Couverture de NRT_302

Article de revue

Écriture sainte

Pages 308 à 357

Acfeb, Les Actes des Apôtres. Histoire, récit, théologie. XXe Congrès de l’Association catholique française pour l’étude de la Bible (Angers 2003), coll. Lectio divina 199, Paris, Cerf, 2005, 23x16, 281 p., 31 €. ISBN 2-204-07416-0

1Les Actes des apôtres, tout comme l’ensemble de l’œuvre de Luc (Luc-Actes), font aujourd’hui l’objet de multiples études. L’ACFEB a pris acte de ce fait en organisant son XXe congrès d’Angers 2003 sur les recherches contemporaines concernant ce livre, sa valeur historique, sa composition littéraire, son message théologique. Pour la présentation des onze travaux du congrès, les éditeurs ont choisi un ordre systématique. Un avant-propos de M. Berder (Inst. cath. Paris) et G. Billon(Évangile et Vie) situe le thème du congrès et fait état des contributions émanant des divers ateliers. Ensuite O. Flichy (Centre Sèvres, Paris) offre un état des recherches actuelles sur les Actes et en épingle les caractéristiques essentielles, et R. Dupont-Roc (Inst. cath. Paris) examine la double tradition textuelle du livre en essayant d’en dégager les principaux enjeux ; M.-Fr. Baslez (Univ. Paris XII) replace le livre dans son univers culturel et littéraire, compte tenu du substrat documentaire. J.-P. Lémonon (Univ. cath. Lyon) ajoute un aperçu intéressant des communautés chrétiennes dans l’Éphèse du Ier siècle. D. Marguerat (Univ. Lausanne) montre avec finesse de quelle manière Luc construit l’image de Paul comme lieu de déploiement de l’identité chrétienne, articulant avec art propos historien et réflexion théologique, tandis que M. Quesnel (Univ. cath. Lyon) analyse les apologies de Paul (Ac 22 et 26) du point de vue rhétorique pour souligner leur caractère judiciaire mis au service d’une proclamation de foi au Christ ressuscité. R. Gonnelle (Univ. Marc Bloch, Strasbourg) compare les Actes canoniques à la bigarrure des Actes apocryphes des apôtres ; il en fait surgir des perspectives nouvelles concernant la composition de ces récits, l’étude des sources de Luc et des épîtres pastorales.

2Comment se profile aujourd’hui la réception du livre des Actes ? L. Villemin (Inst. cath. Paris) étudiant les citations des Actes dans les documents de Vatican II, en souligne la relative discrétion et marque le besoin actuel d’une ecclésiologie davantage centrée sur l’Écriture prise dans sa cohérence et sa diversité. C. Mesters (Centre œcum. Brésil) montre comment les communautés de base brésiliennes sont à la fois fidèles au texte et libres dans leur interprétation en se fondant sur une sensibilité concrète au vécu de ces communautés. En fin de parcours, M. Berder reprend la plume pour faire le point de la table ronde qui clôtura le congrès. Il dégage quelques conclusions intéressantes : chantiers ouverts, place de l’exégèse biblique, visages variés des premières communautés chrétiennes, circulation de la Parole autour du repas eucharistique. Un recueil qui jette de précieuses lumières sur la manière de lire ce document unique du NT, tellement essentiel à notre vie chrétienne. Aux auteurs et aux éditeurs va notre merci. — J. Radermakers sj

Annunciare il Vangelo oggi : è possibile ?, éd. U. Sartorio, coll. La Croce di Aquileia 8, Padova, Messaggero, 2005, 21x14, 187 p., 11 €. ISBN 88-250-1521-6

3La Croix d’Aquileia, symbole ancien du Christ crucifié, alpha et oméga de la vie de l’homme, qui est devenu le « logo » de la Faculté de théologie du N.-E. de l’Italie (Padoue), patronne cet ouvrage, fruit d’une réflexion qui a groupé en février 2004 à Padoue quelques théologiens sur la question de la possibilité actuelle de l’annonce de l’évangile. U. Sartorio, professeur de théologie fondamentale en est l’éditeur.

4Les principales contributions touchent les problèmes posés par la philosophie au christianisme (S. Givone), l’altérité de l’évangile comme prophétie pour un monde en mutation (C. Dotolo). Une table ronde comprend trois intervenants : Évangéliser par l’art (P. Pivetti) – Peut-on annoncer l’évangile aujourd’hui ? (O. Prudente) – La passion du Christ (A. Piersanti). Deux autres intéressants articles ont été ajoutés : Où trouver un lieu de rencontre lorsque manquent les racines de la foi ? (U. Sartorio) – Comment convertir l’imaginaire et guérir les blessures culturelles ? (M.P. Gallagher).

5Ce volume réunissant des approches diverses permettra aux étudiants et aux lecteurs avertis de réfléchir fondamentalement à une question actuelle et urgente ; elle stimulera les proclamateurs de l’évangile. — J.R.

Apocriefe (De) Jezus, éd. G. Van Oyen & P. Kevers, Leuven, Acco / Vlaams Bijbelstichting, 2006, 21x14, 219 p., 19.20 €. ISBN 90-334-6116-1

6Avec l’aide des romans à succès et des médias, les écrits apocryphes reviennent sur la scène publique. Mais les gens ne les connaissent guère ; ils croient seulement savoir que l’Église les a mis sous séquestre pour ne pas divulguer des secrets compromettants. Aussi une étude un peu scientifique et fiable est-elle la bienvenue. Tel ce recueil de professeurs néerlandais ou flamands groupant dix contributions de valeur sur le « Jésus apocryphe ». G.

7Van Oyen, exégète de l’Univ. d’Utrecht, et P. Kevers, secrétaire de la fondation biblique flamande en sont les promoteurs. Ils signent ensemble l’introduction qui présente le NT apocryphe.

8Nous découvrons successivement : les évangiles judéo-chrétiens (P. Schmidt, Leuven), puis l’évangile des Égyptiens (J. Leemans, Leuven) et un article de G. Van Oyen (Utrecht) sur le portrait de l’enfant Jésus d’après ces récits. Vient alors le « Jésus gnostique » avec l’évangile de Thomas (B. Dehandschutter, Leuven), le récit de la résurrection dans l’évangile de Pierre (I. Vanden Hove, Leuven), avec synopse comparative des évangiles canoniques, le portrait de Jésus suivant l’évangile de Marie (E. De Boer) puis dans les Actes de Paul et Thècle (A. Merz, Utrecht). Une troisième série groupe deux articles plus généraux, l’un concernant les « pseudoapocryphes » modernes sur Jésus (R. Kranenborg, Amsterdam), l’autre l’histoire de l’élaboration des écrits du Nouveau Testament et de la fixation du canon (Fr. Van Segbroeck, Leuven).

9Nous avons là, notamment pour les néerlandophones, un aperçu solide et fiable sur la littérature apocryphe néotestamentaire. La qualité des auteurs et leur compétence reconnue constituent un vrai label de qualité pour cette étude d’excellente vulgarisation. Nous la recommandons très volontiers. — J. Radermakers sj

Baert B. e.a., Noli me tangere. Mary Magdalene : One Person, Many Images. Exhibition Maurits Sabbe Library 23 February – 30 April 2006, Faculty of Theology, K.U. Leuven, coll. Documenta libraria 32, Leuven, Peeters, 2006, 24x16, x-124 p., 24 €. ISBN 90-429-1807-1

10Depuis une douzaine d’années, la Faculté de théologie de l’Univ. catholique de Leuven a créé un centre théologique féministe fort actif. Un groupe de recherche de ce centre a organisé récemment une exposition à la bibliothèque « Maurits Sabbe » sur le thème de la parole de Jésus à Marie Madeleine au matin de la résurrection en Jn 20,17 : « Ne me touche pas » ou « Cesse de me toucher » selon les traductions. Consacrée à « l’amie de Jésus », cette exposition présentait une trentaine d’images de la scène évangélique provenant d’auteurs divers, anciens et modernes, reproduites dans ce volume.

11La première partie du livre comprend quatre contributions importantes, en majorité féminines, à propos du passage johannique et de sa réception dans la tradition. Sabine Van den Eynde, visiting professor, plaide pour une interprétation intertextuelle du passage inspirée de Ruth et du Cantique. Reimund Bieringer, professeur de NT, développe une approche exégétique de la rencontre de Jésus et Madeleine, d’après les récentes interprétations du récit johannique. Deux théologiennes, Karlijn Demasure et Hannelore Devoldere, entreprennent une recherche sur Marie Madeleine dans la perspective du « genre », traitant d’abord de la pluralité du modèle magdalénien, puis de la double image — contemplative ou repentie, — que revêt ce personnage : extase ou éloignement de la femme ? Enfin Barbara Baert prend un point de vue artistique : comment le regard traduit le langage littéraire en visualisation d’un geste corporel par le jeu des regards et des mains entre Marie et le Christ. Il faut en effet mesurer la distance qui sépare désormais la femme de ce jardinier qui lui apparaît soudain.

12Nous trouvons ensuite le catalogue des 29 représentations accompagnées d’une description et d’un commentaire suggestif par les A. des articles précédents. Un excellent travail d’équipe d’exégèse décloisonnée qui nous fait réfléchir aux apparitions du Ressuscité, et singulièrement à sa rencontre avec Marie de Magdala, et tout ensemble sur la relation de Jésus avec la femme. — J. Radermakers sj

Barlet L. – Guillermain Ch., Le Beau Christ de Luc, coll. Lire la Bible 145, Paris, Cerf, 2006, 22x14, 230 p., 22 €. ISBN 2-204-08050-0

13Une femme et un homme se rencontrent pour présenter le visage du Christ tel que l’évangile de Luc nous le fait contempler. L’une a enseigné le NT au séminaire d’Avignon et anime des sessions bibliques au Centre S.J. de La Baume-lès-Aix ; l’autre a dirigé le séminaire interdiocésain d’Avignon et enseigne l’Écriture sainte en diverses formations. On sent chez eux une habitude de travail en commun et une réelle communion dans la méditation de la Parole de Dieu.

14Le Christ de Luc est « beau » ; les A. l’ont bien perçu. D’une beauté rayonnante au dehors et pénétrant au dedans de l’âme. Ils racontent cette beauté aux Théophile que nous sommes. Ils nous ouvrent un triple porche pour nous aider à y pénétrer : Jésus, le bon Samaritain proche de tout homme, de Noël au Calvaire, « en suivant la route des seuils » – Celui qui vient par son Verbe de grâce « en suivant la route de la Parole » de l’Annonciation à Emmaüs, en passant par les femmes et les hommes de désir – Le Fils de Dieu chargé de ramener les hommes à leur Père, « en suivant la route de la prière de Jésus », du retour des 70 disciples au combat de Gethsémani, en passant par les paraboles de la miséricorde.

15Par cette triple entrée, le lecteur se trouve invité à recevoir guérison et liberté du Samaritain sauveur, à écouter la Parole de Vie et à se laisser façonner par elle, à se laisser conduire vers le Père, source de toute tendresse et d’un pardon infini qui engage et transfigure. Accessible à tous, ce volume construit tout en finesse et nourri d’une substantielle exégèse, fera la joie d’un grand nombre de lecteurs et de lectrices, et les introduira à la contemplation de ce« Beau Christ de Luc ». À lire et relire ! — J.R.

Barnay S. e.a., Jésus, compléments d’enquête, Paris, Bayard / Le Monde de la Bible, 2007, 21x15, 160 p., 18 €. ISBN 978-2-227-47687-5

16La question du Jésus de l’histoire est passablement agitée à présent dans les médias. Les chrétiens s’affolent : la « réalité » ne serait-elle pas ce qu’ils lisent ? En fait, l’évangile ne se laisse pas atteindre par une lecture fondamentaliste, qui se meut dans l’imaginaire. Reprenant ici les meilleurs articles sur le sujet parus dans Le Monde de la Bible, des collaborateurs de cette revue apportent d’utiles compléments d’enquête : D. Marguerat enseigne le NT à l’Univ. de Lausanne, E. Cuvilier à la Faculté protestante de théologie à Montpellier, S. Barnay est maître de conférences à l’Univ. de Metz et S.C. Mimouni enseigne aux Hautes études à Paris. Ils recueillent quinze collaborations d’auteurs protestants et catholiques développant divers points de vue afin d’éclairer notre lanterne.

17Après une préface suggestive sur « lemystère de Jésus », nous trouvons : 1) À la recherche du Jésus de l’histoire ; Ch. Perrot, D. Marguerat, M. Quesnel, A. Paul, R. Gounelle tracent un itinéraire à travers les évangiles canoniques et apocryphes. 2) Examen des mouvements religieux et politiques de l’époque, par P.A. Horsley et F. Siegen. 3) Comment Jésus-Christ est-il Fils de Dieu, par Chr. Grappe et J. Schlosser, J.-P. Lemonon et D. Marguerat. 4) La vraie famille de Jésus, d’après les évangiles et la tradition par E. Cuvilier, S.C. Mimouni, D. Marguerat et A. Lemaire. Chacun de ces spécialistes parle à partir de ses recherches et de son horizon particulier ; leur point de vue n’est ni prescriptif, ni dogmatique, mais ils nous proposent des éclairages variés, nous permettant de nous forger une opinion. En même temps, ils nous montrent la complexité des questions.

18Ce livre de vulgarisation fournit d’utiles compléments à nos connaissances, et nous prépare à lire le beau volume que vient de publier le pape Benoît XVI sur Jésus de Nazareth. Sans doute de nombreux lecteurs trouveront-ils moins de certitudes et plus d’interrogations qu’ils n’en attendent, mais ce livre pourra stimuler leur réflexion, malgré ses raccourcis et son style journalistique. — J.R.

Baslez M.-Fr. e.a., Aux origines de la Bible, Paris, Bayard / Le Monde de la Bible, 2007, 21x15, 157 p., 15 €. ISBN 978-2-227-47720-9

19Quand et comment la Bible a-t-elle été écrite ? Quel fut le passage de l’oral à l’écrit, et quelles furent les étapes de cette longue composition ? Qu’est-ce que le peuple d’Israël a vécu pendant l’exil à Babylone et pourquoi s’est-il mis à rédiger ses mémoires ? Pourquoi la Bible a-t-elle été traduite en grec à Alexandrie, et quelle est la signification de cette grande ville hellénistique ? Comment le Nouveau Testament a-t-il vu le jour, et quel fut le berceau de l’évangile de Jean ? Toutes ces questions, et d’autres connexes, sont posées et traitées dans ce petit livre, fruit d’une collaboration entre Le Monde de la Bible et les éditions Bayard. André Paul écrit la préface ; des biblistes de valeur répondent aux questions. Il n’est plus permis aujourd’hui à un chrétien d’ignorer cette problématique. La lecture de ce livre ne peut laisser indifférent. — J.R.

Charlesworth J.H. e.a., Jésus et les nouvelles découvertes de l’archéologie, tr. P. Ghirardi, Paris, Bayard, 2007, 21x15, 144 p., 20 €. ISBN 978-2-227-47669-1

20Des spécialistes anglophones du NT se sont groupés pour faire le point sur les découvertes archéologiques récentes en Israël concernant la période gréco-romaine : fouilles du Temple de Jérusalem, maison de Pierre à Capharnaüm, ruines de Césarée et de Galilée, ville de Sepphoris près de Nazareth. Ces trouvailles permettent-elles de cerner de plus près notre connaissance de Jésus. En lisant ce livre, nous ajusterons notre savoir concernant son époque et la réflexion des A. nous permettra d’évaluer les progrès de la christologie des premières communautés chrétiennes. Certes, sur la personnalité de Jésus, l’archéologie n’a guère de prise. Il faut le souvenir et le témoignage des contemporains, mais une meilleure connaissance du milieu religieux et social de l’époque peut apporter d’utiles éléments. Si la foi se transmet à travers des relations, à Dieu et entre hommes qui en ont fait une expérience vitale, elle ne peut faire l’économie d’une judicieuse critique constructive ; les A. de ce livre nous y aident avec bonheur. — J.R.

Bassin Fr., L’Évangile selon Luc, t. 1, Vaux-sur-Seine, Édifac, 2006, 21x14, 333 p., 23 €. ISBN 2-904407-41-3

21L’A., à qui nous devons déjà deux volumes (Marc, Thess.) publiés dans la collection Commentaires Évangéliques de la Bible, propose ici une initiation au texte grec des neuf premiers chapitres du troisième évangile. Il en étudie le vocabulaire, la grammaire et la structure littéraire. Pour en illustrer les nuances, il fait appel à trois traductions : TOB, 1972 ; Bible à la Colombe 1978 ; Nouvelle Bible Segond 2002. Il relève les sémitismes, les hapax, les diverses particularités grammaticales… Il compare et évalue les positions de différents commentaires, dont il donne la liste. Il suggère quelques comparaisons avec les textes évangéliques parallèles. Il intercale quelques excursus : Les pauvres et les riches selon Luc ; la renommée de Jésus… Une introduction présente le contenu, les sources, la structure et la perspective théologique du texte étudié. — P.-G.D.

Bauckham R., La théologie de l’Apocalypse, tr. A.-M. de Lassus fj, coll. Théologies, Paris, Cerf, 2006, 24x15, 199 p., 26 €. ISBN 2-204-08120-5

22« Apprécier la théologie de l’Apocalypse est l’une des manières dont nous pouvons sauver ce livre des interprétations fantastiques trop courantes aujourd’hui, et qui l’ont discrédité auprès de si nombreux chrétiens ». Ainsi s’exprime dans sa préface (p. 7) l’A. de ce remarquable ouvrage traduit de l’anglais : The Theology of the Book of Revelation (Cambridge 1993). Professeur de NT à l’Univ. de St-Andrews en Écosse, il a publié déjà plusieurs livres ou articles en la matière. Sa vision théologique globale apparaît d’une grande pertinence, non seulement pour la théologie de l’Église, mais encore pour la compréhension de notre monde actuel, comme en témoigne le dernier des sept chapitres de cet ouvrage : « L’Apocalypse aujourd’hui » (p. 165-189).

23Le plan retenu par l’A. allie les qualités pédagogiques à la clarté de l’exposé. La capacité de synthèse de l’A. et la justesse de sa perception du texte, comme de son enjeu pour l’Église forcent l’admiration.

24Ce livre est largement accessible, même s’il demande une attention soutenue. Il accompagnera les chrétiens formés, déjà familiers du dernier livre de la Bible, mais désireux d’approfondir leur intelligence du texte et de rendre leur témoignage plus vrai et plus actuel. Les théologiens auront à cœur de le consulter en s’aidant de la bibliographie annotée que l’A. a jointe à son étude. Un ouvrage précieux dont bénéficieront tous les lecteurs qui voudront bien y investir de leur temps et de leur effort. — J. Radermakers sj

Bénétreau S., La prière par l’Esprit. La prière de demande et l’intercession de l’Esprit selon Romains 8,26-27,Paris, Excelsis / Édifac, 2004, 21x14, 138 p., 12 €. ISBN 2-904407-37-5

25Face aux objections tant traditionnelles que spécifiquement contemporaines concernant la souveraineté de Dieu et l’autonomie de l’homme, l’A., exégète et pasteur, commence par poser la question de la légitimité de la prière de demande dont l’Écriture fait un commandement. Est-elle nécessaire et profitable ? Ne convient-il pas de la remplacer par la louange ? L’A. éclaire son propos par une étude paulinienne de la prière tô pneumati (ou en pneumati), une expression qu’il traduit : prière par l’Esprit. Les textes sont rares : Éph 6,18 ; Jude 20 ; 1 Co 14,15 ; Rm 8,26-27. Après en avoir spécifié les différents contextes, l’A. concentre son attention sur le passage le plus explicite (Rm 8,26-28), dont il analyse les interprétations proposées par une vingtaine d’auteurs : l’Esprit enseignant (Calvin), l’Esprit intercesseur céleste, l’Esprit interprète, voire traducteur. Il s’attarde spécialement aux interprétations glossolaliques (de E. Käsemann, d’O. Cullmann, des pentecôtistes J.-Cl. Boutinon et G.-D. Fee) et à la signification de l’adjectif alalêtoi : indicibles ou inexprimés ? Il présente alors une exégèse détaillée du texte en question, avec une note précieuse sur le diligentibus Deum (panta nominatif ou accusatif ? sunergei transitif ou intransitif ?). Il lui reste à indiquer la spécificité de Rm 8,26-28 dans l’ensemble paulinien. Alors que, partout ailleurs, Paul nous propose l’Esprit comme l’inspirateur des prières des fidèles, il pose ici un rapport inhabituel entre nos prières et l’action de l’Esprit. Pour certains commentateurs, il s’agit d’une activité autonome qu’ils confondent parfois avec l’intercession céleste du Christ ; pour d’autres, c’est une action sur la prière du croyant, qui la purifie des scories et la rend présentable devant Dieu, ou au moins qui l’interprète. Présentation limpide. Style agréable. Pour tous. — P. Detienne sj

Bianchini Fr., L’elogio di sé in Cristo. L’utilizzo della periautologia nel contesto di Filippesi 3,1 – 4,1, coll. Analecta biblica 164, Roma, PIB, 2006, 24x17, 322 p., 27.00 €. ISBN 88-7653-164-5

26« Frères, devenez ensemble mes imitateurs et observez ceux qui marchent selon l’exemple que vous avez en nous » (Ph 3,17) : cette exhortation de Paul n’est-elle pas survalorisation de soi ? Comment l’expliquer ? Tel est le propos de cette thèse fine et nuancée que son A., prêtre de l’archidiocèse de Lucca, a défendue en 2006 à l’Institut biblique pontifical de Rome sous la direction du P. J.-N. Aletti, qui préface ce livre. Pour établir son propos, l’A. part d’une thèse doctorale soutenue à Paris en 1993 par C. Pernot : La rhétorique de l’éloge dans le monde gréco-romain et il en fait l’application à la lettre de Paul aux Philippiens et à des parallèles ; il s’appuie aussi, entre autres, sur la thèse de Bittasi (cf. infra p. 314) et sur le commentaire de la lettre parÉdart (Gabalda, 2001).

27Après une brève introduction, quatre chapitres divisent la thèse : 1) L’imitation de Paul d’après le contexte de Ph 3,17 ; 2) L’exemple de Paul dans son développement du chap. 3 de l’épître, avec une note sur le concept paulinien de justice ; 3) Une étude des adversaires de Paul et des Philippiens, afin de mettre en relief l’enjeu de l’exhortation de Paul ; 4) La série « Paul, le Christ, les Philippiens » à travers une analyse rigoureuse de Ph 3,1 à 4,1. La conclusion est que Paul se glisse lui-même dans la dynamique de l’imitation du Christ et c’est lui qu’il donne en exemple, afin que les chrétiens se découvrent appelés à vivre, eux aussi, l’union vitale au Christ qui résume l’expérience de l’apôtre.

28Nous avons là une thèse bien construite et menée avec rigueur et souplesse, sur un thème souvent controversé. Une bonne bibliographie et les index habituels achèvent de faire de ce volume « un exemple » à suivre par d’autres étudiants. — J. Radermakers sj

Biblia y Nueva Evangelización, éd. G. Uríbarri, coll. Bibl. de teología Comillas 12, Madrid, Univ. Pont. Comillas / DDB, 2005, 21x15, 158 p. ISBN 88-330-1946-5

29La question de la nouvelle évangélisation pour l’Europe est à la « une » du message de Jean-Paul II, et elle passe infailliblement par une remise en honneur de l’Écriture comme fondement de la révélation divine. En partenariat avec les éditions DDB, la « Bibliothèque de théologie » de l’Univ. Comillas de Madrid s’attaque à ce difficile problème. Trois articles sont ici rassemblés, formant l’essentiel des débats qui y ont fait l’objet d’un séminaire le 15 octobre 2004.

