Notes
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[*]
Auteur correspondant : joellesalomon@yahoo.fr
J. Salomon Cavin dépend également de l’UMR Ladyss, CNRS, Université de Paris 10, Bât. K, 200 avenue de la République, 92001 Nanterre cedex, France. -
[1]
Ce colloque s’est tenu au château de Cerisy-la-Salle du 20 au 27 septembre 2004. Il a été organisé conjointement par Augustin Berque (EHESS), Philippe Bonnin (CNRS) et Cynthia Ghorra-Gobin (CNRS). Ce groupe de chercheurs organisait déjà, depuis 2001, un séminaire sous le même titre à l’EHESS. Le colloque a réuni une cinquantaine de participants. Vingt-huit communications ont été présentées par des scientifiques originaires de Chine, du Japon, de Corée, des Pays-Bas, d’Italie, de France, du Canada et des États-Unis.
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[2]
Citons notamment le dernier chapitre de La Ville durable, du politique au scientifique (Mathieu et Guermond, 2005), qui pose le problème de « l’habitabilité des milieux de vie » (Hucy et al.), le séminaire «Modes d’habiter » du Ladyss, créé en 2004 (dont la séance « La Nature dans les modes d’habiter » en juin 2006), et le colloque « L’habiter », organisé par Thierry Paquot et Chris Younès en mai 2006 (Institut d’urbanisme de Paris, Université Paris XII-Val-de-Marne).
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[3]
Cf. «La ville-nature contemporaine : quelle réalité, quel projet ? », 2es Rencontres internationales de recherche en urbanisme de Grenoble, 5-6 février 2004 ; appel à communication (Chalas, 2003) et compte rendu (Grésillon et Morel-Brochet, 2005) publiés dans Natures Sciences Sociétés.
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[4]
Argument du colloque « Les trois sources de la ville-campagne », http://www.ccic-cerisy.asso.fr/villecampagne04.html
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[5]
Argument du colloque, cf. supra, note 4.
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[6]
Berque, A., « Les trois sources de la ville-campagne et ce à quoi elle aboutit », conférence donnée au centre Jacques Berque, Rabat, le 12 janvier 2005
(http://www.ambafrance-ma.org/cjb/progammes/villes/VSS/ textes/Trois%20Sources%20conf%20CJB%20Rabat.doc). -
[7]
Critique de C. Friedberg à propos du livre de P. Descola, Par delà nature et culture (Paris, Gallimard, 2005) ; texte inédit, soumis à NSS.
1La publication de La Ville insoutenable (Berque et al., 2006), ouvrage collectif issu d’un colloque de Cerisy intitulé « Les trois sources de la ville-campagne [1] », est l’occasion de revenir sur la réflexion que mènent Augustin Berque et ses collègues Cynthia Ghorra-Gobin et Philippe Bonnin sur la question de l’origine idéelle du développement périurbain. Les réflexions proposées par ce colloque, que l’on retrouve certes dans l’ouvrage, la vivacité des débats en moins, alimentent au moins deux grandes questions âprement discutées dans le monde de la recherche.
2La première concerne l’habiter dans les sociétés postindustrielles et l’habitabilité des lieux de vie. Elle va de pair avec la question de la durabilité des modes d’habiter dans les dimensions sociales, économiques et écologiques [2], dont les territoires périurbains constituent des terrains privilégiés d’analyse. On peut dire que s’affrontent sur cette question : partisans de la ville compacte, « la vraie ville », pour qui le développement durable constitue un argument central de dénonciation de l’habiter périurbain (Berque et al., 2006) ; partisans d’un nouveau type de ville, pour qui les développements périurbains constituent l’expression d’une « ville émergente » (Chalas, 2000) ; et, enfin, partisans d’une évaluation sans a priori de chaque mode d’habiter du point de vue de sa durabilité (Mathieu et Guermond, 2005). Les mots constituent un enjeu majeur de ce débat. Comme alternative au terme « périurbain », jugé imprécis, impropre ou péjoratif, apparaissent ainsi dans la littérature des termes illustrant l’altérité, tels que « tiers espace » (Rémy, 2004, reprenant l’expression de Jean Viard, 1990) ou « entreville » (Sieverts, 2004), mais surtout des expressions hybrides illustrant le mélange de catégories jusque-là considérées comme contradictoires, telles que « ville-nature [3] » ou « ville-campagne », et construites pour interroger leur capacité à concilier nature et citadinité, et à juger la forme urbaine du point de vue de sa durabilité.
3La seconde question porte sur la transformation des représentations de la ville, de la campagne et de la nature et de leurs rapports (cf. notamment Mathieu, 1990, 1998 et 1999 ; Salomon Cavin, 2006), ainsi que sur l’effet territorial de ces représentations (cf. notamment Ghorra-Gobin, 1998 ; Salomon Cavin, 2005 ; Mathieu et al., 2006). Cette réflexion est en particulier motivée par le constat d’un décalage entre l’évolution matérielle des lieux habités et leurs représentations. Même si la distinction ville-campagne disparaît apparemment dans le territoire, les représentations de cette opposition sont toujours vivaces dans l’imaginaire collectif et influencent les comportements des habitants. Les représentations anti-urbaines ou pro-rurales sont ainsi désignées comme l’un des éléments moteurs de la périurbanisation.
