À propos des contacts établis au xviie siècle entre l’Europe et la Chine par l’intermédiaire des missionnaires, il a beaucoup été question de connaissances et d’instruments scientifiques, au risque de méconnaître les échanges culturels et philosophiques. Jésuite italien arrivé en Chine en 1611, Giulio Aleni (1582-1649) (voir NRT 131, 2009, p. 512 ; NRT 141, 2019, p. 683) fut l’un de ceux qui décidèrent très tôt (mais plus tard qu’au Japon) de présenter au public lettré chinois des traités de philosophie occidentale. En vue de la proclamation du message chrétien, il fallait en particulier convaincre leur auditoire confucéen de l’immortalité de l’âme et de son caractère individuel. Ils entreprirent pour cela la traduction ou l’adaptation de la collection de commentaires sur Aristote publiés de 1592 à 1606 par la Faculté portugaise de Coimbra : le célèbre Cursus Conimbricensis. Mieux que le platonisme, Aristote semblait convenir à une présentation de la pensée chrétienne ; en outre, les œuvres scientifiques du Stagirite intéresseraient davantage le public chinois. Aleni se chargea du De anima, ici publié en chinois avec traduction et annotation en anglais.
Il ne s’agit pas toutefois d’une simple traduction mais d’un traité composé en tenant compte du contexte confucéen et présenté en forme de conversation ou, du moins, de questions et réponses élaborées. Tout en proposant plusieurs preuves rationnelles de l’immortalité de l’âme (intellective), Aleni consacre d’abondants développements à l’âme végétative et surtout sensitive ainsi qu’à des questions de physiologie, de médecine, de psychologie : les rêves, le rapport entre mémoire et cœur (en perspective chinoise) ou cerveau (selon les Européens)…
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