Couverture de NSS_203

Article de revue

Sélection thématique de livres

Pages 381 à 390

Notes

  • [1]
    Cette réorganisation de la rubrique en grands champs thématiques est pour l’instant en cours d’évaluation et donc susceptible d’évolution.
English version
Cette rubrique signale les ouvrages récemment parus en reprenant la quatrième de couverture ou la présentation des éditeurs. Les livres sont classés en trois catégories : les ouvrages thématiques par objet d’étude ; les ouvrages sur la science et ses rapports avec la société ; les ouvrages de réflexion sur les sciences [1].

Agriculture, alimentation

Pour une alimentation durable : réflexion stratégique du ALIne, Catherine Esnouf, Marie Russel, Nicolas Bricas (Eds) Quæ, 2011, 288 p., 32,50 €

1Comment nourrir le monde aujourd’hui et dans la perspective démographique du XXIe siècle ? Peu traités du point de vue de leur durabilité, les régimes alimentaires mondiaux ont laissé pour l’instant la priorité des réflexions aux défis pour l’agriculture. L’« alimentation durable » est pourtant sans conteste un thème majeur pour les années qui viennent. L’Inra et le Cirad ont mobilisé les experts francophones du secteur pour étudier les tendances d’évolution des systèmes alimentaires au niveau mondial, au regard de leurs effets sur l’environnement, la santé, l’équité sociale et l’économie. La réflexion menée au sein de duALIne (durabilité de l’alimentation face à de nouveaux enjeux) a permis, au travers d’entrées choisies en fonction de leurs liens et impacts potentiels sur la durabilité de l’alimentation, de dresser un état des lieux des déterminants majeurs qui ont présidé aux évolutions passées des systèmes alimentaires, d’identifier les points critiques de ces systèmes et, enfin, de dégager des questions à la recherche pour de futurs programmes. Cet ouvrage intéressera les décideurs ainsi que toutes les parties prenantes du domaine de l’alimentation.

Lobbying de l’agroalimentaire et normes internationales : le cas du Codex alimentarius, Maryvonne Lassalle-de-Salins, Quæ, 2012, 264 p., 40 €

2Cet ouvrage est un des rares qui s’intéressent au Codex alimentarius. Les enjeux du Codex alimentarius, créé en 1963 pour établir des normes alimentaires internationales, ont changé avec les accords de l’Organisation mondiale du commerce. Ces normes sont maintenant reconnues comme références pour le règlement de différends commerciaux entre États. Le statut d’observateur permet aux industriels, comme aux représentants des consommateurs, de faire valoir officiellement leur opinion. Il est aussi possible d’agir en amont des réunions du Codex alimentarius, en intervenant directement auprès des États membres. L’influence de l’industrie est parfois critiquée, les entreprises font parfois entendre leur voix avec succès, elles ne font pas pour autant toutes les normes du Codex alimentarius. Cet ouvrage examine, sur la base de cas détaillés, les modalités et les conditions de l’influence des entreprises sur les décisions d’une organisation intergouvernementale en montrant leurs contraintes et leur nécessaire adaptation.

Animal et société

Une autre existence : la condition animale, Florence Burgat, Albin Michel, 2012, 400 p., 24 €

3Les animaux sont-ils de « simples vivants », comme le ressasse une tradition de pensée encore dominante ? L’opposition entre vie et existence les range, avec les plantes, dans un ensemble homogène – le grand tout de la Nature – pour mieux réserver à l’homme la tragédie de l’existence. N’y a-t-il donc que lui pour vivre sa vie ? pour naître et mourir, ressentir l’angoisse ou la joie ? Le dualisme entre vie animale et existence humaine ne résiste pourtant pas à un examen sérieux. Au terme d’un parcours critique à travers les philosophies qui ont pensé l’animal, Florence Burgat se demande à quelles conditions une vie peut être qualifiée d’existence. Chaque fois, nous dit-elle, qu’un être vivant est non seulement un centre à partir duquel s’organisent ses relations à l’entourage, mais aussi le sujet de ses propres expériences. Tracée à partir des perspectives ouvertes par la phénoménologie, la notion d’existence animale ne saurait être sans conséquences sur le débat éthique. Affirmer que les animaux existent en première personne constitue une réponse forte à un utilitarisme qui se borne à condamner la souffrance, sans souci du caractère unique et irremplaçable de chaque existence. L’interrogation philosophique sur ces « autres existences » doit être telle – disait Merleau-Ponty – que « celui qui questionne est lui-même mis en cause par la question ».

Élever et tuer des animaux, Sébastien Mouret, Presses universitaires de France, 2012, 210 p., 23 €

4En finir avec la mort donnée aux animaux ? Tel est le dessein des mouvements de défense de la cause animale : mettre fin à la violence sur les animaux d’élevage industriel et instaurer avec eux un véritable rapport moral, sur fond de libération et d’éthique animales. Finie la viande et fini l’élevage. Ce végétarisme éthique, fondé sur la reconnaissance d’une commune égalité de valeur et de droit des humains et des animaux, serait au fondement même d’une nouvelle « civilisation » purgée de sa gangrène : le spécisme. Contre ce mouvement de rationalisation morale du comportement des hommes à l’égard des animaux d’élevage et contre les systèmes industriels qui se réduisent à la production et à la sélection, par la destruction des plus faibles, des bêtes à forte valeur marchande, les éleveurs et les salariés nous invitent à penser autrement la question de la mort que nous leur donnons pour nous nourrir, et donc pour vivre. Il s’agit pour nous, comme pour eux, de renouer avec la mort et non d’en finir avec elle, par l’établissement d’un vivre-ensemble au travail fondé sur l’amour avec la mort, le bien avec le mal, et non sur leur dissociation.

