneur de verser leur sang pour la France ». Les Hindous renonçants qui se trouvaient à Singapour et en Birmanie (Rangoon) ont également répondu à l’appel, mais peu nombreux, ils sont mis en sursis d’appel [32].
16Au début de la guerre, les populations mobilisables des comptoirs, Européens et Créoles, sont au nombre de 200 hommes, mobilisés et instruits (cipayes [33] et réservistes européens). Le gouverneur de l’Inde française prescrit le 27 décembre 1915, sur l’ordre du département, le recensement des renonçants hindous des classes 1887 à 1913 et à la révision de ceux appartenant aux classes 1902, 1903, 1904 et 1905. Selon la dépêche du gouverneur en date du 20 janvier 1916, les comptoirs peuvent fournir un contingent de 400 renonçants au service de l’armée française. Le ministre des Colonies demande de les instruire sur place à Pondichéry. En 1916, tous les citoyens des établissements en âge de combattre sont recensés. Les classes de 1902 à 1905, recensées (février 1916), donnent une centaine d’hommes bons pour le service. Le recensement (avril 1916) des classes de 1906 à 1913, déjà révisées en 1911, a dénombré 602 conscrits, mais la visite a donné 236 bons pour le service armé et 366 absents. Le recensement de la classe 1917 a donné 37 conscrits dont 17 absents et celui de la classe de 1919 donne 44 conscrits [34]. Les classes 1902 à 1913 et la classe 1917 ont été appelées et envoyées en France en 1916.
17Le grand nombre de « bons absents », des hommes convoqués et ne s’étant pas soumis aux opérations de conscription, s’explique par la situation spéciale des comptoirs, enclavés dans l’immense empire anglo-indien. La plupart d’entre eux se trouvant dans les territoires anglais, ignorent leur nouvelle obligation militaire. Il était presque impossible de retrouver la majorité de ces hommes qui n’ont pas laissé d’adresse en quittant les établissements français avant l’application de la loi militaire. Ou bien s’agit-il d’un déficit d’information ?
18Tous les inscrits présents ont suivi des visites médicales très sévères afin de n’incorporer que les soldats aptes pour faire campagne en France. Une surveillance médicale renforcée s’imposait, car en septembre 1915, les autorités militaires en France ont dû renvoyer dans la colonie des hommes qui avaient cependant été reconnus aptes à servir, ce qui a occasionné de fortes dépenses.
Appel au volontariat
19Usé par les échecs des offensives d’Artois (juin 1915) et de Champagne (septembre 1915), et devant la radicalisation du conflit et la perspective de nouvelles offensives, l’importance de la mobilisation totale – humaines, matérielles et morales – se fait ressentir et le gouvernement se trouve face à une pénurie d’hommes [35]. La commission sénatoriale de l’armée insiste, dans son rapport de janvier 1916 relatif aux résultats obtenus et aux prévisions à court terme en matière d’organisation d’une « armée indigène » : « Aucune colonie ne doit manquer à l’appel de la Mère-Patrie et il n’est pas admissible que nos populations océaniennes soient exclues de la contribution militaire à la défense française » [36].
20Le décret du 12 décembre 1915 a modifié les conditions d’engagement pour la durée de la guerre, des indigènes de l’Indochine, de Madagascar, de l’Afrique équatoriale française, de la côte des Somalis, de la Nouvelle-Calédonie et des Établissements français de l’Océanie. En ce qui concerne les Indiens ayant conservé leur statut brahmanique, le décret du 30 décembre 1915 est promulgué dans les Établissements français. Ils sont liés au service par un engagement volontaire aux mêmes conditions prévues par le décret du 26 avril 1915 relatif aux Sénégalais des quatre communes qui, avant la loi du 19 octobre 1915 [37], possédant seulement la qualité de sujet français, sont néanmoins incorporés dans les unités européennes de l’Afrique Occidentale [38]. Les non-renonçants reconnus aptes au service armé sont autorisés à contracter un engagement pour la durée de la guerre. L’article 2 du décret relatif aux engagements pour la durée de la guerre des Indiens non-renonçants stipule : « Les engagés de cette catégorie seront incorporés dans des unités spéciales, rattachés administrativement, suivant les circonstances de leur utilisation ou de leur installation, soit à des corps de troupes françaises, soit à des corps indigènes ». Certaines pièces sont demandées pour contracter un engagement volontaire : demande signée par l’intéressé ; extrait de l’acte de naissance ou pièce en tenant lieu ; autorisation des parents (père, mère ou tuteur) si le candidat à l’engagement est mineur ; acte de mariage (s’il est marié) ; certificat de bonne vie et bonnes mœurs ; extrait du casier judiciaire et certificat d’aptitude au service armé délivré par le médecin-major des troupes coloniales, directeur du service de santé à Pondichéry. La constitution du dossier devient inutile si leur aptitude à servir n’est pas reconnue à l’avance. Le bureau militaire du gouvernement à Pondichéry fournit tous les renseignements nécessaires aux intéressés. Les maires de dix-sept communes des cinq comptoirs sont désignés pour recevoir les engagements volontaires des Hindous non-renonçants, tous les jours, sauf les dimanches et jours fériés. Il a été décidé d’envoyer les volontaires à Djibouti où sont stationnées les troupes, pour être incorporés.
21Les engagés volontaires sont donc liés au service de l’armée française en vertu d’un acte qui les place sur le même plan que les Français. Ils n’ont pas perçu de prime d’engagement mais ont droit aux allocations versées à l’Infanterie coloniale et les familles nécessiteuses ont droit à l’allocation journalière [39].
22Pour prévenir la population et encourager les engagements, des affiches en français et en tamoul ont été apposées dans toutes les communes de chaque comptoir. Cependant, à la fin du mois de janvier 1916, seul un très petit nombre d’indigènes s’est présenté. D’après le gouverneur Martineau :
L’ignorance des conditions offertes aux engagés a été pour beaucoup dans le peu d’empressement constaté. […] Nul doute que les engagements deviennent relativement nombreux si certains avantages (prime de 200 Fr, pension de 120 Fr. et allocations aux veuves, etc.) sont accordés aux Hindous, comme aux indigènes de l’Indochine et de l’Afrique Occidentale. On pourra espérer alors trouver, peut-être, quelques centaines d’engagés. [40]
24Il s’adresse à la population hindoue via la presse locale le 7 février 1916 :
Hindous, […] le Gouvernement de la République vient de faire appel à votre patriotisme pour fournir des recrues volontaires à l’armée française. […] L’Angleterre, vous le savez, a dû instituer le service militaire obligatoire et elle a fait appel au concours de toutes ses colonies. L’Inde lui a fourni de nombreux soldats Sikhs, Gourkas, Radjpoutes, Pathans, Birmans et autres. La France aussi a pensé que ses enfants adoptifs des colonies pourraient l’aider dans la noble tâche de libérer le monde, menacé par la barbarie allemande, plus féroce que celle des premiers âges de l’humanité […] et je peux espérer que vous viendrez en grand nombre vous enrôler pour défendre la Mère-Patrie. […] Je le souhaite pour le bon renom de l’Inde française. Vous voudrez ainsi démontrer de la façon la plus probante que la Mère-Patrie a eu raison de faire de vous des citoyens, que vous en comprenez tous les devoirs et que vous êtes prêts à tous les sacrifices en échange des droits qui vous ont été conférés. La France n’oubliera pas ceux qui l’auront servie en ce moment. [41]
26Au cours du même mois, il effectue aussi des tournées dans les communes en vue d’encourager les engagements. Les administrateurs bénéficient d’une marge d’initiative considérable en raison de la distance entre les comptoirs de l’Inde et la France – ce qui entraîne une importante lenteur des communications – et parfois une application trop tardive des principes stratégiques qu’ils reçoivent : « Le décret du 30 décembre 1915 que vous m’avez annoncé, ne m’étant pas encore parvenu, je suis en effet dans l’impossibilité de renseigner efficacement les intéressés » [42].
