Couverture de NEG_012

Article de revue

Négociation et théorie des jeux : les « dessous » d'un accord acceptable

Pages 35 à 49

Notes

  • [1]
    La Bible est aussi une source d’inspiration pour la théorie des jeux comme en témoigne l’ouvrage de Steven Brams (2003).
  • [2]
    Christian Schmidt (2008) explique ce que recouvre cette hypothèse de rationalité et partant de la distinction entre information et connaissance, il souligne l’intérêt que la théorie des jeux aurait à introduire les progrès accomplis dans la théorie de la décision individuelle par les psychologues expérimentaux. Les joueurs, certes, raisonnent ; mais leurs raisonnements ne sont pas indépendants d’un certain cadrage cognitif.
  • [3]
    Le concept d’équilibre parfait en sous-jeux a été développé par richard Selten en 1975. Il s’agit d’un raffinement de l’équilibre de Nash dynamique dont l’idée consiste à supprimer les équilibres fondés sur des menaces non crédibles. Cela signifie qu’à l’équilibre parfait un joueur n’est pas en mesure de menacer les autres joueurs d’adopter dans certaines circonstances un comportement non optimal étant données les stratégies des autres joueurs.
  • [4]
    Ces auteurs n’ont pas été les premiers à proposer un fondement non coopératif à la valeur de Shapley. F Gul (1989) a établi une équivalence dans des jeux de négociations bilatérales emboîtées à la Rubinstein.
English version
« La théorie des jeux n’entend rien changer à la condition originaire des hommes mais elle s’ajoute aux instruments dont ils disposent déjà pour se guider dans leur navigation incertaine. »
Bertrand Saint-Sernin, Entretiens nocturnes sur la théorie des jeux, la poésie et le nihilisme chrétien.

1La théorie des jeux s’est développée autour de deux branches que sont les jeux coopératifs et les jeux non coopératifs. Bien que cette distinction ait été introduite par John Nash (1951), la ligne de démarcation aujourd’hui en vigueur est due à John Harsanyi (1966). Elle pose que dans un jeu coopératif, les engagements contractés par les agents sont irrévocables et sont garantis par une institution apte à les faire respecter, alors que dans un jeu non coopératif, les accords doivent être auto exécutables dans le sens où ils doivent exister en dehors de toute institution. La négociation emprunte et se nourrit des apports de chacune des deux branches. Elle illustre le programme dit de Nash de recherche d’une synthèse de la théorie des jeux coopératifs et non coopératifs. Dans son article de 1950, Nash dérive une solution axiomatique d’un problème de négociation formalisé dans le cadre d’un jeu coopératif puis montre comment cette solution peut être obtenue dans un cadre non coopératif. Selon Nash (1953, p. 129) “The two approaches to the problem, via the negotiation model or via the axioms, are complementary”. Cet article a pour but de présenter les « dessous » conceptuels des solutions de problèmes de négociation et de partage dans cette idée de synthèse proposée par le programme de Nash. Plus précisément, l’objectif sera de montrer comment les solutions de partage des jeux coopératifs trouvent leur équivalent dans les jeux non coopératifs. Il apparaîtra que le terme d’accord « acceptable » recouvre des logiques de justice ou d’équité très différentes allant du partage égalitaire à un partage fondé sur la contribution individuelle de chacun.

2Mais quels sont les apports de la théorie des jeux à la négociation ? Tout d’abord, une solution mathématique unique vérifiant certaines propriétés, puis ensuite une procédure permettant aux agents de mettre en œuvre cette solution. La présence d’une institution implicite dans les jeux coopératifs ne signifie pas une perte de libre arbitre des agents qui devraient se contenter d’accepter la règle de partage imposée par un arbitre ou un juge, même impartial ! Certes, les solutions de partage des jeux coopératifs sont souvent abstraites car axiomatiques mais si la théorie des jeux offre une solution à un problème, elle montre aussi comment les agents vont pouvoir implémenter eux-mêmes cette solution. La théorie jeux appliquée à la négociation devient alors réaliste et pratique.
La démarche suivie sera de présenter des règles de partage du Talmud babylonien (section 1) se référant à des solutions issues de la théorie des jeux coopératifs (section 2) mais fondées sur des solutions issues de la théorie des jeux non coopératifs (section 3).

Les règles de partage du Talmud babylonien

3Robert Aumann et Michael Maschler (1985) présentent une première règle du Talmud [1] portant sur le partage d’un bien divisible (le Contested Garment, CG) entre deux personnes. Cette règle énonce que si la première personne revendique la totalité du bien et la seconde uniquement la moitié, le partage du bien doit être respectivement de trois quarts et de un quart. Le Talmud ne préconise donc pas une division égalitaire (½, ½) ou même proportionnelle (2/3, 1/3). Ce partage repose sur le principe que seule la moitié du bien qui fait l’objet d’un conflit doit être partagée de façon égale, l’autre moitié étant donnée à celui qui en revendique la totalité. Dans cet exemple particulier, la règle du divorce consistant à répartir en deux la différence entre la somme des demandes de 3/2 et la valeur du bien de 1, conduit au même résultat.

