Couverture de NRT_354

Article de revue

Écriture sainte

Pages 647a à 654

Alonso Schökel L., Manuel de poétique hébraïque, trad. M. Gilbert, coll. Le livre et le rouleau 41, Bruxelles, Lessius, 2013, 15x21, 288 p., 29,50 €. ISBN 978-2-87299-235-5

1 Fruit d’une louable initiative du p. Maurice Gilbert, les lecteurs français ont maintenant accès à la remarquable initiation à la poésie biblique dont seuls les hispanophones pouvaient jusqu’ici se délecter. Le p. Luis Alonso Schökel (1920-1998) enseigna de longues années à l’Institut Biblique pontifical de Rome. Doué lui-même d’une véritable sensibilité poétique, il avait le talent de communiquer à ses étudiants et à ses lecteurs un goût prononcé pour l’art littéraire déployé dans la Bible. Ses traductions en castillan ont été et sont encore particulièrement appréciées, de même que la majorité de ses travaux édités par les éd. Cristiandad de Madrid.

2 Cette trad. se présente comme un « manuel », mais c’est bien autre chose qu’un traité austère. Il est en effet plein de verve et d’alacrité, car le ton personnel et dialogal de l’original a été conservé par le traducteur. Après un chapitre d’histoire de l’art poétique biblique, l’A. parcourt les différents genres poétiques, puis il traite du matériel sonore, du rythme, du parallélisme, de la synonymie et de la répétition, des antithèses, images et figures, du dialogue et du monologue, et enfin du développement et de la composition. Bref, toute la technique et les procédés expliqués « sur le terrain », avec des exemples à foison qui mettent le lecteur « dans le bain », lui permettant de goûter ce qu’il est en train d’apprendre tout en assimilant ce qu’il savoure.

3 Merci au traducteur et aux éditeurs de nous offrir ce régal préparé par notre ancien professeur, et de surcroît en une belle langue française ! — J. Radermakers sj

Bazzi C., Biguzzi G. (éd.), Cantiere aperto sul Gesù storico, coll. Percorsi culturali, Roma, Urbaniana University Press, 2012, 14x20, 271 p., 20 €. ISBN 978-88-401-5031-4

4 Comment apparut Jésus en notre histoire ? Question fort débattue aujourd’hui, car on voudrait savoir précisément ce qu’il a été pour les hommes de son temps, et la quête sans fin se poursuit. « Le chantier demeure ouvert », nous disent Carlo Bazzi et Gianfranco Biguzzi, les deux éditeurs de ce livre passionnant. Ils sont biblistes, professeurs à l’Univ. pontificale Urbaniana de Rome, auteurs d’ouvrages remarqués sur les évangiles et la vie de Jésus. Ils recueillent ici une dizaine de contributions de spécialistes engagés dans la recherche.

5 Le menu est fort alléchant. Nous trouvons successivement : les implications historiographiques de l’enquête (A. Barzano et C. Bazzi) ; le Jésus historique l’est-il vraiment ? (G. Jossa) ; l’approche de J.A. Pagola revisitée (J.-P. Liaggi) ; Jésus de Nazareth, question récurrente (C. Bazzi) ; le dossier romain et le christianisme naissant (A. Barzano) ; les récits de l’enfance : sources historiques ? (G. Biguzzi) ; et la source Q ? (M. Crimella) ; les événements de Pâques ? (E. Nodet) ; et que disent les pierres aux archéologues (C. Bazzi) ?

6 Une richesse captivante qui nous ramène à l’unique Jésus : qui est-il pour nous, et pourquoi nous soucier de son « histoire », passée ou actuelle ? La diversité des points de vue et des approches enrichira la réflexion des lecteurs et les éclairera sur la complexité de la problématique ouverte sur le mystère. — J. Radermakers sj

Clivaz C., Combet-Galland C., Macchi J.-D., Nihan C. (éd.), Écritures et réécritures : la reprise interprétative des traditions fondatrices par la littérature biblique et extrabiblique, coll. BETL 248, Leuven, Peeters, 2012, 16x24, xxiv-648 p., 90 €. ISBN 978-90-429-2636-3