Éléments pour une éthique de la vulnérabilité : les hommes, les animaux, la nature, Corinne Pelluchon, Cerf, 2011, 352 p., 24 €

5Si nous ne voulons pas que l’écologie se réduise à des déclarations d’intention, des changements dans nos styles de vie sont nécessaires. La question est de savoir quelle éthique et quelles transformations de la démocratie peuvent rendre possible la prise en compte de l’écologie dans notre vie. Reliant des champs de l’éthique appliquée qui d’ordinaire sont étudiés séparément – la culture et l’agriculture, le rapport aux animaux, l’organisation du travail et l’intégration des personnes en situation de handicap –, cette enquête élabore un concept rigoureux de responsabilité susceptible de promouvoir une autre manière de penser le sujet et une autre organisation politique. Loin de fonder la politique sur l’écologie, il s’agit de montrer que celle-ci ne peut être prise au sérieux qu’au sein d’un humanisme rénové.

Changement climatique

Climate Change and Global Energy Security: Technology and Policy Options, Marilyn A. Brown, Benjamin K. Sovacool, The MIT Press, 2011, 456 p., £39.95 (cloth), £19.95 (paper)

6Tackling climate change and improving energy security are two of the twenty-first century’s greatest challenges. In this book, Marilyn Brown and Benjamin Sovacool offer detailed assessments of the most advanced commercially available technologies for strengthening global energy security, mitigating the effects of climate change, and enhancing resilience through adaptation and geo-engineering. They also evaluate the barriers to the deployment of these technologies and critically review public policy options crucial to their adoption. Arguing that society has all the technologies necessary for the task, Brown and Sovacool discuss an array of options available today, including high-efficiency transportation, renewable energy, carbon sequestration, and demand-side management. They offer eight case studies from around the world that document successful approaches to reducing emissions of greenhouse gases and improving energy security. These include the Danish approach to energy policy and wind power, Brazil’s ethanol program, China’s improved cookstove program; and the U.S. Toxics Release Inventory. Brown and Sovacool argue that meeting the twin challenges of climate change and energy security will allow us to provide energy, maintain economic growth, and preserve the natural environment – without forcing tradeoffs among them.

Climat et capitalisme : réchauffement climatique et transformation de l’économie mondiale, Peter Newell, Matthew Paterson, De Boeck, 2011, 274 p., 24 €

7Le capitalisme est-il en mesure d’apporter une réponse aux défis du changement climatique ? Peut-on imaginer un capitalisme d’un genre différent, capable d’assurer la croissance économique tout en étant moins dépendant des énergies fossiles ? Si oui, comment y parvenir ? Ce sont les questions ambitieuses que posent P. Newell et M. Paterson dans cet ouvrage. Il ne s’agit pas seulement des technologies ou des mesures envisageables pour aborder ces défis. Il est surtout question de stratégie, de politique et de pouvoir, et de savoir comment amener les intérêts en jeu et les acteurs détenteurs du pouvoir à converger vers une transformation des modes de développement. Climat et capitalisme montre que des choses nouvelles et surprenantes sont en train d’émerger en matière de politique climatique. Les auteurs explorent le processus de « décarbonisation » de l’économie, dans sa logique et sa complexité. Ils étudient les dilemmes que cela pose, ainsi que la nécessité de remettre en question le pouvoir de nombreux acteurs sur les marchés, la culture de l’énergie et les inégalités mondiales en matière de consommation énergétique. L’ouvrage s’adresse à tous ceux qui souhaitent mieux comprendre les enjeux des défis climatiques, et plus particulièrement aux étudiants et chercheurs dans les domaines de l’environnement, du développement et des relations internationales.

Controverses climatiques, sciences et politique., Edwin Zaccai, François Gemenne, Jean-Michel Decroly (Eds), Presses de Sciences Po, 2012, 256 p., 22 €

8Depuis une vingtaine d’années, des voix s’élèvent pour contester la réalité du réchauffement de la planète. Pourquoi un tel déni ? Comment expliquer la diffusion massive de doutes sur un fait recueillant pourtant le consensus scientifique ? Quel rôle les médias jouent-ils dans cette diffusion ? À quels lobbies et à quels agendas politiques ces « marchands de doute » obéissent-ils ? Cet ouvrage donne la parole à dix-huit spécialistes internationaux de la climatologie et de l’analyse sociologique et politique. Ils examinent pourquoi et comment de telles controverses se forment dans le monde entier, reviennent sur les incertitudes qui font débat ainsi que sur les acteurs, les discours et les stratégies du « climato-scepticisme », en particulier en France, aux États-Unis et en Chine. Une réflexion engagée et un livre de référence sur l’étude d’un phénomène qui questionne les rapports entre sciences et politique et qui dépasse le cercle académique pour s’adresser à tout lecteur intrigué.