30S. Castro Sánchez ocd esquisse le portrait de Jésus à partir de Marc. Il montre la pertinence du choix de cet évangile avant d’en présenter quelques textes majeurs. Puis le P. E.S. Gómenez sj montre que la situation d’exil et d’après exil vécue par Israël, avec la composition du Pentateuque, trouve dans la conjoncture actuelle de l’Église et du monde des correspondances significatives. Une théologienne E. Estévez López étudie le fonctionnement des interprétations contemporaines de l’Écriture, et notamment de l’incorporation à l’exégèse des sciences sociales et de la théologie féministe.

31Cette triple réflexion fait bien le point sur les approches actuelles del’Écriture et leurs possibles interprétations. Les lecteurs hispanophones trouveront là l’opportunité de se mettre au courant de façon juste et équilibrée. — J.R.

Binni W., La Chiesa nel Quarto Vangelo, coll. Studi biblici 50, Bologna, EDB, 2006, 21x14, 250 p., 21.20 €. ISBN 88-10-40750-4

32Né à Bologne en 1960, l’A. de cette monographie sur le thème de l’Église dans l’évangile johannique a étudié l’histoire et la littérature hébraïque en Israël : il est docteur en théologie de l’Université pontificale St-Tomas d’Aquin et collabore à la Rivista biblica italiana. Avec B.G. Boschi, il a publié une Cristologia primitiva (Bologne, 2005 ; cf. NRT 127 [2005] 94). Peu d’études existent sur ce thème en saint Jean ; aussi s’attache-t-il à isoler les passages spécifiques.

33Ayant mis en évidence la figure de Pierre, il développe le motif de la Vigne et les caractères de la foi ecclésiale, l’admission du chrétien dans la communauté johannique, son identité dans le contexte de la rédaction de l’évangile. Ensuite, il montre la place de Marie, les notations sacerdotales présentes en Jn, et le rôle de l’Esprit saint comme acteur de la paix messianique. Quelques conclusions et une bibliographie complètent ce livre qui mérite une bonne place dans la littérature johannique.

34L’A. croit à l’ancrage historique de cet évangile et lui restitue son importance. Il souligne l’aspect sacerdotal présent en Jn (Jean le presbytre !) et met l’accent sur la centralité de l’acte de foi de l’évangéliste en la divinité de Jésus. Un livre éclairant, bien documenté, qui pose de bonnes questions, même si le texte de l’évangile ne permet pas toujours d’y répondre de façon satisfaisante. Cette monographie constitue le no 50 de l’excellente collection des Studi biblici destinée à un public cultivé. — J.R.

Bittasi St. sj, Gli esempi necessari per discernere. Il significato argomentativo della struttura della lettera di Paolo ai Filippesi, coll. Analecta biblica 153, Roma, PIB, 2003, 24x17, 274 p., 18 €. ISBN 88-7653-153

35L’A. de cette thèse de doctorat défendue à l’Institut biblique pontifical de Rome est jésuite, actuellement professeur d’Écriture sainte à la Faculté de théologie de l’Italie méridionale (St Louis, Naples). La visée de cet ouvrage est de montrer la manière épistolaire de Paul à la lumière de la rhétorique gréco-romaine en vigueur à son époque, compte tenu aussi de la rhétorique sémitique, et donc dans une perspective clairement « synchronique ». Comment Paul utilise-t-il librement ses modèles pour livrer ses messages aux communautés ? Ici l’A. fait une analyse serrée de la lettre aux Philippiens en examinant les ressorts de l’argumentation de son auteur, spécialement à propos de ce qu’il appelle « avoir les sentiments du Christ Jésus », qui constitue le principe de discernement de la vie chrétienne.

36Un 1er chap. s’attaque au v. 3,1 et à la répétition qu’il présente ; pourquoi cette reprise au milieu de la lettre ? La seconde partie fait-elle partie de la structure originale ? Après cet exorde un peu abrupt, l’A. entreprend un premier parcours de la lettre (1,1–2,18) où s’élucident les relations entre Paul et la communauté de Philippes, avec la référence essentielle à l’« exemple » de Jésus Christ (2,1-18) (chap. 2). Un 3e chap. reprend le parcours de la lettre (3,1–4,23) en montrant en quoi consiste l’exemple de Paul : exhortation répétée (3,2-16), puis reprise de l’exhortation en impliquant les Philippiens (3,17–4,9) et enfin remerciements et post-scriptum épistolaire (4,1 à-23). L’A. revient alors sur le centre de l’épître (2,19-30),où Timothée et Épaphrodite reçoivent un rôle central précisément parce qu’ils ont expérimenté ce « discernement » de l’action intérieure du Christ que le message de Paul voulait transmettre. Dès lors, ce discernement (phroneîn) devient la charnière de la lettre. Telle est la conviction de l’A. qu’il nous partage avec intelligence et habileté. Le livre s’achève par une impressionnante bibliographie et les tables habituelles. Nous saluons la pertinence et l’originalité d’un travail qui aidera les lecteurs à percevoir l’unité de cette lettre. — J. Radermakers sj

Bony P., La première épître de Pierre. Chrétiens en diaspora, coll. Lire la Bible 137, Paris, Cerf, 2004, 22x14, 205 p., 19 €. ISBN 2-204-07408-X

37L’A. de ce commentaire intéressant est bibliste et il enseigne à l’Institut de sciences et de théologie des religions, département de l’Institut catholique de Marseille. Il parcourt ici avec nous la première épître de Pierre et la commente à l’intention des chrétiens d’aujourd’hui qui vivent au milieu d’un monde pluraliste, dans des communautés dispersées et différenciées. Ceux-ci ont souvent le sentiment d’être laissés sur la touche, et pourtant, ils ont à « rendre compte de l’espérance qui est en eux » par le témoignage de leur parole et plus encore par celui de leur vie : « fraternité mondiale » mettant au service des hommes « la grâce multiforme de Dieu ».

38Dans ce livre clair et agréable à lire, conduit avec pédagogie en se basant sur des commentaires savants et scientifiquement élaborés, l’A. met en évidence la dynamique interne de la lettre et en détaille les cinq chapitres en soulignant son actualité, en expliquant la situation de la diaspora chrétienne actuelle et en éclairant les vocables plus difficiles. Un dernier chapitre résume bien les caractéristiques que l’on attend des communautés croyantes d’aujourd’hui. Les chrétiens qui n’ont encore jamais abordé cette lettre trouveront dans ce petit volume l’introduction rêvée à une lecture substantielle et vivifiante. Nous la recommandons à nos lecteurs. — J.R.

Boschi B.G., Le origini della Chiesa. Una rilettura prospettiva, coll. Studi biblici 48, Bologna, EDB, 2005, 21x14, 203 p., 18 €. ISBN 88-10-40749-0

39Une présentation intéressante des origines de l’Église à partir du judaïsme. L’A. est un dominicain italien, formé à l’Angelicum et docteur de la Commission biblique et de l’École biblique de Jérusalem. Plusieurs publications depuis 1988, dont une Cristologia primitiva (avec W. Binni, EDB, 2005).

40Une brève introduction est suivie de deux développements. Le premier part du judaïsme : l’A. étudie le messianisme juif confronté aux théories hégéliennes, puis il suit l’élaboration d’une christologie royale, prophétique, sacerdotale, sapientielle et apocalyptique. Le second développement examine les origines du christianisme et de l’Église dans le milieu hellénistique et romain. Il marque à la fois la continuité avec le judaïsme et l’élément de rupture, puis il considère l’image de l’Église telle qu’elle apparaît dans le NT. Il termine par un aperçu mariologique à partir de la présentation de Dieu comme père et mère dans l’AT.

41Un excellent volume, suggestif et stimulant, véritable petite somme sur l’Église des commencements dans ses rapports avec le judaïsme. Un bon état de la question. Une vision lucide et nuancée. — J.R.

Braulik G., Studien zu den Methoden der Deuteronomiumexegese, coll. Stuttgarter Biblische Aufsatzbände AT 42, Stuttgart, Verlag Katholisches Bibelwerk, 2006, 21x15, 207 p., 45 €. ISBN 3-460-06421-8

42G. Braulik est l’un des grands spécialistes actuels des études sur le Deutéronome. Il rassemble dans ce volume une série d’articles publiés pour la plupart entre 2002 et 2005 et qui s’intéressent tous, d’une manière ou d’une autre, aux méthodes de lecture appliquées au Dt. Seule la recension du livre de S. Mittmann date de 1978. Cet article, qui inaugure le livre, plaide en faveur de l’unité littéraire de Dt 4 (« Literarkritik und archäologische Stratigraphie. Zu S. Mittmanns Analyse von Deuteronomium 4,1-40 »). « Deuteronomium 1 — 4 als Sprechakt » applique à ces chapitres la théorie linguistique du langage performatif. « Beobachtungen zur vormasoretischen Vortragspraxis des Deuteronomiums » propose une théorie sur la récitation liturgique du texte du Dt à partir d’une enquête sur les formes pausales. « Die sieben Säule der Weisheit im Buch Deuteronomium » contient une étude sur les structures septénaires dans le Dt. « „Die Weisung und das Gebot“im Enneateuch » s’inscrit dans les recherches actuelles sur une rédaction qui unirait l’ensemble Gn – 2 R, une idée défendue par E. Zenger, C. Houtman et H.-Ch. Schmitt.

43Les quatre emplois de l’expression « loi et commandement » (torâ ûmiÒ) dans cet ensemble (Ex 24,12 ; Jos 22,5 ; 2 R 17,34.37 ; cf. 2 Ch 14,3 ; 31,21) fournissent une base suffisamment solide pour échafauder une hypothèse qui va dans ce sens. Ces quatre textes font du Deutéronome le centre théologique de l’histoire d’Israël. « Monotheismus im Deuteronomium. Zu Syntax, Redeform und Gotteserkenntnis in 4,3240 » est un dialogue avec O. Loretz et N. MacDonald sur une question délicate : est-il opportun de parler de monothéisme à propos de Dt 4 ? Contre ces deux auteurs, G.B. affirme que c’est bien le cas. « Geschichtserinnerung und Gotteserkenntnis. Zu zwei Kleinformen im Buch Deuteronomium » montre que le Dt distingue clairement entre deux processus mentaux, celui de l’apprentissage et celui de la mémoire. Cela conduit G.B. à distinguer deux formes littéraires présentes dans le Dt, le schéma « souvenir – appel » (voir Dt 15,15) et le schéma « fait – reconnaissance du fait – appel » (voir Dt 8,2-6). « Faszination und Unlust. Gerhards von Rads Verhältnis zum Deuteronomium » analyse la relation ambivalente de G. von Rad avec le Deutéronome. Il était fasciné par ce livre, mais il éprouva aussi plus d’une fois une certaine antipathie à son égard. Il n’en reste pas moins vrai que les études de G. von Rad sur le Dt restent fondamentales, même si elles sont dépassées à bien des points de vue. L’ouvrage est accompagné d’un index des citations bibliques, d’un index thématique, d’un index des mots hébreux et d’un index des auteurs. — J.-L. Ska sj

Broccardo C., La fede emarginata. Analisi narrativa di Luca 4-9, coll. Studi e ricerche, Assisi, Cittadella, 2006, 21x15, 358 p.,18 €. ISBN 88-308-0829-6

44De par sa situation d’origine, Luc, on le sait, est attentif à la manière dont le païen accède à la foi en Jésus-Christ, différente de celle du juif. Il valait dès lors la peine d’examiner de plus près cette foi dans les personnages secondaires, sinon marginaux, qui interviennent dans son évangile. C’est ce qu’a fait un jeune prêtre du diocèse de Padoue qui a consacré sa thèse doctorale à l’Institut biblique de Rome en 2005 à cette foi encore implicite que Luc fait apparaître dans son émergence.

45Après avoir décrit brièvement son propos et circonscrit son aire de recherche, compte tenu des travaux sur des sujets connexes, l’A. fait choix de la méthode d’analyse narrative, performante pour son projet, et il l’applique avec pédagogie et rigueur à quatre péricopes majeures de Luc 4 à 9 qui mettent en scène des situations « aux marges de la foi ». Il s’agit de la guérison du paralytique à partir du pardon offert par Jésus (Lc 5,17-26), de la confiance du centurion en la parole de Jésus thaumaturge (Lc 7,1-10), du pardon accordé chez Simon à la pécheresse dont la foi est révélée (Lc 7,36-50), et du double geste de puissance envers la femme qui perd son sang et la fille de Jaïre (Lc 8,40-56). Le schéma d’analyse est partout identique : examen minutieux du récit et de sa transformation progressive, puis conclusion (nœud du récit – contexte – foi). Une conclusion synthétique couronne le tout, caractérisant la foi des personnages mineurs, et son rôle dans le contexte lucanien : l’adhésion à Jésus sauveur ne s’opère pas sans l’engagement des destinataires, mais suivant des modalités diverses.

46Nous avons là une leçon exemplaire d’analyse narrative judicieusement conduite ; elle manifeste sa fécondité dans une étude ciblée avec précision. La portée théologique se dégage d’elle-même. Nous nous joignons au promoteur de la thèse, le P. J.-N. Aletti qui présente l’essai, pour remercier l’A., actuellement professeur d’Écriture sainte à la faculté théologique de Padoue, de sa prometteuse contribution aux études lucaniennes. — J. Radermakers sj

Buscemi A.M. ofm, Lettera ai Galati. Commentario esegetico, coll. Analecta Stud. Bibl. Franciscanum 63, Jerusalem, Franciscan Printing Press, 2004, 24x17, xxv-691 p. ISBN 965-516-063-7

47Franciscain, docteur en Écriture Sainte, A.M. Buscemi enseigne l’exégèse et la théologie biblique à Jérusalem. Dès le début de son enseignement, il se référa au commentaire de E. De Witt Burton (1955) qui part de la philologie et à celui de H.D. Betz (1979) pour son analyse structurale et rhétorique, même s’il n’en partage pas toutes les conclusions. Selon l’A., l’analyse littéraire du texte, de son contexte, de sa structure et de son genre littéraire doit précéder le commentaire. Plusieurs études partielles de la Lettre aux Galates ont précédé ce livre.

48Les adversaires de Paul sont des judéo-chrétiens hétérodoxes qui exigeaient de tous les chrétiens la circoncision avec l’observation de la Loi et des traditions juives pour arriver au salut. De là cette réaction passionnée du Juif converti que fut Paul. La « liberté » qu’il revendique à l’égard de la Loi est de nature vétero-testamentaire et fait allusion au « Goël » qui a l’obligation de libérer ceux de sa parenté qui sont tombés en esclavage. Pour Israël, Yahvé était ce Goël. Pour les chrétiens, le Christ est le Libérateur envoyé par le Père.

49Cette Lettre doit avoir été écrite vers 56-57, juste avant celle aux Romains, qui date de 58 et développe les mêmes thèmes. Ici Paul assure clairement que« son Évangile » provient d’une révélation que le Christ lui a faite après l’avoir converti du judaïsme. En même temps, Paul affirme à la fois son autonomie apostolique et la conformité de son message avec celui de Pierre et de Jacques, les deux colonnes de l’Église de Jérusalem. Or, si la justification continue à nous venir par la Loi, le Christ est mort en vain ; en effet, Dieu nous a envoyé son Fils précisément pour nous sauver de l’esclavage de la Loi et faire de nous ses enfants par l’Esprit Saint. C’est cette foi qui nous rend fils de Dieu dans le Christ. Il ne s’agit donc pas de retourner à l’esclavage de la Loi, mais de demeurer libres pour aimer.

50Buscemi propose d’abord la traduction italienne de la péricope, puis la critique du texte grec, la justification des limites de la péricope, son genre littéraire, sa structure et enfin le commentaire. Travail très fouillé tant pour l’exégèse que pour la masse d’informations fournie par l’A. ; le seul inconvénient est l’épaisseur de cet ouvrage qui nous fait passer par toutes les étapes du travail de l’exégète. Les apports nouveaux justifiant la parution de ce livre n’apparaissent qu’au fil des péricopes et sans conclusion.

51Cette Lettre nous intéresse encore aujourd’hui par le ton passionné de Paul pour défendre « son » évangile et par le message toujours actuel de notre liberté dans le Christ. — B.C.

Cairoli M., La « poca fede » nel vangelo di Matteo. Uno studio esegeticoteologico, coll. Analecta biblica 156, Roma, PIB, 2005, 24x17, 302 p., 20 €. ISBN 88-7653-156-4

52Une thèse doctorale de la Grégorienne, sans prétention mais intelligemment construite et judicieusement menée. Le P. Kl. Stock, promoteur, en écrit la préface. L’A. est un jeune prêtre du diocèse de Côme, enseignant l’introduction au NT au séminaire de la ville et à la faculté théologique de Milan.

53Le propos est clair : que signifie pour Mt l’interpellation de Jésus réservée à ses apôtres : « hommes de peu de foi », alors qu’il loue la foi du centurion ou celle de la Cananéenne ? La méthode est simple : une analyse rigoureuse des cinq péricopes matthéennes concernées (6,25-34 ; 8,23-27 ; 14,22-33 ; 16,5-12 ; 17,14-20) comprenant une structure, l’exégèse du passage, le contexte et l’articulation, avec la situation dans le développement du thème. Quelques conclusions générales et une synthèse reprenant le tout dans la finale évangélique achèvent de donner à l’ouvrage sa frappe théologique. L’A. dégage finalement « un chemin de foi » valable non seulement pour les disciples proches du Christ, mais aussi pour tout croyant, compte tenu de la fragilité permanente de la foi en Jésus. Il dessine ainsi un parcours exemplaire pour toute communauté chrétienne envoyée dans le monde par le Ressuscité.

54Cette thèse est, en son genre, un modèle de lecture théologique de l’évangile, bien documentée et conduite avec compétence et probité. Elle retiendra particulièrement l’attention des étudiants en théologie. — J. Radermakers sj

Cantico dei cantici, tr. G. Bemporad, intr. D. Garrone, coll. Il pellicano rosso 37, Brescia, Morcelliana, 2006, 19x12, 63 p., 8 €. ISBN 88-372-2070-7

55Ce petit volume comprend deux parties inégales. La première reprend l’introduction de D. Garrone (5-40) et la seconde, la traduction de G. Bemporad (43-61). L’introduction nous expose les principaux problèmes que pose à l’exégète d’aujourd’hui le Cantique des Cantiques (Ct). D. Garrone situe avec intelligence le Ct dans la Bible hébraïque, il parle de son origine — il opte pour des chants d’amour qui ne sont pas nécessairement liés au mariage —, de sa composition littéraire et de sa date tardive, à l’époque perse ou hellénistique, ou même plus tardive encore selon G. Garbini qui le situe au premier siècle de notre ère. Il passe en revue d’un œil critique les interprétations allégoriques traditionnelles pour leur préférer, avec beaucoup d’exégètes contemporains, la lecture réaliste de l’amour célébré comme une fin en soi. En effet, le poème ne parle ni de mariage ni de procréation. Le Ct valorise l’amour humain dans toutes ses dimensions, entre autres dans sa dimension lyrique, mais aussi sa dimension corporelle et sexuelle. Sui-vent quelques notes très utiles sur les difficultés du texte hébreu et les choix de la traductrice. La traduction en italien est en vers et elle réjouira certainement tous ceux qui apprécient les qualités musicales de la langue de Pétrarque et de Dante. — J.-L. Ska sj

Carter W., John. Storyteller, Interpreter, Evangelist, Peabody, Hendrikson, 2006, 22x14, xvi-264 p., 10.99 £. ISBN 978-1-56563-523-4

56Le titre de l’ouvrage indique ses trois parties. La première : John : Storyteller« Jean : Conteur d’histoire », est la plus longue. Elle compte six chapitres dont les titres empruntent à la terminologie narratologique. Le chap. 1 définit : « Le genre de l’évangile de Jean ». D’entrée de jeu, le propos est clair, nuancé, éclairé par la problématique littéraire. Le genre évangile ne consiste pas d’abord en un projet historique ; ce n’est pas un genre « simple » mais complexe, composite qui ne se réduit pas non plus à un récit de théodicée juive. L’A. opte en faveur d’une prédominance de « la biographie ancienne » qui inclut des éléments aux différents modèles du « roman »-romance, de la tragédie, de la satire et de l’ironie, selon la terminologie de Northrop Frye, sans oublier une composante de révélation. Cela fait peut-être beaucoup pour un genre qui a toujours trouvé sa spécificité dans la littérature universelle.

57Le chap. 2 précise l’intrigue-plot de l’évangile de Jean. Il met en évidence Prologue, « Histoires de quête »-quest stories (J. Painter), soit la mise en récits et discours d’une recherche, par exemple l’interrogatoire de Jean, qui ouvre le récit évangélique après le Prologue, « Signes », « Monologues et Dialogues », « Géographie : Galilée/Jérusalem », « Fêtes », « Le Pouvoir et les Marginaux ». L’intrigue propre à Jean contiendrait le commencement (1,1-18 ; 1,19–4,54), le Milieu (5,1–17,26), la Fin (18–21), décision pour le moins discutable et qui dépend des critères du découpage textuel. Les caractères — au sens narratif du terme — de Dieu et de Jésus constituent le contenu du chap. 3 pour céder la place ensuite aux autres caractères (chap. 4) : Les Juifs, les disciples, les caractères féminins (la mère de Jésus, la Samaritaine, Marie et Marthe, Marie-Madeleine) et deux caractères mineurs : l’aveugle-né et Ponce-Pilate, parmi d’autres possibles (p. 81).

58Le chap. 5 aborde les questions sans doute les plus délicates et les plus disputées : « Johnspeak : The Gospel’s Distinctive, Dualistic Language », que l’on pourrait traduire : « La manière johannique de parler ; l’élément distinctif de l’évangile : le langage dualiste ». Les expressions toujours évoquées en ce sens sont énumérées les unes après les autres, sans non plus prétendre à l’exhaustivité car la liste pourrait être allongée : « Appartenir à Dieu ou au Diable », « D’en haut, D’en bas (8,23a) », « Non de ce monde, De ce monde (8,23b) », « Déterminisme et décision », « Croire, Ne pas croire », « De la mort à la vie », « Lumière et ténèbre », Amour et haine », « Vérité et fausseté » (alors qu’il s’agit plutôt du rapport entre vérité et mensonge). La nécessité d’un approfondissement réflexif, sinon philosophique, se fait sentir ici plus que partout ailleurs dans l’étude, à dominante descriptive. « Dualisme » est un terme très fort, philosophiquement et théologiquement marqué, que les premiers versets du Prologue, à mon avis, conjurent d’emblée et jusqu’au bout. L’A. fait avec grande probité l’état des questions en tranchant, dans ce domaine comme dans d’autres, avec prudence et respect d’opinions multiples et diverses. On ne voit pas très bien comment souligner à ce point le caractère « dualiste » du quatrième évangile permet les ouvertures de la fin : « Postscriptum : Bonnes Nouvelles ? Lire Jean aujourd’hui dans notre monde multireligieux » (p. 218-225). C’est là aussi que la question du sens et de l’interprétation déborde les méthodes et que, jointe à la philosophie, la théologie réclame ses droits, sans céder à la spéculation (p. 148 ; bon exemple de discussion : p. 186). L’ouvrage est utile à cet égard aussi : il manifeste les lieux où les options sont inévitables, tout en étant sommées de se justifier.

