Couverture de NSS_224

Article de revue

Sélection thématique de livres

Pages 398 à 407

Notes

  • [1]
    Cette réorganisation de la rubrique en grands champs thématiques est pour l’instant en cours d’évaluation et donc susceptible d’évolution.
English version
Cette rubrique signale les ouvrages récemment parus en reprenant la quatrième de couverture ou la présentation des éditeurs. Les livres sont classés en trois catégories : les ouvrages thématiques par objet d’étude ; les ouvrages sur la science et ses rapports avec la société ; les ouvrages de réflexion sur les sciences [1].

Agriculture, alimentation

L’agriculture française. Une diva à réveiller ?, Jean-Marie Séronie, Quæ, 2014, 134 p., 15 €

1Pourquoi les agriculteurs français ont-ils autant peur de l’avenir ? Pourquoi notre agriculture qui fut très brillante et demeure un des fleurons de nos exportations voit-elle ses performances régresser par rapport à plusieurs de ses concurrents ? Quels sont les chemins de la reconquête ?

2C’est autour de ces questions à la fois stratégiques mais également très concrètes que l’auteur nous invite à réfléchir. S’appuyant sur son expérience d’une trentaine d’années passées dans l’accompagnement des agriculteurs français, il nous livre quelques analyses pour comprendre pourquoi nous sommes arrivés à cette situation. Au-delà, il propose toute une série d’axes de progrès.

3Observateur et acteur passionné, Jean-Marie Séronie veut nous faire partager ses convictions, il écrit donc sans tabou, prenant parfois le risque de déranger. Il nous offre un regard résolument optimiste sur l’avenir non pas de notre agriculture mais de nos agricultures françaises.

L’intelligence est dans le pré. Penser la ruralité du XXIe siècle, Groupe Saint-Germain, Jean-Marie Guilloux et Patrick Denoux (Eds), Éditions Nouvelles François Bourin, 2014, 340 p., 20 €

4Une affaire de ploucs, les questions de l’agriculture et du monde rural ? Détrompons-nous tous ! Lancé en 2006 par Stéphane Le Foll, alors député européen, le « Groupe Saint-Germain » que préside Edgard Pisani, est un think tank européen multidisciplinaire qui rassemble des universitaires, des chercheurs en sciences humaines et sociales, des experts publics, des plasticiens et des responsables professionnels. Ils figurent parmi les meilleurs connaisseurs de l’agriculture et de la ruralité, en France et dans le monde. En référence au mouvement agrariste et aux agronomes réunis autour de Gambetta, ce think tank n’est pas confidentiel mais discret, gage sans doute de sa durabilité exceptionnelle et de sa productivité intellectuelle étonnante.

5Les échanges du Groupe Saint-Germain ont pour objectif d’éclairer les enjeux, les dynamiques et les tensions qui traversent nos territoires ruraux. En clair, il réfléchit à une redéfinition des politiques agricoles en France et en Europe qui sache prendre aussi en compte la vie rurale de plus en plus rurbaine et le défi écologique.

Semences paysannes, plantes de demain, Robert Ali Brac de la Perrière, C. L. Mayer, 2014, 264 p., 20 €

6À l’heure où les modèles de l’agriculture industrielle se révèlent insoutenables aussi bien pour l’environnement que pour les agriculteurs et les consommateurs, la stratégie d’adaptation la plus prometteuse devrait se fonder sur un entretien de la biodiversité des cultures. À contre-courant du modèle productiviste encourageant la standardisation, les pionniers en agroécologie ont développé en quelques années de nouvelles pratiques d’utilisation de la diversité cultivée à partir de semences paysannes. C’est en essayant d’adapter leurs plantes à des systèmes moins intensifs, moins exigeants en énergie et moins polluants qu’ils ont établi une autre référence pour l’agriculture, non seulement en termes de biodiversité cultivée (environnement, intrants, nutriments…), mais aussi à travers un changement de mode de fonctionnement social. Celui-ci, en total décalage avec les ressorts pratiques de l’agroalimentaire de masse fondé sur la rentabilité et la concentration des profits, s’appuie sur l’échange des variétés et des savoir-faire, la mutualisation et la recherche collaborative. Point d’entrée de la reconversion de l’agriculture vers le bio, les semences paysannes s’imposent comme les premières sources des plantes de demain.

Animal et société

Les animaux. Deux ou trois choses que nous savons d’eux, Vinciane Despret, Raphaël Larrère (Eds), Hermann, 2014, 308 p., 23 €

7Ce livre issu d’un colloque tenu en juillet 2010 au Centre culturel international de Cerisy a réuni des spécialistes de disciplines très diverses partageant un intérêt pour les animaux. Certains les étudient dans la nature ou dans les laboratoires, là où d’autres enquêtent auprès de chasseurs, d’éleveurs, de soignants, d’activistes ou de protecteurs. De tous ces récits ressort le fait que les animaux importent à chacun de leurs auteurs, qu’ils vivent avec eux, les chassent ou les protègent, ou encore qu’ils en fassent un objet de savoir. Tous s’interrogent sur la façon dont nous faisons aujourd’hui société avec des animaux et sur les formes du « vivre ensemble » que nous devons inventer. Que savons-nous de ces animaux ? Que pouvons-nous imaginer de ce que nous ignorons ? Mais surtout : en quoi ce que nous en savons modifie-t-il notre façon d’être avec eux ?