Développement durable

Vingt ans après : Rio et l’avant-goût de l’avenir, Philippe Le Prestre (Ed.), Presses de l’Université Laval, 2011, 266 p., 34,95 $

9Vingt ans après Rio et les immenses espoirs que cette conférence avait engendrés, la communauté internationale s’apprête à renouveler son engagement en faveur de l’environnement et du développement durable, alors même qu’elle semble de plus en plus impuissante face à la conjonction des crises écologiques et industrielles qu’elle affronte, et incapable de se doter des véritables moyens d’y faire face. Pourtant, des progrès significatifs ont été accomplis, même s’ils ne semblent jamais assez rapides ou profonds. Les questions d’environnement et de développement durable ne se réduisent pas, en effet, à des problèmes techniques ; elles confrontent des visions du monde, des intérêts et des valeurs, et sont inextricablement liées à d’autres enjeux internationaux et nationaux tout aussi importants. En opposition à une certaine attitude défaitiste, qui peut souvent être le fruit de calculs politiques, cet ouvrage reflète la conviction que la coopération internationale en la matière est plus profonde qu’on ne le pense et même croissante. Loin de proposer une solution toute faite dépourvue de plan de mise en œuvre réaliste, il propose de porter un premier regard sur le chemin parcouru, à travers l’examen de six grands thèmes emblématiques de la conférence de Rio de 1992 et qui le demeureront en 2012 : la gouvernance, la biodiversité, le climat, l’eau, la désertification et la forêt.

Comptabilité et développement durable, Jacques Richard, Economica, 2012, 272 p., 27 €

10Ce livre montre que la réalisation d’un authentique développement durable ne passe pas par l’instauration d’un système de taxes ou de quotas environnementaux, ni par une modification des règles de calcul de la richesse des nations ou des entreprises. Cela ne se fera pas non plus par une correction des IFRS (International Financial Reporting Standards), qui sont des normes dangereuses et obsolètes, mais par une extension des règles de la comptabilité traditionnelles en coût historique. Il s’agit dorénavant de protéger le capital naturel et le capital humain par une prise en compte systématique de leur dégradation ; ces capitaux devront, en outre, être associés au pouvoir dans les entreprises. Ce retournement contre le capitalisme financier des règles de prudence de la comptabilité traditionnelle des entreprises et cette prise en compte des droits du capital naturel et humain seront la base d’une révolution de la gouvernance des entreprises et le point de départ d’une véritable démocratie participative à tous les niveaux.

Nucléaire : quels scénarios pour le futur ?, Michel Chatelier, Patrick Criqui, Daniel Heuer, Sylvestre Huet, La Ville brûle, 2012, 224 p., 20,30 €

11L’accident nucléaire de la centrale de Fukushima au Japon, survenu le 11 mars 2011, a donné une actualité tragique à la problématique nucléaire et relancé dans le monde entier le débat non seulement sur la sûreté des systèmes nucléaires utilisés actuellement, mais aussi sur les choix qui devront nécessairement être faits pour renouveler les sources d’énergie du futur. Si la recherche prépare l’avenir, celui-ci repose sur des options de recherche déjà actées. Quelle est la dynamique de la recherche nucléaire en France et dans le monde ? Quels sont les ressorts de son évolution ? Quid du projet de fusion nucléaire ITER ? Quelles sont aujourd’hui les alternatives possibles à la filière standard de fission nucléaire ? Faut-il faire un référendum ? Ni prêt-à-penser ni opposition stérile entre pro- et antinucléaires, cet ouvrage a pour ambition de donner à tous des clés pour comprendre les enjeux du défi énergétique du XXIe siècle et pour accéder aux termes que sous-tendent les deux options extrêmes : « se passer du nucléaire » ou « le développer in extenso ». Et si aucune réponse définitive n’est donnée ici, il appartient à chacun, au fil de sa lecture, de se forger sa propre opinion pour participer au débat.

Écologie, biodiversité, évolution

Making Nature Whole : A History of Ecological Restoration, William R. Jordan III, George M. Lubick, Island Press, 2011, XIV + 258 p., $35.00

12Making Nature Whole is a seminal volume that presents an in-depth history of the field of ecological restoration as it has developed in the United States over the last three decades. The authors draw from both published and unpublished sources, including archival materials and oral histories from early practitioners, to explore the development of the field and its importance to environmental management as well as to the larger environmental movement and our understanding of the world. Considering antecedents as varied as monastic gardens, the Scientific Revolution, and the emerging nature-awareness of nineteenth-century Romantics and Transcendentalists, Jordan and Lubick offer unique insight into the field’s philosophical and theoretical underpinnings. They examine specifically the more recent history, including the story of those who first attempted to recreate natural ecosystems early in the 20th century, as well as those who over the past few decades have realized the value of this approach not only as a critical element in conservation but also as a context for negotiating the ever-changing relationship between humans and the natural environment. Making Nature Whole is a landmark contribution, providing context and history regarding a distinctive form of land management and giving readers a fascinating overview of the development of the field. It is essential reading for anyone interested in understanding where ecological restoration came from or where it might be going.

Human Dimensions of Ecological Restoration: Integrating Science, Nature, and Culture, Dave Egan, Evan E. Hjerpe, Jesse Abrams (Eds), Island Press, 2011, 432 p., $45.00

13When it comes to implementing successful ecological restoration projects, the social, political, economic, and cultural dimensions are often as important as – and sometimes more important than – technical or biophysical knowledge. Human Dimensions of Ecological Restoration takes an interdisciplinary look at the myriad human aspects of ecological restoration. In twenty-six chapters written by experts from around the world, it provides practical and theoretical information, analysis, models, and guidelines for optimizing human involvement in restoration projects. Six categories of social activities are examined: collaboration between land manager and stakeholders; ecological economics; volunteerism and community-based restoration; environmental education; ecocultural and artistic practices; policy and politics. The book delves into the often-neglected aspects of ecological restoration that ultimately make the difference between projects that are successfully executed and maintained with the support of informed, engaged citizens, and those that are unable to advance past the conceptual stage due to misunderstandings or apathy. The lessons contained will be valuable to restoration veterans and greenhorns alike, scholars and students in a range of fields, and individuals who care about restoring their local lands and waters.

