1 « J’ai passé quarante ans de ma vie à travailler dans cette organisation et aujourd’hui je vous quitte car je pars à la retraite. » Ce court propos, prononcé lors de son pot de départ, fait basculer ce « vieux » travailleur recevant un salaire vers le statut de jeune retraité percevant une pension. Cette scène, à la fois rituel de séparation, de passe-âge et témoignage de la perte, nous offre un accès direct à la problématique abordée ici.
2 Tout d’abord, que recouvre ce mot-valise de « retraite » ? La retraite semble signifier à la fois la fin de l’activité professionnelle, le passage vers de nouveaux investissements et activités, voire vers une nouvelle identité, l’étape inaugurale d’un nouveau temps de la vie et l’entrée dans le vieillissement, le dernier grand tournant d’un parcours biographique signant l’appartenance à un nouveau groupe social, bureaucratiquement classé dans la catégorie des inactifs par l’insee.
3 En français, le mot « retraite » renvoie à une double connotation, plutôt négative, telle une déroute militaire ou un retrait religieux de mort au monde. Dans la plupart des langues européennes, c’est l’aspect financier qui est désigné : pension ou rente. Retenons toutefois la version espagnole, pleine d’espoir puisque « retraite » se dit « jubilacion »… Par ailleurs, la retraite peut durer longtemps mais se décline généralement en trois étapes. D’abord, on est jeune retraité, senior plutôt en bonne santé, aux activités plurielles. Puis, le temps « aidant » ou invalidant, on devient l’aîné avec la « déprise » progressive des activités sociales et l’apparition des problèmes de santé. Enfin, on serait vieux, l’autonomie complète devenant de plus en plus problématique. Description sans doute sommaire qui laisse de côté à la fois l’expérience subjective du vieillissement, du rapport au temps et la dimension « plurielle » de l’individu, déjà présente au cours de la vie laborieuse (Almudever et Dupuy, 2016). Comment s’articulent donc, en définitive, les différents enjeux psychiques, sociaux, politiques, individuels et collectifs ?
4 En préambule à la présentation des contributions qui abordent ces questions, nous souhaitons proposer quelques réflexions autour de cette thématique, en particulier via quelques faits saillants qui font système.
Les enjeux psychiques du passage à la retraite
Une transition qui demande du temps
5 Le centre de gravité psychique, en grande partie organisé pendant quarante ans autour du travail, va basculer, invitant le jeune retraité à s’interroger sur son rapport au travail, la place qu’il occupe dans sa vie, sachant combien il contribue à la construction de l’identité. Comment et pourquoi renoncer à son identité socio-professionnelle précédente, accepter la fin de certains attachements significatifs et structurants, le passage du plein à un certain vide ? S’agira-t-il de grandes vacances, d’une grande vacance, de la réalisation de nouveaux projets ?
6 Ce passage entre le travail et la retraite est souvent marqué par la nécessité d’une sorte de recréation de soi, voyage vers l’inconnu, véritable odyssée intérieure (Blanché, 2014) comportant menaces et opportunités, et qui s’inscrit dans une durée incertaine. Lorsque le départ est désiré, choisi et anticipé, il peut constituer un grand soulagement, permettre d’échapper enfin à des contraintes douloureuses dues à des conditions de travail difficiles (Molinié, Gaudart et Pueyo, 2012), aux exigences de performance, à la lassitude, au manque de reconnaissance. C’est lorsque la retraite est subie que survient plus sûrement une zone de turbulences, d’incertitudes plutôt déstabilisantes dues à la perte des repères et étayages, aux tensions entre les instances psychiques, productrices de confusion et de somatisations. La capacité de créativité identitaire n’étant pas « donnée » ou ayant été écornée par les choses de la vie, celle-ci se trouve liée à la mobilisation et à la diversité des ressources psychiques, sociales et économiques dont dispose alors la personne. De ce point de vue, les retraités appartenant à certaines catégories socio-professionnelles semblent mieux faire face à ces questionnements du fait que leurs capacités productives, créatives, sont moins limitées par l’âge. Comme l’exprime Gérard Le Gouès (2000), ils « restent dans le plein-emploi pulsionnel jusqu’au soir de leur vie ». Ce sont des artistes, des intellectuels, des universitaires, des politiques, des travailleurs indépendants mais aussi, plus largement, tous ceux qui ont de vifs intérêts ou des passions dans leur vie.