Changement climatique

Climate policy and nonrenewable resources. The green paradox and beyond, Karen Pittel, Rick van der Ploeg, Cees Withagen (Eds), The MIT Press, 2014, 304 p., $35.00

8Recent developments suggest that well-intended climate policies – including carbon taxes and subsidies for renewable energy – might not accomplish what policy makers intend. Hans-Werner Sinn has described a “green paradox,” arguing that these policies could hasten global warming by encouraging owners of fossil fuel reserves to increase their extraction rates for fear that their reserves will become worthless. In this volume, economists investigate the empirical and theoretical support for the green paradox.

9Offering detailed and rigorous analyses of the forces and assumptions driving Sinn’s argument, the contributors consider whether rising carbon tax rates inevitably speed up climate change; the effects of the design of resource markets, the availability of clean substitutes, and the development of new technologies; and the empirical evidence (or lack thereof) for the green paradox result. They consider extraction costs; sustainability and innovation; timing, announcement effects, and time consistency in relation to policy measures; and empirical results for the green paradox phenomena under several alternative policy measures.

This changes everything. Capitalism versus the climate, Naomi Klein, Simon & Schuster, 2014, 576 p., $30.00

10The most important book yet from the author of the international bestseller The Shock Doctrine, a brilliant explanation of why the climate crisis challenges us to abandon the core “free market” ideology of our time, restructure the global economy, and remake our political systems. In short, either we embrace radical change ourselves or radical changes will be visited upon our physical world. The status quo is no longer an option.

11In This Changes Everything Naomi Klein argues that climate change isn’t just another issue to be neatly filed between taxes and health care. It’s an alarm that calls us to fix an economic system that is already failing us in many ways. Klein meticulously builds the case for how massively reducing our greenhouse emissions is our best chance to simultaneously reduce gaping inequalities, reimagine our broken democracies, and rebuild our gutted local economies. She exposes the ideological desperation of the climate-change deniers, the messianic delusions of the would-be geoengineers, and the tragic defeatism of too many mainstream green initiatives. And she demonstrates precisely why the market has not – and cannot – fix the climate crisis but will instead make things worse, with ever more extreme and ecologically damaging extraction methods, accompanied by rampant disaster capitalism. Klein argues that the changes to our relationship with nature and one another that are required to respond to the climate crisis humanely should not be viewed as grim penance, but rather as a kind of gift – a catalyst to transform broken economic and cultural priorities and to heal long-festering historical wounds. And she documents the inspiring movements that have already begun this process: communities that are not just refusing to be sites of further fossil fuel extraction but are building the next, regeneration-based economies right now. Can we pull off these changes in time? Nothing is certain. Nothing except that climate changes everything. And for a very brief time, the nature of that change is still up to us.

Développement durable

Économie politique du développement durable, Catherine Figuière, Bruno Boidin, Arnaud Diemer (Eds), De Boeck, 2014, 296 p., 24,50 €

12Cet ouvrage propose une lecture originale du développement durable. En effet, la plupart des enseignements dispensés, et la plupart des manuels publiés, se référent explicitement ou non aux grilles d’analyse de l’économie standard néo-classique. Pourtant, de nombreux travaux s’émancipent de cette tradition pour proposer des lectures alternatives du développement durable pris dans sa globalité, mais également des différents projets qui le constituent désormais.

13Ainsi, l’écodéveloppement, porté par M. Strong et I. Sachs lors du sommet de Stockholm en 1972, est le plus souvent passé sous silence, alors que pour certains auteurs contemporains, il constitue le projet pionnier en matière de durabilité du développement. De même, si l’écologie industrielle est aujourd’hui souvent abordée, il est rarement fait mention des différentes façons de l’aborder. On peut encore citer la RSE (Responsabilité sociale d’entreprise), considérée le plus souvent comme la déclinaison entrepreneuriale du développement durable, sans que soit mobilisée la notion de contestabilité sociale pourtant pertinente pour comprendre pourquoi les entreprises « font du développement durable », même quand elles n’y sont pas obligées.

14Cette économie politique du développement durable permet à chacun de s’approprier autrement l’histoire, la théorie et la pratique d’une notion devenue incontournable. Que l’on soit étudiant en Master, professionnel désireux de compléter ses connaissances, ou citoyen soucieux de ne pas se contenter « d’un seul son de cloche », cet ouvrage renouvelle l’approche du développement durable.

Écologie, biodiversité, évolution

Au nom du vivant. Plaidoyer pour réconcilier l’homme et la nature, Robert Barbault, Buchet/Chastel, 2014, 128 p., 14 €

15« Nos cultures s’appuient sur de multiples mémoires. Elles sont faites de monuments, mais aussi de récits, de livres et de légendes, tous riches de plantes et d’animaux variés. […] Les éléphants, par exemple, jouent un rôle-clé dans la dynamique et l’entretien des paysages africains, dans la diffusion de certaines espèces végétales. Mais, je soutiens qu’ils sont beaucoup plus que cela : comme la baleine, comme notre cousin le gorille, l’éléphant est d’abord une véritable cathédrale vivante.

