Couverture de NQF_253

Article de revue

« Le Pouvoir »

Pages 94 à 108

Notes

  • [1]
    Début du premier chapitre (pp. 13-25) de Pornography : Men Possessing Women, écrit par Andrea Dworkin, 1981, New York : Perigee.
  • [2]
    Woolf, Virginia (1929). A Room of One’s Own. Première édition : Hogart Press.
  • [3]
    Daly, Mary (1974). Beyond God the Father : Toward a Philosophy of Women’s Liberation. Boston : Beacon.
  • [4]
    Chesler, Phyllis et Emily Jane Goodman (1976). Women, Money and Power. New York : William Morrow and Company Inc.
  • [5]
    Cette bibliographie a été essentiellement établie à partir des sites suivants, consultés en juillet 2006 :
    http://nwmindia.org/Newsmakers/andrea_dworkin.html
    http://www.nostatusquo.com/ACLU/dworkin/bookbiblio.html
    http://www.nostatusquo.com/ACLU/dworkin/OnlineLibrary.html
Andrea Dworkin est morte en avril 2005, et nous avons ainsi perdu l’une des grandes féministes de notre époque. Comme nous l’avions annoncé dans l’hommage de Christine Delphy paru dans le volume 24/2 de NQF (pp. 14-15), nous publions ci-dessous, en mémoire de sa pensée et de son parcours de militante, théoricienne et écrivaine, un extrait de son ouvrage Pornography : Men Possessing Women, ainsi qu’une bibliographie complète de ses travaux. Cette bibliographie donne une idée de l’importance quantitative de son œuvre ; quant à son importance théorique et politique, il suffit de dire que cette œuvre est considérée par beaucoup de féministes radicales comme l’une des plus importantes de la fin du XXe siècle. Qu’aucun de ses livres ne soit traduit en français est une anomalie à laquelle on peut espérer qu’il sera bientôt remédié.

1

« Car la liberté est toujours corrélative au pouvoir. Et la liberté qu’il est à tout instant le plus urgent de défendre dépend de la nature du pouvoir régnant et établi. »
(R. H. Tawney, Equality)

2Le pouvoir des hommes est, premièrement, une assertion métaphysique du soi, un je suis qui existe a priori, comme assise, absolu, n’appelant ni excuse ni embellissement, indifférent à tout démenti ou défi. C’est l’expression d’une autorité intrinsèque. Il ne cesse jamais d’exister, peu importe comment ou pourquoi on l’attaque ; et d’aucuns affirment qu’il survit à la mort physique. Ce soi n’est pas seulement ressenti au plan subjectif. Il est protégé par les lois et les coutumes, proclamé dans l’art et les belles-lettres, consigné dans l’histoire et soutenu par la répartition de l’argent. Ce soi ne peut être extirpé ou annihilé. Il est. Lorsque le sentiment subjectif du soi vacille, des institutions vouées à son maintien le redressent.

3Le premier axiome idéologique de la suprématie masculine est que les hommes possèdent ce soi et que les femmes doivent, par définition, en être privées. Le soi masculin semble contradictoire. D’une part, il est là, suspendu dans l’éther, magiquement perpétuel, n’exigeant aucun aliment ou soutien. D’autre part, il a le droit de prendre ce qu’il veut pour subsister ou s’accroître, le droit de posséder n’importe quoi, de satisfaire tout besoin à tout prix. En fait, il n’y a pas de contradiction mais une simple logique circulaire : la nature du soi masculin est de prendre, de sorte que, par définition, le soi absolu s’exprime par le droit absolu de prendre ce dont il a besoin pour se nourrir. Le soi immuable du mâle se résume à un parasitisme totalement dénué de scrupules. Le soi est la conviction, irraisonnée et irréfléchie, qu’il existe une équation logique entre ce que l’on veut et le fait que l’on est. Pour renchérir sur Descartes, cette conviction pourrait s’énoncer : « Je veux et j’ai le droit de posséder, donc je suis. »

4Le soi du parasite prend de l’ampleur au fur et à mesure qu’il draine le soi de celles qui n’y ont pas droit. Lui en reçoit, par la croyance et l’action, dès la naissance ; elle en est privée, par la croyance et l’action, dès la naissance. Son soi à lui n’est jamais assez grand ; son soi à elle l’est toujours trop, si petit soit-il. Enfant, il draine d’abord le soi de sa mère : le peu qu’elle possède est réservé pour lui. Il se nourrit de son labeur et de ses aptitudes. Il les épuise. Quelle que soit la mesure du dévouement de la mère, elle est toujours fautive : elle n’en fera jamais suffisamment, à moins d’en avoir trop fait, et ce quoi qu’elle fasse et de quelque façon. En grandissant, le garçon est encouragé à courir le risque, dévastateur dit-on, de la « transition normale », c’est-à-dire à transférer son parasitisme de la mère à d’autres femmes, au soi plus alléchant auquel elles n’ont pas droit non plus. Tout au long de sa vie, il réitère cette noble transition aussi souvent qu’il le souhaite. Il trouve les aptitudes et les services dont il a besoin et il les prend. Surtout, comme l’a décrit Virginia Woolf dans Une chambre à soi[2], il utilise les femmes pour se grandir. Il vit dans une panique constante de n’être jamais suffisamment grand. Pourtant son soi demeure immuable, malgré sa crainte immense de le voir refluer, parce qu’il continue à prendre et que c’est prendre qui constitue son droit immuable et son soi immuable. Même obsédé par son besoin d’être plus et de posséder plus, il demeure convaincu de son droit d’être et de posséder.