59Le chap. 6 peut plus facilement rallier les suffrages parce qu’il se meut davantage au plan formel : « Raconter l’histoire : le style de Jean ». Plusieurs rubriques honorent cette approche également importante : « Quelle est l’habileté de l’auteur de l’évangile ? » — How Skillful Is the Gospel’s Author ? ; « Clarifications » — Clear Explanations, du genre de la traduction en grec de termes sémitiques ou de l’explication de coutumes religieuses (4,9) ; « Répétitions » ; « Mots ambigus », « Incompréhensions »,« Énigmes », « Ironie », « Images », bref un certain nombre de procédés, depuis longtemps répertoriés, par lesquels le message se trouve modulé. On le voit par l’ampleur des sujets abordés : la suite ne pourra qu’apporter des compléments d’information pour préciser ce projet du ou des narrateur(s)conteur(s). La documentation est sans faille, surtout du côté anglo-saxon. L’exposé est pédagogique avec annonce des développements et conclusions synthétiques. À ce titre, le livre est un modèle du genre. Il ne se limite pas à des questions d’introduction mais entre dans le vif des grands sujets abordés par l’évangile johannique.

60La deuxième partie aborde : « Jean, interprète », en deux chapitres. « Jean : interprète des Écritures et des Sources au sujet de Jésus » (chap. 7) indique les deux subdivisions qui suivent. L’interprétation des Écritures est bien prise en compte, encore qu’un principe d’organisation, présent par exemple p. 198 (Torah, Prophètes, Sagesse), mériterait d’être observé pour éviter une dissémination de citations. « Jean : interprètes (au pluriel) pour des circonstances historiques changeantes » (chap. 8) ne peut pas faire l’économie d’un rappel de la théorie bultmanienne — sujette à caution — sur la rédaction progressive du texte, pour aborder par le détail ensuite les hypothèses de J.L. Martyn et R.E.Brown. « Évaluation : questions et positions-issues », met en évidence la fragilité des preuves, par documents à l’appui, de la séparation entre la communauté johannique et la synagogue, illustrée par l’expression aposunagôgoi-« exclus de la synagogue », et liée à la birkat-haminim-« bénédiction des hérétiques ». « La résistance de l’évangile au monde de Rome » (p. 170-172) est bien rendue et partout soulignée, même si cet argument caractérise surtout l’Apocalypse. Les pièces du dossier sont bien établies en manifestant les zones d’incertitude qui demeurent encore. Ici encore, le texte johannique en appelle à l’interprétation et toute la question est de mesurer les implications pour aujourd’hui des positions que l’on adopte, notamment dans le contexte du dialogue entre Juifs et chrétiens.

61La troisième et dernière partie :« Jean, Évangéliste », revient sur la question de l’auteur et de l’autorité du texte (chap. 9). Là encore les zones d’ombre se trouvent circonscrites. « L’évangile selon Jean » est un titre — peut-être — tardif : qui le démontrera ? « Auteur ou auteurs et éditeurs », évoque la genèse progressive de l’œuvre et les hypothèses pour l’expliquer. On ne pouvait que revenir aussi sur : « Le “disciple que Jésus aimait” ». Le chap. 10 est synthétique : « Les bonnes nouvelles selon Jean ». Le pluriel est ici aussi de nouveau significatif. Il est difficile de réduire le texte à « une » bonne nouvelle. C’est cependant toujours au singulier que l’expression a circulé dans l’histoire, avec des acceptions différentes selon qu’il désigne tantôt un livre, tantôt le contenu du message de Jésus Christ, en particulier chez Paul. La christologie de Jean est centrée sur Jésus : il révèle le projet divin du don de la vie. Il faut dès lors s’expliquer sur la nécessité d’une révélation : « Pourquoi une révélation est-elle nécessaire ? Péché, Satan, Ioudaioi/“les Juifs”, le monde ». Les deux avant-derniers paragraphes sont dédiés à l’ecclésiologie : « La communauté de disciples : l’Église et l’Esprit » ; « La communauté et les sacrements » ; le dernier à : « Éthique », ce qui laisse sur une ouverture anthropologique bienvenue pour ne pas enclore l’évangile johannique dans un monde exclusivement religieux.

62C’est aussi dans ce sens que se déploie le Postscriptum. Il aurait pu être mieux amorcé plus tôt quand il s’agit de pondérer les options prises au sujet du « dualisme johannique » ; pour ma part, je l’ai toujours récusé sur la base d’un examen des textes pour battre en brèche toute dérive antisémite, inévitable à partir de telles prémisses. La bibliographie abondante et les deux index des auteurs modernes comme des sources anciennes contribuent encore à faire de ce livre aux dimensions en apparence modestes un ouvrage de référence et une synthèse remarquable. Cette copieuse recension cherche à la saluer. — Y. Simoens sj

Cassidy R.J., Christians and Roman Rule in the New Testament. New Perspectives, coll. Companions to the New Testament, New York, Crossroad Publ. Company, 2001, 23x15, xiv145 p., 25.95 $. ISBN 0-8245-1903-5

63Une collection spécialisée dans les questions posées par le NT s’interroge sur la place de la loi romaine dans les évangiles et les écrits de Paul. L’A., ancien étudiant de Berkeley, enseigne le NT au Séminaire du Christ Roi (USA). Ce livre reprend le travail de nombreuses années de familiarité avec Luc et Paul. Il procède avec clarté et méthode. Il passe en revue les caractéristiques de la loi impériale romaine durant l’époque néotestamentaire, avant de traiter systématiquement des évangiles : synoptiques, saint Jean, les Actes des apôtres, puis Paul aux Romains et la première lettre de Pierre. Il examine enfin la perspective de l’Apocalypse où est sonné le glas du pouvoir romain. Un chapitre récapitulatif reprend les traits essentiels de l’étude : persécutions romaines et stratégie des disciples chrétiens, conclusions possibles pour le troisième millénaire (rejet de la violence, retour aux évangiles, aux Actes et aux lettres apostoliques comme fondement de réflexion, évaluation des régimes politiques, focalisation sur la personne de Jésus). Un essai intéressant qui présente des perspectives éclairantes pour actualiser la situation politico-sociale des premiers chrétiens auxquels le NT était adressé avant de l’être à nous-mêmes. — J. Radermakers sj

Cazeaux J., Le partage de minuit. Essai sur la Genèse, coll. Lectio divina 208, Paris, Cerf, 2006, 23x16, 651 p., 44 €. ISBN 2-204-08049-7

64Nous avons déjà recensé plusieurs travaux de l’A., chercheur au CNRS, concernant divers livres bibliques (cf. NRT 122 [2000] 464 ; 126 [2004] 465 ; 128 [2006] 102). Nous connaissons son approche : lire l’Écriture comme un livre. Il suppose que toute la Bible a été récrite après l’exil, et dans un court laps de temps. Dès lors, la Torah et les Prophètes prennent place dans une optique précise : la critique de la royauté en tant que gestion du pouvoir par domination et violence. Ainsi l’AT équivaudrait à un plaidoyer pour la non-violence proposant un examen de conscience à toutes les nations du monde, en même temps qu’une ouverture au pardon.

65Dans cette perspective, le livre de la Genèse servirait d’introduction au Pentateuque tardivement recomposé, offrant une relecture de l’histoire du peuple afin de modérer une tentation nationaliste, qui représenterait une confiscation de la promesse faite par Dieu à Israël. L’intrusion d’une histoire royale dans le récit des origines en serait un signe manifeste. Ainsi, le double désir d’Abraham de la possession d’une terre et d’une postérité en représenterait un autre, de même que l’inversion par Dieu des prérogatives de l’aîné reportées sur le cadet.

66L’introduction donne le ton de l’ouvrage, offrant des clés d’interprétation valables pour tout le texte. Mais l’A. en répétera certaines chemin faisant, pour ceux qui ne liraient pas l’ensemble en continu. Le commentaire suit le fil des chapitres du livre de la Genèse selon un découpage en six parties : la création (chap. 1-5), l’arche de Noé (chap. 6-11), Abram-Abraham (chap. 11-24), Isaac, l’immobile (chap. 25,11-28,9), Jacob : de la magie au deuil (chap. 28,10-36), Jacob et ses fils (chap. 37-50). La conclusion reprend les choses à partir de la fin pour revenir au point initial. L’explication se déroule dans une sorte « d’analyse narrative » au sens où l’A. demeure attentif à lire le texte dans son intention profonde : purger l’homme de sa volonté de puissance pour laisser la place à Dieu et au frère. La traduction qu’il présente lui est personnelle ; elle démontre une intelligence fine et nuancée de l’Écriture que l’A. communique tout naturellement à son lecteur, même si celui-ci ne le suit pas toujours dans tous les détails de sa lecture, vraiment stimulante dans son originalité. — J. Radermakers sj

Challenging Perspectives on the Gospel of John, éd. J. Lierman, coll. Wissenschaftliche Untersuchungen zum Neuen Testament. 2. Reihe 219, Tübingen, Mohr Siebeck, 2006, 24x16, xii369 p. ISBN 978-3-16-149113-9

67Un fort intéressant recueil d’études johanniques édité par un bibliste, professeur-assistant à l’Univ. de Sioux Falls (SD, USA), groupe douze contributions de chercheurs réunis à Cambridge en 2006 sur les problèmes que pose actuellement l’évangile de Jean.

68D. Wenham (Oxford) dessine un état de la recherche johannique : histoire, contexte, communauté, sacrements, lecture narrative et théologique, puis P.W. Ensor (Cameroun) parle de l’authenticité des dits de Jésus et R. Bauckham (St André, Écosse) nous plonge dans le messianisme en Jn. Le rapport entre la destruction du temple et la composition johannique est longuement traité par A. Köstenberger (Sém. Bapt. Sud-est), tandis que A. Gregory (Oxford) reconsidère avec intelligence la relation entre Jean et Luc. Une étude de Ch.E. Hill (Orlando) s’attache à la réception de Jn au IIe s. : phobie orthodoxe ? Deux autres s’occupent de théologie narrative : M. Stibbe (Charleywood) à propos du Père, et S. Motyer (Londres) à propos de Jn 1-5. La christologie johannique obtient un apport substantiel dans la contributions de J. Lierman, et la révélation aux disciples un éclairage intéressant par G. Burge (Wheaton Coll.). Une recherche précise à propos de Nicodème (G. Renz, Londres) et une étude originale sur Jésus comme Empereur de B. Salier (Sidney) clôturent ce beau florilège. Il n’y a pas de conclusion, mais une précieuse bibliographie (30 pages) et les index habituels achèvent de donner à ce recueil sa frappe scientifique.

69Les exégètes de Jean ne manqueront pas le détour. Il en vaut la peine, car il fait heureusement le point sur l’ensemble de la recherche johannique et sur les défis qu’elle fait surgir. — J. Radermakers sj

Charland P., Le jeune Tobias et son ange. Filiation, autonomie et identité, coll. Notre Temps, Montréal, Médiaspaul, 2006, 19x13, 142 p., 13.25 €. ISBN 2-89420-688-7

70La riche et pratique collection Notre temps des éditions Médiaspaul accueille l’ouvrage d’un P. canadien franciscain qui a consacré sa thèse doctorale au livre de Tobit. Il enseigne aujourd’hui à l’Univ. de Montréal et il travaille en accompagnement spirituel au Centre de santé d’Argenteuil et au service des alcooliques et toxicomanes.

71Il nous transmet ici les fruits mûrs de son étude par la présentation dans l’actualité du message de ce « roman biblique » plein d’enseignements pour notre temps. Les grands drames psychologiques de la vie humaine s’y trouvent concentrés, et l’A. nous montre, à la faveur de cet écrit de sagesse, comment psychanalyse et théologie peuvent s’harmoniser. Après un liminaire où l’A. explique son propos, et une introduction sur l’œuvre rédemptrice du Dieu-Trinité, il nous raconte le texte biblique, avec les relations du père Tobit et de son fils Tobias, la détresse angoissée de la jeune fiancée Sarra, le voyage du jeune homme accompagné par l’ange guérisseur Raphaël. Ensuite, il réfléchit sur la filiation dans le cadre du judéo-christianisme, avant de tirer des conclusions pratiques sur « la foi qui guérit ». Une bibliographie sélective et le texte du conte biblique fournissent au lecteur des références précieuses pour continuer la méditation à laquelle nous introduit l’A.

72Les grands thèmes de ce livre sont modernes : filiation, fraternité, structuration de la personne, accès à l’autonomie, perception de la propre identité. C’est dire l’importance de ce petit livre dont profiteront les accompagnateurs des fiancés et jeunes mariés, de même que tous ceux qui animent des groupes de jeunes. Ils apprendront à réconcilier deux domaines qui semblent souvent s’opposer : théologie et psychologie des profondeurs. — J. Radermakers sj

Chennattu R.M., Johannine Discipleship as a Covenant Relationship, Peabody, Hendrickson, 2006, 23x15, 256 p., 17.99 £. ISBN 1565636686

73L’A. de cette étude sur l’évangile de Jean est une religieuse indienne, Sœur de l’Assomption, présentement chef du département d’Études scripturaires de l’Institut pontifical de philosophie et de religion à Puna (Jnana-Deepa Vidyapeeth). Elle enseigna en Inde, aux É.-U., en France, en Italie, à la Jamaïque et elle a publié divers articles et un livre de Mélanges en l’honneur du P. Francis Moloney sdb, son vénéré maître, qui préface le présent essai.

74Son sujet de thèse était la « condition » de disciple dans l’évangile johannique ; elle le reprend ici à partir des chap. 1, puis 13 à 17 et 20-21 de Jn. Un premier chapitre fait état des travaux exégétiques des 30 dernières années sur saint Jean, en particulier du point de vue de la situation du disciple dans l’évangile et dans la communauté johannique. Elle enquête ensuite sur la métaphore d’Alliance dans l’AT et la manière dont ce thème rejoint la « discipularité » ; elle remarque le rapport entre Jn 13 à 17 et Jos 24, comme renouvellement d’Alliance. Le chap. 3 fait un examen détaillé des chap. 13 à 17, montrant que l’évangéliste inclut progressivement le lecteur dans le rapport singulier de Jésus à son Père. Elle explore ensuite le motif « Alliance-disciple » dans son actualisation par l’évangéliste en Jn 20-21 et finalement le cinquième chapitre examine les implications de cette réalité dans la communauté johannique, qui devient en quelque sorte le « peuple élu de Dieu ».

75L’A. nous livre une étude pénétrante, très proche du texte de Jean et en même temps proche de la vie des communautés chrétiennes. Elle nous apprend à lire le texte de l’évangile de Jean en entrant nous-mêmes dans le cercle des disciples du Christ, ceux qu’il aimait et avec qui il noua une Alliance indélébile, prolongement de celle du Sinaï. — J. Radermakers sj

Chenu Br., I discepoli di Emmaus, 127 p., 9.50 / ; Hubaut M., La trafigurazione, 144 p., 10 / ; Marchadour A., Lazzaro, 138 p., 10.50 /(tous trois tr. F. Savoldi) ; Luneau R., Il figlio prodigo, tr. P. Crespi, coll. Itinerari biblici, Brescia, Queriniana, 2005-2006, 21x13, 156 p., 13 €. ISBN 88-399-2901-0, 88-399-2902-9, 88-399-2903-7 et 88-399-2904-5

76Les éd. Queriniana de Brescia publient en traduction italienne quelques travaux importants d’exégètes français sur des passages significatifs des évangiles. Il s’agit de monographies de bonne vulgarisation repris des éditions Bayard. Cette nouvelle collection a pour nom « Itinéraires bibliques » ; elle s’adresse à un public assez large.

77Nous saluons ici la parution des quatre premiers volumes, superbement édités, avec une reproduction artistique en couverture. Nos lecteurs italiens pourront ainsi découvrir, élégamment traduits en leur langue : Les disciples d’Emmaüs de Br. Chenu, décédé en 2003 ; La transfiguration de M. Hubaut, lui aussi journaliste à La Croix et à l’émission Le Jour du Seigneur ; Lazare, reprise en résumé de l’excellente thèse d’A. Marchadour, assomptionniste, professeur émérite à l’Université de Toulouse, spécialiste de l’évangile de Jean ; Le fils prodigue de R. Luneau, dominicain qui enseigna longtemps à l’Institut catholique de Paris, chercheur en sociologie religieuse, auteur de Jésus, l’homme qui évangélisa Dieu (Paris, 1999).

78Nous nous réjouissons du choix judicieux de ces ouvrages, parmi les meilleurs fleurons de l’exégèse française contemporaine de haute vulgarisation. Ils laissent bien augurer de la collection qui s’ouvre ainsi en force. Agréablement présentés, ces volumes donnent une bonne idée de l’exégèse évangélique actuelle. — J.R.

Chester A., Messiah and Exaltation. Jewish Messianic and Visionary Traditions and New Testament Christology, coll. Wissenschaftliche Untersuchungen zum Neuen Testament. 2. Reihe 207, Tübingen, Mohr Siebeck, 2007, 24x16, xvi-716 p. ISBN 978-3-16-149091-0

79Beaucoup plus développé et plus scientifiquement documenté, voici un monumental ouvrage sur le messianisme, rédigé par un bibliste enseignant à l’Univ. de Cambridge. L’inspirateur de cette étude est l’exégète renommé Martin Hengel, qui en a accompagné la rédaction ; la publication en est particulièrement soignée. L’A. s’est spécialisé dans la connaissance du messianisme juif de la période du Second temple ; ce volume reprend cinq essais précédemment publiés, notamment sur les rapports avec la christologie paulinienne et ses développements ultérieurs. Trois nouveaux chapitres ont été ajoutés, concernant les origines de la christologie.

80Neuf chapitres composent le volume. Après une introduction, nous trouvons une excellente mise en condition avec une approche des livres d’Hénoch et d’autres apocryphes et nous assistons à une évolution vers une christologie néotestamentaire. Ensuite est développé le thème de la résurrection avec les relectures de textes de Daniel par le judaïsme et le NT. Le chap. 4 est consacré à la littérature de Qumrân afin de dégager une définition précise du messianisme en rapport avec le temple et la Torah. Le thème des médiateurs est traité au chap. 5 : dans le judaïsme, puis dans la christologie de Paul. Le chap. 6 s’intéresse à l’eschatologie et à l’espérance messianique, dans les textes juifs et les premiers écrits chrétiens. Une étude sur les écrits sibyllins à propos du temple précède le chap. 8 consacré plus spécialement au thème de la Torah en rapport avec le Messie, d’abord dans le NT, puis dans quelques textes rabbiniques. Enfin le chap. 9 s’occupe de dégager la notion de Loi chez saint Paul à partir des expressions « Loi du Christ » et « Loi de l’Esprit » comparées à « Loi de Moïse ». Une bibliographie abondante et les index de références et de sujets complètent ce volume.

81On reste impressionné par la somme d’informations recueillies par l’A. et par le travail d’investigation persévérante qu’il a consenti, avec un réel esprit de synthèse, bien aidé par ses fils et son épouse. Les chercheurs et les théologiens qui s’interrogent sur l’évolution du messianisme juif vers une christologie néotestamentaire trouveront là une précieuse source d’information et une matière à réflexion qu’ils ne pourront quêter ailleurs. Ce volume en devient ainsi vraiment incontournable. — J. Radermakers sj

Gesù e i Messia di Israele. Il messianismo giudaico e gli inizi della cristologia, éd. A. Guida et M. Vitelli, coll. Oi christianoi 4, Trapani, Il pozzo di Giacobbe, 2006, 22x15, 205 p., 20 €. ISBN 88-87324-93-X

82Nous avons souvent simplifié l’histoire de nos origines chrétiennes. Cette nouvelle collection italienne Oi christianoi (les chrétiens) éditée par « Le puits de Jacob » éclaire pour nous l’environnement de notre berceau de foi. Les récentes recherches archéologiques et l’édition des évangiles apocryphes nous permettent de jeter un regard nouveau sur le messianisme juif et les débuts de la christologie (sous-titre du livre). Une question se pose : parmi les différents messianismes d’Israël, comment situer Jésus ? Une doctorante en théologie de la Faculté d’Italie méridionale (St Louis) enseignante à Capoue, et un professeur de littérature, docteur en histoire antique de l’Univ. Frédéric II (Naples) s’attaquent à ce délicat problème : qui est Jésus ?

83On trouve ici dix contributions sur le sujet présentées à la journée de travail de la Fac. théologique St Louis en 2006. L’introduction sur « l’idée messianique » est due à G. Jossa (Naples). La lignée davidique est traitée par G.L. Prato (Rome), les figures intertestamentaires de l’attente par P. Sacchi (Turin), puis différentes sources sont prospectées : les paraboles d’Hénoch (L. Arcari, Naples), Fl. Josèphe (D. Garribba, Naples), les auto-affirmations de Jésus (G. Barbaglio, It. Nord). Approfondissant le messianisme de Jésus, nous trouvons des premières images (E. Salvatore, Naples), « le prophète eschatologique » (C. Pagliara, Naples et Bari), les opinions anonymes du 4e évangile (A. Casalegno, Naples), l’arbre de Jessé et sa diffusion à travers l’intertextualité d’Is 11,1-5 (A. Guida, Naples et Capoue).

84Ces contributions démontrent la compétence active des chercheurs italiens et nous font avancer dans la connaissance du milieu juif palestinien beaucoup moins monolithique que nous l’imaginons. Ce livre pénétrant est bien documenté et agréablement édité. Il jette une fraîche lumière sur la complexité de l’idée messianique au tournant de l’ère chrétienne. La venue de Jésus a catalysé de manière inédite des attentes du peuple juif en train de s’ouvrir à la mentalité gréco-romaine. Bouleversement des conceptions que nous retrouvons à notre époque, d’où le bénéfice de pareille lecture, à la fois stimulante et déstabilisante : un beau florilège de mémoire messianique ! — J. Radermakers sj

Dieu agit-il dans l’histoire ? Explorations théologiques, éd. R. Mager, coll. Héritage et projet, Saint-Laurent, Fides, 2006, 22x14, 288 p., 34.95 $ can. ISBN 2-7621-2554-9

85Ce livre nous vient du Québec, publié par les éditions Fides avec l’aide financière du gouvernement canadien et de fonds de l’Univ. Laval. Il s’attache à la difficile question de l’action de Dieu dans l’histoire humaine, burinée par la souffrance. Une réflexion s’impose : Dieu intervient-il dans les agissements humains ? S’y intéresse-t-il et les sanctionne-t-il ? La prière des hommes influe-t-elle sur le comportement divin ?

86Rassemblant dix-huit communications de penseurs francophones participant au congrès de 2003 de la Société canadienne de théologie, R. Mager introduit le projet. Une « mise en route » prépare le terrain : sens de la souffrance (G. Jeliu), rencontre de la prière (Cl. Vanier), médiations humaines (R. Levac), Dieu comme en écho (M. Simard). Suit un chapitre de « problématique » : enchantement de l’histoire qui est une reprise globale avec pistes de travail (R. Mager), agir et incarnation de Dieu (Cl. Geffré). Ensuite des contextes contemporains sont évoqués : agir de Dieu, responsabilité humaine et crise écologique (A. Beauchamp), agir de Dieu dans la guerre (J.-M. Gauthier), le Dieu de Bush et des théologies contextuelles (M. Beaudin). Viennent alors des « pratiques » : pourquoi prier ? avec Marcel Légaut (J.-Cl. Breton), de la toutepuissance à l’interdépendance (S. Rousseau), Etty Hillesum : ‘ce sera à moi d’aider Dieu’ (A. Pleshoyano). Trois « discours » sont proposés aux lecteurs : Dieu qui agit, d’après G.E. Wright et P. Tillich (J. Richard), mise en discours de l’agir de Dieu en Rm 1-3 (A. Ginhac et D. Jodoin), le témoin, l’autre agir de Dieu (Th. Nadeau-Lacour). Enfin des « perspectives » sont tracées par une réflexion dynamique : foi chrétienne et problématique de l’histoire (L. Perron), sens et vérité de l’agir de Dieu (M. Allard). Une conclusion par A. Fortin résume bien l’ensemble du travail réflexif entrepris par les A. de ce passionnant volume.

