Alberich E., avec H. Derroitte et J. Vallabaraj, Les fondamentaux de la catéchèse, tr. M. Giguère, Montréal / Bruxelles, Novalis / Lumen Vitae, 2006, 24x17, 390 p., 27.50 €. ISBN 2-87324-281-7
1Ce beau manuel de formation pour catéchistes étudie les éléments essentiels de la catéchèse : ses objectifs, ses tâches, son rôle et ses exigences. Alberich, Espagnol et Vallabaraj, Indien, sont tous ceux salésiens et professeurs de catéchèse à Rome, tandis que Derroitte enseigne la pédagogie religieuse à Louvain et Bruxelles. Ce livre est la troisième mouture de ‘La catéchèse de l’Église’, paru en 1996.
2Créée à Vienne en 1774, la catéchétique a pris son essor entre 1870 et 1960 pour devenir une discipline cohérente et rigoureuse avec l’aide de la psychologie et de la pédagogie. Elle s’est fort développée après le concile en une ‘réflexion scientifique et systématique’ sur la catéchèse éducative et pastorale adaptée aux différents publics. Même si la théologie y joue un rôle majeur, la catéchèse n’est plus la simple vulgarisation des cours de théologie, comme dans les anciens ‘catéchismes’. Ce manuel voudrait aider les catéchistes à comprendre les questions qui sous-tendent la pratique catéchétique et à y répondre.
3Divisé en 13 chapitres, ce livre présente 4 aspects de la catéchèse. 1/ le contexte socio-culturel. 2/ Sa nature et sa tâche. 3/ Sa relation au service de charité, à l’engagement, à la liturgie. 4/ Ses perspectives.
4Ce livre remarquable et bien structuré s’attaque en profondeur aux problèmes posés à la catéchèse. On comprend que le magistère, comme beaucoup de chrétiens, ait eu du mal à accepter celle-ci en sortant de la longue tradition des ‘cours de catéchisme’ basés sur la mémorisation. C’est aux catéchistes que ce livre s’adresse directement, mais tous les chrétiens y trouveront un intérêt certain. — B. Clarot sj
Amherdt Fr.-X., Prêcher l’Ancien Testament aujourd’hui. Un défi herméneutique. À l’épreuve de la situation homilétique contemporaine aux États-Unis. Coll. Théologie pratique en dialogue 29, Fribourg, Academic Press, 2006, 23x16, 709 p., 58 €. ISBN 2-8271-1008-7
5Un livre un peu dodu, mais original et fascinant. Avez-vous souvent entendu prêcher l’Ancien Testament (c’est plus fréquent aux USA que chez nous) ? Si oui, la lecture de ce livre vous permettra de vous situer. Sinon, vous y apprendrez beaucoup, et la Bible vous deviendra agréablement familière. L’A. est un prêtre suisse du diocèse de Sion, naguère vicaire épiscopal, curé-doyen, docteur en philosophie, théologie et pastorale, licencié en sciences bibliques, directeur de formation aux ministères laïcs et en pédagogie religieuse, mais aussi écrivain, arbitre de football et professeur de guitare ! Il nous offre le texte de sa thèse doctorale d’habilitation en théologie pastorale à l’Univ. Marc-Bloch de Strasbourg : l’analyse de 60 homélies contemporaines glanées aux États-Unis, traduites, classées, introduites et commentées sur des textes d’AT, parfois en rapport avec le NT.
