1 Sur la base des données statistiques d’une académie qui se situe dans la médiane française du point de vue de sa composition sociale (source Insee, populations 2012), cet article vise à fournir des indicateurs relatifs à la progression de la scolarisation des élèves en situation de handicap, depuis la promulgation de la loi du 11 février 2005.
2 Une présentation de la diversité des types de troubles, des modes de scolarisation, des approches plurielles des compensations permettront d’avoir une approche dynamique de cette réalité. Nous envisagerons ensuite la scolarisation des élèves en situation de handicap aux différents niveaux d’enseignement du système éducatif pour enfin aborder la question aujourd’hui déterminante de la continuité du parcours scolaire, de la poursuite des études dans l’enseignement supérieur et de l’insertion sociale et professionnelle.
Une progression de 132 % de la scolarisation individuelle des jeunes handicapés depuis l’instaurationde la loi du 11 février 2005
3 Au cours de l’année scolaire 2012-2013, 5826 élèves handicapés sont scolarisés en milieu ordinaire, c’est-à-dire dans une école, un collège ou un lycée. Tous sont scolarisés dans le cadre d’un Plan personnalisé de scolarisation (PPS).
Tableau 1 : évolution des principaux modes de scolarisation des enfants et adolescents en situation de handicap
Tableau 1 : évolution des principaux modes de scolarisation des enfants et adolescents en situation de handicap
4Depuis 2006-2007, première année complète d’application de la loi du 11 février 2005 à l’Éducation nationale, les effectifs d’élèves handicapés en milieu ordinaire sont passés de 1557 à 3615 à la rentrée 2012 soit une augmentation de 132 %.
5 Cette évolution s’est accompagnée d’un accroissement du nombre d’établissements de l’Éducation nationale accueillant ces élèves. En 2012-2013, 59,1 % des écoles et 82,8 % des établissements du 2nd degré comptent au moins un élève handicapé contre respectivement 46,3 % et 52,8 % en 2006.
6 À la rentrée 2012, les élèves présentant des troubles intellectuels et cognitifs sont les plus nombreux (2 532 élèves). Bien que représentant 43,5 % des effectifs, cette part relative est en baisse au regard des élèves présentant des troubles psychiques (1154 élèves soit 19,8 % des effectifs, soit une augmentation de 27,9 % en trois ans) et des jeunes présentant des troubles du langage et de la parole (910 élèves soit 15,6 % des effectifs, soit une augmentation de 60,5 % en trois ans). Les autres troubles (moteurs, sensoriels et autres) constituent 21,1 % de l’ensemble des élèves handicapés. 67,1 % des élèves handicapés sont des garçons.
Une scolarisation adaptée en fonction des troubles
Tableau 2 : répartition des niveaux et des modes de scolarisation par trouble en 2012-2013
Tableau 2 : répartition des niveaux et des modes de scolarisation par trouble en 2012-2013
7Les modes de scolarisation apparaissent étroitement liés aux types de déficiences. À cet égard, les différents troubles recensés par les enquêtes sur la scolarisation des élèves handicapés dans les 1er et 2nd degrés peuvent être répartis en deux groupes distincts :
- Groupe 1 : les élèves présentant des troubles d’ordre physique (moteurs, sensoriels, viscéraux), ainsi que ceux présentant des troubles du langage et de la parole. Ils connaissent une scolarité proche de celle de l’ensemble de la population. Ils fréquentent très majoritairement (91 %) une classe ordinaire hors Section d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa).
- Groupe 2 : les élèves présentant des troubles intellectuels et cognitifs, des troubles psychiques, ainsi que ceux présentant des troubles associés. Ils sont davantage scolarisés dans le 1er degré que dans le 2nd degré. Ils sont le plus souvent affectés dans une Clis, une Ulis ou une Segpa dans le 2nd degré ou dans un établissement médico-social.
