Benoît XVI, Mon bien-aimé prédécesseur, Perpignan, Artège, 2011, 12x20, 148 p., 9,90 €. ISBN 978-2-36040-026-3
1Ce petit volume rassemble 19 écrits du pape actuel dans lesquels Jean-Paul II occupe une place importante. On y retrouve les textes concernant les obsèques du pape défunt et les cérémonies du 25e anniversaire de son pontificat, la présentation de son Tryptique romain et la conférence au sujet de ses 14 encycliques, ainsi que d’autres allocutions prononcées dans le cadre des Journées mondiales de la jeunesse à Cologne (2005) ou du voyage de Benoît XVI en Pologne (2006) et à l’occasion du premier anniversaire de la mort de Jean-Paul II. L’ouvrage est daté d’avril 2011 ; l’éditeur aurait peut-être pu attendre un peu pour y joindre l’homélie prononcée durant la béatification du pontife en mai de la même année.
2Il s’agit évidemment d’un ensemble de témoignages précieux, même si partiels, car ils émanent d’un personnage qui fut un très proche collaborateur du pape polonais. Sans oublier que cela est tout aussi intéressant pour connaître Benoît XVI lui-même. — B. Joassart sj
Boudon J.-O., Monseigneur Darboy (1813-1871). Archevêque de Paris entre Pie IX et Napoléon III, coll. Histoire, Paris, Cerf, 2011, 13x20, 189 p., 19 €. ISBN 978-2-204-09200-5
3Le sous-titre a été bien choisi, même si la réalité est inévitablement plus complexe. Mais il annonce bien les deux « piliers » de la carrière de celui qui, né dans un milieu relativement modeste, finit par gravir les échelons de la hiérarchie catholique, devenant en 1863 archevêque de Paris où il avait déjà été auparavant vicaire général avant d’être évêque de Nancy en 1859. Il mourut fusillé par la Commune. À travers cet ouvrage, on découvre un homme qui n’était certes pas un savant mais qui ne manquait pas de savoir. Ce n’était pas plus un homme d’une grande ambition, ni d’une piété fortement teintée de jansénisme. Soucieux de ses devoirs de pasteur, il fut à la fois proche du pouvoir et étant assez opposé aux ordres religieux. Gallican convaincu, tout ceci l’amena à être l’une des figures les plus agissantes de la minorité à Vatican I et à être absent lors du vote de Pastor aeternus.
4Indépendamment de la biographie proprement dite du prélat, l’ouvrage est intéressant à deux autres points de vue. Il nous donne nombre d’indications concernant la vie religieuse parisienne sous le Second Empire, fortement dé- ou non-christianisée. D’autre part, Darboy fut le dernier évêque victime des mouvements révolutionnaires inaugurés en 1789. Il fut dès lors considéré comme un martyr, encore que dès le lendemain de sa mort il fit l’objet de bien des controverses. Ce n’est d’ailleurs qu’après la Première Guerre mondiale que sa cause de béatification fut introduite. C’est à l’historiographie de sa mémoire et au parcours de sa cause de béatification qu’est consacré le dernier chapitre, parcours sinueux qui connut autant de hauts que de bas en fonction des circonstances. Dernières étapes en date : le souhait du cardinal Lustiger, en 1998, de relancer la cause en l’associant à celle de Mgr Affre, l’un des prédécesseurs de Mgr Darboy, lui aussi mort lors d’une révolution, celle de 1848 ; toutefois, en dépit des efforts déployés, cette cause semble mise en veilleuse ; et lors du deuxième centenaire de la Commune, l’archevêché de Paris n’a organisé aucune cérémonie particulière qui eût à tout le moins ravivé la mémoire du prélat. — B. Joassart sj
Colonge C. et P., Benoît XVI. La joie de croire, préf. Mgr G. Defois, coll. Histoire à vif, Paris, Cerf, 2011, 15x24, 740 p., 34 €. ISBN 978-2-204-09487-0
5Entreprendre la biographie d’un vivant est toujours une rude entreprise. Et si la sympathie — indispensable pour ce genre littéraire comme pour tout autre travail historique — envers le personnage concerné est grande, la tâche risque d’être par trop hagiographique. Ne le cachons pas : les AA. éprouvent une vive admiration pour le pape actuel.
