Berríos F., Costadoat J., García D. (éd.), Signos de estos tiempos. Interpretación teológica de nuestra época, coll. Teologia de los tiempos (Tdlt) 1, 2008, 382 p. ; Catolicismo social Chileno. Desarrollo, crisis y actualidad, coll. Tdlt 2, 2009, 496 p. ; Del Campo C., Dios opta por los pobres. Reflexión teológica a partir de Aparecida, coll. Tdlt 3, Santiago, 2010, 171 p. ; Costadoat J., Trazos de Cristo en América Latina. Ensayos teológicos, coll. Tdlt 4, 2010, 344 p. ; Yaksic M., Política y religión. Teología pública para un mundo plural, coll. Tdlt 5, 2010, 126 p. ; Noemi J., Credibilidad del chritianismo. La fe el horizonte de la modernidad, coll. Tdlt 8, 2012, 194 p. ; Montero Orphanopoulos C., Vulnerabilidad, reconocimiento y reparacion. Praxis cristiana y plenitud humama, coll. Tdlt 9, 2012, 340 p., Santiago, ed. Univ. Alberto Hurtado, 14x21, ISBN 978-956-8421-18-2 ; 28-1 ; 29-8 ; 41-0 ; 45-8 ; 68-7 ; 72-4
1 Nous rassemblons ici la présentation de 6 études théologiques publiées de 2008 à 2012 par le Centre théologique Manuel Larraín. Il s’agit de publications du Centre de recherche appartenant à la Faculté de Théologie de l’Univ. catholique pont. du Chili et à la Fac. de philosophie et d’humanités de l’Univ. Alberto Hurtado. Quant au nom de Manuel Larraín, il renvoie à l’évêque de Talca, qui fut fondateur du CELAM et donna une réelle impulsion à une Église authentiquement latino-américaine selon l’inspiration du Concile Vatican II. Évoquons les titres et le contenu global des 7 livres annoncés, tous orientés dans la même ligne de réflexion.
2 1) Édité par F. Berríos, J. Costadoat et D. García, et visant une « interprétation théologique de notre époque », paraît en 2008 le vol. intitulé Signos de estos tiempos. L’Évangile exige de regarder notre époque pour y découvrir la présence et la volonté de Dieu : une obligation que confirma le Concile Vatican II.
3 2) Parmi d’autres théologiens, les A. déjà cités du livre précédent assurent l’édition en 2009 de Catolicismo social chileno. Desarrollo, crisis y actualidad. L’expression « catholicisme social » désigne la réponse de l’Église à la pauvreté et à l’injustice sociale au xix e s. Comme concept, l’expression s’est prolongée jusqu’aujourd’hui. L’origine formelle de la doctrine sociale de l’Église, représentée dans la première encyclique sociale Rerum novarum (1891), doit être considérée comme une partie de ce processus ecclésial plus ample qui reflète l’évolution de la conscience et de la sensibilité catholiques face à la problématique de la pauvreté et de ses causes.
4 3) C. del Campo, sj, publie en 2010 et 2012 Dios opta por los pobres. Il s’agit d’une réflexion théologique à partir d’Aparecida. Né en 1970 et entré dans la Compagnie de Jésus en 1994, l’A. fut ordonné prêtre en 2005. Il a travaillé en différentes institutions de la Compagnie de Jésus et remplit maintenant le rôle d’aumônier dans « Un toit pour le Chili et un toit pour mon pays ».
5 4) Rédigé par M. Yaksic, paraît en 2011 le livre intitulé Política y religión. Ni sécularistes, ni néo-traditionalistes, les pauvres ont besoin de continuer à croire à la nature publique de l’espérance chrétienne : aux promesses de libération du Dieu d’Abraham et de Jésus-Christ.
6 5) En 2010 et 2012, J. Costaduat, sj, publie Trazos de Cristo en América Latina. S’y détache la figure de Jésus-Christ comme interprète du vrai Dieu. Il mérite notre foi parce qu’il a cru en ce Dieu qui fait le choix des pauvres. Il dégage également la personne d’Alberto Hurtado comme interprète du Christ : « Le pauvre est le Christ », proclame le saint.
