Notes
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[1]
(Note de la page 106.) Depuis 1965, le Parti de la Justice avec son chef Süleyman Demirel était au pouvoir en Turquie. Favorable aux États-Unis, il se trouva aux prises avec la contestation des étudiant·e·s de gauche, qui à partir de 1966, organisèrent des manifestations contre la présence militaire américaine en Turquie. L’opposition estudiantine prit des formes de guérilla urbaine. Constatant l’impuissance de Demirel, les militaires reprirent la direction des affaires (12 mars 1971) procédant à une répression énergique des étudiant·e·s. In Mourre, Michel (1996). Dictionnaire encyclopédique d’histoire. Paris : Bordas.
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[2]
Les Loups gris sont un groupe d’extrême droite, milice armée du Parti d’action nationale. Il aurait été reconnu responsable de quelque 700 assassinats entre 1974 et 1980, essentiellement contre des universitaires, des enseignant·e·s et des politicien·ne·s de gauche (Mourre, 1996).
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[3]
Plus de 300000 personnes ont été arrêtées à la suite de ce coup d’État. La plupart ont été torturées et certaines condamnées à mort (Mourre, 1996).
-
[4]
Association à but non lucratif fondée en 1998 à Fribourg, espacefemmes vise principalement à promouvoir le rôle des femmes dans la société, à favoriser leur intégration, à contribuer à réaliser dans les faits l’égalité entre femmes et hommes, ainsi qu’à combattre toute forme de discrimination à l’encontre des femmes. C’est un lieu d’échange interculturel qui permet aux femmes d’ici et d’ailleurs de se retrouver ; y sont organisés des cours de français et d’allemand, des animations socioculturelles et des soirées d’informations.
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[5]
Créé en 1978, le Centre de contact SuisseSSEs-ImmigréEs/SOS Racisme est une association qui vise à promouvoir les droits fondamentaux des immigré·e·s et encourager la revalorisation de leurs conditions d’existence et de travail. Il offre des informations et un suivi juridique à toutes les personnes qui rencontrent des difficultés liées à leur autorisation de séjour, à du racisme ou à une procédure de naturalisation.
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[6]
Solidarité femmes Fribourg est une association à but non lucratif spécialisée dans l’aide aux femmes victimes de violence. Elle est constituée d’un centre de consultation et d’une structure d’hébergement pour les femmes victimes de violence conjugale, avec leurs enfants. Atteignable jour et nuit, l’équipe d’assistantes sociales offre un accompagnement et un soutien psychosocial professionnalisés.
1Née en Turquie, Dounia s’engage très jeune dans un mouvement de gauche radical interdit par le gouvernement. Son engagement féministe et politique se développe dans le climat d’oppression sociale et de censure caractéristique des années 70. Condamnée à vivre dans l’illégalité, elle quitte son pays avec son mari en 1980, avant le troisième coup d’État militaire. Dans l’urgence, le couple choisit la Suisse comme destination. Dounia nous livre le récit de sa vie sous forme de bilan. Son regard revisite son parcours migratoire, les préjugés auxquels elle a dû faire face en tant qu’immigrée turque, la déqualification professionnelle et les conséquences de son engagement féministe en Suisse. Elle a choisi de paraître sous un nom d’emprunt pour des raisons de sécurité et pour protéger son entourage. Beaucoup de femmes engagées, qui osent s’exprimer librement, pourront se retrouver dans la « mise à distance » sociale qu’a expérimentée Dounia par rapport à sa communauté.
2Ta prise de conscience politique a commencé en Turquie. Quels ont été ton parcours et tes activités militantes dans ton pays ?
3J’étais déjà proche des idées de gauche de par mon père qui était social-démocrate et qui défendait des conceptions progressistes. J’ai commencé à développer une conscience politique pendant mes études supérieures. Au début des années 70, les mouvements universitaires turcs étaient influencés par la mobilisation de 1968 en Europe [1]. J’étais en première année d’étude lorsqu’il y a eu le premier coup d’État en 1971. Beaucoup de jeunes militant·e·s qui faisaient partie de la Fédération des étudiant·e·s ont été arrêté·e·s. Il y a eu des condamnations à mort.
4Je me suis trouvée tout de suite dans les actions et les manifestations qui ont été organisées pour protester contre ces condamnations. Je ne sais pas pourquoi. J’étais quand même très jeune. Je n’avais même pas 15 ans.
5Pendant cette période, j’ai rencontré d’autres personnes qui partageaient mes idées. Inévitablement, nous avions aussi des discussions autour de la situation des femmes. Ma prise de conscience féministe date donc de cette époque. C’est vrai que je ne me suis pas engagée directement dans un mouvement féministe à ce moment-là, parce que ça n’existait pas vraiment.
