Couverture de NRT_361

Article de revue

Morale et droit

Pages 138a à 144

Agostini P., Canteri G. (éd.), Cittadini della terra e del cielo. Giovani, famiglia, politica e società, Verona, Casa ed. Mazziana, 2012, 17x24, 400 p., 30 /. ISBN 978-88-97243-07-6

1 Ce vol. publié par le Collège universitaire « Don Nicola Mazza », et plus précisément par la résidence féminine de Vérone, nous invite, à travers les conférences d’une bonne trentaine d’intervenants, à une réflexion fondamentale sur les quatre thèmes de la jeunesse, de la famille, de la politique et de la société.

2 Au point de départ de la réflexion est proposé le témoignage de don Puglisi, assassiné par la mafia à Palerme le 15 sept. 1993. « Don Pino, insiste don Luigi Cuotti, voulait une “vraie” école moyenne. Certes, on aurait pu dire qu’une telle école existait, car l’État en payait le loyer à une personne privée, laquelle recevait le montant de ce loyer. Ce dont on avait besoin, insiste don Ciotti, c’était d’une vraie école publique, accessible aux enfants. Cela “troublait” les frères Gaviano, des “mafiosi” ». C’est avant d’être tué que don Pino offrit sa dernière interview aux auteurs de la terrible intimidation. Il leur disait : « Parlons-en, expliquons-nous, je voudrais vous connaître et savoir les motifs qui vous poussent à faire obstacle à qui cherche à éduquer vos enfants au sens de la loi, au respect mutuel, aux valeurs de la culture et de l’étude ».

3 En ces affirmations, il y a la synthèse de l’éducation et de la culture, parce que c’est précisément l’apprentissage culturel qui réveille les consciences. Et quand un ministre autorisé déclare que la culture ne donne pas à manger, on peut lui répondre que nous sommes affamés de culture, parce que celle-ci offre vraiment les instruments pour devenir des personnes libres. La culture fait effectivement toucher de la main l’état de santé de la démocratie dans un pays. — S. Decloux sj

Arduin P.-O., Le diagnostic prénatal. Un éclairage éthique pour parents et soignants, préf. Mgr Suaudeau, Paris, éd. de l’Emmanuel, 2012, 13x21, 153 p., 15 /. ISBN 978-2-35389-191-7

4 L’A., directeur de la commission bioéthique du diocèse de Fréjus-Toulon, présente diverses techniques de diagnostic prénatal : échographie, amniocentèse, étude de l’ADN fœtal circulant dans le sang de la mère. Conscient que, en France, 96% des fœtus trisomiques dépistés sont éliminés, il s’interroge sur la position légale concernant le dépistage intra-utérin et l’avortement « médical ». Il consacre son 2e chap. à l’eugénisme anténatal : qu’en dit la loi ? qu’en pense l’Église ? Peut-on distinguer fœtus authentique et fœtus tumoral ? Qui demande et qui décide l’IMG (interruption médicale de grossesse) ? Qui sont les responsables : les parents, les soignants, l’État ? Le dernier chap. traite du recours au diagnostic prénatal ; l’A. offre quelques éléments de discernement pour les couples et les praticiens. L’avortement étant intrinsèquement mauvais, à quelles conditions le diagnostic prénatal est-il licite ?

5 L’A. distingue coopération formelle et coopération matérielle (médiate ou immédiate), signification objective et finalité du diagnostic prénatal : ce ne peut être une sentence de mort. L’Église affirme la dignité inviolable du fœtus et le droit à la vie qui en découle. Elle reconnaît une présence personnelle dès que l’ovule est fécondé : « il est déjà un homme celui qui le sera » (Tertullien). Elle reconnaît ce que peut avoir d’héroïque un refus d’avortement. Et aux personnes qui y ont eu recours elle redit la miséricorde du Seigneur. L’A. encourage les futurs gynécologues et sages-femmes à aller étudier dans un pays qui leur permet de suivre une formation respectueuse de leurs convictions. À l’appui de sa thèse, il cite abondamment les deux derniers papes. En annexe, deux témoignages de parents, suivis d’une précieuse bibliographie. La préface est de Mgr Suaudeau. — P. Detienne sj

Faber É., Chemins de traverse. Vivre l’économie autrement, préf. F. Riboud, Paris, Albin Michel, 2011, 15x23, 222 p., 18,25 /. ISBN 978-2-226-23856-6

