Couverture de NRT_333

Article de revue

Théologie

Pages 514 à 523

Chéno R., L’Esprit Saint et l’Église. Institutionnalité et pneumatologie. Vers un dépassement des antagonismes ecclésiologiques, coll. Cogitatio Fidei 275, Paris, Cerf, 2010, 14x22, 337 p., 33 €. ISBN 978-2-204-09300-2

1L’approche catholique classique de l’institution ecclésiale voit dans le Christ le fondateur de l’Église et des institutions qui la structurent. Ainsi est-il constitué en principe d’autorité et en source du droit ecclésial ; de Lui dérivent l’autorité hiérarchique des ministères et l’organisation juridique qui régit son Corps. L’A. de cette étude choisit une approche pneumatologique du mystère ecclésial, tout en évitant d’évoquer une liberté charismatique qui pourrait se trouver en conflit avec les institutions de l’Église. Son but est de surmonter les antagonismes, d’origine protestante, entre institution et communion. Il s’inspire pour cela aussi bien du fondateur de l’école institutionnaliste française, Maurice Hauriou, que du luthérien Hans Dambois et de ses recherches d’un fondement théologique du droit institutionnel. Dans sa théologie de l’institution placée sous le signe eschatologique du Royaume, l’agir gracieux de l’Esprit apparaît comme un processus instituant qui donne au Christ son Corps total, l’Église, articulant ainsi à une pneumatologie cette théologie de l’institution. — S. Decloux sj

de Dorlodot H., L’origine de l’homme. Le Darwinisme au point de vue de l’orthodoxie catholique 2, coll. CosmoLogiques, Wavre, Mardaga, 2009, 24x17, 208 p., 29 €. ISBN 978-2-8047-0009-6

2L’origine de l’homme — Le Darwinisme au point de vue de l’orthodoxie catholique 2 vient de refaire surface après une disparition de quelque quatre-vingts années dans les oubliettes. Nouvelle célébration donc de son auteur, le Chanoine Henry de Dorlodot, (1855-1929), un des rares ecclésiastiques catholiques invités en 1909 au cinquantième anniversaire de la parution du livre de Darwin encore aujourd’hui controversé.

3Le texte, jusqu’à ce jour inédit, est présenté et annoté dans la jeune collection CosmoLogiques des éditions Mardaga. Les compétences combinées (sciences et philosophie des sciences, paléontologie des vertébrés et paléontologie humaine) des deux responsables nous donnent un livre en deux parties : Le darwinisme d’un chanoine (100 pages dont 10 de photos et documents) et le manuscrit lui-même : L’origine de l’homme. Les très nombreuses notes en bas de page attestent du soin avec lequel cette édition critique a été faite. Surtout, nous avons la mention des renvois nécessaires au premier volume (1918) de cette œuvre du chanoine, L’origine des espèces. Le Darwinisme au point de vue de l’orthodoxie catholique 1. Ce premier volume (1918), on le sait, avait provoqué dans les milieux romains quelques remous. En fait, comme les auteurs nous le rappellent : « À la fin du dixneuvième siècle apparaît au sein de l’Église catholique un débat entre deux écoles à propos des méthodes d’exégèse, sur la manière dont on doit concevoir l’inspiration des textes bibliques et sur la possibilité d’admettre — à l’opposé de la thèse dite d’inerrance — certaines erreurs, historiques ou scientifiques, dans certains de leurs passages » (p. 47). C’est dans ce contexte, encore agité par la crise moderniste, que le Chanoine se trouva pris sous le feu de l’école conservatrice des milieux romains et que se développa l’« affaire de Dorlodot » recouvrant d’ailleurs une « gêne » certaine entre les dicastères romains et la sourcilleuse Université de Louvain. Il serait trop long ne serait-ce que de résumer cette « affaire », mais on comprend que le deuxième volume abordant la bien plus délicate question de l’apparition de l’homme fut remisé dans les tiroirs du professeur, avec la prudence et l’obéissance qui avait toujours caractérisé l’attitude du savant et du prêtre. Retrouvé dans les archives familiales, le voici à notre disposition.