6Est-ce à dire que cet ouvrage ne présente que peu ou pas de qualités ? Ce serait évidemment aller beaucoup trop vite en besogne. Les résultats de l’enquête menée par les AA. se présentent en quelque sorte comme une « chronique » depuis sa naissance jusqu’à nos jours, en passant par les différentes étapes de sa carrière multiforme. C’est l’occasion de découvrir l’action du personnage et ses travaux (livres, homélies, encycliques, etc.) où s’expriment à la fois les positions de J. Ratzinger/ Benoît XVI et sa personnalité d’intellectuel particulièrement cultivé et, à n’en pas douter, entièrement dévoué à l’Église.
7Mais qu’il soit bien entendu qu’en dépit de sa longueur, un tel ouvrage n’est pas une biographie « complète ». L’histoire doit parfois attendre longtemps et patiemment pour s’exprimer au mieux. — B. Joassart sj
Fouilloux Ét., Eugène, cardinal Tisserant, 1884-1972. Une biographie, Paris, DDB, 2011, 15x24, 717 p., 39 €. ISBN 978-2-220-06298-3
8Disons-le d’entrée de jeu : un beau livre, comme on aime en découvrir.
9Tisserant fut considéré comme un rustre par les uns, comme un Mazarin machiavélique par les autres. Même si le personnage fut haut en couleurs, doté d’un tempérament pas toujours commode et fort peu romain, mais droit, l’A. en donne une biographie toute en nuances et loin d’être tributaire de ces deux visions trop légendaires, ayant pu, avec sa compétence habituelle, profiter d’archives scrutées de manière systématique pour la première fois.
10Les dates de l’existence de Tisserant l’attestent : il a traversé presque un siècle d’histoire générale comme d’histoire de l’Église, marquées par bien des changements. Lorrain d’origine, né à une époque où la revanche était si attendue du côté de l’Hexagone, sans que lui-même ait jamais fait preuve d’un nationalisme exacerbé, il a, pourrait-on dire, tout connu. Enfant prodige, passionné de mathématiques qu’il aurait aimé enseigner, il fut pourtant dirigé vers l’orientalisme. Et authentique savant il fut. Principalement au service de la Bibliothèque Vaticane dans un premier temps, dont il finit par devenir une figure majeure en particulier grâce à ses talents d’organisation et plus encore par sa capacité à moderniser l’institution selon les critères anglo-saxons (plus tard, il sera cardinal Archiviste et Bibliothécaire de la Sainte-Église) : il savait ce qu’était le travail de recherche et quelle intendance ce travail requérait. Vivement apprécié de Pie XI, le voilà créé cardinal en 1936 (il sera sacré évêque l’année suivante) et placé à la tête de la Congrégation orientale en tant que Secrétaire jusqu’en 1959 ; il s’y montra partisan d’une politique respectueuse des traits propres aux communautés ecclésiales de sa juridiction. Au fil des années, les charges vont s’accumuler : doyen du Sacré-Collège et Préfet de la Cérémoniale (1951), Bibliothécaire et Archiviste de la Sainte-Église (1957), Camerlingue (1958), Grand-Maître de l’Ordre de Malte (1960), évêque de Porto et Santa Rufina dont il s’occupa activement (il ne fut pas qu’un haut fonctionnaire de la Curie mais aussi un prêtre, fort imprégné de la spiritualité de François de Sales), membre du conseil de présidence de Vatican II, sans oublier son élection à l’Académie française (1961). Ce furent là autant de postes qui le mirent sur le devant de la scène, sans pour autant faire de lui l’un des plus puissants personnages du gouvernement central de l’Église (il ne fut d’ailleurs pas toujours bien en cour auprès des successeurs de Pie XI et n’était pas directement associé aux grandes décisions de l’Église), et qui lui permirent de voir et d’apprécier les grands courants de son temps (fascisme, nazisme, antisémitisme, révolution nationale, décolonisation, etc., qui n’entraient pas dans ses catégories).