6 Le propos d’É. Faber, vice-président de Danone, est d’actualité. Sur un ton personnel, il expose les défis et les interrogations auxquels sa pratique professionnelle le confronte. Il met en évidence la nécessité d’une recherche éthique personnelle de chaque acteur économique, qu’il applique au rapport de chacun à l’argent et que l’on peut questionner à partir de la capacité à accueillir l’imprévu. L’A. insiste sur la régulation de la rémunération des financiers et dirigeants. L’éthique d’entreprise suppose l’exercice de la responsabilité, non pas seulement envers les actionnaires, mais aussi à l’égard des salariés et de tout « l’écosystème » de l’entreprise.

7 Dans le contexte de la crise financière devenue crise économique, l’A. cite des exemples de projets qu’il a menés, dans lesquels la finance a été mise à disposition de la création de richesses qui profitent à tous, comme la commercialisation à bas prix d’aliments produits et consommés dans des régions pauvres. É. Faber prône le développement du social business et du décloisonnement qu’il suppose, lorsque « des modèles économiques peuvent apporter des solutions aux problèmes de la pauvreté et de la précarité ».

8 Tout cela suppose que l’outil financier ne soit pas la seule mesure de l’activité économique. De son propre aveu, l’A. se met à distance de la doxa de la « main invisible » — à laquelle il substitue une méditation sur le « visage » inspirée de Lévinas, qui invite à la nécessaire gratuité. Un tel livre sera un outil stimulant de réflexion pour des cadres chrétiens et tous ceux qui s’intéressent aux questions économiques et sociales. — F. Odinet

Faux J.-M., sj, Au cœur du monde. L’engagement du Chrétien dans la société, Trajectoires 20, Bruxelles, Lumen Vitae, 2009, 131 p., 17 /. ISBN 978-2873243623

9 J.-M. Faux est, depuis longtemps, un théologien à la fois rigoureux dans sa réflexion et engagé sur le terrain : administrateur en Belgique du Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie (le Mrax), il est aussi le fondateur du centre Avec, centre de recherche et d’action sociales, né dans la foulée de l’attention au lien entre Foi et Justice. Impliqué dans des actions avec des personnes de convictions différentes, il réexamine — de manière critique — la façon dont la foi sous-tend l’engagement des chrétiens comme citoyens dans le monde d’aujourd’hui. Cette étude intéressera également ceux et celles qui sont curieux de connaître ce qui inspire cet engagement sans pour autant partager la foi chrétienne.

10 La référence chrétienne fondamentale est la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, qui occupe une place centrale dans les évangiles, étroitement liée à la personne de Jésus-Christ. L’A. en fait donc d’abord (chap. 2) une étude détaillée dans le NT. Il présente ensuite longuement (chap. 3 et 4) et de manière critique l’histoire de l’Église dans son rapport au monde, avec l’ouverture extraordinaire que le Concile Vatican II a manifestée. Les chap. 5 et 6 esquissent la vie du chrétien et le rôle de l’Église au cœur du monde, énonçant quelques conditions pour qu’elle puisse bien exercer sa mission aujourd’hui.

11 Le caractère didactique et systématique de l’ouvrage, comportant de longues digressions pour fonder ses affirmations, en rend la lecture un peu ardue, mais abordable grâce à son langage simple. Et il a le grand mérite de corriger la perspective traditionnelle d’une Église face au monde en un engagement du chrétien au cœur de la société, avec ses frères et sœurs humains. — Fr. Philips sj

Fumagalli A., L’eco dello Spirito. Teologia della coscienza morale, coll. BTC 158, Brescia, Queriniana, 2012, 16x23, 460 p., 30 /. ISBN 978-88-399-0458-4

12 Voici indiscutablement un livre bien charpenté et centré sur le thème de morale théologique qu’est celui de la conscience proprement morale. Depuis les débuts de l’histoire humaine, l’homme a pris conscience en lui-même, bien que ne lui appartenant pas réellement, de la « voix de sa conscience », qui le stimule ou le freine lorsqu’il pense à poser telle ou telle action, qui l’accompagne ou le poursuit alors qu’il accomplit un acte qui le juge, et surtout le reprend alors qu’il a agi. À qui appartient la voix de la conscience, à soi-même ou aux autres ? Et si c’est aux autres, serait-ce à Dieu ? Cette question, à la fois ancienne et cependant toujours nouvelle, à la fois universelle et cependant totalement personnelle, est le thème de ce livre, inspiré par l’inquiétude éprouvée et la fascination irrésistible que suscite le mystère de la conscience.