4Épinglons la lumineuse conclusion qui termine l’introduction au manuscrit proprement dit (p. 87-90) et qui souligne l’effort considérable consenti par le chercheur pour réunir dans un même regard, sans les confondre mais sans les séparer, la lumière de la théologie (exégétique, surtout patristique mais aussi scolastique) et celle de l’enquête scientifique. On ne peut que souhaiter la parution d’autres textes de cette qualité dans cette nouvelle collection dirigée par Dominique Lambert et Bertrand Hespel. — J. Burton sj

Díaz Dorronsoro R., Los nombres de Dios, de Jesucristo y de la Iglesia. El recurso a la metàfora y a la analogía, coll. Monografías : Teología / 26, Valencia, edi cep, 2009, 24x17, 214 p. ISBN 978-84-7050-824-0

5L’A. est professeur de théologie des sacrements à l’Univ. pontificale de la Sainte-Croix (Rome). Dans cette monographie, il tente de débrouiller les difficultés du langage théologique appliqué à Dieu, Jésus-Christ et l’Église. Quels sont les critères pour déterminer si nos appellations sont métaphoriques ou analogiques et si nous atteignons vraiment ce dont nous parlons ?

6Deux chapitres préliminaires étudient la métaphore avec Aristote et Paul Ricœur, puis l’analogie avec saint Thomas et R.M. McInerny. Trois autres chapitres examinent les noms théologiques à l’aide de Thomas d’Aquin, Karl Barth et Hans Urs von Balthasar. À travers la création (ou la révélation ?) on parvient à une connaissance vraie de Dieu. Les noms christologiques signifient les attributs de la personne du Christ suivant sa nature divine ou humaine. Quant aux noms sotériologiques, désignant la mission du Fils, ils ont une acception plus large dans la proposition unifiée de l’histoire du salut : au sein de cette unité, un même nom peut convenir au Christ et à ses figures vétérotestamentaires. Enfin les noms appliqués à l’Église comme mystère n’expliquent pas sa réalité de manière adéquate : le nom d’Église lui-même est analogique et désigne des expressions d’origine biblique comme « Sacrement universel », « Communion des fidèles », « Peuple de Dieu » « Épouse ou Corps du Christ » ; pris souvent (cf. A.R. Dulles notamment) comme des métaphores, ces termes ne la définissent pas totalement ; il faut dès lors recourir à quelques critères développés par l’A. pour évaluer chacun des noms utilisés.

7Cet ouvrage, intelligent et nuancé, aidera maint théologien ou exégète à préciser le sens des dénominations qu’il emploie et à réfléchir à leur portée. Ainsi le travail entrepris par l’A. pourra servir de base à une exploitation plus judicieuse du langage théologique. — J.R.

Duchesne J., Louis Bouyer, coll. Penseurs chrétiens, Perpignan, Artège, 2011, 13x20, 115 p., 13,50 €. ISBN 9-782360-400126