16Oui, quelque part au fond de nous, les splendeurs de la vie ont quelque chose de sacré.

17Oui, un monde sans baleines serait, pour notre inconscient collectif, un océan meurtri, désespérément vide : le lieu de notre honte indéfiniment répétée de vague en vague, proclamation sourde de notre fin en tant qu’homme. »

18Avec conviction et lucidité, Robert Barbault nous met face à nos responsabilités. Mais il n’est pas trop tard pour redresser le cap, développer une nouvelle solidarité écologique et sauver le vivant : il est encore temps de nous réconcilier avec la nature, car c’est notre nature !

Collected papers of Michael E. Soulé. Early years in modern conservation biology, Michael E. Soulé, Island Press, 2014, 376 p., $35.00

19In the early 1970s, the environmental movement was underway. Overpopulation was recognized as a threat to human well-being, and scientists like Michael Soulé believed there was a connection between anthropogenic pressures on natural resources and the loss of the planet’s biodiversity. Soulé thinker, philosopher, teacher, mentor, and scientist recognized the importance of a healthy natural world and with other leaders of the day pushed for a new interdisciplinary approach to preserving biological diversity. Thirty years later, Soulé is hailed by many as the single most important force in the development of the modern science of conservation biology.

20This book is a select collection of seminal writings by Michael Soulé over a thirty-year time-span from 1980 through the present day. Previously published in books and leading journals, these carefully selected pieces show the progression of his intellectual thinking on topics such as genetics, ecology, evolutionary biology, and extinctions, and how the history and substance of the field of conservation biology evolved over time. It opens with an in-depth introduction by marine conservation biologist James Estes, a long-time colleague of Soulé’s, who explains why Soulé’s special combination of science and leadership was the catalyst for bringing about the modern era of conservation biology. Estes offers a thoughtful commentary on the challenges that lie ahead for the young discipline in the face of climate change, increasing species extinctions, and impassioned debate within the conservation community itself over the best path forward.

21Intended for a new generation of students, this book offers a fresh presentation of goals of conservation biology, and inspiration and guidance for the global biodiversity crises facing us today. Readers will come away with an understanding of the science, passion, idealism, and sense of urgency that drove early founders of conservation biology like Michael Soulé.

Économie et biodiversité. Produire et consommer dans les limites de la biosphère, Marc Bara, Laurent Hutinet, Gilles Lecuir, Victoires Éditions, 2014, 270 p., 16 €

22Cet ouvrage est en grande partie issu du colloque organisé par Natureparif avec Humanité et biodiversité et la Fondation Nicolas-Hulot, les 18 et 19 mars 2013, au Conseil économique, social et environnemental à Paris, en partenariat avec le magazine Alternatives économiques et l’Institut Veblen pour les réformes économiques. Il montre comment repenser les modes de production et de consommation pour préserver la diversité biologique. Les changements nécessaires à cette transition écologique sont détaillés autour des besoins vitaux : se nourrir, se loger, se déplacer. Les pratiques privées et les politiques publiques sont analysées.

L’écologie kidnappée, Georges Guille-Escuret, Presses universitaires de France, 2014, 360 p., 23 €

23Les angoisses croissantes du XXe siècle devant le devenir de la nature et de ses locataires humains se sont rassemblées en un mouvement qui a récupéré le nom d’une science, l’écologie, avant d’en « corriger » le contenu. Espérant un soutien concret à leurs projets, voire une augmentation des budgets, les chercheurs n’ont opposé qu’une faible résistance à cet emballement. Trente ans plus tard, un constat consternant s’impose : l’écologie, née du darwinisme avec la mission de produire des synthèses, subit un étouffement, alors même que sa nécessité s’avère effectivement criante. Des principes moraux se substituent d’autorité aux règles de méthode, la vision pernicieuse d’une prétendue « place de l’homme dans la nature » bloque l’urgence vitale d’une écologie humaine complète, et une mosaïque de « sciences de l’environnement » confie l’exercice de la synthèse à un « bon sens » ivre de nostalgies.

24Cet essai récapitule les conditions d’existence de l’écologie, montrant que, depuis sa naissance jusqu’aujourd’hui, elle a subi d’incessantes tentatives de kidnapping. Seule science de la vie à pouvoir aborder des faits sociaux, elle attire irrésistiblement le désir de fixer les lois de la société depuis la nature.

Les espaces protégés. Entre conflits et acceptation, Lionel Laslaz, Christophe Gauchon, Mélanie Duval, Stéphane Héritier (Eds), Belin, 2014, 416 p., 29 €

25Cet ouvrage s’intéresse à tous les types d’espaces protégés (parc national, parc naturel régional, réserve naturelle, etc.) qui couvrent actuellement 13 % des terres émergées, soit 21 millions de km2. L’ouvrage propose une palette d’analyses et un panorama mondial des crispations sociales et politiques liées à la présence d’espaces protégés. Qu’il s’agisse de réserve naturelle marine, des réserves de développement durable des confins de la forêt amazonienne, de parcs au sein de denses mégapoles, les espaces protégés s’inscrivent dans des contextes de peuplement et de développement contrastés. Ces exemples sont étudiés sous l’angle des conflits environnementaux et de l’acceptation par les populations. Pourquoi les espaces protégés suscitent-ils fréquemment des tensions, comment les prévenir et tenter de les résoudre ? En essayant de s’approprier (ou de rejeter) l’espace protégé existant ou en gestation, les acteurs impliqués (quelles qu’en soient les échelles) modèlent ce territoire en fonction de leurs aspirations. La dimension sociale inhérente aux espaces protégés, épineuse et longtemps passée sous silence en géographie, se déploie ici dans toute sa richesse et sa complexité. Par l’analyse des espaces protégés, c’est la compréhension de nos sociétés contemporaines dans leurs rapports à l’environnement qui se dessine.