7 Toute culture est respectueuse et répétitive de ses modèles et de ses archétypes. L’œuvre littéraire de la Bible n’y échappe pas : elle réinterprète régulièrement les traditions fondatrices. Le v e colloque intern. du RRENAB (Réseau de recherche en narratologie et Bible, Univ. de Genève et Lausanne, 10-12 juin 2010) s’est penché sur ce procédé essentiel à la tradition biblique. 32 contributions de valeur nous disent l’ampleur et la richesse du thème. 2 conférences plénières et 3 communications y sont jointes. Des fonds spéciaux ont rendu possible cette volumineuse publication supervisée par les organisateurs du colloque et tout spécialement ses éditeurs.

8 Succédant à la préf. et à l’intr. signée par ces éditeurs, onze sections se partagent les 650 pages de cet imposant ouvrage. Viennent (1) d’abord les « postures littéraires » en ouverture méthodologique : l’A. qui se réécrit, le cas de J.-J. Rousseau, l’exemple paulinien, Flavius Josèphe. Ce sont ensuite (2) les instances textuelles d’autorité : Esther 9,20-28, 2 Roi 22-23, l’autorité du livre dans le Tanakh. Puis viennent les réécritures chez les prophètes, recueils prophétiques, Jonas (3). Un traitement spécial est donné à Jonas, qui fait l’objet de trois communications (4). Qu’en advient-il de ces réécritures dans le judaïsme rabbinique ? Apis et le veau d’or, le Jérémie de la lxx (5). Et les citations ou allusions bibliques ? En Mt 1-2, le salut annoncé et attendu, les citations de 1 Co 15 (6). On se pose alors la question du NT (7) : le processus de relecture en Mt et Mc, du discours en récit en Mt 18, les lapsi pauliniens chez Lc, l’inter- et l’intratextualité chez Jn, les mythes accomodés dans l’Apocalypse. Vient ensuite la question d’intertextualité et de narrativité (8) : en Rm et 1 P, Gn 15 en Rm 4, Rm 3,9-20, 1 P comme carrière des Écritures. Qu’en est-il des apocryphes et des gnostiques ? (9) : le martyre de Philippe, l’Apocalypse de Thomas, une lecture gnostique inversée ? le « fils de l’Homme » chez les gnostiques. Le passage à la peinture et au cinéma est aussi sollicité (10) : Kandinsky et le jugement dernier, Ben Hur (1925) et Golgotha (1935), Verbe et Icône dans le cinéma muet, la Bible prise comme pré-texte. Enfin (11) trois communications libres : les psaumes et Marie Laujois (1698), Pierre et Corneille en P127, le nom du village en Lc 24,13-35.

9 On demeure interdit devant ce foisonnement et la variété des textes, points de vue, perspectives pour illustrer un procédé littéraire culturel et traditionnel : on se réfère sans cesse à ses sources pour exprimer l’évolution et la justification d’une appartenance. Cette production remarquable est évidemment redevable aux éd. Peeters : un menu copieux à souhait, tout ensemble suggestif et générateur de perplexité ! — J. Radermakers sj

De Haes F., Le rouleau des Douze Prophètes d’Israël et de Juda, coll. Le livre et le rouleau 39, Bruxelles, Lessius, 2012, 16x23, 391 p., 34,50 €. ISBN 978-2-87299-216-4

10 L’ouvrage est d’abord remarquable par ses introductions. L’A., d’une plume docte et pédagogue, y rend compte des dernières recherches de la critique textuelle et de l’analyse rédactionnelle. Il élabore ainsi une modélisation originale du processus des écritures et des éditions de ces livres prophétiques. Les toutes récentes publications de Jacob Wöhrle et James D. Nogalski sont notamment présentées avec clarté et simplicité. De Haes, pourtant désireux d’adopter une perception synchronique, prend ses distances avec leurs hypothèses génétiques. À l’école de Pietro Bovati et de Robert Alter, il adopte une position personnelle respectant à la fois l’autonomie de chaque livre et le projet éditorial du « rouleau des Douze ».