87Nous savons gré à l’éditeur et aux collaborateurs de cet ouvrage de nous partager, de façon si dense, si variée, et tout à fait originale, leur effort conjugué de compréhension d’un problème qui suscite juste perception et engagement personnel. — J. Radermakers sj

Comment la Bible saisit-elle l’histoire ? XXIe congrès de l’Association catholique française pour l’étude de la Bible (Issy-les-Moulineaux, 2005), coll. Lectio divina 215, Paris, Cerf, 2007, 22x14, 296 p., 28 €. ISBN 978-2-204-08326-3

88Un sujet connexe, davantage centré sur la Bible, nous est proposé par l’ACFEB à son 21e congrès, sous la direction de Daniel Doré : De quelle histoire la Bible parle-t-elle ? Le P. J.-M. Poffet introduit le recueil, soulignant le propos spécifique du congrès. Suivent neuf contributions suggestives importantes.

89J.-L. Ska (PIB, Rome), évoquant l’histoire d’Israël, de Martin Noth à nos jours, ouvre la discussion par un problème de méthode dans un rapport entre histoire, littérature, théologie et archéologie ; une étude de base magistrale (p. 17 à 56) dont il faut noter la brûlante actualité. Suit un essai sur l’histoire deutéronomique en Josué (2,612), comme épopée de fiction, par J. Briend (Paris) (p. 57 à 71). Vient ensuite la question de la présentation catéchétique de l’histoire biblique avec ses enjeux pour une transmission juste, par F. Brossier (Paris) ; un exposé suggestif (p. 73-86). A.-M. Pelletier (Paris), intervient alors par une réflexion pénétrante sur « temps et histoire au prisme de l’écriture prophétique », insistant sur la place stratégique du livre de l’AT pour l’ensemble de la Bible juive et chrétienne ; une remarquable contribution sur un sujet qui lui est familier, démontrant une intelligence profonde de l’Écriture (p. 87-114). Ensuite, J.-M. Carrière (Paris) évoque d’une manière compétente et attachante l’écriture du deutéronomiste historien à la lumière de Jos 23, 1 S 12, 2 R 17 (p. 115-154). Th. Römer (Lausanne) se penche sur « l’histoire des Patriarches et la légende de Moïse », s’interrogeant sur la double origine de ces récits : groupes judéens et de la diaspora ; une étude précise, fort éclairante (p. 155-196). J.-D. Macchi (Genève), étudiant le processus rédactionnel du livre d’Esther, examine de quelle manière l’auteur du roman biblique écrit « une histoire perse comme un grec » : un regard hellénistique sur le pouvoir et le monde perse (p. 197-226). M.-Fr. Baslez (Paris) étudie à son tour l’historiographie biblique de l’époque hellénistique (du Second Temple), en notant la valeur de figures que prennent les personnages évoqués, sur le modèle du Pentateuque ; réécriture théologique de l’histoire (p. 227251). Enfin le théologien Ch. Théobald (Paris) tente de faire le point sur cet impressionnant ensemble. Il s’interroge sur les conditions d’une « théologie biblique de l’histoire » : un cadre culturel, un principe théologique, une approche spécifique (p. 253-279). Il s’agit en effet du rapport de la foi à l’histoire : nécessité pour la foi de s’y adosser, et en même temps d’en composer une réécriture. En guise d’« ouvertures » (p. 281-292) J.-M. Carrière reprend la plume pour tracer un bref bilan du congrès et faire percevoir la fragilité de l’expression consacrée « histoire du salut » ; il est utile de distinguer « vérité historique » et « projets divers de l’historiographie biblique » : constitution d’un monde de référence, dépassement d’un état critique de mentalité, accès à une conscience historique dynamique.

90Historien, exégète et théologien : trois personnages appelés à se donner la main dans une prise de conscience toujours plus vive des rapports entre foi et histoire dans un dialogue avec « l’opération historienne moderne ». Un livre à lire et à relire, par les théologiens et les exégètes, mais aussi par ceux qui se posent cette question incontournable de la manière dont la Bible « saisit l’histoire ». — J. Radermakers sj

Cothenet Éd., La chaîne des témoins dans l’Évangile de Jean. De Jean-Baptiste au disciple bien-aimé, coll. Lire la Bible 112, Paris, Cerf, 2005, 22x14, 151 p., 22 €. 2-204-07865-4

91Un excellent livre de réflexion et de méditation sur l’Évangile de Jean. L’A. s’attache à suivre la filière des témoins dans l’évangile johannique. Il nous conduit depuis Jean le Baptiste et son disciple qu’il a mené à Jésus, jusqu’à l’évangéliste, puis à la longue suite des lecteurs mis en présence de Jésus à travers le livre. Relisant l’évangile de Jean comme un procès fait à la foi des chrétiens, il fait saillir la profondeur de la mise en question qu’il représente pour chacun d’entre nous : un jugement de salut qui met à nu des faiblesses de notre liberté. Adossé au grand commentaire d’Augustin, il nous invite à nous mettre à l’école du témoignage du précurseur, des disciples de Jésus, et finalement du Père qui l’envoie.

92Cette relecture du quatrième évangile selon le thème du témoignage renouvelle notre manière de l’aborder et l’actualise de bonne façon : en constituant le lecteur comme témoin de la Parole aujourd’hui. Nous touchons là la préoccupation du brillant exégète qui, à l’instar de saint Augustin, manifeste ses dispositions pastorales, non seulement en captivant ses lecteurs, mais en les mettant en instance de témoigner eux-mêmes de la Parole vivante qui est Jésus. Véritable lecture spirituelle, ce livre nourrira substantiellement la foi de ses lecteurs, que nous espérons nombreux. — J. Radermakers sj

Crocetti G., Dio è Amore. Le lettere di Giovanni, coll. Bibbia e spiritualità 27, Bologna, EDB, 2007, 21x14, 207 p., 17 €. ISBN 978-88-10-21118-2

93La première des trois Lettres de saint Jean éblouit par ses affirmations merveilleuses qui condensent tout le NT, mais cette lettre présente aussi quelques difficultés ; aussi est-on heureux de lire ce commentaire pastoral mais rigoureux de G. Crocetti, religieux, docteur en exégèse et professeur d’Écriture sainte.

94La première Lettre demande qu’à l’amour de la Trinité pour le croyant réponde l’amour et la foi du croyant au sein de la communauté ecclésiale. Son genre littéraire n’est pas épistolaire mais homilétique. Elle s’adresse à une communauté particulière non précisée, en se laissant guider par les besoins de ses destinataires. Elle présente une idée, puis la laisse tomber et y revient par la suite. De là une certaine difficulté à en établir la structure. Parmi les différents structures proposées par les spécialistes, Crocetti préfère la structure ternaire, portée par trois noms divins : Dieu est Lumière (1,5-2,28), Dieu est juste (2,29-4,6), Dieu est Amour (4,7-5,12), outre un prologue et un épilogue. Une première lecture donne l’impression de nombreuses répétitions, mais en fait, Jean avance en précisant et en approfondissant son sujet.

95Jean offre ici un témoignage et une défense de la foi en opposition aux hérétiques et schismatiques qui ont quitté la communauté. Comme le quatrième évangile, les trois Lettres ont été écrites à la fin du 1er s., probablement par un disciple très proche de Jean. Les deux autres Lettres très courtes sont deux billets très johanniques. — B.C.

Das Alte Testament – Ein Geschichtsbuch ? ! Geschichtsschreibung oder Geschichtsüberlieferung im anti-ken Israel, éd. U. Becker et J. van Oorschot, coll. Arbeiten zur Bibel und ihrer Geschichte 17, Leipzig, Evangelische Verlagsanstalt, 2005, 24x16, 240 p., rel., 48 €. ISBN 3-374-02288-X

96Le titre de ce volume de Mélanges offerts à J. Conrad à l’occasion de ses 70 ans est repris à une étude de G. von Rad, « Der Anfang der Geschichtsschreibung im alten Israel », Archiv für Kulturgeschichte 32 (1944) 1-42, et republiée dans les Gesammelte Studien zum Alten Testament (München 41971) 148-188. Ce sont des professeurs de Jena qui ont projeté ce volume et il était naturel de faire référence à G. von Rad qui a enseigné dans cette Université entre 1934 et 1945. Titre, sous-titre et contenu de l’ouvrage sont révélateurs à plus d’un point de vue. Le lecteur se rendra très vite compte que la question de l’historicité des récits bibliques qui fait l’objet d’âpres débats aujourd’hui — l’ACFEB lui a consacré son dernier congrès en 2005 (cf. supra p. 326) —, n’est traitée que marginalement. L’exégèse allemande participe peu à ces discussions et elle préfère discourir sur l’histoire des textes plus que sur l’histoire tout court. Le sous-titre est indicatif à cet égard : le volume traitera beaucoup plus de Geschichtsüberlieferung que de Geschichtsschreibung. Les deux sont liés, certes, mais il faut croire que l’enquête historique est un domaine qui convient davantage à l’esprit empirique des anglo-saxons. Les neuf contributions de cet ouvrage sont assurément intéressantes une fois que l’on sait à quoi s’attendre.

97Le premier article d’O. Kaiser est consacré aux aspects théologiques du premier livre des Histoires d’Hérodote, entre autres aux problèmes du sort et de la faute. Sans rien nier de la profondeur de cet article, ce choix en dit déjà beaucoup sur l’orientation du volume. L’histoire littéraire du second Isaïe et l’histoire de la naissance du judaïsme au 5e siècle avant notre ère fournissent à J. van Oorschot l’occasion de préciser les liens entre littérature, identité et histoire dans l’ancien Israël. Von Rad, on le sait, considérait que le genre littéraire de l’histoire était né en Israël à l’époque de David et de Salomon. Dt 32 contient, selon K. Seybold, une théologie de l’histoire centrée avant tout sur les grandes crises de l’histoire d’Israël. G. von Rad fournit ici aussi le point de départ de la réflexion puisqu’il parlait, à propos du même texte, d’une « vision historique standardisée ».

98L’étude que U. Becker consacre à l’exode comme article fondamental de la foi d’Israël se résume en trois thèses principales. (1) Il est impossible de savoir avec exactitude quand est née la tradition sur l’Exode. Il est probable toutefois qu’elle ait surgi entre la fin de l’âge du bronze et le début de l’âge du fer (13e-12e siècles avant notre ère). (2) Les traditions sur le miracle de la mer (Ex 14-15) et sur la sortie d’Égypte ont été transmises séparément. Elles n’ont été unies qu’après 720, dans le royaume de Juda. (3) Après la fin de la monarchie et dans l’œuvre deutéronomiste, l’exode devient le « mythe fondateur » de la communauté croyante. Plus tard, à l’époque du Chroniste, l’exode perd de son importance. 2 S 8,2-10 contient-il un document ancien qui nous permette de retrouver la trace du royaume de David ? Selon A.A. Fischer, ce texte n’est pas un document ancien puisqu’il date de la fin de la monarchie (7e siècle) et qu’il s’inspire des inscriptions royales de l’empire néo-assyrien. Ses auteurs ont pu cependant se servir de documents remontant aux 9e et 8e siècles.

99Les dernières paroles de David (2 S 23,1-7) sont au centre de la réflexion de E.-J. Waschke. Il y voit un texte tardif qui cherche à perpétuer, à l’époque perse, le souvenir de David et à entretenir l’espoir de la restauration de son royaume. La reconstruction du temple de Jérusalem est-elle un projet de l’empire perse ou des prophètes d’Israël ? R. Lux, à la suite de Wellhausen et d’un bon nombre d’exégètes récents, met en doute l’authenticité des « documents achéménides » d’Esd 1-6. L’idéologie qui anime ces chapitres est commune à tout le Proche-Orient ancien : un dieu ordonne à un roi de construire un temple. Le second temple, selon R. Lux, doit au contraire son existence à une initiative prophétique (cf. Ag et Za). D. Mathias s’interroge sur la conception de l’histoire propre au Chroniste qu’il situe au début de l’époque hellénistique et qu’il rapproche d’auteurs de la même époque, Manéthon, Bérose et Hécatée d’Abdère. Le volume se termine par un article très intéressant de S. Böhm sur les années passées par G. von Rad à Jena. Elle parle entre autres du combat que von Rad a mené aux côtés de l’église confessante (bekennende Kirche) contre l’influence grandissante des « chrétiens allemands » (deutsche Christen) d’inspiration national-socialiste. Les articles sont suivis d’une bibliographie, mais le volume n’est muni d’aucun index, ce qui est difficile à comprendre alors que l’on dispose aujourd’hui de tous les moyens pour les composer en un tournemain. — J.-L. Ska sj

Dauxois J., Les plus belles histoires d’amour de la Bible *, Paris, Pr. Renaissance, 2006, 24x15, 307 p., 20 €. ISBN 2-85616-970-8

100La Bible à l’heure du roman. Ainsi déjà Marek Halter avait évoqué pour nous les visages bibliques de Sarah, Tsippora et Lilah (R. Laffont, 2003) ; il est juif et connaît sa tradition. Voici qu’une romancière renommée, chargée de cours à l’École Centrale de Paris, auteur de Rocaïdour, La grande Pâque russe, Charlotte Corday, Néfertiti, Marie Madeleine, Ève, Anne de Kiev, reine de France… entreprend de nous conter les aventures amoureuses, discrètes et merveilleuses ou tourmentées et scandaleuses, entre des femmes et des hommes cités dans la Bible. Elle nous avertit au départ que tout n’est pas édifiant dans leurs rapports, maisque l’Écriture les rapporte parce qu’ils s’animent sous le regard de Dieu : « Le point commun entre leurs histoires, dont quelques-unes seulement sont saintes, mais beaucoup scabreuses, sanglantes, atroces, ne tient qu’à un fil : le fil rouge de leur relation avec le Créateur. Le récit… prend son sens avec l’Incarnation du Christ, illuminateur de la foi et de ses mystères, si bien que l’on peut affirmer cette chose prodigieuse : « si l’Incarnation a bien commencé au Premier jour du monde, l’Ancien Testament manifeste l’attente de la Résurrection » (p. 11).

101Ceci dit, elle ravive notre mémoire biblique en nous parlant d’Adam etÈve, de la femme de Noé, d’Abraham, de Sarah et de Loth, d’Isaac et Rebecca, de Jacob, Léa et Rachel, de Dinah, de Joseph et de la femme de Putiphar, de Samson et Dalila, pour finir par la délicieuse idylle de Ruth et de Booz. Par ce biais du roman, gageons que de nombreux lecteurs retrouveront le chemin de la Bible pour y redécouvrir ce délicat fil rouge indiquant comment l’amour divin traverse nos histoires humaines. — J.R.

David P., Job ou l’authentique théodicée, coll. Bible et philosophie, Paris, Bayard, 2005, 18x13, 129 p., 15.90 €. ISBN 2-227-47028-3

102Le livre de Job est-il une œuvre philosophique ou théologique ? Ou bien une théodicée ? C’est la question que nous livre l’A. en nous en faisant une lecture originale. Professeur de philosophie à l’Université de Brest, ouvert à la lecture biblique et à la littérature gréco-latine, il a traduit aussi, en tant que spécialiste, des philosophes allemands comme Schelling, Nietzsche et Heidegger. Il nous fait parcourir à grandes enjambées l’histoire de la réception du livre de Job, à travers Maïmonide, saint Thomas d’Aquin, Spinoza, Kant, Heidegger et Herman Cohen.

103Le livre se referme sur cette déclaration de Karl Barth : « Dieu ne répond pas aux questions de Job car Dieu lui-même constitue la réponse ». Un livre passionnant et stimulant qui ouvre les perspectives habituelles des biblistes. Il fera réfléchir maint lecteur sur le sens de l’interpellation de Job, celui-ci ne devenant vraiment intelligible qu’à la lumière du Christ. Une leçon d’herméneutique par l’histoire des commentaires ! — J. Radermakers sj

David R., Déli_l’Écriture. Paramètres théoriques et pratiques d’herméneutique du procès, coll. Sciences bibliques 17, Montréal, Médiaspaul, 2006, 22x14, 275 p., 22.60 €. ISBN 2-89420-697-6

104Le titre et le sous-titre de cet ouvrage demandent explication, que l’A. nous fournit dès les premières pages. Les quatre premières lettres évoquent les cinq chapitres du livre : Délimitations, Délie l’Écriture, Délis l’Écriture, Délie l’Écriture et Délit d’Écriture : un jeu de mots pour instaurer une manière nouvelle d’aborder les textes de ce que l’A. appelle Première Alliance. On pourrait ergoter sur ce terme, mais on est interpellé par la manière dont l’A. nous saisit dans notre lecture souvent sclérosée de la Bible. Il enseigne à la Faculté de théologie et de science des religions de l’Univ. de Montréal et s’intéresse à « l’herméneutique processuelle », entendant par là une réflexion théorique accompagnée de huit démarches pratiques d’analyse visant à stimuler la rencontre créatrice entre d’anciens textes et les lecteurs s’interrogeant sur leur pertinence pour aujourd’hui. Bref, une lecture « interactive » de l’Écriture.

105Si l’on refuse de se laisser effaroucher par ces prolégomènes, on fera connaissance avec le groupe NEXUS (Nouvelle Exégèse Universitaire Scientifique) et l’on entrera dans les arcanes de la méthode et le jargon un peu compliqué de l’A. L’aventure n’est pas évidente ; qu’on en juge plutôt : « L’Entité divine n’a pas le choix d’offrir le meilleur, sinon elle irait à l’encontre de la vie qui la définit fondamentalement. L’entité actuelle a le choix, elle, d’opter pour le non-fondamental d’elle-même et de tomber dans la trivialité, le superficiel, la non-vie, le chemin de mort » (pris au hasard, p. 114). Je me permets de douter que l’A. puisse atteindre son but, qui serait de permettre « à chacun »d’aborder les Écritures d’une manière créatrice. Mais en définitive, est-ce que nous avons à ramener à nous la Parole de Dieu, ou bien à nous accorder à elle ? Bref, un livre plutôt inutilement difficile. — J.R.

de Ena J.-E. ocd, Sens et interprétation du Cantique des Cantiques. Sens textuel, sens directionnels et cadre du texte, coll. Lectio divina 194, Paris, Cerf, 2004, 22x14, 441 p., 28 €. ISBN 2-204-07295-8

106Cet important volume, le no 194 de la collection Lectio divina qui en fait la consécration, est le fruit du travail d’un jeune frère carme qui a abouti à une thèse de doctorat remarquée soutenue à Strasbourg en novembre 2001, entreprise sous la direction des Pr. J. Rouiller et A. Schenker. Dans le sillage d’A.-M. Pelletier, qui défendit à Rome une thèse brillante sur la réception du Cantique dans la tradition judéo-chrétienne (1989), l’A. se pose la question : « Pourquoi et comment un seul et même texte peut-il donner lieu à des interprétations aussi diverses, voire si contradictoires ? » (p. 14). D’où son hypothèse de travail : la multiplicité des interprétations ne serait-elle pas porteuse de sens pour le Cantique lui-même ?

107Il construit sa démarche en trois étapes. Le conflit des interprétations du Cantique mène à une interrogation sur la notion de « sens du texte » (p. 94). Ayant éclairé l’enjeu du débat, il analyse à travers six auteurs diverses situations herméneutiques : trois commentaires anciens : Origène, Guillaume de Saint-Thierry et Jean de la Croix, et trois interprètes modernes : Othmar Keel (érotique), Gianfranco Ravasi (symbole) et André Robert (allégorie). La troisième partie est une application herméneutique à trois passages significatifs du Cantique : examen du titre (Ct 1,1) et du prologue (Ct 1,2-4), puis du triple refrain adressé aux filles de Jérusalem (Ct 2,7 ; 3,5 ; 8,4).

108Quel est le bilan de ce travail ? « Offrir quelques règles herméneutiques sur ‘le mode d’emploi’ de la ‘clé du sens’ en rendant compte de ce qui provoque le conflit des interprétations autour du Cantique » (p. 403).

109Ouvrage austère mais plein d’intérêt qui donne à penser à partir des réflexions herméneutiques de l’A. C’est donc moins une recherche du « sens » que des possibilités variées de sens qu’éclaire chacune des interprétations proposées au cours de l’histoire, et dans certaines limites infranchissables, sous peine de provoquer des contresens. Cette étude intéressera surtout les exégètes et les passionnés d’étude du langage interprétatif, philosophes ou théologiens. Il constitue ainsi un complément réflexif au remarquable essai d’A.-M. Pelletier sur le Cantique (1989). — J. Radermakers sj

de Laconis Th., Sanglante Bible. Faits divers et faits de guerre dans l’Ancien et le Nouveau Testament, coll. Énigmes et polémiques, Paris, Grancher, 2006, 22x14, 214 p., 15.50 €. ISBN 2-7339-0985-1

110La Bible est pleine de sang. Si nous l’avions oublié, le film de Mel Gibson La passion du Christ s’est chargé de nous le rappeler. Mais au fait, nous en trouvons autant dans nos gazettes et nos journaux télévisés. Caïn, en effet, ne cesse de passer dans l’épaisseur et l’horreur de nos histoires humaines. Alors, pourquoi la Bible détaille-t-elle cette réalité malheureusement quotidienne, depuis que l’homme existe, et pourquoi ce livre l’accentue-t-il encore ?

111Or la Bible montre comment Dieu — et non pas les idées que les hommes se font de lui ou les images de violence qui leur hantent le crâne — assume toute cette cruauté des hommes afin de les inviter à construire avec Lui un monde de justice et de paix.

112Alors, fallait-il écrire un livre qui épingle les histoires sordides des couples, des frères et sœurs, des familles, des communautés et des sociétés, des nations : faits divers et faits de guerre ? Ou bien est-ce là l’histoire d’une traversée libératrice : celle de Dieu qui épouse un peuple violent et prend corps pour subir victorieusement en solidarité avec les humains cette violence, hélas fatale, et affirmer ainsi qu’elle n’est pas inéluctable, mais que seule l’entente et la compréhension mutuelle correspondent à son projet créateur et rédempteur ? Mais pour le saisir, il faut lire la Bible en totalité narrative.

113Pourquoi, malgré son humour, l’A. — dont le prénom signifie « don de Dieu » — est-il si laconique à propos de sa catharsis personnelle qui l’a poussé à publier cet essai ? Et pourquoi, de surcroît, nous afflige-t-il d’un index des faits sanglants de la Bible, en évitant de nous fournir le fil rouge — ou peut-être doré ? — biblique qui les récupère pour les sauver ? Tirés de leur contexte, ces extraits nous choquent et nous posent question. Mais s’ils viennent de la Bible, ils ne sont pas la Bible. Ils nous invitent à la lire, non en fondamentalistes, mais pour y découvrir un message de miséricorde. D’où la nécessité d’apprendre à bien l’entendre : votre manière de lire vous révélera ce que vous faites de vos instincts meurtriers. — J.R.

de l’Épine Th., Dieu a planté sa tente parmi nous. Les sacrements et le Mystère Pascal dans l’Évangile de Jean, coll. Cahiers de l’École cathédrale 71, Paris, Parole et Silence, 2005, 21x14, 122 p., 14 €. ISBN 2-84573-332-1

114Les sacrements de la vie chrétienne sont bien autre chose que des rites accompagnant les grandes étapes de l’existence du croyant. Ils réalisent l’action vivifiante du Ressuscité en nous. Le grand témoin de l’incarnation du Fils de Dieu dans notre monde, Jean l’évangéliste, en déploie la genèse tout au long de son œuvre. C’est ce que l’A., prêtre du diocèse de Paris, responsable de catéchèse, actuellement curé de la paroisse des artistes Saint-Roch et aumônier de l’École du Louvre, nous manifeste dans ce petit volume dédié à son maître et accompagnateur Mgr D. Pézeril.

