1De nos jours, la négociation joue un rôle primordial dans les milieux de travail. Il n'y a pas si longtemps encore, elle était pratiquée par des personnes qui, de par leur métier, étaient amenées à traiter régulièrement avec des fournisseurs, des clients et/ou des syndicats. En d'autres termes, la négociation était en soi une profession. À l'heure actuelle, quel que soit l'emploi que l'on occupe, la part du temps de travail passé à négocier est susceptible de s'accroître à cause des changements opérés dans l'économie et du bouleversement des structures organisationnelles. En raison des frontières mouvantes existant entre une entreprise, ses fournisseurs, ses clients, voire ses concurrents, le nombre de personnes susceptibles de négocier à la fois des contrats complexes et leurs modalités d'application devrait augmenter. Par ailleurs, la plupart du temps, les gens sont amenés à endosser des responsabilités dépassant le cadre de leurs compétences. Cela signifie que l'on passe un temps considérable à traiter avec une multitude de parties prenantes internes ou externes pour obtenir la réalisation d'un projet, faire approuver un budget ou procéder à une dotation en personnel, parmi d'autres tâches. Au sein des réseaux et des équipes, négocier fait partie des stratégies usuelles utilisées pour garantir les engagements et les approvisionnements. Et, au fur et à mesure que l'on change de métier au cours de sa carrière, on est encore amené à négocier ses conditions de travail et d'indemnisation ou à trouver des fonds pour se lancer dans de nouvelles entreprises.
2Face à l'importance croissante de la négociation sur les lieux de travail, la demande de formation en négociation a fortement augmenté. Parallèlement, un chantier de recherche orienté vers la pratique s'est constitué. Ce chantier accorde un intérêt particulier à la réalisation de recherches empiriques susceptibles de se traduire en conseils normatifs propres à former de bons négociateurs. Dans cette perspective pratique, il n'est pas surprenant que des questions portant sur les rapports sociaux entre les hommes et les femmes soient souvent posées, dont celle-ci : y a-t-il une pratique différenciée de la négociation selon le genre ? La plupart des travaux de recherche qui tentent de répondre à cette question s'intéressent au genre en tant qu'attribut individuel et invariant de l'identité. Cette approche dominante du domaine de recherche pose plusieurs problèmes. Nous pensons qu'il serait plus utile d'aborder la question sous un autre angle, en envisageant le genre comme une construction sociale qui influence à la fois la théorie et la pratique de la négociation, plutôt qu'en s'intéressant aux différences individuelles. Cette approche fait alors apparaître toute une série de dynamiques nouvelles concernant le genre; elle permet également d'élargir le champ des conseils stratégiques susceptibles d'aider tous les négociateurs à acquérir une plus grande efficacité.
Le genre comme étude des différences individuelles
3Le genre étant l'une des variables les plus faciles à mesurer, il n'est pas étonnant que la question « Les hommes et les femmes négocient-ils différemment ? » soit au centre de la recherche sur l'influence du genre en négociation. Les différences liées au genre sont probablement nombreuses, de multiples facteurs entrant en ligne de compte, tels que les objectifs, le style de communication, les émotions, parmi tant d'autres. Ces différences fondent l'hypothèse que les femmes sont plus coopératives et plus orientées vers le relationnel que les hommes. Des décennies de recherche visant à prouver cette hypothèse n'ont pourtant pas donné de résultats très probants. Bien que certains travaux de recherche apportent des éléments de réponse significatifs, ils sont souvent contradictoires. Par ailleurs, des méta-analyses effectuées sur les données déjà recueillies n'ont mis à jour que de légères différences, portant sur deux points : les femmes tendent à être plus coopératives que les hommes et à obtenir des résultats inférieurs lorsque l'enjeu des négociations est monétaire (Walters et al. 1998; Stuhlmacher et Walters, 1999).