11 Mais l’essentiel est ailleurs : Frans de Haes n’écrit ni comme un savant ajoute sa voix à un débat complexe ni comme un professeur initie ses auditeurs à des réalités subtiles, mais comme un artiste partage sa quête d’absolu. Il est appréciable d’entendre ainsi le discours unifié de l’expertise académique et de l’expérience sensible du poète ; voilà qui rapproche au plus près de l’essence des prophéties étudiées.

12 Les intr. et les notes (volumineuses) témoignent de la volonté de respecter le caractère et les spécificités de l’hébreu. La trad. se déploie dans un français incisif, dense et alerte. Elle est littéraire et toujours rigoureuse, littérale et toujours claire, concise et bien rythmée ; véritable tour de force, elle fait goûter la beauté de l’hébreu dans la beauté du français. Exploit rare, belle réussite.

13 Les éd. Lessius ont toujours gâté les biblistes ; elles offrent ici une rencontre avec les Douze Prophètes possédant les qualités d’un titre de référence. — D. Joseph fsj

Fokkelman J.P., The Book of Job in Form. A Literary Translation with Commentary, coll. Studia Semitica Neerlandica 58, Leiden, Brill, 2012, 16x24, 335 p., rel., 120 €. ISBN 978-90-04-23158-0

14 Le livre de Job est une œuvre littéraire d’exception, de longueur considérable, dont le texte résiste au traducteur et embarrasse le lecteur. F. présente ce livre selon un découpage original en strophes et en stances, de manière à mettre en évidence que sa composition suit des règles poétiques strictes. Cette méthode renouvelle la lecture et aboutit notamment à une très intéressante traduction du verset Jb 42,6, montrant qu’au terme de son épreuve Job est apaisé et consolé plutôt que dégoûté de lui-même.

15 L’A. applique ici la méthode expérimentée dans ses précédentes publications, fondée sur le décompte syllabique, convaincu que le poète biblique sertit l’essentiel de son message dans des strophes aux proportions symétriques et dans des structures concentriques (cf. p. ix).

16 L’intr. et le guide de lecture ont déjà été publiés en flamand, sous le titre Het boek Job in vorm (Boom Onderwijs, 2009). La trad. en anglais et la présentation structurée des versets bibliques ont été réalisées en vue de la présente édition et constituent sa principale originalité. L’ouvrage est en effet une édition bilingue, l’hébreu versifié étant mis en valeur sur la page de gauche et la trad. placée en regard, sur la page de droite. Les notes et les commentaires sont relégués en fin de livre.

17 Les universitaires trouveront plusieurs occasions d’entrer en débat avec l’A., notamment parce qu’il recherche exclusivement des structures symétriques et des rythmes équilibrés alors que la poésie sait être irrégulière et belle ; mais tous ses lecteurs sauront gré à J.P. Fokkelman pour cette étude illustrant si bien le lien intime entre la forme et le fond des vers bibliques. — D. Joseph fsj

Karakolis C., Niebuhr K.-W., Rogalsky S. (éd.), Gospel Images of Jesus Christ in Church Tradition and in Biblical Scholarship, coll. WUNT 288, Tübingen, Mohr Siebeck, 2012, 16x24, 458 p., rel., 119 €. ISBN 978-3-16-151908-6

18 C’est un magnifique recueil que nous adresse la coll. des Enquêtes scientifiques sur le Nouveau Testament. Suite à la préf. des éditeurs, une intr. du célèbre professeur K.-W. Niebuhr nous place d’emblée dans le sujet en annonçant les vingt-trois études offertes ici aux lecteurs spécialisés ou familiers des études christologiques. Il s’agit de contributions présentées au Symposium international des scholars du NT tenu à Minsk du 2 au 9 sept. 2010.