6Après mes études, j’ai commencé à exercer mon métier comme professeure de langues dans un lycée. La situation politique ne s’est pas calmée, bien au contraire. À la fin des années 70, la protestation s’est renforcée. Je faisais partie d’un groupement politique radical qui prêchait la révolution et le renversement du régime. La place des femmes ou des jeunes femmes y était vraiment très importante. Elles étaient très visibles dans les actions, même s’il n’y avait pas une organisation féministe en soi. Les jeunes femmes qui participaient à ce mouvement prenaient des responsabilités. De ce point de vue-là, c’était vraiment un milieu propice pour défendre les intérêts féministes. Mon parcours de militante a commencé ainsi. C’était assez dangereux à l’époque de faire partie de notre mouvement parce qu’il était illégal.
7Autour de 1979, des organisations de droite très nationalistes se sont créées en réaction aux activités des forces de gauche, notamment un groupe que nous qualifions de fasciste et qui s’appelait les Loups gris [2].
8Les forces en présence étaient très polarisées. Il y avait beaucoup de restrictions. Dans l’école où j’enseignais, le directeur nous interdisait d’apporter le journal à l’école. Moi, je prenais mon journal avec moi malgré tout. J’étais assez radicale. Peu de personnes osaient ainsi marquer leur opposition publiquement.
9Étais-tu engagée dans d’autres organisations à cette époque ?
10Nous faisions aussi partie de l’Association des enseignant·e·s de Turquie qui, elle, était légale. À l’époque, c’était la plus grande association du Moyen-Orient, avec environ 600 000 adhérent·e·s.
11Différentes tendances politiques essayaient d’y exercer une influence. Nous formions des groupes de femmes pour des séminaires ou des lectures d’ouvrages. Il y avait des enseignantes et des personnes d’autres milieux qui se réunissaient régulièrement pour se questionner par rapport aux droits des femmes et par rapport à notre position au sein même de l’association.
12Malgré un discours démocrate, nous sentions que ses structures restaient patriarcales. Il y avait vraiment un mur entre les femmes et les hommes. Nous avons dû nous battre parce que les femmes enseignantes n’osaient presque pas entrer dans le local de l’Association, par exemple.
13C’était vraiment incompréhensible : d’une part, on luttait pour les droits démocratiques de toutes et de tous. Et c’était bien vu que nous fassions nos séminaires entre nous, les femmes. D’autre part, les hommes démocrates, socialistes, avaient une attitude bizarre quand nous entrions dans le local. Nous n’étions pas les bienvenues. Alors on a dû se battre pour que cette attitude change.
14C’était vraiment difficile. Par exemple, durant les élections pour le comité, les différents groupes luttaient pour avoir une femme sur leur liste. Ils considéraient que la présence d’une femme leur donnerait plus de prestige vu les revendications des enseignantes. Nous avions constaté cela et nous y étions opposées. Nous étions là parce que nous voulions participer, pas uniquement parce que nous étions des femmes, mais en tant que représentantes d’une idéologie et pour y faire quelque chose. En venant en Suisse, j’ai bien constaté que c’était un peu pareil partout.
15En ce qui concerne le courant féministe à l’intérieur de cette association, aviez-vous des objectifs spécifiques pour lesquels vous luttiez ?
16Non, on n’avait pas fait cette séparation justement. Au sein de notre mouvement, c’était une lutte politique pour la libération des femmes et de toutes les couches opprimées. Il n’y avait pas cette séparation entre mouvement pour les femmes, ou pour les travailleurs. C’était une lutte globale contre le régime qui oppressait tout le monde. Bien sûr, nous donnions beaucoup d’importance à la conscientisation des femmes qui étaient à la maison. Nous, les jeunes femmes, travaillions dans les quartiers. Nous approchions les femmes et les jeunes filles qui restaient à la maison parce que c’était difficile pour elles de sortir, de participer à la vie publique.
17Dans ce travail de proximité, as-tu réussi à conscientiser les femmes des quartiers ?
18À l’époque, notre mouvement était très bien accepté par la population parce que l’on faisait un travail de proximité. Ce n’était pas un parti politique qui donnait des ordres. Oui, je me souviens qu’on était vraiment très bien reçu·e·s par les familles et les femmes que l’on rencontrait dans les quartiers. Il y avait une confiance vis-à-vis de nous, parce que l’on faisait des efforts en comparaison des idéologies un peu rigides des mouvements radicaux où la femme devait avoir une façon d’être masculine. Il y avait des attitudes, des « clichés » de femmes et d’hommes révolutionnaires. À l’époque, on avait des parkas par exemple. Dans notre mouvement, nous nous disions que si on veut s’approcher des femmes pour les conscientiser, il faut être habillées comme elles. Alors on ne mettait pas des pantalons, on mettait plutôt des jupes. Ce n’était pas des « clichés » que l’on apportait à ces gens. C’est pour ça que je me sentais très bien dans cette organisation-là.