4S'interroger sur les différences liées au sexe suppose que le genre est un attribut essentiel et stable des individus. Pour expliquer ces différences, on peut chercher les fondements de leur existence en biologie, en sociologie ou en théorie des rôles. L'argument généralement avancé est le suivant : le développement social de la femme et le rôle de mère qu'elle est souvent amenée à jouer la poussent à valoriser le rôle nourricier et l'aide dans ses relations sociales, tandis que les hommes sont socialisés à la séparation et à l'individuation (Kolb et Coolidge, 1991). Les schémas de genre et les stéréotypes sociaux fournissent une autre explication (Valian, 1998). On considère souvent que ces facteurs sont à l'origine des différences existant dans les comportements en négociation. Le problème réside dans le fait que ces explications ne font pas l'objet de vérifications empiriques mais sont plutôt invoquées pour expliquer a posteriori les différences observées (Ely, 1999). Ainsi, lorsque les hommes obtiennent de meilleurs résultats que les femmes en négociation, ce qui est souvent le cas lorsqu'il s'agit de négocier un salaire ou une indemnisation, on en attribue les raisons à des problèmes « féminins » : les femmes accorderaient trop d'importance aux relations interpersonnelles, ne placeraient pas la barre assez haut et seraient trop émotives (Stuhlmacher et Walters, 1999).
5Dans un domaine qui tire orgueil de sa vocation pragmatique, les conseils pratiques qui émanent de ce courant de recherche sont insatisfaisants. Tout d'abord, ils ne s'adressent qu'aux femmes et portent sur la manière dont elles peuvent surmonter leurs faiblesses et mieux se préparer à la négociation (Babcock et Laschever, 2003). Aucun conseil pratique résultant de ces recherches ne semble concerner les hommes. Deuxièmement, ces conseils devraient peut-être faire l'objet de distinctions hommes/femmes. Ainsi, en conseillant aux femmes d'agir de manière plus intéressée ou plus assurée, on suppose que ces comportements sont neutres, au sens où hommes et femmes peuvent les adopter de façon interchangeable. Cependant, ces comportements sont susceptibles d'être perçus de façon différente selon qu'ils proviennent d'un homme ou d'une femme. Cette asymétrie peut créer une double contrainte pour les femmes (Carli, 1990; Fletcher, 1999).
6Certains spécialistes interprètent ces résultats différemment. Pour ces derniers, qui considèrent que le genre est enraciné dans les processus différenciés de socialisation existant entre hommes et femmes, les différences comportementales liées au genre ne devraient pas être éliminées mais encouragées. Dans cette perspective, c'est précisément l'« orientation interpersonnelle des femmes », par opposition au comportement masculin, qui génère des avantages jusqu'ici ignorés dans les processus de négociation et les accords auxquels celui-ci aboutit. Bien qu'ils n'aient pas nécessairement fait l'objet d'études spécifiques, l'intérêt pour les relations interpersonnelles, l'empathie, la capacité de gérer tout à la fois conflits et collaboration sont considérés comme des avantages dans le cadre de certaines négociations (Kolb et Coolidge, 1992; Sheldon, 1993). Une approche « féminine », qui accorde de l'importance aux relations interpersonnelles, devrait être un atout précieux pour les négociations intégratives ou raisonnées, par opposition aux négociations gagnant-perdant, dites distributives. En effet, de nombreux ouvrages ont mis en lumière l'importance des rapports interpersonnels en négociation (Fisher et Brown, 1987; Ury, 1990). Cette conceptualisation est reprise dans le modèle du « dual concern », selon lequel pour servir ses intérêts, tout individu doit également accorder une grande importance aux intérêts de l'autre partie (Pruitt, 1981). C'est pourquoi les caractéristiques dites « féminines », telles que l'empathie et l'écoute active, sont préconisées dans ce type de négociation, car elles favorisent des résultats à gains mutuels (Kolb et Coolidge, 1992; Mnookin et al., 2000).
7Bien que la validité du modèle du « dual concern » soit confirmée par de nombreuses recherches, le lien qui existe entre les caractéristiques féminines et l'obtention de résultats spécifiques n'est pas encore clairement établi (Pruitt et Carneval, 1993). Les études visant à vérifier si l'« altruisme féminin » se traduit par des bénéfices mutuels pour les hommes et les femmes n'ont pas donné de résultats encourageants. L'étude de Calhoun et Smith (1999) conclut que l'altruisme n'est pas suffisant pour que les femmes obtiennent d'importants gains mutuels, et qu'elles doivent apprendre à se préoccuper davantage de leurs propres besoins afin de ne pas faire de concessions trop facilement. Chez les hommes, par contre, le fait de penser à ses propres intérêts apporte des gains mutuels très élevés sans qu'ils aient à tenir compte des intérêts de l'autre partie. Cette étude et celles qui s'en inspirent remettent en question la valorisation des aptitudes féminines en négociation. Il est, en effet, difficile de dissocier le conseil énoncé précédemment (les femmes doivent accorder plus d'attention à leurs propres intérêts) des visions traditionnelles des différences de genre en négociation.