6Dans une 1ère partie, l’A. se demande comment prêcher l’AT : selon quel modèles, dans quel esprit, comment procéder, en appeler à l’exégèse juive ou parler concret ? Bref, un vrai défi pour aujourd’hui. La 2e partie tente de classer les homélies américaines, de protestants souvent, selon différents modèles théologiques : approches propédeutiques considérant l’AT comme pédagogue vers le Christ ; approches christologiques, parlant du Christ comme accomplissement des promesses, en marche vers l’unité du dessein divin ; approches narratives, découvrant comment Dieu parle aujourd’hui à travers d’anciens textes, selon la pédagogie d’une histoire sainte par étapes ; approche paradigmatique de la présence de Dieu à travers métaphores, motifs, thèmes jumelés, en ne prenant en compte que l’AT pour lui-même. Les exemples sont suivis d’une évaluation montrant les limites de chacun des modèles envisagés. Une 3e partie nous achemine vers un nouveau modèle, à la fois littéraire et théologique, inspiré de la Commission biblique pontificale : Le peuple juif et ses saintes Écritures dans la Bible chrétienne (2001) : dynamique poétique, relation entre l’Un et l’Autre Testament, richesse de l’intertextualité, implication du prédicateur et des auditeurs dans la démarche, compte tenu de la polyphonie de la révélation, suivant P. Ricœur, dans l’harmonie des trois sources (Torah, Prophètes, Sagesse). La 4e partie est consacrée au passage du texte biblique à l’homélie : amorcer le dialogue, surprendre, se pencher, converser en liturgie.
7Des annexes, une bibliographie large et solide, des conclusions sagaces, des conseils… Tout cela dans cet ouvrage monumental écrit avec perspicacité, compétence, information vaste, et surtout un grand souci pastoral, à la fois pratique et respectueux du peuple chrétien. Ce n’est pas du prêt à porter, mais du prêt à se confectionner sa garde-robe homilétique personnelle. À le lire, les exégètes se sentiront concernés, tout comme les pasteurs et les étudiants qui l’apprécieront à sa juste valeur et s’en serviront au mieux à la faveur de leur propre inspiration. Il y a là, comme le dit le sous-titre, un défi herméneutique à relever, grâce à la publication de ce volume dans la collection Théologie pratique en dialogue dirigée par Léo Karrer. — J. Radermakers sj
Arêas Rifan F., Tradition et Magistère vivant. Orientation pastorale. Instruction et orientation adressées aux prêtres et aux fidèles de l’Administration Apostolique personnelle Saint-Jean-Marie-Vianney et aux autres catholiques liés à la liturgie traditionnelle auxquels cela pourra être utile, Le Barroux, éd. Ste-Madeleine, 2007, 21x14, 120 p., 14 €. ISBN 978-2-906972-61-2
8Le motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 207 autorisant la célébration de la liturgie selon les rites d’avant Vatican II ravit tous — ou presque — les « traditionalistes », demeurés ou non dans l’Église catholique. Cela ne peut que les encourager à répandre leur « bonne nouvelle ». Dans le présent ouvrage, l’A., responsable de l’Union sacerdotale Saint-Jean-Marie-Vianney, se propose de donner des directives à ses fidèles quant à l’attitude à adopter à l’égard de l’Église, suite à ce motu proprio ; cela pourrait sans doute se résumer comme suit : « rester fidèle à la Tradition en usant de l’ancienne liturgie, n’est légitime que dans la communion avec Rome et en refusant la critique de la liturgie conciliaire ». Mais, comme dans la plupart de tant d’écrits « traditionalistes », se pointent presque immanquablement la critique de bon nombre de thèmes du dernier concile (p. ex. tout ce qui touche à la liberté religieuse) et le soupçon de « modernisme ». Inutile de s’étendre sur la suite… Une fois encore on ne peut manquer de s’interroger sur la méthode retenue pour aborder ces questions et suggérer des solutions. Que des affirmations de Vatican II interpellent certains fidèles et plus encore que certaines de ses applications soient sujettes à caution : qui le nierait ? Mais s’accrocher, envers et contre tout, à un mode liturgique, sans d’ailleurs voir que le renouveau en ce domaine constitue un authentique approfondissement de la foi (ce qui était bien dans la visée du concile), est-il de bonne méthode, d’autant plus que, on ne le répétera jamais assez, la liturgie est la première expression de la foi de l’Église ? Garder le dépôt de la foi est une chose. Le figer, voire l’hypostasier, dans une forme bien déterminée sans prendre en compte qu’il s’agit d’une réalité vivante a-t-il jamais été de bon aloi ? — B.J.