19Mes meilleurs souvenirs restent cependant avec mes étudiantes au lycée. Cela me faisait vraiment plaisir de pouvoir travailler avec ces jeunes femmes. Il n’y avait pas beaucoup d’écart d’âge entre elles et moi.
20Est-ce que dans ton mouvement il y avait des hommes qui s’intéressaient aux questions féministes ?
21Dans notre mouvement, on laissait beaucoup plus de place aux femmes en général, mais il y avait plutôt des jeunes femmes, des étudiantes ou des enseignantes.
22J’ai une anecdote à ce propos. Nous logions souvent des personnes qui étaient clandestines et travaillaient sous des pseudonymes. Bien que nous militions pour les mêmes causes mon mari et moi, quand il y avait ces visites, qu’il fallait accueillir les personnes et leur faire à manger, c’était surtout moi qui travaillais. Une fois, un de nos hôtes a fait la remarque qu’il fallait que je sois là aussi pour la discussion et que je ne devais pas rester à la cuisine. J’avais beau être une militante au même titre que mon mari, il ne bougeait pas et je devais m’occuper des tâches ménagères. C’est là que l’on voit la difficulté de concilier ses sentiments, sa vie de couple et de s’imposer pour ses idées.
23Tu es venue en Suisse avec ton mari en 1980, suite au troisième coup d’État turc. Quelles circonstances vous ont amenés à quitter la Turquie ?
24En 1980, avant le coup d’État, nous avions participé à la manifestation du 1er Mai qui était interdite. Le gouvernement a décrété des interdictions de sortie du pays pour plusieurs personnes, y compris moi et mon mari. C’est là que nous avons décidé de quitter notre ville tout de suite. Nous avons séjourné un peu dans une autre ville et ensuite nous sommes venus en Suisse. On est partis fin juillet et on est arrivés en Suisse le 1er août, pour la fête nationale. Je n’oublierai jamais ça. Le 12 septembre 1980, il y a eu le troisième coup d’État en Turquie [3]. En réalité, c’est depuis un moment déjà que nous étions préparés à devoir partir. En mars 1980, nous avions annoncé dans le journal de notre mouvement qu’il fallait s’attendre à un coup d’État. La vie en Turquie était devenue impossible. Il y avait tout le temps des confrontations entre des membres des Loups gris et les mouvements de gauche. Dans l’école de métier où je travaillais, trois élèves avaient été assassiné·e·s. C’était vraiment catastrophique. On ne pouvait même pas visiter nos ami·e·s qui habitaient à 100 mètres de chez nous sans prendre la voiture parce que les Loups gris semaient une terreur terrible dans les rues. J’avais peur de dormir dans notre chambre à coucher la nuit parce qu’il y avait un balcon. On était tout le temps sur le qui-vive, c’était devenu invivable. Quand nous avons su que le régime allait nous interdire de sortir du pays, il y avait deux voies possibles : soit prendre la fuite et partir, soit devenir illégaux dans notre propre pays. C’est dans ce contexte-là que nous avons décidé de quitter la Turquie.
25Pourquoi avez-vous choisi de venir en Suisse ?
26Uniquement parce qu’on connaissait une personne à Fribourg que l’on a contactée pour lui parler de notre situation. On a débarqué à Fribourg avec une valise. C’était tout. Carrément avec une valise.
27Comment as-tu vécu ton premier temps en Suisse ?
28Au début, c’était trop dur pour moi. J’étais enseignante et en Turquie j’avais vécu dans un contexte beaucoup plus valorisant. Arrivée en Suisse, je n’étais personne.
29Nous étions des immigré·e·s, des requérant·e·s d’asile. Quand on se trouvait au sein des associations suisses qui s’occupaient des immigré·e·s, comme par exemple Caritas ou l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), je n’étais que la femme de mon mari. Ça m’a vraiment choquée. Pour eux, je n’avais pas de nom, on disait : « C’est la femme de… » C’était vraiment énervant. Là, j’ai senti qu’il y avait de la domination de la part des hommes. C’est eux qui avaient la parole. Et j’étais tout de suite exposée au cliché de la femme immigrée turque qui ne s’intéresse, de toute façon, pas aux questions politiques. C’est mon mari qui était toujours au premier plan. Heureusement, ça n’a pas duré longtemps parce que, comme j’étais professeure de langues, j’ai appris très vite le français. Malgré toutes les erreurs de français que je faisais encore, je me suis tout de suite lancée dans des assemblées syndicales. Après le coup d’État en Turquie, le nombre des immigré·e·s turques en Suisse avait augmenté et les syndicats s’intéressaient pas mal à nous. Alors là, je me suis lancée, j’ai participé à des débats en tant qu’interprète pour les turcophones. J’ai pu enlever l’étiquette de « femme de… » assez vite. Malgré la naissance de mon fils une année après notre arrivée en Suisse, j’étais très active à l’époque. En fait, tout bébé, il passait des nuits entières dans des réunions, mais il dormait quand même. C’était assez mouvementé à l’époque, on était très très impliqué·e·s.