13 Sur la base d’une confrontation critique avec les conceptions les plus classiques et les plus incisives qui furent élaborées dans le domaine de la science, de la philosophie et de la théologie, est ici proposée une interprétation de la conscience morale qui, dépassant sa réduction à une seule de ses dimensions, anthropologique ou théologique, de même qu’en écartant leur simple rapprochement, l’interprète comme « phénomène relationnel », dû dès lors à la relation entre l’Esprit de Dieu et la liberté de l’homme. L’accord, ou le désaccord, de la liberté dans sa confrontation avec l’Esprit : telle est bien l’origine du mystère de la conscience morale, qui peut toujours être, au mieux, comprise comme écho de l’Esprit réfléchi par la liberté. — S. Decloux sj

Germain M.-C., Un de perdu… Dieu de retrouvé ! ou « Ton Époux, c’est ton Créateur », Poitiers, éd. Dominique Martin Morin, 2012, 15x23, 8 /. ISBN 978-2-85652-327-89

14 Ils avaient tout pour être heureux. Après 20 ans de mariage, il la quitte pour une autre. Un grand fiasco dû au fait, pense-t-elle, qu’ils ne se parlaient pas assez. Elle reçoit du Seigneur l’appel à la fidélité, la grâce d’un pardon à toujours renouveler… et, lui semble-t-il, l’invitation à en témoigner. Elle est soutenue par les sacrements (eucharistie et réconciliation), par la Parole de Dieu distillée dans la liturgie quotidienne et par les témoignages émanant de la Communion de Notre Dame de l’Alliance. Ses deux bouées de sauvetage : le mal que Dieu permet est toujours pour un plus grand bien ; tout est grâce. Elle ne jette pas l’opprobre sur le choix des personnes remariées, mais elle attend des prêtres le courage de lui rappeler, à elle et aux autres, que le chemin de fidélité est possible et qu’il donne la joie. Elle prévient : la foi n’a jamais empêché la solitude des insupportables dimanches sans une épaule où appuyer la tête. — P. Detienne sj

Guyon G., La Règle de Saint Benoît : aux sources du droit, Poitiers, Dominique Martin Morin, 2012, 15x22, 192 p., 18 /. ISBN 978-2-85652-338-4

15 Historien des institutions et des idées politiques, l’A. étudie ici l’originalité de l’œuvre de S. Benoît (480-547) dans le domaine du droit et de la justice. La Règle bénédictine, nous apprend-il, a laissé son empreinte dans les institutions contemporaines ; traité aujourd’hui comme une science exclusivement rationnelle, le droit n’a pas évacué le sacré… un sacré qui certes a changé d’origine, de nature et de forme mais qui, dans la recherche de l’universel, est partout présent. L’A. étudie d’abord ce qui, dans la Règle, concerne le temps : organisation du temps (opus spirituale et opus laboris), division des saisons et des heures ; infractions au temps et sanctions. Il se penche ensuite sur le rôle de l’Abbé, législateur et père spirituel : « il s’impose comme la forme d’une loi vivante ». L’autorité juridictionnelle abbatiale s’inscrit dans un rapport interpersonnel. Elle conditionne la nature et les formes de la procédure. La fonction de l’Abbé, vicaire du Christ dans son abbaye, est de servir, non de régir et de punir. La Règle écarte tout lien immédiat entre la culpabilité et la sanction. Benoît prête une attention particulière à l’intention coupable : la personne prévaut sur le texte. C’est la nature du délinquant qui requiert le traitement pénal, et non pas la nature de la faute qui entraîne le châtiment. La culpabilité est conçue comme une spiritualisation de la responsabilité pénale, non seulement individuelle mais communautaire. Fin pédagogue, Benoît amène le délinquant à s’avouer coupable devant la communauté (emendatio) et à manifester des sentiments non de remords (tournés vers le passé) mais de vrai repentir (tourné vers le futur). La peine est médicinale : elle est un moyen social de réintégration du criminel dans la communauté. — P. Detienne sj

Maucour T., Quand le couple se sépare. Parcours de guérison, Perpignan, Artège, 2012, 12x19, 124 p., 11,50 /. ISBN 978-2-36040-073-7

16 Dans son 1er livre (J’ai choisi de lui rester fidèle), l’A. décrivait le drame de la séparation et le choix conscient, libre et spirituel, d’une fidélité enracinée sur l’engagement du Christ dans le sacrement de mariage. Ici, il s’agit d’avancer encore en « eaux profondes » et de durer, dans la sérénité et la paix, dans cette attitude. Comment vivre cette traversée du désert qu’entraîne la rupture de la vie conjugale ? Quelle école suivre ? En quel maître se confier ?

