Notes
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[1]
Directrice du programme de recherche « CODEV – Companies & Development », IRENÉ, ESSEC Business School ; et Centre Sèvres, Facultés jésuites de Paris. renouard@essec.edu
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[4]
IPCC AR5, rapport de synthèse : “mitigation and adaptation raise issues of equity, justice and fairness (…) Many of those most vulnerable (…) have contributed little to GHG emissions”.
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[5]
Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, Principe 7, http://www.un.org/french/events/rio92/aconf15126vol1f.htm
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[6]
1993, traduction française in Bourg, 2014, p. 781.
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[7]
http://www.oecd.org/fr/ctp/beps.htm consulté le 29 juin 2015.
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[8]
Dans un rapport intitulé « How Large Are Global Energy Subsidies? » (« Quelle est l’ampleur des subventions dans l’énergie? ») remis le 18 mai 2015 au FMI, David Coady, Ian Parry, Louis Sears et Baoping Shang estiment les subventions dont bénéficieront les entreprises d’extraction d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) vont atteindre cette année 5 300 milliards de dollars (4 740 milliards d’euros), soit 14,5 milliards de dollars par jour… “How large are global energy subsidies?”, IMF working paper, http://www.imf.org/external/pubs/ft/wp/2015/wp15105.pdf, consulté le 26 juin 2015.
1 – Introduction : politiser l’économie
1Étudier les enjeux éthiques liés aux négociations climatiques, c’est poser la question de la finalité visée, des critères en fonction desquels prendre les décisions, et de la démarche permettant d’aboutir à un consensus le plus large possible, pour susciter une adhésion et une mise en œuvre effective des décisions par tous les acteurs concernés.
2L’articulation entre échelles de prise de décision est le premier défi : la difficulté est vive au niveau international où les relations sont envisagées bien davantage sous l’angle réaliste d’intérêts à défendre et de rapports de force que sous l’angle cosmopolitique d’une terre commune à habiter et à partager. Nous sommes loin d’un gouvernement mondial planétaire, de la « République des peuples » que Kant (1785) appelait de ses vœux tout en soulignant son caractère improbable étant donné le risque du despotisme. Le climat est un bien commun mondial qui nous fait reconnaître nos interdépendances et notre destin commun et dont l’évolution renforce aussi nos inégalités, nos vulnérabilités, nos dépendances subies. Saurons-nous – citoyens du monde – éviter les catastrophes annoncées alors que nous n’avons pas réussi à éradiquer la faim et la misère et que les conflits liés tant à l’accaparement des ressources qu’à des systèmes de valeurs et de représentations collectives antagonistes n’ont rien perdu de leur gravité ? C’est ce qui fait dire à certains, tel le philosophe John Broome (2012), qu’il faut traiter la question climatique sous l’angle de l’efficacité (pour faire effectivement baisser le niveau d’émissions de carbone) sans vouloir la régler en termes d’équité (en assurant une distribution juste du fardeau entre États et citoyens). Cette perspective qui semble relever d’un pragmatisme de bon aloi, lié à un constat pessimiste sur nos capacités d’action, apparaît problématique au plan théorique comme au plan pratique.
Discerner avant de négocier
3Le présent article dresse un panorama de positions prises par des philosophes et des économistes en matière d’éthique climatique, de façon à nourrir la réflexion sur les enjeux des négociations internationales lors de la Conférence du climat à Paris et au-delà. Il s’agit d’analyser le lien entre les décisions prises à l’échelle internationale et les engagements que les populations de chaque pays sont prêtes à prendre. Deux enjeux décisifs sont, d’un côté, l’appropriation par les populations des processus de délibération, de discernement individuel et collectif et, de l’autre, la transformation de l’exercice de l’autorité aussi bien par les décideurs économiques que politiques. Les négociations climatiques ne peuvent être abordées seulement du point de vue des négociateurs en amont et pendant les sommets sur le climat ; il faut les considérer aussi du point de vue des débats nationaux et des passions et intérêts au sein des différentes communautés politiques. Les marches pour le climat et autres initiatives (jeûne, pétitions, achats locaux, co-voiturage, etc.) lancées par des associations de la société civile et relayées par des réseaux sociaux sont une indication de mouvements visant à démocratiser le sujet et à susciter une pression accrue des populations vis-à-vis des décideurs.
L’économie, niveau élémentaire du politique comme pratique des communs
4La thèse ici défendue (Renouard, 2014, 2015) est celle d’une nécessaire politisation de l’économie qui rende possible la convergence entre le développement social à l’échelle nationale et la préservation du climat à l’échelle mondiale, c’est-à-dire le mouvement inverse de l’évolution des sociétés capitalistes depuis deux siècles, qui a conduit à l’hypertrophie du secteur marchand dans les existences humaines et dans la vie publique, et abouti à des politiques publiques réduites à des marchandages à court terme. L’urgence climatique oblige nos gouvernements et nos sociétés à considérer la question politique du vivre ensemble comme une question relative à la production et au partage des ressources communes, en contestant la séparation posée par Hannah Arendt (1958) entre le souci politique du monde commun et l’économie.