L’Archipel de la vie : essai sur la diversité biologique et une éthique de sa pratique, Jacques Blondel, Buchet-Chastel, 2012, 472 p., 20 €

14Fruit du cheminement personnel et professionnel de l’auteur, cet ouvrage s’appuie sur un argumentaire solide pour développer une réflexion épistémologique et scientifique sur l’histoire d’une diversité biologique en perpétuel devenir. Il soulève la question de la légitimité d’un anthropocentrisme conquérant et aborde des questions d’ordre éthique et philosophique à propos des relations entre les humains et le tissu de la vie. En altérant profondément la diversité biologique actuelle, l’homme en modifie nécessairement les trajectoires et porte ainsi gravement atteinte à ce qui fonde le bien-être des sociétés humaines. Mais l’espoir n’est pas perdu et l’horizon n’est pas bouché si, conscient des responsabilités qui lui incombent, l’homme se décide avec courage et lucidité à construire un nouveau vivre-ensemble avec la nature.

Gestion des ressources

L’Eau en commun : de ressource naturelle à ressource cosmopolitique, Gabriel Blouin Genest, Frédéric Julien, Sylvie Paquerot, Presses de l’Université du Québec, 2011, VIII + 166 p., 20 $

15Des risques de guerres de l’eau à la perspective de pénuries, la situation de cette « ressource vitale » ne laisse personne indifférent. Toutefois, si les problèmes de l’eau font largement consensus auprès des États et des organisations internationales, il en est tout autrement des décisions et des actions nécessaires pour résoudre ces problèmes. Qu’est-ce qui peut expliquer une telle attitude de la part des États qui, par ailleurs, collaborent régulièrement à la gouvernance mondiale dans d’autres domaines (commerce, finance, santé, etc.) et prennent des décisions au nom de la « communauté internationale » ? En tenant pour acquis cette situation de crise, les auteurs s’interrogent ici sur les conditions d’une mise en commun à la fois des problèmes de l’eau et des réponses à leur apporter à l’échelle mondiale, que devrait logiquement générer la reconnaissance de cette crise mondiale. Quelle peut être la portée d’une telle communauté d’intérêt de l’humanité pour la souveraineté des États et nos conceptions habituelles, généralement nationales, de la mise en commun ? À partir de l’enjeu de l’eau, ce livre invite à une réflexion sur les conditions du vivre-ensemble et le sens, en somme, d’une cosmopolitique.

Agrobiodiversity and the Law: Regulating Genetic Resources, Food Security and Cultural Diversity, Juliana Santilli, Earthscan, 2012, XX + 348 p., £60.00

16A wide range of crop genetic resources is vital for future food security. Loss of agricultural biodiversity increases the risk of relying on a limited number of staple food crops. However, many laws, such as seed laws, plant varieties protection and access and benefit-sharing laws, have direct impacts on agrobiodiversity, and their effects have been severely underestimated by policymakers. This is of concern not only to lawyers, but also to agronomists, biologists, and social scientists, all of whom need clear guidance as to the relevance of the law to their work. This book analyzes the impact of the legal system on agrobiodiversity (or agricultural biodiversity) – the diversity of agricultural species, varieties, and ecosystems. Using an interdisciplinary approach, it takes up the emerging concept of agrobiodiversity and its relationship with food security, nutrition, health, environmental sustainability, and climate change. It assesses the impacts on agrobiodiversity of key legal instruments, including seeds laws, the International Convention for the Protection of New Varieties of Plants, plant breeders’ rights, the Convention on Biological Diversity (regarding specifically its impact on agrobiodiversity), and the International Treaty on Plant Genetic Resources for Food and Agriculture.

The Custodians of Biodiversity: Sharing Access to and Benefits of Genetic Resources, Manuel Ruiz, Ronnie Vernooy (Eds), Earthscan / International Development Research Centre, 2011, XXVI + 194 p., £65.00

17Globally, local and indigenous approaches to conserving biodiversity, crop improvement, and managing precious natural resources are under threat. Many communities have to deal with “biopiracy,” for example. As well, existing laws are usually unsuitable for protecting indigenous and traditional knowledge and for recognizing collective rights, such as in cases of participatory plant breeding, where farmers, researchers and others join forces to improve existing crop varieties or develop new ones, based on shared knowledge and resources. This book addresses these issues. It outlines the national and international policy processes that are currently underway to protect local genetic resources and related traditional knowledge and the challenges these initiatives have faced. In particular these themes are addressed within the context of the Convention of Biological Diversity and the International Treaty on Plant Genetic Resources for Food and Agriculture. The authors broaden the policy and legal debates beyond the sphere of policy experts to include the knowledge-holders themselves. These are the “custodians of biodiversity” : farmers, herders and fishers in local communities. Their experience in sharing access and benefits to genetic resources is shown to be crucial for the development of effective national and international agreements. The book presents and analyzes this experience, including case studies from China, Cuba, Honduras, Jordan, Nepal, Peru and Syria.