27Pour inciter la population musulmane, des albums de photographies de l’hôpital musulman du Jardin Colonial, de vues de tombes de tirailleurs musulmans morts pour la France et des croquis de la mosquée mise à la disposition de blessés ont été diffusés. Il s’agit de démontrer combien (ou comment) le gouvernement de la République fait bénéficier des progrès de la science et assure le respect de leur religion à tous les soldats engagés dans ses rangs [43].
Détachements d’instruction opérationnelle
28Les termes des accords en vigueur avec la Grande-Bretagne, à la suite du traité de Paris du 30 mai 1814, interdisent à la France de fortifier ses comptoirs et ne l’autorisent à y entretenir que les forces nécessaires au maintien de l’ordre. La France s’est engagée à ne disposer dans les établissements que « du nombre de troupes nécessaire pour maintenir la police ».
29À la fin du xixe siècle, dans les Établissements français de l’Inde, l’artillerie de marine des Troupes de Marine [44] comprenait un corps de cipahis de l’Inde, constitué de deux compagnies, qui admet dans ses rangs des officiers indigènes, et dont les sous-officiers et soldats sont eux aussi recrutés parmi les indigènes, par voie d’engagement volontaire. Ces deux compagnies sont réparties dans les établissements de Pondichéry, Karikal, Yanaon, Chandernagor, Mahé [45]. Des Troupes de Marine ou des formations indigènes ont fréquemment assuré la police. Ainsi, jusqu’en 1908, le corps militaire des cipahis assure seul la police dans les Établissements français de l’Inde. Le décret du 22 mai 1908 le supprime pour le remplacer par une gendarmerie indigène [46], constituées du « Corps des forces publiques », une section de gendarmerie auxiliaire indienne, chargée d’assurer la police administrative et judiciaire, et de la Compagnie des cipayes de l’Inde, encadrée par des Français de la Garde républicaine mobile et chargée de l’ordre, des services d’honneur ainsi que de la garde des bâtiments publics [47]. Ayant toujours été très superficiellement soumise au régime militaire, les ressources locales sont donc des plus modestes pour subvenir aux besoins militaires.
30En 1914, les Établissements français de l’Inde ne disposent pas d’armée proprement dite et n’ont pas de garnison. L’entraînement militaire des recrues sur place était donc une première, une démarche inédite, et elle a suscité de nombreuses difficultés. Comme l’exprime le gouverneur Martineau dans sa note en date du 28 janvier 1916, envoyée au ministre des Colonies :
Les ressources locales sont des plus modestes pour subvenir aux besoins militaires. Il faudra constituer de toutes pièces, et souvent sans modèle, le matériel, l’équipement, l’habillement des jeunes soldats. L’application de tous les règlements militaires sera, d’autre part, des plus difficiles et même parfois impossible […]. Mais la bonne volonté, du moins ne fera pas défaut, je puis vous l’affirmer [48].
32Des petits détachements sont constitués pour l’instruction et sont installés au rez-de-chaussée d’un bâtiment transformé en caserne pour suivre, dans un premier temps, un entraînement physique et militaire. L’instruction commence le 24 janvier 1916 et a été provisoirement confiée au lieutenant Poli de la gendarmerie métropolitaine, commandant des cipahis, assisté d’un maréchal des logis, d’un gendarme français et de deux cipahis. Á Pondichéry, un officier gradé, le lieutenant Gillet Prévost, et des sous-officiers (un adjudant, six sergents et fourriers, onze caporaux et soldats) viennent renforcer l’équipe chargée de l’instruction. Ils embarquent sur le paquebot Athos le 5 mars 1916 [49]. Des fusils ont été envoyés de Djibouti pour l’instruction [50].
33Quelques départs de petits contingents de volontaires et d’appelés vers la métropole ont pu être listés :
- 30 août 1914 : 12 soldats réservistes, 3 caporaux et sergents réservistes [51].
- 26 septembre 1914 : un bataillon d’Hindous des comptoirs français débarque à Marseille ; ils rejoindront les Hindous du corps britannique [52].
- février 1915 : un contingent de Créoles de la classe 1914 est envoyé en Indochine [53].
- 10 avril 1915 : de nouveaux contingents de 72 conscrits, Créoles et renonçants, des classes 1914, 1915, et 1916 [54].
- 4 juillet 1915 : 39 jeunes soldats des classes 1911, 1912, 1913, 1915, 1916, et 1917 quittent Pondichéry pour Marseille, et 9 jeunes soldats de classes 1915 et 1916 pour Saigon [55].
- 22 juin 1916 : un contingent de 387 hommes, le plus gros contingent envoyé des comptoirs, est embarqué. Parmi ceux-ci, 17 soldats sont français [56], 23 représentent les incorporés de la classe 1917, 299 les incorporés de la classe 1902 à 1913, et 48 les engagés volontaires. Le 26 juillet 1916, le paquebot Dupleix, ayant à bord 360 Hindous, sur 370 embarqués à Pondichéry le 22 juin, arrive à Marseille via Saigon [57].
- 6 juin 1917 : un contingent d’Hindous de 44 hommes de la classe 1918 et 30 réservistes embarquent sur Latouche Tréville à destination de Marseille via Saigon [58].
35Certains inscrits des Établissements français dans l’Inde obtiennent un sursis d’appel maintenu tout le temps du conflit. La mise en sursis est prononcée par le gouverneur, après avis consultatif de l’autorité militaire. La décision et la responsabilité incombent entièrement à l’autorité civile influencée par les nécessités économiques et administratives. En 1917, la loi Mourier redonne tout pouvoir de décision au ministre de la Guerre en ce qui concerne les jeunes classes. Certains fonctionnaires sont jugés indispensables, en raison de l’expérience locale qu’exige leur fonction, comme M. Budichowsky, gérant de la distillerie coloniale et M. Perrier, directeur de l’imprimerie du gouvernement. Tous deux sont de classe 1894. Les autres ont été remplacés par des fonctionnaires envoyés de France, dégagés d’obligation militaire ou ayant déjà servi depuis l’ouverture des hostilités. Des inscrits jugés inaptes par le service de santé ont été réformés. La mission de Pondichéry a aussi fourni 19 mobilisés envoyés en France [59]. La liste des hommes en sursis d’appel dans les Établissements de l’Inde, à la date du 1er juillet 1918, s’élève à 93 hommes toutes catégories confondues : service armé, auxiliaires, fonctionnaires, missionnaires.
