Notes
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[*]
Agrégé d’histoire, haut fonctionnaire au ministère des Finances, Marc OUDINOT est un descendant du maréchal Oudinot. Il est l’auteur d’un biographie consacrée à son ancêtre, parue aux Editions de Fallois en 2007.
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[1]
Prosper HOÜARD, ami du maréchal Oudinot, fut en quelque sorte le « correspondant » et cicerone de Victor Oudinot à Paris durant toute sa jeunesse, son père étant presque en permanence sur les champs de bataille, et resta un intime du jeune homme sa vie durant.
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[2]
Nicolas-Charles OUDINOT (1767-1847), maréchal d’Empire, avait été surnommé par Napoléon le « Bayard de l’armée » tant sa bravoure rappelait le fameux chevalier « sans peur et sans reproche ».
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[3]
Michel NEY, duc d’Elchingen (1769-181) commandait le 6e corps d’armée (effectif théorique : 27 808 hommes, en fait 24 000). Bien qu’il ait déjà servi sous les ordres de Masséna dans l’armée d’Helvétie en 1799, il avait manifesté son mécontentement de se retrouver sous son autorité dès que celui-ci avait été nommé à la tête de l’armée du Portugal.
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[4]
Andoche JUNOT, duc d’Abrantès (1771-1813) commandait le 8e corps d’armée (effectif théorique : 19 130 hommes, en fait 17 000). Sa témérité à la limite de l’inconscience s’alliait à un caractère fantasque qui lui fit faire bien des extravagances ; c’était pour l’éloigner une nouvelle fois de Paris qu’en 1807 Napoléon l’avait nommé à la tête d’une armée chargée de conquérir le Portugal, dont il fut nommé gouverneur après le départ du souverain au Brésil. Battu à Vimeiro en 1808, la convention de Sintra lui permit, cependant, d’assurer le rapatriement de l’armée française. En 1810, Junot se retrouvait une nouvelle fois dans la péninsule ibérique, mais sous les ordres de Masséna, ce qui n’était pas fait pour le satisfaire.
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[5]
Jean-Louis REYNIER (1771-1814), général d’origine suisse, avait rejoint le 2e corps d’armée en Espagne en janvier 1810 (effectif théorique : 16 228 hommes, en fait 14 000) et avait intégré l’armée du Portugal sous Masséna, le 17 avril 1810.
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[6]
Napoléon avait annoncé à Masséna qu’il aurait sous ses ordres une armée de 80 000 hommes, ce qui était loin d’être le cas, soit que l’Empereur ignora que les effectifs théoriques avaient fondu, soit qu’il ait délibérément surestimé les effectifs disponibles pour achever de convaincre Masséna d’accepter le commandement de l’armée du Portugal, ainsi que l’indique A. Thiers (tome XII, p. 310).
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[7]
Ciudad RODRIGO : place forte espagnole, située sur l’ ?gueda, affluent du Douro, à une trentaine de km de la frontière hispano-portugaise sur la route de Salamanque à Coimbra, défendue par une solide garnison sous les ordres d’un vaillant officier, le général Harrasti, qui lutta plus d’un mois contre les troupes de Ney et se rendit le 9 juillet 1810.
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[8]
Région du nord-ouest de l’Espagne, située au nord du Portugal.
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[9]
Région ouest de l’Espagne, frontalière du Portugal.
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[10]
Côa : affluent de la rive gauche du Douro, coulant du sud vers le nord parallèlement à la frontière luso-espagnole du côté portugais.
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[11]
Vitoria GASTEIZ, capitale de la province la plus méridionale du pays basque, Alava-Araba.
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[12]
Zone escarpée de collines en terrasses autour du village de Salinas de Añana, situé à quelques kilomètres de Vitoria Gasteiz, qui tire son nom de salines artificielles d’origine romaine.
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[13]
Né le 3 novembre 1791, Victor Oudinot était alors dans sa dix-huitième année.
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[14]
Le terme de guerilla pouvait désigner, à la fois, des tirailleurs, corps francs, bandes de partisans comme c’est le cas ici ou, en tant que diminutif du mot guerre, des opérations militaires secondaires menées par des troupes légères régulières ou non. C’est à cette époque que commença à se répandre l’utilisation de ce terme dans son acception moderne de lutte armée de civils encadrés en formations irrégulières, à la suite de la traduction en espagnol, en 1780, du fameux ouvrage de Philippe de Grandmaison, La petite guerre ou traité du service des troupes légères en campagne, publié à Paris en 1756 (cf. article « La guérilla espagnole dans la guerre contre l’armée de Napoléon » de Vittorio Scotti Douglas, n° 336 des Annales historiques de la Révolution française).
