Ce qui mérite aussi explication est la péjoration académique, en France, de la négociation collective d’entreprise : elle est considérée, et parfois dans les mêmes articles, comme une machine de guerre des employeurs, comme un armistice ponctuant cette guerre, ou comme le signe manifeste de « l’institutionnalisation » du syndicalisme, ses militants, leur reproche-t-on, passant plus de temps en réunion avec leur employeur qu’auprès de leurs collègues de travail. Pourquoi cette péjoration – et que signifie-t-elle ?
Elle nous semble résulter d’un quadruple effet : un effet E, comme le nommait Raymond Boudon (E pour épistémologique, quand les chercheurs sont victimes d’une construction très simplifiée du monde, à rebours de sa complexité) ; un effet cognitif, révélant une méconnaissance (ici : de ce qu’est une négociation collective) ; un effet d’hystérèse (le raisonnement retardant sur les mutations du travail contemporain) ; enfin, un effet nostalgique (tant semblent subsister chez certains auteurs le regret des temps tayloriens).
Les top managers, dans leurs efforts pour discipliner des hommes et des femmes refusant d’être disciplinés, tentent de les mobiliser sur des objectifs qui ne sont que partiellement les leurs et s’assurer que leur contribution demeure supérieure à leur rétribution : cela n’est pas une surprise. Ils entendent optimiser l’organisation du travail, réduire ce qu’ils estiment être des coûts, ou investir dans des équipements techniques plus performants…
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