11Un de ses succès majeurs : la présidence de la Commission biblique à partir de 1938. Tisserant n’avait guère été tourmenté par le modernisme au cours de ses études le préparant à l’ordination sacerdotale ; il retrouva le phénomène ou du moins ses suites, d’ailleurs non négligeables, à la tête de cette commission et joua un rôle majeur dans le processus d’ouverture sous le pontificat de Pie XII, qui devait voir principalement la publication de Divino afflante Spiritu (1943).
12S’il fut foncièrement partisan de l’aggiornamento mis en branle par Vatican II, il éprouva quelque amertume lorsqu’il dut appliquer à lui-même le retrait imposé par le même concile aux titulaires de certaines charges en raison de l’âge.
13Le lecteur sera sans doute étonné de ne pas trouver une de ces bibliographies traditionnelles autant qu’interminables et désespérantes ; qu’il se rassure : les notes suffisent amplement à montrer que le travail est solidement documenté.
14Le seul regret que je me permettrais de formuler est de n’avoir pas suffisamment présenté bon nombre de personnages qui interviennent tout au long du récit : la rédaction de brèves notices biographiques est certes fastidieuse, mais elle me semble souvent profitable.
15Mais qu’est ce regret en regard d’un livre qui fait découvrir un grand homme savamment replacé dans son époque ? — B. Joassart sj
Holterbach R., Petite vie du père Chevrier, Paris, DDB, 2011, 11x18, 117 p., 9,90 €. ISBN 978-2-220-06269-3
16Les critères de la collection « Petite vie de… » ne permettent pas de longs développements. Ce petit livre n’en est pas moins une bonne occasion de faire la connaissance d’A. Chevrier (1826-1879), entre autres fondateur du Prado en 1860, et de découvrir ainsi un homme pétri de l’Évangile et soucieux de le partager en particulier aux plus pauvres. On sera sans doute quelque peu étonné de ses prouesses en matière de macérations ou de certaines formes d’expressions religieuses, déroutantes aux yeux de nos contemporains. Mais ainsi que nous avons déjà pu le dire à propos de l’édition de certains de ses écrits (cf. NRT 130 [2008] 370), c’est peut-être aussi une manière d’entrer dans un univers religieux fort différent du nôtre et de le mieux comprendre sans pour autant le condamner comme absolument dépassé. C’est également une invitation à se rappeler que l’annonce de l’Évangile est la mission première de tout chrétien qui doit se faire inventif. — B. Joassart sj
Lemaître N. (éd.), Edmond Michelet, un chrétien en politique, coll. Cours-colloques-conférences, Paris, Collège des Bernardins, 2011, 15x24, 259 p., 20 €. ISBN 978-2-249-62077-5
17Faut-il béatifier des hommes politiques ? Publiés par Nicole Lemaître, les Actes du colloque Un chrétien dans la vie politique (Collège des Bernardins, Paris, 2011) consacré à Edmond Michelet (1899-1970) reproduisent les interventions d’une vingtaine d’historiens. Elles présentent diverses facettes ‘recontextualisées’ de la personnalité et de l’action d’E. Michelet, autodidacte, résistant, déporté, parlementaire, ministre, gaulliste historique, chrétien officiellement béatifiable. Une première partie évoque son ‘péguysme’ (l’articulation entre spirituel et temporel), sa position face à l’Action française et au Sillon ; son activité au sein des Équipes sociales (son amitié pour le pétainiste Garric, leurs itinéraires communs et leurs trajectoires divergentes) et des associations de déportés (il est président-fondateur de l’Amicale de Dachau).