Barbarin card. Ph., Suivre Jésus de près. Lettre pastorale aux catholiques du diocèse de Lyon, Paris, DDB, Parole et Silence, 2006, 21x14, 140 p., 10 €. ISBN 978-2-84573-429-8
9Cette lettre pastorale fait mémoire à la fois du vingtième anniversaire du voyage de Jean-Paul II dans la région Lyonnaise et du cent cinquantième de la grâce reçue par le P. Antoine Chevrier. La première partie se présente comme un « album de famille » des événements et des personnes liées à l’histoire de Lyon. Elle donne le ton des espérances de son archevêque et de l’engagement missionnaire passé, présent et avenir. Cette restitution à la mémoire des merveilles de Dieu est impressionnante ! De plus, elle purifie le regard que le lecteur lyonnais (ou étranger) pourrait porter sur l’action de Dieu dans les cœurs. Il ne s’agit pas de faire un bilan ou d’en provoquer un autre : il s’agit de s’ouvrir au mystère de Dieu qui « travaille » encore et toujours.
10La figure du P. A. Chevrier permet à l’a. d’offrir quelques priorités pastorales « de toujours ». La sainteté d’un homme n’est pas à imiter matériellement, mais elle fournit la « matière » d’un discernement, d’un engagement, d’une suite nouvelle du Christ. Tel est la signification de ce portrait vivant qui nous est offert dans la deuxième partie. Dans un style alerte et direct, l’explicitation de cet appel retentit pour tout lecteur : il faut ouvrir l’évangile pour suivre le Christ « de près ». L’option pour les pauvres reste un critère d’authenticité de la foi. La soif d’accueillir et de former des prêtres à l’image du bon berger est une « saine espérance » et une « responsabilité » commune pour le peuple de Dieu. Quelques prières et indications concrètes de la vie chrétienne et de celle du P. A. Chevrier sont offertes pour une meilleure connaissance des voies de Dieu dans l’histoire humaine.
11Cette lettre dépasse certainement le cadre du diocèse de Lyon. Le Cardinal Barbarin y témoigne qu’il écrit aussi bien qu’il ne prêche et comme il respire : amplement, facilement, dans la durée. Elle donne une stature plus large à la personnalité du P. A. Chevrier et nous permet de saisir les options christologiques et ecclésiales contemporaines de la suite du Christ. — A. Mattheeuws sj
Bro B., Les Paraboles, t. 1, La Tour Eiffel et le Bottin, Paris, Cerf / Edifa Mame, 2007, 22x15, 237 p., 15 €. ISBN 978-2-204-08385-0 ; t. 2, Le Clown et le Catéchisme, ibid., 241 p. ISBN 978-2-204-08380-5
12Les émissions proposées par l’A. sur la chaîne de télévision KTO ont donné leur nom aux quatre tomes du recueil Les Paraboles. Y sont rassemblés quelque 385 textes, dont la plupart sont des paraboles, parfois connues, souvent inédites. Dans l’index général, reproduit dans chacun des tomes, relevons l’importance accordée aux mots espérance et confiance (respectivement 50 et 30 références) qui illustrent bien le propos de l’A. : « redonner le goût et l’espérance de la vie, retrouver le sens caché du bonheur quotidien ». Il propose des réflexions profondes sur des sujets tels que la prière et l’amitié ; il conclut chacun de ses récits par une application évangélique pertinente ; il agrémente son texte par des allusions à l’actualité (la canicule, les tours jumelles), à sa famille, à ses vacances, à ses séjours à l’étranger…