High-Value Natural Resources and Post-Conflict Peacebuilding, Päivi Lujala, Siri Aas Rustad (Eds), Routledge, 2011, 688 p., £49.99

18For most post-conflict countries, the transition to peace is daunting. In countries with high-value natural resources – including oil, gas, diamonds, other minerals, and timber – the stakes are unusually high and peace-building is especially challenging. Resource-rich post-conflict countries face both unique problems and opportunities. They enter peace-building with an advantage that distinguishes them from other war-torn societies: access to natural resources that can yield substantial revenues for alleviating poverty, compensating victims, creating jobs, and rebuilding the country and the economy. Evidence shows, however, that this opportunity is often wasted. Resource-rich countries do not have a better record in sustaining peace. In fact, resource-related conflicts are more likely to relapse. Focusing on the relationship between high-value natural resources and peace-building in post-conflict settings, this book identifies opportunities and strategies for converting resource revenues to a peaceful future. Its thirty chapters draw on the experiences of forty-one researchers and practitioners – as well as the broader literature – and cover a range of key issues, including resource extraction, revenue sharing and allocation, and institution building. The book provides a concise theoretical and practical framework that policy makers, researchers, practitioners, and students can use to understand and address the complex interplay between the management of high-value resources and peace.

La Terre de l’autre : une anthropologie des régimes d’appropriation foncière, Étienne Le Roy, LGDJ, 2011, 448 p., 35 €

19La constitution d’une anthropologie du droit, avec ses mutations internes depuis le début des années 1960, s’est particulièrement appuyée sur l’observation des politiques et des pratiques foncières à l’échelle de la planète, l’Afrique noire ayant été longtemps privilégiée. Au fil de micro-découvertes qui ont ponctué près de cinquante ans de recherches, un cadre théorique nouveau, susceptible d’assurer la sécurité foncière dans un contexte de développement durable, s’est ainsi progressivement consolidé. Il repose sur une relecture des droits fonciers et fruitiers selon la nature des représentations d’espaces considérées, puis il renouvelle l’analyse de la juridicité des terres détenues « en communs » pour ensuite examiner les conditions d’apparition et de généralisation des régimes de propriété privée. La prise en compte de leurs limites et de leurs contradictions conduit alors à proposer la gestion patrimoniale comme le cadre institutionnel pertinent pour le monde nouveau qui s’ouvre devant nous. Pour cela, il a fallu penser la sûreté des hommes et de leurs biens en privilégiant la complexité, le pluralisme, la « soutenabilité » et le changement pérenne comme contraintes propres à la reproduction de nos sociétés contemporaines.

Gestion et politiques de l’environnement

Platos’s Revenge: Politics in the Age of Ecology, William Ophuls, The MIT Press, 2011, XIV + 256 p., $27.95 (cloth)

20In this provocative call for a new ecological politics, William Ophuls starts from a radical premise: “sustainability” is impossible. We are on an industrial Titanic, fueled by rapidly depleting stocks of fossil hydrocarbons. Making the deck chairs from recyclable materials and feeding the boilers with biofuels is futile. In the end, the ship isdoomedby the laws of thermodynamics and by the implacable biological and geological limits that are already beginning to pinch. Ophuls warns us that we are headed for a postindustrial future that, however technologically sophisticated, will resemble the preindustrial past in many important respects. With Plato’s Revenge, Ophuls, author of Ecology and the Politics of Scarcity, envisions political and social transformations that will lead to a new natural-law politics based on the realities of ecology, physics, and psychology. Conventional environmental politics tries to treat the most glaring symptoms of ecological illness while ignoring the anti-ecological dynamic that created them. Ophuls returns to first principles, relying on time-tested classical authors – Plato, Rousseau, Jefferson, Thoreau, and others who have grappled with the fundamental issues of politics. He invites readers to question their most basic social, economic, political, and even moral assumptions, as the first step toward imagining a truly ecological future.

Espaces de vie, espaces enjeux : entre investissements ordinaires et mobilisations politiques, Yves Bonny, Sylvie Ollitrault, Régis Keerle, Yvon Le Caro (Eds), Presses universitaires de Rennes, 2012, 408 p., 23 €

21Promeneurs du dimanche dans la campagne environnante, adolescents qui déambulent dans leur quartier, étudiants qui font la fête sous les fenêtres de riverains exaspérés, habitants expulsés et relogés dans le cadre d’opérations de rénovation urbaine, schémas directeurs visant à orienter l’occupation et le développement d’un territoire : l’espace est autant objet d’appropriation ordinaire que d’inscription dans des politiques publiques variées. Entendant la notion de mobilisation en un sens large, c’est cette diversité de rapports aux espaces et aux lieux que le présent ouvrage cherche à cerner. Comment se construisent les rapports aux espaces du quotidien ? Comment émergent des tensions, voire des conflits ? Comment les pratiques d’un espace sont-elles pensées par les pouvoirs publics lorsqu’ils les aménagent ? Comment les individus se réapproprient-ils ce même espace ? Quels rapports s’établissent entre leurs mobilisations et les régulations opérées par les pouvoirs publics ? Fruit d’une rencontre entre géographes, sociologues et politistes, ce livre s’est aussi ouvert aux architectes et aux urbanistes. Il invite à engager une réflexion interdisciplinaire sur les mobilisations relatives à l’espace et propose des perspectives et des outils pour développer un champ de recherche qui implique nombre de disciplines des sciences humaines et sociales.

Gestion de l’eau : approche territoriale et institutionnelle, Alexandre Brun, Frédéric Lasserre (Eds), Presses de l’Université du Québec, 2012, 234 p., 26 $

22La gestion de l’eau par bassin versant est désormais le pivot des politiques de l’eau en Amérique du Nord et en Europe. L’objectif est de faciliter la négociation entre les acteurs locaux à l’échelle du bassin, afin de limiter les problèmes d’eau et les conflits d’usages, en particulier entre amont et aval. L’enjeu n’est pas mince, puisque l’attractivité des territoires est subordonnée à la disponibilité en eau potable ou encore à la réduction du risque d’inondation. Autrement dit, c’est la pérennité du système « eau-territoire » qui est menacée, car la surexploitation de la ressource et l’aménagement irrationnel de l’espace ont provoqué une crise de l’eau sans précédent. La mise en œuvre de la gestion de l’eau par bassin est cependant chaotique et soulève des interrogations. Ce livre, principalement destiné aux étudiants, présente l’intérêt et les limites de ce « modèle » de gestion. Il offre un aperçu de la complexité de l’architecture institutionnelle des politiques territoriales de l’eau nord-américaine et européenne.