5Deuxièmement, le pouvoir est la force physique utilisée contre des personnes moins fortes ou non autorisées à utiliser la force comme pouvoir. La force physique qui n’est pas utilisée contre des personnes – celle d’un esclave, par exemple – n’est pas du pouvoir. Dans un système de suprématie masculine, le droit de faire de la force physique un pouvoir n’est octroyé qu’aux hommes. Le second axiome de la suprématie masculine, c’est que les hommes possèdent plus de force physique que les femmes et, de ce fait, dominent sur elles. Toute force physique des femmes qui n’est pas directement attelée à du « travail de femme » devient une abomination, et son utilisation contre des hommes, c’est-à-dire en tant que pouvoir, est sacrilège, interdite, horriblement punie. La réalité de la force physique masculine, en valeur objective, a moins d’importance que l’idéologie qui la sacralise et qui la célèbre. La force physique exercée par les hommes contre les femmes s’actualise, entre autres, parce que les hommes maintiennent les femmes en état de faiblesse physique. Les hommes choisissent comme partenaires des femmes faibles (sauf si le travail de force fait partie du rôle féminin) et les femmes sont élevées de façon à systématiquement miner et saboter leur force physique. Plus les femmes occupent une classe économique élevée (telle que définie par les hommes), plus elles sont affaiblies ; plus elles s’approchent du pouvoir, plus elles sont faibles. Les femmes dotées de force physique doivent elles-mêmes simuler la faiblesse pour faire valoir non seulement leur féminité mais aussi leurs aspirations esthétiques et économiques. L’incapacité physique est une forme de beauté féminine et un symbole de richesse masculine : il est suffisamment riche pour la tenir incapable de travailler, inutile, ornementale. De plus, les femmes sont souvent mutilées, physiquement ou par la coutume et la mode, si bien que leur éventuelle force devient insignifiante. La force physique des hommes, quelle qu’en soit la mesure objective, est signifiante. Tout comme le soi masculin, la force physique des hommes exercée en tant que pouvoir n’est pas un phénomène subjectif : sa signification n’a rien d’illusoire. Les lois et les coutumes protègent cette force ; l’art et les belles-lettres l’idolâtrent ; l’histoire repose sur elle ; la répartition de l’argent la préserve. Sa mesure objective est multipliée par la mythologie et la tromperie, de façon à intimider les femmes tant par sa légende que par sa réalité. Le pouvoir de la force physique se conjugue avec le pouvoir du soi de sorte que l’homme ne se contente pas d’être, il est le plus fort ; il ne se contente pas de prendre, il prend de force.

6Troisièmement, le pouvoir est la capacité de terroriser, d’utiliser le soi et la contrainte pour inculquer la peur, la peur chez toute une classe de personnes face à toute une classe de personnes. Les actes de la terreur s’échelonnent sur un continuum : viol, violence conjugale, exploitation sexuelle d’enfants, guerre, mutilations, torture, esclavage, enlèvement, agressions verbales, agressions culturelles et menaces de mort ou de sévices, menaces étayées par le pouvoir et le droit de passer aux actes. Les symboles de la terreur sont usuels et tout à fait triviaux : l’arme à feu, le couteau, la bombe, le poing et ainsi de suite. S’y ajoute le symbole caché de la terreur, encore plus significatif : le pénis. Les actes et les symboles s’agencent de toutes les façons pour faire de la terreur le thème et l’effet dominants de l’histoire masculine et de la culture masculine, même si cette terreur est noyée d’euphémismes ou dénommée gloire ou héroïsme. Même infâme, elle demeure immense et imposante. La terreur émane de l’homme, elle illumine son caractère et son objectif premier. Il décide du niveau de terreur à inspirer, choisit d’en faire un passe-temps ou une obsession, l’utilise de façon brutale ou subtile. Mais d’abord, la terreur a une légende, cultivée par les hommes avec un soin extrême. Épopées, drames, tragédies, chefs-d’œuvre et œuvres mineures, télévision et films, histoire fondée ou fictive : partout, les hommes sont des géants abreuvant la terre de sang. Dans la légende, les hommes ont toutes les chances et incarnent les valeurs. Dans la légende, les femmes sont du butin, au même titre que l’or, les joyaux, le sol et ses ressources. La légende de la violence masculine est la plus célébrée des légendes humaines et c’est d’elle qu’émerge l’identité de l’homme : il est dangereux. Avec la montée du darwinisme social au XIXe siècle et celle, contemporaine, d’une sociobiologie pseudo-scientifique, l’Homme-Agresseur est au faîte de la lutte évolutionniste, roi de la terre parce qu’il est le plus agressif, le plus cruel. La biologie masculiniste, qui envahit aujourd’hui les sciences humaines, s’avère un élément essentiel de la légende moderne de terreur que profère l’homme dans le culte qu’il se voue : autrefois guerrier de Dieu, le voici maintenant biologiquement enjoint à imposer par la terreur soumission et conformité aux femmes et au reste de la création. Faute de quoi, la terreur tiendra sa promesse : le mâle éliminera tout ce que la terreur ne contrôle pas. Le troisième axiome idéologique de la suprématie masculine, dans une société laïque où la biologie a remplacé Dieu (et sert à étayer, quand besoin est, une théologie anachronique), c’est que les hommes sont biologiquement agressifs, foncièrement combatifs, éternellement antagonistes, génétiquement cruels, enclins au conflit en raison de leurs hormones, irrémédiablement hostiles et belliqueux. Pour qui croit encore en Dieu, celui-ci semble avoir gratifié l’homme de ce qu’il faut bien appeler, à tous égards, un mauvais caractère constant, lequel trouve heureusement bon usage pour soumettre les femmes. Les actes de terreur, les symboles de la terreur et la légende de la terreur ont tous pour effet de propager la terreur. Cette terreur n’est pas un phénomène psychologique, au sens courant du terme : elle ne naît pas de l’esprit de l’être qui la subit, même si elle y résonne avec fureur, mais est engendrée par des actes de cruauté largement sanctionnés et encouragés. Elle est aussi engendrée par sa propre réputation de longue date, que celle-ci soit exquise comme chez Homère, Genet ou Kafka, ou diabolique comme chez Hitler, Charles Manson ou le véritable comte Dracula. La viande qui pourrit pue ; la violence produit de la terreur. Les hommes sont dangereux ; les hommes sont craints.

