Bianchi E., Presbiteri: Parola e liturgia, coll. Sympathetikja, Magnano, Comunità di Bose, Qiqajon, 2010, 12x17, 125 p., 8 €. ISBN 978-88-8227-303-3. (Traduit en français)
1Il faut beaucoup aimer les prêtres pour ne pas paraître donner de leçon en écrivant ainsi une lettre sur le thème «comment célébrer la messe». C’est le premier chapitre de ce petit livre qui examine ensuite la relation entre le service sacerdotal de la Parole et celui de la liturgie. «Prega la messa!» Prier la messe: ce conseil de S. Pie X court au long de ces pages. Devenir mystagogue; accueillir le «avec votre esprit» comme une communion, une solidarité avec les fidèles; s’inclure dans le nous de la célébration pénitentielle; habiter le silence pour accueillir la Parole; aider la prière des fidèles à être conforme au mystère chrétien; engager sa propre foi en proclamant la prière eucharistique... E. Bianchi se découvre lui-même dans ses conseils pratiques qui semblent aller de soi mais qu’il est bon d’entendre de la part d’un «ancien». On ne peut être ministre authentique de la Parole qu’en étant soi même «affidato», confié, remis à la Parole, selon les mots de Paul dans les Actes (20,32). L’ars celebrandi concrétise l’être du prêtre. L’eucharistie apparaît ainsi comme la source de la spiritualité sacerdotale qui déploie l’authentique exousia — l’autorité, le pouvoir — du prêtre, choisi «pour signifier visiblement ce que Dieu, librement et gratuitement, veut et fait pour que tous les hommes soient sauvés» (p. 83). Livre petit en taille, facile à lire, mais roboratif et énergique, qui a heureusement été traduit en français: Paroles du Seigneur. Sacerdoce, parole de Dieu et liturgie, Ad Solem, 2011. — A. Massie sj
Chesterton G.K., L’Église catholique et la conversion, trad. G. Joulié, coll. Petite Collection, Paris, Éd. L’Homme Nouveau, 2010, 11x18, 180 p., 13 €. ISBN 978-2-915988-35-2
2Plusieurs «récits de conversion» d’intellectuels ont paru ces dernières années. Ce genre littéraire trouve un lointain aïeul (1926) dans le texte de G.K. Chesterton, qui, toutefois, ne constitue pas un récit autobiographique mais plutôt une réflexion sur les étapes et enjeux de la conversion — ce qui n’interdit pas à l’A. de faire référence à son propre cheminement de foi, qui le conduisit du protestantisme unitarien à l’Église catholique, en passant, dit-il, par le paganisme et l’agnosticisme.
3Dans cet ouvrage donc, l’A. écarte les fausses objections adressées au catholicisme, avant de proposer une phénoménologie de la conversion en trois étapes: l’attirance vers l’Église, sa découverte puis la tentation de s’en détourner. Si la foi est bel et bien un don de la grâce, des dispositions de l’esprit préparent toutefois à l’accueil de ce don.
4L’A. montre alors l’émerveillement du converti pour l’Église-mère, gardienne de la vérité et garante de la liberté authentique. Les hérésies, tant anciennes que modernes, sont porteuses d’une part de vérité qui trouve à s’intégrer dans la grande symphonie de l’authentique doctrine catholique. Quand l’autorité ecclésiale semble brimer la liberté individuelle, l’expérience fera reconnaître une manifestation de l’expertise en humanité qui guide et éclaire les consciences.
