Notes
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[1]
Cf. par exemple J.-H. Rosny-aîné dans son ouvrage-bilan sur les conséquences de la guerre de 1914-18 dans le Nord, Carillons et Sirènes du Nord (Paris, Les Éditions de France, 1928), chapitre XIV « Douai, l’Athènes du Nord », pp. 109-118.
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[2]
Cf. Pierre-Alexandre Gratet-Duplessis, Essai historique sur les établissements littéraires de la Ville de Douai (1842).
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[3]
Sur le séjour douaisien d’Auguste Angellier (1848-1911), on pourra se reporter à l’ouvrage de Floris Delattre, La Personnalité d’Auguste Angellier (Paris, Vrin, 1939), tome premier, chapitres IV à VI, pp. 162-210. C’est à Douai qu’Angellier rédigea sa thèse sur le poète écossais E. Burns. Dans son numéro 61 sur Dunkerque, la revue nord’ a consacré un article à Angellier : « Auguste Angellier (1848-1911) : professeur, poète, personnage de fiction », pp. 101-113 (nord’, juin 2013).
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[4]
nord’ a consacré plusieurs articles à Marceline Desbordes-Valmore : le numéro 10 (décembre 1987) en propose six, dont une évocation du fonds Marceline Desbordes-Valmore à la Bibliothèque Municipale de Douai (pp. 53-59). Le numéro 33 (juin 1999) revient sur la poétesse avec deux articles : « Marceline Desbordes-Valmore : paradis et enfer de la mémoire » par Georges Dottin et « Sainte-Beuve lecteur de Marceline Desbordes-Valmore », par Frédérique Péron.
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[5]
Théophile Bra, L’Évangile rouge (Paris, Gallimard, collection « Art et artistes », 2000 – édition de Jacques de Caso). D’une inspiration qui anticipe sur Aurélia de Gérard de Nerval (1855), L’Évangile mêle textes médiumniques et dessins réalisés lors de crises de somnambulisme apparues après la mort de la première épouse de l’auteur, Pensée Pinel Grandchamp (1826). Bra fut par ailleurs un important sculpteur de la Restauration, second Prix de Rome en 1818 : il est, entre autres œuvres visibles dans le Nord, l’auteur du fronton de l’Hôpital-Général de Douai (1835) et de la statue de la « déesse » qui surmonte la colonne du même nom sur la Grand-Place de Lille (1845). Ses problèmes de santé « mentale » le firent se retirer dans sa ville natale en 1848, où il tomba peu à peu dans l’oubli. La Bibliothèque Municipale de Douai possède de lui une importante collection de cartons contenant dessins et écrits. En 2007, une exposition au Musée de la Vie romantique, à Paris, a donné lieu à un livre-catalogue du plus grand intérêt : Sang d’encre. Théophile Bra 1797-1863. Un illuminé romantique, par Jacques de Caso et Daniel Marchesseau (éditions Paris-musées).
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[6]
Il y avait vingt-deux poèmes que Rimbaud confia en vue de les faire éditer à un ami d’Izambard, Paul Demeny (1844-1918), lui-même poète et Douaisien.
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[7]
Dans le domaine du roman policier, il convient aussi de mentionner Marc Demeleunaere, enseignant et journaliste, né à Douai en 1926, et auteur, dans les années 1970, sous le pseudonyme de Mark Demwell de plusieurs romans policiers, dont trois parurent dans la collection du « Masque » : Le Crime des hauts toupets (1979), Meurtre au collier (1980), Le Trésor d’Irbla (1980).
1 Partageant avec Valenciennes le beau titre d’« Athènes du Nord [1] », riche d’une longue tradition littéraire, Douai trouve naturellement sa place dans la série de nos numéros consacrés à des villes de la région.
2 Dès le Moyen Âge, elle est le berceau d’un Durand de Douai, auteur de fabliaux, notamment la Farce des trois bossus et de confréries poétiques comme celle des Clercs parisiens au xive siècle [2]. Le développement de l’imprimerie (avec Jean Boscard, Loys de Winde puis Jean Bogard, actif pendant plus de cinquante ans jusqu’en 1634) en fait un centre intellectuel important dont l’influence se prolonge jusqu’à la fin du xixe siècle avec son université, fondée par Philippe II d’Espagne en 1559 et ses facultés de médecine, arts, droits civil et canon, et bien sûr de théologie dans le contexte des Guerres de religion. C’est d’ailleurs à Douai qu’Auguste Angellier commença, dans les années 1880, sa carrière d’angliciste et qu’il écrivit ses premiers poèmes à l’« amie perdue [3] ». Le grand nombre de séminaires et de collèges – dont celui des Jésuites d’Anchin – contribuera aussi jusqu’à la Révolution à une vie intellectuelle très intense.