8Pasteur luthérien (1936) devenu catholique (1939) et prêtre de l’Oratoire (1944), Louis Bouyer (1914-2004) est professeur à l’Institut Catholique de Paris jusqu’à sa démission en 1962 suite à une mésentente avec J. Daniélou. Grand théologien reconnu par ses pairs (de Lubac, Congar, Ratzinger, Balthasar…), écrivain polyvalent, grand érudit, il a publié une cinquantaine de livres concernant : l’Écriture, la patristique, la liturgie, les trois états de vie (monastique, sacerdotal, baptismal), l’Eucharistie, la Mère de Dieu… Thomas More, Erasme, Philippe de Neri, Newman, Dom Lambert Beauduin, les femmes d’Église… et quatre romans parus sous divers pseudonymes. Enseignant régulièrement aux États-Unis depuis 1952 et jusque dans les années nonante, il a rédigé plusieurs de ses œuvres en anglais. Dans deux de ses ouvrages il marque sa distance vis-à-vis de l’Église de France : La Décomposition du catholicisme (1968) ; Religieux et clercs contre Dieu (1975). Ostracisé à partir des années soixante, il n’a pas participé au Concile, aucun évêque n’osant l’y emmener. Il pourfend la pseudoliturgie et le faux œcuménisme, l’action catholique spécialisée, l’eschatologie rose de Teilhard. Il regrette que le judéo-christianisme n’existe plus qu’à l’état de traces : le judaïsme toujours vivant est important pour la liturgie, la spiritualité, la théologie et la vie chrétienne. Son œuvre est aujourd’hui un peu datée, mais ses intuitions gardent leur pertinence. Parmi les sujets manquant à sa grande fresque relevons : le mariage et la famille, le travail et le politique, la musique, le cinéma… Notons, pour la petite histoire, que Julien Green le mentionne une trentaine de fois dans son journal et que Philippe Noiret, qui a été son élève, affirme lui devoir sa vocation d’acteur. Un ouvrage court, clair, concis, enrichi d’une précieuse bibliographie, rédigé par un vieil ami d’un maître dont on nous promet la publication des Mémoires posthumes. — P. Detienne sj

Gibert P., Theobald Chr. (éds), Théologies et Vérité au défi de l’histoire, coll. RSR, Leuven, Peeters, 2010, 24x16, 368 p., 38 €. ISBN 978-90-429-2358-4

9Recherches de Science religieuse (RSR) a fêté son centenaire. Fondée par le P. Léonce de Grandmaison au temps de la crise moderniste, la revue fait aujourd’hui le point sur le chemin parcouru. L’introduction est signée par les PP. P. Gibert et Chr. Theobald ; ils y définissent leur future tâche de fidélité à la foi en Christ dans la relativité du temps et de l’histoire. Trois parties composent cet important volume : Diagnostic du moment présent — Mémoire des Recherches — Théologie et sciences religieuses au xxie siècle. Une conclusion de Chr. Theobald met en perspective le travail théologique à venir.

10Avec sa longue expérience, Joseph Moingt ouvre le portail en articulant l’acte de croire aujourd’hui et l’acte théologique : intelligibilité de la quête de Dieu et construction de l’humanité du monde. Ensuite J.-M. Donegani étudie les rapports entre sociologie des religions et théologie ; il invite à privilégier l’approche narrative et expérientielle de la foi. Il est suivi par P. Lathuilière qui stigmatise l’intégrisme en raison de son réflexe sécuritaire frileux et stérile. J. Joncheray marque la fin du « Type-Église » comme mode sociologique d’une institution en déclin et propose des comportements significatifs. D. Julia réfléchit en historien sur la diminution des vocations sacerdotales et religieuses, souhaitant une restructuration. B. Sesboüé prospecte les chantiers de l’œcuménisme. J. Doré définit les tâches actuelles de la théologie et P. Tihon examine quelle est la liberté du théologien, penseur libre face au magistère ecclésial. Passant du diagnostic à la mémoire, l’ouvrage reprend l’article de J. Leclerc consacré au Cinquantenaire de la revue, puis É. Fouilloux remémore les années tourmentées de 1946 à 1951 et P. Vallin tire les conclusions du passé pour dessiner un avenir, tandis que J. Moingt est interrogé à propos des années où il dirigeait la revue (1968-1997) débutant par « l’événement théologique » de mai 68 !

11Le volet prospectif groupe d’abord quatre sujets relevant de la philosophie et de la théologie : Tâches d’une phénoménologie herméneutique de la religion (J. Greisch) ; Engagements conjugués de la philosophie et de la théologie (H. Laux) ; Tâche de la pensée théologique (J.-Y. Lacoste) ; Une « théologie de la recherche » (V. Holzer). Quatre études concernent l’exégèse, la patristique et l’histoire : La Bible, aventure critique dans la foi (P. Gibert) ; Archéologie et théologie des Écritures (A. Paul) ; Contribution de la patristique (M. Fédou) ; Chronologie et histoire (Fr. Hartog). Enfin quatre contributions concernent les rapports de la théologie avec la culture : Monde scientifique (Fr. Euvé) ; Relations interreligieuses (J.-M. Aveline) ; Beaux-arts (Fr. Boespflug) et Morale (P. Valadier). On reviendra avec insistance à la conclusion de Chr. Theobald, qui trace avec netteté et vigueur les perspectives d’avenir de la tradition chrétienne.

