Couverture de NF_007

Article de revue

Les réponses des dirigeants politiques

Pages 93 à 94

Notes

  • [1]
    Cf. « Correspondances franco-soviétiques », Nouvelles Fondations n° 2, juin 2006 (consultable à l’adresse http://www.gabrielperi.fr/article.php3?id_article=565).
  • [2]
    Ont été sollicités pour cette enquête : C. Autain, M.-G. Buffet, P. Blotin, B. Cassen, J.- P. Chevènement, C. Duflot, H. Emmanuelli, L. Fabius, A. Gérin, F. Hollande, J.-C. Gayssot, A. Krivine, A. Lipietz, N. Mamère, N. Marchand, J.-L. Mélenchon, A. Montebourg, V. Peillon, S. Royal, Y. Salesse, D. Strauss-Kahn, C. Taubira, M. Valls, D. Voynet, P. Zarka.
  • [3]
    Nous publions à la suite de cette enquête un texte de Charles Fiterman et Jack Ralite portant sur ces problèmes.

1Mil neuf cent vingt-neuf. Désireux de résoudre la « crise doctrinale du socialisme[1] » divisé en deux camps farouchement opposés quant aux moyens à adopter en vue de sa réalisation, Henri Barbusse, directeur de l’hebdomadaire Monde, décide de lancer une vaste enquête auprès de dirigeants de gauche français et étrangers. Au plus fort de la stratégie « classe contre classe » du Komintern qui fait des sociaux-démocrates des ennemis au même titre que les fascistes, son but est d’élargir l’assisse intellectuelle, et donc sociale, du communisme, en lançant un débat contradictoire entre révolutionnaires et réformistes. Dans son esprit, l’exposé puis la comparaison objective des deux théories ne peuvent manquer de démontrer la supériorité des premiers sur les seconds. Malheureusement pour lui, seuls les sociaux-démocrates acceptent de répondre.

2Les deux lignes perdurent, aujourd’hui, sous des formes multiples et diverses. Le temps n’est plus à la démonstration scientifique de la vérité d’une thèse ou de l’autre, mais le fossé entre ces sœurs ennemies semble toujours aussi infranchissable. Elles n’en subissent pas moins, l’une comme l’autre, l’hégémonie culturelle de la droite, faute d’un discours cohérent et crédible pour une majorité de citoyens. Le constat est cruel : jamais la population française n’a globalement été aussi éduquée, en bonne santé… ni les inégalités qui la sous-tendent aussi importantes. Du pain béni, a priori, pour une gauche émancipatrice et éprise de justice sociale. Force est pourtant de constater que ses propositions ne convainquent pas. Tour à tour perçue comme molle, uniquement soucieuse de réparation ou irréaliste, elle semble désormais, en France depuis le début des années 1990, condamnée à des victoires par défaut (triangulaires dans près de quatre-vingts circonscriptions en 1997, impopularité record du pouvoir lors des cantonales et régionales de 2004, volonté de préserver les acquis sociaux et hostilité à l’adhésion turque au moment du référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe). Depuis les années 1930, un seul nouveau courant de pensée a éclos en son sein, celui de l’écologie politique. Mais, là encore, en dépit d’un contexte favorable qui voit se généraliser la préoccupation environnementale, elle ne prospère pas, et pis, n’apparaît pas aux yeux de l’électorat la plus apte à porter les améliorations souhaitables en la matière.

3Au fond, la gauche donne l’impression de se trouver désemparée face aux transformations récentes du monde. Elle semble ne pas avoir mesuré les conséquences de l’évolution des classes sociales, des modes de vie, et reste comme interdite devant la globalisation. Nouvelles Fondations a donc souhaité, à l’instar de Monde, contribuer au débat théorique à gauche en adressant aux responsables [2] des principaux partis et courants qui la composent un questionnaire portant sur les questions qui la tiraillent, celles qui interrogent ses principes et ses choix d’orientation [3]. Car c’est là qu’elle est attendue et que son message paraît confus pour l’opinion. Une telle clarification, si elle met en évidence les spécificités de chacun, doit aussi permettre de dégager des marqueurs identitaires communs à même de servir de base à des stratégies d’union. N’est-ce pas la seule voie qui se soit jamais offerte à la gauche pour gagner en audience, en force de conviction, et ainsi construire ses victoires d’adhésions ?

Le questionnaire envoyé aux dirigeants politiques

1 Le camp de la gauche s’est historiquement structuré à partir de l’analyse de la société en termes de classes sociales. Estimez-vous que le concept de lutte des classes soit toujours pertinent pour décrire les mécanismes du corps social ?
2 La mission de la gauche a longtemps consisté à réduire les inégalités. Pour ce faire, elle remettait en cause la propriété privée des moyens de production. La nationalisation de certains secteurs industriels, comme ceux qui produisent les biens de première nécessité, vous paraît-elle encore souhaitable, voire envisageable ?
3 L’écart entre les revenus et les salaires n’a cessé de s’accroître depuis l’apparition de la phase financière du capitalisme. Les recettes fiscales de l’État reposent de plus en plus sur les tranches inférieures des revenus, alors que les plus hautes voient leurs impôts régulièrement allégés. Quelles mesures adopteriez-vous pour réintroduire de la justice sociale dans le système de prélèvement ? Les impôts indirects vous semblent-ils légitimes ?
4 Le dépassement du capitalisme est-il votre objectif ? Si la réponse est positive, comment comptez-vous y parvenir au sein d’un pays pleinement intégré à l’économie capitaliste mondialisée ? Si elle est négative, quelle est votre philosophie d’encadrement du marché ?
5 Les règles économiques de l’UE contraignent ses États membres à se conformer à une certaine orthodoxie libérale. Comment retrouver de la souplesse et une certaine marge de manœuvre dans les politiques nationales ? De quelle façon envisagez-vous la poursuite de la construction européenne ?
6 Quelle politique de l’immigration préconisez-vous ? Selon quels critères ou quels principes autoriser ou non l’installation sur le territoire national ?
7 Quelles mesures sociétales vous paraît-il urgent d’adopter afin d’augmenter les libertés individuelles ?
8 Quelles propositions présenteriez-vous aux grandes puissances et aux institutions internationales pour un ordre mondial plus juste, plus solidaire et plus écologique ?

Date de mise en ligne : 01/07/2008

https://doi.org/10.3917/nf.007.0093

Notes

  • [1]
    Cf. « Correspondances franco-soviétiques », Nouvelles Fondations n° 2, juin 2006 (consultable à l’adresse http://www.gabrielperi.fr/article.php3?id_article=565).
  • [2]
    Ont été sollicités pour cette enquête : C. Autain, M.-G. Buffet, P. Blotin, B. Cassen, J.- P. Chevènement, C. Duflot, H. Emmanuelli, L. Fabius, A. Gérin, F. Hollande, J.-C. Gayssot, A. Krivine, A. Lipietz, N. Mamère, N. Marchand, J.-L. Mélenchon, A. Montebourg, V. Peillon, S. Royal, Y. Salesse, D. Strauss-Kahn, C. Taubira, M. Valls, D. Voynet, P. Zarka.
  • [3]
    Nous publions à la suite de cette enquête un texte de Charles Fiterman et Jack Ralite portant sur ces problèmes.

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