8Et quand ces supposées habiletés féminines sont valorisées parce qu'elles contribuent à l'obtention de gains mutuels, une subtile déformation de sens s'opère : ces caractéristiques féminines sont alors considérées comme relevant du système de confiance relationnel à l'origine d'attributs tels que l'empathie et le souci des autres (Fletcher, 1994; Fletcher, 1999). Ces caractéristiques sont cependant extraites de leur contexte social pour être mises au service de visées individuelles (Kolb et Putnam, 2002). Ainsi, l'empathie devient un moyen d'obtenir des informations sur l'autre partie afin de servir ses propres intérêts (Mnookin et al., 2000), et l'altruisme se transforme en un « intérêt personnel éclairé » (Rubin et al, 1994).
9Dans l'ensemble, l'approche fondée sur la différence entre les sexes – qui domine la réflexion sur les rapports hommes/femmes et la négociation – a abouti à une impasse théorique et pratique. Les recherches et les conseils pratiques qui en sont tirés associent le succès en négociation à des attributs masculins : intérêt personnel éclairé, rationalité analytique, objectivité et instrumentalité. Les attributs catalogués comme féminins, tels que l'empathie, l'intérêt pour les relations interpersonnelles, la subjectivité et la tendance à exprimer ses émotions, sont jugés moins essentiels. Bien que ces attributs féminins soient appréciés, ils perdent de l'importance face aux traits associés à la masculinité, traits que l'on considère comme intrinsèquement liés à la réussite en négociation. En outre, ces études ne prennent généralement pas en compte les contextes sexués de la négociation. Ainsi, une étude qui prétend expliquer les conséquences des relations hommes/femmes dans le processus de négociation révèle que dans des dyades de négociateurs de même sexe, les hommes occupant une position dominante sont plus conciliants avec l'autre partie que les femmes dans une situation similaire (Curhan, 2003). Il n'est cependant pas surprenant que dans le cadre d'une école de commerce – le contexte de cette étude – où elles sont en minorité et luttent pour se faire reconnaître, les femmes affirment leur valeur lorsqu'elles en ont la possibilité. Ainsi, le genre continue à poser des problèmes, mais seulement pour ... les femmes ! Une telle étude n'a aucune portée significative pour la théorie et la pratique de la négociation.
La théorie et la pratique de la négociation sous l'angle des rapports hommes/femmes.
10Envisager l'étude de la négociation sous l'angle des rapports hommes/femmes permet de dépasser les simples comparaisons individuelles et de prendre en compte la nature sexuée de la négociation et le rôle qu'y jouent le pouvoir et la position sociale. Cette approche émane d'une réflexion récente qui considère le genre comme un principe d'organisation de la vie sociale (Acker, 1986; Ely, 1999; Fletcher, 1999; Kilduff et Mehra, 1997; Kolb et Putnam, 1997). Cette posture théorique, qui trouve son origine dans plusieurs études d'inspiration post-moderne, remet en question le semblant de neutralité de la connaissance et montre comment le pouvoir s'exerce à travers l'acceptation de certaines vérités ou de postulats tenus pour acquis (Calas et Smircich, 1996). Dans cette perspective, nous devons approfondir l'étude du genre en négociation et explorer la façon dont la théorie, la recherche et les normes de pratique privilégient certaines façons d'être, masculines, et en marginalisent d'autres, féminines. Dans l'optique des rapports hommes/femmes, nous pouvons dès lors découvrir quels éléments ont été passés sous silence ou ignorés dans ce domaine. Le premier auteur de cet article a adopté la perspective du genre pour décrire ce qu'elle a appelé la « négociation dans l'ombre » (shadow negotiation), le pouvoir et les dynamiques relationnelles de la négociation qui, jusqu'ici, étaient peu théorisés sous cet angle (Kolb et Williams, 2000; 2001; 2003). Cette perspective éclaire trois dimensions importantes pour l'étude de la négociation : la position sociale; les défis liés à l'identité et la légitimité; et les possibilités d'obtenir en négociation des résultats innovants.