4Le débat sur ces questions est actuellement loin d’être épuisé, il est même en pleine ébullition. Tout en reconnaissant l’originalité et la qualité scientifique incontestable de la réflexion sur les trois sources de « la ville campagne », qui étaient manifestes pour tous ceux qui ont assisté au colloque et qui ont vécu les moments forts des controverses, le développement qui suit a pour objet de se situer de façon critique tant du point de vue théorique que méthodologique par rapport à la problématique adoptée et, finalement, de proposer des perspectives de recherche.
« Les trois sources de la ville-campagne » : origine et portée d’un colloque
5Dans l’esprit des organisateurs, l’expression « villecampagne » désigne l’étalement périurbain et la généralisation dans les campagnes d’un habitat non agricole de type pavillonnaire. Les mots ville et campagne sont accolés pour « souligner que dans ce phénomène, la ville est vécue sous les espèces de la campagne » (Berque, 2004). La « ville-campagne » est « une dynamique urbaine mais dans laquelle c’est une forme d’habitat de type rural, riche en espace et proche de la nature, qui est recherchée».
6La question centrale qui orientait le débat était : « Pourquoi des citadins idéalisent-ils un habitat rural ? » L’hypothèse proposée était que cette idéalisation constitue le résultat de l’influence combinée au cours de l’histoire de trois « sources » culturelles : « la pastorale », mythe arcadien européen «qui chante le bonheur paisible de la vie aux champs », le « mythe de la Grande Identité (Datong) anté-urbaine » pour l’Asie orientale, qui idéalise « la chaumière dans le paysage », et enfin « le “rêve américain”, [qui] a enraciné la démocratie dans les valeurs du monde rural [4] ». Les pôles européen et asiatique seraient à l’origine des représentations de l’idéalisation d’un habitat proche de la nature, alors que le pôle américain aurait produit, à partir de ces représentations, le modèle concret de la maison individuelle associée à l’automobile.
7L’objectif du colloque était donc d’établir la généalogie de la forme d’habiter de la ville-campagne, en remontant jusqu’à ses sources culturelles originelles, l’idée centrale étant qu’en procédant ainsi, on remontait aux sources de l’insoutenabilité des formes actuelles de l’extension de l’urbanisation.
8A. Berque est le principal instigateur de cette réflexion. En 2002, il développe l’hypothèse de la combinaison des trois pôles culturels dans un article intitulé « L’habitat insoutenable. Recherche sur l’histoire de la
9Désurbanité » (Berque, 2002). Le texte commence par une dénonciation de l’habitat périurbain, jugé incompatible avec un développement durable du territoire : « Le couple Automobile-Pavillon, qui fait éclater les villes, n’est pas soutenable. Il ne l’est pas car il tend à s’abstraire de toute échelle, tant du point de vue éthique et politique de la cité humaine que de celui, écologique, de la biosphère ». Ce mode d’habiter contemporain est associé à un modèle de développement qui va à l’encontre de la ville. Il entraîne la « désurbanité », car il induit la « dilapidation du capital social de la ville constitué à la fois de biens matériels (égouts, autobus, etc.) [et] des rapports sociaux qui fondent la ville ».
10A. Berque utilise la figure du cyborg, « être mécanisé par un monde mécanique », qu’il emprunte à Antoine Picon (1998), pour décrire les populations qui vivent dans ces territoires « insoutenables ». La prédilection du cyborg pour son pavillon et sa voiture a fait éclater la ville. Le cyborg vit hors la ville parce qu’il est à la recherche d’un habitat « au plus près de la nature ». C’est à l’origine des motivations qui poussent à rechercher cette proximité avec la nature et, ce faisant, au développement d’un habitat insoutenable que Berque consacre la fin de sa démonstration. L’hypothèse proposée repose sur l’idée que le mode d’habiter du cyborg est inspiré du paradigme américain de la suburban nation,mais qu’il est aussi imprégné de courants d’idées vieux de plusieurs millénaires, dont l’origine se situerait précisément en Chine du Sud à l’époque des Six Dynasties, c’est-à-dire entre le IIIe et le VIe siècle après J.-C. Là aurait été instauré « pour la première fois dans l’histoire humaine […] le couple esthétique Pavillon-Paysage ». Ce modèle chinois se serait ensuite diffusé à l’Asie orientale et également à l’Occident, où il se serait marié au mythe pastoral antique.