12Constatant la pertinence actuelle des sujets traités, compte tenu du sérieux de l’engagement des auteurs dans la recherche théologique, qui ont pensé et réalisé ce beau volume, on saisira l’importance d’une équipe qui ose une critique constructive sur l’œuvre centenaire accomplie et qui a foi dans l’avenir. Un merci et un encouragement ! — J. Radermakers sj

Hercsik D., Il Signore Gesù. Saggio di cristologia e soteriologia, Bologna, EDB, 2010, 17x24, 334 p., 31,50 €. ISBN 978-88-10-43018-7

13Rangé dans la collection Manuels, ce livre consistant fait preuve des qualités pédagogiques qu’on attend habituellement des manuels, mais il offre aussi à tout lecteur un développement clair et bien informé des questions que rencontrent aujourd’hui la christologie et la sotériologie. Je n’hésite pas à le recommander à qui veut acquérir une compréhension articulée et précise de tout le domaine annoncé par son sous-titre.

14Dans un premier chapitre sont abordées des questions terminologiques (qu’entendre par « christologie » et par « évangile » ?) et des questions herméneutiques et méthodologiques (précisant aussi bien l’objet formel que l’objet matériel de la christologie). Le second chapitre expose le devenir (in fieri) de la christologie néo-testamentaire, sous la forme d’une christologie christocentrique et sous celle d’une christologie racontée. Le troisième chapitre expose le devenir (in fieri) de la christologie post-néotestamentaire, en s’attachant à l’œuvre réalisée par le Christ (christologie sotériologique ou fonctionnelle), puis à la personne même de Jésus-Christ (christologie dogmatique ou ontologique définie à travers les six premiers conciles). Enfin, le quatrième chapitre brosse quelques caractéristiques de la christologie contemporaine et en évoque notamment quelques questionnements particuliers : la connaissance et la conscience de Jésus, sa liberté et son impeccabilité, le motif de l’incarnation, l’évocation du thème du « bouc émissaire », le concept de « représentation vicariale ». — S. Decloux sj

Durand E., Holzer V. (dir.), Les réalisations du renouveau trinitaire au xxe siècle, coll. Cogitatio Fidei, Paris, Cerf, 2010, 14x22, 349 p., 35 /. ISBN 978-2-204-091136-7

15Voici un ouvrage de grande qualité, tant par la pertinence de ses contributeurs que par les théologiens majeurs qui y sont étudiés. Comme le fait remarquer E. Durand dans son introduction, « on a beaucoup parlé d’un renouveau patristique et d’un renouveau biblique au xxème siècle, mais l’ampleur du renouveau trinitaire n’a pas encore été élucidée ». C’est ce à quoi s’attache la sorte de trilogie publiée sous l’égide de l’Institut Catholique de Paris, dont nous trouvons ici le deuxième volume.

16Dans sa conclusion, V. Holzer s’attache à dégager l’unité de la théologie trinitaire contemporaine et à la mettre en lumière : le rapport à la Tradition, à la Révélation, à la théologie politique, à une theologia crucis et à l’ecclésiologie. Dans ce renouveau trinitaire, Karl Barth tient une place essentielle. La juste articulation entre Trinité immanente et économique dont il est l’initiateur semble constituer comme un critère essentiel d’intelligibilité de la doctrine trinitaire