7 6) J. Noemi publie en 2012 Credibilidad del chritianismo. La fe en el horizonte de la modernidad. Théologien chilien reconnu, l’A. aborde divers aspects de la foi en relation aux conditions socio-culturelles actuelles. Pourquoi penser la foi ? Est-elle raisonnable pour un sujet à la fois croyant et modeste ? Quel type de langage peut rendre aujourd’hui plus transparente l’image de Dieu et plus crédible la foi de l’Église ? Le christianisme peut-il dire quelque chose d’important sur des thèmes aussi quotidiens et décisifs que le bonheur, la liberté, la mort ? — S. Decloux sj
8 7) C. Montero Orphanopoulos, religieuse de la congrégation des esclaves du Sacré Cœur de Jésus, étudie le phénomène de la vulnérabilité comme point de départ de la reconnaissance et de la réparation. Une étude bien menée avec justesse et judicieusement informée. On devine que l’A. a longuement médité le charisme de sa communauté religieuse. Après une brève intr., l’A. consacre une 1e partie à fonder les relations entre ces trois termes comme « triade éthique » à la lumière d’auteurs récents : vulnérabilité humaine, reconnaissance et réparation. Une 2de partie s’attache à fonder cette triade éthique en théologie morale en analysant les textes de l’AT, puis du NT, pour finir par la référer à l’expérience humaine dans ce qu’elle a de plus profond. — J.R.
Chenu M.-D., Pesce M., La fine dell’era costantiniana, coll. Il pellicano rosso 185, Brescia, Morcelliana, 2013, 12x19, 71 p., 8,50 €. ISBN 978-88-372-2697-8
9 Un beau texte du p. Chenu, dominicain, une des colonnes porteuses de Vatican II, pour signifier « la fin de l’ère constantinienne ». Certes, le Concile a marqué une césure par rapport à ce qui l’a précédé, mais il reste encore fort à faire pour en éliminer les ornières tenaces. Tel paraît être le sens de cette publication. L’éditeur de ce texte, en effet, M. Pesce, historien du christianisme enseignant à l’Univ. de Bologne, marque l’actualité brûlante de ce « discours » datant de 1962, en soulignant la continuité avec le passé et les points de rupture où un changement notable est souhaité. Le Pélican rouge s’en fait le porte-parole auprès des utilisateurs italiens, suivant en cela son propos éditorial. L’occasion est ainsi offerte aux lecteurs francophones, de relire ce manifeste dans l’éd. originale de J.-P. Dubois-Dumée : Un concile pour notre temps. — J.R.
Commission Théologique Internationale, La théologie aujourd’hui. Perspectives, principes et critères, Paris, Cerf, 2012, 14x22, 160 p., 12 €. ISBN 978-2-204-09876-2
10 L’enjeu de ce document, dont le sous-titre est « Perspectives, principes et critères », concerne le statut du pluralisme en théologie et l’unité de celle-ci : il s’agit de fonder ces deux caractères de la théologie dans l’articulation du rapport entre Écriture et Tradition. La CTI avait déjà travaillé sur l’acte théologique, avec une attention sur la liberté du théologien en son lien avec le magistère (L’unité de la foi et le pluralisme théologique, 1972 ; Magistère et théologie, 1975 ; Théologie, christologie, anthropologie, 1981 ; De l’interprétation des dogmes, 1989). De tels textes se sont bien entendu penchés sur le rapport Écriture - Tradition, mais surtout dans la perspective du passage de l’exégèse à la dogmatique dans la mesure où « l’interprétation théologique de l’Écriture doit partir de Jésus-Christ qui en est le centre » (L’interprétation des dogmes, C, I, 3). Ici, la CTI veut vérifier l’adage d’Optatam Totius, « que l’Écriture soit comme l’âme de la théologie », qu’il cite à plusieurs reprises (cf. aussi, en fin d’ouvrage, le « guide de lecture » rédigé par le fr. Th.-S. Bonino, op, secrétaire de la CTI).