Les rapports entre les sexes et le problème de la position sociale
11 Plusieurs approches théoriques dominent dans le champ de la négociation : analyse en termes de décision économique (Raiffa, 1982; Lax et Sebenius, 1986), psychologie sociale (Rubin et al. 1994; Thompson, 2001) et psychologie cognitive (Neale et Bazerman, 1991). Ces approches s'intéressent aux acteurs individuels (en tant qu'acteurs principaux ou agents) engagés dans la négociation d'un accord. Selon ces approches, les acteurs obtiennent des gains mutuels en analysant rationnellement les enjeux, les intérêts et les options, et en élaborant des ententes permettant de concilier leurs différences. L'inconvénient de ces modèles plutôt techniques est qu'ils occultent les processus sociaux qui rendent possible l'obtention de gains mutuels. En se focalisant sur des facteurs cognitifs tels que la capacité analytique ou les biais cognitifs qui font obstacle à un accord, on minimise l'importance de la position sociale dans la mise en oeuvre efficace de ces approches. Les négociateurs sont ainsi amenés à associer les résultats inéquitables d'une négociation à des déficiences personnelles qu'aucune stratégie rationnelle ne pourrait corriger dans les faits.
12Le concept de « pouvoir de négociation » (bargaining power) illustre parfaitement ce problème. Pour certains chercheurs qui s'intéressent aux rapports de pouvoir en négociation, le pouvoir peut être considéré comme une variable contextuelle externe, constituant une donnée dans des jeux expérimentaux (Bacharach et Lawler, 1981; Pinkley et al., 1994). D'autres chercheurs ont minimisé le rôle du pouvoir en négociation en invoquant le fait que les acteurs en position de force n'obtiennent pas forcément les meilleurs résultats (Lax et Sebenius, 1986). Sans mettre en doute cette découverte, on ne peut nier que la position hiérarchique, l'appartenance à des réseaux d'influence (ou l'exclusion de ces mêmes réseaux), l'appartenance de classe, le sexe ou l'origine ethnique sont autant de facteurs susceptibles d'avoir une influence sur la position de force relative d'un négociateur. Le pouvoir de négociation est généralement considéré en fonction des options dont dispose le négociateur, appelées MESORE (ou Meilleure Solution de Rechange), concept selon lequel le pouvoir réside dans les choix qui s'offrent au négociateur (par exemple, s'il refuse les conditions de travail proposées, peut-il trouver un meilleur emploi ?). Ce qui manque dans cette analyse, c'est une explication de la façon dont la position sociale conditionne le choix des solutions de rechange et constitue de ce fait une contrainte plutôt qu'une opportunité de choix.
13Des études portant sur les femmes et les minorités dans le cadre des négociations révèlent pourtant l'importance de la position sociale (Watson, 1994; Kolb et Williams, 2000). Ainsi, dans une enquête sur les négociations salariales, Seidel, Polzer et Stewart (2000) ont montré que les salaires plus faibles obtenus par les minorités pouvaient s'expliquer par leur accès limité à certains réseaux sociaux et non par leur MESORE. La perspective du genre permet ainsi de mettre en lumière les sources et les conséquences des inégalités de pouvoir. La théorie et la recherche doivent s'intéresser aux défis qu'engendre la position sociale, et tout particulièrement les inégalités d'influence et de statuts des négociateurs, et offrir des conseils stratégiques sur la façon de négocier lorsqu'on occupe de telles positions. Le cadre analytique des mouvements stratégiques – mise en valeur des compétences, augmentation des coûts du statu quo, recrutement d'alliés, et meilleure gestion du processus de négociation – peut aider les négociateurs, qui se présentent en position d'infériorité à la table de négociation, à envisager une façon d'améliorer leur situation (Kolb et Williams, 2001). Un positionnement social inférieur peut en effet être à l'origine des différences attribuées au sexe (MacKinnon, 1989; Miller, 1976).