Political ecology des services écosystémiques, Xavier Arnauld de Sartre, Monica Castro, Simon Dufour, Johan Oszwald (Eds), Peter Lang, 2014, 288 p., 46 €

26La notion de services écosystémiques s’est récemment imposée comme un mot d’ordre de la gouvernance environnementale. Rejetée en bloc ou adoptée de manière acritique, cette notion fait le buzz dans la science globale. Suivant une démarche de political ecology qui combine des approches de sociologie des sciences, de géographie politique et de cartographie critique, cet ouvrage propose une analyse critique de la notion de services écosystémiques et cherche à en délimiter le périmètre de validité. Après en avoir analysé l’histoire et l’évolution récente, les auteurs analysent son appropriation dans les arènes de la gouvernance environnementale globale et par les ONG critiques de cette gouvernance, ainsi que dans les politiques publiques de pays forestiers tropicaux (Brésil et Gabon). Ces analyses posent les bases d’une analyse critique de la modélisation et de la cartographie de services écosystémiques fondée à la fois sur une revue de la littérature existante et sur l’analyse de données recueillies dans le cadre de fronts pionniers tropicaux (au Brésil et en Colombie).

Énergie

Déchiffrer l’énergie, Benjamin Dessus, Belin, 2014, 384 p., 29,90 €

27L’ouvrage se propose d’éclairer en 4 étapes la réflexion sur les questions énergétiques :

  • Donner au lecteur les clefs de compréhension du « système énergétique », depuis les besoins élémentaires d’une société (se chauffer, se déplacer, s’éclairer) jusqu’aux produits livrés aux consommateurs (électricité, gaz, fioul, etc.) à partir des ressources récoltées dans la nature (ressources fossiles, fissiles et renouvelables).
  • Éclairer la dimension « offre d’énergie » en décrivant les grandes filières d’énergie fossile (pétrole, gaz, charbon), fissile (nucléaire) et renouvelable (solaire, éolien, etc.), les rendements comparés de leur transformation, l’impact de leur exploitation sur l’environnement et l’état des réserves fossiles et fissiles.
  • Décrire les questions économiques, au cœur de la gestion et de l’optimisation du système énergétique : coûts de la demande d’énergie et coûts de l’offre d’énergie. En tenant compte des coûts et bénéfices environnementaux et en insistant sur la maîtrise de l’énergie, source importante d’économies d’énergie.
  • Éclairer l’avenir énergétique en retraçant l’histoire des scénarios de prospective des 30 dernières années et les enseignements à en tirer pour comprendre les conditions d’une bonne transition énergétique.

Réussir la transition énergétique, Helga-Jane Scarwell, Divya Leducq, Annette Groux (Eds), Presses universitaires du Septentrion, 2014, 388 p., 27 €

28La transition écologique, portée au sommet de Rio+20 en juin 2012, semble s’inscrire au cœur des agendas de réformes structurelles des États. La notion de transition écologique traduirait la volonté de mise en œuvre simultanée de plusieurs objectifs fondés sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la promotion des énergies renouvelables, l’incitation à l’efficacité et à la sobriété énergétique, tout en interrogeant nos besoins. En France, cette question s’est focalisée sur la problématique de la transition énergétique présentée lors de la Conférence environnementale tenue à Paris en septembre 2012 et qui mobilisa l’attention des médias, à l’instar du lancement des états-généraux de l’écologie (Grenelle de l’environnement). Encore faudrait-il que la notion même de transition énergétique fasse consensus, or nous constatons un flou sémantique dans l’usage de ce terme par les différents acteurs. On assiste depuis le début du XXIe siècle à une recrudescence des solutions techniques, notamment appliquées à l’échelle des bâtiments « bioclimatiques », afin de permettre des économies sur la facture énergétique tout en prenant en compte les notions de confort et d’incertitudes au niveau des interactions climat-bâtiment-usagers. Ainsi, une vaste panoplie de technologies utiles a été développée, notamment en matière d’isolation thermique des constructions neuves, de rénovation énergétique des bâtiments anciens, de recyclage et de revalorisation des déchets, enfin, d’écoconception des produits de type « Cradle to Cradle ».

29L’apogée de cet essor technologique se retrouve dans la promotion et la médiatisation des smart grids et smart cities, or d’autres modèles d’efficacité énergétique ne pourraient-ils pas cohabiter ? L’action sur les systèmes techniques ne passerait-elle pas aussi par une revalorisation efficace des savoirs locaux dans une architecture à la fois savante et vernaculaire, afin de répondre aux besoins sociaux ? Si toute activité humaine entraîne une consommation d’énergie, la façon dont les hommes maîtrisent celle-ci est au fondement de nos modes de vie et de l’organisation de nos sociétés.