13Maniant l’humour avec bonheur, il nous apprend au passage que la Constitution des États-Unis est inspirée des constitutions des pères dominicains ; que Jean-Paul II n’a jamais fait de reproches ; que Francis Thompson est le plus grand poète de tous les temps ; que S. Augustin a la force de Chateaubriand ; que le Catéchisme Universel est un chef-d’œuvre… Intarissable sur le curé d’Ars théologien, il lui consacre onze articles à la suite, qu’il illustre d’abondantes citations. À Thérèse de Lisieux, qu’il évoque fréquemment, il décerne le prix Nobel de la poésie. Un seul regret : de trop nombreuses répétitions de formules, de citations, voire même d’histoires. Recommandé aux catéchistes et aux prédicateurs. — P. Detienne sj
Cochinaux Ph., Fragments de bonheur, Namur / Paris, Salvator / Fidélité, 2006, 201 p., 21x15, 16.95 €. ISBN 2-7067-0448-9
14Sous l’appellation Homélies pour l’année C (pour l’année, B voir Chemins vers le Bonheur 2005), L’A., dominicain, propose ici une série de courts essais aux titres accrocheurs : L’autoroute du bonheur, La pompe à essence du cœur, L’informatique du pardon… Il les répartit en douze sections, qu’il présente selon un ordre alphabétique : altérité, amour, bonheur, Dieu, espérance, esprit, faux-semblant, foi, fragilités, humanité, mort, vie. L’ordre liturgique n’est pas respecté : l’homélie de Pâques est sandwichée entre deux homélies du temps ordinaire. L’absence d’une citation évangélique en exergue du commentaire rend peu évident son rapport avec la péricope concernée : L’A. ne nous en offre qu’une référence chiffrée (qui n’est pas toujours exacte : Lc 18,1-8 au lieu de Lc 17,11-19). Le texte est accompagné de nombreuses plaisanteries. Relevons quelques perles : « Tout être humain a quelque chose à offrir à l’autre… Il y a quelque chose de pire que le mépris, c’est l’indifférence… Nos expressions donnent-elles le goût de Dieu ?… Si Dieu n’est pas cause de l’événement, il s’y révèle toutefois… Prier ce n’est pas penser à Dieu, c’est être avec Dieu » (citation empruntée à T. Radcliffe, auteur de la préface). Certaines expressions sont abruptes : le ciel ne se mérite pas (p.19) signifie qu’il ne se mérite que par l’acceptation libre du don gratuit de l’amour de Dieu ; la foi n’est pas une certitude (p. 109, 133, 168, 170), signifie que dans la foi, comme dans l’amour, il n’y a pas de preuves, il y a des signes. Retenons le bel optimisme de L’A. et sa haute appréciation de l’amitié. — P. Detienne sj
Delhez Ch., Que croire ? Questions sensibles autour de la foi chrétienne, Namur / Paris, Fidélité / Salvator, 2007, 21x15, 142 p., 14.95 €. ISBN 978-2-7067-0511-3
1572 réflexions que l’A., prêtre et journaliste, a proposées en réponse aux questions de ses lecteurs… des questions, nous dit-il, qui embarrassent les croyants, et dont le présent recueil garde la marque (p. 30 votre question). Réparties en six sections (Dieu, Bible, Jésus, Au-delà, Église, Morale), elles traitent de sujets aussi disparates que l’existence de Dieu et l’historicité du Christ (il n’est pas impossible qu’il soit né à Bethlehem ; selon toute probabilité, il était célibataire), l’obligation dominicale et les règles alimentaires… sans prétendre à l’exhaustivité : Satan est présenté comme ‘quelqu’un’ sans que soit abordé le problème des anges.
16Le récit de la « multiplication des pains » suggère un repas particulièrement mémorable avec du pain et du poisson, relu à la lumière des miracles d’Élisée, de la Dernière Cène et de la célébration eucharistique dans l’Église primitive. Chaque question, intelligemment traitée, soulève chez le lecteur le noble et irritant désir d’en apprendre davantage : une bibliographie sélective l’aurait aidé à approfondir les matières que le présent recueil n’a pu qu’effleurer. — P.-G.D.