11L’objectif du projet de recherche que le géographe lance alors est de comprendre « comment […] s’est creusé le bassin sémantique où vit aujourd’hui Cyborg » et de montrer de quelle manière il s’est transmis au cours des âges tant et si bien qu’il inspire l’habitat du cyborg : « Il s’agira de clarifier les modalités de la confluence qui s’est produite alors entre un influx oriental (manifesté par exemple dans le goût sharawadgi) et un héritage antique (la pastorale) ; confluence dont s’est nourri l’art des parcs au XVIIIe et au XIXe siècle, pour, de là, conditionner l’habitat moderne des Européens et surtout des Américains, avec le mythe de la maison dans la nature », précise le texte de présentation du colloque.
12Le propos du colloque était donc original et audacieux. Le rôle accordé à la dimension imaginaire, à l’idéel, dans la construction des habitats le rendait particulièrement attractif. Il était souligné que l’on y privilégierait la réflexion sur les fondements moraux de l’habiter et que l’on s’intéresserait à la question du rapport à la nature dans différentes sociétés et à différentes époques. Il s’agissait d’aller le plus loin possible, en remontant le temps et en traversant les continents, dans l’examen des représentations de la nature qui influencent la construction du territoire périurbain.
13Cependant, l’objectif le plus fort, le plus original et le plus important était l’approche simultanée des trois aires culturelles. Il fallait oser rapprocher de la sorte ces cultures et les traiter de concert sur une semaine. Contrepartie de cette audace, le danger était évidemment demal étreindre à vouloir trop embrasser. Ce danger a été généralement écarté grâce aux organisateurs, qui ont assuré la cohérence des interventions en revenant souvent sur les contributions de celles-ci à l’hypothèse générale. Le résultat brut est une très grande richesse d’informations et de références. Les exposés sur la Chine, le Japon et la Corée ont très bien montré en quoi consistaient pour ces pays les mythes originels des représentations collectives de la ville et de la campagne. Les similitudes et les filiations évidentes entre les représentations de la nature en Occident et en Orient ont sans doute constitué l’apport le plus inattendu de cette session. L’opposition entre une nature idéalisée et une ville chargée de tous les maux et, partant, l’idée d’une nature-refuge apparaissent tout autant centrales dans la culture asiatique que dans la culture occidentale.
14Les qualités de ce colloque résidaient non seulement dans la convocation simultanée de sources culturelles a priori aussi différentes, mais également dans la mise en lumière de moments historiques de convergence entre celles-ci. « Il est possible qu’au Moyen Âge, la paix mongole ait permis l’introduction des modèles paysagers de la Chine en Europe, écrit A. Berque. Au XVIIIe siècle, les jardins chinois ont joué un rôle certain dans la naissance du jardin à l’anglaise, rejoignant la décomposition de la forme intégrée de la ville classique dans le Campo Marzio piranésien. Du point de vue morphologique, cette convergence est à l’origine du modèle de la cité-jardin, qui aura dominé la pensée urbanistique au XXe siècle. On sait aussi l’influence du japonisme dans la genèse de certains des principes de l’architecture moderne » (Berque, 2004).
15Malgré les nombreuses études déjà disponibles sur les fondements ruraux du mythe américain et le phénomène de l’urban sprawl, les interventions consacrées à la source nord-américaine (États-Unis et Canada) étaient très instructives et très complémentaires avec les autres aires culturelles traitées. C. Ghorra-Gobin a su convaincre, par le choix des intervenants et par ses propres interventions, de la conjonction des facteurs culturels (protestantisme), économiques (capitalisme) et politiques (libéralisme) pour expliquer la diffusion et la perpétuation du mode d’habiter périurbain aux États-Unis. Le processus de périurbanisation aux États-Unis est clairement apparu comme un projet de société, initié dès l’origine par des pères fondateurs valorisant la maison individuelle, et pas du tout comme l’effet d’un laisser-faire.
16La démonstration de l’effet territorial de l’idéalisation de l’habitat rural combiné avec le modèle fordiste et les politiques publiques favorisant l’accession à la propriété est saisissante.
17Les interventions portant sur le pôle européen ont été moins enthousiasmantes et moins convaincantes. Les exposés censés représenter cette aire culturelle ne concernaient, à quelques exceptions près, que la France et l’Italie. Ils étaient pour la plupart très intéressants, mais on avait du mal à trouver un lien entre eux. C’était, il est vrai, sans doute la « source de la ville-campagne » la plus difficile à traiter en aussi peu de temps en raison de la proximité de la plupart des participants du colloque avec cette aire culturelle. Les exposés les plus enrichissants étaient aussi les plus pointus, mais le risque était de rendre impossible toute conclusion générale.
Une démonstration un peu forcée
18Trois points de la problématique du colloque méritent discussion : son postulat de base (le caractère non durable de la ville-campagne) ; son hypothèse centrale (les trois sources de la ville-campagne), qui privilégie le moment d’origine dans la temporalité ; son schéma explicatif (l’importance accordée à la dimension idéelle dans l’analyse).