115Après avoir présenté les « sept signes » de Jésus selon l’évangile johannique, l’A. explique le signe de Cana comme annonce du mystère pascal, puis il développe les signes eucharistiques groupés aux chap. 4 et 6 (guérison du fils de l’officier royal, multiplication des pains, marche sur les eaux). Il aborde ensuite les signes du baptême (guérisons du paralysé et de l’aveuglené, résurrection de Lazare) aux chap. 5, 9 et 11. Le lavement des pieds (chap. 13) vient conclure cette éclairante monographie. — J.R.

Delorme J., Parole et récits évangéliques. Études sur l’évangile de Marc, coll. Lectio divina 209, Paris, Cerf, 2006, 23x16, 326 p., 28 €. ISBN 2-204-08242-2

116Qui ne connaît l’exégète renommé qu’était Jean Delorme, prêtre savoyard décédé le 30 août 2005 à l’âge de 85 ans, à la suite d’une pénible maladie ? D’abord professeur au séminaire d’Annecy, il nous a appris à lire l’Écriture en nous enseignant la sémiotique, méthode en laquelle il excellait dans ses cours aux Facultés catholiques de Lyon et dans ses groupes bibliques. Cofondateur du Cadir (Centre pour l’Analyse du Discours Religieux) et de la revue Sémiotique et Bible, il a animé de nombreuses sessions dans plusieurs pays européens et outre-mer et formé quantité d’étudiants et d’étudiantes à la lecture des évangiles, de saint Marc surtout : en 1972, il ouvrit la série des Cahiers Évangile par un excellent commentaire de cet évangile.

117Le présent volume, présenté par J.-Y. Thériault, rassemble onze études où nous sommes heureux de retrouver un commentaire de passages choisis parmi les plus importants de Marc, en attendant le grand commentaire que nous prépare pareillement l’exégète québecois, collaborateur de Sémiotique et Bible.

118Attirons ici l’attention sur les deux premiers articles de ce recueil : « Lire dans l’histoire. Lire dans le langage », sur la perspective propre de J.D. et « Ouverture et orientation du livret de Marc (1,1-15) », qui donne sa position par rapport à Mc. Suivent des explications de Mc 1,21-28 ; 6,1-6. 14-29 et 5356 ; puis de 8,12, de 9,14-29, 10,13-16 ; 14,1-11 et 16-25, avec une bibliographie sélective des travaux sémiotiques de J.D. depuis 1976.

119Ces différentes contributions à l’exégèse de Mc, difficilement accessibles pour la majorité des lecteurs, présentent un aperçu significatif de l’œuvre remarquable de l’exégète éminent qu’était J.D., de l’originalité de son approche des textes et de son interprétation, à la fois rigoureuse et hautement spirituelle. La collection Lectio divina lui rend hommage par la publication de cet excellent recueil, en avant-première du commentaire annoncé et attendu. Les exégètes en savent gré au présentateur et aux éditeurs.— J. Radermakers sj

de Peretti A., Essai sur l’humour du Christ dans les Évangiles, Paris, Cerf, 2004, 20x13, 360 p., 29 €. ISBN 2-204-07480-2

120Tour à tour ingénieur, professeur, formateur de chercheurs, conseiller de ministres de l’éducation, auteur d’oratorios et de pièces de théâtre, polytechnicien et docteur ès lettres et sciences humaines, l’A. a un sens aigu du paradoxe et de l’humour. Sa capacité à Penser l’hétérogène (DDB, 1998) lui a forgé cette acuité du regard capable de déceler à toutes les pages des Évangiles ces légers décalages dans l’expression, ces situations « comiques », ces contrastes parfois « choquants » auxquels une lecture trop sage ou routinière nous a rendus insensibles. Certes, l’A., dans un savoureux « propos d’avant-propos », s’autorise de l’« humour juif » (citant Marc-Alain Ouaknin et Dory Rotnemer) et évoque, en pince sans rire, le sérieux « de la nature mature de l’humour ! » (p. 43).

121Il reste que la démonstration de l’A. nous a paru un peu laborieuse malgré les innombrables points d’interrogation et points d’exclamation qui ponctuent son commentaire qu’il qualifie lui-même de « baroque ». À la manière d’un Rembrandt, celui-ci débusque, en « ombres et lumières », les mouvements tantôt graves, tantôt joyeux voire « gouailleurs » des paroles et gestes de Jésus. L’enjeu, finalement, est d’élaborer un concept, un « paradigme » (p. 133), de l’humour qui nous aidera, peut-être, « à circuler de façon suffisamment avertie (futée ?) dans la luxuriance, simple et déconcertante, des parcours évangéliques » (p. 133).

122Il ne s’agit pas d’un travail d’exégèse. On ne fera donc pas à l’A. un mauvais procès et on admettra que, pour son propos, il puisse avoir recours tantôt à une traduction, tantôt à une autre. Un lexique modeste clôt cet ouvrage qui se propose à qui ne connaîtrait rien ou peu des Évangiles. Leur découverte fera-t-elle sourire ? C’est à chacun d’en faire l’expérience. Le Jésus qui se profile ici est en tous cas divinement humain et familièrement aimable. — J. Burton sj

Derrenbacker R.A. Jr, Ancient Compositional Practices and the Synoptic Problem, coll. BETL 186, Leuven, Univ. Press / Peeters, 2005, 24x16, xxviii-290 p., 80 €. ISBN 90-429-1637-0

123Cet ouvrage reprend le texte remanié d’une thèse doctorale défendue à l’Univ. St-Michel de Toronto en mai 2001 sous la direction du Dr J.S. Kloppenborg par un jeune chercheur de Vancouver, marié et père de deux enfants. Dans ce livre savant précédé d’une abondante bibliographie spécialisée, l’A. se propose de revoir le problème synoptique des évangiles d’une manière nouvelle et originale, en poursuivant la suggestion d’une autre dissertation sur le sujet par T.R.W. Longstaff (Missoula, 1977), lequel préconisait une comparaison avec des procédés en usage chez les auteurs anciens gréco-romains.

124L’A. consacre donc la 1e partie de son ouvrage aux anciens modèles de composition en vue d’une production littéraire, et notamment la manière dont ces auteurs rassemblaient et utilisaient leurs sources. Il plonge ainsi dans Pline, Tacite, Denys d’Halicarnasse afin de mieux percevoir le travail de « mémoire » des textes. Il tente alors de percevoir le travail d’adaptation que pareils auteurs opèrent vis-à-vis de leurs sources : l’Anabase d’Alexandre par Arrian, les Antiquités romaines de Denys, Dion Cassius ou Philostrate sont cités comme témoins du chassé-croisé de ces modes d’adaptation qui manifestent un profond remaniement des sources. Une seconde partie consiste en un examen précis de trois hypothèses concernant le problème synoptique à la lumière des éléments recueillis dans la 1e partie : Neo-Griesbach, Farrer-Goulder et la classique hypothèse des deux documents de base. Marc est-il le résumé de Lc et Mt, ou bien Lc utilise-t-il Mc et Q différemment de Mt ? Arrivé à ce point de son travail, l’A. suggère aux chercheurs une manière de poursuivre la recherche, tout en fournissant dans de précieux appendices des comparaisons suggestives. Est-il parvenu à une solution convaincante ? Ce n’était pas son propos, mais il a certainement ouvert la problématique et l’a en quelque sorte débloquée de son enfermement par l’introduction d’une nouvelle perspective de recherche prenant en compte la comparaison avec des documents non bibliques. La méthode est intéressante ; elle fera réfléchir les chercheurs ultérieurs, invités désormais à envisager cette hypothèse. Affaire à suivre. — J. Radermakers sj

Deselaers P. – Sattler D., « Sia fatta luce ! » Il messaggio dei testi biblici della creazione, tr. D. Pezzetta, coll. Itinerari biblici, Brescia, Queriniana, 2007, 21x13, 122 p., 10.50 €. ISBN 978-88-399-2907-5

125En 40 « fiches », Deselaers et Sattler, professeurs de théologie à Münster en Westphalie, offrent une mosaïque de l’œuvre créatrice de Dieu sans se limiter à la Genèse. Le thème de la création traverse toute la Bible. Les A. procèdent avec des questions telles que : Pourquoi existe-t-il quelque chose ? Quel était le dessein divin ? Comment vivre avec les souffrances qui nous attendent ? Le bien finira-t-il par dominer ?… C’est à ces questions que la Bible tente de répondre, mais avec des textes conditionnés par les cultures d’époques différentes.

126L’ouvrage est divisé en quatre parties : au début, tout est lumière ; avec le temps, survient l’obscurité ; chaque jour peut pointer une nouvelle lumière ; à la fin, tout deviendra lumineux. Une page initiale présente chacune de ces quatre parties. 40 chapitres de 2 à 4 pages proposent d’abord le texte puis une explication simple, claire et riche. C’est là un modèle d’explication biblique simple et profonde, fruit d’une longue étude et de méditations personnelles. — B.C.

Di Pede E., De Jérusalem à l’Égypte ou le refus de l’Alliance (Jr 32-45), coll. Connaître la Bible 45, Bruxelles, Lumen Vitae, 2006, 21x15, 79 p., 10 €. ISBN 978-2-87324-294-7

127Le livre de Jérémie contient une particularité : à côté des oracles du prophète se trouve une séquence en prose de 13 chapitres biographiques liés à sa mission. Ce récit apparaît peu ordonné à nos esprits modernes. L’A. de cette étude, docteur en théologie et licenciée en philologie biblique de l’Univ. catholique de Louvain, chargée de recherche au FNRS et d’enseignement à l’Univ. de Louvain-la Neuve, entreprend une analyse narrative de ces chapitres qui en fait saisir la cohérence.

128Celle-ci se résume dans l’attention que le Seigneur prend pour son peuple Israël constamment rétif à l’Alliance, jusqu’à se fier davantage à l’Égypte qu’à son Dieu, tombant ainsi dans un nouvel esclavage. Le prophète lui-même sera entraîné en Égypte où il disparaîtra définitivement. L’A. nous apprend à relire ce texte avec une attention redoublée, alertée par les moindres signes de la composition. C’est le résumé d’une remarquable thèse publiée en 2005 par les Beihefte Alttestamentliche Wissenschaft. En six chapitres, nous refaisons le parcours du prophète, de Jérusalem en Égypte : annonce de jours meilleurs, rétrospective pour éclairer la situation présente, passion de Jérémie et chute de Jérusalem, refus de la restauration, refus définitif de la Parole, finalement, inversion de l’économie du salut.

129Un livre attachant, fort éclairant sur la façon dont la Bible « saisit l’histoire » à la fois collective — celle de Jérusalem et du peuple — et personnelle — celle de Jérémie. L’A. excelle à nous placer au cœur de la situation vécue à l’époque. Elle nous fait percevoir jusqu’à quel point le refus du peuple révèle le nôtre propre. Une remarquable introduction au livre prophétique de Jérémie ! — J. Radermakers sj

Dunn J.D.G., Unity and Diversity in the New Testament. An Inquiry to the Character of Earliest Christianity, Third Edition, London, SCM Press, 2006, 24x16, lv-520 p., 24.99 £. ISBN 0-334-02998-8

130L’A. de ce volumineux ouvrage — qui en est à sa 3e édition — est un exégète anglais de renommée mondiale, héritier des grands scholars de la première moitié du XXe siècle. Spécialiste du NT, il enseigna à l’Université de Durham pendant de nombreuses années et publia une quantité impressionnante de livres et d’articles sur les évangiles, les lettres de Paul, la théologie des débuts du christianisme. Le présent livre est fondamental, car il montre comment, dès le commencement de l’ère chrétienne, le même message du Christ a été compris et exprimé sur des modes divers, signe sans doute de sa divine origine dépassant nos perceptions humaines incapables de synthétiser parfaitement une révélation qui vient d’en haut. Écrite une première fois en 1976, cette étude exemplaire a tenu la route pendant trente ans, la deuxième édition de 1990 n’ayant guère changé la donne. Aujourd’hui cependant, l’A. a revu son texte sans en modifier la disposition et sans prendre en compte l’immense littérature parue récemment sur le sujet. Les modifications importantes sont indiquées dans la 3e préface ; elles ne touchent pas la christologie, mais davantage la position morale des évangiles en rapport avec la loi juive ; il eût été souhaitable de consacrer plus de place aux démêlés de Paul avec la Torah et la situation des premières communautés en rapport avec la politique ou les codes éthiques entre citoyens, tant à l’intérieur qu’au dehors des cercles d’Église. L’A. en convient lui-même.

131Rappelons les jalons essentiels de l’étude : Unité dans la diversité – Diversité dans l’unité. L’A. passe en revue les diverses versions du kérygme, les premières formules confessionnelles, le rôle de la tradition et l’utilisation de l’AT, la conception des ministères, du culte, des sacrements, l’Esprit Saint et le Christ. Il caractérise ensuite la chrétienté d’origine juive et celle issue de l’hellénisme, en considérant aussi la chrétienté apocalyptique, de façon à camper un portrait du catholicisme naissant. Sa conclusion touche l’autorité du NT.

132Ce remarquable volume n’a rien perdu de sa fraîcheur, celle-ci venant surtout de l’émergence du Christ annonçant le Royaume au Ier siècle de notre ère. Les étudiants auront à cœur de le consulter après l’avoir lu en entier. Il leur apprendra plus que de nombreuses lectures moins solides. Les professeurs seront heureux de retrouver l’exégète à la fois savant et simple, direct, dans son expression : un vrai théologien exégète. Nous rendons hommage aux initiateurs de cette nouvelle édition, décidément incontournable. — J. Radermakers sj

Ferrari P.L., La « Dei Verbum », coll. Interpretare la Bibbia oggi 1.1, Brescia, Queriniana, 2005, 21x14, 269 p., 15 €. ISBN 88-399-2451-5

133L’A. est prêtre de l’Italie du Nord, ancien étudiant de l’Institut biblique de Rome, actuellement délégué épiscopal pour la pastorale en Lombardie et tout ensemble enseignant bibliste à l’Univ. catholique de Milan et rédacteur en chef de la revue Parole de Vie. Il présente ici la constitution de Vatican II sur la Révélation divine et l’inspiration de l’Écriture. Il trace brièvement l’historique du texte et passe en revue les différents points qui y sont développés, à l’occasion du quarantième anniversaire de sa publication : la révélation et sa transmission, l’inspiration des livres sacrés et la constitution du canon de la Bible, AT et NT, l’Écriture dans la vie de l’Église, puis la réception du document. Nous avons là un excellent vade mecum qui introduira les étudiants de langue italienne à une réflexion en profondeur sur la nature, l’importance et le contenu de ce document incontournable. Il valait la peine d’y revenir afin de sensibiliser à nouveau le peuple chrétien à l’actualité de la Bible. — J.R.

Ferro A., Teologia ed ecclesiologia di 1 Gv 5,1-13, coll. Dissertazioni 3, Caltanissetta, Pont. Fac. Teol. di Sicilia San Giovanni Evangelista, 2004, 24x17, 289 p.

134Une thèse éclairante mais un peu ardue sur un passage important de la 1e lettre de Jean. Elle concerne en particulier les trois témoins de Jésus cités par Jean : l’Esprit, l’eau et le sang, dont il affirme qu’ils ne font qu’un. Qu’en tirer pour la christologie et l’ecclésiologie ? Une étudiante de la Faculté théologique de Sicile s’est attaquée à cette question avec beaucoup de rigueur et de soin.

135Elle consacre une première partie à présenter la théologie trinitaire de 1 Jn en détaillant les relations intra-trinitaires, en marquant la fonction de l’Esprit Saint et en insistant sur l’unité de l’interrelation. Une seconde partie examine comment l’ecclésiologie johannique découle de cette présentation : unité de la communauté et des relations entre les membres ; connotation sotériologique sacramentelle de cette communauté ; explication des expressions johanniques et finalement une visionglobale de l’Église selon Jean. L’A. conclut en manifestant la réciprocité des relations dans la Trinité, et par conséquent dans le corps ecclésial.

136Une belle étude de théologie biblique qui intéressera les théologiens et les spécialistes de Jean. — J.R.

Fitzmyer J.A., Gli Atti degli Apostoli, Introduzione e commento, tr. E. Gatti, coll. Commentari biblici, Brescia, Queriniana, 2003, 23x16, 913 p., 75.00 €. ISBN 88-399-1132-4

137Nous avons recensé ce commentaire monumental lors de sa parution dans la collection américaine The Anchor Bible (cf. NRT 122 [2000] 472) : l’explication historico-critique du texte s’y déroule avec rigueur et probité. On connaît en effet la solidité et l’acribie des travaux de l’A. et son immense connaissance tant des Écritures que de la tradition juive. Nous savons qu’il fait confiance à l’historicité de Luc, tout en reconnaissant la réinterprétation théologique que le rédacteur fait de ses sources, ce qui est courant dans le récit des Actes. La traduction italienne s’avère fidèle et précise, la bibliographie est reprise sans révision et sans mise à jour, mais des cartes ont été ajoutées en fin de volume ; la fine typographie est un peu moins claire que dans l’édition américaine. Nous sommes heureux de voir traduite en italien cette œuvre remarquable d’un vétéran de l’exégèse, l’un des meilleurs biblistes de notre temps, qui fut pendant longtemps professeur de Sciences bibliques à la Catholic University of America ; pourront ainsi en profiter nombre d’étudiants des Universités romaines et italiennes. — J.R.

Frederick Field’s Prolegomena to Origenis Hexaplorum quae supersunt, sive veterum interpretum graecorum in totum Vetus Testamentum fragmenta, transl. and ann. G.R. Norton with the collab. of C. Hardin, coll. Cahiers de la Revue Biblique 62, Paris, Gabalda, 2005, 24x16, 204 p., 35 €. ISBN 2-85021-167-9

138Les Hexaples d’Origène sont, comme chacun sait, un monument de la critique textuelle datant du 3e siècle et perdu en grande partie au 7e siècle. Ils étaient composés de six colonnes, comme le dit leur nom grec : (1) le texte hébreu en caractères hébreux, (2) le texte hébreu translittéré en grec, (3) la traduction grecque d’Aquila, (4) celle de Symmaque, (5) la version de la Septante (LXX) et (6) la traduction grecque de Théodotion. Il ne nous en reste que des fragments. Le pasteur anglican F. Field publia en 1875, c.-à-d. peu avant sa mort, une édition de ces fragments qui fait encore autorité aujourd’hui et qu’il accompagna d’une longue introduction écrite en latin. Vu l’intérêt de cette introduction, G.R. Norton a décidé d’en publier une traduction anglaise.

139Dans la préface, G.R. Norton explique l’importance des Hexaples et de l’œuvre de F. Field. Les Hexaples nous renseignent sur l’histoire de la transmission de la traduction grecque de la Bible entre le premier siècle avant J.-C. et le troisième siècle après J.-C. Aujourd’hui, la traduction de la LXX connaît un énorme regain d’intérêt car il s’avère de plus en plus clairement qu’elle a été faite sur un texte hébreu généralement plus ancien que le texte massorétique. Les manuscrits de Qumrân, ceux des grottes du désert de Juda, le Pentateuque Samaritain sont d’autres textes qui enrichissent nos connaissances sur la formation de la Bible et sur les formes textuelles différentes du texte massorétique.

140Les Hexaples nous renseignent aussi sur les discussions entre juifs et chrétiens à l’époque d’Origène, sur l’exégèse patristique et sur le texte hébreu pré-massorétique. Dans son édition des fragments, Field intègre une nouvelle série de textes grecs en se basant surtout sur les travaux de Holmes et Parson. En second lieu, il identifie une série de lectures hexaplariques dans les anciennes traductions syriaques, entre autres la fameuse version syro-hexaplaire faite à Alexandrie entre 615 et 617 et dont le manuscrit le plus important se trouve à Milan (Codex Syro-Hexaplaris Ambrosianus 313inf). Une reproduction lithographique de ce manuscrit parut en 1874. F. Field eut une abondante correspondance avec Ceriani qui travaillait sur ce codex. F. Field est intéressant à plus d’un point de vue. C’est lui, p. ex., qui nota pour la première fois l’influence d’Homère sur la traduction grecque d’Aquila. Il pense aussi que la septième colonne qui aurait contenu la traduction grecque d’Origène lui-même n’a jamais existé ou s’est perdue à tout jamais. La traduction en anglais de la préface du travail de F. Field n’est en fait que la première étape d’un projet beaucoup plus vaste, celui d’une nouvelle édition complète des Hexaples. Les universités de Leyde et d’Oxford se lancent dans cette vaste entreprise. Voilà donc un ouvrage qui ne pourra que réjouir le spécialiste en la matière. — J.-L. Ska sj

Froment-Meurice H., Les femmes et Jésus, Paris, Cerf, 2007, 20x11, 129 p., 12 €. ISBN 978-2-204-08343-0

141Les femmes accompagnent Jésus dans l’évangile. On a déjà beaucoup écrit sur ses rapports avec elles. Dans cet opuscule, un ambassadeur de France, engagé dans les relations internationales avec la Russie et l’Europe, se penche à nouveau sur cette question. Il y jette une lumière intéressante, en connaisseur non spécialisé, mais fasciné par les textes sacrés tant du NT que de l’AT, apocryphes compris.

142Un parcours de onze chapitres suggestifs : Marie, Élisabeth, les veuves, les « autres », apôtres et disciples, puis le point de vue de Paul et un message pour aujourd’hui. Bref, un hymne évangélique à la louange de la femme, et de sa place dans le cœur de Dieu et l’amitié de Jésus. Réconfortant pour les femmes… et les hommes. — J.R.

Fumagalli A. – Manzi Fr., Attirerò tutti a me. Ermeneutica biblica ed etica cristiana, coll. Trattati di etica teologica, Bologna, EDB, 2005, 21x14, 482 p., 39 €. ISBN 88-10-50545-X

143Deux A. se mettent d’accord pour tenter d’articuler la lecture de l’Écriture et la réflexion morale. Le premier, docteur de la Grégorienne, est directeur de section de la faculté théologique de l’Italie du nord et professeur à l’Inst. des sciences religieuses de Milan et auteur d’ouvrages de morale. Le second est docteur de l’Institut biblique pontifical et de Marianum ; il enseigne l’hébreu et l’Écriture au séminaire de Milan et à la fac. théol. de l’Italie du nord, lui aussi auteur de différents travaux d’exégèse.

144Le propos du livre est résumé dans la parole de Jésus en Jn 12,32 : « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tout à moi ». Les A. ont choisi de prendre la Bible comme « poétique », c’est-à-dire inspiratrice d’un agir à inventer sans cesse à partir du dynamisme de la révélation. Une 1e partie est consacrée à la poétique biblique et à son attractivité dans un chemin progressif attentif aux deux Testaments. La deuxième partie, beaucoup plus brève, s’attache à construire une « éthique biblique » : responsoriale, c’est-à-dire interpellant le lecteur ; l’invitant à réagir à l’Esprit saint, en conformité avec le message de Jésus et la dynamique chrétienne.