Gestion et politiques de l’environnement

La politique européenne de l’environnement, Sophie Baziadoly, Bruylant, 2014, 224 p., 76 €

30La fragilité de l’environnement est une préoccupation majeure de la communauté internationale. En témoigne l’instauration d’une politique européenne de l’environnement depuis la conférence de Stockholm en 1972.

31L’environnement est menacé par des catastrophes naturelles et technologiques ainsi que par les atteintes que génèrent les activités humaines. Ces mesures engendrent différents types de pollution. Elles ont débouché sur la construction d’un appareil normatif afin de protéger l’environnement et d’instaurer un développement durable. Les dommages causés à l’environnement ne préoccupent pas seulement l’Union européenne et les gouvernements des États membres de l’Union européenne mais aussi d’autres enceintes internationales comme l’Onu, les ONG ainsi que l’opinion publique sensibilisée par le développement d’un mouvement et d’une conscience écologiques.

32Cet ouvrage présente les développements des politiques européennes de l’environnement sur une trentaine d’années, notamment leurs caractères transversaux, les enjeux tels que le changement climatique, sans oublier d’aborder leur dimension diplomatique. Il s’adresse tant à un public d’étudiants que de citoyens et de praticiens intéressés par les questions environnementales devenues l’une des priorités de l’Union européenne.

L’écologisme des pauvres. Une étude des conflits environnementaux au Sud, Joan Martínez Alier, Les Petits matins, 2014, 448 p., 25 €

33L’écologie, un luxe réservé aux pays riches ? Rien de plus faux, explique Joan Martínez Alier, qui prouve à travers ce livre que justice sociale et préservation de l’environnement, loin de se concurrencer, vont de pair.

34À rebours de la croyance selon laquelle il faudrait avoir atteint un certain niveau de confort pour se « permettre » d’être écologiste, l’auteur montre qu’il s’agit souvent d’une question de vie ou de mort pour les plus démunis. Ainsi, tout comme il existe un écologisme de l’abondance (le tri sélectif ne peut s’inventer que dans des endroits où les poubelles débordent !), il existe partout dans le monde un écologisme des pauvres. Car non seulement les pauvres dépendent étroitement de leur environnement pour survivre, mais c’est aussi vers eux que sont transférées les activités les plus polluantes.

35Dans ce livre devenu un classique de l’écologie politique, Joan Martínez Alier s’interroge sur les calculs possibles pour déterminer un prix « écologiquement correct » intégrant les dégâts environnementaux et sociaux. Mais, bien au-delà, il insiste sur l’incommensurabilité des valeurs : quel prix donner à une vie humaine ? Quel prix pour une terre « sacrée » détruite par une mine de cuivre, ou pour une communauté entière exposée à des déchets toxiques ?

36Aujourd’hui, petit à petit, la notion de justice environnementale fait son chemin. L’idée de dette écologique également : ceux qui utilisent le moins de ressources ne seraient-ils pas les créanciers de ceux qui les gaspillent ? Autrement dit, les riches n’auraient-ils pas une dette écologique envers les pauvres ?

Hommes et milieux

Une écologie politique des territoires Tsimane’ d’Amazonie bolivienne, Patrick Bottazzi, Karthala, 2014, 204 p., 22 €

37Depuis le début des années 1980, la Bolivie connaît de profondes réformes politico-territoriales. Ces réformes ont permis aux peuples autochtones ainsi qu’aux populations migrantes andines de sécuriser des millions d’hectares de terres forestières dans les parties amazoniennes du pays. Elles ont aussi entraîné une transformation parfois radicale de leurs institutions politiques. Élevées au rang de « nations » et à même de devenir autonomes depuis 2010, les entités politiques autochtones rencontrent toutefois des difficultés d’intégration importantes parmi les autres entités territorialisées du pays.

38Basé sur plusieurs années de terrain en Amazonie bolivienne, ce livre reconstitue l’historicité de la création des territoires autochtones tsimane’, et plus particulièrement du Pilón Lajas. Les enjeux des réformes sont éclairés par une analyse multiniveau des processus de gouvernance territoriale donnant lieu à des relations souvent conflictuelles entre services étatiques, ONG, entreprises privées et organisations autochtones. Une approche coconstructiviste invite à se pencher sur l’influence des référentiels publics « ethnicisés » dans la production progressive des institutions territoriales, qui entraînent à leur tour des transformations physiques de l’espace et des écosystèmes forestiers. Il en ressort que « notre grande maison », comme les Tsimane’ désignent leur territoire, est en fait prise en étau dans ce que l’auteur appelle des « ordres éco-institutionnels » segmentés.