17 Le parcours offert est spirituel. Il nous convie à la rencontre de deux grandes figures bibliques : Joseph et Marie. À travers ces saints, et leur couple, l’A. élabore des pistes de rencontre avec le lecteur et lui permet de cueillir un « don de force » et une « lumière ». Comment rester debout dans l’Alliance, et continuer à « conjugaliser » lors même que le conjoint est « loin » ?

18 L’horizon est toujours celui du sacrement de mariage, mais le chemin à parcourir, d’allers en retours, est celui des sacrements de l’initiation. L’eucharistie est un carrefour incontournable pour la volonté d’aimer « en toute chose ». Un chapitre essentiellement christologique donne aussi les fondements : Jésus est le restaurateur de toute dignité personnelle. La guérison n’est pas un chemin de « retour au passé » et de restauration des mêmes situations : elle est un exode de soi pour trouver une terre promise qui n’est atteinte qu’en assumant le mystère pascal. Les liens fréquents avec l’Écriture qu’offre l’A., universalisent l’expérience personnelle de l’auteur et permettront au lecteur de trouver des lumières dans un parcours exigeant mais pacifiant les cœurs et les esprits. — A. Mattheeuws sj

Odrobina L., Le CTH 3, 7, 2 et les mariages mixtes, coll. Acta universitatis szegediensis 31, Szeged (Hongrie), Ferenc Gal College, 2007, 17x24, 328 p

19 La problématique des mariages mixtes, qui connaît dans la société contemporaine multiculturelle un regain d’actualité, n’était bien sûr pas absente de l’Antiquité chrétienne. Dans une étude fouillée, l’A. examine la législation qui leur était applicable à l’époque, sous un triple point de vue : la législation impériale (plus particulièrement le code théodosien) ; les Pères de l’Église et les conciles de l’Église antique ; les commentaires rabbiniques.

20 Dans l’empire romain classique, la notion de mariage mixte ne concernait que les cas où un citoyen romain ne pouvait pas se marier à cause de la disparité de citoyenneté ou de classes sociales. La disparité de religion n’intervenait pas ici. Dans l’empire devenu chrétien, le Code théodosien innove donc lorsqu’il prohibe, en 388, le mariage entre un(e) juif(ve) et un(e) chrétien(ne), et prévoit d’appliquer aux contrevenants la peine prévue en cas d’adultère. L’A. détaille soigneusement les conséquences d’une telle loi et présente les diverses hypothèses quant à sa motivation (souci de protéger la foi chrétienne, intention d’isoler les juifs, etc.).

21 Au début du christianisme, l’Église, très minoritaire, ne se préoccupe pas des mariages mixtes, comme en atteste l’absence de mention directe de ces mariages dans le NT. C’est à partir du iii e s. que la question commence à être traitée. L’A. étudie de manière détaillée la position des Pères sur le sujet. Ainsi, Tertullien, sans poser explicitement le problème de la validité des mariages mixtes, met en doute leur valeur morale. Pour Cyprien, ces mariages sont des péchés commis contre la loi de Dieu, qui manifestent (déjà !) la décadence du christianisme. Plusieurs conciles interviennent également sur le sujet, comme le Concile d’Elvire, qui interdit de donner une vierge chrétienne en mariage à un païen, à un hérétique ou à un juif, et punit d’excommunication les parents qui contreviendraient à ce canon. Le Concile d’Arles, en 314, prévoit l’excommunication pour les filles chrétiennes qui se marient avec des païens.

22 Quant au judaïsme de la même époque, il s’appuie sur le prescrit de Dt 7,3, pour interdire aux juifs les mariages mixtes.