5Cet ouvrage, ni autobiographique, ni proprement théologique, propose une apologétique originale et enlevée. Le style vigoureux, non dénué d’humour, fait pardonner quelques jugements rapides ou datés. Relevons deux intérêts principaux de cet écrit: rappeler que le christianisme a sa source à Jérusalem et à Athènes, certes, mais aussi à Rome; souligner combien la foi de l’Église, loin d’être irrationnelle, sauve plutôt la raison des tentations de repli ou d’étroitesse. — M. Bernard
Lalouette J., Boniface X., Chanet J.-F., Elliott I. (dir.), Les religions à l’école. Europe et Amérique du Nord (xixe-xxie siècles), coll. Mémoire chrétienne au présent n. 8, Paris, Letouzey et Ané, 2011, 16x24, 346 p., 36,90 €. ISBN 978-2-7063-0277-0
6Au Colloque Dieu à l’école tenu à l’Université de Boulogne en décembre 2007, des spécialistes de différentes disciplines (historiens, juristes, sociologues…) se sont penchés sur les débats concernant la place de la religion dans l’institution scolaire. Leurs discussions sont rassemblées ici en une vingtaine d’articles, répartis en quatre sections: De la prééminence catholique au pluralisme religieux; De l’enseignement de la religion à l’enseignement du fait religieux; L’idéologie en cause; Processus de laïcisation et de sécularisation. Certains articles concernent le xixe siècle: les recteurs ecclésiastiques, 1809-1895; création de l’école du jeudi, en 1882, en dehors des locaux scolaires et des heures de classe; polémique à l’École normale Grétry-Vacherot, 1851. Deux études sont explicitement comparatives: l’enseignement des religions en France et au Québec; parents d’élèves et diversité religieuse à Paris et à Londres. Trois articles concernent la Belgique: chrétiens et conquérants durant l’entre-deux-guerres; religion et morale, entre cloisonnement et convergence, 1920-2000; le groupe de synthèse de Louvain.
7Trois articles concernent les États-Unis: étude du manuel d’histoire Out of many; controverse relative à l’enseignement du créationnisme à l’école; enseignement supérieur, une laïcisation inachevée. Deux articles concernent l’Irlande: évolution du rôle de l’Église; les -élèves immigrés non-chrétiens dans les écoles primaires. Deux articles concernent le Canada: les revendications religieuses: par exemple le poignard (kirpan) d’un élève sikh; langue et religions au Québec. Un problème similaire apparaît en France: religion et enseignement de l’italien, de la fin du xixe siècle au début des années trente. On relèvera encore quelques monographies intéressantes: la pédagogie nouvelle face à l’encyclique Divini illius Magistri (31 décembre 1929); le patrimoine artistique «montrer une Annonciation suppose de parler de l’Incarnation»; l’enseignement de l’Histoire sainte, la multiplicité des facteurs de son évolution. Un bel ouvrage qui laisse une question ouverte: existe-t-il une européanisation de l’enseignement relatif à la religion? — P. Detienne sj
Léonard A. (Mgr), Les raisons de croire, coll. Sarment, Paris, Éd. du Jubilé, 2010, 14x22, 290 p., 19 €. ISBN 978-2-86679-526-9
8C’est en pasteur désireux de partager sa foi que Monseigneur André-Joseph Léonard réédite son livre de réflexion (ou d’«apologétique», c’est-à-dire de «défense de la foi») sur les «raisons de croire»: la foi n’est-elle pas «le plus grand enjeu du monde contemporain?» (p. 7). Un enjeu plus décisif aujourd’hui dans notre monde déchristianisé (dont on s’efforcera de tempérer la dérive en parlant simplement de «sécularisation»). Monseigneur Léonard a résolu de ne pas fermer les yeux et de conduire jusqu’au bout l’expression de la foi chrétienne dont il s’efforce de justifier tout le contenu, conformément à l’énoncé du Credo que les chrétiens sont invités à réciter ensemble lorsqu’ils se rassemblent le jour du Seigneur pour célébrer leur foi.
9La première conviction que veut partager l’auteur de ce livre, c’est que, si la foi en vertu de sa nature propre dépasse la raison (et en ce sens elle peut être dite transrationnelle), il n’en est pas moins raisonnable de croire. Non pas de croire en n’importe quoi, mais de croire en Dieu Créateur, de croire en Jésus-Christ, Fils de Dieu, dont la mort et la résurrection sont le gage de notre salut et de notre propre résurrection, de croire aussi à l’Église, à son mystère et à sa réalité institutionnelle enracinée dans l’évangile de Jésus.