Graphique 1 : Répartition par âge et par groupe de déficiences des élèves handicapés scolarisés en milieu ordinaire en 2012-2013
Graphique 1 : Répartition par âge et par groupe de déficiences des élèves handicapés scolarisés en milieu ordinaire en 2012-2013
Les jeunes présentant un trouble intellectuel, cognitif ou psychique plus nombreux en Clis ou en Ulis
9 Depuis 2006, on observe pour les élèves handicapés au-delà de 12 ans une progression significative de leur scolarisation en milieu ordinaire. Globalement, les 12-15 ans ont vu leur effectif passer de 606 à 1986 élèves. De même pour les élèves de 16 ans et plus qui sont au nombre de 408 contre 121 en 2006.
10 En 2012-2013, les écoles accueillent 3347 enfants en situation de handicap : parmi eux, 105 enfants handicapés entrent à l’école maternelle (effectif en petite section).
11 En 2012-2013, 819 élèves présentant des troubles recensés dans le groupe 1 sont scolarisés dans le 1er degré et pour la plupart dans une classe ordinaire (95 %) (tableau 2). Au-delà de 6 ans, 96 % d’entre eux reçoivent un enseignement de niveau élémentaire. Les élèves présentant des troubles rassemblés dans le groupe 2 scolarisés dans le 1er degré sont au nombre de 2 528. Ils sont scolarisés individuellement entre 3 et 6 ans. Contrairement aux élèves du groupe 1, ceux du groupe 2 affichent un retard scolaire important : à l’âge de 6 ans, plus de la moitié d’entre eux reçoivent toujours un enseignement de niveau maternelle. Par ailleurs, les élèves du groupe 2 sont globalement plus souvent scolarisés en Clis (52 %). Le taux de scolarisation en Clis croît progressivement avec l’âge : ainsi à 7 ans, près de la moitié (48 %) d’entre eux fréquentent une Clis, alors qu’à partir de 9 ans ils sont les deux-tiers (68 %).
Le temps de scolarisation
Graphique 2 : Elèves porteurs de maladies invalidantes ou de handicaps. Evolution des temps de scolarisation sur les 3 dernières années1er degré - Académie
Graphique 2 : Elèves porteurs de maladies invalidantes ou de handicaps. Evolution des temps de scolarisation sur les 3 dernières années1er degré - Académie
12On observe que le nombre d’élèves scolarisés à temps complet augmente au fil de la scolarisation.
L’aide humaine : une évolution constante dans les moyens et dans l’organisation
13 Si la scolarisation en classe ordinaire peut se faire sans aucune aide particulière, elle s’accompagne de plus en plus souvent d’aménagements divers lorsque la situation l’exige. L’Auxiliaire de vie scolaire individuel (AVSi) a pour mission l’aide à l’accueil et à la scolarisation d’un seul élève handicapé. Définies par l’enseignant, ses interventions concernent l’aide pour l’écriture, l’utilisation de matériels pédagogiques au sein de la classe, l’accompagnement aux sorties scolaires. Cette modalité d’accompagnement se caractérise dans l’académie par une forte augmentation du nombre de personnes. Depuis 2005, le nombre d’AVS-i a quadruplé.
14 En 2012-2013, 60 % des élèves, soit 3 élèves sur 5, en situation de handicap, scolarisés en classe ordinaire, bénéficient d’une aide humaine. En matière de taux de couverture, on observe qu’aujourd’hui les 2 169 notifications d’accompagnement individuel émises par les MDPH peuvent être couvertes à 100 % grâce aux moyens nouveaux mis en place à la rentrée 2012.
15 Outre ces accompagnements individuels, 2 211 élèves scolarisés en Clis ou en Ulis bénéficient de l’accompagnement d’un AVS-co. Ces Auxiliaires de vie scolaire collectifs appartiennent à l’équipe éducative et participent, sous la responsabilité pédagogique de l’enseignant et sous l’autorité du directeur d’école ou du chef d’établissement, à l’encadrement et à l’animation de toute action éducative conçue dans le cadre du projet d’école ou d’établissement pour l’aide aux dispositifs collectifs pour l’inclusion des élèves handicapés (Clis, Ulis…).