19 Cinq sections composent le volume. La première, rédigée par le métropolite de Minsk, nous informe sur la recherche biblique en Biélorussie et sur les études bibliques en Russie d’avant la révolution. Viennent alors les travaux propres du symposium : état de la recherche en Occident (U. Luz) ; le Jésus historique dans une perspective orthodoxe (Ch. Atmatzidis) ; l’enquête sur Jésus depuis les Lumières jusqu’à nos jours (M. Reiser) ; l’histoire de Jésus envisagée par les Pères de l’Église (V. Mihoc) ; le Jésus de Luc (E.G. Tsalampouni) ; les relations dans la christologie de Jean (Jn 14,28) (R. Bieringer) ; Jésus le Juif (K. Th. Zarras et J. Marcus). La 3e section comprend les contributions des séminaires : l’interprétation de la parabole de la brebis perdue (A. Puig i Tàrrech) ; approche orthodoxe des paraboles (P. Dragutinovic) ; Jésus et sa suite en Galilée et le ministère galiléen de Jésus (Mt 8-10) (C.H. Holladay) ; le Christ crucifié et le silence de Dieu en Mc (Th. Nicklas) ; la passion de Jésus dans les lettres de Paul (D.A. Kurek-Chomycz). Les discussions sont rapportées ensuite (Ch. Karakolis, U. von Arx, M. Vogel) et résumées par Ch. Karakolis. Trois textes sont traités en épilogue : réflexions orthodoxes sur la suite actuelle de Jésus ; la perspective catholique sur le Jésus de l’histoire et le Christ de la foi (Th. Nicklas) ; et pour terminer : quel Jésus proclamons-nous (K.-W. Niebuhr) ?

20 C’est là, on le voit, une ample moisson de notations et de points de vue attendant le lecteur — spécialisé de préférence — qui voudra bien passer du temps avec cet intéressant volume. Il ne fait pas nombre avec les récentes publications sur le difficile sujet de l’histoire de Jésus. En effet, des effluves en provenance de l’Est (Russie, Biélorussie) et de l’orthodoxie apportent un parfum nouveau qui modifie un peu nos perspectives occidentales. Les professeurs de christologie ne manqueront pas de consentir le détour. — J. Radermakers sj

Martinez L. (dir.), Les Actes des Apôtres en dialogue avec Vatican II, coll. Sens et Foi 9, Bruxelles, Lumen Vitae, 2012, 15x21, 91 p., 15 €. ISBN 978-2-87324-449-1

21 La coll. Sens et Foi des éd. Lumen Vitae publie la proposition d’une lecture en groupe de passages importants des Actes des Apôtres en dialogue avec des textes majeurs de Vatican II. Une heureuse initiative de L. Martinez, coordinateur diocésain de la pastorale biblique au Luxembourg et prof. À Lumen Vitae.

22 Une dizaine de projets de réunions en deux temps : lecture de textes des Actes, puis, à cette lumière, approfondissement de passages choisis dans la panoplie de Vatican II afin de susciter des réactions tendant vers une action concrète dans la pastorale actuelle. Si les contextes culturels ont changé depuis 2000 ans, les réalités ecclésiales d’aujourd’hui demeurent également interpellatrices.

23 Un aliment riche et nourrissant nous est ainsi préparé dans un paquetage minimal. À consommer judicieusement en groupes motivés. — J.R.

Monti L., Le parole dure di Gesù, coll. Spiritualità biblica, Magnano, Qiqajon, 2012, 15x21, 172 p., 16 €. ISBN 978-88-8227375-0

24 Le fr. Ludwig Monti, moine de la communauté œcuménique de Bose et bibliste collaborateur aux coll. Parole, Esprit et Vie et Recherches historico-bibliques, signe ce petit volume qui traite des « paroles dures » de Jésus rapportées dans les évangiles. Car si Jésus apparaît comme un « doux Maître », il utilise parfois un langage exigeant, et même choquant, pour interpeller son auditoire. Il s’agit de bien les comprendre dans leur contexte. C’est le travail que nous propose l’A.

25 L’ouvrage se compose de cinq parties. La 1e regroupe une vingtaine de paroles adressées aux Douze dans les Synoptiques ; puis vient une 2e partie qui reprend une série de citations de Matthieu qui interpellent les chefs religieux. La 3e (quatre textes synoptiques) s’adresse à la foule qui écoute Jésus. Enfin la 4e partie rassemble deux textes évangéliques visant d’autres personnes et, finalement, c’est un passage de Jn 17 qui s’adresse à Dieu.