145Le parcours est intéressant, mais l’explication apparaît assez compliquée, insuffisamment décantée. On pourrait résumer : laisser l’Esprit de Jésus agir dans notre liberté humaine grâce à la force attractive de la Parole de Dieu, révélée dans l’AT et accomplie dans l’acte pascal du Christ, seul sauveur de l’homme, auquel elle inspire un agir créateur qui fait appel à la responsabilité personnelle. — J. Radermakers sj

Fusco V., Euanghelion. Discussioni neotestamentarie, éd. G. Ancona, coll. Quaderni della Riv. di scienze religiose 3, Roma, Vivere in, 2005, 24x17, 450 p.

146Mgr Vittorio Fusco, évêque de Nardò-Gallipoli dans les Pouilles et directeur de l’Inst. théologique de Molfetta, est décédé le 11.7.99 après une pénible maladie. Professeur de NT et spécialiste des évangiles, il a laissé un abondant héritage scientifique, dont nous trouvons ici un florilège édité par G. Ancona, dans les Cahiers de la Revue des sciences religieuses de l’Université théologique des Pouilles.

147Quatre parties composent ce recueil de l’éminent professeur. La 1re, consacrée à l’apocalyptique et l’eschatologie, fait état des recherches actuelles dans le domaine, puis s’interroge sur le rapport de Jésus avec l’apocalyptique ; il développe une brève discussion sur ce thème avec J. Carmignac. La 2e partie parle de Jésus et la tradition évangélique : Jésus historique et Jésus terrestre – Jésus et la Loi – La tradition du discours missionnaire dans les Synoptiques – Les travaux de Balthasar Labanca et les études du NT en Italie – L’évangile et l’histoire de Jésus chez Wrede – Bilan et prospective des recherches sur le Jésus de l’histoire (avec bibliographie). Une 3e partie développe la question du « protocatholicisme » ; celui-ci est étudié à partir de – Käsemann au cours d’une discussion fort intéressante, puis l’A. profite de l’occasion pour refaire un bilan des études sur le sujet, depuis F. Baur jusqu’à W. Marxsen. Enfin la 4e partie examine les relations entre l’exégèse historique et l’herméneutique théologique ; après une courte étude sur H. de Lubac et l’unité des deux Testaments, l’A. parcourt un siècle d’exégèse historico-critique dans l’Église catholique (18931993) : un résumé intelligent et bien documenté, copieusement annoté.

148Il eût été dommage de laisser ces documents dans des cartons. Rendons hommage à Mgr Fusco pour le travail constructif et opiniâtre consenti jusqu’au bout de ses forces. Son intérêt allait surtout vers le Jésus historique ; il nous en donne ici le témoignage indiscutable. — J.R.

Gargano I., Lectio divina sui Vangeli della Passione. La passione secondo Luca, coll. Conversazioni bibliche, Bologna, EDB, 2007, 19x12, 142 p., 11.50 €. ISBN 978-8810-70997-9

149Une excellente collection italienne des éditions Dehoniane de Bologne présente les textes évangéliques de la passion, sans doute prémices de nos évangiles. L’A. en est le P. I. Gargano, religieux camaldule, qui enseigne la patrologie à la maison de formation du monastère Saint-Grégoire au Celio (Rome), à l’Inst. pontifical oriental et au Biblique. Il a publié divers travaux patristiques, et notamment une vingtaine de volumes d’initiation à la Lectio divina (1988-2007).

150Il nous propose ici une étude de spiritualité évangélique à partir de la passion lucanienne. Trois parties divisent cet essai, après une introduction sur la préparation de la Pâque. La première (Lc 22,1-53) va de la trahison de Jésus à son arrestation dans le jardin de Gethsémani, où Jésus se livre à la trahison. La deuxième (Lc 22,54–23,25) décrit les scènes nocturnes, de l’épreuve de Jésus à l’interrogatoire du grand prêtre et à la comparution devant Pilate. La troisième (Lc 23,26-52) est consacrée à la contemplation de la mort en croix et au mystère de la miséricorde offerte par le Crucifié à l’humanité.

151L’A. excelle à approfondir le sens littéral de chaque séquence évangélique, en faisant jouer l’intertextualité de l’AT. Ce petit volume servira utilement à la préparation des offices de la Semaine sainte : simplicité, profondeur, justesse de ton en sont les qualités majeures. — J.R.

Grammatica intellectio Scripturae. Saggi filologici di greco biblico in onore di Lino Cignelli ofm, éd. R. Pierri, Jerusalem, Franciscan Printing Press, 2006, 24x17, 386 p. ISBN 965-516-071-8

152Le P. Cignelli, professeur de patristique et de théologie dogmatique à Assise, au Studium franciscain et au séminaire régional, a enseigné ensuite le grec biblique au Studium franciscain de Jérusalem. C’est en son honneur que ce recueil multilingue a été composé par les soins du P. Pierri, franciscain enseignant actuellement à Jérusalem. Il contient une vingtaine de contributions d’un grand intérêt. Après une note biobibliographique du P. Cignelli par G.C. Bottini, nous trouvons des articles sur des particularités de la langue de la Koinê. Suivent des articles ayant trait à la traduction en grec de textes hébraïques. Enfin des contributions touchant Paul et l’Apocalypse. Cet ouvrage, hautement scientifique, ravira les spécialistes, attirant l’attention sur des curiosités, des apories ou des variantes textuelles curieuses. Il témoigne en tout cas de l’attachement de disciples reconnaissants à leur vénéré maître linguiste, maintenant émérite. — J R.

Grelot P., The Language of Symbolism. Biblical Theology, Semantics, and Exegesis (2001), tr. Chr.R. Smith, Peabody, Hendrickson, 2006, 22x14, vii-238 p., 11.99 £. ISBN 1-56563-989-8

153Signalons la traduction de l’excellent ouvrage de P. Grelot dont nous avons fait l’éloge précédemment (cf. NRT 127 [2005] 456). Réjouissons-nous de voir ainsi multiplié le nombre de ses lecteurs, surtout dans le monde anglophone. — J.R.

Grilli M., Quale rapporto tra i due Testamenti ? Riflessione critica sui modelli ermeneutici classici concernenti l’unità delle Scritture, coll. Epifania della Parola 10, Bologna, EDB, 2007, 21x15, 220 p., 19 €. ISBN 978-88-10-40238-2

154L’A. enseigne l’exégèse du NT à l’Univ. Grégorienne de Rome. Sa thèse sur les rapports entre Mt 18 et Ac 1-3 fut publiée en collaboration à Stuttgart en allemand (2004), et un essai sur la solidarité dans l’évangile de Luc à Estella, en espagnol (2005). La question majeure des exégètes, déjà touchée par Vatican II dans Dei Verbum, est celle des rapports entre l’Un et l’Autre Testament, qui n’est pas toujours bien perçu par les exégètes néotestamentaires. L’A. s’y affronte avec compétence et brio, encouragé par le P. Roland Meynet et Cordula Langner.

155Après une importante introduction sur les implications théologiques et herméneutiques du problème, il développe son sujet en trois points : le premier étudie le rapport AT/NT dans la tradition chrétienne d’après quatre modèles différents : conflictuel, typologique, promesse-accomplissement, historico-salvifique. Le deuxième montre, à la faveur de textes d’Écriture, comment s’articulent les thèmes essentiels sur l’Alliance nouvelle et ancienne en Jr 31,31s., dans la formule eucharistique, en 2 Co 3,1-18 et dans la lettre aux Hébreux. Puis il reprend la typologie des deux Alliances en Ga 4,21-31, et il parle de l’accomplissement en Mt 5,17-48. Enfin il approfondit le thème de l’histoire du salut dans les écrits de Paul et de Luc. Le troisième point fait quelques observations critiques à propos des quatre modèles considérés, et il conclut sur un modèle dialogique entre l’un et l’autre Testament.

156Une réflexion intelligente, parfois un peu embrouillée, qui rendra de bons services surtout aux étudiants en théologie, en raison de ses analyses de péricopes et de son excellente information. — J.R.

Groupe de recherche ASTER, Le déluge et ses récits : points de vue sémiotique, Québec, Pr. de l’Université Laval, 2005, 23x16, 190 p., 17 €. ISBN 2-7637-8265-5

157Le groupe ASTER (Atelier Sémiotique des Textes Religieux) est formé des chercheurs canadiens de langue française qui s’intéressent aux diverses interprétations que certaines grandes thématiques bibliques ont pu susciter au cours des âges. La lecture, en effet, « ne consiste pas à décoder un contenu figé, supposé universel ou non, elle est d’abord, en relation avec le contexte qui la détermine et l’alimente, une énonciation renouvelée et transformatrice », selon D. Bertrand cité p. 3. La méthode adoptée est celle de Greimas « nouvelle manière », c.-à-d. une sémiotique qui explore davantage les passions et les émotions alors que la première s’est surtout caractérisée par le « carré sémiotique ». Le volume comprend une introduction de P. Daviau (Saint-Paul, Ottawa), huit contributions, une bibliographie, mais aucun index, ce qui ne rend pas ce volume très « convivial ».

158J.-Y. Thériault paraphrase le texte biblique de Gn 6–9 en utilisant, le cas échéant, les catégories de la sémiotique. En conclusion, il affirme que le déluge n’est pas l’occasion d’une nouvelle création, mais plutôt d’une régénération et d’un renouvellement de la création. C’est la nouvelle de Roger Caillois, intitulée Noé, qui retient l’attention d’A. Mercier. Dans ce récit, R. Caillois adopte un point de vue « rationaliste » et montre que le récit du déluge est traversé par l’arbitraire, entre autre celui du châtiment collectif. C’est le désarroi et la révolte du « juste Noé » qui devient le centre de réflexion plus que le tumulte des eaux. La nouvelle de Jules Supervielle, L’Arche de Noé, adopte quant à elle une tonalité bouffonne, comme le souligne F. Fortier ; elle décrit le déluge « comme une parenthèse dans l’histoire du monde, sans motivation ni sanction, qui annihile les repères cognitifs au profit d’une saisie strictement sensible, où l’on voit sans comprendre, ni même s’interroger » (p. 71).

159Avec A. Fortin, nous passons à la Cité de Dieu d’Augustin d’Hippone dont elle offre une lecture sémiotique du chap. 15. Il y entrevoit les linéaments d’une théorie de l’interprétation qui annonce certaines herméneutiques subjectivistes modernes. É. Pouliot nous emmène encore davantage en arrière dans le temps puisque nous relisons avec lui l’épopée de Gilgamesh. Ce vieux récit contient une critique voilée de dieux fort capricieux qui croient contrôler le monde. I. Dalcourt revient à l’époque contemporaine avec la lecture d’un texte philosophique, « Causes et raisons des îles désertes » de Gilles Deleuze. Cette lecture, assez compliquée, se termine par cette phrase caractéristique : « La figure des îles — plus précisément de leur devenir — dessine les conditions ontologiques d’une véridiction indécidable » (p. 131). Le roman de Ch. Frenette, La terre ferme, utilise le déluge comme toile de fond d’un drame familial, le suicide de deux frères et la quête d’une jeune fille (M. Poirier). Enfin, J. Pierre a choisi le roman de J.M.G. Le Clézio, Le déluge. Il montre que le vieux récit biblique sert avant tout à démonter toutes nos certitudes. Le lecteur trouvera dans ce volume du bon et du meilleur. Ce dialogue interdisciplinaire est toutefois d’un grand intérêt même s’il faut sans doute regretter un certain « solipsisme méthodologique ». — J.-L. Ska sj

Grün A., La vostra gioia sia piena. Il messaggio di Paolo ai cristiani di Filippi, tr. D. Pezzetta, coll Itinerari biblici, Brescia, Queriniana, 2006, 21x13, 92 p., 8 €. ISBN 88-399-2905-3

160Une méthode pour méditer l’Écriture afin d’en vivre au quotidien en s’immergeant dans la Parole. Le moine de l’Abbaye de Münsterschwarzach (Allemagne), bénédictin et psychologue bien connu, auteur de nombreux ouvrages de spiritualité, nous présente ici la lettre de Paul aux Philippiens découpée en 40 brèves méditations. Dans son épître, Paul invite à nous unir à Jésus de sorte que nous ayons en nous les mêmes sentiments et que nous participions vraiment à sa mort et sa résurrection. L’A. nous propose ici un itinéraire de joie intérieure substantiel et revigorant. — J.R.

Guerra Suárez L.M., El Caballo blanco en el Apocalipsis (6,1-2/19,1116) y la presencia de Cristo Resucitado en la historia. Investigación teológico-bíblica, thesis doctoral Pont. Univ. Gregoriana, Las Palmas de Gran Canaría, Inst. Sup. de Teología, 2004, 24x17, 764 p., 25 €. ISBN 84-607-8636-6

161Dans sa présentation élogieuse de cette thèse volumineuse dont il fut directeur, U. Vanni sj, professeur à la Grégorienne, note qu’on redécouvre aujourd’hui l’Apocalypse avec son sens profond et son langage symbolique. G.S. a choisi d’étudier deux textes cruciaux, objets de controverses. Il a inventorié les sens que les différents auteurs leur ont donnés au cours de 20 siècles, puis présente leur synthèse et une évaluation nuancée du message pour aboutir à une interprétation théologique convaincante.

162Dans la conclusion de ce travail minutieux d’analyse et de critique d’Ap 6,1-2 et 19,11-16, l’A. déclare que le symbole du cheval blanc et de son cavalier est une image qui sert à faire une lecture croyante de l’histoire et une confession de foi christologique. Les deux textes se complètent dans le déroulement du récit et font l’unité de la seconde partie du livre inspiré. Le cavalier représente le Christ qui juge l’histoire, mais le sens est moins clair en 6,1-2 ; tout invite cependant à unir les deux textes et leurs symboles, même si ce point a fort divisé les commentateurs au cours des siècles. Le XXe s. a tout compliqué en multipliant les interprétations. Ce travail propose une nouvelle piste d’interprétation et explique la nécessité de joindre les deux textes pour avoir une interprétation correcte de l’ensemble.

163En Ap 6, le premier sceau concerne le Christ Sauveur qui, par la puissance de sa résurrection devient artisan d’une histoire nouvelle en ce monde où le bien et le mal s’affrontent. Il ouvre une espérance pour la communauté chrétienne persécutée. La relation entre les chap. 6 et 19 montre la victoire du Christ dans l’histoire. On y décèle une progression voulue et une clarification du sens symbolique. L’Apocalypse est une théologie de l’histoire réalisée à partir de la foi en Jésus-Christ au milieu des conflits historiques. Ap 19 explicite et approfondit Ap 6 (« un vainqueur venu pour vaincre »). La résurrection du Christ qui chevauche l’histoire pour perfectionner la création est la clé essentielle pour analyser les événements de notre communauté et manifeste la seigneurie de Dieu et le salut dans l’histoire, mais de façon progressive.

164Le sens de l’Apocalypse vaut pour toutes les époques où la communauté chrétienne affrontée à ses difficultés s’interroge sur le sens de l’histoire. C’est un message d’espérance qui présente l’histoire humaine comme inscrite dans le dessein de Dieu. À l’heure où l’on voit s’écrouler la foi de beaucoup et croître l’indifférence religieuse, il est bon de relire ce livre plein d’espérance, non pour se consoler, mais pour agir avec le Christ toujours à l’œuvre ici-bas. — B. Clarot sj

Hogeterp A.L.A., Paul and God’s Temple. A Historical Interpretation of Cultic Imagery in the Corinthian Correspondence, coll. Biblical Tools and Studies 2, Leuven, Peeters, 2006, 25x17, xv-483 p., rel., 65 €. ISBN 90-429-1722-9

165Une magnifique thèse de doctorat défendue à l’Univ. de Groningen (Hollande) le 29 janvier 2004, et préparée dans le cadre du Hebrew Union College de Cincinnati. L’A. est marié, professeur de grec hellénistique à l’Univ. de Groningen. Sa thèse touche un thème important dans la théologie de Paul, et il le traite de manière ample et fouillée.

166Une introduction fait l’état de la question parmi les chercheurs anciens ou modernes. Ensuite une 1e partie s’interroge sur la manière dont le judaïsme envisage le Temple depuis l’époque des Maccabées jusqu’à sa destruction ; trois chapitres lui sont consacrés : le culte et les écoles, la littérature de Qumrân, les débuts du « mouvement-Jésus » (chap. 1 à 3). Dans une deuxième partie, nous découvrons les relations de Paul avec le judaïsme contemporain : étude de l’éducation et du milieu pharisiens, examen de l’influence exercée sur Paul par la culture juive et de l’interprétation scripturaire de son temps (chap. 4 et 5). La 3e partie, qui cerne davantage le propos de l’A., s’attache à dégager l’image cultuelle telle qu’elle apparaît dans la correspondance de Paul avec les Corinthiens : quelles sont les données du corpus paulinien à propos du culte, en notant les variantes entre les épîtres ; comment se présente l’image du Temple dans la théologie de 1 Co ; comment se profilent l’image cultuelle et le rapport entre le Temple et la vie chrétienne dans 2 Co (chap. 6 à 8). Un résumé de la thèse et des conclusions boucle ce remarquable développement, qui se poursuit par une riche bibliographie, un index des auteurs cités et des tables de références très précises. Bref, une thèse modèle et de surcroît superbement éditée.

167Que retenir de cette enquête érudite et minutieuse ? Avant tout, le passage qu’opère la pensée théologique de Paul entre les célébrations cultuelles du Temple de Jérusalem et les expressions des sources juives à ce sujet, et la réalité (et pas seulement la métaphore !) de l’assemblée du peuple chrétien — et de chacun de ses membres — comme « Corps du Christ ». C’est particulièrement vrai pour la communauté de Corinthe si divisée, que Paul invite à l’unité. L’A. montre bien les différentes médiations religieuses et culturelles qui ont permis à Paul d’élaborer cette perspective et qui y ont collaboré. Cette thèse apporte un complément précieux à la théologie du Corps du Christ. — J. Radermakers sj

Il Diavolo e l’Occidente, éd. P. Capelli, coll. Biblia, Brescia, Morcelliana, 2005, 22x16, 158 p., ill., 12.50 €. ISBN 88-372-2096-0

168Le Diable : quelle est la consistance de cette personnification des forces mauvaises qu’expérimente l’homme, jusqu’à devenir l’ennemi no 1 de Dieu et des humains ? Un congrès consacré à « l’histoire du Diable en Occident » eut lieu à Bologne en mai 2003. L’excellente collection de « thèmes bibliques » nommée Biblia en présente ici les contributions ; P. Stefani en écrit la préface.

169Suivent différents travaux qui, pris ensemble, donnent une bonne idée de la recherche actuelle. P. Xella débute par « l’archéologie du Diable » dans la littérature ancienne du Proche-Orient et d’Iran (avec bibliographie) ; les origines de la typologie diabolique s’y trouvent esquissées. Un article de P. Capelli nous parle des « métamorphoses du Diable dans la littérature juive ancienne » ; il présente l’album familial du personnage et les divers rôles qu’il assume, depuis le serpent jusqu’au ministère public du tribunal céleste : prince des ténèbres et tentateur de l’humanité. L’A. y dessine les avatars de la conception juive, tandis que E. Manicardi entreprend de nous décrire « le Diable dans l’AT » : un sommaire de démonologie, comprenant aussi les exorcismes des évangiles qui font de Jésus le Victorieux du mal. Deux théologiennes : M.G. Mara analyse brièvement le thème de « la lutte contre le démon » dans le monachisme ancien et A. Cini Tessinario reprend pour nous les linéaments de sa thèse doctorale (Antonianum, 1984) consacrée à une « relecture de l’enseignement récent de l’Église à propos du Diable » travail intéressant et bien mené. Ensuite C. Prandi étudie les « figures du démoniaque en notre temps », à la frange de la théologie et de la science, en mettant l’accent sur le malaise intérieur éprouvé par l’homme devant le mal extérieur qui atténue la responsabilité humaine. C.G. de Michelis traite du « Diable dans les écrits de Dostoïevski » ; une autre théologienne, I. Zilio-Grandi, esquisse un portrait du Diable dans la tradition de l’Islam : le Coran présente une étrange figure du Tentateur, Satan ou Iblis, tandis que P. Arata, critique d’art, présente en quelques pages avec illustrations bien choisies une iconographie du diable saisissante et fort instructive pour la théologie (avec bibliographie).

170Essai suggestif qui demande des lecteurs courageux et curieux. — J. Radermakers sj

« Il vostro frutto rimanga » (Gv 16,16). Miscellanea per il LXX compleanno di G. Ghiberti, éd. A. Passoni DellAcqua, coll. Ass. Biblica Italiana – Supplementi alla Rivista Biblica 46, Bologna, EDB, 2005, 24x16, 387 p., 35 €. ISBN 88-10-30234-6

171Belle synthèse sur les sujets traités, cet hommage à G. Ghiberti offre aussi un excellent bulletin de santé sur la recherche italienne dans ces domaines, même si des auteurs d’autres nationalités interviennent. L’éditrice du recueil présente d’abord une biographie et une bibliographie de l’exégète et du pasteur, connu pour ses responsabilités à l’égard du suaire de Turin. Une vie bien remplie !

172Pour honorer le terrain de prédilection de Mgr Ghiberti, la première partie, « Littérature johannique », G. Biguzzi commence par aborder : « I “segni” giovannei », puis, dans l’ordre : G. Borgonovo, « Calendario e feste nel Quarto Vangelo. Un tentativo di spiegazione » ; M. M. Morfino, « Tradizioni targumico-midrashiche e middot rabbiniche nel Quarto Vangelo » ; M. Nobile, « Le citazioni di Zaccaria nel Vangelo di Giovanni » ; A. Niccacci, « Logos e Sapienza nel Prologo di Giovanni » ; G. Segalla, « Luoghi della memoria del discepolo amato (Gv 1,28 ; 3,23 ; 10,40-42) » : un essai stimulant pour concilier rigueur historique et créativité littéraire, à la lumière des travaux de P. Nora sur « lieux de la mémoire » ; M. Girard, « Cana ou l’“heure” de la vraie noce (Jean 2, 1-12). Structure stylistique et processus de symbolisation » ; F. Manzi, « Resa credente o resistenza incredula al segno di Lazzaro » ; R. Vignolo, « Il Quarto Vangelo in due parole. In margine ai macarismi giovannei (Gv 13,17 ; 20,29) », suggestif dans la finesse de ses analyses ; J. Beutler, « Levatevi, partiamo di qui » (Gv 14,31). Un invito a un itinerario spirituale ? » ; G. Giurisato, « Il comandamento di Gesù e l’odio del mondo » (Gv 15,9-17.18-25), à l’aide de la méthode de « colométrie », appliquée à 1 Jn ; C. Mazzucco, « Allora lo consegnò a loro perché fosse crocifisso » (Gv 19,16a), bonne riposte aux émissions Corpus Christi qui ne semblent pas connues ; G.C. Bottini, « Peccato e intercessione in 1 Gv 5,16-17. Dalla struttura al messaggio » ; U. Vanni, « L’attesa della venuta di Cristo nell’Apocalisse come motivazione morale », belle synthèse sur un sujet central ; C. Doglio, « Il Crito risorto “principe” dei re della terra. Il titolo cristologico di Ap 1,5a ».

173Dans la deuxième partie : « Judaïsme et Nouveau Testament », parmi les contributions de L. Troiani sur les Antiquités juives, G. Scarpat sur 4Mac 7,3, G. Jossa sur Mc 12,35-37, R. Fabris sur l’épître de Jacques, C. Wolff sur la résurrection du Christ en 1 P, G. Marconi sur 2 P, on retiendra surtout la belle étude synthétique de R. Penna, « Le costruzioni del verbo pisteuô nel Nuovo Testamento ».