Graphique 3 : Evolution de l’accompagnement selon le trouble chez les élèves scolarisés individuellement sur les 3 dernières années1er degré - Académie
Graphique 3 : Evolution de l’accompagnement selon le trouble chez les élèves scolarisés individuellement sur les 3 dernières années1er degré - Académie
Graphique 4 : Evolution de l’accompagnement selon le trouble chez les élèves scolarisés individuellement sur les 3 dernières années 2nd degré - Académie
Graphique 4 : Evolution de l’accompagnement selon le trouble chez les élèves scolarisés individuellement sur les 3 dernières années 2nd degré - Académie
Le matériel pédagogique adapté : une hausse constante qui accompagne les besoins
16 Dans l’académie, 8,7 % des élèves du 1er degré et 27,3 % des élèves du 2nd degré bénéficient de matériel pédagogique adapté. Les matériels qui peuvent être mis à disposition sont principalement des matériels informatiques tels que : ordinateurs, claviers braille, périphériques adaptés, logiciels spécifiques… mais aussi télé-agrandisseurs, dictaphones… En revanche, cette attribution ne concerne pas le mobilier qui relève de la compétence de la commune pour les écoliers, du Conseil général pour les collégiens et de la région pour les lycéens.
17 Concernant l’équipement informatique individuel, l’académie, dans un souci d’universalité, de pérennité, d’équité et d’économie, a fait le choix de logiciels libres, ouverts et gratuits pour tous ses élèves de l’école élémentaire au lycée. Les formats ouverts des fichiers produits et des pratiques communes donnent la meilleure garantie d’une technique maîtrisée par tous ; élèves, familles et enseignants, offrant de la sorte l’accessibilité numérique optimale.
18 Ces solutions ne prétendent pas effectuer tout le travail à la place de l’élève mais visent à lui apporter toute l’aide nécessaire à la réflexion qui va lui permettre de produire en autonomie ses propres écrits. Elles sont utilisées au quotidien par de nombreux élèves dys, déficients visuels, ou polyhandicapés, y compris aux examens et donnent toute satisfaction. Elles sont de plus en plus reconnues et utilisées par de nombreux professionnels de santé (orthophoniste, ergothérapeute) avec lesquels un échange est établi lors d’une réunion annuelle.
Graphique 5 : Elèves porteurs de maladies invalidantes ou de handicaps. Emploi de matériel pédagogique adapté selon le trouble - Académie - 2012-2013
Graphique 5 : Elèves porteurs de maladies invalidantes ou de handicaps. Emploi de matériel pédagogique adapté selon le trouble - Académie - 2012-2013
19L’attribution de matériel pédagogique adapté se concentre au collège. 27 % des élèves handicapés scolarisés en collège en bénéficient. Cet élément est à corréler avec le taux important d’élèves présentant des troubles du langage et de la parole, au collège. Sur les 589 élèves concernés par ce trouble dans le 2nd degré, 266 soit 45 % bénéficient de matériel pédagogique adapté. Ensuite, ce sont les collégiens présentant des troubles des fonctions motrices, visuelles et auditives auxquels est attribué le plus grand nombre de matériels pédagogiques adaptés.
Une très nette progressionde la scolarisation des jeunes handicapés au collège
20 Au cours de l’année 2012-2013, 2 479 élèves handicapés sont scolarisés dans les établissements du 2nd degré. Ces effectifs ont augmenté de 262 % en moyenne depuis 2006 (tableau 1). Néanmoins, les élèves restent moins nombreux dans le 2nd degré : ils représentent 42,6 % de l’ensemble des élèves contre 57,4 % pour le 1er degré.
21 La scolarisation individuelle concerne 65,1 % des élèves handicapés dans les établissements scolaires du 2nd degré.
22 L’entrée en Ulis, dispositif accueillant plutôt des jeunes du groupe 2, se fait le plus souvent à 12 ans pour le collège et à 16 ans pour le lycée. 68,4 % des élèves en Ulis de collège ont un niveau scolaire déclaré relevant de l’enseignement élémentaire, 43,2 % pour les élèves d’Ulis en lycée.