Lang U.M., Se tourner vers le Seigneur. L’orientation de la prière liturgique, tr. P. Lane, préf. J. card. Ratzinger, Genève, Ad Solem, 2006, 22x14, 143 p., 20 €. ISBN 2-88482-072-8
17Ce livre, traduction de l’édition originale en langue anglaise parue à San Francisco en 2004, a pour auteur un jeune prêtre d’origine allemande, membre de l’oratoire Saint Philippe de Néri de Londres où, depuis son ordination en 2004, il exerce un ministère pastoral et enseigne la théologie au Heythrop College. Il étudie dans cet ouvrage (préfacé en 2003 par le cardinal J. Ratzinger) l’orientation de la prière liturgique des points de vue de l’histoire, de la théologie et de la pastorale. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’agit ici d’un auteur « engagé ». Sa thèse est que l’adoption à travers l’ensemble de l’Église latine de la célébration « face au peuple » se heurte à de graves inconvénients qui vont jusqu’à mettre en cause l’authenticité de l’expérience eucharistique des communautés chrétiennes. Cette opinion — l’A. en convient dans son 1er chapitre — est difficilement conciliable avec certains textes publiés au lendemain de Vatican II.
18Ainsi, l’Instruction générale sur le nouveau Missel Romain, publiée en 1969 : « Il est préférable d’ériger le maître-autel à l’écart du mur, pour qu’on puisse en faire facilement le tour et y célébrer vers le peuple » (versus populum). L’A. estime cependant qu’une telle célébration n’est nullement suggérée, mais seulement « rendue possible ». Il interprète de la même façon restrictive l’édition de 2002 qui, dit-il, « a maintenu ce texte sans le modifier », si ce n’est, ajoute-t-il, par l’adjonction de cette clause en forme d’incise : « ce qui est souhaitable partout où c’est possible » (p. 6). Mais il regrette que cela fut « perçu en bien des lieux comme un durcissement du texte de 1969 et interprété dans le sens d’une obligation générale de disposer désormais les autels face au peuple « partout où c’est possible ». Interprétation « rejetée, précise-t-il, dès le 25 décembre 2000 par la Congrégation pour le Culte divin, qui précisait que le mot expedit n’implique aucune obligation, et n’est qu’une simple suggestion ». Et l’A. d’en appeler à la théologie sous-jacente, selon lui, à ce qu’il interprète, assez abusivement, comme une mise en garde de la Congrégation : « Même s’il célèbre versus populum, le prêtre devrait toujours être orienté versus Deum per Jesum Christum (vers Dieu par Jésus Christ).
19C’est en fonction de cette orientation que l’A. parcourt, en son second chapitre, « la direction de la prière, de la liturgie et du sanctuaire dans l’Église antique ». Comme il fallait s’y attendre, il y découvre une vaste diversité, tout en reconnaissant que, « dans les plus anciennes basiliques ayant leur entrée à l’est, le prêtre et le peuple étaient face à face » (p. 79).
20Mais il ajoute, assez curieusement, qu’on peut néanmoins exclure « l’idée d’un contact visuel, du moins au moment du Canon, puisque tous priaient les bras levés, regardant vers le haut ». Les chrétiens du monde ancien n’auraient pu, assure-t-il, « associer une participation réelle à la liturgie au fait d’observer les gestes du célébrant » (p. 80). Et de justifier cette interprétation en ces termes : « Le face à face permanent du prêtre et du peuple exprime un symbolisme qui lui est propre, et qui suggère un cercle fermé […] ». « La célébration versus populum tend à amoindrir la dimension transcendante de l’Eucharistie », au point de « favoriser le germination de l’idée d’une société fermée » (p. 96).