Le postulat de base
19L’importance du thème abordé et la qualité de la plupart des interventions font regretter que les hypothèses et les présupposés à l’origine du colloque n’aient pas été plus explicités et discutés. On a eu souvent la désagréable impression que le système d’interprétation des sources de la ville-campagne nous était livré comme un postulat plutôt que comme une hypothèse de travail.
20L’assimilation de la ville-campagne à un habitat insoutenable est posée comme allant de soi. Cette sentence d’insoutenabilité et de « désurbanité », qui frappe ce type d’urbanisation et qui orientait les débats, fait courir le risque de limiter par des a priori les conclusions sur les types d’habitat souhaitables. Les différentes manifestations de cette ville-campagne dans le monde n’ont été considérées que comme des avatars de la modernité et de l’insoutenabilité. Jamais la question d’une durabilité possible – d’un point de vue autre que celui de la forme – de l’habitat pavillonnaire périurbain n’a été envisagée. Ville compacte et ville diffuse ont été présentées comme des modèles irrémédiablement opposés au travers du prisme du développement durable. Or, l’urbanisation périurbaine est-elle forcément insoutenable ? N’existe-t-il pas des modes durables de cohabitation dans le périurbain ? À l’inverse, la ville compacte constitue-t-elle la seule alternative de développement urbain durable ? Ces questions auraient mérité d’être posées. Derrière les débats, on sentait bien l’envie d’inverser le processus, de détourner l’habitant de la ville-campagne et de le pousser à retourner dans la ville compacte. Mais n’y a t-il vraiment que la ville traditionnelle, dense et bien délimitée, comme seule alternative durable d’urbanisation ? La dénonciation à tous crins du périurbain pavillonnaire constitue-t-elle vraiment un moyen de faire aimer la ville ? N’oublions pas que, pour une grande partie de la population, la ville-campagne est le mode d’habiter idéal.
21On est ici confronté à un décalage entre les discours savants qui fustigent la ville étalée et privilégient le modèle de la ville compacte et les discours « ordinaires » qui considèrent le périurbain comme un lieu à vivre. Cette situation ne justifie-t-elle pas que les chercheurs abordent plus sereinement ces territoires et évaluent, sans a priori, leurs coûts sociaux et environnementaux ? N’estil pas nécessaire qu’ils les replacent dans une sérieuse actualisation et réévaluation de ce que sont les relations ville/campagne du point de vue des habitants et du développement durable proprement dit (Mathieu et al., 2006) ?
22Par ailleurs, les organisateurs du colloque ont surtout mis l’accent sur le caractère international du phénomène de la ville-campagne, en soulignant combien le modèle américain avait pu se diffuser partout dans le monde. Mais les formes de périurbanisation pavillonnaires sont-elles vraiment identiques partout dans le monde ? N’y a-t-il pas diverses façons d’habiter les espaces périurbains, ne serait-ce que dans l’Union européenne (Mathieu et al., 2006) ? L’apparente similitude, aussi frappante soit-elle, ne doit pas empêcher de considérer les différences, tant du point de vue de l’origine culturelle que des manifestations construites de ce mode d’habiter.
L’identification et le traitement des trois sources
23Par hypothèse, trois bassins culturels sont identifiés comme sources de la ville-campagne. En résumé, le bassin asiatique et le bassin européen sont désignés comme sources originelles de l’idéalisation de la nature, alors que le bassin nord-américain aurait fonctionné comme producteur « du mode paradigmatique de l’habitat contemporain [5] ».
24Cette construction exclut à première vue l’influence de tout un tas d’autres aires culturelles, comme l’Amérique latine, le Maghreb ou le Proche-Orient. Durant le colloque, une participante a fait remarquer combien le monde maghrébin était important pour comprendre la conception du paysage espagnol. La réponse apportée alors fut que le modèle américain était suffisamment prégnant pour influencer en retour toutes les formes actuelles de développement de la ville-campagne. Tous les pays tendraient vers ce mode d’urbanisation. Partout, les cultures locales se seraient imbriquées ou télescopées autour d’une sorte de modèle bucolique général.
25À l’aire de la globalisation, l’hypothèse est sans aucun doute pertinente. Mais on reste curieux de savoir, d’une part, comment les aires culturelles européennes et asiatiques ont été identifiées comme les deux seules sources à l’origine de la ville-campagne et, d’autre part, comment, par la suite, le modèle américain a pu interagir avec les différentes cultures de la nature et de la ville dans le monde et finalement s’imposer.