4Barry O’Neil (1982) relate un autre exemple de partage d’héritage entre Jacob et ses 4 fils, Reuben qui revendique la totalité de l’héritage, Siméon la moitié ½, Lévi un tiers 1/3 et Judah un quart ¼. Il va de soi que toutes les demandes sont légalement recevables. La réponse du rabbin Ibn Ezra est la suivante. Les 3 frères se tournent vers le plus jeune « Ta demande est de ¼ mais nous avons tous droit à une part égale sur ce montant. Prends un quart de ta demande, soit 1/16 et pars ». Chacun des autres frères obtient aussi ce montant. Puis Reuben dit à Lévi, « ta demande est de 1/3 mais tu as déjà reçu ta part sur le premier quart que nous avons tous réclamés, prends un tiers de la différence avec ta demande de 1/12 (=(1/3)-(1/4)) et pars ». Reuben se tourne vers Simeon, « ta demande est de ½ et l’autre moitié est à moi, tu as déjà reçu ta part sur le tiers de l’héritage, le montant en conflit entre nous est de 1/6 (= (1/2)-(1/3)), prends en la moitié et pars ». La répartition finale conduit en proportion de l’héritage à une part de 9/144 (=1/16) pour Judah, 13/144 (=(1/16)+(1/3)(1/12)) pour Lévi, 25/144 (=(1/16)+(1/3)(1/12)+(1/2)(1/6)) pour Siméon et 97/144 (=(1/16)+(1/3)(1/12)+(1/2)(1/6)+1/2) pour Reuben. La logique est la même, seul ce qui est conflit est partagé de manière égale. Précisons cependant que ce partage n’est pas une simple extension de la règle bilatérale du CG à un cadre multilatéral. On pourrait imaginer que les 3 fils forment une coalition et appliquent la règle du CG à Judah. Celui-ci réclame ¼ et la coalition 11/6, Judah obtient 1/8. Ensuite une nouvelle coalition se forme entre Reuben et Siméon, l’application de la règle du CG assure 1/6 à Lévi, puis ¼ à Siméon et le reste à Reuben. Le partage final est donc respectivement de 18/144, 24/144, 36/144 et 66/144.
Une troisième histoire, toujours relatée par Aumann et Maschler (1985), a suscité de grandes interrogations. Il s’agit d’un problème d’héritage entre 3 veuves dont les contrats de mariage spécifiaient qu’à la mort du mari, elles avaient droit respectivement à un héritage de 100, 200 et 300 unités monétaires. Le Talmud préconise que pour un héritage égal à 100, une division égale de l’héritage 100/3 pour chaque femme doit être réalisée. Pour un héritage de 300, une division proportionnelle s’impose, soit 50 pour la première femme, 100 pour la seconde et 150 pour la troisième. Et enfin, pour un héritage de 200, le partage doit être respectivement de 50, 75 et 75. Cette dernière règle est restée un mystère jusqu’à l’article de Aumann et Maschler. Le tableau suivant résume ces partages en notant E le montant à partager et c les créances des épouses :

tableau im1
Ec 100 200 300 100 100/3 100/3 100/3 200 50 75 75 300 50 100 150

5Ces partages sont cohérents avec la règle bilatérale du CG. Pour un héritage de 300, supposons que les veuves 2 et 3 forment une coalition. Cette dernière dit à la première veuve, ta créance est de 100, prends 50 et pars. Ensuite la veuve 3 dit à la seconde ta demande est de 200, prends 100 et pars. Il reste alors 150 à la dernière. Pour un héritage de 200, la troisième veuve ne peut pas faire la même offre de 100 à la seconde car dans ce cas elle n’aurait que 50 à prendre. L’ordre d’importance des créances n’étant plus respectée, la somme de 150 qui reste après avoir le versement de 50 à la première est divisée en parts égales, soit 75. Pour un héritage de 100, le partage est aussi égalitaire. Ces partages peuvent se généraliser à d’autres montants E à partager comme le montre le tableau suivant :

tableau im2
cE … 150 … 250 … 300 100 ? 50 50 50 50 50 200 ? 50 50 + ? 100 100 100 300 ? 50 50 + ? 100 100 + ? 150

6Pour un montant allant de 0 à 150, un partage égalitaire où chaque veuve a le montant ? est recommandé. Au-delà de 150, toute somme supplémentaire est divisée à parts égales ? entre les veuves 2 et 3. Au-delà de 250, toute somme supplémentaire ? revient à la veuve 3. Pour un montant à partager supérieur à 300, une autre règle doit être considérée.

tableau im3
cE 300 … 350 … 450 … 600 100 50 50 50 50 50 100 - ? 100 200 100 100 100 150 - ? 150 200 - ? 200 300 150 200 - ? 200 250 - ? 250 300 - ? 300

7Pour un montant E égal à la somme des créances (E = 600), chaque veuve reçoit sa part. Tout montant inférieur est soustrait égalitairement entre les trois veuves du montant ? jusqu’au montant 450. Puis le prélèvement ne s’opère que sur les veuves 2 et 3 d’un montant ? jusqu’au seuil de E=350 et enfin sur la dernière veuve d’un montant ?.