Risques

Réactions à risques. Regards croisés sur la sécurité dans la chimie, Michèle Dupré, Jean-Christophe Le Coze (Eds), Lavoisier, 2014, 192 p., 49 €

39Appréhender la sécurité dans l’industrie chimique nécessite d’étudier, au sein des systèmes de production, son élaboration, résultat d’interactions nombreuses entre des acteurs internes (concepteurs des installations, génie des procédés, R&D, opérateurs, direction, maintenance) et externes à l’entreprise (assureurs, régulateurs, etc.), mais aussi entre des hommes et des machines, des hommes et des procédures. Plus que la chimie et les risques, cet ouvrage aborde un objet plus restreint encore : la sécurité industrielle, non pas telle qu’elle s’affirme dans les procédures et les guides, mais telle qu’elle se construit dans différents lieux et par l’interaction de très nombreux acteurs dans et hors de l’entreprise. Il en résulte une mise à plat des problématiques et manières possibles d’éclairer la question complexe de la sécurité. Cette dernière n’est pas traitée de manière générale. L’objectif ici est bien de montrer cette construction plurielle à travers des acteurs et des métiers différents, dans des domaines d’activité qui posent la question différemment en fonction des corpus de savoirs sur lesquels ils reposent.

40Réactions à risque. Regards croisés sur la sécurité dans la chimie se veut donc un ouvrage pluriel, rassemblant des regards croisés d’hommes de terrain, d’ingénieurs et de chercheurs en sciences humaines et sociales, et montrant la nécessité d’établir des liens entre ces différents domaines de connaissances.

Santé

Des moustiques et des hommes. Chronique d’une pullulation annoncée, Frédéric Darriet, IRD Éditions, 2014, 136 p., 27 €

41Paludisme, fièvre jaune, dengue, chikungunya, fièvre de la vallée du Nil, filariose… Toutes ces maladies, souvent mortelles, sont transmises à l’homme par les moustiques. Ces derniers profitent du formidable développement des transports et de la mobilité toujours plus rapide des populations pour se propager sur la planète. Aujourd’hui, les villes sont devenues de véritables refuges à moustiques tandis que, dans les campagnes, l’usage combiné des engrais et des pesticides favorise – paradoxalement – leur prolifération. À travers l’histoire des relations ancestrales de l’homme et du moustique et grâce à la synthèse de travaux de recherche réalisés en laboratoire et sur le terrain, cet ouvrage révèle les causes de l’inexorable pullulation de cet insecte et présente les méthodes de lutte que l’homme lui oppose depuis déjà plusieurs siècles. Face à cette menace plus que jamais présente, l’auteur propose aussi des stratégies innovantes, en insistant sur l’urgence d’une politique concertée dans les domaines de la santé publique et de l’agriculture.

Ville

La fabrique de l’urbanisme. Les cités-jardins, entre France et Allemagne 1900-1924, Elsa Vonau, Presses universitaires du Septentrion, 2014, 346 p., 31 €

42Lorsqu’au tournant du XXe siècle, un anglais idéaliste lance l’idée de construire des villes nouvelles baptisées « cités-jardins », l’expérience remorque très rapidement des adeptes en France et en Allemagne. Ces réformateurs fondent des associations pour promouvoir le projet dans leur pays. Creuset d’expériences réformatrices puisant à diverses inspirations (de la protection de la nature à l’habitation économique), la cité-jardin a cristallisé de multiples formes d’échanges. Objet de débats et de controverses à l’intérieur du milieu réformateur, cette expérience d’aménagement urbain a impulsé la circulation des hommes et des représentations par-delà les frontières, inspiré des collaborations inédites entre les métiers et favorisé de nouvelles formes d’intervention publique sur l’espace urbain. La manière dont ces circulations ont participé de l’émergence du champ de l’urbanisme fonde l’interrogation de cet ouvrage.

43L’analyse suit la trajectoire de l’expérience des cités-jardins entre 1900 et le début des années vingt, en France et en Allemagne, deux pays qui par leurs rythmes d’urbanisation fortement décalés offrent un cadre intéressant à l’exploration des télescopages et des interactions au fondement de savoirs novateurs et de pratiques inédites.

44Le choix du cadre comparatif fonde par ailleurs le socle heuristique d’une recherche qui met en perspective la signification et la portée de l’action réformatrice dans des contextes politiques et sociaux contrastés.

Urban sustainability in theory and practice. Circles of sustainability, Paul James, Routledge, 2014, 260 p., $44.95

45Cities are home to the most consequential current attempts at human adaptation and they provide one possible focus for the flourishing of life on this planet. However, for this to be realized in more than an ad hoc way, a substantial rethinking of current approaches and practices needs to occur.

46Urban Sustainability in Theory and Practice responds to the crises of sustainability in the world today by going back to basics. It makes four major contributions to thinking about and acting upon cities. It provides a means of reflexivity learning about urban sustainability in the process of working practically for positive social development and projected change. It challenges the usually taken-for-granted nature of sustainability practices while providing tools for modifying those practices. It emphasizes the necessity of a holistic and integrated understanding of urban life. Finally it rewrites existing dominant understandings of the social whole such as the triple-bottom line approach that reduce environmental questions to externalities and social questions to background issues. The book is a much-needed practical and conceptual guide for rethinking urban engagement.

47Covering the full range of sustainability domains and bridging discourses aimed at academics and practitioners, this is an essential read for all those studying, researching and working in urban geography, sustainability assessment, urban planning, urban sociology and politics, sustainable development and environmental studies.

