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Article de revue

André de Peretti

Page 235

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1 La dernière fois que j’ai vu André de Peretti, il se préparait à fêter avec sa nombreuse famille son centenaire. Bien qu’il fût physiquement diminué, son esprit était toujours aussi agile et vif. Il continuait à écrire et m’a remis un exemplaire de son dernier ouvrage dans lequel il décrit l’évolution de l’humanité suivant une « double hélice ».

2 Il y a près de soixante ans, en 1959, je l’ai rencontré pour la première fois. Max Pagès lui avait proposé la vice-présidence de l’Association pour la recherche et l’intervention psychosociologique (arip) qu’il fondait avec un petit nombre de personnes dont je faisais partie. Ancien polytechnicien, André de Peretti était alors ingénieur en chef à la Seita. Dès nos premières rencontres, j’ai été frappé par sa gentillesse extrême et l’attention qu’il prêtait aux autres. Malgré mon peu d’expérience, il n’hésita pas à me faire confiance pour quelques missions.

3 Il participa au premier séminaire de relations de groupe organisé par l’arip à l’école des Roches. Dans le dortoir où nous étions logés, je fus impressionné par la ferveur avec laquelle il pratiquait sa foi catholique. Il était particulièrement intéressé par les questions de formation et de pédagogie, auxquelles il a consacré de nombreux travaux, s’inscrivant dans la perspective psychosociologique – dont l’orientation lui semblait conforme à ses propres aspirations et valeurs. Quelques années plus tard, chargé de mission au ministère de l’Éducation nationale, il lança plusieurs initiatives innovantes dans ces domaines, qui lui valurent une grande notoriété.

4 Nous avons collaboré dans différents projets et, au fil des années, se tissèrent entre nous des liens d’amitié profonds et durables. Nous divergions cependant quant à l’approche non directive de Carl Rogers à laquelle André de Peretti adhérait avec enthousiasme, tandis que, comme beaucoup, marqué par la psychanalyse, je m’en étais éloigné.

5 Avant de s’intéresser à la pédagogie et à la psychosociologie, André de Peretti s’était profondément engagé dans l’action politique. De retour de captivité (il avait été fait prisonnier pendant la guerre), il adhéra au Mouvement républicain populaire (mrp), parti de gauche chrétienne et né après la guerre. Au nom de ce mouvement, il fut élu à l’éphémère Assemblée de l’Union française et fut le conseiller de plusieurs dirigeants politiques. Lors de l’une de nos dernières rencontres, il me raconta comment il avait servi d’intermédiaire entre le gouvernement français et le roi du Maroc – pays où il est né –, en vue de son indépendance.

6 André de Peretti, qui était ce que l’on appelait autrefois un « honnête homme », était affable et généreux, concerné par tous les domaines explorés par l’intelligence humaine. Il voulait ainsi que l’arip organise des activités culturelles, parallèlement à celles consacrées à la psychosociologie. J’ai le souvenir d’une soirée organisée par ses soins autour de Saint-John Perse, durant laquelle il récita plusieurs pages d’Amers. Il ressentait une grande affinité avec Charles Péguy, mort au front en 1914, et rédigea un recueil de poèmes écrits dans la veine de cet auteur et en son hommage.

7 Après une vie bien remplie, André de Peretti s’est éteint, en pleine conscience, en septembre 2017, à l’âge de 101 ans.

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