Tableau 2. – Les hommes placés et maintenus en sursis d’appel à la date du 1er juillet 1918 [60]
Tableau 2. – Les hommes placés et maintenus en sursis d’appel à la date du 1er juillet 1918 [60]
36Les contingents sont envoyés à Saigon pour suivre ou compléter leur préparation militaire, et ont trois semaines de trajet pour atteindre Marseille. Ils sont ensuite dispersés dans différents régiments, infanerie coloniale, artillerie et services auxiliaires à l’arrière.
3. Les combattants de Chandernagor : volontaires bengalis
37La petite ville de Chandernagor, la « belle cité de Dupleix », fondé par Bureau-Deslandes en 1688, se situe au Bengale, à 30 kilomètres au nord de Calcutta [61]. Soixante-quinze jeunes Chandernagoriens se sont mis à la disposition des autorités pour le temps de la guerre. Parmi eux, vingt-six sont enrôlés dans l’armée active et envoyés sur le front français. L’un d’entre eux est mort au champ d’honneur. Ce chiffre est très faible par rapport aux 25 000 habitants environ que compte Chandernagor. Pourquoi ces jeunes Bengalis de Chandernagor s’engagent-ils ? Quelles sont les motivations ou les incitations qui poussent ces hommes sans expérience à s’enrôler dans l’armée française ? Le contexte sociopolitique du Bengale à l’époque a évidemment joué un rôle majeur.
Le contexte et les enjeux du recrutement
38Dans les années précédant la Première Guerre mondiale, le Bengale, avant-garde du tout premier mouvement nationaliste indien, était secoué par l’élément révolutionnaire qui rêvait d’anéantir la domination anglaise en Inde. Le mouvement nationaliste [62], apparu avec la création du Congrès national indien en 1885, a connu un nouveau tournant avec la partition du Bengale en 1905 [63]. Cette scission soulève une violente réaction et donne naissance au mouvement Swadeshiste qui consistait à boycotter tous les produits en provenance d’Angleterre, mouvement qui prend rapidement de l’ampleur.
39Les troubles politiques liés au contentieux électoral dans les comptoirs français [64] s’amplifient avec la partition du Bengale et le mouvement Swadeshiste. Les Chandernagoriens, surtout la jeune génération, se passionnent pour ce grand vent libérateur, et la ville devient la terre d’asile où trouvent refuge les révolutionnaires de Calcutta pourchassés par les Anglais [65]. Dans cette terre française, ils jouissent d’une paix relative et d’une certaine liberté d’action. Elle dispose aussi d’autres avantages comme un service spécial de poste ainsi que la libre circulation des armes à feu et devient un lieu de pèlerinage pour les révolutionnaires de l’Inde.
40C’est ainsi qu’en 1910, Aurobindo Ghose (1872–1950), philosophe et indépendantiste indien, désigné par l’autorité anglaise comme l’un des principaux instigateurs des troubles politiques et sociaux au Bengale, vient secrètement à Chandernagor avant de partir s’installer à Pondichery. Il est accueilli et protégé par son ami Moti Lal Roy, chef de la « bande de Chandernagor ». La flamme révolutionnaire continue de mobiliser des Chandernagoriens sous l’autorité de Moti Lal Roy et ses amis révolutionnaires comme Charu Chandra Roy (sous-directeur du Collège Dupleix), Rash Behari Bose, Chandra Ghosh, Bolai Dey, Durgadas Sett, Monindra Nath Nayek (fabricant de bombes), Basanta Benarjee [66]. Les Anglais reprochaient aux Français de ne pas contrôler les activités de ces « terroristes », et l’affaire Charu Chandra Roy [67] illustre le climat de tension qui régnait alors au Bengale entre ces deux pouvoirs coloniaux. Le déclenchement de la guerre en Europe les amène à s’entendre pour lutter ensemble contre l’ennemi commun, l’Allemagne, et l’administration française prend des mesures contre la propagande anti-anglaise. La presse étrangère n’est plus distribuée dans les Établissements français selon le décret du 22 septembre 1914 [68].
41En 1913, court la rumeur selon laquelle le gouverneur Martineau envisage de céder Chandernagor aux Anglais contre l’acquisition d’un territoire voisin de la capitale Pondichéry. Les habitants de Chandernagor s’élèvent contre toute cession et le projet échoue en 1915, en pleine guerre mondiale. Il est paradoxal de constater que lorsque souffle sur le Bengale et même Chandernagor un vent de révolte nationaliste, il n’y a pas eu le moindre signe de protestation anti-française dans cette ville [69].
42En février 1916, après l’appel du gouverneur à la population des établissements pour l’engagement volontaire, une campagne active de recrutement est menée à Chandernagor par un certain révolutionnaire qui n’est autre que Moti Lal Roy [70]. Afin d’attirer les jeunes hommes et d’organiser le recrutement des volontaires, il crée un « Comité des Citoyens » avec l’administrateur de Chandernagor, C. Vincent, nommé président et une dizaine d’autres membres, ses amis révolutionnaires. Le comité se réunit plusieurs fois en février et à la fin du mois, 18 jeunes montrent leur intérêt pour rejoindre l’armée. La réunion du 6 mars, présidée par l’administrateur Vincent, fixe les modalités de recrutement et son organisation. À la fin du mois de mars, 75 volontaires s’inscrivent. Parmi ceux-ci, 12 se retirent par la suite. Soixante-trois ont été appelés pour passer la visite médicale, mais 36 sont restés absents. Sur les 27 qui ont passé la visite médicale, 20 ont été sélectionnés pour le recrutement.
43Ces volontaires étaient âgés de 16 à 30 ans, le plus âgé étant Narendra Nath Sarker, 30 ans, et le cadet Bolai Chandra Nath, 16 ans. Moti Lal Roy est nommé représentant de ces volontaires et Haradhan Baksi chef du groupe. Les volontaires ont quitté Chandernagor le 16 avril pour Pondichéry afin de poursuivre leur entrainement militaire. Au matin du 16 avril, vêtus de kaki, têtes entourées d’un beau ruban tricolore français bleu, blanc, rouge, et en chantant Vande Mataram (signifiant « Bénie la mère patrie »), ils se sont réunis au domicile de Moti Lal Roy. Ils reçoivent les documents nécessaires de la part du chef de la police locale. Après avoir reçu les bénédictions de la déesse de la Victoire au temple de Boraichandi, les volontaires se rendent à la place de Vel-dig-dig pour faire une séance de photos-souvenirs. Ils assistent ensuite à une grande réception en leur honneur, en plein-air, au Rutton Lodge, organisée par le maire de la ville, M. Jogendra Nath Mukhopadhya. De nombreux intellectuels et représentants politiques de Calcutta – le juge Chowdhury, Raja Tagore, Jogesh Dhar, Subodh Mallik – ainsi que des hauts dignitaires français – C. Vincent, le magistrat A. Maurice, le directeur du Lycée Dupleix – étaient présents à cette occasion. Ils quittent Chandernagor dans l’après-midi du 16 avril vers 17 heures. Arrivés à la gare de Howrah à Calcutta, ils ont été chaleureusement accueillis par des dignitaires de la ville. Vers 20h30, ils partent pour Pondichéry [71]. À leur arrivée à la garnison de cette ville, après avoir été reçus à la résidence du gouverneur, leur paquetage leur a été remis. Celui-ci se compose d’un pantalon, de deux chemises, d’une paire de chaussures, d’une casquette, d’une veste et de deux serviettes. Avant de commencer leur formation, les futurs combattants sont soumis à une deuxième visite médicale. En juin, il y a eu un second groupe de volontaires. Quarante-cinq candidats s’inscrivent. Quatre se retirent, 37 sont appelés pour la visite médicale (dont 11 sont absents), et parmi les 26 restants 7 sont jugés inaptes, et 5 se retirent. Quatorze hommes sont donc sélectionnés et parmi eux, 4 sont réclamés comme sujets anglais par l’autorité anglaise, 4 absents. Finalement, 6 volontaires ont été envoyés à Pondichéry le 16 juin pour se joindre au premier groupe. Une grande cérémonie de départ est organisée à la gare de Chandernagor [72]. Les volontaires de la ville ont été versés, avec d’autres venus de l’Inde française, dans la 17e compagnie du 11e régiment d’infanterie coloniale. Ils commencent leur instruction sous le commandement du lieutenant Gillet Prévost et ont particulièrement marqué les esprits par leur audace. Prévost a fait l’éloge de ces jeunes engagés dans sa lettre envoyée à Moti Lal Roy : « Ils sont tous en bonne santé. Depuis leur arrivée à Pondichéry, je ne peux qu’apprécier leur service. Ils sont tous très bons soldats et je n’ai absolument rien à reprocher à ces jeunes. Sans exagération, ils sont ‘‘champions’’ de mon détachement » [73].