18Une seconde partie concerne le ministre : Ministre des Armées et de la réconciliation des armées françaises ; Michelet et de Gaulle sous la Quatrième République ; De l’Algérie française à l’Algérie des deux peuples (1955-1958)… La dernière partie traite de la réconciliation : armée et résistance ; France et Algérie ; monarchie et ve République ; France et Allemagne… Ni progressiste, ni intégriste, Michelet a cherché à réconcilier gaullisme et Église post-conciliaire. Garde des sceaux à l’heure de la guerre d’Algérie, mais non juriste, considéré comme atypique et inadapté, il a rétabli, en 1960, la peine de mort en matière politique, abolie depuis 112 ans. Il n’a pas eu à l’égard de Ch. de Gaulle le rôle de modérateur que certains souhaitaient. Relevons une analyse détaillée de son Contre la guerre civile, arbitrant le débat entre Raymond Aron et Jacques Soustelle. Bien des questions demeurent en suspens ; de nombreuses archives restent à exploiter. À lire. — PGD
Reynal G., Pierre-André Liégé (1921-1979). Un itinéraire théologique au milieu du xxe siècle, préf. Card. P. Poupard, coll. Histoire - Biographie, Paris, Cerf, 2010, 15x24, 491 p., 33 €. ISBN 978-2-204-07914-3
19Adoptant la forme d’une biographie intellectuelle, l’A. nous fait découvrir un théologien qui n’a certes pas eu le retentissement de ses confrères aussi illustres que Chenu ou Congar, mais qui n’en fut pas moins une personnalité qui occupa une place importante dans la vie ecclésiale française. Peut-être sera-ton dérouté par cet ouvrage qui donne parfois l’impression que l’on se trouve face à un homme « touche-à-tout », ce qui se reflète dans ses publications. Je dirais pour ma part que ce qui caractérise P.-A. Liégé est sans doute l’alliage heureux qu’il fit, dans sa vie de fils de S. Dominique, de la prédication et de la réflexion théologique ; il fut apôtre tout autant qu’intellectuel. On peut s’en rendre compte à travers les évocations de son apostolat auprès de la jeunesse, de son souci de la catéchèse et de ses charges d’enseignement, entre autres à l’Institut catholique de Paris, et cela avant, pendant et après le grand moment que fut Vatican II. Ce qui ressort sans doute le plus clairement de cette biographie, c’est le souci de Liégé d’être vraiment en prise directe avec son époque, qui réclamait, si l’on peut dire, que l’on puisse retrouver et vivre la foi chrétienne à sa racine, sans que ce soit uniquement de la « religion » ; on comprend dès lors qu’il ait abordé de nombreuses thématiques dans ses écrits (foi, ecclésiologie, morale, etc.) afin de susciter une authentique démarche d’annonce de l’Évangile dans le monde contemporain. — B. Joassart sj
Cardinal Saliège. Compagnon de la Libération. Juste parmi les nations. Menus propos, préf. P. Escudé, coll. Carnets Spirituels 76, Orbey, Arfuyen, 2010, 12x18, 160 p., 14 €. ISBN 978-2-845-90155-1
20La lettre pastorale du 23 août 1942, suite à la rafle du Vel’d’Hiv’, assura à coup sûr à Saliège une réputation légendaire (elle est ici reproduite aux p. 37-38, mais sans les deux corrections apportées par son auteur : « scènes d’épouvante » et « horreurs » ayant été remplacées, dans la version définitive, par « scènes émouvantes » et « erreurs »). Le style rappelait celui que l’archevêque de Toulouse depuis 1928, atteint d’une paralysie progressive qui lui ôta pratiquement tout usage de la parole, adopta, à partir de 1937 dans ses Menus propos publiés dans la Semaine religieuse de Toulouse, jusqu’en 1947 (ces textes ont été tous rassemblés en 7 vol., à caractère thématique, en 1947). P. Escude nous en donne ici une anthologie, les propos étant repris dans l’ordre chronologique de leur parution. D’une facture qui n’est pas sans rappeler les Pensées de Pascal, ils abordent tous les sujets de l’existence humaine, avec un fort accent lié aux circonstances du moment — et l’on sait que la période fut particulièrement troublée —, bien entendu en rapport direct avec la foi chrétienne, et souvent aussi empreints d’un bon sens, ou plus exactement d’une fine sagesse. Ces textes n’ont pas nécessairement perdu ni de leur valeur, ni même de leur actualité. La place nous manque pour donner l’un ou l’autre d’entre eux, ce qui en ferait mieux saisir l’originalité et la richesse. On ne peut donc que conseiller de les (re) lire, d’autant qu’ils ne manqueront sans doute pas de faire réagir et de susciter la réflexion du lecteur contemporain. — B. Joassart sj