26 La réflexion de l’A. est claire, précise ; elle s’efforce d’expliquer le positif des affirmations ou interpellations de Jésus dont la formulation semble radicale ou provocante. Replacées dans le contexte de l’époque, on en perçoit mieux la portée exacte. Merci à l’A. de nous aider à comprendre. — J.R.

Pagola J.A., Jésus. Approche historique, trad. G. Grenet, coll. Lire la Bible 174, Paris, Cerf, 2012, 16x23, 542 p., 38 €. ISBN 978-2204-09684-3

27 La quête du Jésus « historique » ou de « l’histoire de Jésus » a quelque chose de tendrement pathétique, comme si notre mémoire tentait de ressusciter le Frère aîné. Puis, à la réflexion, nous découvrons qu’il est présent, car il s’est mêlé à notre histoire actuelle, comme il l’a fait aux siècles précédents. Mais le saisir « comme sur le vif », nous ne pouvons le faire, pas plus que Marie de Magdala en Jn 20 retrouvant « son Jésus » au matin de Pâques, ne pouvait le saisir et l’envelopper de sa tendresse. En fait, notre foi désire s’emparer des signes dont a besoin notre sensibilité, alors qu’ils échappent à nos prises tout en nous orientant vers un au-delà de nous-mêmes : Dieu vivant nous entraîne toujours plus loin…

28 Nous saluons l’entreprise « scientifique » de J.-P. Meier (cf. NRT 129 [2007], p. 457) comme celle de J.-Ch. Petitfils (Le Jésus de l’histoire, Fayard, 2011), et maintenant celle de J.A. Pagola, qui vient d’être traduite en français ; et nous préférons, avec ce dernier, parler plutôt d’« approche historique ». Ces auteurs, en effet, se proposent de restituer au mieux le milieu culturel et religieux où a vécu Jésus de Nazareth. L’A. est prêtre ; il a enseigné la christologie à la Faculté théologique de Vitoria, au pays basque, et il jouit d’une renommée méritée en Espagne. Son étude est probe, claire et profondément équilibrée. Il sait que son approche historique est largement hypothétique, car il est impossible de se faire une idée exacte de la manière dont la personne de Jésus fut perçue par ses contemporains. Mais le chemin qu’il fait avec son lecteur est d’une subtile pédagogie, démontrant une fine habitude des auditeurs et des lecteurs auxquels il s’est adressé. L’A. s’explique lui-même dans son avantpropos sur le motif de son ouvrage et sur sa méthode. Son livre exprime le témoignage d’un croyant en même temps qu’il se place en vérité face au personnage de Jésus, pour transmettre au lecteur et au-delà de sa lecture, l’élan de foi qui l’habite tout en lui livrant les informations objectives dont il dispose, lui permettant ainsi de communiquer.

29 Bref, le travail auquel nous entraîne l’A. est celui d’une appropriation personnelle, attentive et respectueuse aux données de l’histoire, en accueillant à l’intime de son être le vrai Jésus de l’histoire du monde et de la mienne. Un ouvrage constructif, qui fait réfléchir et invite à mettre d’accord foi, raison, représentation et sentiment. — J. Radermakers sj

Palma E.M., L’immagine di Dio. San Paolo ai cristiani di Roma, coll. Studi e ricerche - biblica, Assisi, Cittadella, 2012, 15x21, 156 p., 13,50 €. ISBN 978-88-308-1254-3

30 Quelle image avons-nous de Dieu ? De tendresse et de pitié ou de colère et de condamnation ? À lire les 3 premiers chap. de la lettre de Paul aux Romains, on risque d’être effrayé devant la « révélation de la colère de Dieu » adressée aux païens comme aux juifs : tous les hommes enfermés dans cette vindicte divine. Comment comprendre que Paul parle d’un jugement de salut, comme chaque fois que le mot intervient dans la Bible ?