10De croire à tout cela, non pas parce que nous sommes en retard sur notre temps mais parce que la foi à laquelle nous adhérons peut faire des chrétiens les témoins humbles mais convaincus de l’Amour qui nous a aimés et entraîne notre vie dans son mystère. — S. Decloux sj
Sr Briege Mc Kenna osc, La puissance des sacrements, coll. Petits traités spirituels – Spiritualité 44, Nouan-le-Fuzelier, Éd. des Béatitudes, 2011, 12x18, 64 p., 5,50 €. ISBN 978-2-84024-400-4
11Mondialement connue pour son ministère auprès des prêtres et son charisme de guérison, cette religieuse clarisse américaine déploie en quelques pages simples et concrètes la richesse du septénaire catholique. Pourquoi chercher ailleurs un trésor que l’Église est et partage en ses sacrements? Telle est la conviction profonde qui imprègne l’expérience et le témoignage de l’A. Il ne s’agit pas d’un traité exhaustif sur chaque sacrement, mais de manifester la puissance du ressuscité à l’œuvre dans ces simples «gestes» qui font ce qu’ils signifient. Ce qui guide l’A., c’est la vie humaine transformée par la présence du Christ en son Église: quel trésor en chacune de ses étapes! De la conception à la naissance au ciel, «Dieu ne cesse de nous donner ce dont nous avons besoin» (p. 8). Cette confiance radicale en la providence ne peut pas se vivre en dehors des sacrements pour ceux qui ont entendu parler de Jésus-Christ. Réveiller les pays occidentaux de leur léthargie, tel semble aussi être l’essentiel du propos. Par la foi, il nous faut sortir du matérialisme et de l’incroyance contemporaine: tel est l’enjeu de notre pèlerinage sur la terre. Si ce pèlerinage physique n’est pas spirituel, nous ne répondons pas à l’appel qui nous est adressé. On lira avec émotion les belles pages sur le sacrement de réconciliation et de l’onction des malades. L’eucharistie est déployée sous son aspect de guérison. Les témoignages concernant le mariage et le sacerdoce sont édifiants. — A. Mattheeuws sj
Schönborn Ch. (Card.), Au cœur de notre foi chrétienne. Le credo dans le Catéchisme de l’Église catholique, trad. M. Guisse, Paris, Parole et Silence, 2010, 14x21, 217 p., 19 €. ISBN 978-2-84573-891-1
12C’est en se laissant guider par la succession des semaines tout au long d’une année que le Cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, a développé dans le journal diocésain, en 52 chapitres, ce livre intitulé dans sa traduction française Au cœur de notre foi chrétienne. Il y développe une présentation du Credo tel qu’il est proposé dans le Catéchisme de l’Église catholique. Le but du livre est d’amener «à une connaissance plus pénétrante, qui appellera à son tour une foi plus grande, de plus en plus embrasée d’amour pour le Cœur de Jésus». — S. Decloux sj
Youcat. Catéchisme de l’Église Catholique pour les jeunes, préf. lettre du pape Benoît XVI aux jeunes et trad. M. Guise et J. Stricher, Paris, Cerf/Bayard/Fleurus-Mame, 2011,13x21, 308 p., 14 €. ISBN 978-2-204-09560-0
13Voici le «Youth Catechism», déjà traduit en vingt langues et diffusé lors des J.M.J. de Madrid, 2011. Un énorme travail! Toujours est-il que ce catéchisme catholique de “l’Église des jeunes”, si l’on peut dire, sera apprécié par les «mamans catéchistes» et bienvenu dans les salles de «caté». Ce manuel aussi pédagogique que bien présenté, agréable en main avec photos «jeunes» et iconographies traditionnelles soignées, se compose de quatre parties: Ce que nous croyons — La célébration des mystères chrétiens — La vie dans le Christ — La prière chrétienne. Chacune comprend une série de questions et de réponses invitant à consulter, «pour plus apprendre», les numéros du grand frère, le CEC.
14Demandé «d’en bas» et venu «d’en haut» nous souhaitons à ce Youcat un bon voyage dans l’entre-deux où tous les jeunes de «peuples et races» bariolés navigueront au Souffle de leur Baptême à la suite de l’Ami, vers le Père de tous. Utile et sans doute nécessaire ce caté ne trouvera sa fécondité qu’en conduisant personnellement (parents, école, mouvements,…) «le jeune» à une plus grande intimité avec Celui qui est l’initiateur de notre Foi (He 12,2). Apprenons-nous autrement notre langue maternelle? — J. Burton sj