30Tu étais choquée par le fait que les membres des associations suisses pour les immigré·e·s et les syndicats te considéraient en premier lieu comme « la femme de… ». Est-ce qu’il y a d’autres choses qui t’ont choquée par rapport à la situation des femmes en Suisse ?
31Pas tout de suite parce que je ne connaissais pas encore bien la Suisse. C’est quand j’ai commencé à connaître un peu mieux la situation sociale et politique que je me suis rendu compte que la condition des femmes suisses n’était pas très différente de celle des femmes en Turquie. Avec des nuances, bien sûr : la liberté de travailler et de sortir, mais à quel prix ? Les femmes suisses du quartier où j’habitais étaient tout le temps en train de faire des achats. C’étaient toujours elles qui poussaient les poussettes. À l’époque, j’ai été souvent sollicitée pour faire des conférences. Une fois, j’ai été invitée par un professeur de l’Université de Fribourg pour parler de la condition des femmes turques en comparaison avec celle des femmes suisses. À cette occasion, je disais que j’avais constaté que les femmes suisses, en sortant d’un supermarché, avaient beaucoup de produits de nettoyage dans leurs caddies. C’était choquant de le dire comme ça, mais c’est ce que j’avais constaté. C’est la vérité, il y a beaucoup de produits de nettoyage dans leurs caddies. Alors si ce sont les femmes qui achètent tous ces produits, ça signifie quand même quelque chose. C’est ce que j’ai pu constater et je ne crois pas que je me suis trompée.
32Tu as parlé de féminisme, de mouvements féministes. Qu’est-ce que c’est pour toi, le féminisme ?
33J’entends par féminisme la lutte pour changer la société et les institutions en place, lesquelles sont, partout dans le monde, sous domination des hommes. La lutte féministe doit viser en premier lieu à changer les institutions dominées par les hommes pour qu’il y ait égalité des chances pour les femmes au niveau de la participation à la vie sociale, politique et économique. C’est aussi une lutte pour que le statut des femmes ne soit pas, en soi, un statut qui génère des discriminations. Pour moi, la priorité est de lutter pour des structures égalitaires pour les femmes et les hommes. Mais ça ne suffit pas. Je suis convaincue qu’il faut travailler pour changer les mentalités pour que les femmes ne soient pas discriminées uniquement parce qu’elles sont de sexe féminin. Ça concerne surtout la vie quotidienne et puis aussi la vie de couple. On peut être reconnue dans la société, dans sa profession, valorisée, participer à la vie politique. Mais si ça ne se traduit pas dans la vie privée, ce n’est pas complet. Il faut qu’on soit aussi reconnue en tant que telle par les personnes proches. En premier lieu par son partenaire qui est en majorité de sexe masculin.
34Quels ont été tes principaux engagements féministes en Suisse ?
35Au début des années 90, j’ai pu commencer à faire des actions au sein d’un groupe de femmes appelé Femmes d’ici, femmes d’ailleurs. C’est là que l’idée de l’espacefemmes [4] actuel est née.
36J’ai commencé à travailler en 1991 au Centre de contact SuisseSSEs-ImmigréEs/SOS Racisme (CCSI/SOS Racisme) [5] comme secrétaire permanente, mais c’était avec un petit pourcentage. C’était plutôt du militantisme que du travail lucratif. Et pour la première fois nous avons organisé, à grande échelle, avec les personnes qui se trouvaient au comité du CCSI/SOS Racisme et le groupe de Femmes d’ici, femmes d’ailleurs, la journée des femmes du 8 mars. On a eu un succès que l’on n’imaginait pas. Beaucoup de femmes y ont participé et elles venaient de tous les milieux.
37Nous n’avons pas créé d’association immédiatement, mais nous faisions des réunions plus ou moins périodiques pour traiter des sujets qui touchaient les femmes en général. Nous choisissions une communauté, par exemple la communauté italienne, et nous organisions des discussions sur la question des conditions des femmes italiennes en Italie ou bien ici. Ces réunions publiques de discussion étaient aussi ouvertes aux hommes. C’était très intéressant et nous avions beaucoup de succès. Nous nous sommes dit qu’il fallait leur donner une forme plus officielle. C’est ainsi que nous avons mis sur pied le projet d’espacefemmes avec l’appui des autres associations : CCSI/SOS Racisme, Caritas, la Croix-Rouge, Solidarité femmes, etc.
38Est-ce que les activités proposées dans le cadre de Femmes d’ici, femmes d’ailleurs visaient les femmes migrantes ou s’adressaient-elles aussi aux femmes suisses ?
39L’idée de Femmes d’ici, femmes d’ailleurs n’était justement pas d’être uniquement pour femmes migrantes. Le but était au contraire d’ouvrir la discussion et l’échange à toutes les femmes, pour aborder toute sorte de questions liées à la cause des femmes. Nous ne voulions pas que ça devienne un lieu pour conscientiser les migrantes.