31 Pas à pas, l’A., prêtre calabrais actuellement doctorant à Rome, membre du Centre d’études théologiques Verbum et du centre de recherches interdisciplinaires Salus Hominis, commente les 3 terribles chap. pour en tirer le message qui s’y trouve caché. En 7 chap., il nous fait parcourir le texte paulinien en mettant en relief toutes les dimensions du « jugement » de Dieu. Finalement, la colère de Dieu se manifeste comme celle des hommes qui ont cloué le Christ en croix, car c’est Lui qui sauve de l’intérieur tous les hommes faibles et pécheurs en en faisant des justes : la rédemption du Christ est à l’œuvre en chacune et chacun.

32 Cette belle étude, judicieusement informée, nous plonge au cœur de la théologie paulinienne. À lire avec attention et perspicacité. — J.R.

Prigent P., Jésus. La foi au risque de l’histoire, coll. Collection biblique, Lyon, Olivétan, 2010, 15x23, 305 p., 26 €. ISBN 978-2-35479104-9

33 On connaît le pasteur P. Prigent, professeur émérite de la Faculté de théologie protestante de l’Univ. de Strasbourg, par ses nombreux travaux sur le christianisme naissant et sur l’image dans le judaïsme, mais surtout par ses commentaires de l’Apocalypse de Jean. Dans ce nouvel ouvrage, fruit d’une longue familiarité avec l’Écriture, il nous parle de l’histoire de Jésus comme fondement et questionnement de notre foi chrétienne.

34 Après un prologue clair et pertinent, l’A. compose son ouvrage en cinq étapes. La 1e inventorie notre documentation concernant la vie de Jésus : comment le connaître de diverses manières grâce aux évangiles ? La 2e présente l’« état civil » de Jésus de Nazareth, sa patrie, son précurseur, le maître au milieu de ses disciples et ses itinéraires de mission. La 3e partie nous dévoile Jésus dans l’intimité : le Royaume de Dieu, le « Je » de Jésus avec ses titres de Christ, Fils de l’homme, Fils de Dieu, Prophète, Thaumaturge, sa position face à la Torah, voire ses sentiments personnels. L’A. nous mène ensuite vers le « dénouement » de sa vie terrestre : entrée à Jérusalem, les dernières controverses et l’onction à Béthanie. La 5e enfin nous fait assister à la passion et nous conduit à découvrir le Ressuscité présent à nos existences itinérantes. Une brève conclusion reprend le chemin parcouru : « Les évangiles, intelligemment utilisés, permettent d’accéder avec une relative certitude à son enseignement, à la vie du groupe qui l’entoure et aux principales étapes de sa vie » (p. 281)… Mais l’historien est particulièrement bien placé pour savoir que la science ne permet jamais d’atteindre le fait brut. « On ne fait l’histoire qu’à partir de témoignages humains ou matériels » (p. 283)… (Dans la croix de Jésus) « Dieu assume la plus grande injustice pour révéler ce qu’est sa justice : elle est d’abord amour… Dieu n’attend qu’une seule réponse à cette initiative incroyable : c’est que l’on y croie ; que l’on se reconnaisse comme bénéficiaire de ce bouleversement… » (p. 285).

35 Un beau témoignage de foi « au risque de l’histoire ». L’argumentaire souligne bien l’objectif visé : « l’érudition a parlé, mais la question de Jésus demeure. Elle ne cesse de résonner depuis les évangiles. Elle appelle une réponse de chaque homme ». À lire et relire. — J. Radermakers sj

Rault C., Jésus, l’Homme de la rencontre. Huit jours à l’école du Maître dans l’Évangile de Jean, Saint-Jean-de-Matha, Abbaye Val Notre-Dame, 2012, 14x21, 178 p., 18 €. ISBN 978-2-921592-4-82

36 Un commentaire de l’évangile johannique d’une adoucissante fraîcheur et d’une bienfaisante simplicité. L’évêque du Sahara algérien qui le compose, ci-devant provincial des Pères Blancs d’Algérie, en a fait le thème d’une retraite prêchée à un groupe de cisterciens en 2010. Il s’attache à contempler la figure de Jésus à travers les rencontres d’hommes et de femmes telles que Jean l’évangéliste les met en scène dans son évangile.