8La littérature théorique a regroupé ces différentes règles de partage sous un unique problème de la famille des faillites. Il porte sur le partage d’une somme d’argent entre plusieurs créditeurs qui est insuffisante pour couvrir la totalité des créances. William Thomson (2003) recense toutes les règles possibles et expose leurs propriétés.
En suivant le fil de notre démarche, le tableau suivant montre le passage d’un problème de partage à la négociation à la fois dans leurs dimensions coopérative et non coopérative. Ainsi par exemple, la règle de partage égalitaire correspond à la solution axiomatique de Nash obtenue dans le cadre des jeux coopératifs qui elle-même a sa contrepartie avec la solution stratégique de Rubinstein obtenue dans le cadre des jeux non coopératifs. Il convient de préciser que les joueurs et les négociateurs de cet article évoluent dans un cadre d’analyse fondée sur de strictes conditions de rationalité [2]. Les correspondances avec les modèles de négociation évolutionnaires développés dans un cadre de rationalité limitée dépassent le cadre de cet article. Les modèles de Peyton Young (1993) montrent une convergence vers les solutions de Nash et de Nash Généralisée et de Ken Binmore et al. (1998) vers la solution de Rubinstein.

tableau im4
Règles Jeux Jeux coopératifs Jeux non coopératifs Egalitaire Solution de Nash Rubinstein (1982) Proportionnelle Solution Généralisée de Nash Rubinstein (1982) Le Contested Garment Valeur de Shapley Hart et Mas-Colell (1996) Les 3 veuves Nucléole Serrano (1995)

9La théorie des jeux définit la négociation comme une situation impliquant au moins deux agents qui coopèrent à la création d’un surplus dont le partage s’avère conflictuel. D’une phase de coopération succède donc une phase de compétition. Il convient d’opérer une distinction importante entre les jeux purs de négociation où l’accord de tous les acteurs est nécessaire à la création du surplus du fait d’un droit de veto que chacun peut exercer librement, et les jeux de coalition où des agents ont le pouvoir de créer un surplus en se regroupant dans des coalitions.
Dans ce dernier cas, la répartition des gains de la coopération entre les membres d’une coalition agit sur le processus de formation et d’émergence des coalitions et donc sur la taille du gain à répartir. Les solutions de Nash et de Nash généralisée sont des jeux purs à l’inverse de la valeur de Shapley ou du nucléole.

Les solutions issues de la théorie des jeux coopératifs

10Les équivalences entre les règles de partage égalitaire et proportionnelle et les solutions de Nash et Nash Généralisée où la pondération des pouvoirs de négociation est mesurée par la part relative des créances de chaque joueur dans le total des créances ont été démontrées par Nir Dagan et Oscar Volij (1993). La résolution de l’énigme des 3 veuves par le nucléole de David Schmeidler (1969) a été proposée par Aumann et Maschler (1985). Le problème du Contested Garment renvoie à la valeur de Sir Lloyd Shapley (1953).

La solution de Nash

11La solution de Nash consiste à maximiser le produit des gains nets des agents. Le gain net d’un agent est défini comme la différence entre le résultat de l’accord et celui correspondant au point de désaccord ou de la situation initiale que l’agent souhaite améliorer par la négociation.

12La démarche de Nash a été de définir les axiomes souhaitables que devraient respecter une règle de partage. Son résultat remarquable a été de montrer qu’une seule solution vérifiait les cinq axiomes suivants. Le premier porte sur la rationalité individuelle des agents. Ceux-ci ne peuvent accepter un partage leur procurant un gain inférieur à leur gain de désaccord. Le deuxième axiome porte sur la Pareto optimalité de la solution. Celle-ci ne doit pas laisser inexploités des bénéfices mutuels possibles. Ces deux premiers axiomes permettent de restreindre l’ensemble des solutions aux seules solutions se situant sur la frontière d’efficience. L’unicité requiert des axiomes supplémentaires. Le troisième axiome consiste en la symétrie des joueurs et impose une invariance par permutation. La solution doit procurer à des joueurs identiques des gains égaux en utilité. Relâcher cet axiome conduit à la solution de Nash généralisée et donc à introduire des poids de négociation différents selon les joueurs. Le quatrième axiome impose une invariance d’échelle. La solution doit être invariante par transformation affine positive des fonctions d’utilités des deux joueurs. Cet axiome permet sans perte de généralité de normaliser à zéro les gains associés au point de désaccord. Enfin, le dernier axiome qui a fait l’objet de nombreuses critiques est celui d’indépendance vis-à-vis des alternatives non pertinentes ou d’invariance par contraction. Cet axiome signifie que la solution ne doit pas changer si des solutions possibles, mais qui n’avaient pas été retenues initialement, sont retirées sans que le point de désaccord n’ait été modifié. Précisons que la solution de Nash est généralisable à un nombre quelconque de joueurs.