17À la lecture de l’ensemble des contributions, on ne peut que relever la puissance et l’unité de la théologie trinitaire germanophone incarnée par Barth, Rahner et Balthasar et l’impression parcellaire que laisse la théologie francophone. On peut aussi être surpris par l’audace de mettre côte à côte, en guise d’ouverture, Karl Barth et le Père Gardeil. Et pourtant, dans le renouveau trinitaire, on ne peut pas oublier le regain d’intérêt pour la théologie de saint Thomas. Peut-être s’agit-il plus d’une réalisation du xxie siècle à laquelle on peut espérer qu’il sera fait droit dans l’étude consacrée aux effets du renouveau trinitaire ? La redécouverte de la théologie thomasienne des missions n’est-elle pas une réponse à la distinction entre Trinité immanente et Trimité économique ? — G. de Longcamp scj

Jericó Bermejo I., Desde la infidelidad hasta la justificación. Enze?anzas de Luis de León, Pedro de Aragón y Domingo Bánez (1569-1584), coll. Pensamiento 15, Guadarrama (Madrid), Agustiniana, 2010, 15x22, 612 p. ISBN 978-84-92645-04-6

18Dans cette étude est exposée la manière dont la question du salut des infidèles est abordée à l’époque du Concile de Trente (achevé en 1563) par deux théologiens augustiniens : Luis de Léon et Pedro de Aragon, et un peu plus tard par le dominicain Domingo Bànez en se référant globalement, sur ce point, à la réflexion de St Thomas d’Aquin (au xiiie siècle).

19Il est normal qu’au xvie siècle le regard de ces trois Espagnols se tourne vers les habitants du « Nouveau Monde » qui n’ont jamais entendu parler de la foi chrétienne : peuvent-ils être sauvés sans connaître le Christ ? Et, à la même époque, de larges contrées de l’Europe, tout en adhérant à l’évangile, refusent que ce message leur soit transmis par l’Église catholique romaine.

20Les trois théologiens espagnols s’interrogent sur la culpabilité des uns et des autres. La foi est un don gratuit de Dieu et personne ne peut se sauver par ses seules forces naturelles ; mais en même temps, Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. — S. Decloux sj

Lemaitre N., Lienhard M. (dir.), La Théologie. Une anthologie, III Renaissance et Réformes, coll. Initiations, Paris, Cerf, 2010, 15x24, 573 p., 48 €. ISBN 978-2-204-07608-1

21« Anthologie » : pareil mot placé dans un titre peut éveiller quelque méfiance dans l’esprit du lecteur ; car qui dit anthologie dit choix, et tout choix peut s’avérer délicat et décevant. Rien de tel dans ce volume qui, pour le dire d’emblée, me paraît fort séduisant. Car il ne s’agit précisément pas d’une simple collection de textes, mais bien d’un parcours qui accorde, certes, une large place à ces textes (tous en langue française, que celle-ci soit la langue originale ou que les textes aient fait l’objet d’une traduction et soient savamment introduits). L’ensemble est agencé de telle manière que l’on puisse découvrir les auteurs et que l’on ait une approche tant des questions abordées durant l’époque concernée que des différentes branches de la théologie. En définitive, c’est en quelque sorte une histoire de la théologie qui nous est donnée.

22On peut le percevoir en considérant la table des matières. Après une introduction substantielle qui présente les grandes caractéristiques de la période retenue, viennent 16 chapitres : 1) Prélude : du xve au xvie siècle ; 2) Quatre géants du siècle (Érasme, Luther, Calvin et Ignace de Loyola [dans ce dernier cas, je me demande si le « Principe et fondement » des Exercices spirituels n’aurait pas dû retenir l’attention des auteurs]) ; 3) Dieu ; 4) La Parole de Dieu : loi et Évangile ; 5) Le salut par la foi ; 6) La foi comme exercice ; 7) Les mystiques (tant catholiques, Thérèse d’Avila, Marie-Madeleine de Pazzi, Louis de Blois et Jean de la Croix, que protestants, Valentin Weigel, Jean Arndt et Jacob Böhme) ; 8) L’Église et le salut ; 9) Sacerdoce universel des croyants, ministère, hiérarchie et magistère ; 10) L’Église, communauté de foi et d’amour et lieu de discipline ; 11) Confesser la foi ; 12) Transmettre la religion chrétienne ; 13) Salut et vie en société ; 14) Missions lointaines et ouverture du monde ; 15) Foi et savoirs nouveaux ; 16) La quête de la tolérance. À cela s’ajoutent un index combiné des noms de lieux et de personnes, un index biblique et un index thématique. Il faut également signaler qu’au fil des pages, on découvre des bibliographies de dimensions raisonnables.