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[15]
Guerrero : guerrier, partisan.
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[16]
Verrou de l’entrée dans le centre du Portugal, située à la frontière luso-espagnole, la forteresse d’Almeida était, avec Ciudad Rodrigo, la seconde des places dont Napoléon avait jugé la conquête indispensable pour permettre à Masséna de pénétrer au Portugal, repousser les Anglais et marcher sur Lisbonne. Le siège avait été brillamment précédé par un combat heureux du maréchal Ney contre le corps anglais de Craufurd, le 24 juillet (combat de la Côa).
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[17]
Situé à une trentaine de km au nord-ouest de Ciudad Rodrigo près du village d’Aldea del Obispo, en limite de la frontière hispano-portugaise, le fort de la Conception était le pendant de la forteresse portugaise d’Almeida, l’un et l’autre verrouillant la route de Salamanque à Aveiro. Le fort de la Conception, « qui était un chef d’œuvre de l’art » (Guingret, Relation historique et militaire de la campagne de Portugal, p. 17), fut endommagé par les Anglais qui tentèrent de le faire sauter avant d’en être délogés par Ney le 21 juillet 1810.
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[18]
Le 6e corps, sous Ney, était formé des divisions d’infanterie Marchand, Mermet et Loison et de la division de cavalerie Lorcet, le 8e, sous Junot, était formé des deux divisions d’infanterie Clauzel et Solignac et des deux brigades de cavalerie Treilhard et Sainte-Croix et le 2e, sous Reynier, était formé des deux divisions d’infanterie Merle et Heudelet et de deux divisions de cavalerie.
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[19]
Le gouvernement de Lisbonne avait décrété la peine de mort contre quiconque n’obtempérait pas à la mise en œuvre de cette tactique de la terre brûlée. Wellington recula jusqu’aux lignes de Torres Vedras après avoir tout ravagé sur son passage, détruit les ports, éliminé toute embarcation, brûlé les villages, pillé les fermes afin d’affamer l’armée française (Histoire des armées françaises, T. IV, p. 240. Alain Pigeard, La guerre d’Espagne et du Portugal 1807-1814, p. 8).
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[20]
Les monts Buçaco sont situés à une vingtaine de km au nord de Coimbra. La crête de quelque 12 km, derrière laquelle se trouvaient les Anglais, s’étire du nord au sud et culmine à 541 m. Deux chemins permettaient de franchir d’est en ouest ces versants abrupts et de conduire vers Coimbra : l’un, au nord, de Moura en direction de Luso, passant par un couvent des Carmes déchaussés construit au XVIIe siècle, emprunté par Ney ; l’autre, au sud, de Santo Antonio de Cântaro à Palhieros, emprunté par Reynier.
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[21]
Le général Jean-François Graindorge (1770-1810) servait dans la péninsule ibérique depuis 1808. Grièvement blessé à Buçaco, où il commandait la 2e brigade de la 1re division du 2e corps, placée sous le commandement du général Merle, qui eut lui-même le bras fracassé, il mourut des suites de sa blessure le 1er octobre.
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[22]
Le général Claude-François Ferey (1771-1811), baron de Rosengath, avait été affecté à l’armée d’Espagne en 1808. A Buçaco, il commandait la 2e brigade de la 3e division sous les ordres du général Loison. Il fut mortellement blessé à la bataille des Arapiles en 1812.
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[23]
Artilleur de formation, Sébastien-Maximilien Foy (1775-1825) servait depuis 1807 dans la péninsule ibérique. Prisonnier à Porto, il avait failli y être égorgé en 1809. En 1810, à Buçaco, où il fut grièvement blessé, le général Foy commandait la 1re brigade de la 2e division placée sous le commandement du général Heudelet.
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[24]
Le général Edouard-François Simon (1769-1827) avait été chef d’état-major de Bernadotte et compromis dans la « conspiration des libelles » contre le Premier Consul, ce qui lui avait valu d’être arrêté, destitué et interné. Réintégré dans son grade en 1804, il ne reçut une affection qu’en 1809 à l’armée d’Espagne. À l’armée du Portugal, il commandait la 1re brigade de la 3e division placée sous les ordres du général Loison. Blessé deux fois par un éclat d’obus, il fut fait prisonnier et le resta jusqu’en 1814.
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[25]
Prenant sa source dans la serra da Estrela dans les environs de Guarda, le Mondego est le plus grand fleuve coulant seulement au Portugal, qu’il traverse d’est en ouest pour se jeter dans l’Atlantique après avoir traversé Coimbra.