44Devant se rendre initialement à Djibouti, ces soldats sont envoyés en France, à Toulon. Ils sont formés à l’artillerie lourde, mais attachés ensuite à une batterie d’artillerie de 75. Ces volontaires ont combattu à Verdun, en Argonne, à Saint-Mihiel, à Bizerte [74].
45Pourquoi les jeunes de Chandernagor s’engagent-ils alors que leurs frères de Calcutta se révoltent contre les Anglais ? Depuis la révolte des cipayes en 1857 [75], les Bengalis, souvent accusés d’être organisés et politiquement actifs, ont été écartés de l’armée par les Britanniques. On peut avancer une première réponse. Ces Chandernagoriens voulaient donner une autre image des Bengalis qui n’ont pas la réputation d’être une race guerrière [76] comme leur compatriotes, les Rajputs, Pathans, Marathis, Sikhs, Mahrattes et Gurkhas, recrutés principalement dans le nord-ouest du pays. Les exigences de la guerre et surtout l‘exemple français incitent d’ailleurs les Anglais à mener un recrutement pour leur armée, et le « 49th Bengalee Regiment » est créé en 1917 [77]. Ainsi, en envoyant les volontaires de Chandernagor combattre sur le front, le gouvernement français leur a ouvert le chemin à la carrière militaire [78]. De même, dans l’Inde britannique, un important « marché du travail », longtemps désiré, s’ouvre aux Bengalis. Le premier engagement compose le corps d’ambulanciers du Bengale (Bengale Ambulance Corps), créé par le docteur Sarbadhikari dès le mois d’août 1914 pour envoyer des équipes médicales sur les champs de bataille. Cette unité a joué un rôle majeur dans les combats en Mésopotamie en 1915.
46Il faut aussi souligner que les hommes politiques et les intellectuels indiens [79] ont été les premiers à proclamer leur loyalisme à l’égard de la Grande-Bretagne tout en continuant à faire valoir les revendications qui leur paraissent légitimes. Les écrivains et poètes indiens – comme Gandhi, Tagore, Islam – encouragent leurs compatriotes à s’engager par des écrits, ce qui donne envie à ces jeunes Bengalis de participer à cette guerre si lointaine mais tellement présente dans les esprits. Ajoutons qu’en répondant à l’appel du gouvernement français, les volontaires souhaitent aussi être sur un pied d’égalité avec les Pondichériens, considérés comme des privilégiés.
47Il y a par ailleurs un attachement évident pour la France : lorsqu’une menace de cession du territoire vient à peser sur Chandernagor en 1910, le journal révolutionnaire Matri Boumi proteste vivement contre le projet et écrit que « les Français sont plus justes, plus polis, moins racistes que les Anglais », et il met en doute le droit du Gouverneur Martineau de faire cette cession [80]. Ces volontaires se sentent d’une certaine façon en harmonie avec les Français dont ils admirent l’idéal révolutionnaire. Les comptoirs français habitués au régime libéral, jouissant des institutions démocratiques et de la représentation parlementaire, votant leur propre budget, ne s’insurgent donc pas contre la France ; ils l’utilisent contre l’impérialisme anglais. Ainsi c’est dans un contexte politique très particulier et à l’instigation de Moti Lal Roy que les révolutionnaires de Chandernagor partent faire la guerre en France [81].
48Le départ des jeunes de Chandernagor fait la une de tous les grands journaux de Calcutta [82]. Mais, malgré cette large couverture médiatique, les volontaires n’affluent pas. Dans l’armée britannique, au contraire, les recrues ne cessent d’augmenter. La politique de recrutement menée par les Anglais est ancrée dans le contexte socio-politique et économique du pays. Le chômage de masse est l’une des causes de la révolte des jeunes, diplômés ou non, contre le pouvoir anglais. Cependant, cette même raison a été utilisée par les Anglais pour inciter ces jeunes à rejoindre l’armée britannique [83]. Selon Santanu Das : « La motivation des recrues semble avoir été un mélange de raisons financières, de traditions familiales et communautaires, de pressions sociales et d’un complexe sens de l’honneur, mais il faut aussi prendre en compte les mesures de coercition exercés par l’État colonial » [84].
5. Contribution financière des comptoirs
49L’attachement à la patrie ne se limitait pas à l’enrôlement de soldats et engagés. La ville de Chandernagor a organisé des expositions et des concerts, fait des collectes en faveur des œuvres de guerre et a rassemblé la somme de 68 580 francs. En janvier 1916, l’exposition d’art bengali a dépassé toutes les espérances et les comptes définitifs de cette manifestation artistique s’élèvent à la somme de 7 585 francs [85]. Une souscription pour un emprunt de guerre, organisée par l’administrateur C. Vincent au profit des blessés français, a réussi à rassembler un total de 217 000 francs provenant exclusivement de la population indigène de Chandernagor. De 1914 à 1917, les contributions fournies à la Métropole par la colonie se sont élevées à 319 000 francs environ pour frais de guerre ou pour entretien de malades et blessés [86]. Les comptoirs ont également fourni une quantité importante de ricine (graines et huile) de 2 668 tonnes, destinée aux services aéronautiques [87].