7Quatrièmement, les hommes ont le pouvoir de nommer, un pouvoir grandiose et sublime. Ce pouvoir de nommer permet aux hommes de définir le champ de l’expérience, de sélectionner frontières et valeurs, d’assigner à chaque chose son domaine et ses attributs, de déterminer ce qui peut et ne peut pas être exprimé, de maîtriser la perception elle-même. Comme l’écrit Mary Daly [3], qui la première a identifié ce pouvoir dans Beyond God the Father [Au-delà de Dieu le Père], « il faut bien comprendre le fait fondamental que nous, les femmes, nous sommes fait voler le pouvoir de nommer ». La suprématie masculine est étroitement fusionnée au langage, de sorte que chaque phrase la proclame et l’entérine. La pensée, d’abord vécue comme langage, est imprégnée des valeurs linguistiques et perceptives expressément créées pour subordonner les femmes. Les hommes ont défini les paramètres de chaque question. Tout argument féministe, si radicales que soient ses intentions ou ses incidences, se rallie ou se heurte à des énoncés ou prémisses implicites au système masculin, qui est rendu crédible ou authentique par le pouvoir qu’ont les hommes de nommer. Aucune transcendance du système masculin n’est possible tant que les hommes ont le pouvoir de nommer. Leurs noms résonnent en tout lieu habité. Tout comme Prométhée a dérobé le feu aux dieux, les féministes vont devoir voler aux hommes le pouvoir de nommer, pour en faire, espère-t-on, un meilleur usage. Comme le feu lorsqu’il appartenait aux dieux, le pouvoir de nommer semble magique : donné par l’homme, le nom perdure ; donné par la femme, il se perd. Mais cette magie n’est qu’illusion. Le pouvoir masculin repose sur la simple contrainte. À lui seul, sans contrainte pour l’imposer, jugé à l’aune du réel, ce n’est plus un pouvoir mais un processus, chose plus modeste. « L’ancien processus de nommer, écrit Mary Daly, ne résultait pas d’un dialogue, ce que reconnaît par mégarde le récit de la Genèse où Adam nomme les animaux et la femme. » C’est le fait de nommer par décret qui est un pouvoir exercé sur celles à qui on interdit de qualifier leur propre vécu ; c’est ce décret, étayé par la violence, qui inscrit le nom en lettres de sang indélébiles dans la culture dominée par les hommes. Le mâle ne se contente pas de désigner les femmes comme le Mal : il extermine neuf millions de femmes en tant que sorcières parce qu’il a désigné les femmes comme le Mal. Il ne fait pas qu’appeler les femmes faibles : il mutile le corps féminin, le ligote pour entraver sa liberté de mouvement, s’en sert comme jouet ou ornement, le tient en cage et atrophié parce qu’il a appelé les femmes faibles. Il affirme que la femme veut être violée : il viole. Elle résiste au viol ; il doit la battre, la menacer de mort, l’enlever de force, l’attaquer de nuit, utiliser un couteau ou ses poings ; et malgré tout cela, il dit qu’elle en veut, qu’elles en veulent toutes. Elle dit non ; il prétend que cela veut dire oui. Il la nomme ignorante, puis il lui interdit de s’instruire. Il l’empêche d’exercer avec rigueur son esprit et son corps, puis il l’appelle intuitive et émotive. Il définit la féminité et, lorsqu’elle ne se conforme pas, il la nomme déviante, malade ; il la bat, lui sectionne le clitoris (siège d’une masculinité pathologique), lui arrache la matrice (source de sa personnalité), la lobotomise ou la bourre de narcotiques (reconnaissance perverse de sa capacité de penser, bien qu’il taxe la pensée de déviance chez la femme). Il nomme « sexualité » un mélange variable d’antagonisme et de violence ; il la bat et nomme cela « preuve d’amour » (si elle est épouse) ou « érotisme » (si elle est maîtresse). Si elle veut de lui sexuellement, il l’appelle salope ; si elle n’en veut pas, il la viole et dit qu’elle en veut ; si elle préfère étudier ou peindre, il l’appelle frustrée et se vante de pouvoir guérir ses intérêts pathologiques par la soi-disant « bonne baise ». Il la qualifie de « ménagère », uniquement bonne aux fonctions domestiques, et la tient dans la pauvreté et la dépendance totale ; mais, si elle quitte la maison, il utilise son argent pour l’acheter et la qualifier de putain. Il la nomme comme bon lui convient. Il fait ce qu’il veut et appelle cela à sa guise. Il préserve activement le pouvoir de nommer au moyen de la contrainte et il justifie la contrainte par le pouvoir de nommer. Le monde lui appartient parce qu’il y a tout nommé, y compris elle. Lorsqu’elle utilise ce langage, c’est contre elle-même, parce qu’il ne peut être utilisé autrement. Le quatrième axiome de la suprématie masculine, c’est que les hommes, du fait de leur existence au plan intellectuel et créatif, nomment les choses avec authenticité. Tout ce qui contredit ou subvertit l’activité masculine de nommer est diffamé jusqu’à l’annihilation. Dans le système masculin, le pouvoir de nommer est lui-même une forme de contrainte.