13Les autres règles de partage font référence à des jeux de coalition à utilité transférable. Ce dernier terme signifie que la négociation porte sur le partage d’un bien parfaitement transférable entre les joueurs et que ceux-ci l’évalue de la même manière. Pour caractériser les solutions des jeux il faut préciser certains concepts comme la valeur d’un jeu et une imputation d’un jeu. Quand le partage porte sur un gain à répartir entre plusieurs agents, on assigne à chaque coalition S une valeur monétaire v(S) égale au surplus de leur coopération. Cette valeur v(S) résume le résultat produit par chaque coalition de joueur. Un jeu est sur additif quand le gain que peut obtenir un groupe de joueurs excède la somme des gains que chaque joueur pourrait avoir isolément. Cette propriété de sur additivité des fonctions de gains est nécessaire pour garantir la formation de la coalition la plus grande possible. De manière symétrique, le partage peut porter sur un coût à répartir entre plusieurs agents. Le jeu sera sous additif quand le coût que doit supporter une coalition de joueurs est plus faible que la somme de leurs coûts individuels. La propriété de sous additivité des fonctions de coût assure la formation de la grande coalition. Une imputation est une distribution des gains entre les joueurs vérifiant les conditions de rationalité individuelle et de rationalité collective. La première pose qu’un agent n’acceptera pas un gain moindre ou un coût supérieur à ce qu’il aurait en restant seul et la seconde assure que le gain ou le coût de la grande coalition doit être intégralement distribué entre les joueurs quand le jeu est super ou sous additif. Ces deux conditions renvoient aux deux premiers axiomes de la solution de Nash. Le problème réside en l’existence d’une infinité d’imputations possibles. L’intérêt de la valeur de Shapley ou du nucléole est de proposer une imputation particulière.
En référence aux exemples de partage du Talmud, il convient de réécrire les problèmes de banqueroute sous la forme de jeux coopératifs à utilité transférable. La valeur d’une coalition S, de la plus petite avec une personne à la plus grande, est soit égale à zéro soit au montant qu’il reste à partager entre les créanciers formant la coalition S lorsque chaque créancier à l’extérieur de la coalition S a perçu sa créance en intégralité. Dans le cas du contested garment, notons c1 la créance de l’agent 1 égale à la somme E à distribuer que l’on pose égale à un, c2 la créance de l’agent 2 égale à la moitié de E. La valeur du jeu s’écrit v(1) =max{0,E-c2}=1/2 et celle de la coalition 2 v(2)= max{0,E-c1}=0 et v(12)=E=1, soit

tableau im5
S 1 2 12 v(S) 1/2 0 1

14Un raisonnement similaire pour le problème des 3 veuves avec c1=100, c2=100 et c3=100 conduit à :

tableau im6
E S 1 2 3 12 13 23 123 100 v(S) 0 0 0 0 0 0 100 200 v(S) 0 0 0 0 0 100 200 300 v(S) 0 0 0 0 100 200 300

15Pour le partage entre les 4 fils avec E=1, avec c1=1, c2=1/2, c3=1/3 et c4=1/4, il vient

tableau im7
S 1 2 3 4 12 13 14 23 24 34 123 124 134 234 1234 v(S) 0 0 0 0 5/12 ¼ 1/6 0 0 0 ¾ 2/3 ½ 0 1

La valeur de Shapley

16Comme pour la solution de Nash, la valeur de Shapley est la seule imputation vérifiant un ensemble d’axiomes souhaitables. Le premier axiome stipule l’efficience de la solution. La totalité de la valeur de la grande coalition qui est le gain maximum possible dans un jeu sur additif doit être intégralement réparti entre les joueurs. Cet axiome correspond à celui d’optimalité Parétienne chez Nash. Le deuxième axiome porte sur la symétrie des joueurs. Deux joueurs ayant des contributions identiques au sein d’une coalition doivent recevoir la même part. Le troisième axiome est celui de nullité. Un joueur qui n’apporte rien à la valeur d’une coalition n’a droit à rien. Enfin le dernier axiome dit d’additivité est purement mathématique et n’admet pas d’interprétation économique. Le résultat remarquable de Shapley est de montrer, alors que rien dans les axiomes ne le pose explicitement, que la solution vérifiant les 4 axiomes conduit à un partage équitable fondée sur le principe de contribution marginale. La rémunération de chaque agent dépend de son niveau de contribution individuelle mais sa contribution dépend aussi des contributions des autres membres de la coalition. La valeur de Shapley calcule une moyenne des différentes contributions marginales. Imaginons que des joueurs doivent se rencontrer dans une pièce pour négocier une part du surplus. Ils arrivent de façon séquentielle dans la pièce et l’ordre d’arrivée de chaque joueur est équiprobable. Quand le joueur entre dans la pièce, il obtient ce qu’il vient d’apporter comme valeur à la coalition qui était déjà présente dans la salle.