23Il aurait sans doute été intéressant de joindre un cahier iconographique qui aurait par exemple donné principalement les « portraits » des auteurs étudiés et les pages de titre de certains ouvrages.

24Précisons que ce volume est le premier, du point de vue des dates de la sortie de presse, d’un ensemble qui, avec celui-ci, en comptera cinq autres (Antiquité ; Moyen Âge ; Temps modernes ; Modernité ; Crise et renouveaux), tandis qu’une autre série sera consacrée plus spécifiquement à la théologie orientale.

25On ne peut que souhaiter deux choses : que ces autres volumes soient de la même qualité que celui-ci et qu’ils paraissent dans des délais assez rapprochés : il s’agit là d’un instrument qui paraît tout indiqué à bien des publics : tant les étudiants en théologie que ceux pour qui les études sont déjà plus ou moins loin, et aussi quiconque veut entrer dans l’univers de la théologie, sans oublier les spécialistes qui pourront peut-être (re) découvrir tel auteur ou telle problématique. — B. Joassart sj

Melloni A., Ruggieri G. (dir.), Qui a peur de Vatican II ?, trad. D. Marchal, coll. La part-Dieu 16, Bruxelles, Lessius, 2010, 15x21, 156 p., 19 €. ISBN 978-2-87299-200-3

26Inutile d’insister longuement : Vatican II fut un événement majeur de l’histoire contemporaine de l’Église, et même de l’histoire générale. Et ce n’est un mystère pour personne que, dès avant son ouverture, il fit — et fait encore de nos jours — l’objet d’interprétations fort diverses. Et ce n’est pas terminé, d’autant que les études le concernant se multiplient. Parmi celles-ci, il y a la grande entreprise qui couvre cinq volumes importants, dirigée par G. Alberigo, parue notamment en français sous le titre Histoire du Concile Vatican II. 1959-1965 (Cerf-Peeters, 1997-2005), ou l’ouvrage d’A. Marchetto, Il concilio ecumenico Vaticano II. Contrappunto per la sua storia (Libreria Editrice Vaticana, 2005) qui rassemble des critiques — pas toujours amènes — de cette Histoire et d’autres ouvrages, parus dans divers organes.

27Les AA. de ce petit ouvrage (paru en 2009 en italien) — qui ont tous collaboré très activement à l’Histoire d’Alberigo —, ont voulu revenir sur l’événement et livrer certaines de leurs réflexions à ce sujet : G. Ruggieri, Réception et interprétations du concile Vatican II. Les raisons d’un débat ; Chr. Theobald, Enjeux herméneutiques des débats sur l’histoire du concile Vatican II ; J. A. Komonchak, Benoît XVI et l’interprétation de Vatican II ; P. Hünermann, Le « texte ». Un complément à l’herméneutique de Vatican II ; A. Melloni, Petit guide pour évaluer Vatican II.

28Par cet énoncé, on voit rapidement que l’ouvrage peut intéresser tout un chacun, en étant bien conscient que l’expression de la pensée des auteurs est parfois, si on me permet ce néologisme, un peu « méandrique ». Pour ma part, il me semble qu’il est intéressant de l’aborder en s’attardant plus spécialement sur la contribution d’A. Melloni : un tel bilan historiographique — fort riche d’informations — me paraît être une bonne porte d’entrée dans l’approche du Concile, en particulier pour les générations qui n’ont pas connu l’événement. Celle de J.A. Komonchak est aussi digne d’un grand intérêt, puisqu’il reconnaît une « continuité » d’interprétation entre l’entreprise d’Alberigo et ses collaborateurs et le discours de Benoît XVI devant la curie romaine le 22 décembre 2005. Voilà qui peut encourager à vraiment faire sien tout le trésor que fut le Concile. Car — que l’on rejoigne ou non toutes les positions des AA. —, un des intérêts de l’ensemble est précisément de faire percevoir que ce Concile fut, sans doute avec des limites, une merveille pour l’Église et qu’en définitive il n’y a aucune raison d’en avoir peur. — B. Joassart sj