5À cet égard, peut être mobilisée la définition du bien commun proposée par le philosophe Gaston Fessard (1942) : le bien commun combine un niveau élémentaire relatif à la sécurité et à l’existence, la survie des populations, et un niveau supérieur relatif aux valeurs partagées dans chaque communauté politique. Il articule aussi les dimensions nationale et internationale. Aujourd’hui la survie même de nos sociétés demande une inscription de l’économie dans le cadre de cette réflexion sur le bien commun. On ne peut plus tenir une vision dans laquelle la responsabilité principale des acteurs économiques consiste à produire et commercialiser des biens – et n’importe quel type de biens, pour autant qu’ils soient générateurs de flux financiers -, alors que le politique serait en charge de la gestion des externalités engendrées par ces circuits économiques et des compensations pour les laissés pour compte. Cette vision est insoutenable : les dommages engendrés par nos modèles nous conduisent à un monde invivable, au moins pour une partie importante de l’humanité. Les modèles économiques doivent être revus, ex ante et pas seulement ex post (Piguet, 2015), à l’aune du bien commun élémentaire.
6En ce sens, indépendamment des valeurs portées par les acteurs, la simple prudence impose une transformation de l’économie. Toutefois, celle-ci n’est pas faisable à l’échelle et à la vitesse voulue sans une coordination politique, qui suppose une vision et des représentations partagées positives de la société à construire, à partir de la reconnaissance de nos limites écosystémiques planétaires. Dès lors, les délibérations sur le climat ne peuvent être réduites à des calculs économiques de coûts de compensation et d’adaptation, de prix du carbone et de partage du fardeau sur des marchés de droits à polluer. Elles doivent donner lieu en amont et concomitamment à une réflexion politique, mobilisant les acteurs économiques comme la société civile, qui implique une conception renouvelée du rapport à l’économie et à la nature, des valeurs qui nous relient. Refuser de considérer la planète comme indéfiniment disponible pour une prédation continuée de la part des humains, nécessite de s’entendre sur la définition des ressources définitivement indisponibles, en même temps que sur celle des communs à gérer et partager. Cette perspective concerne l’ensemble du corps social et interroge le rôle des institutions et du pouvoir politique vis-à-vis des formes et processus politiques.
Étapes
7Dans un premier temps (section 2), la nécessité d’agir pour sauver la planète, pour défendre le bien commun élémentaire, est affirmée, par une réponse aux objections de ceux qui prônent l’inaction et se satisferaient d’un accord minimaliste à l’issue des négociations. Dans un deuxième temps (3), l’impossibilité de traiter cette question holistique et globale d’un seul point de vue technique et gestionnaire, sera montrée, ce qui est un premier jalon en faveur d’une politisation de la réflexion. Ensuite (4) sont passés en revue plusieurs critères éthiques en vue d’une réduction effective des émissions. Dans la section suivante (5), seront analysées différentes formes de résistance individuelle et collective s’opposant à l’application de tels critères éthiques en faveur du bien commun élémentaire. Dans la section 6, est proposé un discernement en vue d’individualiser nos responsabilités collectives et de déterminer les modalités adaptées de gouvernance afin de faire progresser des logiques coopératives.
2 – Faut-il agir ?
8Les arguments pour ne rien faire sont d’ordres différents, nous en distinguons quatre types principaux : le climato-scepticisme, la foi en la technique (par le recours à la géo-ingénierie), le style de vie non négociable, la priorité à accorder aux besoins sociaux urgents. Les quatre conduisent à rendre l’action écologique seconde vis-à-vis d’un objectif considéré comme prioritaire, et donc à miner l’importance des négociations climatiques. Chacun de ces arguments donne lieu à une réponse qui en défait la pertinence, en invitant à un déplacement du point de vue.
9Tout d’abord, les rapports du GIEC de 2014 font état du large consensus des experts quant à l’origine anthropique du changement climatique et soulignent les catastrophes plus ou moins fortes (mais nécessairement présentes) liées à l’élévation moyenne de la température planétaire. Le climato-scepticisme a été alimenté par les « marchands de doute » (Oreskes 2014 ; Foucart 2013 ; Thebaud-Mony 2014), industriels et financiers ayant intérêt à retarder la prise de conscience de la gravité des enjeux écologiques.