17Illustrons la valeur de Shapley dans le cas du CG. Nous avons montré que la valeur du jeu est v(1) = ½, v(2)= 0 et v(12)=1. Un tel jeu est sur additif puisque v(12) excède la somme de v(1) et de v(2). L’idée est regarder ce qu’apporte chaque joueur dans toutes les configurations possibles. Dans l’ordre d’arrivée 12, l’agent 1 arrive et contribue pour ½ puis la contribution de l’agent 2 se déduit de la différence avec la valeur finale, soit 1/2. Dans l’ordre d’arrivée 21, la contribution initiale de l’agent 2 est nulle et le surplus incombe totalement à l’agent 1. La valeur de Shapley se déduit comme la moyenne du total des contributions marginales. Il vient :

tableau im8
Apportordre 12 21 Total Sh 1 ½ 1 3/2 ¾ 2 ½ 0 ½ ¼

18Cette équivalence entre la valeur de Shapley et le CG est toujours vérifiée dans le cas bilatéral. Dans le cas des 3 veuves pour un patrimoine E=100, seul le dernier arrivé rafle la mise. Il vient :

tableau im9
Apport/Ordre 123 132 213 231 312 321 Total Sh 1 0 0 0 100 0 100 200 100/3 2 0 100 0 0 100 0 200 100/3 3 100 0 100 0 0 0 200 100/3

19La valeur de Shapley conduit à un partage égalitaire. Pour E=200, la solution est :

tableau im10
Apport/Ordre 123 132 213 231 312 321 Total Sh 1 0 0 0 100 0 100 200 100/3 2 0 200 0 0 200 100 500 250/3 3 200 0 200 100 0 0 500 250/3

20Enfin, pour E=300, la valeur de Shapley conduit à un partage proportionnel :

tableau im11
Apport /Ordre 123 132 213 231 312 321 Total Sh 1 0 0 0 100 100 100 300 50 2 0 200 0 0 200 200 600 100 3 300 100 300 200 0 0 900 150

21On peut montrer que la valeur de Shapley pour le problème d’héritage entre les 4 fils correspond au partage suivant : 17/144 pour Judah, 23/144 pour Lévi, 35/144 pour Siméon et 69/144 pour Reuben. La valeur de Shapley ne coincïde pas avec la solution du rabbin Ibn Ezra. Enfin, évoquons le jeu de l’aéroport, proposé par Littlechild et Owen est une application de la valeur de Shapley à un partage du coût de construction d’une piste d’atterrissage commune pour 3 types d’avion. Les avions de type 1, 2 et 3 ont respectivement besoin d’une piste de 1, 2 et 3km de long et dont les coûts de construction sont de 1, 2 et 3 Millions d’euro. Dans l’ordre d’arrivée 123, chacun contribue à auteur de 1 mais dans l’ordre 312, l’avion de type 3 prend à sa charge tout le coût de construction. Il vient :

tableau im12
Coût sup/Ordre 123 132 213 231 312 321 Total Sh 1 1 1 0 0 0 0 2 1/3 2 1 0 2 2 0 0 5 5/6 3 1 2 1 1 3 3 11 11/6

22Le coût du premier tronçon de la piste est divisé en 3, soit 1/3. Le coût du deuxième tronçon est divisé en 2, soit 1/2. Le coût du dernier tronçon est uniquement supporté par le dernier joueur, soit 1/3 pour l’avion de type 1, 1/3+1/2=5/6 pour l’avion de type 2 et 1/3+1/2+1=11/6 pour le type 3.