Rossetti di Valdalbero C. L., Novissimus Adam. La novità cristiana : figliolanza, comunione e risurrezione. Saggi di antropologia ed escatologia biblica, coll. Saggi per il nostro tempo 18, Roma, Lateran University Press, 2010, 22x14, 255 p., rel. 25 €. ISBN 978-88-465-0682-5

29Carlo Rossetti, prêtre d’origine belgo-italienne, aujourd’hui professeur en Albanie, a grandi en Belgique où il a étudié la philosophie et l’histoire du Moyen Âge (Université de Louvain) avant de faire ses études théologiques en Italie pour ensuite enseigner à l’Université du Latran. Cet ouvrage est le fruit de cet enseignement, dans lequel il ose affronter certains points fort débattus en matière d’interprétation scripturaire ou de réflexion théologique.

30Par exemple, comment repenser le péché originel à la lumière de la prédestination à la filiation adoptive quand celle-ci fait apparaître le péché d’Adam comme le refus de la paternité de Dieu ? Ou bien, comment penser l’apocatastase (1 Cor 15,24-28) selon une compréhension juste de la restauration finale de toutes choses, en termes d’un « oui » de tous à Dieu dans le « oui » du Fils face même à ceux qui seront damnés pour un « oui » exprimé « librement contre leur volonté », enfoncés qu’ils sont dans le refus de leur vocation à la béatitude divine.

31Les autres « questions disputées » présentées dans ce volume sont les suivantes : la redécouverte, grâce à l’Écriture, de l’enracinement des vertus théologales dans l’action de l’Esprit Saint (1 Cor 12,3 ; 16,22 ; Gal 4,5) ; l’insistance sur l’interprétation christologique et baptismale de la mort au péché en Rm 8,10 ; la mise en lumière de la communion dans la diversité entre homme et femme (mieux ! entre époux et épouse) cachée dans la métaphore tête- corps utilisée par saint Paul (1 Cor 11,3 ; Eph 5,22) ; l’interprétation de l’expression « première résurrection » et du millénaire (les mille ans d’Ap 20,1-6) en fonction de la participation immédiate des martyrs et des saints à la gloire de Dieu.

32L’unité de la réflexion se fonde sur trois piliers : la filiation avec le Père, l’entrée dans le mystère pascal du Christ, l’agir de l’homme transfiguré dans celui de l’Esprit Saint en lui. Le chrétien est un homme nouveau dans le Novissimus Adam, il est fils dans le Fils qui prie le Père (Jn 17). — E. Barucco ocd

Sesboüé B., De quelques aspects de l’Église. Païens et juifs — Écriture et Église — Autorité - Structure ministérielle, Paris, DDB, 2011, 16x24, 281 p., 21 €. ISBN 978-2-220-06264-8