Interdisciplinarité

Enhancing communication & collaboration in interdisciplinary research, Michael O’Rourke, Stephen Crowley, Stanford D. Eigenbrode, J.D. Wulfhorst (Eds), Sage, 2014, 464 p., $55.00

48Enhancing Communication & Collaboration in Interdisciplinary Research, edited by Michael O’Rourke, Stephen Crowley, Sanford D. Eigenbrode, and J.D. Wulfhorst, is a volume of previously unpublished, state-of-the-art chapters on interdisciplinary communication and collaboration written by leading figures and promising junior scholars in the world of interdisciplinary research, education, and administration. Designed to inform both teaching and research, this innovative book covers the spectrum of interdisciplinary activity, offering a timely emphasis on collaborative interdisciplinary work. The book’s four main parts focus on theoretical perspectives, case studies, communication tools, and institutional perspectives, while a final chapter ties together the various strands that emerge in the book and defines trend-lines and future research questions for those conducting work on interdisciplinary communication.

Handbook of choice modelling, Stephane Hess, Andrew Daly (Ed.), Edward Elgar, 2014, 720 p., $265.50

49This Handbook provides an authoritative and in-depth overview of the essential topics related to the increasingly important field of choice modelling: a key tool for the understanding of behaviour and used to support decision-making across many areas such as transportation, health economics, environmental analysis and marketing.

50The Handbook of Choice Modelling, composed of contributions from senior figures in the field, summarizes the essential analytical techniques and discusses the key current research issues. The book opens with Nobel Laureate Daniel McFadden calling for deeper engagement with more behavioural and psychological fields, and this is followed by supporting chapters on behavioural economics and mathematical psychology. Further chapters explore the elicitation of data and the context of observation; inter-personal variation; the modelling of complex choice processes taking account of heterogeneity; extending the models to deal with more complex choices; statistical processes for the understanding of data; and finally the practical application of these methods. A final group of chapters discusses the research needs of specific application areas.

Interdisciplinarity. Its role in a discipline-based academy, John H. Aldrich (Ed.), Oxford University Press, 2014, 320 p., $34.95

51At the turn of the twentieth century, colleges and universities in the U.S. and elsewhere were convulsed with change, a change induced by the creation of the modern set of academic disciplines. Their emergence at that time fundamentally altered how universities were constructed and how they did their business. It is the model on which the academy of the twenty-first century operates. Very shortly after the creation of the disciplinary-based academy, pressures began to build, both in the academy and in the society that looked to the academy to help solve pressing social problems, to develop interdisciplinary approaches to address problems that fit poorly within the disciplinary structure. These external and internal forces never fully abated, and peaked after the Second World War. They have peaked again more recently, and the contemporary college and university is therefore a rich amalgam of disciplinary and interdisciplinary units, problems, approaches, and structures. Interdisciplinarity examines the contemporary academy by connecting its disciplinary-based structure with its burgeoning interdisciplinary focus.

52Part I looks at the value of the disciplinary structure in the contemporary university alongside the motivations that lead to calls for greater interdisciplinary approaches. Part 2 traces the development of external forces, particularly the private and public foundation, that shaped the development of interdisciplinary scholarship in the twentieth century. The final two sections examine in detail interdisciplinary education and the organization of university-based interdisciplinary research.

Sustainability science for strong sustainability, Tom Dedeurwaerdere, Edward Elgar, 2014, 176 p., $94.50

53The dynamism of science has been catalytic for human prosperity in recent history. Conventional perspectives of the ivory tower model of modern science are, however, rivalled by the failure of humanity to tackle global crises of an economic, environmental and social nature. Operational solutions to these pressures have grown and exposed pitfalls of modern science to date.

54Research institutions globally are eschewing traditional practice, converging around ideas of transdisciplinary sustainability science. New practice based on science-society research partnerships, experiential learning in higher education and iterative and participatory modelling has become manifest. Sustainability Science for Strong Sustainability investigates the core concepts, tools and institutional strategies of this evolving field. Prominent research programs within heterodox economics, the environmental sciences and transition theory are explored through diverse case studies, revealing challenges and advancements for transdisciplinary research. The need for reform of modern science is facilitated by consideration of action points to overcome the institutional barriers of putting sustainability science into practice.

Transdisciplinary sustainability studies. A heuristic approach, Katri Huutoniemi, Petri Tapio (Eds), Routledge, 2014, 216 p., $155.00

55Arising out of human-environment interaction, sustainability problems resist disciplinary categories and simple solutions. This book offers a fresh approach to practical and methodological concerns in transdisciplinary environmental and sustainability studies. It illustrates methodological means by which researchers, professionals, and decision-makers can address complex environmental issues.

56While scientific reasoning is mostly guided by disciplinary traditions, transdisciplinary research rests on other cognitive strategies. As it does not have a ready-made stance toward problems, figuring out what the puzzle is and what the answer might look like are crucial aspects of transdisciplinary inquiry. Through examples from environment and sustainability studies, the volume discusses heuristic schemes that can give structure to this exploration. By focusing on heuristics, rather than on methods, concepts, or general guidelines, the book argues that a problem-centered approach often resists the rigor of methodology. Learning from experience provides valuable “rules of thumb”, checklists, and other cognitive schemes for making ill-defined problems more tangible.