3 De l’« abbé » Dulaurens (1719-1793) à Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859), Douai a aussi donné des représentants importants des Lumières comme du Romantisme [4]. Et sans négliger la figure très singulière de Théophile Bra (1797-1863) dont L’Évangile rouge, entre journal intime et roman épistolaire, a été récemment redécouvert [5], n’oublions pas non plus que c’est à Douai que le jeune Arthur Rimbaud vint, en octobre 1870, retrouver son ancien professeur de Charleville, Georges Izambard, et qu’il recopia sur deux liasses le seul ensemble de poèmes qu’il ait lui-même organisé en vue d’une publication en recueil : le « cahier de Douai [6] ».
4 Plus confidentiels pour nous, André de Guerne (1853-1912) et Édouard Ducoté (1870-1929) ont cependant occupé une certaine place dans la vie littéraire du temps et ils assurent, l’un d’esprit parnassien, l’autre symboliste, la transition poétique avec un xxe siècle riche à Douai en personnalités diverses, parmi lesquelles on citera le critique d’art Henri Duhem (1869-1944) et le romancier et dramaturge André Obey (1892-1973).
5 C’est à la plupart de ces auteurs et à quelques autres que ce numéro a voulu rendre hommage.
6 Comme de coutume désormais, notre dossier commence par une présentation générale de Douai « des origines à nos jours ». C’est Madame Monique Mestayer, ancienne archiviste de la ville, qui la propose, retraçant, en parallèle aux événements politiques, économiques et sociaux, les grands moments de la vie intellectuelle, littéraire et culturelle de Douai.
7 Ville d’université, Douai a aussi été un lieu où l’imprimerie s’est développée de manière importante depuis le xvie siècle. Jean Vilbas, conservateur chargé des collections patrimoniales à la Bibliothèque Municipale de Douai, nous détaille les grands moments de cette histoire, intellectuellement et humainement si riche, qu’il mène jusqu’à nos jours.
8 À ces deux articles de présentation générale nous avons voulu faire répondre un certain nombre d’études sur des figures célèbres ou oubliées de la ville. Pour le xviiie siècle, celle du voltairien Dulaurens, que la critique littéraire contemporaine remet à l’honneur, était incontournable : Christian Leroy évoque la présence de Douai dans son œuvre héroï-comique et anticléricale. Dans l’histoire du romantisme français, Marceline Desbordes-Valmore occupe évidemment une place centrale : entre biographie et étude littéraire, Frédérique Péron s’est attachée à rendre compte de la vocation théâtrale de la poétesse et de la manière dont cette vocation constitua les prémisses de son œuvre littéraire. Douai est bien sûr aussi le cadre du roman de Balzac La Recherche de l’Absolu, célèbre aussi pour sa description de la ville et de la maison de Balthazar Claës et de sa famille. Christian Leroy s’y est intéressé pour examiner les rapports entre la prose romanesque de Balzac et une certaine poésie dont la Flandre serait comme le symbole. Mais, à côté de ces grands auteurs qui sont nés ou se sont intéressés à Douai, il en est d’autres encore dont on peut faire justement mémoire, moins peut-être sous la forme d’une étude que sous celle d’une anthologie : c’est le cas de Georges Izambard, Auguste Angellier, André de Guerne et Édouard Ducoté. Henri Lemoyne nous propose d’en redécouvrir quelques textes. Pour le xxe siècle, on ne pouvait pas ne pas évoquer l’œuvre et la personnalité d’André Obey, mentionné plus haut : sa pièce Le Viol de Lucrèce (1931) constitua la base du livret (par Ronald Duncan) de l’opéra de Benjamin Britten, The Rape of Lucretia (1945). Roland Poquet, fondateur et premier directeur de la « scène nationale » de l’Hippodrome, l’a connu et il a monté cette pièce à Douai même. Il fait revivre avec sensibilité le personnage complexe et attachant d’A. Obey, aussi passionné de musique et de sport que de littérature.