En guise de conclusion
50Si la Première Guerre mondiale a mobilisé peu d’hommes, elle néanmoins eu un rôle dans le développement des consciences indiennes aussi bien dans l’empire britannique que dans les possessions françaises : « La revendication d’autonomie des Indiens a débouché sur l’indépendance plus vite qu’on ne pouvait l’imaginer à l’issue de la Première Guerre mondiale. Ces deux décennies ont largement conditionné l’avenir » [88]. La lutte pour l’indépendance menée par le peuple indien a aussi réveillé le sentiment national dans les territoires français de l’Inde [89]. Les activités antibritanniques menées par des révolutionnaires ont pour conséquence le renforcement ou l’acquisition d’une nouvelle conscience politique. Dès 1925, de petits groupes nationalistes se forment à Pondichéry avec le grand poète dravidien Bharithi Dasan, à Karikal et Mahé [90]. Dans les années d’après-guerre, une forte demande se fait sentir en faveur de meilleures conditions socio-économiques et politiques. Les revendications sont nombreuses : renvoi des dirigeants corrompus et justice pour tous ; réforme électorale, en particulier, suppression de deux listes électorales en place ; nombre de sièges égal au conseil local ; suffrage universel pour les hommes et les femmes ; réduction drastique des salaires des fonctionnaires (qui absorbent 53 % du budget global en 1922), etc. [91]. Les comptoirs français de l’Inde ont aussi vécu de longues phases de tensions liées aux élections locales, cependant cela n’a jamais déclenché un vaste mouvement anticolonial [92].
51Malgré l’exemple de ces engagés, très minoritaires, il n’en reste pas moins que malgré la paix relative qui règne dans les comptoirs de l’Inde, surtout à Chandernagor, la population n’a pas largement répondu à l’appel au volontariat. Le désintérêt pour l’engagement, dans les comptoirs français de l’Inde, est-il attribuable au manque d’information concernant les possibilités d’engagement et les avantages matériels ? On ne peut exclure l’influence possible d’autres facteurs tels que les critères sévères de sélection en ce qui concerne l’aptitude physique [93], la lenteur de communication et le coût du transport des soldats dus à l’éloignement des comptoirs, etc.
52Il est vrai que l’attachement à la « mère-patrie », tant décrit dans les journaux ou clamé par l’autorité locale, n’est peut-être qu’une revendication des élites locales. Le sentiment patriotique des Indiens, souligné par le gouverneur Martineau, ne concerne en réalité qu’une petite partie de la population, celle qui est restée en contact avec l’administration coloniale. C’est aussi elle qui éprouve le besoin de faire le service militaire, y voyant un moyen d’existence et d’ascension sociale.
53Les Établissements français de l’Inde comptent, environ 800 recrutés, 500 combattants et 75 morts dont une trentaine a obtenu la mention « Mort pour la France », comme l’engagé volontaire bengali Monoronjon Das qui décède à Bizerte le 24 avril 1917. Douze soldats ont été cités à l’ordre de l’armée dont 3 médailles militaires, 2 croix de guerre et 2 croix de guerre avec palme [94].
54La France n’a pas oublié ces « indigènes », la loi sur les pensions des Européens a été appliquée aux Hindous non-renonçants. Une pension de 120 francs et une allocation sont accordées aux Hindous comme aux indigènes de l’Indochine et de l’Afrique occidentale. La carte de combattant est attribuée à une centaine d’habitants dans l’Inde française [95]. Le président de la République, Raymond Poincaré, remercie la population de Chandernagor de « son loyalisme envers la Mère-Patrie » [96]. Un monument à Pondichéry, situé sur l’avenue Goubert, érigé en 1937 et inauguré le 3 avril 1938 par le gouverneur Croccicchia, honore la mémoire des soldats de l’Inde française [97] qui ont donné leur vie pour la France pendant la Première Guerre mondiale.
Mots-clés éditeurs : Volontaire, Établissements français de l’Inde, Bengale, Pondichéry, Première Guerre mondiale (1914-1918)
Date de mise en ligne : 28/06/2021
https://doi.org/10.3917/om.161.0105Notes
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[*]
Docteure en histoire, bibliothécaire, responsable des collections de périodiques à la Bibliothèque/Centre documentaire du Musée de l’Armée.
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[1]
138 698 Indiens, dont 1 923 officiers, 87 412 hommes du rang et 49 273 non-combattants ont servi en Europe entre août 1914 et décembre 1919. Santanu Das, L’Inde dans la Grande Guerre, Les Cipayes sur le front de l’Ouest, Paris, Gallimard-Ministère de la Défense-DMPA, 2014, p. 8. Rares sont les études publiées en français sur l’Inde et les Indiens pendant la Première Guerre mondiale, le livre de Santenu Das vient remplir cette lacune. Voir Douglas Gressieux, Les Troupes indiennes en France: 1914-1918, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, 2007; Claude Markovits, « Les soldats indiens au secours de la France en 1914 », Hommes et migrations, n° 1268-1269, 2007, p. 44-59.
-
[2]
Antilles, Réunion, Saint-Pierre-et-Miquelon, comptoirs de l’Inde, « Quatre Communes » de Sénégal: l’ensemble des territoires acquis par la France depuis le xviie siècle jusqu’à la troisième décennie du xixe siècle.
-
[3]
Yvan Combeau, « Les colonies de l’Océan Indien dans la Grande Guerre. Introduction », Guerres Mondiales et Conflits Contemporains, n° 255, 2014, p. 3-7.
-
[4]
En février 2014, l’Université de Dhaka sous l’égide de l’Alliance française a organisé un colloque international « War & Colonies, 1914-1918 » réunissant historiens, politologues et écrivains (allemands, bangladais, français, indiens, irlandais et américains) avec « un focus exceptionnel sur le Bengale pendant la Première Guerre mondiale, avec cinq communications dédiées » et une exposition de photographies sur les troupes coloniales britanniques et françaises issues des fonds de l’ECPAD (Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense). Yvan Combeau, article cit.
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[5]
Voir au sujet de l’Inde et de la Première Guerre mondiale la bibliographie de George Morton-Jack, The Indian Army on the Western Front: India’s Expeditionary Force to France and Belgium in the First World War, New York, Cambridge University Press, 2014 ; Vedica Kant, India and the First World War: ‘if I Die Here, who Will Remember Me?’, New Delhi, Roli Books, 2014 ; Santanu Das (ed.), Race, Empire and First World War Writing, Cambridge, Cambridge University Press, 2011 ; David E Omissi (ed.), Indian Voices of the Great War: Soldiers’ Letters, 1914-18, London, Palgrave Macmillan, 1999 ; Upendra Narayan Chakravorty, Indian Nationalism and the First World War, 1914-18: Recent Political & Economic History of India, New Delhi, Progressive Publishers, 1997; Budheswar Pati, India and the First World War 1914-1918, New Delhi, Atlantic Publishers and Distributors, 1996 ; Shyam Narain Saxena, Role of Indian Army in the First World War, New Delhi, Bhavna Prakashan, 1987. Nous ne citons pas tous les travaux en langue bengali concernant le sujet.
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[6]
En effet, cette guerre constitue d’une manière générale, dans l’histoire d’Asie « une étape qui demeure, encore aujourd’hui, sérieusement sous-évaluée et sous-étudiée », Xu Guoqi, « L’Asie », dans Jay Winter (dir.) La Première Guerre mondiale – Combats, t. 1, Paris, Fayard, 2014, p. 551.
-
[7]
Jacques Frémeaux, Les colonies dans la Grande Guerre, combats et épreuves des peuples d’outre-mer, Paris, SOTECA 14-18 éditions, 2006, p. 58.