Graphique 6 : Les modalités de scolarisation au collège par âge pour les élèves du groupe 1 en 2012-2013
Graphique 6 : Les modalités de scolarisation au collège par âge pour les élèves du groupe 1 en 2012-2013
Graphique 7 : Les modalités de scolarisation au collège par âge pour les élèves du groupe 2 en 2012-2013
Graphique 7 : Les modalités de scolarisation au collège par âge pour les élèves du groupe 2 en 2012-2013
23Les collèges scolarisent 2009 élèves handicapés : 1003 en classe ordinaire, 249 en Segpa et 757 en Ulis. En collège, l’enseignement en Segpa constitue une voie d’orientation supplémentaire à la scolarisation en classe ordinaire et à la scolarisation en Ulis. En cinq ans, les Ulis (tout type d’établissement du 2nd degré confondu) ont totalisé 384 élèves de plus soit une hausse de 136,7 %. Le nombre des Ulis passant de 281 à 665 a ainsi été multiplié par 2,4 entre 2006 et 2012-2013.
24 Dans les collèges, 6 élèves handicapés sur 10 relèvent du groupe 2. Ils sont le plus souvent scolarisés en Segpa ou en Ulis. En revanche, dans le groupe 1, la plupart des élèves sont scolarisés en classe ordinaire hors Segpa (84,2 %).
Au lycée, les élèves handicapés sont le plus souventdans la voie professionnelle
25 En 2012-2013, 393 élèves handicapés fréquentent un lycée général et technologique ou professionnel dont 95 en Ulis.
Graphique 8 : Les modalités de scolarisation au lycée par âge pour les élèves du groupe 1 en 2012-2013
Graphique 8 : Les modalités de scolarisation au lycée par âge pour les élèves du groupe 1 en 2012-2013
Graphique 9 : Les modalités de scolarisation au lycée par âge pour les élèves du groupe 2 en 2012-2013
Graphique 9 : Les modalités de scolarisation au lycée par âge pour les élèves du groupe 2 en 2012-2013
26Les élèves du groupe 1 sont les plus nombreux à être scolarisés en lycée (226 élèves soit 0,5 % de la population lycéenne totale). Comme au collège, ces élèves sont scolarisés en classe ordinaire, où ils suivent plus souvent un enseignement général et technologique (70 %) que professionnel (30 %).
27 Entre le collège et le lycée, les élèves du groupe 2 ont vu leur effectif divisé par 6. Ils sont au nombre de 166. 56,7 % d’entre eux fréquentent une Ulis et lorsqu’ils sont scolarisés individuellement, ils sont aussi nombreux en LP qu’en lycée général et technologique.
28 Dans les Ulis, la part de l’enseignement professionnel est de plus de 60 % et 52,4 % des élèves sont déclarés dans l’enquête avec un niveau correspondant à l’enseignement élémentaire (palier 1 ou 2 du socle commun).
29 À la rentrée 2013, le maillage des Ulis en lycée sera significativement renforcé, passant de 11 à 18 dispositifs pour accompagner la hausse des orientations vers ces dispositifs par la Commission des droits et de l’autonomie (CDA).
Un enjeu fort,l’insertion sociale et professionnelle
30 Ainsi, depuis sept ans, la poursuite de scolarisation des jeunes en situation de handicap a très nettement progressé dans le second degré. L’académie a accompagné ce mouvement par la création de 6 à 8 Ulis en collège chaque année. À la rentrée 2013, l’académie comptera 78 Ulis en collège. Celles-ci sont essentiellement orientées vers la scolarisation des élèves présentant des troubles des fonctions cognitives ou mentales et des troubles envahissants du développement.
31 Après le développement des Ulis en collège, une forte demande d’accès au second cycle s’est exprimée. Cette attente a concerné plus particulièrement le lycée professionnel et a conduit à y implanter, en nombre croissant, des Ulis à partir de la rentrée 2007. Ainsi à la rentrée 2013, sept Ulis en lycée seront créées pour composer un maillage territorial de 18 dispositifs.