33Sous un titre qui rappelle un ouvrage du P. de Montcheuil, l’A. reprend ici deux groupes d’articles, publiés entre 1984 et 2007, consacrés respectivement au mystère de l’Église et à sa structure ministérielle. Qu’y lisons-nous ? La relation entre l’Église et Israël est un problème interne à l’Église : un judéo-christianisme est-il concrètement possible et doctrinalement légitime ? Comment le salut des chrétiens anonymes leur vient-il du Christ par l’Église ? Les deux idées solidaires d’inspiration et de canonisation des Écritures entretiennent entre elles une priorité mutuelle. La réception de Vatican II est inachevée : la catéchèse et la pastorale continuent d’employer les concepts dans leur sens préconciliaire. Le sacerdoce universel des fidèles risque de tomber dans l’oubli. Ne dites pas sacerdoce ministériel ; dites ministère sacerdotal. L’Église est, à tous niveaux, communautaire, collégiale et présidentielle. Les conférences épiscopales, d’institution ecclésiastique, représentent une forme culturelle moderne de la synodalité qui appartient à la structure de l’Église : jouiront-elles un jour d’une autorité doctrinale ? Leur collégialité est affective ; deviendra-t-elle un jour effective en-dehors d’un concile ? Ne convient-il pas de distinguer l’autorité primatiale du pape de Rome et son autorité patriarcale ? Il nomme les évêques dans l’Église latine ; il confirme les évêques élus dans les Églises orientales. L’identité ministérielle des diacres n’est pas clairement définie : ordonnés non pas au sacerdoce mais pour le service, ce ne sont pas des sous-prêtres mariés. Leur rapport peut être délicat avec les laïcs appelés à des ministères non ordonnés (v.g. animateurs pastoraux), fondés sur le baptême, la confirmation, le mariage. Le collège des cardinaux ne comprend que des évêques (certains d’entre eux n’étant liés à aucune Église !) ; n’y a-t-il pas place pour des laïcs ? À lire. — P. Detienne sj

von Balthasar H.U., Die Gottesfrage des heutigen Menschen. Erweiterte Neuausgabe aus dem Nachlass, éd. A. M. Haas, Freiburg, Johannes Verlag Einsiedeln, 2009, 22x15, 258 p., rel., 25 €. ISBN 978-3-89411-407-7

34Il s’agit de la réédition du livre de Balthasar publié en 1956, d’après les annotations de l’auteur lui-même. Cette nouvelle édition a été augmentée d’un chapitre conclusif traitant de la question de l’évolution et d’une ample préface de l’éditeur retraçant les heurs et malheurs de la première édition et tâchant de mettre en lumière l’actualité de l’ouvrage. On relira avec intérêt le chapitre essentiel Der unbekannte Gott (le Dieu inconnu), qui n’a rien perdu de sa pertinence. — G. de Longcamp csj

Winling R., Noël et le mystère de l’Incarnation, coll. Théologies, Paris, Cerf, 2010, 24x15, 271 p., 25 €. ISBN 978-2-204-09297-5

35Un beau livre, fruit mûr d’une longue expérience de l’Écriture et de la patrologie, qui nous raconte d’une manière précise et pourtant largement accessible le mystère de l’Incarnation célébré à Noël. Il nous fait parcourir l’histoire de la révélation de la venue en chair de la Parole de Dieu en Jésus de Nazareth, ainsi que celle de sa réception au cours des siècles. L’A. est un professeur émérite de dogmatique et d’histoire des doctrines à la Faculté théologique de Strasbourg. Il est connu par quelques livres, dont une traduction des Actes du Concile Vatican II, un livre sur la Résurrection du Christ et deux volumes de la collection Sources chrétiennes sur Grégoire de Nysse.

36Ce livre constitue un survol intelligent de l’histoire du dogme de l’Incarnation à travers le mystère vécu dans la liturgie de Noël : histoire des fêtes de Noël et de l’Épiphanie, données de l’Écriture, y compris les apocryphes et le Coran, débats de l’époque d’avant Nicée, puis lors des grands conciles (Nicée, Éphèse, Chalcédoine). Un chapitre de théologie dégage les aspects salvifiques du mystère de l’incarnation, puis un autre considère les questions que ce mystère nous pose encore sur les plans spirituel et théologique. Dans un dernier chapitre, l’A. propose une méditation poétique à partir des textes que Ch. Péguy consacre au mystère de Noël surtout dans Ève et dans Le Mystère de la deuxième vertu.

37Tout en demeurant d’une réelle précision théologique, cet ouvrage est un exemple typique d’excellente vulgarisation : il donne aux lecteurs, par ailleurs intéressés aux problèmes de théologie, le sentiment d’entrer dans la compréhension du mystère et, ainsi, ils découvrent qu’ils sont intelligents. N’est-ce pas ce que l’A. recherche ? — J. Radermakers sj

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