-
[8]
Douglas Gressieux, « Les Établissements français de l’Inde de 1914 à leur cession en 1963 », dans Philippe Bonnichon, Pierre Gény, Jean Nemo, Présences françaises outre-mer (XVIe-XXIe siècles), t. 2, Science, religion et culture, Paris, Karthala, 2012, p. 654.
-
[9]
Jacques Frémeaux, op. cit., p. 15.
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[10]
En 1910, Alfred Martineau est nommé gouverneur général intérim de l’Inde française, rappelé en France en 1911 et revient à Pondichéry en novembre 1913 pour y rester jusqu’en 1918. Il fonde la Société de l’histoire de l’Inde française en 1911. Spécialiste de l’Inde française, il écrit dans sa lettre en date du 27 octobre 1916 qui accompagnait le premier numéro de la Revue historique de l’Inde française, adressée au ministre des Colonies : « […] Même dans les circonstances actuelles, il ne m’a pas paru inutile de créer un organe, qui put prouver que l’Inde française ne se recommande pas seulement à l’attention par des considérations purement politiques ».
-
[11]
Le nom de « loge » était donné, sous le régime de la Compagnie des Indes, à des factoreries ou établissements isolés comprenant une maison avec un terrain adjacent, où la France avait le droit de faire flotter son pavillon et de former des comptoirs. Dictionnaire universel théorique et pratique du commerce et de la navigation, vol. 2, Paris, Librairie de Guillaumin et Cie, 1861, p. 441.
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[12]
Sur la côte de Coromandel, Pondichéry et ses huit communes (29 145 hectares ; Karikal et ses six communes (13 515 hectares) ; sur la côte d’Orissa, Yanaon et ses aldées (1 772 hectares), la loge de Masulipatam ; sur la côte de Malabar, Mahé et son territoire (5 909 hectares) ; la loge de Calicut ; dans le Gujerate, la factorerie de Surate, et au Bengale, Chandernagor (940 hectares), les loges de Cassimbazar, Dacca, Balassore et Patna (la loge de Jougdia étant envahie par les eaux de la mer).
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[13]
La Seconde République accorde le droit d’élire un député à l’Assemblée nationale en 1848, droit révoqué au bout de deux mois, et à nouveau établi en 1871 sous la IIIe République.
-
[14]
BDIC (Bibliothèque de documentation internationale contemporaine), F delta 0884/23, Fonds du Bureau d’études de la presse étrangère, Inde Française, Note de la Section d’Études et de Documentation du Service d’information et de Presse, 20 février 1924, p. 2.
-
[15]
Journal Officiel des Établissements Français dans l’inde (JOEF), n° 47, 24 novembre 1914, p. 973-974.
-
[16]
Sur la base du taux de change pour l’année 1912 (1 roupie vaut 1, 67 francs) : Compte Administratif des recettes et des dépenses du service local pour exercice 1912 Pondichéry : Imprimerie du Gouvernement, 1914.
-
[17]
La loi du 5 août 1914, pose le principe du moratorium en autorisant le gouvernement à prendre jusqu’à la cessation des hostilités, toutes les mesures nécessaires pour faciliter ou suspendre les effets des obligations commerciales ou civils pour suspendre toutes prescriptions ou péremptions.
À la fin du mois de juillet 1914, la ruée vers les banques, et face à une pénurie de fonds disponibles dans les établissements bancaires, une série de moratoires – moratoire bancaire pour éviter les retraits massifs, moratoire sur le paiement des loyers suspendant le versement obligatoire des loyers pour tous les mobilisés – ont été adoptés pendant toute la durée de la guerre. Voir Jay Winter (dir.), La Première Guerre mondiale:États, t. II, Paris, Fayard, 2014 ; Jean-Michel Guieu, Histoire de la France contemporaine – 5, Gagner la paix, 1914-1929, Paris, Éditions du Seuil, 2015. -
[18]
ANOM (Archives nationales d’Outre-Mer), COL 1 AFF-POL 325, Sous dossier 1 : Situation de la colonie après le déclaration de guerre, S.D. (août 1914).
-
[19]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Lettre de Dejean de la Batie, Consul général de France à Calcutta, adressée à Théophile Delcassé, Ministre des affaires étrangère, le 24 décembre 1914.
-
[20]
Jacques Frémaux, « Les contingents impériaux au cœur de la guerre », Histoire, économique & société, n° 2, 2004, p. 221.
-
[21]
Dans son discours prononcé, à l’audience solennelle de la Cour d’appel de Pondichéry, le 16 novembre 1918. JOEF, n° 47, Novembre 1918.
-
[22]
Les comptoirs connaissent, de 1905 à 1911, en période électorale la vague de violence liée aux scrutins locaux. Les conseillers généraux sont élus au suffrage universel direct sur la base de deux collèges : le premier, comprenant les Européens et descendants d’Européens régis par l’état civil français, et le second les Indigènes régis par leur statut personnel. Le premier ne compte guère que cinq cents électeurs mais nomme 14 des 25 conseillers généraux, tandis que les électeurs indigènes, environ cent fois plus nombreux, n’en désignent que 11. Les conseillers municipaux sont élus au scrutin de liste mais un certain nombre de sièges sont de droit réservés aux les Européens et descendants d’Européens. Des fraudes électorales massives et violences entre ces deux collèges, en particulier à Karikal, conduisent à une paralysie des instances politiques. C’est dans ce contexte que Martineau est rappelé en France en 1911. Voir Damien Deschamps, « En attendant le vote des indigènes. L’administration coloniale l’analyse des pratiques électorales dans les Établissements français de l’Inde », Outre-mers. Revue d’Histoire, vol. 90, n° 338, 2003, p. 109-131 ; Douglas Gressieux, op. cit., p. 654.
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[23]
ANOM COL 1 AFF-POL 325, Note du Gouverneur des Établissements français de l’Inde au ministre des Colonies, le 12 octobre 1914.
-
[24]
ANOM COL 1 AFF-POL 325, Note du 12 octobre 1914, arrivée au ministère le 23 octobre 1914, n° 820.
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[25]
Pour cette partie de l’article, nous nous appuierons essentiellement sur les sources d’archives nationales d’outre-mer et Journal Officiel des Établissements français dans l’Inde.
-
[26]
Chantal Antier, « Le recrutement dans l’empire colonial français 1914-1918 », Guerres Mondiales et Conflits Contemporains, 2008, n° 230, p. 23-36.
-
[27]
Idem, p. 35.
-
[28]
La France, n’ayant pas voulu supprimer brutalement les institutions indigènes, a ainsi maintenu les statuts personnels, et souhaite opérer une pénétration progressive du Code civil. Mais en voulant respecter les coutumes locales, elle met en place une catégorisation des Français : « citoyens » (très souvent appelés « citoyens français »), « indigènes », « renonçants », c’est-à-dire les indigènes ayant renoncé à leur statut personnel en se plaçant sous l’égide du Code civil. Anne Girollet, « Spécialité législative et discrimination : une application inégale des principes républicains dans les colonies françaises (xixe-xxe siècles) », dans Éric Gojosso, David Kremer, Arnaud Vergne, (dir.), Les colonies. Approches juridiques et institutionnelles de la colonisation de la Rome antique à nos jours, Poitiers, LGDJ, Presses universitaires de l’Université de Poitiers, 2014.