Genre et défis en termes d'identité et de légitimité dans les interactions de négociation
14L'analyse fondée sur le genre permet également d'adopter un point de vue différent, en laissant de côté les caractéristiques propres aux hommes et aux femmes pour s'intéresser aux interactions en négociation. Sous ce nouvel angle, le genre fait l'objet d'une construction, d'une production et d'une reproduction sociale permanentes, dans le cadre d'interactions s'inscrivant dans des contextes particuliers. En d'autres termes, nous « construisons le genre » au cours des négociations (Howard et Hollander, 1997; West et Zimmermann, 1987). Construire le genre signifie agir de façon telle que le comportement d'un individu dans un contexte donné est considéré comme « propre à son genre ». Cette attention portée à l'interaction met l'accent sur la fluidité, la flexibilité et la variabilité des comportements liés au genre des négociateurs. Le défi consiste donc à comprendre comment et sous quelles conditions les rapports hommes/femmes interviennent en négociation (Deaux et Major, 1990).
15Pour comprendre cela, il faut se demander dans quelles conditions les négociateurs adoptent des rôles sexués. L'une des manifestations des rapports hommes/femmes est liée à la place - prépondérante, importante ou pertinente – qu'occupe l'identité sexuelle d'un individu dans une négociation. Dans quelle mesure les négociateurs s'identifient-ils au côté masculin et/ou féminin de leur personnalité, et comment mettent-ils ces identités en œuvre dans le processus de négociation ? Un homme peut, par exemple, choisir ou non, de façon consciente ou inconsciente, d'agir conformément aux stéréotypes masculins (cris, intimidation, comportement compétitif), selon qu'il juge ce comportement approprié ou qu'il se sent à l'aise en agissant ainsi. De même, une femme peut choisir ou refuser d'adopter une attitude conforme aux stéréotypes féminins visant à favoriser de bonnes relations interpersonnelles en négociation. En d'autres termes, les négociateurs peuvent choisir dans quelle mesure ils vont jouer certains rôles sexuellement marqués. Selon une recherche menée récemment par Riley (2001), les femmes auraient davantage tendance à adopter des rôles typiquement féminins lorsqu'elles participent à des négociations distributives ou lorsqu'elles négocient pour leur propre compte.
16Les attentes et les stéréotypes qu'ont les autres individus peuvent également avoir une influence sur la place du genre dans une négociation. Dans une série d'études, Kray, Thompson et Galinski (2003) montrent combien les négociateurs sont sensibles aux stéréotypes positifs ou négatifs. Lorsque les stéréotypes masculins sont associés à l'idée d'efficacité, les hommes semblent obtenir de meilleurs résultats que les femmes dans les négociations. De la même façon, lorsqu'on incite les négociateurs à lier efficacité en négociation et attributs féminins, les femmes semblent plus performantes que les hommes... Il est intéressant de noter que le schéma inverse influence également les résultats : quand on informe les négociateurs que des traits masculins, tels que l'intérêt personnel, l'assurance et la rationalité sont peu productifs, les femmes obtiennent de meilleurs résultats. Mais lorsqu'on les avise que des caractéristiques féminines, telles qu'une écoute attentive, l'expression verbale et l'ouverture aux sentiments des autres donnent de faibles résultats, les hommes ont une meilleure performance que les femmes... Ce courant de recherche montre ainsi que les négociateurs sont influencés par les stéréotypes liés au sexe. L'influence de ces clichés est d'ailleurs susceptible d'être plus grande dans les situations moins structurées et plus ambiguës de la vie quotidienne que dans le cadre formel des simulations en laboratoire (Riley, 2001).
17La perspective fondée sur le genre met en lumière dans quelle mesure le pouvoir complique les négociations, car les rapports entre les hommes et les femmes soulèvent inévitablement des questions de pouvoir. Une partie peut, en accordant par exemple une importance considérable aux rapports hommes/femmes pendant le processus de négociation, déstabiliser ou délégitimer l'autre partie (Kolb et Williams, 2000, 2003). Bien qu'une telle action puisse avoir pour seul but de conférer à son initiateur un avantage stratégique, l'autre partie pourrait cependant la considérer comme une attaque portant atteinte à sa position et à son identité. Le fait de délégitimer l'une des parties durant le processus de négociation réduit la probabilité d'obtenir des avantages mutuels, à moins que la partie qui en est victime ne soit capable de faire front. Des recherches ont mis en évidence un certain nombre d'options permettant de résister à ces « assauts » stratégiques par l'intermédiaire de « virages » (Kolb, 2003).