Le nucléole

23Le nucléole proposé par Schmeidler ne repose pas sur une axiomatique. Le principe d’équité du nucléole est de proposer une imputation notée x qui minimise l’insatisfaction de chacune des coalitions possibles e(x,S), c’est-à-dire la différence entre le gain que les membres de la coalition peuvent obtenir en étant dans la coalition sans l’aide des autres v(S) et ce qu’ils auraient avec l’imputation x(S), soit e(x,S)=v(S)-x(S). Il s’agit de rendre moins défavorisée la coalition qui est la plus défavorisée et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible d’améliorer le sort d’aucune coalition. La comparaison entre deux imputations est lexicographique. Pour deux imputations possibles, on regarde laquelle procure l’insatisfaction la plus faible pour la coalition la plus défavorisée. Si les deux quantités sont différentes, on peut conclure et prendre celle qui minimise l’insatisfaction. Si elles sont identiques, il faut comparer le sort de la seconde coalition la plus défavorisée et ainsi de suite. Aumann et Maschler (1985) ont montré que le nucléole associé aux trois problèmes de banqueroute correspond aux partages recommandés par le Talmud. Nous allons seulement montrer par contradiction la supériorité des imputations du Talmud sur toute autre imputation. Prenons le second partage énigmatique. Pour une imputation x=(50,75,75), les insatisfactions des coalitions, par ordre décroissant, sont e(x,1)=v(1)-x(1)=-50 ;e(x,23)=v(23)-x(23)=-50 ; e(x,2)=e(x,3)=-75, e(x,12)=e(x,13)=-125. Il va de soi que e(x,123)=0. Existe-t-il une imputation y qui permettrait d’améliorer le sort du singleton 1 et de la coalition formée de 2 et 3 ? Si tel est le cas, il faudrait que e(y,1) et e(y,23) soient strictement plus petits que la valeur de -50, et donc que y(1)>50 et y(23)>50+v(23)=150. Cela signifie que la somme des imputations y(1)+y(2)+y(3) devrait être strictement supérieure à 200, ce qui n’est pas possible. L’imputation x=(50,75,75) est bien le nucléole.

Les solutions issues de la théorie des jeux non coopératifs

24Comment les agents peuvent-ils implémenter les solutions axiomatiques de Nash et de Shapley ou le nucléole ? Ariel Rubinstein (1982) montre que la solution stratégique d’un problème de négociation peut comme cas limite conduire à la solution de Nash. Sergiu Hart et Andreu Mas-Colell (1996) proposent une procédure de négociation permettant de fonder stratégiquement la valeur de Shapley. Enfin Roberto Serrano (1995) développe une procédure de négociation conduisant au nucléole.

Le marchandage selon Rubinstein

25La négociation imaginée par Rubinstein est bilatérale et porte sur un surplus de taille fixe. Le marchandage renvoie à une procédure d’offres alternées et à horizon infini par opposition aux offres du type ultimatum « à prendre ou à laisser ». Une offre stipule ce qu’il revient à chaque joueur. Ici, on suppose qu’un agent 1 joue le premier à la date 0 et propose un partage. L’agent 2 peut immédiatement accepter l’offre de 1. La négociation est alors terminée et le partage a lieu. L’agent 2 peut refuser l’offre et faire une contre offre à la date suivante. A son tour, l’agent 1 peut immédiatement accepter l’offre ou bien la refuser pour de nouveau faire une contre offre à la date 2, … etc…. jusqu’à ce qu’un accord émerge. En cas de désaccord perpétuel, les agents ont un paiement final nul. La négociation s’inscrivant dans le temps, on suppose que la taille du surplus décroît au cours des rounds de négociation à l’image de la métaphore de la crème glacée qui fond avec la chaleur. Les raisons avancées renvoient à l’introduction d’un taux d’escompte, d’une probabilité de rupture des négociations ou d’un coût explicite de négociation. Autant d’explications pour une idée simple : les agents préfèrent un accord aujourd’hui au même accord demain.

26Bien que le jeu se déroule jusqu’à l’infini, il est possible de décomposer ce jeu en plusieurs sous jeux. Un sous jeu se caractérise par une offre de l’agent 1 à la date 0, une contre offre de l’agent 2 à la date 1 et de nouveau une offre de l’agent 1 à la date 2. Rubinstein adopte alors un raisonnement par induction arrière, en partant de la fin pour remonter au début. A la date 2, l’agent 1 doit être indifférent à ce que l’accord se fasse sur la base de son offre à cette date ou à ce que l’accord se fasse sur la base de l’offre faite par l’agent 2 à la date 1. De la même manière, l’agent 2 doit être indifférent à ce que l’accord se fasse sur la base de son offre à la date 1 ou à ce que l’accord se fasse sur la base de l’offre faite par l’agent 1 à la date 0. A l’équilibre parfait [3] en sous jeux, chaque agent i=1,2 est donc indifférent entre un accord immédiat réalisé sur la base de l’offre de son opposant j?i et un accord différé d’une période sur la base de sa propre offre. De cette double équivalence résulte une solution qui se caractérise par les propriétés suivantes. Les joueurs parviennent immédiatement à un accord. La position d’ouvreur dans les négociations est stratégique car elle lui procure une part plus élevée du surplus du fait de sa capacité à exploiter la préférence pour le présent de son opposant. L’ouvreur est en mesure de proposer l’offre la plus défavorable dans l’ensemble de partages acceptables pour l’autre joueur, c’est-à-dire tous les partages qui lui rapportent plus que d’attendre et de proposer à son tour. Plus ce dernier est patient, plus l’ensemble des partages acceptables se réduit du fait de l’élimination des solutions les plus défavorables. La patience devient alors une vertu. Enfin, la solution de Rubinstein converge vers celle de Nash quand le temps entre une offre et une contre offre est très faible ou de façon équivalente quand les agents sont infiniment patients (taux d’escompte proche de l’unité).
Il importe de préciser que l’unicité de la solution de Rubinstein ne se généralise pas à des négociations à plus de trois joueurs. Selon Martin Osborne et Rubinstein (1990, section 3.13), Avner Shaked a été le premier à démontrer l’existence d’une infinité de solutions possible quand l’accord de tous les agents est nécessaire. Pour retrouver l’unicité dans un cadre multilatéral, Vijay Krishna et Serrano (1996) introduisent une règle de sortie stipulant qu’à la suite d’une offre de partage faite à tous les joueurs, ceux qui l’acceptent quittent la table des négociations avec leur dû. La négociation se prolonge avec ceux qui ont refusé l’offre avec un surplus amputé de ce qui a été versé. Krishna et Serrano montrent alors la correspondance avec la solution de Nash dans un cadre multilatéral. Sang-Chul Suh et Quan Wen (2006) démontrent ce résultat dans le cadre de négociations bilatérales emboîtées à la Rubinstein.