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[29]
Jacques Frémeaux, op. cit., p. 33 ; Voir aussi Benoît Haberbusch, «Un espace stratégique ? L’empire colonial français à la veille de la Première Guerre mondiale », Revue historique des armées, 2014, n° 274 –1, p. 38-48.
-
[30]
JOEF, n° 52, 29 décembre 1914.
-
[31]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Dossier : Incorporation des Hindous renonçants et non-renonçants 1915-1917, Note du gouverneur des Établissements Français dans l’Inde, adressée au ministre des Colonies, le 9 mars 1916
-
[32]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Dossier : Incorporation des Hindous renonçants et non-renonçants 1915-1917, Dépêche télégraphique du gouverneur, le 28 juin 1916.
-
[33]
Du perse « sipahi », signifiant fantassin.
-
[34]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Dossier : Incorporation des Hindous renonçants et non-renonçants 1915-1917.
-
[35]
C’est d’ailleurs en 1915, au cours de laquelle les français commencent à employer le terme « Grande Guerre ». Stéphane Audoin-Rouzeau, « 1915 : enlisement », dans Jay Winter (dir.), La Première Guerre Mondiale. Combats, op. cit., p. 79.
-
[36]
Pour l’Afrique du Nord, l’Afrique Occidentale Française (AOF), l’Afrique Équatoriale française, Madagascar, la Côte des Somalis, l’Indochine, l’Inde française et l’Océanie. Service Historique de la Défense (SHD), Vincennes, 7 N 2121, Commission sénatoriale de l’Armée au ministre des Colonies et au ministre de la Guerre, janvier 1916.
-
[37]
La loi du 19 octobre 1915 permet de recruter les ressortissants des quatre communes dans les unités françaises en tant qu’ « originaires ».
-
[38]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Lettre du ministre des Colonies, René Besnard, au député de l’Inde, Paul Bluysen, au sujet de la situation des veuves des Indiens non-renonçants, en ce qui concerne le droit aux pensions, le 26 septembre 1917.
-
[39]
JOEF, n° 16, 15 avril 1916.
-
[40]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Note n° 222 du Gouverneur des Établissements français dans l’Inde adressée au ministre des Colonies, le 28 janvier 1916.
-
[41]
JOEF, 2e partie, n° 7, 12 Février 1916, p. 255.
-
[42]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Note n° 222 du Gouverneur des Établissements français dans l’Inde adressée au ministre des Colonies, le 28 janvier 1916.
-
[43]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Lettre du gouverneur Martineau adressée au ministre des Colonies, le 24 mars 1916.
-
[44]
Les Troupes de la Marine prennent le nom de Troupes coloniales par la loi du 7 juillet 1900.
-
[45]
Aristide Dally, La France Militaire Illustrée, Paris, Librairies Larousse & Boyer Réunies, 1885, p. 294.
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[46]
Benoît Haberbusch, « La gendarmerie coloniale au début du siècle », Revue Historique des Armées, n° 1, 2000, p. 98-107.
-
[47]
Douglas Gressieux, op.cit., p. 654. Voir aussi Jacques Weber, Les Établissements français en Inde au XIXe siècle: 1816-1914, Paris, Librairie de l’Inde, 1988.
-
[48]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Note n° 222 du gouverneur des Établissements français dans l’Inde adressée au ministre des Colonies, le 28 janvier 1916.
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[49]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Télégramme n° 32, ministère des Colonies, le 9 mars 1916.
-
[50]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Note du gouverneur Martineau adressée au ministre des Colonies, le 21 juillet 1916 ; JOEF, 1 juillet 1916.
-
[51]
JOEF, n° 36, 8 septembre 1914.
-
[52]
Chantal Antier, op. cit.
-
[53]
Douglas Gressieux, op. cit., p. 654.
-
[54]
JOEF, n° 16, 20 avril 1915.
-
[55]
JOEF, 10 juillet 1915.
-
[56]
3 officiers, 6 sous-officiers, 6 caporaux et 2 soldats.
-
[57]
JOEF, n° 27, 1er juillet 1916.
-
[58]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Dépêche télégraphique du gouverneur Martineau au ministre des Colonies, le 8 juin 1917.
-
[59]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Note du gouverneur Martineau, adressée au Directeur du service de l’Océan Indien, le 26 septembre 1917.
-
[60]
JOEF, n° 27, 6 juillet 1918.
-
[61]
La capitale du Bengale. Le Bengale n’a pas recouvert exactement la même zone au fil des siècles, et désigne une zone géographique de l’est du sous-continent indien, dont la langue est le bengali, parlée par le principal groupe ethnique du Bengale, partagé aujourd’hui entre l’Inde et le Bangladesh.
-
[62]
Voir Claude Markovits (dir.), Histoire de l’Inde moderne, 1480-1950, Paris, Fayard, 1994 ; « L’Inde britannique ou « le joyau de la Couronne » », Clio ; pour découvrir les mondes et ses cultures, http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/pdLpdf_l_inde_britannique_oule_joyau_de_la_couronne_.pdf ; Voir aussi Prithwindra Mukherjee, Les racines intellectuelles du mouvement d’indépendance de l’Inde (1893-1918), Talmont-Saint-Hilaire, Éditions Codex, 2010.
-
[63]
Lord Curzon, vice-roi des Indes, divisa le Bengale en deux provinces. L’objectif était d’étouffer l’agitation politique qui y prenait naissance et de dresser la partie orientale, dominée par les musulmans contre l’occidentale, à majorité hindoue. La partition de l’Inde en 1947 est le fruit de cette politique du « diviser pour régner » ; le Bengale oriental deviendra d’abord le Pakistan oriental ensuite un État indépendant: le Bangladesh en 1971.
-
[64]
Voir note 22.
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[65]
Sailendra Nath Sen, Chandernagore: From Boundage to Freedom, 1900-1955, New Delhi, Primus Books, 2012, p. 7-39.
-
[66]
Sailendra Nath Sen, op. cit., p. 8.
-
[67]
L’arrestation et l’emprisonnement de Charu Chandra Roy en juin 1908, un « sujet » français de Chandernagor, accusé de complot contre l’autorité anglaise. Voir-Sailendra Nath Sen, op. cit., p. 7-39 ; Georgette David, « Chandernagor et le swadeshisme au début du xxe siècle : L’affaire Charu Chandra Roy », Revue française d’histoire d’outre-mer, vol. 78, n° 290, 1991, p. 89-103.
-
[68]
S. Geetha, Society and Politics in French India : Merger and Anti-Merger Alignements in the Mid-Twentieth Century, Thèse de doctorat, G. Chandhrika (directeur de thèse), Université de Pondichéry, 2008, p. 65.
-
[69]
Sailendra Nath Sen, op.cit. Moti Lal Roy (1882-1959), un réformateur social, crée en 1920 le « Prabartak Samgha », un lieu d’entraînement au combat spirituel. Durant les années 1910, sa maison, située à Boraichanditola, était le lieu de rassemblement des révolutionnaires.