9 Longtemps tenu en lisière de la littérature, le roman policier est désormais reconnu comme un genre à part entière. Magali Romain s’est donc intéressée à l’un de ses importants représentants douaisiens, Jean Bommart (1894-1979), créateur du personnage du Poisson chinois, sorte de « James Bond » à la française dont les multiples aventures parurent dans le livre de poche [7]. Enfin, le champ de la littérature ne se restreignant plus aux seules œuvres faites pour être lues, la chanson et ses compositeurs y ont droit de cité. À ce titre, on se rappellera que Douai a vu naître et Jacques Douai (1920-2004) et Jean-Claude Darnal (1929-2011), auteur entre autres de « Quand la mer monte », rendu célèbre par l’interprétation de Raoul de Godewarsvelde. Stéphane Hirschi, spécialiste de ce nouveau domaine d’étude qu’est la « cantologie », nous les présente pour clore un parcours dans l’histoire littéraire de Douai que nous avons voulu le plus divers possible.
Notes
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[1]
Cf. par exemple J.-H. Rosny-aîné dans son ouvrage-bilan sur les conséquences de la guerre de 1914-18 dans le Nord, Carillons et Sirènes du Nord (Paris, Les Éditions de France, 1928), chapitre XIV « Douai, l’Athènes du Nord », pp. 109-118.
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[2]
Cf. Pierre-Alexandre Gratet-Duplessis, Essai historique sur les établissements littéraires de la Ville de Douai (1842).
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[3]
Sur le séjour douaisien d’Auguste Angellier (1848-1911), on pourra se reporter à l’ouvrage de Floris Delattre, La Personnalité d’Auguste Angellier (Paris, Vrin, 1939), tome premier, chapitres IV à VI, pp. 162-210. C’est à Douai qu’Angellier rédigea sa thèse sur le poète écossais E. Burns. Dans son numéro 61 sur Dunkerque, la revue nord’ a consacré un article à Angellier : « Auguste Angellier (1848-1911) : professeur, poète, personnage de fiction », pp. 101-113 (nord’, juin 2013).
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[4]
nord’ a consacré plusieurs articles à Marceline Desbordes-Valmore : le numéro 10 (décembre 1987) en propose six, dont une évocation du fonds Marceline Desbordes-Valmore à la Bibliothèque Municipale de Douai (pp. 53-59). Le numéro 33 (juin 1999) revient sur la poétesse avec deux articles : « Marceline Desbordes-Valmore : paradis et enfer de la mémoire » par Georges Dottin et « Sainte-Beuve lecteur de Marceline Desbordes-Valmore », par Frédérique Péron.
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[5]
Théophile Bra, L’Évangile rouge (Paris, Gallimard, collection « Art et artistes », 2000 – édition de Jacques de Caso). D’une inspiration qui anticipe sur Aurélia de Gérard de Nerval (1855), L’Évangile mêle textes médiumniques et dessins réalisés lors de crises de somnambulisme apparues après la mort de la première épouse de l’auteur, Pensée Pinel Grandchamp (1826). Bra fut par ailleurs un important sculpteur de la Restauration, second Prix de Rome en 1818 : il est, entre autres œuvres visibles dans le Nord, l’auteur du fronton de l’Hôpital-Général de Douai (1835) et de la statue de la « déesse » qui surmonte la colonne du même nom sur la Grand-Place de Lille (1845). Ses problèmes de santé « mentale » le firent se retirer dans sa ville natale en 1848, où il tomba peu à peu dans l’oubli. La Bibliothèque Municipale de Douai possède de lui une importante collection de cartons contenant dessins et écrits. En 2007, une exposition au Musée de la Vie romantique, à Paris, a donné lieu à un livre-catalogue du plus grand intérêt : Sang d’encre. Théophile Bra 1797-1863. Un illuminé romantique, par Jacques de Caso et Daniel Marchesseau (éditions Paris-musées).
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[6]
Il y avait vingt-deux poèmes que Rimbaud confia en vue de les faire éditer à un ami d’Izambard, Paul Demeny (1844-1918), lui-même poète et Douaisien.
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[7]
Dans le domaine du roman policier, il convient aussi de mentionner Marc Demeleunaere, enseignant et journaliste, né à Douai en 1926, et auteur, dans les années 1970, sous le pseudonyme de Mark Demwell de plusieurs romans policiers, dont trois parurent dans la collection du « Masque » : Le Crime des hauts toupets (1979), Meurtre au collier (1980), Le Trésor d’Irbla (1980).