26Par ailleurs, l’Europe a été a priori abordée comme s’il était possible d’identifier un imaginaire collectif commun à toutes les nations la composant : le mythe de la pastorale. Or, si l’on peut croire en une certaine homogénéité des aires culturelles nord-américaine et asiatique dans leur rapport à la nature, la chose est beaucoup plus discutable pour ce qui concerne l’aire européenne. L’existence d’un bassin sémantique européen de la nature aurait du être débattue. Aucun accent n’a été mis sur la diversité qui fonde l’Europe. Le clivage culturel le plus évident est celui qui distingue le Bassin méditerranéen des pays de l’Europe du Nord et de ceux de l’Europe centrale. La pastorale constitue-t-elle un héritage commun à la Suède, l’Espagne et la Hongrie ? Anne-Marie Thiesse (2001) a sans doute démontré l’importance de l’idéalisation de la nature et du paysage dans la création des identités nationales partout en Europe. Cependant, cela ne signifie pas forcément que l’on puisse remonter à la même source pour déterminer l’origine de cette idéalisation. L’idée d’un imaginaire européen commun de la nature doit être creusée et commencer par se nourrir des travaux existants sur l’histoire des rapports ville-campagne (Mathieu, 1996) et la périurbanisation en Europe (Mathieu et al., 2006).
Le rôle effectif des représentations sociales de la nature dans le développement de la ville-campagne
27D’emblée, les représentations de la nature ont été associées au développement de la ville-campagne. L’idéalisation de la nature est dénoncée en raison des conséquences que provoque le type d’habitat qui en découle sur le territoire, mais sa relation réelle avec ce type d’habitat ne fut pour ainsi dire jamais explicitée. Il aurait fallu discuter plus avant de la place des représentations collectives de la nature, de la ville et de la campagne dans les pratiques habitantes et dans la construction des territoires. En se centrant sur l’influence des seules représentations idéelles de la nature dans la production de la ville-campagne, le colloque était amené à leur accorder une part bien trop forte.
28C’est là une question méthodologique centrale. Il y a une différence essentielle entre la démarche qui consiste à se limiter à l’analyse des imaginaires et celle qui consiste à se plonger dans l’interprétation du réel. Toutes les tentatives de passage de l’une à l’autre sont peu convaincantes. Aux États-Unis, on a recours à l’économie et à l’État pour expliquer le succès de l’urban sprawl. Mais, paradoxalement, la question de l’importance de l’idéalisation de la nature dans les motivations des populations elles-mêmes n’est que peu abordée. On a surtout fait référence à la conception de la nature des élites et des lettrés. Les habitants étaient les grands absents des débats.
Quelle place accorder aux représentations de la nature, à la pastorale, dans le développement de la ville-campagne ?
29Les coups de force des organisateurs ont peut-être été la condition nécessaire au lancement d’une problématique comparative et diachronique aussi ambitieuse. Mais quelles sont les perspectives de recherche ainsi ouvertes ? Pour tracer des perspectives de recherche s’appuyant sur les apports de ce colloque, il faut revenir sur la question de méthode qu’il soulève en n’accordant d’attention qu’aux dimensions idéelles de la production de l’habitat. Ce choix, que l’on peut qualifier de « réductionniste », fait l’impasse sur trois aspects de la question : la complexité des processus et la multiplicité des acteurs ; le problème du temps, qui est à l’arrière-plan de celui des généalogies et des filiations dans les processus sociaux ; le poids à donner aux contextes dans l’analyse des faits de société.
Complexité des processus et multiplicité des acteurs
30Malgré toute l’importance qu’il convient d’accorder aux représentations sociales dans la construction des paysages, on ne peut pas s’en tenir uniquement à elles pour analyser l’origine de la ville-campagne. Les formes d’urbanisation résultent d’une multiplicité de facteurs (économiques, politiques et sociaux). Par ailleurs, le vécu de l’habitant ne peut pas être ramené à ses seules représentations de la nature. Un retour au réel et au point de vue de l’habitant s’impose. Comme l’a rappelé l’un des intervenants au colloque, vouloir toujours rechercher une seule cause à un fait social, une seule origine à une situation, peut être désormais considéré comme dépassé, compte tenu de ce que les analyses interdisciplinaires ont pu mettre en évidence, à savoir la complexité des processus (Luginbühl, 2006). C’est aussi nier ou sous-estimer les contradictions entre les représentations des acteurs dominants et celles des habitants de ces lieux, dont on aimerait savoir comment ils les identifient et les nomment.
31Ainsi, tous les acteurs de la construction de la ville-campagne doivent être interrogés, à commencer par ceux qui ont choisi ce mode de résidence. Il est important de s’attacher aux valeurs et aux représentations qui motivent, chez les habitants de différents pays, le choix de la ville-campagne comme lieu de vie. Seules des enquêtes de terrain, réalisées dans différents contextes culturels et auprès de différentes catégories de population, peuvent permettre de comprendre les effets territoriaux actuels des représentations de la nature.
32Par ailleurs, il est important d’admettre que ces représentations ne sont pas immuables ; elles évoluent et connaissent leur propre dynamique. Les valeurs qui sont attachées à la nature, tout comme celles qui le sont à la ville et à la campagne, peuvent se modifier, voire s’inverser au cours du temps. En Suisse, par exemple, l’image traditionnellement négative de la ville a connu un retournement évident durant la deuxième moitié du XXe siècle (Salomon Cavin, 2005).