11 Le 1er chap. affirme la primauté de la Parole de Dieu. Celle-ci a un contenu intelligible, et cette intelligibilité infinie demande une foi « méditative » unie à la rationalité. Dei Verbum en est le fil conducteur. Le 2e chap. examine les conditions pour que la théologie demeure dans la communion de l’Église. On passe du rapport foi - raison à la relation entre le fondement théologique dans l’Écriture et le dialogue avec le monde. Le document examine alors la médiation que constitue la Tradition, avec trois points : attention au sensus fidelium, adhésion au magistère, communauté des théologiens. Il s’agit, « avec l’aide de l’Esprit Saint, de scruter, de discerner et d’interpréter les multiples langages de notre temps et de les juger à la lumière de la Parole divine, pour que la vérité révélée puisse être sans cesse mieux perçue, mieux comprise et présentée sous une forme plus adaptée » (n. 52 avec Gaudium et Spes 44). Dans le chap. 3 intitulé « rendre raison de la vérité de Dieu », la théologie est alors vue comme une entreprise humaine rationnelle : elle a pour but de « traduire en un discours scientifique la Parole de Dieu exprimée dans la Révélation » (n. 60). Ce chap. détermine comment la théologie vit la rencontre avec la tradition philosophique. Ainsi, « la source et le point de départ de la théologie est la Parole de Dieu révélée dans l’histoire, et la théologie cherche à comprendre cette Parole. Cependant, la Parole de Dieu est vérité (cf. Jn 17,17), et il s’ensuit que la philosophie, “recherche humaine de la vérité”, peut aider à l’intelligence de la Parole de Dieu » (n. 72, renvoyant à Jean-Paul II, Fides et ratio 73). La fin du document, prenant acte de la postmodernité, justifie la nécessaire pluralité de la théologie.
12 Si la connexion entre la théologie biblique et les autres spécialités théologiques n’est pas approfondie (on peut renvoyer aux documents antérieurs de la CTI), le document réaffirme cependant avec saint Thomas que « la théologie a pour sujet la vérité de Dieu et elle réfléchit sur son sujet en fonction de la foi et à la lumière de Dieu » (n. 83). Le document conclut en installant la théologie dans la sphère de la Sagesse, ayant donc besoin de la Parole de Dieu comme lieu de transformation, de purification. La théologie n’est-elle pas doxologique ?
13 La CTI, en se focalisant sur l’accueil de la pluralité en théologie, pointe ainsi la difficulté à assurer encore aujourd’hui l’unité des disciplines en fonction de l’articulation de la théologie à la philosophie. Il reste que cette unité est fondée sur la Parole de Dieu, dont les dimensions sont celles de l’amour divin (cf. Ep 3,14-19, péricope analysée par Bonaventure, Breviloquium, Prologue, cité dans le document, note 41 du n. 23). — A. Massie sj
d’Ayala Valva L. (éd.), Entrare nei misteri di Cristo. Mistagogia della liturgia eucaristica attraverso i testi dei padri greci e bizantini, coll. Mistagogia della liturgia eucaristica I, Magnano, Qiqajon, 2012, 15x21, 654 p., rel., 50 €. ISBN 978-88-8227-355-2
14 La communauté monastique de Bose nous offre un superbe ouvrage, le 1er de deux consacrés à la « mystagogie », c’est-à-dire l’accès intérieur au mystère de la liturgie eucharistique. L’éd. est un moine de la communauté, le fr. Luigi d’Ayala Valva ; la préf. est signée par E. Bianchi, prieur de Bose. Le 2nd vol. présentera les textes des pères latins.
15 Une belle intr. explique en quoi consiste la mystagogie et en développe avec bonheur les sept dimensions ; elle esquisse l’itinéraire du recueil et présente les critères du choix des textes patristiques. Après une note éditoriale, nous découvrons les textes groupés sous 14 titres : réunis au nom du Christ ; sagesse ! soyons attentifs ; accueille nos dons, Seigneur ; paix à tous ! élevons nos cœurs ; rendons grâce au Seigneur ; saint, saint, saint ; ceci est mon corps, faites ceci en mémoire de moi ; répands ton Esprit Saint ; Seigneur, nous te prions ; Notre Père… ; les choses saintes aux saints ; approchez-vous avec la crainte de Dieu ; allons en paix. Une bibliographie choisie et de précieux index achèvent de faire de ce superbe florilège un joyau pour accompagner la liturgie eucharistique.
16 Les communautés religieuses sauront l’apprécier à sa juste valeur. — J. Radermakers sj
Fédou M., Les Pères de l’Église et la théologie chrétienne, Paris, éd. Facultés Jésuites de Paris, 2013, 16x25, 352 p., 25 €. ISBN 978-2-84847-043-6
17 Ce livre me paraît particulièrement réussi et adapté à ce qu’on pourrait y chercher comme découverte et réflexion concernant l’ère patristique. L’A. y manifeste d’excellentes qualités pédagogiques, de même qu’une connaissance précise de ce que fut le temps habité par les Pères de l’Église, que ce soit pour le théologien ou pour l’ensemble des chrétiens en relation à la vie chrétienne d’aujourd’hui, comme à celle d’hier et de demain.