Crise existentielle, troisième adolescence et nouveaux essais de soi
7 Ce passage à la retraite peut donc être marqué par une crise existentielle, due à la nécessité vitale de redéfinir son rapport à soi, aux autres, au monde. Il s’agit d’apprendre à exister autrement, prendre le risque du nouveau. Des questions fondamentales peuvent émerger : que faire de sa nouvelle vie et quel sens lui donner ? Qu’est-il permis d’espérer ? Plus concrètement : quelles priorités ? Comment apprendre à occuper son temps libre ? Via quelles activités ? Avec qui ? Comment repenser le pacte conjugal ? Comment réaménager son lieu de vie, s’approprier différemment les espaces ?
8 Lorsque le changement est imposé, des menaces telles que maladies, veuvage, repli sur soi, solitude, isolement, ennui, dépression, tentation d’autodestruction, déni du vieillissement, régression nostalgique peuvent advenir. Mais c’est aussi un moment unique de rendez-vous avec soi-même, une belle opportunité pour réinventer sa vie, enfin vivre créativement (Winnicott, 1971), c’est-à-dire sans le souci d’un comportement « adapté », dans un temps retrouvé de liberté inédite. Dans ce temps de l’essentiel, valeurs, croyances, idéaux, compétences, rôles et désirs sont réinterrogés. Les bouleversements auxquels le sujet est confronté ne sont d’ailleurs pas sans rappeler ceux vécus à l’adolescence. Cette troisième adolescence – en latin « grandir vers » – (après celle du milieu de la vie), cette réadolescence (Kaës, 1973), potentiellement à l’œuvre tout au long de la vie, présente évidemment des aspects spécifiques au moment de la retraite. À l’occasion de cette nouvelle scansion du temps et d’un inévitable travail de réflexion font ainsi retour les questions touchant les modifications corporelles, psychiques et sociales ; elles font entrer dans un âge de nouveaux « essais de soi », avec l’enjeu majeur de rester un citoyen à part entière. La fin du rêve d’éternité qui nous anime depuis l’enfance, l’acceptation de la finitude, les deuils en tous genres constitueront-ils des « pertes consenties et apprivoisées » (Verdon, 2013) ?
Les enjeux sociaux et politiques de la retraite
Une révolution démographique
9 Une véritable révolution démographique silencieuse due à la longévité touche la France, l’Europe et le monde entier. Perçue tel un tsunami gris, elle pose un défi majeur pour le xxie siècle et des questions totalement inédites. Les prévisions démographiques (ONU, 2014) annoncent en effet un vieillissement de la population jamais atteint jusqu’ici dans l’histoire de l’humanité. Sur notre planète, d’ici 2050, deux milliards de personnes auront plus de 60 ans (OMS, 2016), soit un quart de la population mondiale.
10 Nous avons fait, en un siècle, un bond en avant phénoménal de plus de trente ans d’espérance de vie. En 2016, sur une population française totale de plus de 66 millions d’habitants, la moyenne d’espérance de vie à la naissance est de 85,5 ans pour les femmes et de 79,3 ans pour les hommes (ined, 2016). De 16 millions de personnes, les retraités pourraient passer à 22 millions en 2060, soit une personne sur trois (insee, 2016). Comment ce vieillissement général de la population impactera-t-il l’emploi et le déroulement de la vie professionnelle, le logement et l’urbanisme, les transports, la santé et, plus largement, nos modes de vie ?
Représentations sociales des retraités et transformation du cycle de vie
11 Les représentations sociales des retraités sont fort contrastées et stéréotypées. Certaines sont plutôt attrayantes : les retraités seraient des jouisseurs privilégiés, débordant de santé, préoccupés par leur épanouissement personnel, s’enivrant de voyages que ne manque pas de développer l’industrie des loisirs, de pratiques culturelles, sportives, artistiques, d’activités sociales via des engagements citoyens, associatifs, militants, politiques. D’autres apparaissent effrayantes : vieux inutiles et inactifs dans les maisons de retraite, improductifs, devenus une charge pour la société, coûtant un prix exorbitant à la collectivité, sans oublier les retraités démunis s’enfonçant de plus en plus dans la précarité.
12 Par ailleurs, une certaine tyrannie du « bien vieillir » (Billé, Martz et Dagognet, 2010) veut faire du retraité un hyperconsommateur, un grand-parent totalement dévoué, un bénévole hyperactif. Assortie de l’injonction à rester jeune, à ne pas faire son âge (Tavoillot, 2014), cette tyrannie a de quoi déboussoler.