8Cinquièmement, les hommes ont le pouvoir de possession. Historiquement, ce pouvoir a été absolu ; s’il a été refusé à certains hommes par d’autres hommes en temps d’esclavage ou d’autres persécutions, il a généralement été protégé par la force armée et le droit. Dans plusieurs parties du monde, le droit masculin de posséder les femmes et tout ce qui est issu d’elles (enfants et travail) demeure absolu, et aucune considération de droits humains ne semble s’appliquer aux populations captives de femmes. Aux États-Unis, ce droit a connu depuis cent quarante ans des remaniements juridiques, mais la lettre de la loi, même là où elle est un tant soit peu éclairée, n’est pas son esprit. La violence conjugale et le viol marital, généralisés ici comme ailleurs, reposent sur la conviction que la possession de son épouse par un homme autorise absolument tout ce qu’il souhaite lui faire : son corps à elle lui appartient à lui, qu’il veuille s’y épancher sexuellement, le battre ou l’engrosser. Du fait de son caractère historique central, le pouvoir masculin de posséder est à peine restreint par les timides balises juridiques qu’on y apporte. Il est vrai qu’une Américaine mariée peut aujourd’hui posséder sa propre brosse à cheveux et ses propres vêtements, ce qui lui était interdit pendant la plus grande part du XIXe siècle ; si elle s’échappe du foyer, elle est peu susceptible d’être pourchassée telle un ou une esclave en fuite, ce qui aurait été le cas durant la majorité du XIXe siècle. Elle ne sera pas fouettée non plus sur la place publique même si, en privé, elle risque encore d’être battue pour son effronterie. Mais, comme tout pouvoir masculin, le pouvoir de posséder ne s’encombre pas de circonstances particulières et ne s’y limite pas. Ce pouvoir outrepasse, comme les autres, chacune de ses manifestations ponctuelles. Le cinquième axiome de la suprématie masculine est la présomption voulant que le droit de l’homme à posséder la femme et sa production soit naturel, antérieur à l’histoire, immune au progrès. Tout ce que fait l’homme pour actualiser ou préserver ce rapport de propriété est également naturel, procédant d’une éthique qui n’a rien de relatif. Le pouvoir de possession découle du pouvoir d’un soi défini comme celui qui prend. Le fait de prendre acquiert ici une signification supérieure : il prend, il garde ; ce qu’il a pris une fois lui appartient. Ce rapport entre le soi qui prend et la propriété se reflète précisément, par exemple, dans la relation entre le viol et le mariage. Le mariage en tant qu’institution est issu du viol en tant que pratique. Le viol, défini à l’origine comme le rapt, est devenu le mariage par capture. Le mariage signifiait que le fait de prendre allait se prolonger dans le temps, être non seulement l’utilisation mais la possession à vie, c’est-à-dire la propriété.

9Sixièmement, le pouvoir de l’argent est un pouvoir distinctement masculin. L’argent est roi, mais le roi est un homme. Entre les mains des femmes, l’argent demeure terre à terre ; compté, il achète au plus ce qu’il vaut. Entre les mains des hommes, l’argent achète les femmes, la sexualité, le prestige, la dignité, l’estime, la reconnaissance sociale, la loyauté, tout le champ du possible. Entre les mains des hommes, l’argent ne fait pas qu’acheter, il est garant de qualités, de succès, d’honneur, de respect. À chaque palier économique, la signification de l’argent diffère sensiblement pour les hommes et les femmes. Amassé en quantité suffisante par des hommes, l’argent devient propre, même lorsqu’il est sale. Les femmes, elles, sont maudites si elles réussissent en regard de leurs pairs masculins. En règle générale, les femmes pauvres utilisent, à un point étonnant, l’argent pour leur survie et celle de leurs enfants. En règle générale, les hommes pauvres utilisent, à un point étonnant, l’argent pour leur plaisir. Les femmes riches utilisent particulièrement l’argent pour leur parure, de façon à être désirables aux yeux des hommes : l’argent ne les libère pas des diktats masculins. Les hommes riches utilisent l’argent pour leur plaisir et pour s’enrichir. Entre les mains d’un homme, l’argent signifie valeur et réussite ; entre les mains d’une femme, c’est la preuve de quelque chose d’infect, une ambition non féminine ou la cupidité. Le sixième axiome de la suprématie masculine est que l’argent exprime foncièrement la masculinité. Les hommes gardent l’argent pour eux. Ils le dispensent au compte-gouttes aux femmes et aux enfants. Les hommes gardent pour eux le marché du travail : les femmes y gagnent moins que les hommes pour un travail équivalent, même si chacun souscrit bien sûr au principe « À travail égal, salaire égal ». Les diplômées universitaires gagnent moins au travail, en moyenne, que les hommes ayant complété leur troisième. Enfin, la ségrégation des emplois et l’exclusion pure et simple du marché du travail – par discrimination patente à l’embauche, mais également par grossesses imposées – maintiennent la classe des femmes dans la pauvreté, incapables de gagner suffisamment d’argent ou d’en accumuler.

