Liminaire à toute étude sur la Science, ce fagot de questions permet d’examiner, en allure d’inventaire, ses allées, ses chemins de traverse, et tenter de filer le rhizome qui court sous l’impressionnante ramification des champs, l’avancée d’un opiniâtre essartage de savoirs nouveaux, loin d’être tenus toujours sous la réflexion. C’est-à-dire, quêter ce qui demeure encore sous la question de l’Etre, là, où la question philosophique est reconduite dans une volonté de conférer sens et histoire au divers du Monde que la Science a désenchanté et désemparé, et qui se livre de plus en plus comme ductile, sans substance ni intelligibilité en ayant renoncé à tout repère.
La Science est-elle encore une mesure et une expression du Progrès ? Le Progrès est-il envisageable sans la Science ? Qu’est-ce donc qui s’accroît quand s’accroît la Science ? Pourquoi ne peut plus être questionnée et pensée, et d’abord comme mouvement et quête spirituels ? La notion de généalogie scientifique est-elle irrecevable, absurde, impossible à reconstituer ? Est-ce la mauvaise part de l’Occident, sa "part maudite", est-elle mauvaise part en cela qu’elle fonde (en intention et en extension) la Science comme ultime récit de l’Occident, et l’Histoire ne serait-elle que le chemin nécessaire pour y parvenir, en cela que l’histoire diverse du monde pré-occidental contiendrait en puissance la genèse et le déploiement de l’Occident qui serait alors un archétype de civilisation déposé de toute éternité et en attente de réalisation…