Ville

Ville et biodiversité : les enseignements d’une recherche pluridisciplinaire, Philippe Clergeau (Ed.), Presses universitaires de Rennes, 2011, 238 p., 18 €

23Aménageur, décideur, étudiant, chercheur ou simple curieux trouveront dans cet ouvrage des résultats et des perspectives issus des recherches du programme ECORURB. Celui-ci a fédéré des géographes, des écologues et des sociologues autour d’un même objet de recherche : « Comprendre les effets de l’urbanisation et du climat sur la biodiversité ». Il répond à des interrogations des services municipaux de Rennes et d’Angers, à des attentes des citadins, à des questions scientifiques émergentes sur l’écosystème urbain, et manifeste la construction progressive d’une vraie interdisciplinarité, indispensable à une approche cohérente de l’écologie urbaine.

Urban Water Conflicts, Bernard Barraqué (Ed.), UNESCO Publishing / Taylor & Francis, 2012, XXXIII + 313 p., 38 €

24Urban water conflicts manifested first in Europe in the 19th century and are observed nowadays in various forms throughout the world; in particular, in developing countries. Main causes of these conflicts are characterized by complex socioeconomic and institutional issues related to urban water management. The debate about public water services versus private water supplies is frequently associated with conflicts over water price and affordability. In other respects, the issue of centralization versus decentralization of water utilities is also often discussed in the context of institutional aspects of urban water management. These issues are intertwined and, thereby, a critical examination of socioeconomic and institutional aspects of urban water management in a holistic way is important for better understanding water conflicts in urban areas. Urban Water Conflicts – the output of a project by Unesco’s International Hydrological Programme on “Socioeconomic and Institutional Aspects in Urban Water Management” – presents a collection of essays on socioeconomic and institutional aspects of urban water management, focusing on water and sanitation services. The book examines interdisciplinary approaches to understanding and analyzing conflicts that arise from inadequate urban water management. Conflict analysis is addressed in some essays by taking into account economic, environmental and social dimensions of sustainability. The issue of institutional conflicts between different levels of government is also discussed in some case studies.

Histoire et philosophie des sciences

Code de la nature ou le Véritable Esprit de ses lois, Étienne-Gabriel Morelly, Stéphanie Roza (Ed.), La Ville brûle, 2011, 176 p., 14 €

25En 1755 paraît un petit ouvrage anonyme intitulé Code de la nature ou le Véritable Esprit de ses lois (de tout temps négligé ou méconnu). Ce texte, rédigé par un mystérieux Morelly, est éreinté par les grands journaux de l’époque, à cause de ses attaques violentes contre l’institution religieuse et la morale dominante. Il est pourtant considéré par le marquis d’Argenson comme « le livre des livres ». Et, selon toute vraisemblance, Rousseau a lu et médité le Code de la nature avant d’écrire Du contrat social... Le Code de la nature est aussi le premier programme socialiste de l’histoire de France : l’ouvrage se termine sur un plan de législation idéale destiné à assurer le bonheur du genre humain, sur la base de l’abolition de la propriété privée et de l’avènement d’une société fraternelle. C’est une œuvre utopique d’un genre nouveau en France : personne avant Morelly n’avait osé quitter le terrain du romanesque et de la narration fabuleuse, pour affirmer la nécessité de révolutionner aussi radicalement le vieux monde. C’est aussi un texte philosophique : le programme législatif est précédé de trois « dissertations », dans lesquelles l’auteur ferraille contre ses adversaires sur le terrain moral, politique et métaphysique. Attribué par certains à Rousseau, par d’autres à Diderot, le texte accède à la fin du XVIIIe siècle au rang de « grand livre socialiste du XVIIIe siècle ».

André Gorz : portrait du philosophe en contrebandier, ou l’Écologie politique comme reconquête du sujet, Enzo Lesourt, L’Harmattan, 2012, 206 p., 22 €

26André Gorz (1923-2007), pionnier de l’écologie politique, est en voie de reconnaissance. Cet ouvrage propose de retracer le parcours intellectuel de ce philosophe autodidacte hors du commun. La défense de la biosphère est un point de départ habituel des préoccupations écologistes. A. Gorz, lui, remet l’individu et son autonomie au cœur du projet de société écologiste. Orienter l’écologie politique vers l’autonomie de l’individu lui permet de situer son projet dans la lignée d’autres pensées politiques du XXe siècle, telles que l’existentialisme de Jean-Paul Sartre ou la critique de la société industrielle d’Ivan Illich, ses amis. Par cette démarche originale, il ouvre également un dialogue, critique sur la forme mais fidèle sur le fond, avec la pensée marxiste. À quelles conditions le travail cesse-t-il d’être aliénant ? Quel espace social laisser à la rationalité économique ? et à l’État ? Quid de la décroissance ? Comment bâtir la société du temps libéré ? Depuis les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à l’avènement de l’ère numérique, quel moteur pour l’histoire ? À l’heure où les préoccupations écologistes s’enracinent dans notre société en crises, redécouvrir la pensée politique, sociale et économique d’A. Gorz relève d’une haute nécessité.