10L’argent a une dimension extrêmement sexuelle. Comme l’écrivent Phyllis Chesler et Emily Jane Goodman, dans Women, Money and Power[4], « le ‹ propre de l’homme ›, c’est la domination économique ». Lorsqu’un homme pauvre séduit ou viole une femme plus riche que lui, son geste signifie une rébellion économique. L’argent est primordial dans l’acquisition de la sexualité et celle-ci est primordiale pour l’accumulation de l’argent : la publicité lie la sexualité à toutes les industries (cette voiture vous procurera des femmes, voyez cet objet langoureux drapé sur le capot), et les articles sont eux-mêmes érotisés parce qu’ils coûtent cher. Dans l’univers de l’argent, la sexualité et les femmes sont une seule et même marchandise. La richesse, quels qu’en soient la nature ou le degré, est une expression du pouvoir sexuel masculin.

11La signification sexuelle de l’argent est actualisée par les hommes sur une foule de scènes, mais elle est également intériorisée, appliquée au fonctionnement interne des processus sexuels masculins. Les hommes sont censés économiser leur sperme comme ils sont censés économiser l’argent. Un impératif religieux central (des orthodoxies tant orientales qu’occidentales) réprouve toute émission de sperme qui ne sert pas à la fécondation, parce que la richesse gaspillée plutôt qu’investie est de la richesse perdue. Le terme d’« économie spermatique » exprimait le même principe dans la sphère laïque, notamment au XIXe siècle. La notion voulant qu’un homme qui dépense son sperme épuise sa ressource naturelle primordiale – il répand ses fils dans le néant – préexiste et survit aux divers dogmes religieux et spéculations quasi scientifiques. En anglais, un des sens du mot to spend (dépenser) est celui d’« éjaculer ». Le mot anglais husband signifie « époux » mais le verbe to husband signifie, entre autres, « conserver, économiser », et son sens archaïque est celui de « labourer en vue de produire une moisson ». En ce sens, l’époux est celui qui conserve ou économise son sperme, sauf pour baiser dans le but de féconder. Dans le système masculin, la maîtrise de l’argent signifie la maturité sexuelle, au même titre que la capacité de contrôler l’éjaculation. La valorisation et la conservation de l’argent, l’utilisation de l’argent pour produire de la richesse – tout comme la valorisation et la conservation du sperme, l’utilisation du sperme pour produire de la richesse – sont preuve de conformité aux valeurs masculines adultes, aussi bien pour la sexualité que pour l’argent. Un garçon dépense son sperme et son argent auprès des femmes. Un homme utilise son sperme et ses femmes pour produire de la richesse. Un garçon dépense ; un homme produit. Dépenser dénote une valorisation immature de la gratification immédiate. Produire signifie se vouer pour longtemps au contrôle de soi et au contrôle des autres, tous deux essentiels à la perpétuation de la suprématie masculine. La possession et la fécondation d’une femme dans le mariage ou dans quelque forme de concubinage (si informelle soit-elle) sont perçues comme une victoire sur la dépense improductive, comme la première preuve évidente d’une masculinité rendue factuelle, irréfutable, adulte, sourde aux ambivalences d’une jeunesse encore contaminée par l’érotisme féminin où le pénis n’a aucune signification intrinsèque. Puis survient un engagement à l’égard de l’argent comme tel, engagement public et explicite à faire étalage de la masculinité comme pulsion agressive et auto-grandissante. Même si les hommes pauvres ou dépossédés courent après l’argent pour survivre, tous les hommes, y compris les hommes pauvres ou dépossédés, courent après l’argent parce qu’il exprime la masculinité, le pouvoir exercé sur les femmes. Voir une femme posséder plus d’argent que soi est déshonorant : cela signifie qu’on a moins de masculinité qu’elle. D’autres pouvoirs masculins doivent alors être convoqués pour rétablir l’ordre, tels le pouvoir de la terreur (la violence) ou le pouvoir de nommer (la diffamation).

12Septièmement, les hommes ont le pouvoir de la sexualité. Ils affirment le contraire, disant que ce pouvoir réside chez les femmes, considérées par eux comme synonymes de la sexualité. Alors qu’ils tiennent la dimension charnelle des femmes à la fois pour monstrueuse, ils la présentent comme le trait caractéristique des femmes. Réduit à son détail le plus explicite, cet argument est le suivant : les femmes auraient le pouvoir sexuel parce que l’érection est involontaire ; une femme en est la cause présumée ; donc, l’homme est sans défense et la femme a le pouvoir. L’homme réagit à une stimulation dont il n’est pas responsable ; c’est sa nature inhérente de le faire ; quoi qu’il fasse, il le fait en raison d’une provocation inhérente à la femme. Même à ce niveau le plus réducteur – elle cause l’érection du pénis, elle possède donc le pouvoir sexuel – l’argument est sciemment simpliste et intéressé. L’homme force la femme, au moyen de chacune de ses institutions, à se conformer à la définition, suprêmement ridicule, qu’il impose d’elle comme objet sexuel. Il fétichise son corps, en tout ou en partie. Il exile la femme de tout espace d’expression hormis un domaine sexuel strictement défini par l’homme et un domaine maternel également défini par lui. Il la force à devenir cette chose qui cause l’érection, puis se prétend sans défense ni pouvoir lorsqu’il est excité par elle. Sa fureur lorsqu’elle n’est pas cette chose, lorsqu’elle s’avère plus – ou moins – que cette chose, est intense et destructrice.