13 Quatre fées se sont penchées sur le berceau des baby-boomers nés au sortir de la Deuxième Guerre mondiale : la paix, la prospérité économique, le plein-emploi et la croyance dans le progrès (Sirinelli, 2016). Les idéaux de Mai 68 de liberté et d’émancipation, liés notamment aux combats des femmes, ont marqué fortement leur jeunesse durant les Trente Glorieuses. Face aux nombreuses critiques que soulèvent les baby-boomers, génération privilégiée « gâtée par l’histoire », prétendument responsable des crises vécues par les générations suivantes, d’autres voix se font entendre (Guérin, 2015), récusant cette approche pour souligner l’importance des solidarités entre générations, mettre en avant le développement de la « silver économie », créatrice d’emplois.
Une fin de vie professionnelle précoce et paradoxale
14 En France, le taux d’emploi des 55-64 ans se situe parmi les plus faibles de l’Union européenne (insee, 2016) avec un âge de la retraite qui recule à 62 ans, voire 65 ans. Comment sortir d’une sorte de paradoxe : plus l’espérance de vie augmente, plus l’espérance de vie professionnelle se réduit alors que l’on rallonge la durée des cotisations et recule l’âge de départ ? Du fait des mutations dans l’univers du travail, de la complexité des trente-huit dispositifs de retraite, un nombre de plus en plus important d’individus se trouve dans une position ambiguë, voire précaire : préretraité, chômeur longue durée, en arrêt maladie, retraite progressive pour carrière longue, compte pénibilité, cumul emploi-retraite…, l’assurance chômage et autres allocations permettant de « faire la soudure » jusqu’à un âge de la retraite à taux plein. On observe l’embarras des entreprises à garder des personnes vieillissantes au travail, la violence exercée souvent à leur encontre, le désarroi de salariés préoccupés par l’idée de durer jusqu’à la retraite, de plus en plus soumis à la pénibilité (Molinié et Volkoff, 2003), à des conditions de travail stressantes, à des problèmes de santé (Lhuilier et Waser, 2016) ou à des difficultés à s’adapter à la révolution numérique.
L’équilibre des régimes de retraite, du baby-boom au grand vieillissement et à la dépendance
15 La retraite est aussi un sujet politique à très haut risque. En 1945, la France a choisi un système généreux de protection sociale, qui repose sur un ensemble de transferts publics de l’État circulant entre générations, et un système de retraite selon un modèle contributif, solidaire, par répartition. La menace ne serait-elle pas de rompre notre pacte intergénérationnel, entraînant un conflit entre les âges ? Comment pourra-t-on inciter les jeunes à contribuer par des cotisations élevées pour leurs aînés ? Les caisses de retraite alertent sur leurs déficits structurels. Les négociations entre partenaires sociaux sont fort tendues. Depuis 2006, en France, on assiste à 700 000 départs en retraite par an. Faudra-t-il ajouter un cinquième pilier à notre système de Sécurité sociale, pour financer le vieillissement et la perte d’autonomie ? Quelle réponse peut-on envisager à la hauteur de ce défi ? Les 75 ans et plus représenteront 10 millions de personnes en 2035. Les débats sur la retraite sont donc loin d’être seulement financiers, ils sont avant tout sociétaux et politiques.
16 Les contributions des auteurs que nous allons présenter maintenant viennent approfondir et éclairer plusieurs des enjeux de la retraite.
17 Vincent Caradec, dans une perspective socio-historique, considère que la retraite constitue, dans les pays du Nord, l’une des « épreuves » majeures des parcours biographiques contemporains. Son article étudie les deux facettes de cette épreuve, sociétale tout d’abord, individuelle ensuite. Il rappelle que la retraite, une invention récente, en transformation continue depuis des décennies, a successivement été associée au repos, aux loisirs et au « vieillissement actif ». Puis, il examine les iné- galités des situations ainsi que la diversité des expériences individuelles, sur différents registres : le choix de la retraite et la transition identitaire, les conséquences financières, la dimension conjugale et le rapport à son propre vieillissement.
18 François Charpentier s’intéresse plus particulièrement à la problématique de la couverture du risque de perte d’autonomie des personnes âgées. Dans une perspective historique, juridique et politique, il retrace d’abord les événements historiques majeurs qui ont contribué à l’apparition des systèmes de retraite, en France. La question du vieillissement de la population et de la dépendance des personnes âgées aurait été sous-estimée par les gouvernements successifs, vu l’ampleur et l’accélération du phénomène, le talon d’Achille des politiques publiques restant l’hébergement en établissement. La question reste ouverte sur cette prise en charge : le sera-t-elle par une cinquième branche solidaire de la Sécurité sociale ou sera-t-elle renvoyée aux assurances privées individuelles, un choix politique et sociétal majeur ?