La science en action

Essentials of Transdisciplinary Research: Using Problem-Centered Methodologies, Patricia Leavy, Left Coast Press Inc., 2011, 168 p., $22.95

27Transdisciplinary research is issue-driven, addressing contemporary social questions from a range of critical theoretical perspectives unhampered by the theoretical and methodological restrictions of traditional disciplinary boundaries. In this brief, informative guide, Patricia Leavy shows how a transdisciplinary approach can produce more effective results for researchers hoping to ameliorate social problems and foster social justice. Leavy demonstrates the value of transdisciplinary approaches in mixed methods design, and how trans approaches actually help fulfill the promises and goals of mixed methods research. She explains its relationship to multi-disciplinary and interdisciplinary research and its value in community-based and arts-based research projects. Providing the key principles and methods needed to conduct a transdisciplinary study, Leavy also offers numerous examples from multiple research sectors to show its effectiveness. Ideal as a brief introductory text for students engaged in this style of research.

Rapports sciences-technologies-société

Les OGM à l’épreuve des arguments, Sylvie Berthier, Valérie Péan, Quæ, 2011, 224 p., 28 €

28À l’automne 2009, un groupe de personnalités ont accepté de mettre à l’épreuve leurs arguments, qu’ils relèvent du champ économique, biologique, philosophique, juridique ou politique. Cet ouvrage montre la nature des dissensions sur les questions du risque et de l’incertitude, sur l’existence de plusieurs rationalités, sur les notions d’utilité et d’intérêt, sur l’idée d’une manipulation de l’opinion et de la décision... Des terrains d’entente ont aussi émergé, par exemple sur la nécessaire redéfinition du modèle d’expertise. Surtout, une fois considérés les OGM comme de « simples » outils, ce sont bien leurs usages dans un système complexe, à commencer par les modèles agricoles, qui sont au cœur des discussions. Ce sont deux univers qui se télescopent : le scientifique et le politique. Une avancée à mots découverts, un livre sans parti pris, pour tous les citoyens qui cherchent à se construire une opinion, les acteurs professionnels et les décideurs en panne de repère, les chercheurs et les étudiants qui analysent ces controverses.

La Science et le débat public, [Collectif], Actes Sud / IHEST, 2011, 348 p., 29,50 €

29Née d’échanges entre intervenants français et internationaux, lors de la deuxième université d’été de l’Institut des hautes études pour la science et la technologie (IHEST), cette synthèse pose la question des sciences dans l’espace public et de leur place dans le débat. Elle établit les fondements politiques et juridiques du rapport entre science et société. Appliquée aux grandes questions reliant l’éthique, voire la simple survie des populations, et l’avancée technologique, la convergence entre « experts » et « profanes » ne va pas de soi. Témoins, les controverses sur le changement climatique, la vache folle, le principe de précaution contre la grippe aviaire, les nanotechnologies, les OGM, les antennes-relais, etc. Autant de pommes de discorde qui mettent en question tant la légitimité des experts que celle du citoyen et posent le problème crucial de l’information publique, puis de l’action politique.

Sciences de la vie et de la nature

À propos de la science, t. 1. Autour de la matière, Nabil El-Haggar, Rudolf Bkouche (Eds), L’Harmattan, 2011, 402 p., 37 €

30La science est à la fois un processus de connaissance et de compréhension du monde et un phénomène social. Ce dernier aspect a pris de plus en plus d’importance avec le développement technique, qui tend à redéfinir l’ensemble de la société – autant le rapport des hommes au monde que le rapport des hommes entre eux. Ce premier tome propose des écrits sur les sciences de la matière et de la lumière, sur l’astronomie, le mouvement, la mesure, ou sur ce personnage emblématique de la science contemporaine qu’est Einstein.

Sciences humaines et sociales

À propos de la science, t. 2. Science et société, Nabil El-Haggar, Rudolf Bkouche (Eds), L’Harmattan, 2011, 498 p., 41 €

31Ce second tome est consacré aux sciences de la vie et de la Terre, à certains aspects de la philosophie des sciences et à des questions éthiques et politiques. Les sciences de la vie, dès qu’elles abordent l’étude de l’homme, peuvent conduire à des intrusions dans l’intimité humaine, en particulier avec les neurosciences. Si la science a renforcé les moyens d’action sur le monde, ce développement technique agit à son tour sur les hommes, soulevant des questions éthiques et politiques.

Les Paradoxes de l’empathie : philosophie, psychanalyse, sciences sociales, Patricia Attigui, Alexis Cukier (Eds), CNRS Éditons, 2011, 478 p., 35,50 €

32Pourquoi, après des décennies de critique, de discrédit, voire d’ignorance, l’empathie connaît-elle aujourd’hui un regain d’intérêt théorique en philosophie, en psychanalyse et en sciences sociales ? C’est à cette question que cet ouvrage collectif souhaite répondre, en interrogeant les recherches contemporaines sur l’empathie à partir de ses paradoxes théoriques, cliniques et moraux : une compréhension d’autrui à la fois affective et cognitive, identificatoire et sélective, automatique et inégalement distribuée. En examinant les perspectives récemment ouvertes qui montrent l’empathie sous un jour nouveau, en prenant en compte la complexité de son histoire et de ses modèles, la diversité de ses pratiques et de ses usages, les auteurs proposent des analyses originales qui la remettent au cœur d’une dialectique de l’affectivité et de la représentation, de l’intersubjectivité et des rapports sociaux, de l’expérience individuelle et de l’expérience sociale. Cet ouvrage s’appuie sur des rencontres et des programmes de recherche pluridisciplinaires qui renouvellent l’approche de l’empathie, en examinent les mécanismes, les usages et la portée dans les sciences sociales, la philosophie morale et sociale et la psychanalyse. Il constituera un instrument irremplaçable de découverte, d’approfondissement et de critique d’une notion qui a enfin trouvé toute sa place dans la pensée contemporaine.