18Ces « virages » sont les moyens dont dispose l'une des parties en présence pour répondre aux tentatives de discrédit ou de déstabilisation menées par les autres parties en en inversant le sens (Goffman, 1967). Un répertoire de virages – interrompre une action, formuler un défi, recadrer une question, corriger des impressions, détourner l'attention des problèmes, recentrer l'attention sur un problème sous-jacent et même bouger physiquement – aide les négociateurs à gérer ces situations difficiles (Kolb et Williams, 2000, 2003). Les virages sont effectués dans « l'ombre de la négociation » et permettent souvent de faire face aux stéréotypes de genre et à toutes les actions qui placent le négociateur en position désavantageuse (Gherardi, 1996).
19Les virages peuvent remplir plusieurs fonctions. Les « virages de réaffirmation » (restorative turns) aident le négociateur à recouvrer sa crédibilité attaquée. Les actions qui mettent une partie sur la défensive ou la désarment peuvent être vues comme une tentative de la partie adverse d'affirmer son pouvoir ou son contrôle dans la négociation. En renversant la situation, le négociateur conteste cette position pour rétablir son assise. Les « virages participatifs » (participative turns) visent à engager l'autre partie. Contrairement aux virages de réaffirmation, qui peuvent mettre l'autre partie sur la défensive, les virages participatifs placent plutôt l'adversaire en position de partenaire. Les virages sont dits participatifs lorsqu'ils sont formulés de façon à permettre à l'autre personne de s'exprimer depuis sa position légitime, de façon non défensive (Kolb, 2003). Un schéma de mouvements et de virages, éclairé par la perspective des relations sociales entre les sexes, aide les négociateurs à prendre connaissance de la façon dont les relations interpersonnelles, le pouvoir et la légitimité sont indirectement négociés. Cette connaissance favorise l'émergence des sentiments de contrôle et d'efficacité personnelle en négociation.
Relations sociales entre les sexes, interdépendance et possibilité d'obtenir des résultats innovants
20L'interdépendance est la condition sine qua non de toute négociation. Les parties ont besoin l'une de l'autre pour conclure des accords – un vendeur dépend d'un acheteur, les pays en guerre ont besoin les uns des autres pour conclure la paix. L'interdépendance telle qu'elle a été théorisée et mise en pratique repose sur des postulats d'instrumentalité : chaque partie a besoin de l'autre de façon déterminante pour satisfaire ses propres besoins (Kolb et Putnam, 2002). L'instrumentalité est un postulat lié au genre dans la mesure où les rapports mutuels et le souci des autres sont mis au service des besoins individuels (Putnam et Kolb, 2000). Le concept d'interdépendance a été sous-théorisé et, lorsqu'on l'envisage, c'est en tant que résidu d'un rapport de dépendance. Paradoxalement, l'approche dominante de l'interdépendance est ancrée dans les notions de dépendance et d'indépendance. L'argument essentiel est qu'en négociant les enjeux, les parties négocient également la nature de leur dépendance mutuelle (Bacharach et Lawler, 1981; Kolb et Williams, 2001). Le pouvoir de négociation est lié à ces conceptions de dépendance et d'indépendance. Le choix par une partie d'interrompre la négociation – qu'il s'agisse de l'achat d'une nouvelle voiture, de démissionner, de faire grève, d'engager des poursuites ou de mener une guerre – et la viabilité ou les avantages de cette alternative balisent les perceptions de sa dépendance. C'est pourquoi Lax et Sebenius (1986) conseillent aux parties de façonner ces perceptions à l'aide d'actions stratégiques, mises en œuvre à la table des négociations mais également en dehors de celle-ci. Tout en recherchant activement des moyens d'affirmer leur indépendance, les parties privilégient en effet les solutions qui leur semblent les plus intéressantes du point de vue des objectifs qu'elles veulent atteindre. On peut de ce fait aboutir à une impasse, mais qui est susceptible d'instaurer une certaine parité entre les parties et de les encourager à reconnaître leur interdépendance, les incitant ainsi à engager des négociations de bonne foi (Rubin, Pruitt et Kim, 1994). Dans l'optique de cette dépendance mutuelle, les parties sont amenées à reconnaître leur interdépendance : leurs destins sont liés par les choix limités de l'autre partie. Dans les faits, l'interdépendance équivaut à un contrôle mutuel des parties.