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[26]
Charles d’Escorches de Sainte-Croix (1782-1810) était un remarquable officier. À vingt-huit ans, il commandait la 1re brigade de Dragons du 8e corps, sous Junot, après avoir été Premier aide de camp de Masséna, qui avait toujours su s’entourer d’hommes de valeur et ne jurait que par lui. « His judgment in selecting chiefs of staff was usually unfailing, as exemplified by Oudinot at Zurich (Nicolas-Charles Oudinot, le père de Victor, devenu maréchal) or Reille at Genoa. Again, during the campaigns in Germany and Portugal he was served by two very capable first aides de camp, Charles Sainte-Croix and Pelet, who assumed even more responsible roles in strategic and tactical decision », (André Masséna, Prince d’Essling, in the age of Revolution, Donald D. Horward).
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[27]
Officier supérieur britannique, Grant commandait un corps portugais. En effet, après l’invasion du Portugal par Junot en 1807 et le départ de la famille royale pour le Brésil, l’armée portugaise, qui était mal armée, mal équipée, mal payée et avait à sa tête des officiers supérieurs aussi nombreux qu’âgés, s’était décomposée. Lorsque Wellington revint au Portugal en 1809, les Portugais avaient été joints à des colonnes britanniques et en 1810 les brigades portugaises furent mixées avec celles de l’armée britannique : en général, une division d’infanterie était constituée de deux brigades anglaises et une brigade portugaise et se trouvait placée sous commandement d’un officier britannique.
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[28]
Adossée à une colline au pied de laquelle passe le Mondego, Coimbra était fameuse pour son université fondée à la fin du XIIIe siècle, sa cathédrale, Sé Velha, à côté de laquelle se trouve le palais épiscopal, imposant édifice remanié à la Renaissance, et ses divers monastères.
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[29]
Aide de camp de Wellington en Espagne, Lord FitzRoy Somerset (1788-1855), devenu le 1er baron Raglan en 1852, prit part ultérieurement à la bataille de Toulouse en qualité de lieutenant-colonel et eut le bras emporté à Waterloo. C’est à la suite de cette amputation qu’il prit l’habitude de porter des vestes dont l’emmanchure montaient jusqu’à l’encolure, car elles étaient plus faciles à enfiler, d’où le nom qui fut donné à ce type de vêtement. Cela étant, ce n’est pas à cela que lord Raglan devait sa notoriété. À la fin de sa carrière, nommé commandant en chef des forces britanniques en Orient en 1854, il mena conjointement avec les Français l’expédition de Crimée. Élevé à la dignité de Field Marshal, il fut emporté par le choléra peu après.
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[30]
Aussi surprenant que cela paraisse, ni l’Empereur ni Masséna n’avaient eu connaissance de la nature exacte des lignes de défense dont Wellington avait entrepris la construction secrètement pour assurer la protection de Lisbonne en barrant l’accès de la péninsule entre le Tage et l’Atlantique. Le reflux des Britanniques avait pu laisser penser à Masséna qu’ils gagnaient Lisbonne pour tenter de s’embarquer sur leur flotte et non pas cette position de défense offrant un abri quasiment inexpugnable.
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[31]
Leiria : ville située à mi-chemin de Coimbra et Lisbonne.
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[32]
Après le licenciement officiel de l’armée portugaise, Napoléon avait créé le 16 janvier 1808 la Légion portugaise, qui devait s’illustrer ultérieurement à Wagram sous les ordres d’Oudinot, le père de Victor. La formation en fut confiée à Junot et le commandement au lieutenant général Pedro d’Almeida, marquis d’Alorna (1754-1813). Ce dernier, qui était l’un des rares chefs militaires de valeur du Portugal, avait décidé de se ranger aux côtés des Français lors de l’occupation du Portugal par Junot en 1807. En 1810, Alorna, devenu général de division, fut nommé à l’armée du Portugal pour aider Masséna en matière de renseignement et pour exercer une certaine influence dans le pays, indique Marmont dans ses Mémoires (T. IV, p. 72). Le marquis d’Alorna mourut à Kœnisberg, en 1813, à l’issue de la retraite de Russie.
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[33]
Alhandra : bourgade située sur la rive droite du Tage, à une vingtaine de km au nord de Lisbonne.
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[34]
Sobral de Monte Agraço est situé sur les hauteurs, comme l’indique son nom, entre Alhandra et Torres Vedras. Le point culminant dans cette zone est à 1 202 mètres, dans la serra de Louza.
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[35]
Vila Franca : village situé à une trentaine de km au nord de Lisbonne sur la rive droite du Tage, à l’endroit où le fleuve commence à s’élargir pour former un vaste estuaire.