Une anthropologie entre pouvoirs et histoire : conversations autour de l’œuvre de Jean-Pierre Chauveau, Eyolf Jul-Larsen, Pierre-Joseph Laurent, Pierre-Yves Le Meur, Éric Léonard (Eds), IRD/Karthala, 2011, 660 p., 35 €

33Le parcours de chercheur de Jean-Pierre Chauveau, aussi foisonnant que cohérent, suffirait à justifier l’hommage d’un livre. Au cours de plus de quarante années de recherches, d’enseignements et de débats scientifiques, il a, dans les échanges directs comme par ses écrits, influencé la façon de penser de très nombreux chercheurs et praticiens du développement. Ses travaux ont jalonné la réflexion sur des dimensions structurantes des processus de développement et de construction mutuelle de la société civile et de l’État en Afrique subsaharienne. Loin de la paraphrase ou de l’évocation hagiographique, les contributions réunies dans cet ouvrage proposent des mises en dialogue et en débat des analyses de J.-P. Chauveau, parfois aussi des témoignages d’une rencontre marquante. Écrites par des chercheurs d’horizons divers, elles partagent avec leur inspirateur cette curiosité inépuisable pour la dynamique des sociétés africaines confrontées à la « mécanique » du développement, mais aussi, parfois, un certain émoi pour le « temple » d’un torero, les rebonds voluptueux d’une rumba ou ceux, plus capricieux, du ballon ovale.

Refaire société, [Collectif], La République des idées / Le Seuil, 2011, 96 p., 11,50 €

34La crise financière, la montée de la précarité et de la pauvreté, l’accroissement des inégalités, mettent en péril la cohésion de notre société. Le délitement du lien social est aussi aggravé par le repli sur soi et la profonde méfiance des citoyens à l’égard des institutions. Il ne s’agit pas seulement de faire le constat de cette crise, mais de comprendre comment on peut faire – ou refaire – société. De nombreuses pistes s’offrent à nous : accroître la protection et l’autonomie de l’individu, faire de l’entreprise un projet de création collectif, renforcer l’égalité des positions sociales, enrichir la vie démocratique. Ce livre rassemble les analyses et les propositions d’un « intellectuel collectif » pour sortir de la crise multiforme que nous traversons.

Sommes-nous vraiment prêts à changer ? Le social au cœur de l’économie, Roger Sue, Les Liens qui libèrent, 2011, 250 p., 19 €

35La crise financière est l’ultime épisode du dérèglement du monde depuis la fin des trente glorieuses. Mais l’ancien monde à l’agonie ne doit pas cacher le nouveau. Ainsi, dépenses et endettement publics, que tous les gouvernements ont tenté en vain de juguler, traduisent avant tout l’irrépressible montée d’un nouveau modèle de développement fondé sur le capital humain, l’individu, la connaissance, la compétence, la santé, le lien social... Mais que faire quand le social, le bien commun ou le service public sont au cœur de la richesse ? Quand produire consiste d’abord à se produire ? Quand le travail de la connaissance ne s’accommode plus des règles du travail industriel ? Quand ni l’État ni le marché ne peuvent faire face à cet appel d’une croissance nouvelle et à l’émergence d’un secteur quaternaire ? Tel est le défi, autant politique qu’économique, que ce livre entend relever. Le chemin passe par la mobilisation de la société civile et de ses organisations naturelles, comme les associations, pour participer à la production du bien commun, par des transferts de ressources vers ce qui produit vraiment la richesse, loin du fétichisme de la monnaie et des marchés financiers, par une réévaluation de ce que travailler veut dire, par un nouveau sens de la connaissance et de l’éducation... Bref, par une transformation de notre économie qui engage aussi celle de notre démocratie. Y sommes nous vraiment prêts ?

Les Modes d’expression de la citoyenneté européenne : actes de la journée d’étude organisée à Louvain-la-Neuve le 19 mars 2010, Cédric Cheneviere, Geneviève Duchenne (Eds), Presses universitaires de Louvain, 2011, 174 p., 16 €

36Le sentiment européen ne va pas de soi. Il est souvent plus faible que le sentiment national, peut-être parce qu’il est plus de raison que de cœur. La construction européenne remet radicalement en question la notion de citoyenneté, car celle-ci est historiquement liée à l’idée d’appartenance nationale. Au même instant, c’est précisément la nationalité d’un État-membre qui, du point de vue juridique, confère la citoyenneté européenne. Encore que le seul droit ne suffise pas... Dès lors, comment construire un espace public européen digne de ce nom et faire émerger une véritable citoyenneté politique à l’échelle de l’Europe ? La question n’est pas que spéculative dans un contexte fortement marqué par la mondialisation. Le présent ouvrage propose une approche interdisciplinaire (droit, sciences politiques et histoire) pour décrire les tenants et aboutissants de la citoyenneté européenne, et ainsi mettre en exergue ses différents modes d’expression.


Date de mise en ligne : 04/01/2013

https://doi.org/10.1051/nss/2012021

Notes

  • [1]
    Cette réorganisation de la rubrique en grands champs thématiques est pour l’instant en cours d’évaluation et donc susceptible d’évolution.

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