21Une seconde approche passe par l'analyse de l'« interdépendance proactive » (promotive interdependence) (Lewicki et Litterer, 1985), ou ce que Walton et McKersie (1965) nomment la « négociation intégrative ». L'idée est simple et familière : les parties, par le biais de la résolution de problèmes, abordent certaines questions de façon à répondre aux besoins des unes et des autres et à découvrir dans quelle mesure leur interdépendance profite à chacune d'entre elles. En substance, tous les principes régissant les négociations raisonnées favorisent l'interdépendance, qu'il s'agisse de la place centrale accordée aux intérêts, de l'identification des priorités ou de la négociation au-delà des différences. Dans un autre article, nous avons qualifié cette approche « interdépendance des tâches », afin de faire ressortir à la fois ses avantages et ses limites (Putnam et Kolb, 2000). L'un des enjeux importants de la négociation est la satisfaction des besoins mutuels; mais celle-ci, fondée uniquement sur la concrétisation immédiate du gain instrumental, peut être fragile. Lorsqu'un accord innovant ne peut être trouvé, l'expérience de l'interdépendance pourrait bien être remise en question. Par ailleurs, la trajectoire qui mène de la résolution de problèmes à des négociations futures n'est pas clairement définie, notamment en cas de modification des circonstances extérieures.
22La perspective du genre, par contre, met l'accent sur une approche différente de l'interdépendance : celle qui se forme par l'interaction sociale. L'interdépendance prend forme au fur et à mesure que les négociateurs apprennent à mieux se connaître les uns et les autres. La prise de conscience que la négociation ne porte pas uniquement sur une tâche ou un enjeu, mais également sur les relations entre les parties et leur identité entre également en ligne de compte. Au niveau relationnel, la « connectivité » se manifeste lorsque chacune des parties commence à avoir une perception différente de l'autre et à apprécier leur interdépendance. En ce qui concerne l'identité, c'est la curiosité dont font preuve les négociateurs les uns envers les autres – en sachant que l'on ne peut jamais comprendre ou apprécier entièrement autrui – qui crée des liens. Chaque partie communique en participant à un apprentissage mutuel, en favorisant le respect et l'estime de soi et en encourageant la connaissance de soi. Il s'agit donc d'un processus de compréhension, de dialogue et d'interrogation mutuelle.
23Les négociateurs peuvent co-développer des relations d'interdépendance de différentes façons : en posant des questions sur le contexte de la négociation, en écoutant les silences, en faisant part de leurs intentions cachées. Les questions circulaires, formes particulières d'interrogation collective, mettent l'accent sur le contexte de la négociation. Le négociateur qui y a recours cherche à déterminer dans quelle mesure ses actions ont une influence sur la partie adverse. Les questions se déplacent, de façon non linéaire, de la situation ponctuelle au contexte dans lequel cette situation s'inscrit. La prise en compte du contexte peut déculpabiliser les parties puisque les questions posées peuvent aussi modifier la perception des délais, des personnes et des jeux et intrigues que les parties discutent (Cobb, 1993). L'écoute des silences permet de percevoir les non-dits. C'est le cas lorsque, en écoutant attentivement les interventions d'une personne, une partie observe une pause, une hésitation, une contradiction qui semble générer une confusion. Au lieu de présumer ce que l'autre a voulu dire, le négociateur qui est à l'écoute des silences pose des questions sur ces non-dits, ou soumet à la discussion plusieurs interprétations avant de les tenir pour acquises. De la même façon, les négociateurs communiquent en révélant leurs intentions cachées. Leurs arrières pensées sont des peurs et des réserves non exprimées, qui alourdissent le processus de négociation. Trouver les moyens d'aborder ces questions peut conduire à un élargissement de la négociation, ce qui ouvre la porte à des solutions innovantes.