13Défini de façon plus cohérente – c’est-à-dire au-delà des limites de l’expérience masculine – le pouvoir de la sexualité, manifesté en actes, en attitudes, en privilèges et dans la culture, est l’apanage exclusif du mâle, son domaine, inviolé et sacré. La sexualité, un mot au potentiel si inclusif et évocateur, est tronquée par l’homme jusqu’à signifier, de fait, l’intromission du pénis. Communément appelé « ça », la sexualité en tant qu’acte n’est définie que par ce que l’homme fait avec son pénis. Baiser – les saillies du pénis – est le sens caché, magique, dissimulé de « ça », la raison d’être de la sexualité, la façon dont l’homme vit son pouvoir sexuel. En pratique, baiser est un acte de possession, un acte simultané de propriété, de saisie, de contrainte ; c’est conquérir ; c’est exprimer, dans la sphère intime, le pouvoir sur l’autre, de corps à corps, de personne à objet. L’« acte sexuel » signifie l’intromission du pénis, puis les saillies du pénis, ce qui s’appelle baiser. La femme est objet de l’acte ; l’homme agit et, par l’acte, exprime le pouvoir sexuel, le pouvoir de la masculinité. Baiser exige que l’homme agisse sur un être ayant moins de pouvoir et cette assignation de valeur est si ancrée, si entièrement implicite dans l’acte, que l’être baisé est stigmatisé comme féminin durant l’acte, même s’il n’est pas anatomiquement féminin. Dans le système masculin, la sexualité est le pénis, le pénis est le pouvoir sexuel et son utilisation pour baiser est la masculinité.

14Le pouvoir sexuel masculin s’exprime aussi par une attitude ou attribut : la virilité. Définie au premier chef comme la masculinité elle-même, la virilité a pour sens secondaire la vigueur, le dynamisme (inévitablement aussi dénommé « contrainte » dans le dictionnaire patriarcal). La vitalité inhérente à la virilité comme attribut est tenue pour une manifestation exclusivement masculine de l’énergie, essentiellement sexuelle de nature, biologique d’origine, attribuable au pénis lui-même. Il s’agit, en fait, d’une expression d’énergie, de puissance, d’ambition et d’affirmation. Définie par les hommes et vécue par les femmes comme une forme du pouvoir sexuel masculin, la virilité est une dimension d’énergie et d’épanouissement personnel interdite aux femmes.

15Le pouvoir sexuel masculin forme le substrat de la culture. Il résonne partout. La célébration du viol dans l’écrit, la chanson et la science est l’articulation en paradigme du pouvoir sexuel masculin comme absolu culturel. La conquête de la femme actualisée dans la baise, sa possession et son utilisation comme objet sont le scénario constamment réitéré dans toute la culture, avec ou sans référence directe à la baise. Baise grandit l’homme. Comme l’a écrit Virginia Woolf, la femme lui sert de miroir ; en la diminuant par l’usage qu’il fait d’elle, il redouble de grandeur. Dans la culture, il est un géant, agrandi par sa conquête d’elle, implicite ou explicite. Elle demeure son miroir et, comme le postulait Woolf, « les miroirs sont essentiels à toute action violente et héroïque ». Dans la culture, son pouvoir sexuel est son thème. Dans la culture, l’homme utilise la femme pour développer son thème.

16Le pouvoir sexuel est aussi un attribut de l’homme, une partie intégrante de celui qui s’approprie ce qu’il veut ou requiert, notamment de celui qui se sert de son pénis pour s’approprier des femmes, mais, plus généralement, de qui s’approprie le sol et l’argent. Son pouvoir sexuel, en tant qu’attribut, illumine sa nature même.

17Le septième axiome de la suprématie masculine, c’est que le pouvoir sexuel provient authentiquement du pénis. La masculinité en action, au sens strict dans l’acte sexuel tel que défini par les hommes, ou plus largement dans tout acte d’appropriation, est le pouvoir sexuel qui s’actualise, fidèle à sa propre nature. La chimère masculine voulant que les femmes aient le pouvoir sexuel (causent les érections) exonère commodément les hommes de toute responsabilité des conséquences de leurs actes, et notamment de leurs actes de conquête sexuelle. Après tout, les corps utilisés survivent, la plupart du temps. Ils arrive souvent qu’ils parlent, crient ou pleurent. De nos jours, ils poussent même l’audace jusqu’à porter plainte et intenter procès. Un blâme impitoyable est alors invoqué – « Tu m’as provoqué » – pour promouvoir le silence individuel et social qui est le milieu le plus accueillant à la poursuite de la conquête.

18* * * * *

19Le thème principal de la pornographie comme genre est le pouvoir masculin, sa nature, son ampleur, son usage, son sens. Le pouvoir masculin, tel qu’il s’exprime dans et par la pornographie, se discerne en souches distinctes mais entrelacées en faisceau : le pouvoir du soi, le pouvoir physique exercé sur les autres, le pouvoir de la terreur, le pouvoir de nommer, le pouvoir de posséder, le pouvoir de l’argent et le pouvoir de la sexualité. Ces souches du pouvoir masculin sont intrinsèques à la nature et à la production de la pornographie, et les modalités de la pornographie sont les modalités du pouvoir masculin. L’harmonie et la cohérence des valeurs haineuses, valeurs perçues par les hommes comme neutres et normales lorsque appliquées aux femmes, sont ce qui caractérise la pornographie en tant que message, objet et expérience. Les souches du pouvoir masculin s’incarnent dans la forme et dans le contenu de la pornographie, dans le contrôle économique et la répartition de l’argent au sein de cette industrie, dans l’image ou le récit en tant qu’objet, chez le photographe ou le rédacteur en tant qu’agresseur, chez le critique ou l’intellectuel qui, en nommant, assigne la valeur, dans l’utilisation concrète faite des modèles, dans l’application de ce matériau à ce qu’on appelle la vraie vie (que les femmes se voient ordonner de tenir pour distincte du fantasme). Un sabre qui pénètre un vagin est une arme ; l’est également la caméra ou la plume qui le représentent ; l’est aussi le pénis auquel le sabre sert de substitut (en latin, vagina signifie littéralement « fourreau »). Les personnes qui fabriquent l’image ou qui la défendent sont également des armes, tout comme les hommes déployés en guerre deviennent eux-mêmes des armes. La valeur accordée aux femmes dans la pornographie est un thème accessoire, dans la mesure où la dégradation des femmes existe pour postuler, exercer et célébrer le pouvoir masculin. En dégradant les femmes, le pouvoir masculin se préoccupe avant tout de lui-même, de sa perpétuation, de son expansion, de son intensification et de son élévation. Dans son essai à propos du marquis de Sade, Simone de Beauvoir décrit la sexualité de Sade comme « autiste ». Elle fait du mot un usage figuratif puisque l’enfant autiste n’a pas besoin d’objet extérieur à violenter (la plupart des enfants autistes sont des garçons). Le pouvoir masculin exprimé dans la pornographie est autiste au sens où de Beauvoir applique le mot à Sade : il est violent et enfermé en lui-même jusqu’à l’obsession ; aucune perception de l’autre n’arrive à modifier son comportement ou à le persuader d’abandonner la violence comme forme d’auto-gratification. Le pouvoir masculin est la raison d’être de la pornographie ; la dégradation de la femme est la façon de réaliser ce pouvoir.