174La troisième partie : « Lectures de la Bible dans l’Église », nous vaut d’intéressantes considérations de P. De Benedetti, « Del tradurre la Scrittura. Ovvero alla ricerca dei sensi perduti », puis de E. Manicardi, « La Sacra Scrittura nella liturgia. Operatività ed efficacia » ; J. Schlosser revient sur un argument analogue : « Christologie du Nouveau Testament et liturgie ». E. dal Covolo, « Argomentazioni patristiche sulla verità. “Ego sum via et veritas” (cf. Gv 14,6) in Origene e Agostino » offre une recherche brève mais riche sur un sujet important. F. Montagnini clarifie le sujet des charismes : « Appunti sui carismi » ; C. Ghidelli, « Il cristianesimo come “eresia”. Alla ricerca dello specifico cristiano » et enfin A. Moda, « Gesù e le donne. Qualche pista metodologica ». Un Index des citations bibliques et des auteurs facilite la consultation de ce tour d’horizon peu commun. — Y. Simoens sj

Imagery in the Gospel of John. Terms, Forms, Themes, and Theology of Johannine Figurative Language, éd. J. Frey, J.G. Van der Watt, R. Zimmermann, coll. Wissenschaftliche Untersuchungen zum Neuen Testament 200, Tübingen, Mohr Siebeck, 2006, 24x17, xi-495 p., rel. ISBN 978-3-16-149116-0

175Du 30 juillet au 1er août 2005 s’est tenue une conférence à Essenach en Thuringe, près de Wartburg où Luther traduisit le NT. Le sujet en était « le langage imagé des écrits johanniques », remarquablement riche, malgré un vocabulaire assez simple. Nous pouvons en profiter aujourd’hui, grâce à cette palette de coloris que nous offrent 17 collaborateurs de renom.

176Une introduction de R. Zimmermann (Bielefeld) précise le propos, puis les articles du recueil sont groupés en deux parties : Termes, genres littéraires, méthodes – Textes, thèmes théologie. La première traite des termes grecs et des symboles qu’ils expriment : paraboles, signes, comparaisons, métaphores, les « je suis », l’Agneau de Dieu, la Vigne, le Pain de vie ; les auteurs en sont : H.W. Attridge, R. Hirsch-Luipold, U. Poplutz, S. Petersen, J. Zumstein, P.N. Anderson, F. Siegert, J.T. Nielsen. La seconde dégage les soubassements théologiques des représentations mentionnées dans le quatrième évangile : les images de Dieu (M.M. Thompson), le champ sémantique royal (U. Busse), la symbolique associée à Jean-Baptiste (M.L. Coloe), le manger et le boire en Jn 6,35 (P. Maritz et J.G. Van Belle), l’image du berger appliquée à Pierre (D.F. Tolmie), l’évocation de l’Église en Jn 21,1-14 (R.A. Culpepper), la condition humaine (C.R. Koester), l’imagerie comme éthique vive (J.G. Van der Watt). Les éditeurs de ce précieux florilège ont préservé pour nous des contributions importantes, fruit d’une active collaboration entre exégètes de diverses nationalités.

177Ce très intéressant volume manifeste la richesse et la profondeur de la recherche actuelle dans le domaine du langage symbolique, où excelle l’évangile johannique. Il stimulera le travail exégétique et théologique. Soulignons le soin éditorial qui fait honneur aux éditions Mohr Siebeck pour le 200e volume de la collection : un outil de qualité pour la recherche ! — J. Radermakers sj

Imatge de Déu, éd. A. Puig i Tàrrech, coll. Scripta biblica 7, Tarragona, As. bíblica de Catalunya, 2006, 24x16, 332 p. ISBN 84-8415-841-1

178Toutes les réalités du monde matériel ou de la sphère spirituelle nous arrivent en images, et celles-ci sont nécessairement anthropologiques. Or la Bible nous dit que l’homme est créé « à l’image de Dieu », et saint Paul affirme que Jésus Christ est l’icône parfaite du Dieu invisible. Ce recueil d’études touchant ce sujet, publié dans la collection d’écrits bibliques de l’abbaye de Montserrat, est édité en catalan (avec résumés en anglais), ce qui réduit le nombre des lecteurs potentiels.

179Il contient onze contributions. La première traite de l’image de Dieu comme concept ambigu (J. Ferrer), et la deuxième, de l’homme comme image de Dieu (Gn 1,26), suivie d’une autre sur l’absence de cette expression chez les prophètes (T. Solà). Dans la même ligne, le Ps 8 exalte la présence de Dieu dans l’homme (M.Cl. Solé). Nous arrivons à la tradition juive avec la représentation de l’homme comme image de Dieu chez les Tannaïtes (E. Cortès), tandis que C. Huerta i Vallès nous parle de Jésus comme parfaite image de Dieu, et que A. Borrell poursuit en considérant les croyants comme les images du Christ, d’après Col 1,15, et que J. Cervera s’attache à décrypter l’expression de l’épître aux Hébreux 1,3 : « effigie de sa substance ». L’éditeur de ce beau volume A. Puig i Tarrech interroge l’Apocalypse sur ce qu’il y a « derrière l’image » : la relation terre-ciel. J.-V. Niclós Albarracín examine la distinction entre « image » et « ressemblance » dans le judaïsme (spécialement dans le midrash, chez Rachi et dans la Kabbale), le christianisme (notamment chez S. Thomas) et l’islam (chez les interprètes du Coran). Un magnifique florilège qu’on aimerait plus accessible, car il semble fort précis et admirablement fouillé. Merci aux collaborateurs et à l’éditeur. — J.R.

Keener Cr.S., 1-2 Corinthians, coll. The New Cambridge Bible Commentary, Cambridge, UP, 2005, 23x16, xii299 p., 35 £. ISBN 0-521-54243-X

180Commentaire classique, mais combien utile pour les étudiants, et les lecteurs désireux de prendre le pouls de l’échange de courrier entre Paul et la communauté de Corinthe qu’il a fondée ! Ce volume est le 5e publié dans la collection des nouveaux commentaires bibliques de Cambridge (N.C.B.C.) qui continuent de répondre au but visé : rendre service au plus grand nombre en fournissant des commentaires de qualité accessibles et précis tout ensemble. Celui-ci est signé par un professeur de NT à l’Univ. de l’Est de l’Angleterre, qui a déjà de nombreux ouvrages à son actif, dont un commentaire de Jean et un de Matthieu.

181L’A. suit le texte des deux lettres de Paul, après les avoir introduites et montré les relations de Paul avec cette communauté. Il présente une bibliographie de base et il se réfère souvent à d’autres chercheurs. Le commentaire est sobre, car il va à l’essentiel, mais il est complet et d’une écriture alerte. Des encadrés d’un grand intérêt parsèment les explications, soit pour « ouvrir des horizons », soit pour « serrer le texte de plus près ». Les index des auteurs et des références permettent un maniement facile. Bref, une belle réussite que nous sommes heureux de recommander. — J.R.

Kelly H.A., Satan : A Biography, Cambridge, Univ. Pr, 2006, 23x15, xiii360 p., 35 £. ISBN 0-521-60402-8

182Il peut paraître saugrenu d’écrire une « biographie » de Satan. S’inspirant de R. Miles, qui écrivait naguère une biographie de Dieu, notre A., professeur émérite de l’Univ. de Californie à Los Angeles (UCLA), qui a déjà publié sur « le diable » et s’est spécialisé dans l’étude du Moyen-Âge et de la Renaissance, plaide ici pour le retour au Satan des Écritures pour éclairer la manière dont ce personnage a été perçu dans l’histoire de l’interprétation. La couverture de son livre et une quinzaine d’illustrations dans le corps du volume montrent comment les artistes au cours des ans ont imaginé la figure du Satan.

183Cinq chapitres composent ce volume superbement édité. Le premier prospecte l’arrière-fond hébraïque, avec l’ânesse de Balaam, le livre de Job et la prophétie de Zacharie, puis les traditions en sens divers et les apocryphes : Enoch, Jubilés, Qumrân. Le deuxième chap. s’attaque au NT : saint Paul et ses lettres, les quatre évangiles, les épîtres apostoliques et surtout l’Apocalypse, avec un portrait composite du personnage. En intermède, un court troisième chap. présente le serpent du péché originel face à Adam, avec un aperçu sur l’équivalent Iblis dans le Coran. Le quatrième chap. examine la chute de Lucifer et sa « remontée » dans une relecture de l’Écriture par la Tradition chrétienne ; l’A. y voit une « nouvelle biographie » de Satan, puis il analyse les rapports entre Satan et la race humaine (face au Christ et aux saints) avant de considérer la thématisation de Satan chez saint Thomas d’Aquin, puis dans le cadre de la sorcellerie, avant de visiter la littérature et les arts à propos de cet ennemi de l’humanité. Enfin, le cinquième chap. s’intitule « Satan dans le monde moderne », avec le double problème de la tentation et de la possession ; il interroge encore les mystifications dans le cadre de la Réforme (avec Schleiermacher), et les différentes manières d’appréhender aujourd’hui cette figure troublante.

184Ce livre, intelligemment construit comme une biographie, avec un bel esprit de synthèse, remarquablement documenté, constitue une mine incontournable de renseignements pour qui s’intéresse à cet être mystérieux représentant la puissance du mal, toujours présent face à Dieu et menaçant notre existence et notre environnement. Ses métamorphoses au cours des siècles ne peuvent nous laisser indifférents. — J. Radermakers sj

Sánchez Navarro L., « Venid a mí » (Mt 11,28-30). El discipulado, fundamento de la ética en Mateo, coll. Studia theologica Matritensia 4, Madrid, Fac. Teol. San Damaso, 2004, 23x17, 366 p. ISBN 84-96318-05-2

185Voici une thèse défendue à l’Institut biblique pontifical de Rome le 28-102003 par un religieux disciple des Cœurs de Jésus et de Marie, sous la direction des P. Kl. Stock et R. O’Toole. Il nous offre un travail judicieusement conduit et composé avec grand soin, imprimé dans une graphie agréable et rédigé de façon claire et pédagogique. L’objet de la thèse : trois versets de Mt à la fin du chap. 11. L’A. se penche ainsi sur la situation du disciple dans l’évangile matthéen, pour en dégager une « éthique », entendant par là : connaissance du bonheur et rectitude de l’agir. La méthode s’inspire de l’analyse narrative, avec structure du texte et contexte biblique.

186La 1ère partie traite de la grande invitation du Christ : examen du texte, dans le genre appel/promesse, qui implique une intime communion entre Jésus et son disciple. La 2e partie s’attache aux textes de l’évangile apparentés à la péricope, comme éléments de structure de la grande invitation, et notamment les « béatitudes ». La 3e partie reprend l’ensemble de l’évangile de Mt sous l’angle de l’apprentissage de la relation filiale à l’école de Jésus. Bref, l’éthique proposée par le Maître à ses disciples est celle d’une communion fraternelle avec Jésus dans la conscience vive de notre divine filiation.

187Un excellent travail, modèle d’exégèse précise, suggestif de l’implication du chrétien dans la théologie de « l’être disciple ». La bibliographie et les index donnent à l’essai sa touche scientifique indispensable. Substantiel et dynamisant ! — J. Radermakers sj

Kim J.R., « Perché io sono mite e umile di cuore » (Mt 11,29). Studio esegetico-teologico sull’umiltà del Messia secondo Matteo. Dimensione cristologica e risvolti ecclesiologici, coll. Tesi Gregoriana – Serie Teologia 120, Roma, PUG, 2005, 24x17, 329 p., 22 €. ISBN 88-7839-031-3

188Une religieuse coréenne, conseillère générale de la congrégation des Sœurs missionnaires du Sacré Cœur de Jésus, est l’A. de cette thèse de l’Université Grégorienne, pratiquement sur le même sujet que la précédente : « Parce que je suis doux et humble de cœur » (Mt 11,29). Elle fut défendue en décembre 2004 sous la direction des Pr. M. Grilli et R. Meynet. Le sujet touche l’appartenance de l’A. à sa famille religieuse, mais aussi l’attitude préconisée par le bouddhisme.

189L’A. l’introduit par l’état de la recherche sur l’humilité et la douceur de Jésus, puis elle présente sa méthode qui unit critique historique et littéraire. Son travail comporte deux parties : analyse du texte et appropriation par le lecteur, puis son interprétation avec synthèse théologique.

190Le 1er chap. nous mène du début de l’évangile au discours sur la montagne, puis on passe à la fin du chap. 11, avant de découvrir au chap. 12 la figure du Serviteur obéissant. Les textes auxquels s’attache l’A. sont analysés soigneusement, avec une attention aux vocables utilisés par Mt. La 2e partie, résolument théologique, est consacrée à l’humilité du Messie dans la tradition juive, milieu culturel de Mt. C’est la partie la plus intéressante et la plus originale de la thèse, qui parcourt une portion du judaïsme souvent méconnue par les commentateurs. À partir de cet examen minutieux et riche, l’A. dégage le portrait du Messie davidique, Fils de Dieu et révélateur du Père, Seigneur de sa communauté ecclésiale : christologie d’en haut « corrigée » par Mt grâce à la figure du Serviteur obéissant et miséricordieux, s’identifiant aux petits.

191Une thèse de valeur tant par sa finesse exégétique que par ses conclusions pastorales. Travail intelligent, bien documenté, intéressant surtout par le recours à la tradition biblique et rabbinique. — J. Radermakers sj

Klaine R., Le devenir du monde et la Bible. III. La fin du monde selon les écrits bibliques de notre ère, Paris, Cerf, 2005, 22x14, 320 p., 35 €. ISBN 2-204- 07897-2

192Le troisième tome attendu de ce « grand œuvre » de l’A. sur Le devenir du monde et la Bible est paru en 2005 (cf. NRT 124 [2002] 279). Nous le saluons avec joie, car il nous invite à une réflexion judicieuse et réconfortante sur « la fin du monde ». S’agit-il de terme ou d’accomplissement, d’utopie ou de certitude, de science ou d’imagination ? Adoptant la même clarté d’exposition que dans ses deux précédents ouvrages, avec le même souci pédagogique et les mêmes interpellations sans concession, l’A. attaque ici la redoutable question des « fins dernières ». Peut-on dire quelque chose de sensé sur l’au-delà et sur le séjour des bienheureux ?

193Une introduction présente de façon circonstanciée les sources bibliques dont nous disposons, en les situant dans le contexte du 1er siècle de notre ère. Il termine en s’interrogeant sur l’étonnante propagation du « phénomène Jésus », réalisation du rêve messianique d’Israël.

194Il développe alors le message du Second Testament sur la fin du monde en huit points. Il reprend d’abord en bref la vie et l’enseignement de « l’homme de Galilée ». Poursuivant sa réflexion dans le sens des deux premiers volumes consacrés à la participation active des hommes à la création du monde, il découvre l’Adam de la fin à travers la mort de Jésus et la réflexion de Paul sur la résurrection, avant de montrer l’importance du Corps du Christ — son « organisme » en quelque sorte —, dans lequel s’engagent les croyants. Œuvre de réconciliation entre les hommes, dans le souffle divin, avec participation de la nature. Tous les hommes sont convoqués pour cette tâche qui doit culminer dans « l’accomplissement final » ; la résurrection — ou plutôt la recréation de l’humanité —, est l’horizon d’espérance offert par le Christ à l’humanité entière, y compris dans la modernité.

195Ce troisième volume constitue un digne couronnement de l’œuvre de l’A., qui nous décrit la grandeur de l’homme et l’immense tâche qui lui est départie dans la force de l’artisan galiléen rassemblant en son corps vivant tous les citoyens du monde. La lecture de ce travail sérieux et profond de l’A. demande un effort soutenu, tout en demeurant largement accessible. Un livre qui donnera tonus et confiance au lecteur, chrétien ou non. — J. Radermakers sj

Koet B.J., Dreams and Scripture in Luke-Acts. Collected Essays, coll. Biblical Exegesis & Theology 42, Leuven, Peeters, 2006, 23x15, 238 p., 39 €. ISBN 90-429-1750-4

196Un point de vue original sur l’œuvre de Luc. L’A., membre du département biblique de la Faculté catholique de théologie d’Utrecht, professeur d’exégèse à Amsterdam, Rome, et dans diverses universités de Hollande et d’Allemagne, s’est spécialisé dans l’étude des rapports entre interprétation scripturaire et interprétation des songes chez l’évangéliste Luc. Il nous donne ici quelques échantillons significatifs de sa réflexion.

197Il pose d’abord la question : Pourquoi Jésus n’a-t-il pas eu de songes, alors que, par exemple, Paul dans les Actes utilise souvent ce médium ? Puis, comparant un texte de 2 Maccabées (chap. 14-15) aux Antiquités juives de Fl. Josèphe, il analyse les rêves dont parle le NT. Un troisième article fort intéressant examine la manière dont Luc utilise le livre d’Isaïe (40,3-5 ; 61,1-2 ; 56,7 ; 53 ; 66,1-2 ; 55,3 ; 49,6 ; 6,9-10) : Isaïe serait-il une figure de Jésus ? Un autre est consacré à la pureté ou l’impureté corporelle dans l’œuvre lucanienne. Dans une 2e section, deux chapitres traitent des paroles du vieillard Syméon sur le destin d’Israël en Lc 2,29-35 et de la prophétesse Anne dans le même contexte à la lumière du Livre des Antiquités bibliques. Une troisième section est consacrée aux chap. 16 et 18 des Actes : le songe de Paul à Troas et sa mission européenne, puis son séjour à Corinthe en proximité avec la synagogue. Enfin l’A. analyse le vœu de Paul comme nazir et sa relation au temple de Jérusalem. Tous ces essais montrent un commentateur sagace doué d’une profonde intelligence de l’Écriture.

198Remercions l’éditeur de nous présenter ces articles en forme de livre ; ils nous aident à pénétrer la pensée de Luc dans la tradition du premier milieu ecclésial. Une contribution appréciable dans l’excellente collection hollandaise de travaux d’exégèse et de théologie biblique. — J. Radermakers sj

Lambrecht J., Recht op de waarheid af, Leuven, Acco, 2005, 24x16, 191 p., 18.60 €. ISBN 90-334-5805-5

199Sous le titre de ce volume, empruntéà Ga 2,14 : « Selon la vérité (de l’Évangile) », l’A., jésuite qui enseigna longtemps le NT à l’Univ. catholique de Leuven, puis à l’Inst. biblique pontifical de Rome, se propose de tester la traduction nouvelle de la Bible en néerlandais publiée à Rotterdam et à Anvers. Il choisit 20 passages du NT réputés difficiles. Quatre touchent des extraits importants de Paul (Ga 2,14-21 ; 1 Co 15,1-11), puis Mt 22,1-14 (les invités discourtois) et Jn 20,17-18 (rencontre au jardin de Pâques). Suivent cinq péricopes tirées de la lettre aux Romains : 7,1-6. 7-12 et 13-14.14b-20, puis 11,2532 et 14,7-9. Il poursuit son examen avec quatre passages des deux épîtres aux Corinthiens (1 Co 1,17 ; 2,15-16 ; 3,10-15 ; 2 Co 11,23-25). Enfin sept extraits concernent Jésus-Christ : « mort pour nous » (2 Co 5,14-15.21) ; « le Seigneur qui est Jésus Christ » (Ph 2,611) ; « notre résurrection » (1 Co 15,1234) ; « vie après la mort (Lc 20,34-38) ; « l’avènement proche du Fils de l’homme » (Mc 13,26-27) ; « Viens, Seigneur Jésus » (1 Co 16,21-24) ; « le temps est proche » (Ap 1,1-3). Pour chacun des passages envisagés, l’A. met différentes versions en parallèle en discutant les nuances et en soulignant les avantages ou inconvénients propres à chacune. Un bel exercice de précision !

200Nous voyons l’exégète chevronné à l’œuvre, l’excellent connaisseur du grec évaluant les nuances et les choix qu’il convient de faire. Nous admirons son intelligence pénétrante et nous apprécions l’intérêt d’une traduction exacte pour la compréhension du message. Car l’A. y déploie aussi ses qualités de pédagogue et son sens pastoral. Il s’adresse à des lecteurs déjà formés à l’interprétation des textes, mais aussi aux personnes intéressées par ce type d’étude rigoureuse. Ce volume, où transparaît la maturité incomparable d’un familier de l’Écriture, rendra de bons services aux étudiants en théologie. Merci à l’A. de nous livrer les fruits mûrs d’une longue carrière. — J. Radermakers sj

Lassave P., Bible : la traduction des alliances. Enquête sur un événement littéraire, coll. Logiques sociales – Littératures et société, Paris, L’Harmattan, 2005, 24x16, 270 p., 24.50 €. ISBN 2-7475-9481-5

201Après avoir relevé la spécificité littéraire de la récente Bible Bayard (2001) et son ouverture expérimentale au « présent séculier » face aux versions concurrentes, sourcières (v.g. Chouraqui, Henri Meschonnic) ou ciblistes (v.g. Parole de Vie), l’A., chercheur au Centre d’études interdisciplinaires des faits religieux, se penche sur sa réception dans la presse (et dans l’Église, qui l’apprécie sans pourtant lui accorder son approbation) avant d’interroger les traducteurs sur la manière et sur le fruit éventuel de leur collaboration. Que retenons-nous ? Une syntaxe ‘allégée’ : style direct, parataxe, présent narratif, absence de ponctuation. Une hétérogénéité volontaire empêchant toute concordance intertextuelle : Ce pain est mon corps (Mt) ; Ce pain, c’est moi (Mc).

202Une actualisation lexicale, spécialement risquée en ce qui concerne les mots-clés : souffle, esprit, faveur, grâce, égarement, péché, relèvement, résurrection… Des innovations prosodiques : Job est ‘reversifié’, selon les personnages, en vers de 6, 7, 8, 10 syllabes ; la traduction du Qohelet se présente en quatrains de style tanka japonais… Des précisions sémantiques : dans I Rois 17, les corbeaux (orvim) deviennent des Arabes (aravim)… Quelques compromis non résolus entre les « binômes » (la fidélité doctrinale du pré-traducteur bibliste, le renouvellement langagier du traducteur poète ou romancier) : ange ou messager ? Juifs ou Judéens ? Notre Père ou Notre Parent ?… L’une ou l’autre erreur de casting dans les attributions : Matthieu est trop populaire, Marc ne l’est pas assez… Notons qu’un seul parmi les collaborateurs, un rabbin-écrivain, était ‘bilingue’. Conclusion de l’A. : tant qu’il y aura des lecteurs, la Bible ne sera jamais définitivement écrite. Recommandé. — P. Detienne sj

Lettera ai Romani. I Rm 1-5, introd., versione, commento R. Penna, coll. Scritti delle origini cristiane 6, Bologna, EDB, 2004, 24x17, 495 p., 41.50 €. ISBN 88-10-20623-1

203Dans la collection des « Écrits des origines chrétiennes » publiés par les éditions Dehoniane de Bologne paraît la 1e partie d’un volumineux commentaire de l’épître de Paul aux Romains, par l’exégète Romano Penna, bien connu des milieux italiens. Prêtre du diocèse d’Alba, professeur de Nouveau Testament à l’Univ. pontificale du Latran et à d’autres universités de Rome ou de Jérusalem, l’A. a déjà composé plus d’un ouvrage sur les écrits pauliniens et sur la christologie des origines chrétiennes (Brescia 1976 ; Bologne 1984). Notons aussi son excellent commentaire sur la Lettre aux Éphésiens (Bologne 22001), sa biographie de Paul (Paolo di Tarso, Cinisello Balsamo 1992, 32000) et son étude sur les origines du christianisme (Rome 2004). Le premier volume de l’épître aux Romains contient une introduction générale rappelant les débuts de l’Église de Rome, les intentions de Paul en écrivant sa lettre, et des précisions sur la lettre elle-même.