10Deuxièmement, fondée sur la croyance dans le progrès technique, liée à une conception de la durabilité faible, la géo-ingénierie présente des risques majeurs ainsi que des dommages collatéraux avérés pour les écosystèmes, ce qui en fait une fausse solution vis-à-vis de la lutte contre le changement climatique ; elle fait pourtant l’objet d’investissements importants. De nombreux philosophes et scientifiques (e.g. Garvey, 2008 ; Grandjean, 2014 ; Bihouix, 2014) soulignent l’impossible capacité des techniques à tout résoudre, en présence de limites écologiques indépassables ou dont le dépassement engendre des conséquences irréversibles sur les écosystèmes.
11Troisièmement, la défense d’un style de vie « non négociable » (George Bush), significatif du rêve américain et du difficile renoncement des riches à leur mode de vie, est confrontée à la réalité des désastres récurrents aux États-Unis (sécheresse persistante en Californie depuis 2011, par exemple). Le coût de l’inaction donne lieu à des estimations comme celles du rapport remis par Nicolas Stern et Felipe Calderon à l’ONU en 2014 [2] qui font basculer les arguments égocentrés en faveur du maintien du niveau de vie occidental vers une modification des modèles économiques ; l’initiative risky business [3] (2014) émanant de Henry Paulson, Michael Bloomberg et Thomas Steyer, est basée sur la reconnaissance du coût exorbitant des réparations au regard des décisions possibles aujourd’hui pour éviter les désastres, et adresse un appel aux investisseurs et décideurs afin de réorienter les choix d’investissement pour modifier les modèles productifs. La limite de ce type d’initiatives est toutefois soulignée par Naomi Klein (2015, p. 265-292) : certains milliardaires convertis à l’écologie, comme Richard Branson, peuvent en faire l’instrument d’une accumulation supplémentaire de richesse sans conduire à une véritable transformation des modèles.
12Enfin, de nombreux acteurs de développement ne nient pas les enjeux climatiques mais arguent de la priorité à accorder à la lutte contre la misère. Or les enjeux sociaux et écologiques sont intrinsèquement liés, y compris à court terme : les plus pauvres sont souvent les plus affectés par les pollutions (Bullard, 2005) et par les conséquences du réchauffement climatique (recrudescence d’événements extrêmes : sécheresses, inondations, cyclones, etc.) (Laurent, 2011).
13La résistance à accueillir ces réponses aux objections est liée à la foi libérale en la capacité humaine à repousser sans cesse les limites du possible, dans une convergence entre l’initiative individuelle/privée et sa contribution au bien commun matériel, l’un et l’autre indéfiniment extensibles. Cette position est éloignée de la conception selon laquelle la participation au bien commun passe par le refus d’aller au-delà de certains seuils.
3 – Quelle rationalité mobiliser ?
14La rationalité économique dominante nous permet-elle d’admettre que les limites naturelles sont non négociables ?
15Le climat n’est pas qu’une question énergétique. Certes, la question climatique est négociée en termes avant tout énergétiques afin de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique ; mais la mutation climatique concerne tout le rapport humain à la nature, c’est-à-dire à la fois l’épuisement des ressources naturelles et les problèmes de pollution, de « poubelle », comme les dénomme Pierre-Noël Giraud (2014). Le sujet des minerais illustre l’impasse d’un modèle économique focalisé sur la production d’énergies renouvelables – puisque la production même de ces énergies nécessite des ressources minérales en quantités finies (Bihouix, 2014). La pollution des ressources renouvelables met en danger la vie des écosystèmes tout autant que les transformations brutales du climat. Ces problèmes de poubelles sont encore plus difficiles à traiter que les problèmes de ressources puisque, dans un cas, il s’agit de contrôler l’extraction par quelques acteurs aisément identifiables et, dans l’autre, il faut modifier les modèles de consommation et styles de vie de l’ensemble de la population mondiale.
16L’enjeu est holistique et pas seulement technique : la réalisation des objectifs de diminution des émissions planétaires suppose une transformation globale et profonde des modes de vie (des riches). Notre rationalité dominante nous aide-t-elle à réussir cette transformation collective ? Elle peut être décrite comme une approche logico-mathématique et gestionnaire, visant à utiliser et transformer efficacement des ressources en vue de répondre à des besoins divers. En matière économique, le raisonnement s’applique selon une approche probabiliste du risque qui se traduit en termes de coûts-bénéfices. En fonction de la menace plus ou moins élevée qu’un problème surgisse, on investit et on se couvre contre les risques, en utilisant des instruments financiers de plus en plus sophistiqués. Cette approche ne tient pas compte de la probabilité extrêmement faible qu’un événement gravissime se produise. Le principe de précaution vise à éviter le développement d’applications techniques considérées comme trop dangereuses mais il ne remet pas en cause ce raisonnement probabiliste et ses implications essentiellement financières (Dupuy, 2002 ; Broome, 2012). Dès lors, la question climatique nous oblige à sortir de la seule logique coûts-bénéfices – et de l’illusion de la monétisation possible de toute catastrophe, jusqu’à celle de la valeur d’une vie humaine. Jean-Pierre Dupuy défend une perspective métaphysique afin d’aller à la racine des problèmes. Il s’agit de se projeter mentalement dans l’après-catastrophe pour, en amont, prendre les mesures nécessaires afin que celle-ci ne se produise pas. Cette perspective illustre le danger d’une approche comptable, comme refermant le champ des choix envisageables dans une logique aveugle et potentiellement mortifère. Elle vise à refuser le diktat d’un choix politique inféodé aux exigences d’une rationalité gestionnaire, afin de permettre l’élaboration de choix économiques au service d’une conception politique. D’où l’appel à une perspective éthique et, dès lors, politique plus exigeante.