33Tester la place actuelle des représentations de la nature dans la logique des comportements des habitants passe, au moins, par un double questionnement. D’une part, il s’agit de déterminer les rôles respectifs des facteurs matériels et des facteurs idéels dans le choix du lieu de vie. D’autre part, on ne peut faire l’économie d’une interrogation sur les raisons de la prédilection pour un mode d’habiter donné. En ce qui concerne le choix de celui qui est caractéristique de la ville-campagne, on peut se demander quels y sont les poids respectifs de l’idéalisation de la nature et de l’hostilité à l’égard de la ville. L’idéalisation de la nature est-elle vraiment au cœur du processus actuel de développement de la villecampagne ? Ne seraient-ce pas les facteurs (réels ou fantasmés) de répulsion à l’égard des conditions de vie en ville qui seraient dominants ? Et alors, dans cette perspective, comment concevoir le couplage ville-nature ?
Généalogies et filiations
34Une des questions centrales à une telle problématique est de savoir comment appréhender le temps. Comment croiser les différentes échelles de temporalité ? Rappelons, comme le fait A. Berque lui-même, que l’on s’intéresse aux effets territoriaux actuels «d’un courant d’idées […] vieux de plusieurs millénaires [6] ». Comment réussir à appréhender un temps aussi long ? Si l’on veut trouver des sources et déterminer leur portée actuelle, parton de la source elle-même ou de l’estuaire, sachant qu’à l’estuaire, on constate un phénomène qui, dans sa complexité, n’a plus rien à voir avec la source ?
35Face à une telle complexité, il paraît important d’adopter une approche duale du temps, des temporalités des processus : non pas seulement descendante (comme ce fut le cas durant le colloque, où l’idée même de « source » révèle une conception du temps « au fil du fleuve ») ou, au contraire, de l’actuel en privilégiant uniquement le temps présent, mais qui soit fondée sur le va-et-vient entre le phénomène constaté en aval et la source supposée en amont. Partir de ce qui est, et remonter le temps pour chercher des filiations historiques ; et, parallèlement, tenter de suivre la diffusion d’une source à travers l’histoire et les cultures.
36Lors du colloque, la descente depuis la source jusqu’à l’estuaire a été construite à partir de textes considérés comme fondateurs, tels les poèmes chinois ou les écrits de Virgile, et, partant, elle s’est appuyée sur des personnages charnières, tels Ebenezer Howard ou Piranesi, dont on connaît l’influence, mais dont on doit encore déterminer l’inspiration. Par quels canaux les textes de Virgile ou les poèmes japonais qui nous ont été présentés participent-ils à la construction actuelle des territoires ? Est-ce que ceux qui ont été témoins ou promoteurs de la ville-campagne avaient recours à l’une ou l’autre de ces sources ? E. Howard a souvent été cité comme précurseur idéologique de cet habitat insoutenable, alors qu’aujourd’hui la « cité-jardin » est partout revalorisée. Quelles étaient les sources de sa conception de la ville et de la campagne ? Avait-il seulement lu Virgile, dont on lui prête la conception idéalisée de la nature ? Cite-t-il dans ses écrits le mythe de l’Arcadie ?
37Et, s’il faut remonter le temps, ne doit-on pas consolider les démarches anthropologiques tentant de retrouver, sous la diversité des cultures de la nature caractérisant les sociétés postindustrielles, les catégories liant culture et nature qui fondent leurs distinctions [7] ?
Contextes et contenus
38Un moyen d’appréhender l’importance actuelle des représentations idéalisées de la nature dans le développement de la ville-campagne est de revenir sur les contextes historiques de construction de celles-ci. Ce travail historique est nécessaire pour comprendre non seulement les idéologies et les mythes qui ont alimenté cet imaginaire, mais également la relation que ces représentations entretiennent avec des moments précis de l’histoire des nations. Quels ont été les contextes politiques, économiques et sociaux propices à l’idéalisation de la nature ? Quels sont les moments forts de construction, d’expression, de rémanence de ces représentations ? Il est probable, par exemple, que la révolution industrielle a joué un rôle central dans l’idéalisation de la nature. Les conditions de vie désastreuses dans les villes industrielles vont nourrir dans l’inconscient collectif le désir de vie à proximité de la nature. Dans ce cadre, la préférence accordée à la nature a une origine très concrète. Elle est liée aux conditions urbaines des premières villes industrielles.
39Il est en outre important de s’intéresser, dans chaque contexte analysé, au contenu de ces représentations ; autrement dit, de se demander ce qui est idéalisé dans la nature : un mode de vie ? un paysage ? Et, inversement, de se demander à quoi cette nature est opposée : à une ville délétère ? à une ville source de tous les vices, telle que Rousseau la décrivait ?… En définitive, ce que l’on idéalise dans la nature se modifie-t-il en fonction de l’évolution des conditions urbaines ou rurales ? Ou bien en est-il indépendant ?