La négociation de Hart et Mas-Colell [4]

27La négociation se fonde sur le principe suivant : « Si mon offre est rejetée aujourd’hui, je peux demain ne plus être à la table des négociations ». A chaque étape, il existe un nombre donné de joueurs actifs et un joueur particulier est chargé de faire une offre de partage. A la première étape, un joueur particulier est choisi au hasard parmi les joueurs actifs. Au début du jeu, tous sont supposés actifs. Ce joueur particulier fait une offre. Si tous les autres joueurs acceptent, dans un ordre spécifié à l’avance, la négociation est finie sur la base de l’offre réalisée. Mais si l’un des joueurs refuse, la négociation passe à la seconde étape. Avec une probabilité donnée, le nombre de joueurs actifs reste le même et avec la probabilité complémentaire, le joueur qui a fait l’offre à la première étape 1 est exclu du jeu. Il devient alors passif et reçoit un paiement final nul. Un autre joueur est alors choisi au hasard pour une nouvelle offre et cette procédure se poursuit jusqu’à l’émergence d’un accord final. Hart et Mas-Colell (1996) montrent que le premier joueur tiré au hasard proposera un partage égal à la valeur de Shapley et que ce dernier sera immédiatement accepté par tous les autres agents.

La négociation de Serrano

28La négociation se fonde sur le principe suivant : « Si mon offre est rejetée aujourd’hui, je dois renégocier avec tous ceux qui ont refusé ». Pour garantir une solution unique, la négociation doit être impérativement menée par le joueur ayant la créance la plus élevée. Ce joueur fait une offre de partage aux autres joueurs qui répondent selon un ordre spécifié. Ceux qui acceptent l’offre quittent la négociation avec le montant proposé. Si un ou plusieurs joueurs refusent, des négociations bilatérales séquentielles se mettent en place et à la fin de la dernière renégociation, le joueur qui a assuré la conduite des négociations prend ce qui reste. Serrano (1995) montre que le plus important créancier proposera un partage égal au nucléole et que ce dernier sera immédiatement accepté par tous les autres agents.

Conclusion et perspectives

29Au terme de ce périple dans l’univers de la théorie des jeux, nous espérons avoir montré toute l’importance de la négociation dans sa recherche à la fois d’une solution, axiomatique ou non, et d’une procédure à mettre en œuvre pour l’atteindre. Comme le précise Robert Aumann (1998, p188), co-prix nobel d’économie avec Schelling en 2004, pour qui « in this kind of unstructred situation (les négociations entre Israël et la Syrie), game theory does have something to contribute. But it is conceptual : ways of thinking, approaches- not specific predictions ». Cette vision de la théorie des jeux est reprise par Schmidt (2008) « La question est de savoir ce que l’on veut obtenir avec la théorie des jeux. Si c’est une solution, il faut être rigoureux mathématiquement. Maintenant, s’il s’agit d’une manière de penser, ou si l’on cherche, comme le préconisait Schelling, élaborer un cadre d’apprentissage, la théorie des jeux permet de placer les négociateurs dans un cadre de pensée d’interaction commune. L’objectif est pédagogique. L’idée est de former les négociateurs à la théorie des jeux, car ainsi ils négocieront plus facilement – sans pour autant que la théorie des jeux ne leur donne une solution de partage toute faite. L’important est d’enclencher un effet d’apprentissage sur leur manière de poser le problème. (…) On peut ainsi rapprocher la théorie de ses applications ». Mais l’histoire n’est pas finie tant sur le plan éthique que théorique.