37 La vigueur interpellatrice du texte et la profondeur de la présentation dépouillée qu’en fait l’A., de même que le style parlé, vivant et clair, contribuent à mettre les lecteurs, non seulement en méditation, mais en contact réel avec le Maître.

38 Ce livre fait plus que nous parler de Jésus. Il nous le fait rencontrer. En même temps, il nous fait aussi rencontrer nos frères et nos sœurs tels qu’ils sont, au naturel. Un petit livre tonique et bienfaisant à recommander aux retraitants en manque d’animateurs. Dommage pour les coquilles qui traînent encore sur la route ! — J. Radermakers sj

You Fr., D’alliance en alliance Dieu se donne. À l’écoute de la pédagogie divine, Paris, Médiaspaul, 2012, 13x20, 247 p., 20 €. ISBN 9782-7122-1210-0

39 « Partage fraternel », ce livre se mesure cependant à l’aune d’une des thématiques les plus fondamentales des Écritures : celle de l’Alliance. D’une lectio divina en référence avec de nombreux Pères de l’Église il nous conduit à des pages consacrées à l’Alliance nouvelle dans l’Évangile et dans l’Église. La place privilégiée de l’Église et de Marie (6 et 7) est soulignée fort à propos et donne une tonalité catéchétique à l’ensemble du parcours. Cette lectio est celle non pas d’un exégète de métier, mais d’un homme habitué à commenter la Parole de Dieu pour ses frères et particulièrement ses contemporains : le moine n’est-il pas à l’écoute des peines et des joies du monde qu’il a quitté ?

40 La Création (1) est la première alliance : elle est vie, elle est ce lien entre « l’homme et la femme ». Elle a été blessée et nous en souffrons encore. Abraham est le père des croyants : situé en alliance et au sein d’une promesse, il ouvre l’histoire des croyants (2). Moïse fait lui aussi la rencontre avec le « Je suis » dans le buisson ardent : sa mission commence (3). Elle le mène d’Égypte au Sinaï (Ex 24). Le don de la Loi est le sceau d’une alliance pour des hommes libres. Mais les infidélités ne manquent pas dans l’histoire du Peuple élu, qui est la nôtre. Il nous faut des prophètes pour annoncer une nouveauté (4). Cette loi nouvelle promise se réalise en Jésus (4) : dans l’acte prophétique du don de lui-même (la Cène) et dans sa mort et sa résurrection qui nous offre l’Esprit comme dernier « don » dans l’histoire du salut. Mais comment situer ces alliances sinon, comme le fait l’auteur, en jetant un regard d’ensemble sur celles-ci : un regard d’unité dans lequel le sens tropologique de l’Écriture et l’expérience spirituelle transparaissent pour le bonheur du lecteur ? Une vision globale est développée en (5). Elle témoigne de la bienveillance de Dieu, de la difficile fidélité de son Peuple, de la « gradualité » de la réalisation de l’alliance dans l’histoire. L’homme est libre pour répondre à Dieu, pour vivre une double tonalité de l’alliance : celle de la nuptialité et celle de la filiation. L’alliance ainsi tissée, les thèmes s’enrichissent pour révéler les enjeux de la vie d’un homme. L’alliance parfaite est accomplie en Jésus : il nous donne d’en vivre car il est l’unique Médiateur, par son Esprit.

41 Le temps de l’Église déploie les harmoniques de l’alliance car elle est le corps du Christ qui se dit et se vit dans le septénaire (6). Nous retrouvons les enjeux de cette nuptialité et de cette filiation dans l’économie sacramentaire telle qu’elle a été revisitée lors du dernier Concile Vatican II. Et s’il fallait un témoin parfait de cette option théologique, l’A. nous le montre dans la figure de Marie (7). Il le fait en parlant à nouveau de l’Écriture : ce qui permet à chacun de se situer dans l’élection de cette fille d’Israël. — A. Mattheeuws sj


Date de mise en ligne : 15/01/2015

https://doi.org/10.3917/nrt.354.0647

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