4 – Quels principes de justice pour limiter les émissions ?
17Regardons les principes proposés par les philosophes ayant réfléchi depuis une trentaine d’années aux conditions d’un juste partage du fardeau en vue de limiter les émissions de gaz à effet de serre. On peut faire remarquer que les réflexions de ces penseurs déclinent une version atténuée du principe « ne pas nuire », puisqu’il s’agit avant tout de moins nuire, plutôt que de s’interroger sur les moyens d’éviter de détruire les conditions de l’existence pour une partie de la planète. Notons l’évolution dans les rapports internationaux à propos de la prise en compte de critères éthiques parmi les « critères de justification » qui doivent aider à déterminer, dans toute négociation, l’objectivité et si possible la légitimité de telle ou telle solution (Lempereur et Colson, 2004). Les différents rapports du GIEC marquent une prise en compte croissante de critères philosophiques, comme celui de l’équité [4]. Toutefois, la question reste largement cantonnée à celle d’une logique distributive adossée à une logique comptable, utilitariste, ne prenant pas en compte les limites écosystémiques et les seuils indépassables. La négociation ne porte pas sur la nécessité de ne pas augmenter le gâteau collectif au-delà d’une certaine taille, mais sur les conditions d’une croissance faible et permettant à certains de faire grossir leur part d’ingrédients polluants plus que d’autres.
Responsabilité commune et différenciée
18La responsabilité commune mais différenciée des États a été définie au sommet de Rio en 1992 : « les États doivent coopérer dans un esprit de partenariat mondial en vue de conserver, de protéger et de rétablir la santé et l’intégrité de l’écosystème terrestre. Étant donné la diversité des rôles joués dans la dégradation de l’environnement mondial, les États ont des responsabilités communes mais différenciées [5] ». La différenciation est-elle établie en fonction d’une responsabilité historique, en fonction du niveau de développement actuel, en fonction de la capacité à payer, etc. ? Se base-t-on sur un niveau d’émissions à faire diminuer par personne, par pays, par niveau de revenu, etc. ? Nous distinguons ici quatre modalités de la réflexion, les trois premières concernant le contenu des décisions (autour de la question de l’imputation des responsabilités pour faute, de la promotion des droits humains, de la responsabilité sans faute) et la quatrième concernant les critères procéduraux favorisant la prise de décision.
Responsabilité historique avec faute – pollueur payeur
19Une partie des débats internationaux concerne les moyens de faire en sorte que les pollueurs payent pour compenser ou réparer les dommages qu’ils ont créés, qu’ils créent et pour minimiser ceux qu’ils vont engendrer. L’article de Jean-Paul Maréchal sur les responsabilités des États-Unis et de la Chine, les deux plus gros pollueurs de la planète en valeur absolue, illustre cet enjeu.
20Faut-il, dans ces réflexions sur les efforts à faire selon les pays, tenir compte du passé ? Les débats ont porté sur le fait que les plus gros émetteurs passés n’avaient pas une conscience précise des effets de leurs émissions jusqu’à une date récente. C’est pourquoi la date de référence à partir de laquelle on calcule les efforts à faire est fréquemment celle de 1990 (juste avant le premier sommet de la Terre à Rio). Toutefois, l’argument selon lequel il n’y aurait pas eu d’alerte quant à la gravité de la pollution et aux effets de l’industrialisation sur le climat est démonté par le travail de Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz (2013) : les historiens soulignent la force des intérêts militaro-industriels dans les décisions prises par les pouvoirs publics des pays occidentaux depuis deux siècles, face aux alertes émanant aussi bien de groupes affectés par des pollutions que par des scientifiques et politiques soucieux des effets à long terme des modèles économiques.