18 Le livre comprend deux parties. La 1e partie, intitulée : « d’hier à aujourd’hui : l’apport de la patristique à la théologie chrétienne », se développe en 7 chapitres. Le 1er déploie la genèse et l’histoire de la « patristique ». Le 2e évoque le renouveau patristique des années 1930-1960 et sa contribution à la vie de l’Église, suscitant la vitalité ecclésiale à la veille de Vatican II. Le 3e chap., continuant à explorer le renouveau patristique des années 1930-1960, en souligne la fécondité pour la théologie chrétienne. Le 4e chap. poursuit l’évocation de cette étape historique en abordant l’époque de Vatican II à nos jours. Le 5e chap. jette un regard sur les enjeux de l’exégèse patristique. Le 6e chap. fixe l’attention sur l’apport des Pères à la pensée chrétienne. Le 7e chap., ouvrant le regard à d’autres continents, évoque brièvement ce que peut représenter la patristique « à l’âge de la mondialisation ».
19 Une 2e partie invite à « lire les Pères aujourd’hui » et suggère « les tâches actuelles de la théologie patristique ». Le chap. 8 s’efforce d’évoquer ce que serait une « Église de la théologie patristique ». Le chap. 9 à son tour, tente de définir les enjeux de l’anthropologie patristique. Le chap. 10 définit ensuite la contribution à l’éthique chrétienne exprimée par la littérature patristique. Quant au chap. 11, il en clarifie la réflexion christologique et trinitaire. Le chap. 12 étudie le rapport de la patristique à l’œcuménisme et le chap. 13 met en lumière la fécondité de la patristique à l’égard de la théologie de religions.
20 Le lecteur ne perdra pas son temps en abordant tel ou tel chapitre, ou, s’il en trouve le temps, l’ensemble du livre, vivant à travers lui une rencontre, certainement féconde, avec les Pères. — S. Decloux sj
Hurel D.-O., Pitassi M.-C., Lauret B. (dir.), La Théologie. Une anthologie. IV. Les temps modernes, coll. Initiations, Paris, Cerf, 2013, 15x24, 597 p., 49 €. ISBN 978-2-204-09546-4
21 Après la mort des principaux réformateurs et jusqu’en 1750, la chrétienté occidentale s’engage dans une profonde transformation.
22 Les Églises, durablement séparées, consolident leur identité propre tout en tenant compte des transformations sociales et politiques. La redéfinition d’un « croire » s’accompagne ainsi d’une volonté de « faire croire » qui concerne les dogmatiques, les théologies politiques, la transmission institutionnelle des savoirs et l’affinement des pratiques (catéchismes, dévotions, prédications). On retrouve ici, notamment, Bérulle, Turrettini, Richelieu, Bossuet, Olier ou Grotius.
23 Cependant, c’est la théologie elle-même qui se trouve défiée par la raison dans ses fondements. Bible, tradition, miracles et signes supranaturels en général sont réinterprétés dans un sens plus immanent par la « religion naturelle ». Moralisme et mystique se développent comme des alternatives. Spinoza, Cappel, Simon, Bayle, les Bollandistes, Leibniz, Pascal et l’influence du cartésianisme en sont des témoins.
24 Les réponses apportées par les Églises sont diverses. On relève des crispations institutionnelles ou des mises en garde, mais aussi un fort développement de l’apologétique pour faire face à l’offensive athée. Formes nouvelles de piété, renouveau liturgique, prédication et littérature sont appelés à renouveler les Églises de l’intérieur. Wesley et Spener, Butter, dom Calmet apparaissent ici parmi beaucoup d’autres.