204Le commentaire débute par une explication de l’exorde et de l’adresse (Rm 1,1-15). Il présente alors, dans une première partie — qui doit se poursuivre dans un autre volume — les fondements constitutifs de l’identité chrétienne (1,16–11,36), précédée par l’exposition du thème proposé par Paul (1,16-17) : la justice salvifique de Dieu pour les juifs et les païens. Deux volets articulent le premier raisonnement de Paul ; la justice de Dieu vis-à-vis des païens (1,18 - 3,20) et telle qu’annoncée par l’Évangile avec ses implications sotériologiques (3,21 - 5,21). Chacune des parties de l’exposé paulinien comporte une note de critique textuelle, un regard d’ensemble sur le passage, puis un commentaire détaillé. Celui-ci suit le texte de manière rigoureuse, avec explication des termes spécifiquement pauliniens, le déroulement de l’argumentation rhétorique de Paul et la discussion concernant ses interprétations personnelles. Le thème fondamental : la Bonne nouvelle du salut annoncée par l’Écriture et accomplie par Jésus Christ apparaît ainsi dans toute sa force, programmatique de la vie chrétienne. C’est en effet toute l’histoire du salut que Paul développe dans cette épître, montrant comment Dieu se situe face au péché de l’homme comme le Sauveur, un sauveur efficace qui transforme la personne, juive ou grecque, en véritable croyant. Une bibliographie succincte se trouve au début du volume, un index des auteurs à la fin du livre.

205Les volumes suivants, embrassant les chap. 6 à 11 d’abord, puis les chap. 12 à 16 de l’épître, devront suivre bientôt, espérons-le, pour la joie et l’instruction de nombreux étudiants en théologie et d’exégètes consommés. Nous lui souhaitons un accueil chaleureux. — J. Radermakers sj

Lopez Barrio M., El tema del agape en la primera carta de san Juan. Estudio de 1 Jn 4,7-21 : Una perspectiva antropológico-social, coll. Tesi Gregoriana 114, Roma, PUG, 2004, 24x17, 260 p., 17 €. ISBN 88-7839-010-0

206L’A. de cette belle thèse de doctorat en théologie biblique présentée à l’Université Grégorienne est un jésuite mexicain, professeur d’Écriture à Mexico entre1980 et 1995. Il étudie à nouveaux frais le thème de l’agapê/amour, motif central de la 1e épître de Jean, notamment au chap. 4,7-21.

207Une introduction annonce le propos : considérer l’amour du prochain, signe humain de l’amour de Dieu, dans sa dimension anthropologique et sociale. Une 1ère partie fait l’exégèse précise du texte à partir de la situation concrète de la communauté johannique, avec une structure littéraire du passage choisi et en éclairant la péricope par l’évangile de Jean, les synoptiques, l’AT et les écrits apocryphes. La 2e partie consiste en une réflexion théologique sur le thème majeur de l’agapê confronté à ceux de lumière, vie, justice, communion et foi ; l’accent est mis sur la manière dont le chrétien est invité à vivre du Christ ressuscité, qui a traversé la mort et se donne à nous dans notre existence réelle au sein d’une communauté. Le dynamisme de celle-ci aurait pu apparaître avec plus de force. Par contre, l’actualisation de l’épître dans le sens de l’option préférentielle pour les pauvres est bien soulignée, à la suite du Pape Jean Paul II, du P. Kolvenbach et du Cardinal Martini, dans le cadre de l’Église latino-américaine. Bref, un heureux essai sur un passage essentiel du NT. — J.R.

Matthews V.H. – Moyer J.C., The Old Testament. Text and Context, 2nd Ed., Peabody, MA, Hendrickson, 2005, 24x18, xv-357 p., rel. 19.99 £ – 34.95 $. ISBN 1-56563-358-X

208La première édition de ce volume a été présentée dans NRT 121 (1999) 126. Selon la préface de la seconde édition, les changements sont de trois ordres : les auteurs ont cherché à tenir compte des remarques faites par les recenseurs et leurs collègues ; ils ont mis à jour les sections qui dépendaient davantage des découvertes archéologiques ; ils ont enfin cherché à améliorer la structure de l’ouvrage pour en rendre l’utilisation plus aisée. Plus concrètement, les améliorations les plus importantes sont au nombre de six : (1) le texte a été corrigé dans son ensemble pour le clarifier et l’amplifier le cas échéant, notamment dans la section sur les prophètes ; (2) les chapitres ont été restructurés pour être d’une longueur plus ou moins égale ; ils sont subdivisés selon les périodes historiques ou les genres littéraires ; (3) les exercices pratiques (questions) ont été complètement réélaborés pour favoriser la discussion en classe et l’esprit critique ; (4) de nouveaux encadrés ont été ajoutés pour illustrer les discussions du manuel ou fournir de nouvelles traductions des textes du Proche-Orient ancien ; (5) tout ce qui concerne l’archéologie, un domaine qui évolue très rapidement, a été révisé ; (6) le glossaire a été, le cas échéant, revu, corrigé ou augmenté. Il est possible de suggérer des changements ou améliorations en écrivant directement aux auteurs à leur adresse électronique : VictorMatthews@missouristate.edu et JamesMoyer@missouristate.edu. Cette seconde édition démontre et le succès de l’entreprise et la conscience professionnelle de ses auteurs qui adoptent, en général, des positions très équilibrées. — J.-L. Ska sj

McDonald L.M., The Biblical Canon : Its Origin, Transmission, and Authority, Peabody (MA), Hendrickson, 2007, 21x16, xli-546 p., 16.99 £. ISBN 978-1-56561-925-6

209La seconde édition de ce volume (1995) a été présentée dans la NRT 119 (1997) 272. La troisième édition est complètement revue et corrigée. Elle témoigne du succès de cet ouvrage et de l’intérêt croissant pour le canon. Le volume édité par J.-M. Auwers et H.J. de Jonge, The Biblical Canons, coll. BETL 163, Leuven, Peeters, 2003, en est une autre preuve. Il est malheureusement assez peu cité par notre auteur.

210Les principales modifications apportées à l’ouvrage sont les suivantes. Tout d’abord, les études sur les manuscrits de Qumrân ont beaucoup progressé entre autres grâce à la publication de nombreux documents et fragments inédits. Les résultats de ces recherches confirment notre A. dans sa conviction que la fixation du canon des Écritures commença, dans certains secteurs du Judaïsme, vers la fin du premier siècle de notre ère et qu’il s’acheva vers le troisième et même le quatrième siècle. Dans le monde chrétien, le processus est plus tardif encore. Il faut attendre le quatrième et le cinquième siècle. Les premiers disciples de Jésus, par contre, n’avaient aucune notion d’un canon biblique clos et fixe, et ils ne possédaient aucune liste des livres canoniques.

211Un second domaine est celui de la littérature rabbinique. Une plus grande familiarité avec ce monde complexe oblige à abandonner l’idée d’un judaïsme normatif au premier siècle. Il existe plusieurs judaïsmes, ils ont des caractéristiques communes, et deux formes principales ont survécu : le pharisaïsme et le christianisme. L’influence des rabbins du second jusqu’au cinquième siècle est également devenue plus claire. En troisième lieu, il est possible d’apprécier davantage l’importance de nombreux textes apocryphes ou pseudo-apocryphes cités par les Pères de l’Église du second au quatrième siècle. Quarto, les études sur la Septante ont beaucoup avancé ces dernières décennies (M. Hengel, E. Tov). Elles ont éclairci l’histoire du texte de l’Ancien Testament tout comme celle de la formation de divers canons. Le temps de l’hebraica veritas est sans doute révolu. En cinquième lieu, l’A. reconnaît devoir beaucoup aux études de A. Sundberg. C’est après l’avoir lu qu’il a abandonné l’idée d’un canon alexandrin qui aurait expliqué pourquoi l’Ancien Testament chrétien contenait plus de livres que le canon hébreu.

212Une autre vue a été bousculée par Sundberg, mais avec moins de succès. Il s’agit de l’importance et de la date du canon de Muratori, un texte essentiel pour l’histoire du canon du Nouveau Testament. Sundberg a contesté qu’il puisse remonter au second siècle et qu’il provienne de Rome. Il le date du quatrième siècle et pense qu’il est d’origine orientale. Cette opinion a été longtemps contestée, mais elle a fait du chemin depuis. À ce propos, il faut noter que l’A. cite dans sa bibliographie l’important article de J. Verheyden, « The Canon Muratori : A Matter of Dispute », publié p. 487-556 dans le volume collectif The Biblical Canons, mentionné au début de cette recension, mais il n’en tient guère compte dans son ouvrage. J. Verheyden conteste radicalement la thèse de Sundberg. Sexto, les études de critique textuelle empêchent désormais de chercher le texte original des livres bibliques, bien que cette recherche ne soit pas toujours vaine.

213Longtemps, le problème du canon était de savoir quels livres en faisaient partie ou en étaient exclus. Peu d’attention était accordée au texte lui-même ou aux traductions qui furent adoptées ou rejetées par les différentes églises ou par la synagogue. En outre, il est étonnant que de nombreux manuscrits anciens contiennent davantage de livres que ceux qui sont considérés canoniques aujourd’hui. En outre, de nombreux textes non canoniques ont été utilisés durant toute la période qui va du second au cinquième siècle. En dernier lieu, l’A. cite les travaux sur l’invention du codex et son influence sur la formation du canon (H. Gamble). Le codex est en effet apparu au second siècle et son usage ne s’estrépandu que lentement. À ce sujet, voir aussi l’ouvrage récent de K. van der Toorn, Scribal Culture and the Making of the Hebrew Bible, Cambridge (MA), Harvard University Press, 2007. L’A. discute aussi la lecture canonique de B.S. Childs, décédé le 24 juin dernier. Notre A. n’était pas un enthousiaste de la façon de faire de B.S. Childs. Ce volume, revu et corrigé, est un des instruments qui devrait certainement figurer dans toute bibliothèque biblique qui se respecte. — J.-L. Ska sj

Megillot. Rut, Cantico de cantici, Qoèlet, Lamentazioni, Ester. Trad. interlineare in italiano a cura di R. Reggi, Bologna, EDB, 2006, 24x17, 96 p., 10 €. ISBN 88-10-82020-7

214Il s’agit du sixième volume dans la même collection, après les traductions interlinéaires de l’Exode (2001), de la Genèse (2003), des Psaumes (2004), des prophètes mineurs et d’Isaïe (2005). L’A. se propose de terminer la traduction du texte massorétique en 2006 et de toute la Bible en 2009. Le texte hébreu est celui de la Biblia Stuttgartensia (BHS), ce qui veut dire en gros celui du Codex de Saint-Pétersbourg datant de 1008 (B19A ou L[e]ningradensis), mais l’A. s’est aussi servi du premier volume de la Biblia Hebraica Quinta sur les Meghillot. La Biblia Hebraica Quinta devrait remplacer progressivement la BHS dont tout le monde connaît les qualités et les défauts.

215Une brève introduction explique le but de cette traduction interlinéaire et ses options principales. Le texte hébreu des « cinq rouleaux » est ensuite imprimé et accompagné, ligne par ligne, d’une traduction littérale qu’il faut lire de droite à gauche comme l’hébreu. Il s’agit plus exactement d’un décalque du texte hébreu et R. Reggi n’hésite pas à contrevenir aux règles de la grammaire ou de la sémantique pour mieux rendre le texte original. Il introduit également un certain nombre de néologismes, p. ex. mattonare pour « fabriquer des briques », sacerdotare, « exercer le sacerdoce », sabbatare, « célébrer le sabbat ». Au pied de chaque page, le lecteur trouvera la traduction en italien de la conférence épiscopale italienne (CEI) et les références marginales de cette même traduction, celles de l’Ancien Testament à gauche et celles du Nouveau Testament à droite. Les mots soulignés dans cette traduction indiquent les passages où celle-ci s’éloigne du texte hébreu. Les mots soulignés dans la traduction interlinéaire sont des mots présents dans l’hébreu, mais omis dans la traduction de la CEI. Quelques notes marginales expliquent les mots difficiles, les éventuelles corrections de l’hébreu ou les choix de la traduction.

216L’ouvrage veut contribuer à une meilleure connaissance du texte hébreu et de sa traduction. Il est donc important de le juger selon ces critères et de ne pas y chercher une vraie traduction. Il reste quelques problèmes, bien entendu. Par exemple, le parfait de Rut 4,5 est traduit littéralement par un passé simple, qu’il s’agisse du qéré ou du ketib : acquistai (« j’achetai ») ou acquistasti (« tu achetas »). Or, il s’agit d’un exemple de formulation performative : « j’acquiers » (texte préféré par beaucoup d’interprètes) ou « tu acquiers ». Le locuteur (Booz) fait ce qu’il dit au moment où il le dit. La CEI traduit par un futur, ce qui est sans doute plus compréhensible, mais ne rend pas les nuances exactes du texte hébreu. Les difficultés de la traduction de Qohélet et du Cantique sont bien connues elles aussi. Toujours est-il qu’il s’agit d’un excellent instrument de travail et qu’il faut souhaiter à son auteur de pouvoir porter sa tâche à bonne fin. Il existe des instruments de ce type en allemand et en anglais — voir The Interlinear Hebrew-Aramaic Old Testament : With Strong’s Concordance Numbers Above Each Word, éd. Jay P. Green, Peabody, MA, Hendrickson, 1993 — mais il n’y a pas de vrai équivalent en français. — J.-L. Ska sj

Pinto S., « Ascolta figlio ». Autorità e antropologia dell’insegnamento in Proverbi 1–9, coll. Studia Biblica 4, Roma, Città Nuova, 2006, 23x15, 383 p., 30 €. ISBN 88-311-3627-5

217Durant bien des années, les livres sapientiaux et le livre des Proverbes en particulier n’ont pas joui d’une grande faveur. La théologie dialectique d’un Karl Barth, p. ex., opposait la sagesse mondaine et universelle à la révélation historique et particulière, comme elle opposait raison et foi. C’est pourquoi, l’exégèse allemande, pour ne citer qu’elle, a longtemps privilégié l’étude des livres historiques et prophétiques et laissé dans l’ombre les livres sapientiaux. Ce n’est qu’un an avant sa mort que G. von Rad a écrit un petit volume sur la sagesse en Israël, Weisheit in Israel (Neukirchen-Vluyn, Neukirchener Verlag, 1970) ; tr. française : Israël et la Sagesse (Genève/Paris, Labor et Fides, 1972). Les choses ont changé depuis en théologie et en exégèse. Cela est dû à plusieurs facteurs sans doute, comme la sécularisation grandissante, l’intérêt aussi pour la psychologie, la sociologie et l’anthropologie. Le volume que nous présentons en est une preuve. Cette thèse, défendue à l’Université Grégorienne de Rome et dirigée par N. Calduch-Benages, a pour objet l’enseignement et l’autorité du père dans les premiers chapitres de Pr. « Autorité », « maître » et « père » sont des mots qui, depuis mai 68, ont mauvaise presse et qui permettent aussi de mieux mesurer la distance qui nous sépare du monde biblique.

218L’ouvrage est structuré logiquement en cinq chapitres. Le premier, très bref, contient les prémisses méthodologiques du travail. Le second propose l’analyse détaillée des dix textes choisis (1,18-19 ; 2,1-22 ; 3,1-12 ; 3,21-35 ; 4,1-9 ; 4,10-19 ; 4,20-27 ; 5,1-23 ; 6,20-35 ; 7,1-27). Pour chacun, le lecteur trouvera le texte hébreu imprimé, une traduction en italien, des notes de critique textuelle et une étude de la structure. S.P. ajoute, au début, quelques notes sur le genre littéraire de l’instruction et sur la structure des instructions présentes en Pr 1–9 et, à la fin, un résumé de la discussion sur les liens entre les instructions du Proche-Orient ancien et celles de Pr. Le troisième chapitre est consacré à l’exégèse de ces textes. S.P. procède à une comparaison systématique entre le texte biblique et les instructions de l’Égypte et de la Mésopotamie pour mettre en relief l’originalité des instructions bibliques. Le quatrième chapitre marque un tournant dans la recherche puisqu’il aborde le problème biblique de l’enseignement à l’aide des travaux de linguistique qui se réclament de F. de Saussure et de ses nombreux disciples (S.P. mentionne entre autres Searle et Austin). Le problème traité est celui de l’autorité et du statut du pater familias. Enfin, le cinquième chapitre passe à la psychologie pour aborder la question de l’anthropologie sous-jacente à l’enseignement tel qu’il est décrit par Pr 1–9. S.P. s’inspire surtout des études de G.H. Mead et de sa « psychologie comportementale ». L’ouvrage contient un index des auteurs cités et un index des textes bibliques.

219Les principaux résultats de la recherche sont les suivants : (1) La structure des instruction de Pr 1–9 suit une schéma tripartite semblable à celui de la rhétorique grecque : exordium, propositio, peroratio. Ce schéma met en évidence la portée pédagogique et persuasive des instructions et ce trait distingue les instructions bibliques de celles de l’Égypte et de la Mésopotamie. (2) D’autres traits distinctifs caractérisent la sagesse biblique : le but de la sagesse est moins de fournir des conseils pratiques que des critères pour informer et orienter l’agir ; l’autorité de cette sagesse est théologale ; la sagesse biblique est douée de sensibilité et de la parole ; enfin, les instructions cherchent non seulement à prévenir, elles peuvent aussi guérir, le cas échéant. (3) Selon l’analyse sociolinguistique, il appert que l’enseignement du père est loi et commandement à l’instar de la parole de Dieu ; il est basé sur l’expérience ; l’enseignement crée aussi le rapport entre père et fils, et il constitue l’autorité du père sur ses enfants.

220(4) L’enquête anthropologique porte d’abord sur les critères de vérité de l’enseignement proposé. Les deux critères principaux de cette vérité sont la conformité à certains comportements standardisés de la société et la fonction propre du père ou maître qui aide le fils ou le disciple à devenir adulte et responsable. Le lecteur remarquera que cette thèse contient « du neuf et du vieux ». Elle parvient à des résultats assez classiques en utilisant des chemins différents. Comme dans beaucoup de thèses, l’analyse nous a paru plus intéressante que les synthèses, ce qui est assez normal. Il nous reste une question : le schéma rhétorique des instructions, repris à M.V. Fox, est en fait d’origine grecque. Faut-il donc dater Pr 1–9 de l’époque hellénistique ? En ce qui concerne l’éducation, il est dommage que S.P. n’ait pas pu disposer de l’ouvrage de D.M. Carr, Writing on the Tablet of the Heart. Origins of Scripture and Literature (Oxford, University Press, 2005), pour deux raisons au moins. Carr montre que les écoles comme telles n’ont guère existé avant l’époque hellénistique ; oralité et écrit ne se sont pas succédé, mais ont longtemps coexisté. — J.-L. Ska sj

Signoretto M., Metafora e didattica in Proverbi 1–9, coll. Studi e Ricerche, Assisi, Cittadella, 2006, 21x15, 288 p., 17 €. ISBN 88-308-0839-3

221Autre thèse défendue à l’Université Grégorienne, également sous la direction de N. Calduch-Benages, et sur les mêmes textes. Cette fois, cependant, le travail se propose de démontrer l’unité de fond de ces neuf chapitres à partir des images présentes en Pr 9 (« Dame Sagesse » et « Dame Folie »). Ce sont les recherches de A. Meinhold, M.V. Fox, R. Schäfer et surtout A.M. Müller qui ont encouragé M.S. à se lancer dans l’aventure. L’introduction contient déjà l’essentiel du travail.

222Après avoir posé le problème, M.S. découvre dans la juxtaposition des métaphores et des enseignements didactiques dans Pr 9 le principe d’organisation de Pr 1–9. Le système métaphorique, présent en Pr 9,1-6 (Dame Sagesse) et 9,13-18 (Dame Folie) enveloppe un exposé didactique (9,7-12). Si le système métaphorique est narratif et indirect, la didactique est directe, abstraite et « sentencieuse ». Les chapitres 1 à 9 contiennent la même juxtaposition de dix « instructions » (voir la recension précédente) entrecoupées de passages poétiques. Le tout est organisé sur la base d’antithèses.

223Le premier chapitre expose le problème du point de vue diachronique et situe la composition de Pr 1–9 à l’époque post-exilique, mais plutôt dans un contexte urbain de la diaspora en raison du manque de références explicites au temple de Jérusalem (cf. Bellia — Passaro). Le second chapitre pose les fondements de la thèse en étudiant la fonction d’un « système métaphorique cohérent » et celle des développements didactiques. Le troisième chapitre analyse Pr 9 selon les principes exposés dans le chapitre précédent. Dans le quatrième chapitre, M.S. élargit son champ d’investigation à Pr 1–9 qu’il étudie toujours selon les mêmes critères. La clé d’interprétation est le « parallélisme antithétique » qui se retrouve dans le cadre (Pr 1 et 7–8), tout comme dans la partie centrale (Pr 2–6). Ce long chapitre (près de 70 pages) est très détaillé et très instructif, mais, à mon avis, les arbres cachent peut-être de temps à autre la forêt. Un cinquième chapitre, plus court, nous explique quel est l’enseignement principal de Pr 1–9 à partir de la lecture proposée précédemment.

224Quelques pages de conclusion terminent l’ouvrage qui est pourvu de nombreuses tables sur la structure de Pr 1–9, d’une bibliographie et d’un index des auteurs. Au cours de la lecture, nous aurions parfois souhaité que M.S. nous fournisse un « guide par satellite » (GPS) pour nous y retrouver dans son ouvrage, souvent intéressant, mais organisé d’une manière très personnelle. Encore une fois, l’auteur est plus à l’aise dans les observations ponctuelles que dans les vues d’ensemble. — J.-L. Ska sj

Zielinsky Vl., À la découverte de la Parole, Paris, Parole et Silence, 2004, 24x16, 187 p., 22 €. ISBN 2-84573-222-8

225L’A. de cet ouvrage attachant est russe, marié et père de famille. Converti au christianisme à l’âge de 28 ans, il a été baptisé, puis ordonné prêtre dans l’Église orthodoxe. Il a connu la persécution dans son pays avant d’émigrer en Italie où il enseigne la langue et la culture russes à Brescia. Il est correspondant de plusieurs journaux russes, italiens ou français et a publié, en 1989, Afin que le monde croie (Nouvelle Cité). Il nous livre ici le travail d’un philosophe et d’un théologien en recherche.

226En quatre étapes, l’A. nous fait part de ses réflexions. La première, datée de mars 1984, a trait à la Révélation et au mystère de Dieu, source de vie, que nous connaissons de loin, dont la transcendance nous confond et l’immanence nous conforte. Après quatre méditations sur la foi, l’A. parle de la lumière que la Révélation divine donne à la liberté humaine. Une deuxième étape reprend le procès que Dieu intente à Israël par les prophètes, tout en dialoguant avec les théologiens russes, et il poursuit ce dialogue à travers une réflexion sur la sainteté, une autre sur l’impact de la Parole divine et deux autres encore sur les choix qu’elle impose et sur les idoles qui habitent nos pensées. Une troisième étape, datée de 1973-83 à Moscou parle du lieu de la rencontre avec Dieu comme d’une Terre sainte et il s’interroge sur le passage de la Parole à la vie.

227Ce livre nous dépayse en nous faisant entrer dans une expérience souvent différente de la nôtre. À ce double titre, il mérite notre attention. — J.R.

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