21Une deuxième source de débat concerne le calcul des émissions par pays ou par tête. Compte tenu des disparités pouvant exister dans les pays du Sud les plus émetteurs, comme la Chine, certains (Maréchal, dans ce numéro) contestent l’argumentation en faveur d’une moins grande exigence pesant sur ces pays et défendent une approche cosmopolitique, afin que les riches de ces pays – et la Chine compte aujourd’hui presque autant de milliardaires que les États-Unis – contribuent substantiellement au financement des mesures d’atténuation et d’adaptation et ne soient pas exonérés d’un effort alors même qu’ils participent à l’aggravation des conditions climatiques.
22Les différences entre les pays vis-à-vis de l’évolution du climat doivent également être étudiées : certains pays subissent une double peine quand ils sont à la fois les moins pollueurs et les plus vulnérables aux transformations climatiques, comme l’Éthiopie. Le niveau des compensations à la hauteur des dommages subis ou à venir est abordé dans les discours de la communauté internationale mais pas dans les pratiques – par exemple, le fonds vert de 100 milliards d’euros par an d’ici 2020, destiné à aider les pays du Sud dans le processus de transition, approuvé à l’ONU, n’est toujours pas constitué.
23L’ensemble de la chaîne de valeur doit être considéré : les émissions relatives à chaque pays correspondent à des émissions liées à la fois à des exportations et à des importations. Les modalités de calcul des émissions dans les pays sont très différentes en fonction des choix retenus. Ainsi si les émissions s’élèvent à 8 t equiv.CO2/pers./an en France en 2013, elles augmentent de 50 % (jusqu’à 12 t) si on prend en compte le coût des émissions liées à la fabrication de produits importés par la France.
Développement et subsistance
24À côté de la responsabilité à imputer aux pollueurs, le problème peut également être abordé du point de vue de ceux dont les droits humains sont ou pourront être affectés ou violés par les évolutions climatiques. Plusieurs philosophes (e.g. Shue, 1993 ; Caney, 2005) défendent une approche centrée sur les droits des plus vulnérables qui engendrent des obligations.
25La réflexion partant des plus défavorisés contribue à souligner le lien intrinsèque entre la question écologique et la justice sociale. Dans un texte au fort retentissement, Shue distinguait les émissions de luxe des émissions de subsistance : « Il n’est pas équitable de demander à certaines personnes de renoncer à des biens nécessaires pour que d’autres puissent conserver des biens de luxe. [6] » Certains secteurs fortement émetteurs comme l’agriculture sont aussi ceux qui correspondent à des besoins essentiels pour les populations du monde alors que l’industrie répondrait davantage, selon le philosophe, à des émissions superflues liées à un mode de vie consumériste. Le critère de choix en termes de négociations et de politiques publiques devrait être, dans cette perspective, le souci d’assurer le développement des plus pauvres. Soulignons que ce critère suppose de revoir la distinction entre émissions agricoles et industrielles proposée par Shue : par exemple, les émissions agricoles liées à une nourriture de plus en plus carnée et carbonée pour les classes moyennes et aisées doivent être limitées.
26Les droits des plus vulnérables sont d’autant plus importants à reconnaître que les pays pollueurs ont contribué à la dégradation environnementale et parfois sociale et culturelle, voire politique des sociétés de la planète. Les dommages induits par la promotion de styles de vie consuméristes et la logique inhérente à un capitalisme de prédation concernent également notre difficulté à nous représenter d’autres modèles de développement possibles, et à les défendre.
Responsabilité sans faute - Capacité à payer
27L’approche par les droits humains, centrée sur les besoins et capacités des plus vulnérables, conduit à invoquer une responsabilité des acteurs vis-à-vis de la défense de ces droits, en fonction de leur « capacité à payer ». Les arguments de Gardiner, Singer, Shue et Caney (2010) se situent dans cette ligne, ouvrant à la question de savoir qui sont les riches qui doivent payer.
28Une première perspective consiste à invoquer la responsabilité des pays riches, pour les raisons qui viennent d’être évoquées : ils ont davantage contribué dans le passé à la dégradation du climat et ils ont aussi une responsabilité vis-à-vis des structures et institutions, voire du cadre de pensée générale qui continue à engendrer des comportements insoutenables de la part des acteurs publics et privés. Le refus des États-Unis de ratifier le protocole de Kyoto, le retrait de pays comme le Canada et l’Australie nourrissent une telle lecture, tout en manifestant l’ampleur des pas à accomplir pour obtenir une contribution renforcée de ces pays riches.