57Written by an international team of authors, the chapters draw examples from dealing with issues in environmental protection, transport and climate policy, ecosystem services and disservices, environmental beliefs and attitudes, and more. Together with more theoretically oriented chapters, they show that the intellectual processes needed to tackle complex sustainability problems are as much about heuristic problem solving as they are about methodical work.

Science et société

Le marché aux connaissances. Néolibéralisme, enseignement et recherche, Lawrence Busch, Quæ, 2014, 160 p., 12,50 €

58La compétition entre les institutions, les scientifiques, les universitaires et les étudiants devient de plus en plus importante. Cet ouvrage trace les liens entre le néolibéralisme et la restructuration des universités et des instituts de recherche. Après avoir abordé les nombreuses crises auxquelles l’enseignement supérieur et la recherche doivent faire face, l’auteur montre la façon dont la version néolibérale des sciences économiques a été mise en œuvre pour modifier les moyens d’entreprendre et d’évaluer la recherche, l’enseignement et l’engagement publics. Il décrit les transformations qui s’ensuivent et leur oppose sa propre position dans ce débat complexe. Enfin, après avoir porté une attention particulière aux voies qui n’ont pas été empruntées, il conclut : pour qui et pourquoi avons-nous besoin de connaissances ? Quel genre de société future souhaitons-nous ? Comment pourrions-nous y parvenir ?

Science et démocratie, Serge Haroche, Pierre Rosanvallon (Eds), Odile Jacob, 2014, 336 p., 29,99 €

59Gaz de schiste, OGM, énergie nucléaire, cellules souches, changement climatique, efficacité des médicaments… La science, plus que jamais, suscite la méfiance, voire la défiance, des citoyens. Pour une large part, cela vient d’une incompréhension de ce qu’est la démarche scientifique.

60À l’occasion du colloque de rentrée du Collège de France organisé à l’automne 2013, des scientifiques, des historiens, des juristes et des politiques se sont attachés à analyser et à clarifier les enjeux technologiques et scientifiques, en s’appuyant sur des exemples concrets au cœur des débats les plus actuels : comment aborder dans une société démocratique le problème du renouvellement des énergies et du remplacement des énergies fossiles par des formes d’énergie moins polluantes, ou celui qui lui est lié du réchauffement climatique, ou encore celui des thérapies géniques, en utilisant de la façon la plus rationnelle possible ce que la science nous apprend, pour optimiser la réponse de la société aux défis qui lui sont posés ?

Sciences humaines et sociales

La mystique de la croissance. Comment s’en libérer ?, Dominique Méda, Flammarion, 2014, 310 p., 8 € (éd. de poche ; 1re parution : sept. 2013)

61Alors que les pays occidentaux font face à une crise économique et sociale d’une extrême gravité, responsables politiques et experts attendent le salut du seul retour de la croissance. Pourtant si celle-ci revenait, elle contribuerait sûrement à aggraver la menace écologique à laquelle le monde est confronté. Comment sortir de cette contradiction ?En comprenant pourquoi et comment nous sommes devenus des « sociétés fondées sur la croissance ». En tirant toutes les conséquences du caractère anachronique et pervers des indicateurs (tel le PIB) qui sont devenus nos fétiches. En mettant au cœur de l’action publique ce qui compte pour inscrire nos sociétés dans la durée. La reconversion écologique est le seul moyen de maintenir des conditions de vie authentiquement humaines sur terre, de permettre à tous d’accéder à l’emploi et de changer le travail. Elle suppose de rompre avec une partie de nos croyances, liées à l’avènement de la modernité : le caractère intrinsèquement bon de la maximisation de la production, le progrès confondu avec l’augmentation des quantités, la passion de l’enrichissement personnel… Elle exige aussi de mettre un terme à la prétention de l’économie à décrire seule le monde que nous voulons.

La nouvelle alternative ? Enquête sur l’économie sociale et solidaire, Philippe Frémeaux, Les Petits matins, 2014, 156 p., 12 € (3e éd. augmentée)

62L’économie sociale et solidaire fait aujourd’hui figure de nouvelle alternative au capitalisme. De fait, son objectif premier n’est pas de dégager du profit, mais de produire des biens et services utiles à tous. Issue d’initiatives citoyennes, elle apporte la preuve que la recherche de l’enrichissement personnel n’est pas l’unique motif qui puisse donner envie d’entreprendre. Constitue-t-elle pour autant une force politique, un mouvement susceptible de transformer profondément notre économie et notre société ? Sa gouvernance, qui se veut démocratique, est-elle vraiment exemplaire ? A-t-elle vocation à s’étendre, à se généraliser ? Enfin, cette généralisation est-elle souhaitable ?

63Autant de questions auxquelles l’auteur répond dans ce livre, nourri de nombreux exemples. Pour lui, il est temps de regarder « l’ESS » telle qu’elle est, et non dans sa version idéalisée : c’est à cette condition qu’on pourra apprécier dans quelle mesure et à quelles conditions elle peut contribuer à rendre l’économie plus démocratique, plus juste et plus soutenable.


Mise en ligne 26/01/2015

https://doi.org/10.1051/nss/2014049

Notes

  • [1]
    Cette réorganisation de la rubrique en grands champs thématiques est pour l’instant en cours d’évaluation et donc susceptible d’évolution.
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