40C’est pourquoi nous avons toujours défendu que les activités se fassent ensemble : femmes immigrées et femmes suisses. Nous avions pas mal de femmes suisses dans ces réunions-là.
41As-tu des souvenirs sur la façon dont se déroulaient les discussions ?
42Je trouve que, en ce qui concerne les femmes, elles partagent énormément d’expériences. Par contre, dans les assemblées mixtes, les hommes sont là pour chercher les erreurs dans ce que disent les femmes.
43Notamment, une fois, nous étions justement à une séance de Femmes d’ici, femmes d’ailleurs avec les femmes africaines. C’était une assemblée mixte où la discussion portait sur la polygamie. Alors, un homme africain nous a expliqué que s’il y a la polygamie en Afrique, c’est parce que les hommes doivent protéger les femmes. C’était vraiment typique. J’ai répondu qu’il n’incombait pas aux hommes de protéger les femmes, mais que c’était aux régimes en place, aux gouvernements ou aux politiques, chargés de protéger la population en général, de faire le nécessaire. Rétrospectivement, je pense que nos discussions étaient assez consistantes.
44Maintenant l’espacefemmes organise des conférences et des rencontres, mais le but du projet initial n’a pas survécu. On devrait rester plus terre à terre. Nos actions avec Femmes d’ici, femmes d’ailleurs étaient beaucoup plus intéressantes par rapport à ma vision des luttes féministes. À chaque fois que nous organisions une action, le journal La Liberté venait, nous étions dans les journaux avec des photos. Actuellement, l’espacefemmes s’est institutionnalisé. C’est pour ça que j’ai quitté le comité.
45Tu as travaillé pendant quelques années à Solidarité femmes [6]. À cette époque, tu étais beaucoup sollicitée pour être la référente des femmes turcophones. Est-ce que cette position était pénible pour toi par rapport à la communauté turque ?
46Personnellement, je n’ai jamais eu de réticences à travailler avec les personnes de la communauté turque lors de mon engagement à Solidarité femmes. Bien évidemment, cet engagement a eu des conséquences négatives pour mon intégration dans la communauté turque.
47Il n’y a pas eu de rejet radical, mais une sorte de réticence vis-à-vis de moi. Si l’on veut être bien accepté·e dans cette communauté, qui est quand même petite, il faut s’adapter. Et moi, j’ai vraiment fait tout le contraire, mais je ne le regrette pas. Je le constate comme une évidence rétrospectivement.
48Entre la création de l’espacefemmes et mon travail à Solidarité femmes, la communauté turque n’arrivait pas à distinguer. Ils faisaient l’amalgame. Tout ce que je faisais pour l’espacefemmes, c’était peut-être pour Solidarité femmes, et vice versa.
49Alors, j’entendais des ragots selon lesquels j’étais vraiment trop impliquée. Certains disaient même que j’influençais peut-être leurs femmes. Même si ces reproches étaient infondés, ils ont quand même eu un effet négatif.
50Cela m’était égal, je ne pouvais pas accepter de me plier à leur vision. C’était un risque à prendre… c’était un risque à prendre.
51Une fois, dans une séance qui concernait notre cause en Turquie, on m’a fait des reproches directement sur mon travail à Solidarité femmes, alors j’ai dû vraiment répondre sèchement : « Écoutez, dans ce cas-là, vous devriez m’empêcher de travailler et puis vous devriez me verser mon salaire, parce que pour moi c’est un travail que j’ai choisi. » Ce qui me gênait plus, c’est qu’au lieu de valoriser les efforts que je faisais en tant que femme pour travailler et me battre, ils faisaient tout le contraire. On ne reprochait pas à une femme de travailler dans une usine ou dans un restaurant, par contre on me reprochait de travailler à Solidarité femmes. Cela montrait bien que les hommes de la communauté se sentaient mal à l’aise vu que je travaillais dans une association féministe. Certaines fois, mon mari aussi était gêné, même si nous avions milité en Turquie dans le même mouvement. Quand un sujet me touche, je ne peux pas me taire. Si un sujet touchait les femmes, je considérais que j’avais le droit de parler. Donc, j’avais la réputation d’être féministe. D’ailleurs c’est intéressant, selon lui, j’ai changé depuis que j’ai commencé à travailler à Solidarité femmes.
52C’est pour ça que pour moi c’est important que les mentalités changent. Si les représentations ne changent pas, les femmes seront toujours tiraillées entre deux mondes : vie privée et vie publique. Tu peux avoir beaucoup de satisfactions dans la vie professionnelle, mais si tu n’as pas de reconnaissance dans ta vie privée, il y a une rupture, un vide qui se crée et qui épuise les femmes. Personnellement, j’ai vécu ça et c’est pour cette raison que, selon moi, la lutte féministe représente ces deux choses : les changements dans les structures et dans les représentations.