19 Michel Billé, quant à lui, nous fait partager ses réflexions sur la manière dont le mot « retraite » s’est imposé, dont le langage en colore l’aspect négatif, faisant des retraités des objets du retraitement social. Dans une société qui valorise non plus la durée mais l’instant, les vieux deviennent une contre-valeur. Il propose une innovation sémantique pour considérer les retraités comme des « retraitants », acteurs de leurs remaniements du rapport au monde, au temps, aux autres et à eux-mêmes. Une nouvelle période d’apprentissage, d’expérimentations et de détachement s’ouvre ainsi vers une liberté enfin retrouvée et savourée.
20 Georges Arbuz partage les résultats de ses recherches qualitatives s’inscrivant dans le champ de la sociologie psychologique et de l’action. Il envisage la retraite comme un « fait social total », s’intéressant particulièrement à ceux qui ont présenté la retraite comme une accumulation de pertes, une rupture dans leur trajectoire de vie, un saut dans l’inconnu. Il décrit d’abord les bouleversements des modes d’être et de penser que provoque le départ. Puis il analyse l’impact psychologique du départ une fois à la retraite : le désarroi face à la perte de ses repères, une image de soi fragilisée, une phase de doute sur ses capacités à choisir et à décider, ainsi que son caractère potentiellement traumatisant. Dans une seconde partie il présente l’enseignement que peut retirer la personne du passage de la vie professionnelle à celle de retraité, si elle prend le temps de la réflexion autour de cette expérience.
21 Caroline Siaugues et Benoît Verdon illustrent de quelle manière l’expérience du passage à la retraite peut induire le trouble sur la scène psychique du couple. Ils pointent la disparition du tiers séparateur que représente le travail, son impact sur les difficultés éprouvées par les femmes lors des retrouvailles avec leur conjoint. Ils présentent deux typologies contrastées d’expériences, centrées pour l’une sur une revendication de revanche et d’indépendance et pour l’autre sur un indispensable recours à l’amitié, où se déploient la complexité et la singularité du travail psychique. Sous-tendues par la problématique de la dépendance et du vieillissement, ces retrouvailles peuvent mobiliser chez certaines femmes la mise en place d’aménagements maniaques. Ces retrouvailles doivent donc faire l’objet d’une élaboration partagée, sans quoi le couple risque d’être débordé par des enjeux qui le dépassent.
22 Jean-Marc Talpin, suivant une approche psychanalytique, s’efforce de montrer comment le passage à la retraite est un puissant révélateur des fonctions psychiques inconscientes et préconscientes du travail, pensées comme facteurs de compensation. Les enjeux latents sont abordés selon les axes suivants : organisation de la temporalité, soutien d’un objet d’investissement stable, soutien narcissique sous l’angle de la valorisation et de l’identité, soutien des liens sociaux et amicaux, régulation de la vie de couple et de famille, en articulation avec l’aspect financier. La retraite révèle le négatif du travail, dont la perte peut parfois entraîner une décompensation psychique ou somatique.
23 Lucie Mercier et Jacques Rhéaume présentent, quant à eux, dans une perspective psychosociologique et une dimension d’historicité, les résultats de leurs recherches produites dans la conduite de séminaires de recherche-formation fondés sur la méthodologie des récits de vie individuels ou en groupe. Après la présentation d’un bref tableau sociodémographique du vieillissement au Québec, ils analysent l’expérience de la retraite telle une transition majeure d’une quête identitaire et de recherche de sens. La démarche de « re-traitement » actif de sa vie permet de dégager des modèles de retraite pouvant être interprétés comme autant de stratégies personnelles adaptatives ou défensives : idéalisation ou rupture, conversion, continuité, redéploiement.
24 Teresa Cristina Carreteiro et Bruna Oliveira Pinto abordent les significations polysémiques que la retraite engendre pour des professeurs de psychologie d’universités au Brésil, appartenant au secteur public et au secteur privé. Elles nous font part des résultats d’une enquête qualitative en cours qui s’appuie sur la méthodologie des histoires de vie. La recherche vise à éclairer les diverses modalités du vécu de la retraite, dans sa dimension subjective et objective. Après une présentation visant à bien situer le cadre juridique et légal de la retraite dans le contexte brésilien, elles proposent une discussion autour de la problématique de la retraite considérée comme un événement sociopsychique, compris soit comme non-événement car prévisible et ne remettant pas en cause le cours de la vie, soit, au contraire, comme une catégorie biographique dans la mesure où elle peut avoir une force de rupture.