32 En conséquence, la demande d’insertion professionnelle croît chaque année, du fait de la sortie des Ulis de nombreux jeunes handicapés et de l’augmentation régulière du nombre de dispositifs au niveau académique. Si en 2006, les parents envisageaient la scolarisation comme un but ultime, aujourd’hui l’insertion professionnelle est un objectif de premier rang pour tous.
33 Au niveau académique, l’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap reste sans réelle visibilité. Pourtant, on perçoit bien que le nombre de jeunes ne trouvant pas d’emploi est important. De fait, les élèves handicapés scolarisés restent à l’écart de l’accès aux diplômes et certifications et nombre d’entre eux ne sont pas ou peu qualifiés : c’est bien le premier obstacle à l’insertion.
34 Favoriser l’accès à l’emploi des jeunes handicapés est donc un des objectifs majeurs sur lequel porte maintenant la réflexion et le projet académique. Quatre axes forts sont identifiés : orientation, qualification, accompagnement, continuité. Ce dernier axe, important tout au long du parcours scolaire est déterminant au moment de l’insertion professionnelle. S’il faut éviter la rupture tout au long du parcours scolaire, il est tout aussi déterminant d’assurer la continuité entre la sortie de l’école et l’entrée dans le monde du travail. Les orientations de travail du projet académique reposent sur les trois constats suivants :
Un premier constat : une nécessaire consolidation du parcours en Ulis LP avec l’insertion professionnelle en ligne d’horizon
35 Le développement des poursuites de scolarisation des jeunes handicapés en Ulis au collège depuis 2006 (+ 168 %) a fait apparaître une demande beaucoup plus forte d’accès au second cycle. Les Ulis en lycée de notre académie étant essentiellement orientées vers la scolarisation des élèves présentant des troubles des fonctions cognitives ou mentales et des troubles envahissants du développement, cette attente a concerné plus particulièrement le lycée professionnel et conduit à y implanter, en nombre croissant, des Ulis à partir de la rentrée 2007. De belles réussites ont été au rendez-vous, cependant, parfois, cette poursuite de formation a abouti à des impasses et laissé des jeunes sans possibilité d’insertion professionnelle.
36 En effet, si les élèves sont le plus souvent inclus dans les temps d’enseignement généraux, par contre, n’étant pas inscrits en CAP, ils ne peuvent que difficilement être inclus en ateliers professionnels. Leur formation avec la perspective d’une insertion professionnelle s’en trouve alors réduite.
37 Ce constat posé, fort de l’expérience acquise et au moment où l’académie développe de manière volontariste les Ulis en lycée, il a été jugé nécessaire de poser les bases de nouveaux fonctionnements en publiant une circulaire académique posant quelques principes et orientations de travail comme des conditions de l’efficacité de ces dispositifs.
38 Des principes généraux
39 Organiser les Ulis en lycée professionnel pour rendre accessibles aux élèves handicapés les formations qui y sont dispensées et ainsi conduire chaque jeune à une insertion sociale et professionnelle.
40 Intégrer pleinement les Ulis au sein des lycées dans lesquels elles sont implantées. Les élèves scolarisés au titre de l’Ulis sont des élèves à part entière de l’établissement et leur inscription se fait dans la division correspondant à leur Projet personnalisé de scolarisation (PPS).
41 Des orientations de travail déterminées à partir d’observations et de l’expérience acquise au cours des dernières années dans le cadre d’une réflexion partenariale.
42 Préparer l’orientation au collège, ajuster l’affectation et ouvrir les possibles :
- accompagner plus étroitement l’entrée au lycée, depuis la procédure d’orientation et d’affectation jusqu’à l’accueil dans l’établissement. Avec l’appui de l’IEN-IO, accorder une priorité d’affectation en CAP lorsque le vœu de l’élève correspond à un projet mûri et validé à travers le PPS ;
- inclure progressivement les élèves indéterminés à leur entrée en Ulis lycée dans un CAP en fonction d’un choix révisable. L’Ulis Pro constitue alors une plate-forme de détermination et de préparation à l’accès à une formation qualifiante, en se donnant le temps nécessaire pour garantir la réussite de cette qualification (totale ou partielle) ;
- travailler en relation avec plusieurs autres lycées professionnels de manière à élargir l’offre de formation afin de faciliter la mise en adéquation du projet professionnel du jeune avec son projet personnalisé de scolarisation.