29Une deuxième perspective, cosmopolitique, consiste à dire que le critère le plus pertinent aujourd’hui est celui du niveau de richesses/patrimoine en dehors de tout critère géographique ou national. Les plus riches de tous les pays ont une capacité à payer évidente – pour ne donner un seul chiffre, une étude d’Oxfam publiée en 2014 indique que 1 % de la population mondiale détient plus que les 99 % restants. Un argument supplémentaire en faveur d’une taxe mondiale sur le patrimoine des riches (ou autre dispositif comme une taxe sur les transactions financières) est l’énormité des flux financiers transnationaux et la nécessité progressivement reconnue par de nombreux acteurs privés et publics de déterritorialiser certains impôts pour arriver à taxer la richesse là où elle est créée ou accumulée (cf. les rapports BEPS – Base erosion and profit shifting - et processus initiés à l’OCDE pour lutter contre l’optimisation fiscale agressive et l’évasion fiscale [7]).
Justice procédurale
30Un dernier ensemble de critères concernent les enjeux procéduraux en vue d’une meilleure justice distributive. L’approche en termes de justice distributive pour les États ou au niveau planétaire est surplombante, « top-down ». Dès lors, elle est susceptible de refléter les rapports de force et les intérêts de la partie de la population détentrice de la capacité à négocier. Les modifications souhaitées concernent d’un côté l’accès des groupes plus vulnérables à la participation aux décisions qui les concernent et, de l’autre, les formes de représentation politique à même de favoriser les décisions de long terme. Derrière les deux approches relatives à une justice environnementale plus locale et une justice climatique globale, l’enjeu est bien celui du renforcement des capacités politiques d’acteurs prenant en compte des limites non négociables.
31Plusieurs études (Garvey 2008 p. 113, Shrader Frechette 2002) montrent comment les pollutions et dégradations environnementales sont fortement corrélées au manque d’accès à l’information, à l’opacité des processus, à la méconnaissance des enjeux pour les plus vulnérables.
32Comment favoriser les conditions de nouvelles formes de démocraties délibératives et représentatives ? Les négociations pour le climat peuvent constituer un laboratoire de nouvelles manières de procéder à l’échelle internationale. À cet égard, la description par Nicolas Hulot, dans ces pages, de son rôle comme ambassadeur pour le climat du pays hôte de la conférence, est intéressante : il mentionne les critères de neutralité, d’exigence, d’impartialité, de défense des intérêts des pays plus durement affectés et vulnérables.
33L’argumentation consistant à vouloir traiter le contenu des négociations de façon technique comme un problème d’efficacité est problématique. Elle a tendance à provoquer une réflexion visant prioritairement à rendre l’effort supportable… pour les riches, sans tenir compte de son caractère déjà insoutenable pour certaines populations du monde. Il s’agit bien, en amont des négociations, à ouvrir à une dimension éthique voire supra-éthique – que Nicolas Hulot décrit, à propos de la transformation de l’attitude et de l’engagement de certains de ses interlocuteurs de différents pays, en termes d’accès à l’humanité de la personne.
5 – Pour un discernement collectif de nos maux communs relationnels
34Le constat du blocage des négociations ou de la probabilité d’un accord très en dessous des objectifs à atteindre pour limiter le réchauffement au seuil des deux degrés, invite à étudier, sous l’angle relationnel, la nature des résistances individuelles et collectives à ce qu’engageraient les décisions raisonnablement nécessaires : une telle étude relationnelle est bien documentée dans la théorie de la négociation, et correspond à une analyse en termes de maux communs relationnels, effectuée par des sociologues, théologiens et philosophes (Donati 2014, Nebel 2006, Renouard 2015). On peut interpréter l’insuffisance des décisions au regard de critères éthiques en analysant la mauvaise qualité des relations interpersonnelles et impersonnelles au long des chaînes de valeur économiques et des processus politiques. Ceci permet d’interroger les responsabilités collectives vis-à-vis de ces dysfonctionnements relationnels pour tenter ensuite d’individualiser ces responsabilités : il s’agit de repérer comment la place spécifique qu’occupent des personnes, des groupes ou des organisations dans des structures socio-politiques leur donne une plus ou moins forte responsabilité vis-à-vis des enjeux. Je reprends, en l’appliquant à la justice climatique, la typologie proposée par Mathias Nebel qui considère une responsabilité par omission, par collaboration et par instigation.
35La responsabilité liée à un mal par omission est analysée par certains sous l’angle de la tragédie des communs et du passager clandestin (Gardiner et al., 2010 ; Maréchal, 2013). Maréchal étend le dilemme du prisonnier à l’échelle mondiale : des acteurs raisonnent en fonction d’un intérêt privé en l’absence de coordination avec d’autres pour gérer des ressources communes. L’omission, en termes relationnels, est l’absence d’une logique coopérative qui bloque les décisions en faveur de l’intérêt général.