Bibliographie

L’œuvre d’Andrea Dworkin [5]

  • Ouvrages en anglais

    • (2002). Heartbreak : The Political Memoir of a Feminist Militant. New York : Basic Books. Plymouth : Plymbridge. (Mémoires)
    • (2000). Scapegoat : The Jews, Israel, and Women’s Liberation. Londres : Virago. New York : The Free Press. (Prix 2001 du American Book Award)
    • (1997). Life and Death. Unapologetic Writings on the Continuing War Against Women. New York : The Free Press. (Collection d’articles et d’essais)
    • (1997). (Avec Catharine MacKinnon). In Harm’s Way : the Pornography Civil Rights Hearings. Cambridge, Massachusetts : Harvard University Press.
    • (1990). Mercy. London : Secker & Warburg. (1991), New York : Four Walls Eight Windows. (Roman)
    • (1988). Letters From a War Zone. Writings 1976-1987. London : Secker & Warburg. (1989), New York : Dutton. (1993), New York : Lawrence Hill Books. (Essais)
    • (1988). (Avec Catharine MacKinnon). Pornography and Civil Rights : A New Day for Women’s Equality. Minneapolis, Minnesota : Organizing Against Pornography.
    • (1987). Intercourse. London : Secker & Warburg. New York : The Free Press (1987, 1997 tenth-anniversary edition).
    • (1986). Ice and Fire. London : Secker & Warburg. New York : Weidenfeld & Nicolson (1987). (Roman)
    • (1983). Right-wing Women. New York : Coward, McCann & Geoghegan/Perigee. (1988), London : The Women’s Press.
    • (1981). Pornography : Men Possessing Women. New York : Putnam’s/Perigee. (1998), London : The Women’s Press. (1989), New York : Dutton.
    • (1980). The New Woman’s Broken Heart. East Palo Alto, California : Frog In The Well. (Nouvelles)
    • (1976). Our Blood : Prophecies and Discourses on Sexual Politics. New York : Harper & Row. (Sélection de conférences)
    • (1974). Woman Hating. New York : Dutton.
    • (1968). Morning Hair. Édité, mis en page, imprimé et publié par l’autrice, tapé à la machine et fait à la main. (Poèmes et fiction)
    • (1966). Child. Publication privée. (Poèmes sur la Crète)
  • Articles dans des ouvrages collectifs et des anthologies