44 Assurer la certification et la délivrance d’une attestation de compétences :
- procéder à une validation progressive des compétences permettant de fournir, aux employeurs éventuels une attestation lorsque le diplôme visé n’est pas obtenu travailler à la reconnaissance de ces attestations avec les chambres consulaires ;
- étayer l’insertion professionnelle par la coopération avec les institutions et services et par la constitution d’un réseau de professionnels ;
- coopérer plus étroitement avec les MDPH sur la problématique de l’insertion et établir un lien avec les référents d’insertion professionnelle ;
- développer, à ce niveau, les coopérations avec les établissements médico-sociaux (IMPro, Esat, etc.) pour instaurer des passerelles, partager des ressources et des réseaux de partenaires et faciliter l’ajustement de l’accès à l’emploi ;
- rechercher, autant que de besoin, la coopération avec le Service d’appui régional pour l’apprentissage des handicapés (Sarah) ;
- construire un réseau d’entreprises et d’institutions accueillantes autour de l’Ulis, prêtes à coopérer à la mise en place d’un parcours accompagné de formation depuis la découverte des milieux de travail et les stages jusqu’à la recherche d’emploi, voire d’un véritable parrainage ;
- mettre en place, dans chaque département, une instance permettant de réunir l’ensemble des acteurs impliqués dans la formation et l’insertion des jeunes handicapés (Dasen, IEN-IO, IEN-ASH autres services de l’État, MDPH, Agefiph, CAP Emploi, mission locale, entreprises, chambres consulaires, etc.) et de les mobiliser autour d’actions facilitatrices.
Un second constat : la nécessité de renforcer les compétences des personnels de lycée dans une approche pluri-professionnelle
46 La scolarisation des jeunes handicapés en lycée ouvre des perspectives nouvelles mais elle pose à l’organisation scolaire des problèmes jusque-là ignorés. La participation de ces adolescents voire de ces jeunes adultes à la vie lycéenne, les difficultés d’organisation du travail quotidien ou la préparation d’une insertion sociale et professionnelle incertaine doivent être interrogées. Ces questions dépassent largement la seule question de l’enseignement et appellent une réponse de tous les professionnels qui exercent leurs fonctions au lycée.
47 Aussi, depuis la rentrée 2011, dans le cadre du pôle de formation académique ASH, un itinéraire de formation de 8 jours (48 heures) relatif à la scolarisation des élèves en situation de handicap à destination de tous les personnels de lycée a été mis en place.
48 Intitulé, « Changer le regard pour mieux scolariser », cet itinéraire de formation s’adresse à tous les personnels exerçant au sein d’un lycée quelles que soient leur fonction et leur tutelle (État, région). Le partenariat avec la Région, le Centre national de formation de la fonction publique territoriale (CNFPT) a permis de mobiliser des ressources et des partenaires de divers horizons. En 2012-2013, la dimension insertion professionnelle a été développée en y associant de nombreux partenaires, acteurs de cette insertion. Les deux derniers modules (3 jours) sont dédiés à cette problématique avec l’ambition de fédérer ces professionnels.
Un troisième constat : la poursuite d’étude dans l’enseignement supérieur est à soutenir
49 Dans l’enseignement supérieur, à l’université de Poitiers, les étudiants en situation de handicap ne représentaient, en 2010-2011, que 0,7 % de la population totale des étudiants et 0,003 % en Brevet de technicien supérieur (BTS) et en classes préparatoires aux grandes écoles.
50 Les jeunes accédant à l’enseignement supérieur présentent le plus souvent un trouble d’ordre physique (déficience motrice, sensorielle, viscérale) ou un trouble spécifique des apprentissages (groupe 1 de notre étude). Leur trajectoire scolaire est plus proche de celle des élèves non handicapés avec toutefois une série de freins et d’obstacles qui évoluent au fil de la scolarité et qui bien trop souvent encore les empêchent d’accéder à l’enseignement supérieur.