21On demeure stupéfait d’un tel langage qui semble ignorer le caractère fondamentalement eucharistique de la relation entre le prêtre célébrant et l’assemblée qui accueille son ministère. Qu’il nous suffise à cette égard de rappeler ici la manière dont ce document on ne peut plus ecclésial qu’est la Présentation générale du Missel Romain, promulguée Motu proprio par le pape Paul VI le 14 février 1969, no 48 : « À la dernière Cène, le Christ institua le sacrifice et le banquet pascal par lequel le sacrifice de la Croix est sans cesse rendu présent dans l’Église lorsque le prêtre, représentant le Christ Seigneur, fait cela même que le Seigneur a fait, et qu’il a confié à ses disciples pour qu’ils le fassent en mémoire de lui ». Face à ce mystère sacramentel, que penser de l’objection formulée par un des auteurs cités par l’A. (p. 100) : « L’idée que les fidèles assemblés pour la messe sont en quelque sorte spectateurs de ce qui s’y passe est la rémanence regrettable d’une époque où ils n’avaient pas d’autre choix. Si cette idée persiste dans la nouvelle liturgie, cela signifie que la pleine intention de la réforme liturgique n’a pas été perçue ». Il est vrai que l’A. se réfère également à certaines mises en garde de celui qui était encore, en 2003, le cardinal Ratzinger. Apparemment, et quoi qu’il en soit d’un certain passé, le pape Benoît XVI n’éprouve en tout cas aujourd’hui aucune réticence, sur la place Saint-Pierre et durant ses voyages apostoliques, à célébrer l’Eucharistie face à des millions de chrétiens. — P. Lebeau sj
Mourlon Beernaert P. sj, Récits et Paraboles de vie, t. II : Nouvelle série de cinquante histoires brèves, Bruxelles, Lumen Vitae, 2006, 23x14, 135 p., 15 €. ISBN 2-87324-259-0
22P.M.B. fait ici œuvre de tradition, dans la mesure où ces cinquante récits ne viennent pas de son imagination ou de son regard sur la vie. Il les a lui-même entendus ou lus, et nous les livre, sans doute parce qu’il en fait lui-même usage dans ses homélies et conférences. Ces histoires ne sont pas toutes orientées religieusement du côté de la foi chrétienne, mais elles restent toutes, comme l’A. le dit lui-même, porteuses de vie. On appréciera le style direct et simple de la narration, tout autant que les illustrations nombreuses, fines et humbles, de Béatrice de Meester. — A.Ms
Ringlet G., Et je serai pour vous un enfant laboureur… Retourner l’Évangile, Paris, Albin Michel, 2006, 23x15, 221 p., 16 €. ISBN 2-226-14917-6
23Le pro-recteur de l’Université catholique de Louvain-la Neuve nous a présenté déjà plusieurs essais où convergent la poésie, la sociologie de communication, les auteurs contemporains, les événements du monde et l’inspiration évangélique, dont L’Évangile d’un libre penseur (1998, 2002), Éloge de la fragilité (2000, 2004), Ma part de gravité (2002), tous parus chez Albin Michel.
24Empruntant son titre à une chanson de Barbara, il se propose ici de passer le soc de charrue de l’actualité sur les sillons de l’Évangile, pour en manifester l’actualité : labourer le texte sacré, ou plutôt nous laisser labourer par lui ? Au lecteur d’en décider par la manière même dont il le lira.
25Discours croisé qui nous replace au cœur des questions essentielles à travers des anecdotes qui donnent froid dans le dos ou de gestes de vérité et de tendresse qui font espérer en l’homme, ou encore de formules expressives glanées çà et là pour nous faire réfléchir… On aimerait parfois ressentir plus nettement la profondeur de l’évangile et la vigueur de sa consistance : la magie du verbe, comme aussi l’abondance des images et des citations, si elle est suggestive, ne remplace pas toujours l’interpellation du Verbe de Dieu, charnellement présent dans le Livre. — J.R.