-
[70]
Aurobindo Ghose, Arun Chandra Dutt, Light to Superlight: Unpublished Letters of Sri Aurobindo, Calcutta, Prabartak Publishers, 1972, p. 70.
-
[71]
Sailendra Nath Sen, op. cit., p. 349. Lt. col. L.H. Muhammad, “Bengali Volunteers of Chandanagar in the French Army”, in War and Colonies, 1914-1918, Actes de la Conférence Internationale, Alliance Française de Dhaka, 25 et 26 février 2014, Senate Hall, University of Dhaka, Bangladesh. (Communication orale).
-
[72]
Id.
-
[73]
Id.
-
[74]
Id.
-
[75]
Cet affrontement entre colonisés et Britanniques dans le contexte de l’Inde du temps des « lanciers du Bengale » est un tournant décisif tant pour les Indes que pour l’impérialisme européen. Voir James Mc Cearney, La révolte des Cipayes, Paris, J. Picollec, 1999.
-
[76]
Voir Vincent Joly, « Races guerrières » et masculinité en contexte colonial. Approche historiographique », Clio. Femmes, Genre, Histoire [En ligne], 33-2011, p. 139-156; voir aussi David E. Omissi, The Sepoy and the Raj: the Indian Army, 1860-1940, London, Palgrave Macmillan, 1998.
-
[77]
Sugata Bose, His Majesty’s Opponent: Subhas Chandra Bose and India’s struggle against Empire, Cambridge, Mass. Harvard University Press, 2011, p. 32. Pendant la Grande Guerre, plus de mille Bengalis ont été envoyés en Angleterre pour remplacer les matelots anglais. Susan Fox, The New Cockney: New Ethnicities and Adolescent Speech in the Traditional East End of London, London, Palgrave Macmillan, 2015, p. 23.
-
[78]
Message and Mission of Prabartak Samgha, (Rapport sur les activités de l’Organisation Prabartak Samgha), sans auteur, Chandernagor, édité par l’Organisation Prabartak Samgha, 1970.
-
[79]
Voir Budheswar Pati, India and the First World War 1914-1918, New Delhi, Atlantic Publishers and Distributors, 1996, p. 7-29 ; Santanu Das, “Ardour and Anxiety: Politics and Literature in the Indian Homefront”, dans Heike Liebau, et alii. (eds), (dir.), The World in World Wars : Experiences, Perceptions and Perspectives from Africa and Asia, Leiden, Brill, p. 341-368.
-
[80]
Les Annales Coloniales, 8 décembre 1910.
-
[81]
Uma Mukherjee, Two Great Indian Revolutionaries: Rash Behari Bose & Jyotindra Nath Mukherjee, Calcutta, Dey’s Publishing, 2004, p. 64.
-
[82]
Amrita Bazar Patrika, Dainik Basumati, 18 avril 1916, Bengalee, 19 avril 1916. “Indian Subjects and the War. Should not more be utilized!”, The Evening Post, 26 December, 1916.
-
[83]
Santanu Das, “Ardour and Anxiety: Politics and Literature in the Indian Home-front”, art. cit., p. 366.
-
[84]
Santanu Das, L’Inde dans la Grande Guerre, Les Cipayes sur le front de l’Ouest, op. cit., P. 12.
-
[85]
ANOM, COL 1 AFF-POL 325, Note du gouverneur des Établissement français de l’Inde au ministre des Colonies, le 17 mars 1916.
-
[86]
BDIC, F delta 0884/23, Fonds du Bureau d’études de la presse étrangère, Inde Française, Note de la Section d’Etudes et de Documentation du Service d’Information et de Presse, 20 février 1924, p. 2.
-
[87]
Landrecies, ville natale de Dupleix, dévastée par la guerre, a été adoptée dès 1918 par la ville de Chandernagor dont le Conseil général lui a alloué une forte subvention annuelle de 5 000 roupies en 1921 ainsi que divers dons des particuliers. Les Annales Coloniales, 17 août 1921.
-
[88]
Marc Gaborieau, « L’Inde de 1919 à 1941: nationalismes, “communalisme” », prosélytisme et fondamentalisme », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, n° 95-98, 2002, p. 111-125.
-
[89]
Des journaux locaux – comme Soujanaranjany, Vijaya, Balabarati, Darma, Suryodayam et Swadesamitran publiés en Podichéry, Nyayabhimani à Karaikal et Swadin Bharat, un journal antibritannique en Chandernogor – jouent un rôle important dans l’intensification d’un sentiment anti-européen. S. Geetha, op.cit., p. 63.
Pour l’indépendance des comptoirs français de l’Inde, voir Patrick Pitoëf, « L’Inde française en sursis. 1947-1954 », Revue française d’histoire d’outre-mer, vol. 78, n° 290, 1991, p. 105-131; Jacques Weber, « Vers l’abandon », dans Pondichéry et les comptoirs de l’Inde après Dupleix : La démocratie au pays des castes, Paris, Denoël, 1996, p. 323-427 ; Georges Chaffard, « L’abandon des comptoirs de l’Inde », dans Les Carnets secrets de la décolonisation I, Paris, Calmann-Lévy, 1965, p. 199-249. -
[90]
Douglas Gressieux, op. cit., p. 656.
-
[91]
S. Geetha, op.cit., p. 67.
-
[92]
D’après B. Krishnamurthy, « Il y a une pluralité de mouvements de libération et non pas un seul mouvement d’indépendance en Inde, car l’Inde devait affronter trois puissances coloniales différentes suivant des tactiques différentes (par un mouvement de masse dans le cas d’Inde britannique, par le règlement pacifique et négocié pour l’Inde française et par le « spectacle » de la force concernant l’Inde portugaise. « De Bruxelles à Bandung : l’anticolonialisme de Jawaharlal Nehru », Revue Française d’histoire des idées politiques, n° 42, 2e sem., 2015, p. 13-46.
-
[93]
En 1916, une baisse du recrutement est constatée en AOF en raison, entre autres, de l’aménagement de l’abaissement de la taille à 1,62 ou même 1,58 m. Les mesures, parfois plus généreuses à l’engagement pour les « originaires » que pour les « indigènes », provoquent aussi des révoltes. Chantal Antier-Renaud, Les soldats des colonies dans la Première Guerre mondial, Rennes, Éditions Ouest-France, 2008, p. 36.
-
[94]
Victor Basquel, Alcide Delmont, Le Livre d’or de l’effort colonial français pendant la Grande guerre 1914-1918, Paris, Institut Colonial Français, Lavauzelle, t. I, 1922, p. 66-69. Voir également le site « Mémoire des Hommes », la base de données des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale, ministère de la Défense, Paris.
-
[95]
ANOM, COL 1 AFF-POL 807, Délivrance des Cartes du Combattant, Note du Président du Comité d’Administration de l’Office National du Combattant, adressée au ministre des Colonies, 17 mars 1932.
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[96]
ANOM COL 1 AFF-POL 1451, Lettre du Président Poincaré au ministre des Colonies, 19 mai 1919.
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[97]
Le Mémorial indien de Neuve-Chapelle à Richebourg, inauguré le 7 octobre 1927 en présence du maréchal Foch, rend un hommage poignant à tous les soldats indiens qui ont combattu pendant la Première Guerre mondiale.