53Tu es féministe, mais tu n’as jamais fait partie d’organisations qui se définissaient comme féministes. Quelle est ta vision des mouvements féministes suisses ?
54Puisque je n’ai jamais fait partie d’un mouvement avec l’étiquette féministe, je ne peux pas vraiment donner un avis à ce propos. Je trouve qu’en Suisse on n’a pas vraiment fait beaucoup. Par exemple, mon expérience comme conseillère générale au sein des Vert·e·s de 2002 à 2003 m’a fait comprendre que bien que je me trouvais aux côtés de personnes féministes, il ne s’agissait pas d’un féminisme radical. J’ai d’ailleurs démissionné après une année pour des raisons professionnelles, mais aussi par perte d’intérêt. Je trouve que l’engagement féministe est très faible, en tout cas dans les partis politiques et dans les syndicats. On dirait presque que ça n’existe pas. On n’entend pas vraiment la voix des féministes engagées dans ces groupements-là qui auraient quand même le pouvoir de changer certaines choses. Ce que je constate, c’est qu’il y a eu des acquis, par exemple la grève des femmes en 1991 à laquelle j’ai participé. C’était génial, mais ça n’a pas vraiment été suivi. Il n’y a pas beaucoup d’actions radicales. Ou bien c’est moi qui ne suis pas au courant, je ne sais pas. Et je n’arrive pas non plus à analyser le pourquoi. Pourtant, il me semble qu’il y a beaucoup de femmes qui sont engagées au sein d’associations comme Solidarité femmes, Fleur de Pavé, etc. Mais il n’y a pas d’avancées radicales. Ça fait trois ans que j’ai arrêté de militer, mais si je constatais qu’il y avait quelque chose qui bouge, peut-être que ça m’intéresserait.
55Y a-t-il une raison concrète pour laquelle tu as arrêté de militer ?
56J’ai arrêté dans le sens où je me suis trouvée sans parti et sans association. C’était lié à mon contexte privé. J’avais pas mal de problèmes dans ma vie privée, liés à des problèmes de couple. Et j’étais vraiment fatiguée. J’étais fatiguée, fatiguée. Et puis j’ai commencé à travailler comme assistante sociale au début 2003. Je devais faire une formation et avec les déplacements, c’était trop fatigant. C’est là que j’ai arrêté de militer. Mais ça me manque beaucoup. Si je trouvais quelque chose, un mouvement dans lequel je me reconnais, auquel je pourrais participer… L’espacefemmes à Fribourg, où je pourrais peut-être de nouveau m’intégrer, ne m’intéresse pas beaucoup dans le contexte actuel. En ce qui concerne le parti des Vert·e·s, j’ai l’impression que ces femmes sont épanouies en tant que féministes dans leur vie privée, alors peut-être que cela leur suffit. Parce qu’il n’y a pas vraiment de débats concernant la lutte féministe. C’est ça qui me déçoit un peu. Aussi, par rapport aux jeunes d’aujourd’hui, on constate une régression. Mon fils aîné est très critique vis-à-vis des filles de son âge. Il trouve que les jeunes filles s’exposent trop, au niveau de l’habillement, mais aussi au niveau de leur attitude. Est-ce parce qu’il aimerait que les filles soient plus conscientes, plus politisées, car il est lui-même très politisé ?
57D’autre part je me dis, quand même, un jeune homme de 24 ans qui a une attitude radicale face aux jeunes femmes qui sont peut-être plus épanouies, qui s’habillent comme elles veulent, qui ne se gênent pas de se montrer, de critiquer ; ça, je trouve quand même un peu fort. Est-ce que le regard des garçons de son âge n’est pas quand même un peu méprisant par rapport à ces filles ? Si c’est le cas, qu’est-ce qu’elles vont devenir, ces jeunes femmes, quand elles auront des époux ou bien des partenaires, comment vont-elles être traitées ? C’est ça qui me fait peur. Je ne peux pas généraliser parce que je ne connais pas la vie de tout·e·s les jeunes. Est-ce que cette idée de femme-objet est trop dominante dans la société ? Je ne sais pas. Si les jeunes hommes critiquent les femmes parce qu’ils ne veulent pas qu’elles se mettent dans une position d’objet, alors c’est honorable, je l’accepte. Mais si c’est simplement un sentiment de mépris, alors ça me fait peur. C’est vrai que ce n’est pas un réel épanouissement de se montrer, de s’exposer seulement au niveau de l’apparence. Mais en tant que féministe, je ne peux pas être d’accord avec les jeunes hommes qui critiquent l’habillement des filles. Si c’est ce qu’elles veulent, c’est à elles de décider.
58Pour revenir à ton parcours : en Turquie, tu étais professeure de langues. Quel a été ton parcours professionnel en Suisse ?