25 Couvrant une période charnière, du temps des orthodoxies confessionnelles à celui des premières Lumières, ce volume propose un parcours à travers la théologie, la culture et les pratiques culturelles du christianisme occidental. Quatrième tome d’un projet initié par B. Lauret, dont deux ont déjà été publiés, il devrait en être malheureusement le dernier, l’éd. ayant mis fin à la série. — S. Decloux sj
Thayse A., Dieu personnel et ultime réalité. Je serai qui je serai (Exode 3,14), Paris, L’Harmattan, 2013, 14x21, 159 p., 17 €. ISBN 078-2-343-00569-0
26 Un petit livre fort précieux qui vient à son heure, celle de la découverte du Boson sur fond d’indifférence religieuse. C’est le résumé de l’expérience réfléchie d’un homme de science, professeur émérite en mathématiques appliquées et en informatique à l’Univ. de Louvain-la-Neuve qui s’est intéressé à la fois à l’épistémologie scientifique et à l’appréhension de l’expérience humaine fondamentale. L’A. est bien connu des milieux scientifiques universitaires (Logique de l’intelligence artificielle, pour le traitement de la langue naturelle, des systèmes digitaux), mais aussi des groupes de lecture de la Bible et des évangiles (Les évangiles revisités, la Genèse et l’Exode autrement). Ses derniers ouvrages, depuis 2010 surtout, s’attachent à mettre en vis-à-vis complémentaire l’approche de la science et le regard de la foi. C’est évoquer la large audience auquel cet essai passionnant est promis.
27 L’A. procède avec méthode et rigueur. Après une intr. concernant les questions fondamentales de l’homme sur son monde et sa destinée, et la manière dont les sciences essaient d’y répondre tout en accusant leur limite, il convient de se tourner vers une autre approche, celle du judéo-christianisme, en les passant l’une et l’autre au crible de la critique. Dès lors, il consacre la 1e partie de son ouvrage à ce judéo-christianisme, dont il dégage le terme essentiel, l’amour vécu dans la liberté : Jésus entend restaurer l’homme dans sa réalité divine. Il y ajoute un autre regard où l’on apprend ce que vit le juif dans l’alliance, le temps, les noms de Dieu, la liberté octroyée à l’homme, l’affrontement au Mal et finalement l’expérience de Dieu que fait l’homme comme l’ultime profondeur de son être. Le regard chrétien est alors examiné : Jésus qui se présente comme le visage du Père, qui invite à une démarche de la personne, que l’on rejoint dans l’amour et qui donne à l’amour humain d’en appréhender l’Absolu. Dieu se découvre dans une connaissance dialectique et analogique. L’A. aborde la tradition scientifique et il commence par démystifier notre conception des cieux avant de parler de G. Lemaître annonçant le big bang, puis de la difficulté de penser réellement la matière et le temps, réclamant l’apport des mathématiques et de la physique. Il faut ainsi revisiter la vie elle-même en démystifiant le vivant, puis le pensant, tout en évoquant le principe anthropique de T. de Chardin. L’A. se lance alors dans un domaine qu’il connaît bien et où nous nous épuisons à lui emboîter le pas : le monde quantique avec sa physique propre. Il pose alors la question cruciale de « la réalité en soi » : y a-t-il moyen de l’atteindre et en avons-nous besoin ? La conclusion est qu’elle nous demeure voilée ; l’ultime causalité finalement nous échappe. Ici, un petit schéma significatif vient à l’appui de sa conclusion problématique (p. 120). Une 3e partie tente enfin de réconcilier la science et la spiritualité. Peut-on parler d’un Dieu cosmique ? Rejoint-il ce que le croyant appelle Dieu dans la Bible et nous faut-il revisiter à notre tour notre théologie ? Il touche encore quelques problèmes essentiels : Dieu créateur et autonomie du monde ; Dieu vu de notre côté et du sien propre… La conclusion finale : « Et Dieu dans tout cela ? » Peut-on se prononcer ? Si on se tourne vers les mystiques ou les prophètes — Jésus en était ! — a-t-on encore besoin du discours de la science ? Oui, parce que nous sommes au xxi e s. et que notre recherche postule une théorie ultime. Mais il nous faut nous contenter (ou nous estimer contents) de ce… « qui trouve dans l’amour tel qu’il transparaît dans la vie du Christ le fondement et le point fixe d’une alliance avec l’Humanité » (p. 155).
28 Une profession de foi modeste et réaliste qui nous invite à poursuivre notre réflexion et à trouver la présence de notre Dieu dans la réalité de notre quotidien ! Remercions André Thayse et son épouse de nous avoir conduits à des hauteurs inaccessibles pour nous permettre de nous en réjouir de loin, dans le langage de la prière de louange. — J. Radermakers sj