    • (1995). « Antifeminism ». In Sheila Ruth (Ed.), Issues in Feminism : An Introduction to Women’s Studies (Third Edition). Mountain View, California : Mayfield Publishing Company.
    • (1995). « Biological Superiority : The World’s Most Dangerous and Deadly Idea ». In Sharon Malinowski & Christa Brelin (Eds), The Gay & Lesbian Literary Companion. Detroit : Visible Ink.
    • (1995). « Pornography Happens to Women ». In Laura Lederer & Richard Delgado (Eds), The Price We Pay : The Case Against Racist Speech, Hate Propaganda, and Pornography. New York : Hill and Wang.
    • (1995). « Pornography and Male Supremacy ». In Gail Dines & Jean M. Humez (Eds), Race and Class in Mass Media Studies. Thousand Oaks, California : Sage.
    • (1994). « Pornography : Men Possessing Women ». In Miriam Schneir (Ed.), Feminism in Our Time : The Essential Writings, World War II to the Present. New York : Vintage Books.
    • (1994). « The Wild Cherries of Lust ». In Sue Thomas (Ed.), Wild Women : Contemporary Short Stories by Women Celebrating Women. Woodstock, New York : The Overlook Press.
    • (1994). « Pornography ». In Mary Evans (Ed.), The Woman Question. Thousand Oaks, California : Sage (2e édition).
    • (1993). « Against the Male Flood : Censorship, Pornography, and Equality ». In Patricia Smith (Ed.), Feminist Jurisprudence. New York : Oxford University Press.
    • (1993). (Avec Catharine A. MacKinnon). « Questions and Answers ». In Diana E. H. Russell (Ed.), Making Violence Sexy : Feminist Views on Pornography. New York : Teachers College Press.
    • (1993). « I Want a Twenty-Four Hour Truce During Which There Is No Rape ». In Emilie Buchwald, Pamela R. Fletcher et Martha Roth (Eds), Transforming a Rape Culture. Minneapolis : Milkweed Editions.
    • (1993). « Living in Terror, Pain : Being a Battered Wife ». In Pauline B. Bart & Eileen Geil Moran (Eds), Violence Against Women : The Bloody Footprints. Newbury Park, California : Sage.
    • (1992). « Against the Male Flood : Censorship, Pornography and Equality ». In Catherine Itzin (Ed.), Pornography : Women, Violence and Civil Liberties. New York : Oxford University Press.
    • (1992). « Women in the Public Domain : Sexual Harassment and Date Rape ». In Amber Coverdale Sumrall & Dena Taylor (Eds), Introduction to Sexual Harassment : Women Speak Out. Freedom, California : The Crossing Press.
    • (1991). « In October 1973 (Age 27) ». In Laurence Goldstein (Ed.), The Female Body : Figures, Styles, Speculations. Ann Arbor : The University of Michigan Press.
    • (1990). « Woman-Hating Right and Left ». In Dorchen Leidholdt & Janice G. Raymond (Eds), The Sexual Liberals and the Attack on Feminism. New York : Pergamon Press.
    • (1989). « Gynocide : Chinese Footbinding ». In Laurel Richardson & Verta Taylor (Eds), Feminist Frontiers II : Rethinking Sex, Gender, and Society. New York : Random House.
    • (1988). « The Sexual Mythology of Anti-Semitism ». In Harry Brod (Ed.), A Mensch Among Men : Explorations in Jewish Masculinity. Freedom, California : The Crossing Press.
    • (1980). « Why So-Called Radical Men Love and Need Pornography », « For Men, Freedom of Speech ; for Women, Silence Please », « Pornography and Grief ». In Laura Lederer (Ed.), Take Back the Night : Women on Pornography. New York : William Morrow.
    • (1980). « First Love ». In Julia Wolf Mazow (Ed.), The Woman Who Lost Her Names : Selected Writings by American Jewish Women. San Francisco : Harper & Row.
    • (1978). « A Letter to M ». In Karla Jay & Allen Young (Eds), Lavender Culture. New York : Jove/HBJ. (1994), New York : New York University Press.
    • (1975). « Bertha Schneiders existential edge ». In Pat Rotter (Ed.), Bitches and Sad Ladies : An Anthology of Fiction by and about Women. New York : Harper’s Magazine Press.
  • Andrea Dworkin a également publié dans de nombreux journaux, magazines et revues, notamment

    • The American Voice, America Report, Berkeley Barb, The Body Politic, Broadside, Canadian Women’s Studies, City Limits, Christopher Street, Chrysalis, Emma, Feminist Review, Feminist Studies, Gay Community News, Harvard Women’s Law Journal, Healthsharing, Heresies, Hot Wire, The (London) Guardian, The (London) Sunday Times, The (London) Times Educational Supplement, The Los Angeles Times, Maenad, Michigan Journal of Gender & Law, Michigan Quarterly Review, Mother Jones, Ms., New Political Science, New York Native, New York Newsday, The New York Times Book Review, The New Women’s Times, Off our backs, On the Issues, San Francisco Review of Books, The Second Wave, Sinister Wisdom, Social Policy, Soho Weekly News, Sojourner, Trouble and Strife, La Vie en Rose, Village Voice, Win, Woman of Power, The Women’s Review of Books.
      Les travaux d’Andrea Dworkin ont été traduits en allemand, chinois, coréen, croate, espagnol, flamand, français, galicien, hébreu, japonais, lituanien, néerlandais, norvégien, russe et suédois, entre autres.
  • Quelques textes de Dworkin sont parus en français

    • (1981). « Les angoisses existentielles de Bertha Schneider », Revue La Vie en Rose (Montréal), juin-juillet-août, pp. 43-45. Traduction de Françoise Guénette.
    • (1983). « Pourquoi les hommes que l’on dit progressistes raffolent de la pornographie et en ont tellement besoin », « Pour les hommes, liberté d’expression. Pour les femmes, « Silence s’il-vous-plaît ! » », « La pornographie et le désespoir ». In Laura Lederer (Éd.), L’envers de la nuit – Des femmes disent non à la pornographie. Montréal : Les éditions du remue-ménage, Collection Les Entêtées. Traduction de Monique Audy et Martin Dufresne.
    • (1993). « Israël : franchement, à qui appartient ce pays ? », Nouvelles Questions Féministes, 14 (2), 7-35. Traduction de Françoise Armengaud. Version originale en anglais : « Israel : Whose Country Is It Anyway ? » Ms Magazine, 1 (2), 1990.
    • (2000). « Pour en finir avec la danse contact ». En français et en anglais sur le site http://www.nostatusquo.com/ACLU/dworkin/lapdancing.html. Titre original : « Why Women must get out of men’s lap », The Herald (Glasgow, Scotland). Traduction de Florence Montreynaud.

Notes

  • [1]
    Début du premier chapitre (pp. 13-25) de Pornography : Men Possessing Women, écrit par Andrea Dworkin, 1981, New York : Perigee.
  • [2]
    Woolf, Virginia (1929). A Room of One’s Own. Première édition : Hogart Press.
  • [3]
    Daly, Mary (1974). Beyond God the Father : Toward a Philosophy of Women’s Liberation. Boston : Beacon.
  • [4]
    Chesler, Phyllis et Emily Jane Goodman (1976). Women, Money and Power. New York : William Morrow and Company Inc.
  • [5]
    Cette bibliographie a été essentiellement établie à partir des sites suivants, consultés en juillet 2006 :
    http://nwmindia.org/Newsmakers/andrea_dworkin.html
    http://www.nostatusquo.com/ACLU/dworkin/bookbiblio.html
    http://www.nostatusquo.com/ACLU/dworkin/OnlineLibrary.html
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