Une action : le dispositif Phares pour voir loin
51 Afin de faciliter en particulier la transition entre enseignement secondaire et enseignement supérieur, la Fédération étudiante pour une dynamique études et emploi avec un handicap (Fédéeh), le rectorat, l’université de Poitiers et l’association HandiSup Centre-Ouest travaillent depuis la rentrée universitaire 2012 à la mise en place d’un dispositif de tutorat étudiant à destination de collégiens et lycéens handicapés, sur le modèle du programme Phares (Par-delà le handicap, avancer et réussir des études supérieures) mis en place en 2008 par l’Essec et la Maif.
52 Il s’agit d’accompagner des jeunes en situation de handicap, scolarisés en milieu ordinaire et qui se destinent à un baccalauréat professionnel, général ou technologique, à partir de la classe de troisième jusqu’à l’entrée dans le supérieur afin de leur apporter les clés pour envisager des études supérieures à la hauteur de leur potentiel. Ce projet, partant du principe qu’une orientation ne se définit pas seulement dans l’année n-1 veut permettre aux jeunes, dès avant la fin du parcours en collège, de se projeter dans l’avenir en envisageant l’insertion professionnelle par l’acquisition d’un diplôme de l’enseignement supérieur.
53 Le dispositif repose sur du tutorat hebdomadaire assuré par des étudiants de l’université de Poitiers. Les séances de tutorat sont collectives (un binôme ou trinôme de tuteurs pour 5 à 8 jeunes du même âge) et ont lieu chaque semaine au sein de l’établissement supérieur. Des sorties culturelles et des visites d’entreprises sont également organisées plusieurs fois dans l’année ainsi que divers ateliers complémentaires au tutorat (ateliers d’expression par exemple). L’objectif est de valoriser les atouts des jeunes handicapés et développer chez eux des compétences transversales qui leur seront utiles quel que soit leur projet d’études telles que l’autonomie, la confiance en soi, l’aisance à l’oral, la capacité à travailler en équipe.
54 L’adhésion au programme se fait sur la base du volontariat des jeunes et de leur famille et du respect de la confidentialité. La présentation est faite lors des réunions d’équipes de suivi de scolarisation par l’enseignant référent qui présente à la famille du jeune concerné le programme Phares et transmet les coordonnées de l’établissement supérieur. Une invitation à une réunion d’information sur le programme est alors envoyée au jeune et à la famille ayant manifesté leur intérêt en fin d’année scolaire. Suite à cette réunion d’information, c’est le jeune qui choisit ou non de faire acte de candidature, avec l’accord de ses parents.
Conclusion
55 Ainsi, au seul regard de l’amélioration de la scolarisation des élèves en situation de handicap sur le plan quantitatif nous pouvons nous montrer optimistes. Cependant, cet optimisme doit demeurer lucide pour maintenant porter nos efforts sur le versant qualitatif afin de permettre aux jeunes d’atteindre l’objectif qu’ils se donnent, poursuite d’études dans l’enseignement supérieur et/ou insertion professionnelle et sociale.
56 Il est trop tôt pour mesurer, dès aujourd’hui, les effets des actions mises en œuvre, mais seul le volontarisme partagé avec les partenaires permettra de progresser. L’éducation nationale ne peut pas seule apporter les réponses à une question si complexe, mais il est de sa responsabilité de contribuer à définir des objectifs partagés, de fédérer les partenaires et d’organiser ou de coordonner les actions qui contribueront à l’amélioration des parcours. Les plafonds de verre si souvent évoqués ne pourront être traversés que par un élan commun.
Mots-clés éditeurs : Handicap, Continuité du parcours, Accès à l'emploi, Académie de Poitiers, Scolarisation, Phares, Insertion professionnelle, Dispositifs collectifs pour l'inclusion scolaire, Formation qualifiante
Date de mise en ligne : 07/02/2015.
https://doi.org/10.3917/nras.063.0081