59Exercer mon métier en Suisse, ça n’a jamais été possible. On était des requérant·e·s d’asile et on a dû attendre cinq ans pour obtenir le statut de réfugié·e·s. Pendant tout ce temps-là, j’ai fait divers boulots. Après notre arrivée en Suisse, on avait trouvé un travail dans un hôtel, moi comme femme de ménage, mon mari à la cuisine. On n’avait pas encore fait la demande d’asile et on était illégaux. L’attitude du patron était insupportable et nous n’avons pas tenu plus de deux mois dans ce travail. Un jour, on n’en pouvait plus. On a pris le bus et on est partis. Mais je voulais absolument travailler, c’était presque une obsession chez moi. J’avais toujours travaillé en Turquie et c’était inconcevable pour moi de ne pas travailler. J’ai trouvé un boulot au buffet d’un restaurant et, pendant que je travaillais là, je suis tombée enceinte de mon premier fils. Après sa naissance, j’ai travaillé comme lingère à temps partiel dans un grand magasin. Je devais préparer les paquets avec les tabliers sales des vendeuses et aller chercher les paquets avec les tabliers propres. J’avais également une machine à coudre pour raccommoder les tabliers. Je cousais des boutons et tout ça. J’ai pu faire ça parce que je savais coudre. On était quatre filles à la maison et on se cousait des habits, alors on savait coudre. J’ai aussi travaillé chez le traiteur du même magasin, c’était facile. J’ai arrêté de travailler là-bas quand mon fils avait 2 ans et demi. On était des parents conscients et comme on avait constaté que notre fils parlait moitié turc et moitié français, on avait peur qu’il n’apprenne aucune des deux langues comme il faut. Alors j’ai arrêté. Je n’ai pas demandé à mon mari d’arrêter parce qu’il gagnait beaucoup plus que moi. Je travaillais 32 heures par semaine et je gagnais 700 francs (environ 460 euros) par mois. En tant que requérante d’asile, je n’étais pas dans une position de revendiquer plus. Je suis restée quelque temps au chômage. Quand il y a eu l’ouverture de McDonald’s à Fribourg, j’ai postulé et j’ai été prise. Ce n’était pas mieux payé, mais j’ai accepté parce que j’arrivais à la fin de mes droits de chômage. Pendant que j’étais chez McDonald’s, je suis tombée enceinte de mon deuxième fils. Dès que l’employeur était au courant de ma grossesse, il me diminuait successivement les heures de travail. Au lieu de me licencier, il ne me donnait que trois, quatre heures de travail par semaine. Alors, j’ai quitté. J’ai accouché de mon deuxième fils, mais quand il a eu quelques mois, je commençais à m’ennuyer à la maison. J’ai toujours eu mon propre argent et, là, je devais en demander à mon mari. Alors j’ai de nouveau cherché du travail. J’ai trouvé un poste comme caissière en faisant le tour des magasins. En 1986, nous avons finalement eu notre permis de séjour en tant que réfugiés et nous avons obtenu le droit de faire des cours de français. Puisqu’on parlait déjà le français, l’œuvre d’entraide des Églises protestantes de Suisse (EPER) refusait nous payer des cours. On s’est battus et mon mari a pu faire un diplôme de langue française. Après c’était mon tour, mais l’EPER ne voulait pas me payer de cours parce qu’ils considéraient comme suffisant que mon mari parle le français. J’ai quand même arrêté de travailler pour faire un diplôme. J’ai fait deux semestres et j’ai terminé première de la classe. J’ai même reçu un livre du recteur comme prix. Entre-temps, mon mari avait ouvert un bureau de traductions et j’ai collaboré avec lui. C’est alors qu’on m’a proposé un travail au CCSI/SOS Racisme et j’ai accepté. En 1992, nous avons obtenu la nationalité suisse. À cette époque, mon mari voulait absolument retourner en Turquie. C’était devenu une idée fixe pour lui. À la fin, j’ai accepté. J’ai quitté mon travail, il a fermé son bureau de traductions et on est retournés en Turquie. Mais ça n’a pas fonctionné, on était mal préparés, on n’avait pas assez d’argent. On n’avait pas de travail, pas d’économies. Nous sommes retournés en Suisse après quatre mois seulement. C’est alors que j’ai postulé pour un poste à Solidarités femmes. Pendant l’entretien d’embauche, on m’avait posé une question qui m’a beaucoup choquée – je ne l’ai pas dit sur le moment, mais au retour à la maison j’étais très, très déçue. On m’avait demandé si, pour moi, le fait d’appartenir à la communauté turque n’était pas un problème, notamment pour des questions de sécurité. C’était une question à laquelle je n’avais même pas pensé ! C’était moi qui postulais, c’était ma décision à moi, je considérais que cela ne regardait pas du tout la communauté turque. Ensuite on m’a offert une place de stage à Solidarités femmes et j’ai accepté. En même temps, le CCSI/SOS Racisme m’a de nouveau proposé un travail et pendant un certain temps j’ai fait les deux. Je travaillais beaucoup, mais j’étais très mal payée. Mais je le considérais comme une école, comme une formation professionnelle continue. Et c’est grâce à ça que maintenant j’ai le titre d’assistante sociale et que je peux travailler comme assistante sociale.