40Une hypothèse possible serait que l’on peut distinguer historiquement deux grands modèles à l’origine de la représentation idéalisée de la nature : un modèle moraliste et un modèle matérialiste. Le premier relèverait d’un imaginaire sans lien direct avec la réalité. C’est un jugement moral ou religieux sur la nature : la nature est bonne ; elle est un lieu de vie idéal pour l’homme ; c’est en son sein qu’il est le plus proche de Dieu… Ce modèle écarte les faits pour ne proposer qu’un récit exemplaire. Le second serait plus directement en relation avec le monde matériel. Le sursaut en faveur du rural au moment de la révolution industrielle relève de cette interprétation matérialiste. Il se produit dans des pays, comme la Grande-Bretagne ou l’Allemagne, où la campagne était à cette époque « réellement » plus accueillante que la ville.
41Cette distinction est fondamentale, parce que le premier modèle est le plus susceptible de se perpétuer, de se transmettre et d’apparaître de façon rémanente dans des contextes culturels et des époques différents. Son lien très lâche avec la réalité confère une grande stabilité au système de valeurs sur lequel il repose. Même s’il possède sa propre inertie, le second modèle est le plus susceptible de se modifier, parce qu’il a un rapport étroit avec les changements qui s’opèrent dans le réel.
42La relation réciproque entre représentations et matérialité ne doit pas être mésestimée. Si la matérialité de la ville-campagne est issue d’une certaine image de la nature, cette matérialité peut aussi influencer en retour les représentations. Autrement dit, l’image de la nature n’est pas réductible aux sources anciennes, mais se construit également sur des interactions avec le réel. L’idée que l’attrait pour l’habiter périurbain est uniquement lié à des images de la nature héritées du passé doit être dépassée.
Conclusion
43Le périurbain est actuellement souvent présenté comme un territoire détestable, odieux mélange de ville et de campagne, catégories que l’on aurait souhaitées encore clairement distinctes. Forts de cette hostilité, de nombreux chercheurs et urbanistes se donnent comme objectif de tenter de trouver les mots et les moyens de décourager le mode d’habiter périurbain et de redonner envie de la vie dans la « vraie » ville, celle de la compacité. Dans cette quête, le développement durable a été instrumentalisé comme moyen de dénonciation supplémentaire. Une ville durable serait une ville compacte, alors que la ville étalée et hybride serait insoutenable. Cette stigmatisation pousse à ne considérer que les mauvais côtés de ce développement et à ne s’intéresser qu’aux travers sociaux et environnementaux (voire économiques, si l’on considère, par exemple, les coûts en termes d’infrastructures liés à la faible densité) qui l’accompagnent.
44Notre proposition est d’adopter, comme le suggère Jean Rémy (2004), une « conscience positive » du périurbain comme « lieu de tous les possibles » : une conscience qui n’exclut pas les travers, mais qui accepte aussi les potentiels. Autrement dit, il s’agit d’apprécier sans a priori la valeur de cet espace. Le concept de ville durable est alors à mobiliser en tout premier lieu comme potentiel d’analyse, parce qu’il invite à saisir la complexité et pousse à l’interdisciplinarité. C’est là peut-être un des principaux enseignements de travaux récents sur cette question (Mathieu et Guermond, 2005). Pour être vraiment convaincante, la démarche de A. Berque, C. Ghorra-Gobin et P. Bonnin devrait beaucoup plus mettre l’accent sur le regard croisé des sciences humaines, des sciences de la nature et des sciences de l’ingénieur et valoriser des connaissances accumulées sur ce thème. De nombreux points de vue disciplinaires ont été présentés durant ce colloque, mais ils auraient mérité d’être articulés les uns aux autres. Il aurait fallu accorder une plus grande attention aux points forts des résultats disciplinaires et à leur mise en relation.
45Enfin, tout en reconnaissant le potentiel de réflexion qu’induit le développement durable, il est important également d’être conscient qu’il s’agit encore « d’une pensée incertaine » (Mathieu et Guermond, 2005).
Remerciements
L’auteur tient à remercier Nicole Mathieu pour sa précieuse contribution à la construction des arguments développés dans cet article.Bibliographie
Références
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- Berque, A., 2004. Colloque à Cerisy : « Les trois sources de la ville-campagne, Urbanisme, 239, 18-19.
- Berque, A., Bonnin, P., Ghorra-Gobin, C., 2006. La Ville insoutenable, Paris, Belin.
- Chalas, Y., 2000. L’Invention de la ville, Paris, Anthropos.
- Chalas, Y., 2003. La ville-nature contemporaine : quelle réalité ? Quel projet ?, Natures Sciences Sociétés, 11, 4, 437-438.
- Ghorra-Gobin, C., 1998. La Ville américaine : espace société, Paris, Nathan.
- Grésillon, L., Morel-Brochet, A., 2005. Ville-nature contemporaine. Quelle réalité ? Quel projet ? Compte rendu de colloque (Grenoble, 5-6 février 2004), Natures Sciences Sociétés, 13, 2, 211-213.