23 Cet ouvrage pointu, appuyé sur un très riche apparat critique, intéressera les spécialistes de la question. On regrettera cependant la qualité souvent déficiente de l’expression française, ainsi que l’absence de synthèse, qui n’aide pas à se faire une vue d’ensemble de la question. — B. Malvaux sj

Roger B., Doctrine sociale de l’Église. Une histoire contemporaine, coll. Initiations, Paris, Cerf, 2012, 14x22, 329 p., 29 /. ISBN 978-2-204-09727-7

24 Voilà un livre agréable à lire, qui relève avec succès un défi exigeant : présenter un parcours historique de l’ensemble des documents magistériels (papes et conciles) de la « doctrine sociale de l’Église » (DSE) allant de Rerum Novarum (1891) à Caritas in Veritate (2009). Ainsi on peut vraiment acquérir une perception de cet ensemble meilleure que si on s’aventurait sans préalable et tout seul dans une lecture de ces 19 textes (plus de 1000 pages) aux styles parfois complexes. Baudoin Roger rend ainsi un service éminent à un aspect constitutif de la nouvelle évangélisation.

25 Cette histoire est heureusement précédée par deux chapitres indispensables consacrés à la spécificité, notamment épistémologique, de ce discours et à ses sources dans l’Écriture et la Tradition ecclésiale.

26 On se rend compte que la DSE, malgré ses discontinuités et insistances différentes, reste quand même un ensemble cohérent. Notre A., plutôt que de commenter les textes paragraphe par paragraphe, a situé opportunément chaque document dans son contexte spécifique, puis l’a présenté par thématiques majeures. Chaque chapitre (document) est repris par une conclusion qui veille notamment à tisser les liens avec les autres textes. Ce livre constitue donc un accompagnement précieux pour tous ceux qui désirent se familiariser avec cet enseignement.

27 On retient de ce parcours bien maîtrisé une vision chrétienne de la réalité sociétale toujours en évolution mais finalement éclairante. En somme, l’Église, malgré de nombreuses critiques des progressistes ou des conservateurs, a essayé de rester fidèle à l’inspiration des Écritures. Le cœur en est certainement la dignité de chaque personne humaine aimée par le Christ, surtout les plus pauvres. Là où le déplacement est le plus net, c’est probablement dans le rapport de l’Église au monde ; il suffit de se rappeler le document si significatif sur la liberté religieuse du Concile Vatican II.

28 Ce livre se recommande donc à tout lecteur intéressé par la DSE. — É. Herr sj

Trautmann F., La notion de Charité au Concile Vatican II, coll. Sed Contra, Perpignan, Artège, 2012, 14x22, 430 p., 34 /. ISBN 978-2-36040-096-6

29 Y. Congar affirmait en 1967 : « parmi les limites de Vatican II on doit à coup sûr noter celle-ci : il n’a pas abordé les questions de l’éthique et donc ne les a pas renouvelées comme il l’a fait pour l’ecclésiologie, le laïcat ou l’œcuménisme ». Même si le jugement du dominicain peut paraître excessif, il est vrai que les théologiens moralistes, comme le reconnaissait il y a déjà plusieurs années P. Bordeyne, ont mis du temps à s’approprier Vatican II.

30 C’est bien pourtant ce que l’A. cherche à faire en retrouvant le cœur de la théologie morale : la charité. Constatant l’oubli de la troisième vertu en théologie morale, l’ouvrage procède de manière extrêmement claire et méthodique en trois étapes : il s’agit tout d’abord de savoir ce que signifie la charité et comment sa signification a évolué. Toujours dans une perspective historique, l’A. montre les germes de renouveau de la théologie morale dans la 1e moitié du xx e s. avant de regarder, dans une 3e partie, comment la notion de charité a été abordée au Concile.

31 Cette 3e partie est particulièrement éclairante. L’A., en effet, a eu le courage d’étudier les Acta conciliaires pour comprendre les combats et les difficultés pour intégrer la notion de charité dans les textes conciliaires. Il n’en reste pourtant pas à une perspective historique : le tableau qu’il a dressé permet à l’A. de dresser un bilan historique et théologique sur l’ambiguïté de la prise en compte de la notion de charité dans les textes du Concile.

32 Au-delà de l’éclairage qu’il apporte sur Vatican II, l’ouvrage est un stimulant intéressant pour le renouveau de la théologie morale. — G. de Longcamp csj


Date de mise en ligne : 15/01/2015

https://doi.org/10.3917/nrt.361.0138

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