Spiridon (Archimandrite), Mes missions en Sibérie, suivi de Confession d’un prêtre devant l’Église, trad. P. Pascal et M. Evdokimov, coll. L’histoire à vif, Paris, Cerf, 2010, 14x22, 255 p., 20 €. ISBN 978-2-204-09373-6
21Spiridon (1875-1930) naquit dans une famille de pauvres paysans de la région de Zadonsk ; tout jeune, il fit preuve d’une profonde sensibilité humaine et d’un attrait très marqué pour le religieux. Au terme de bien des péripéties, notamment un séjour au Mont Athos, il devint aumônier dans un bagne de Sibérie où il découvrit de nombreux personnages pas tous très recommandables et, durant la Grande guerre, il fut aumônier militaire. Dans une première partie, « Mes missions en Sibérie », il relate ses souvenirs relatifs à des rencontres avec des prisonniers — parfois même des non chrétiens — qui se confièrent à lui et qui, en dépit d’un lourd passé, finirent souvent par retrouver le chemin de Dieu et la paix intérieure. « Les confessions d’un prêtre devant l’Église », qui occupent la seconde partie du volume, livrent ses réflexions sur ses propres expériences et sur l’Église en général qui, à ses yeux, s’est par bien des côtés éloignée de l’idéal évangélique, une situation qui exigerait de sa part un retour aux sources car sa présence au milieu du monde est indispensable.
22Le lecteur sera sans doute déconcerté par les témoignages et réflexions de Spiridon (qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler un François d’Assise) : la spiritualité orientale n’emprunte pas les mêmes expressions que celle de l’Occident latin et certaines prises de position de l’A. peuvent surprendre, notamment son propos de respecter toutes les religions, sorte de prémices au dialogue interreligieux contemporain, et sa suggestion d’avoir des prêtres-ouvriers. Une telle lecture peut précisément ouvrir à cette spiritualité tout autant que faire réfléchir sur des questions actuelles. — B. Joassart sj
Svidercoschi G.F., Storia di Karol (2a edizione), Milan, Ancora Editrice, 2011, 15x21, 167 p., 12 €. ISBN 978-88-514-0892-3
23Ce livre, publié pour la première fois en 2001, l’est pour une deuxième fois à l’occasion de la béatification du pape Jean-Paul II. Dans sa brièveté et sa simplicité, l’A. nous rappelle que la richesse et la grandeur de Jean-Paul II, premier pape d’origine slave, ne peut être comprise sans connaître le milieu dans lequel il a grandi et tout ce qu’il a pu recevoir et vivre avant d’être élu pape. Ainsi, l’A. réussit avec brio à situer l’histoire du nouveau bienheureux dans le contexte de l’histoire religieuse et culturelle de la Pologne, à l’intérieur des deux totalitarismes du siècle dernier, à savoir le nazisme et le communisme.
24Écrit dans un style clair et précis, ce livre est une bonne introduction à la figure de ce grand pape. — A. Cazzin
Teilhard de Chardin P., Le rayonnement d’une amitié. Correspondance avec la famille Bégouën (1922-1955), éd. M. Hermans et P. Sauvage, coll. Au singulier 20, Bruxelles, Lessius, 2011, 16x23, 320 p., 21 ill., 29,50 €. ISBN 978-2-87299-204-1
25En 1913, P. Teilhard de Chardin fait la connaissance de Henri Bégouën, aristocrate passionné de préhistoire. Toutefois, c’est avec son fils Max (1893-1981), juriste de formation, particulièrement intéressé par les rapports entre foi et science — et rencontré pour la première fois par le jésuite sur le front belge en 1915 — et avec son épouse Simone (laquelle contribuera largement à la diffusion des œuvres du religieux), que Teilhard vivra une forte amitié dont témoignent ses plus de 100 lettres ici éditées, celles-ci étant pour la plupart précédées d’une introduction qui en présente le contexte.