60Est-ce que tu as été reconnue dans ton travail ?
61Pour moi, la grande difficulté était et est encore de me faire accepter au début pour un poste de travail vu ma nationalité, mon accent, mon appartenance à une communauté immigrée, etc. Une fois en fonctions, j’ai donné souvent satisfaction. Bien évidemment, encore aujourd’hui, je me sens toujours dans l’obligation de me donner plus au travail que les autres, comme quoi j’ai quelque chose à prouver. C’est souvent un élément de stress supplémentaire. La deuxième difficulté est de me trouver souvent comme la seule immigrée. J’ai souvent senti un malaise chez les personnes qui, avec surprise, apprennent que je suis Turque. Là, j’ai l’impression de les avoir déçues. Ce sentiment d’exclusion, bien que je sois bien acceptée et intégrée dans le milieu du travail, n’est pas facile à vivre. Car quand je cherche du travail, lors des entretiens d’embauche, j’ai souvent droit à des questions concernant mes origines et les problèmes que celles-ci pourraient créer au travail, surtout quand j’aurai affaire à une population suisse peu ouverte. Je réponds que j’en ai l’habitude et que je ne peux pas renier mes origines, car j’ai quand même un accent. J’ai appris à vivre avec, mais ça fait mal. Et chaque fois que je me présente à un entretien d’embauche, ça me travaille parce que je dois m’attendre à ce qu’on me pose la question.
62Donc tu n’as jamais travaillé comme professeure de langues en Suisse ?
63C’était exclu. J’avais essayé de faire des études à l’Université de Fribourg environ deux ans après notre arrivée en Suisse. Je me suis adressée à l’Institut concerné et j’ai rencontré le doyen qui m’a dit que le diplôme que j’avais fait en Turquie ne valait rien du tout. Je devais envisager carrément cinq ans d’études, alors j’ai tout de suite abandonné. Nous ne savions pas, à l’époque, ce que nous serions devenus par rapport à la demande d’asile, et on n’avait pas les moyens financiers pour me payer cinq ans d’études universitaires. J’aurais dû tout recommencer à zéro.
Notes
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[1]
(Note de la page 106.) Depuis 1965, le Parti de la Justice avec son chef Süleyman Demirel était au pouvoir en Turquie. Favorable aux États-Unis, il se trouva aux prises avec la contestation des étudiant·e·s de gauche, qui à partir de 1966, organisèrent des manifestations contre la présence militaire américaine en Turquie. L’opposition estudiantine prit des formes de guérilla urbaine. Constatant l’impuissance de Demirel, les militaires reprirent la direction des affaires (12 mars 1971) procédant à une répression énergique des étudiant·e·s. In Mourre, Michel (1996). Dictionnaire encyclopédique d’histoire. Paris : Bordas.
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[2]
Les Loups gris sont un groupe d’extrême droite, milice armée du Parti d’action nationale. Il aurait été reconnu responsable de quelque 700 assassinats entre 1974 et 1980, essentiellement contre des universitaires, des enseignant·e·s et des politicien·ne·s de gauche (Mourre, 1996).
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[3]
Plus de 300000 personnes ont été arrêtées à la suite de ce coup d’État. La plupart ont été torturées et certaines condamnées à mort (Mourre, 1996).
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[4]
Association à but non lucratif fondée en 1998 à Fribourg, espacefemmes vise principalement à promouvoir le rôle des femmes dans la société, à favoriser leur intégration, à contribuer à réaliser dans les faits l’égalité entre femmes et hommes, ainsi qu’à combattre toute forme de discrimination à l’encontre des femmes. C’est un lieu d’échange interculturel qui permet aux femmes d’ici et d’ailleurs de se retrouver ; y sont organisés des cours de français et d’allemand, des animations socioculturelles et des soirées d’informations.
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[5]
Créé en 1978, le Centre de contact SuisseSSEs-ImmigréEs/SOS Racisme est une association qui vise à promouvoir les droits fondamentaux des immigré·e·s et encourager la revalorisation de leurs conditions d’existence et de travail. Il offre des informations et un suivi juridique à toutes les personnes qui rencontrent des difficultés liées à leur autorisation de séjour, à du racisme ou à une procédure de naturalisation.
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[6]
Solidarité femmes Fribourg est une association à but non lucratif spécialisée dans l’aide aux femmes victimes de violence. Elle est constituée d’un centre de consultation et d’une structure d’hébergement pour les femmes victimes de violence conjugale, avec leurs enfants. Atteignable jour et nuit, l’équipe d’assistantes sociales offre un accompagnement et un soutien psychosocial professionnalisés.