30Les concepts de solution de partage que nous avons exposés sont tous acceptables mais renvoient à des logiques différentes en terme d’équité. La solution de Nash donne à chacun des joueurs un droit de veto sur le partage final. Il ne peut en résulter qu’un partage égalitaire. A l’opposé, la valeur de Shapley propose un partage fondé sur la contribution de chaque joueur à la réalisation d’un projet commun. Enfin le nucléole en proposant de favoriser le sort des agents les moins bien lotis a des accents rawlsiens. Sur le plan théorique et sur la base du modèle de négociation proposée par Rubinstein, il importe de savoir si le résultat de la négociation dépend de « petits » détails. Il est bien connu par exemple que le moment où un joueur peut exercer une opportunité extérieure importe. L’unicité de la solution est respectée quand l’option est exercée après que le joueur ait refusé l’offre de son opposant mais non quand il l’exerce après avoir essuyé un refus. Le modèle de Rubinstein peut-il être étendu et enrichi à plusieurs surplus à partager en présence de deux ou plusieurs agents ? Ces défis sont encore à relever et la réalité offre de nombreuses perspectives stimulantes à l’image des deux exemples suivants.
Le premier exemple concerne les négociations environnementales internationales sur le changement climatique entre les pays développés et les pays en voie de développement (Boemare et al, 2005). Sur quels fondements d’équité la négociation sur le partage du fardeau environnemental en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre doit-elle être menée ? Le but des négociations est-il de réparer les erreurs du passé et donc de faire peser l’effort de réduction sur les pays industrialisés historiquement responsables ou bien de limiter les émissions dans le futur et ainsi de risquer d’entraver le développement actuel et futur des pays du Sud ? Doit-on conditionner les efforts sur la base des montants d’émissions en volume par pays, par habitant ou encore par unité de richesse nationale créée. Chaque choix implique un degré de responsabilité des pays à la dégradation environnementale différent et donc un effort différent. Quelle solution de partage doit-on favoriser ? A l’évidence la solution égalitaire de Nash serait pénalisante sinon choquante pour les pays en développement à l’inverse du nucléole si l’on raisonne en émission par tête mais la valeur de Shapley ne serait pas en mesure de résoudre le problème d’équité entre les responsabilités passées et futures. Néanmoins toutes ces solutions informent les parties prenantes sur les enjeux « Let us put the facts on the table; we will fight about politics later ». Un second exemple porte sur la négociation de paiement de royalties à des détenteurs de brevets par une firme (Derek Clark et Pereau, 2008, 2009). La firme doit-elle mener des négociations bilatérales en séquence ou de façon simultanée avec les détenteurs de brevets pour essayer de jouer les uns contre les autres? Alors que l’idée de séquence renvoie bien évidemment à la valeur de Shapley, la nature simultanée de la négociation ne va prendre en compte que la contribution individuelle du dernier joueur au surplus créée par tous les autres. Le résultat de la négociation en sera modifié. Comme Bureth et al (2006) le relatent, peut-il être dans l’intérêt d’une firme A de négocier avec un agent particulier (en l’occurrence un chercheur réputé) et laisser celui-ci négocier avec une autre firme (Aventis Crop-science). Il importe alors de ne pas omettre les « issues in the design of negotiation strategies that transcend the simple choice of offer and acceptance strategies » (Noe et Wang, 2004).

Bibliographie

Références bibliographiques

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Date de mise en ligne : 01/01/2010.

https://doi.org/10.3917/neg.012.0035

Notes

  • [1]
    La Bible est aussi une source d’inspiration pour la théorie des jeux comme en témoigne l’ouvrage de Steven Brams (2003).
  • [2]
    Christian Schmidt (2008) explique ce que recouvre cette hypothèse de rationalité et partant de la distinction entre information et connaissance, il souligne l’intérêt que la théorie des jeux aurait à introduire les progrès accomplis dans la théorie de la décision individuelle par les psychologues expérimentaux. Les joueurs, certes, raisonnent ; mais leurs raisonnements ne sont pas indépendants d’un certain cadrage cognitif.
  • [3]
    Le concept d’équilibre parfait en sous-jeux a été développé par richard Selten en 1975. Il s’agit d’un raffinement de l’équilibre de Nash dynamique dont l’idée consiste à supprimer les équilibres fondés sur des menaces non crédibles. Cela signifie qu’à l’équilibre parfait un joueur n’est pas en mesure de menacer les autres joueurs d’adopter dans certaines circonstances un comportement non optimal étant données les stratégies des autres joueurs.
  • [4]
    Ces auteurs n’ont pas été les premiers à proposer un fondement non coopératif à la valeur de Shapley. F Gul (1989) a établi une équivalence dans des jeux de négociations bilatérales emboîtées à la Rubinstein.
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