26Ce qui attire d’emblée l’attention, c’est l’immense confiance que Teilhard accorde à ses amis. Il s’adresse à eux sans respect humain, n’hésitant pas à leur faire part de ses interrogations et de ses difficultés, notamment lorsqu’il sera soupçonné d’hétérodoxie. Voilà qui, avec les œuvres publiées du savant, permet d’affiner la connaissance de la pensée du jésuite, lequel était aussi un observateur attentif de son époque riche qui connut bien des bouleversements. Et il n’est pas inutile de souligner qu’une personnalité particulièrement sensible et profondément humaine se dégage de ces documents.
27À l’occasion de la publication, fort soignée (le seul reproche pratique que l’on pourrait signaler est qu’il eût été intéressant de numéroter les documents), de ce riche ensemble, les éditeurs ont eu la chance de pouvoir compter sur la collaboration de quatre spécialistes qui ont accepté de mettre en évidence l’un ou l’autre aspect de la pensée de Teilhard : Jean-Pierre Demoulin livre tout d’abord quelques Réflexions sur l’importance et l’originalité de cette correspondance ; François Euvé étudie Science et foi chez Teilhard ; Henri Madelin présente Un jésuite dans la tourmente du xxe siècle, qui découvre entre autres les grandes idéologies de son époque ; Gustave Martelet s’est attaché à mettre en lumière Le dépassement de la loi naturelle chez Teilhard face à la mort.
28Un livre que l’on aura grand plaisir à lire. — B. Joassart sj
Walch (dir.), Le Père Caffarel. Des équipes Notre-Dame à la Maison de prière (1903-1996), coll. Cours-colloques-conférences, Paris, Collège des Bernardins, 2011, 15x24, 278 p., 19 €. ISBN 978-2-24962-076-8
29Publiés et présentés par Agnès Walch, les Actes du colloque (Collège des Bernardins, Paris, 2010), consacrés à la personnalité et à l’action du chanoine Henri Caffarel (1903-1996), reproduisent les interventions d’une vingtaine de participants : historiens, théologiens, couples-témoins… Glanons-y quelques traits. Prêtre diocésain, ordonné sur le tard (en 1930), H. Caffarel n’a jamais exercé en paroisse. Fondateur du mouvement Équipes Notre-Dame, qui s’adresse aux couples, et animateur de la Maison de prière de Troussures, il a créé les revues L’Anneau d’Or (1945-1967) et Les Cahiers sur l’Oraison (1957-1987). Promoteur, dès 1970, du Renouveau charismatique, auquel il consacre une autre revue, La Chambre haute (1973-1978), il finit par s’en détourner, critiquant sa trop grande dépendance au pentecôtisme classique dans son ouvrage Le Renouveau charismatique interpellé. La théologie du mariage, proposée par Vatican II, adopte une tournure plus sociale que celle que lui-même recherchait. Était-il théologien ? On lui a reproché un certain providentialisme ou littéralisme. Il présente Marie comme épouse du Christ qui, lui-même, aime sa mère d’un amour conjugal. Nous lisons : le Christ était certainement le meilleur menuisier de Nazareth… Dans la famille on est un comme le Père et le Fils sont un… La prière est la cause seconde qui surpasse toutes les autres en efficacité… Que de maladies psychiques guéries par l’oraison ! Il s’exprime, nous dit-on, comme s’il connaissait la cause et l’issue de tout : la place pour le ‘nescivi’ est mince. Cela ne l’empêche pas de rappeler le caractère insondable du mystère de Dieu et d’insister sur la dimension ecclésiale et communautaire de l’équipe, de la prière, de la famille : on ne prie bien qu’en Église. Le mot de la fin ? « Le tout de l’oraison, c’est l’union à la prière du Christ en soi. » — P. Detienne sj