36La responsabilité pour faute sous l’angle de la collaboration à un système mortifère est illustrée par les comportements maintenus en faveur d’un modèle économique productiviste et consumériste ; elle est aggravée par le caractère invisible et difficilement prévisible des désastres liés à l’augmentation des émissions de carbone et à la pollution, et par le fait que les phénomènes sont émergents et donc pas liés à une chaîne d’imputation causale linéaire. L’augmentation des inégalités est aussi l’expression de l’aggravation d’une situation insoutenable : ceux qui s’accommodent de l’accroissement des écarts de richesses contribuent à renforcer des chaînes de valeur inéquitables et à renforcer la précarité environnementale pour certains (Giraud et Renouard 2012). Le court-termisme financier et le culte de la croissance nourrissent des pratiques qui ne permettent pas aux enjeux climatiques de long terme d’être prioritaires.
37La responsabilité comme instigation est le fait de ceux qui sont à l’initiative ou qui nourrissent, par leurs décisions et leurs actions volontaires, des processus funestes alors même que d’autres décisions seraient envisageables. En matière climatique, entrent dans cette catégorie les pratiques de lobbying initiées par des groupes pétroliers en faveur d’un éco-scepticisme ; les subventions maintenues aux énergies fossiles (de 5 300 milliards de dollars en 2015…) [8] constituent également une pratique dommageable puisqu’elles renforcent l’extraction et la consommation de ces sources d’énergie dont nous savons pourtant que 80 % devraient demeurer dans le sous-sol planétaire, et empêchent d’autres financements en matière d’énergies renouvelables, de recherches sur le stockage du CO2, de soutien aux pays les plus vulnérables, etc. L’instigation est un défaut relationnel au sens où les décideurs qui font perdurer des institutions aux effets délétères ignorent les populations qui sont victimes des dommages liés à ces pratiques. L’accaparement des ressources devient une idole : le regard est fasciné par un objectif qui rend toutes autres considérations invisibles.
6 – Qui doit agir ?
38Le discernement des maux communs relationnels amène à poser la question des responsabilités différenciées de différentes catégories de la population. Sur quels leviers faire fond en vue de favoriser des négociations politiques performatives, ayant un effet direct sur l’enclenchement de dynamiques de changement structurel dans les différents pays ? Garvey souligne que les institutions ont plus d’inertie que les individus, ce qui va dans le sens d’une critique de la position de Broome qui en demande plus aux États qu’aux individus : Broome se centre sur les compensations (offsetting) entendues comme l’expression d’un devoir de justice pour les individus (distingués des citoyens), et ne raisonne, comme d’ailleurs la plupart des penseurs de la justice climatique, qu’en termes binaires individus/États. Il minimise le rôle des citoyens vis-à-vis des réformes structurelles devant être engagées par les États, ainsi sans doute que les résistances des acteurs étatiques à des décisions non prises sur une base gestionnaire et technocratique (Dardot et Laval 2014). Une perspective collaborative suppose de prendre en compte le rôle des organes de la société civile et du secteur privé (Renouard 2013), dans une perspective de politisation de l’économie, au service du bien commun élémentaire. Le discernement individuel et collectif, privé et public, en vue d’actions collectives au sein de la société civile est un élément clé dans le débat sur le niveau d’engagement des individus, des États et des entreprises vis-à-vis de la transition écologique.
Individus
39Il convient de distinguer les devoirs/obligations d’action individuelle en fonction de la nature de la responsabilité de chacun (omission, collaboration, instigation) aussi bien que de sa capacité à agir et, entre autres, à payer. Dès lors, la responsabilité des plus riches vis-à-vis des désastres climatiques est renforcée, en ce qui concerne leur usage de ressources matérielles, monétaires, etc. Les ressources sont à comprendre comme des flux au service d’une meilleure qualité du lien social (et écologique) plutôt que comme des stocks, ceux-ci venant, aux sens propre et figuré, bloquer la fluidité des échanges et empêcher une juste distribution envers les plus mal lotis.
40Mettre l’accent sur la lutte contre les maux relationnels et la promotion de la qualité relationnelle, permet d’envisager les finalités et moyens à prendre autrement que sous le simple aspect d’une compensation monétaire limitée : elle invite à une transformation des modes de vie et des institutions qui détruisent la cohésion sociale et la qualité des écosystèmes.
États
41La responsabilité des États sur la scène internationale concerne aussi bien les conditions des populations vivant sur leur territoire que les biens communs mondiaux. Une approche relationnelle de ceux-ci permet d’analyser si les négociations favorisent des relations durables à l’intérieur de chaque société et entre sociétés de la planète. La solidarité entre les États n’est possible que si les populations des pays sont impliquées dans les processus et considèrent que l’effort de solidarité est équitablement réparti. Une des difficultés actuelles est liée à la précarité vécue par une partie de la population des pays riches. Ceci renforce les arguments en faveur de mesures transnationales, en vue de taxer les mieux lotis et d’harmoniser les choix d’investissement mondiaux dans des filières durables.