25 Éric Hamraoui, suivant une approche philosophique, passe en revue divers auteurs ayant abordé la question du travail, du vieillissement et de la retraite. En premier lieu, il souligne le caractère inédit de la « vie de retraite » et de son potentiel émancipateur hors du temps productif. Il évoque ensuite l’opposition entre la vision positive des naturalistes sur la vieillesse et la vision contemporaine négative du fait de sa conception néolibérale du culte de la performance, hypothéquant ainsi cette troisième vie. Dans une logique déniant sa complexité anthropologique, le développement de la politique de marché conduit à l’arraisonnement de la subjectivité. Cette conception du sujet le soumet à une « éthique de la dette », la retraite perçue alors comme passivité, dette non honorée et expérience brutale d’une double expulsion de l’emploi, du lieu de vie et de pensée.
26 Hervé Sauzay, enfin, s’engage dans un plaidoyer pour la reconnaissance de la contribution économique et sociale des retraités. Il se propose de préciser les grandes contributions qu’ils apportent à la société. Ce sont les retraités qui tireraient la consommation. Ils aident pécuniairement leurs enfants et petits-enfants et financent le coût de la perte d’autonomie de leurs parents. Ils sont une aide précieuse pour la garde des petits-enfants, assurent l’accompagnement des personnes dépendantes. Sans eux, le tissu associatif français ne fonctionnerait pas, un retraité sur deux étant bénévole. Ils sont porteurs de valeurs positives qu’ils transmettent. Pour toutes ces raisons, l’auteur avance que les retraités seraient les amortisseurs économiques et affectifs d’une France en crise.
27 Comme on le comprend à travers cette introduction, nous avons choisi, en raison de sa complexité, d’aborder la question de la retraite sous un angle pluridisciplinaire. C’est ainsi, espérons-nous, que les contributions des auteurs, en faisant appel à l’histoire, la démographie, la psychanalyse, la sociologie et la psychosociologie, la philosophie, l’économie, le droit, permettront d’alimenter une véritable réflexion psychosociologique dans ce domaine.
Bibliographie
- Almudever, B. ; Dupuy, R. 2016. (sous la direction de). Nouvelle revue de psychosociologie, 22, « L’individu pluriel ? Enjeux actuels de la construction de soi au travail ».
- Billé, M. ; Martz, D. ; Dagognet, F. 2010. La tyrannie du « bien vieillir », Lormont, Le Bord de l’eau.
- Blanché, A. 2014. La retraite, une nouvelle vie, une odyssée individuelle et collective, Paris, Odile Jacob.
- Guérin, S. 2015. Silver génération, 10 idées reçues à combattre à propos des seniors, Paris, Michalon.
- INSEE. 2016. Projection de population à l’horizon 2060.
- INSEE. 2016. Tableau de l’économie française.
- Institut national d’études démographiques. 2016. L’espérance de vie en France.
- Kaës, R. 1973. « Aspects de la régression dans les groupes de formation : ré-adolescence, perte de l’objet et travail de deuil », Perspectives psychiatriques, 412, 43-65.
- Le Gouès, G. 2000. L’âge et le principe de plaisir, Paris, Dunod.
- Lhuilier, D. ; Waser, A. 2016. Que font les 10 millions de malades ? Vivre et travailler avec une maladie chronique, Toulouse, érès.
- Molinié, A.-F. ; Gaudart, C. ; Pueyo, V. 2012. (sous la direction de). La vie professionnelle : âge, expérience et santé à l’épreuve des conditions de travail, Toulouse, Octarès.
- Molinié, A.-F. ; Volkoff, S. 2003. Quatre pages du CEE, 60, « Départs en retraite : les deux facettes de la “pénibilité” du travail ».
- Organisation mondiale de la santé. 2016. Vieillissement et parcours de vie.
- Organisation des Nations unies. 2014. Travaux de la division des populations, Centre d’actualité de l’ONU.
- Sirinelli, J.-F. 2016. Génération sans pareille, Les baby-boomers de 1945 à nos jours, Paris, Tallandier.
- Tavoillot, P-H. 2014. Faire ou ne pas faire son âge, La Tour-d’Aigues, Éditions de l’Aube.
- Verdon, B. 2013. Le vieillissement psychique, Paris, Puf.
- Winnicott, D.W. 1971. Jeu et réalité, Paris, Gallimard, 1975.