- Luginbühl, Y., 2006. Habiter la nature : le jardin comme recours ; confrontation d’idéologies politiques, économiques et d’idéologies paysagistes, in Berque, A., Bonnin, P., Ghorra-Gobin, C., La Ville insoutenable, Paris, Belin.
- Mathieu, N., 1990. La notion de rural et les rapports ville-campagne en France, des années 50 aux années 80, Économie rurale, 197, 35-41.
- Mathieu, N., 1996. Rural et urbain. Unité et diversité dans les évolutions des modes d’habiter, in Jollivet, M., Eizner, N. (Eds), L’Europe et ses campagnes, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 187-205.
- Mathieu, N., 1998. La notion de rural et les rapports ville/campagne en France : les années 90, Économie rurale, 247, 11-20.
- Mathieu, N., 1999. Repenser la nature dans la ville, un enjeu pour la géographie, in Bailly, A. (Ed.), Les Actes du FIG 1999 : Géographie et Nature (http://fig-st-die.education.fr/actes/actes_99/nature_ville/article.htm).
- Mathieu, N., Guermond, Y. (Eds), 2005. La Ville durable, du politique au scientifique, Paris, Cemagref/Cirad/Ifremer/Inra.
- Mathieu, N., de Lafond, V., Gana, A., 2006. Towards New Responsible Rural/Urban Relationships: A Sustainable Territories-oriented Comparative Analysis, Nanterre, Ladyss, CNRS.
- Picon, A., 1998. La Ville, territoire des cyborgs, Besançon, Les Éditions de l’Imprimeur.
- Rémy, J., 2004. La ville et la nature : de la mise à distance à l’imbrication, Espaces et Sociétés, 118, 251-266.
- Salomon Cavin, J., 2005. La Ville, mal-aimée. Représentations antiurbaines et aménagement du territoire en Suisse : analyse, comparaisons, évolution, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes.
- Salomon Cavin, J., 2006. La ville au secours de la campagne. Une politique urbaine pour l’Angleterre rurale, Espaces et Sociétés, 126, 141-158.
- Sieverts, T., 2004. Entre-ville, une lecture de la Swischenstadt, Marseille, Parenthèses.
- Thiesse, A.-M., 2001. La Construction des identités nationales en Europe, Paris, Le Seuil.
- Viard, J., 1990. Le Tiers Espace : essai sur la nature, Paris, Méridiens-Klincksieck.
Mise en ligne 02/04/2012
Notes
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[*]
Auteur correspondant : joellesalomon@yahoo.fr
J. Salomon Cavin dépend également de l’UMR Ladyss, CNRS, Université de Paris 10, Bât. K, 200 avenue de la République, 92001 Nanterre cedex, France. -
[1]
Ce colloque s’est tenu au château de Cerisy-la-Salle du 20 au 27 septembre 2004. Il a été organisé conjointement par Augustin Berque (EHESS), Philippe Bonnin (CNRS) et Cynthia Ghorra-Gobin (CNRS). Ce groupe de chercheurs organisait déjà, depuis 2001, un séminaire sous le même titre à l’EHESS. Le colloque a réuni une cinquantaine de participants. Vingt-huit communications ont été présentées par des scientifiques originaires de Chine, du Japon, de Corée, des Pays-Bas, d’Italie, de France, du Canada et des États-Unis.
-
[2]
Citons notamment le dernier chapitre de La Ville durable, du politique au scientifique (Mathieu et Guermond, 2005), qui pose le problème de « l’habitabilité des milieux de vie » (Hucy et al.), le séminaire «Modes d’habiter » du Ladyss, créé en 2004 (dont la séance « La Nature dans les modes d’habiter » en juin 2006), et le colloque « L’habiter », organisé par Thierry Paquot et Chris Younès en mai 2006 (Institut d’urbanisme de Paris, Université Paris XII-Val-de-Marne).
-
[3]
Cf. «La ville-nature contemporaine : quelle réalité, quel projet ? », 2es Rencontres internationales de recherche en urbanisme de Grenoble, 5-6 février 2004 ; appel à communication (Chalas, 2003) et compte rendu (Grésillon et Morel-Brochet, 2005) publiés dans Natures Sciences Sociétés.
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[4]
Argument du colloque « Les trois sources de la ville-campagne », http://www.ccic-cerisy.asso.fr/villecampagne04.html
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[5]
Argument du colloque, cf. supra, note 4.
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[6]
Berque, A., « Les trois sources de la ville-campagne et ce à quoi elle aboutit », conférence donnée au centre Jacques Berque, Rabat, le 12 janvier 2005
(http://www.ambafrance-ma.org/cjb/progammes/villes/VSS/ textes/Trois%20Sources%20conf%20CJB%20Rabat.doc). -
[7]
Critique de C. Friedberg à propos du livre de P. Descola, Par delà nature et culture (Paris, Gallimard, 2005) ; texte inédit, soumis à NSS.