Entreprises
42Le secteur privé reconnaît de plus en plus son rôle dans la mise en œuvre de la transition écologique et énergétique. Toutefois, le risque est celui d’une rhétorique au service des intérêts bien compris des entreprises, sans que soit véritablement envisagée une transformation des business models, et que soit dénoncée l’inadaptation des solutions par le seul marché (Piguet, 2015). Pour ne donner qu’un exemple, suite à la crise de 2008 et à l’effondrement du marché des droits à polluer, des entreprises – et des États – ont arrêté d’investir dans des centrales à gaz pour investir dans des centrales à charbon beaucoup plus polluantes (Baule et al., 2015). Le débat sur le rôle des investisseurs est déterminant. Les actions menées par la société civile en faveur du désinvestissement progressif des énergies fossiles contribuent à exercer une pression forte sur les multinationales comme sur les États en vue d’une réorientation des choix privés et publics.
Minorités éclairées/autorités
43Comment des initiatives dispersées, ou un discours alternatif peut-il contribuer non seulement à des prises de conscience mais aussi à des changements de pratiques à grande échelle ? Est interrogé le rôle des autorités politiques vis-à-vis des autorités morales et des autorités de marché : après avoir donné lieu à une marchandisation du politique, assiste-t-on à une ouverture du politique à la dimension éthique, grâce à l’impulsion de telles minorités actives, au rayonnement de certaines personnalités ? On peut penser aux rôles complémentaires que jouent Nicolas Hulot et Pierre Rabhi dans le paysage politique et la société française. L’un est en prise directe sur les politiques et le monde économique, par son action en faveur d’un pacte écologique au niveau national et bientôt international, et pour préparer la COP21 ; l’autre est un agronome ayant fait un choix de vie radical et contribuant à la réflexion sur des modèles agricoles, éducatifs, alternatifs via des initiatives locales, ciblées. L’un et l’autre, comme Edgar Morin ou Jean-Baptiste de Foucauld, promeuvent une conception intégrative, holistique, du développement humain. Ils ne s’opposent pas frontalement à un gouvernement totalitaire comme ce fut le cas pour Soljenitsyne, dont la figure de résistance est analysée par Serge Moscovici dans Psychologie des minorités actives (1979). Dans une démocratie pluraliste, ils invitent à résister collectivement, par une mobilisation citoyenne, à la financiarisation des différentes dimensions de l’existence et à l’hypertrophie de la rationalité instrumentale.
Conclusion
44L’identification des responsabilités collectives vis-à-vis du climat pose simultanément la question de savoir comment rendre l’engagement pour la justice climatique collectivement et individuellement désirable. L’imagination morale, fondée sur l’intégration de nos limites et le souci du long terme, peut permettre l’écriture de nouveaux narratifs collectifs, pour favoriser des logiques coopératives, qui incluent pour les plus riches matériellement des renoncements dans certaines sphères de la vie sociale, afin de développer d’autres ressources de l’existence et de faire advenir des institutions plus équitables. Il est douteux que les négociations aboutissent sans le recours à une telle créativité éthique dans nos sociétés en vue d’un recadrage de nos modèles économiques.
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Mots-clés éditeurs : rationalité, responsabilité, climat, discernement, négociations, éthique
Date de mise en ligne : 23/10/2015
https://doi.org/10.3917/neg.024.0007Notes
-
[1]
Directrice du programme de recherche « CODEV – Companies & Development », IRENÉ, ESSEC Business School ; et Centre Sèvres, Facultés jésuites de Paris. renouard@essec.edu
- [2]
- [3]
-
[4]
IPCC AR5, rapport de synthèse : “mitigation and adaptation raise issues of equity, justice and fairness (…) Many of those most vulnerable (…) have contributed little to GHG emissions”.
-
[5]
Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, Principe 7, http://www.un.org/french/events/rio92/aconf15126vol1f.htm
-
[6]
1993, traduction française in Bourg, 2014, p. 781.
-
[7]
http://www.oecd.org/fr/ctp/beps.htm consulté le 29 juin 2015.
-
[8]
Dans un rapport intitulé « How Large Are Global Energy Subsidies? » (« Quelle est l’ampleur des subventions dans l’énergie? ») remis le 18 mai 2015 au FMI, David Coady, Ian Parry, Louis Sears et Baoping Shang estiment les subventions dont bénéficieront les entreprises d’extraction d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) vont atteindre cette année 5 300 milliards de dollars (4 740 milliards d’euros), soit 14,5 milliards de dollars par jour… “How large are global energy subsidies?”, IMF working paper, http://www.imf.org/external/pubs/ft/wp/2015/wp15105.pdf, consulté le 26 juin 2015.