24La « connectivité » apporte un éclairage nouveau sur la nature même de la négociation. Au lieu d'être considérée comme un compromis ou comme un processus de résolution de problèmes, la négociation est envisagée comme une manière de changer la façon dont on définit une situation. Cette transformation est possible en déplaçant les interactions sur un autre plan, en leur donnant une dimension nouvelle ou en les plaçant à des niveaux de sens différents. Les parties en négociation sortent ainsi de leurs cadres de références habituels et abordent le problème sous un nouvel angle. Le questionnement, l'exploration et la curiosité concernant le contexte de la négociation rendent de telles transformations possibles. Cela n'est concevable que si l'on ose définir la situation différemment et si on laisse la position de l'autre partie ouverte à d'autres interprétations. Cette nouvelle forme de négociation vise, elle aussi, à trouver des solutions qui prennent davantage en considération les relations interpersonnelles et l'identité des parties que la négociation traditionnelle (Kolb et Putnam, 2002).
Conclusion
25Traditionnellement, l'étude du genre en négociation s'est limitée à la recherche des différences entre les hommes et les femmes. Ce courant de recherche tend à renforcer les stéréotypes et les pratiques existantes. À l'opposé, une approche fondée sur le genre met l'accent sur la dynamique sociale et l'interactivité du processus de négociation, plutôt que sur les attributs individuels des négociateurs. Ce changement de perspective a des implications sur la façon d'aborder le genre, et plus largement sur la théorie, la recherche et la pratique de la négociation.
26Au niveau théorique, ce changement fait apparaître des dimensions de la négociation généralement ignorées. Les théories traditionnelles sont issues d'un modèle de l'échange qui cherche à expliquer comment et pourquoi les parties s'engagent dans des transactions qui leur seront mutuellement bénéfiques. L'approche théorique fondée sur le genre se préoccupe de la manière dont est menée la négociation. Elle intègre aussi l'effet des positions sociales sur le processus de la négociation, par exemple, comment les parties ouvrent la négociation, se positionnent et influencent le positionnement des autres parties, construisent leur interdépendance et apprennent les unes des autres. La notion de « négociation dans l'ombre » recouvre ces dimensions.
27Une approche fondée sur le genre oriente également la recherche empirique. Cette approche privilégie l'analyse des processus de la négociation, plutôt que la comparaison des comportements des négociateurs ou de leurs résultats. La recherche doit s'intéresser non seulement à l'influence du genre en négociation, mais aussi à la manière dont celle-ci s'opère. Cette approche impose de nouveaux sujets de recherche tels que les enjeux liés au positionnement social des négociateurs, aux mouvements stratégiques et à l'interdépendance des parties. Elle implique aussi que la recherche empirique soit alimentée par des études de cas plutôt que des études en laboratoire, qui occultent la plupart des dimensions cachées de la négociation.
28Enfin, une approche fondée sur le genre a des implications pour la pratique et l'enseignement de la négociation, qui doivent prendre en compte ces dimensions cachées de la négociation. La préparation à la négociation doit permettre aux parties d'identifier les facteurs et les ressources susceptibles de renforcer leurs positions. L'étude des mouvements stratégiques peut aider les négociateurs, particulièrement ceux qui sont en situation défavorable, à améliorer leur position. La compréhension des processus structurant les interactions sociales aide les négociateurs à élaborer des stratégies en vue de modifier ces conditions défavorables. L'attention portée aux processus de la négociation enrichit donc le répertoire stratégique des négociateurs. L'approche fondée sur le genre, enracinée dans la pratique féministe, révèle par ailleurs les capacités transformatrices de la négociation. S'appuyant sur l'interdépendance des parties, elle favorise un processus de négociation basé sur une compréhension différente de la nature des mésententes. Cette vision élargie peut générer des solutions novatrices, non envisagées au début de la négociation.
29Le genre n'est pas qu'un attribut individuel, mais également un cadre cognitif, qui informe la théorie, la recherche et la pratique de la négociation. Plutôt que de se concentrer sur les déficiences des femmes en négociation, une approche de la négociation fondée sur le genre peut améliorer l'efficacité du processus en mettant en lumière des aspects essentiels que la recherche a jusqu'ici occultés et ignorés.
Bibliographie
Références
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Mots-clés éditeurs : transformation, mouvements et virages, érence de genre, éorie féministe, égociation, épendance