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[36]
La carrière de Charles d’Escorches de Sainte-Croix s’annonçait fulgurante. Napoléon voyait en lui, semble-t-il bien, l’un de ses futurs maréchaux. La dépêche annonçant sa mort portant le nom de Lacroix, Napoléon fit demander des vérifications tant il appréciait ce général, qui avait été littéralement coupé en deux par un boulet le 11 octobre 1810, alors qu’il faisait une reconnaissance sur les bords du Tage.
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[37]
Louis-Pierre Montbrun (1770-1812), ancien de l’armée du Rhin, fut l’un des plus grands cavaliers de l’Empire. Il commandait la réserve de cavalerie de l’armée du Portugal (quelque 2 400 sabres), où il s’illustra au siège d’Almeida, à Buçaco, Coimbra, Fuentes de Oñoro, puis ultérieuremnet à El Bodon. Il fut tué à la bataille de la Moskowa en 1812.
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[38]
Serra da Estrela (chaîne de l’étoile) : chaîne montagneuse nord-sud, située au centre du Portugal.
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[39]
Mer de Paille : nom donné au vaste estuaire du Tage à la hauteur de Lisbonne
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[40]
Le Sizandro ou Zizambro, selon l’orthographe de l’époque, est un petit fleuve côtier, coulant d’est en ouest, qui se jette dans l’Atlantique à la hauteur de Torres Vedras.
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[41]
Alliant fortifications, blockhaus, redoutes, demi-lunes et terrassements exploitant le relief naturel, la première ligne de défense, située à une cinquantaine de km au nord de Lisbonne, s’étendait sur 46 km de l’estuaire du Sizandro à Alhandra en passant devant Torres Vedras et était entièrement achevée à l’arrivée de Masséna. La seconde, 13 km plus au sud, devait s’étendre sur 39 km. La troisième consistait en un périmètre défensif de 3 km à proximité même de Lisbonne. Totalisant plus d’une centaine de forts et cent cinquante redoutes, bardés de plus de 700 pièces d’artillerie d’après l’indication de Victor Oudinot (400 selon l’intendant de police Denis de Lagarde, qui avait fait antérieurement un rapport sur les lignes de défense de Torres Vedras) et gardés par 70 000 hommes, ces lignes de défense ont constitué l’un des systèmes les plus efficaces de blockhaus de campagne dans l’histoire militaire.
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[42]
Des routes à usage militaire couvrant l’arrière des lignes assuraient une extraordinaire mobilité des forces et un réseau de sémaphores mis en place par la British Navy permettait d’envoyer un message d’un bout à l’autre en 7 minutes ou depuis le Quartier Général vers n’importe quel point en 4 minutes.
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[43]
Déjà au lendemain de la bataille de Buçaco, opérant un revirement complet, Ney, Junot et Reynier avaient exigé d’effectuer une retraite rapide et d’abandonner le Portugal.
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[44]
Santarém et Abrantes : villes situées sur la rive droite du Tage, respectivement à quelque quatre-vingt et cent-quarante km en amont de Lisbonne. En 1807, Abrantes avait déjà été occupée par Junot.
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[45]
Alentejo : vaste région s’étendant au sud du Tage, de Lisbonne à la frontière luso-espagnole, dont le nom signifie : au-delà du Tage.
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[46]
Alenquer : bourgade située sur la rivière Alenquer, affluent de la rive droite du Tage, à proximité des fameuses lignes de défense de Torres Vedras.
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[47]
Fils aîné du maréchal, Jacques-Prosper Masséna (1793-1821), qui avait deux ans de moins que Victor Oudinot, avait été comme lui page de l’Empereur. Il souffrait d’une maladie nerveuse et décéda à moins de 28 ans, alors qu’il était devenu chef d’escadron.
-
[48]
En 1799, alors que les armées françaises avaient été battues en Allemagne et en Italie, Masséna avait remporté une victoire décisive sur l’armée russe d’Alexandre Souvorov et Alexandre Korsakov à Zurich les 25 et 26 septembre. La victoire de Zurich sauva la République, menacée d’invasion par les armées de la deuxième coalition, à un moment plus périlleux que celui de Valmy ou de Fleurus.
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[49]
Cf. Expéditions françaises au Portugal de 1807 à 1811 de Michel Molières, p. 329.
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[50]
N. Trant, lieutenant-colonel britannique, commandait un corps de miliciens « indépendant » du nord du Portugal, les Chasseurs de Porto, faisant partie de l’armée de Wellington.
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[51]
Pour tenter de résister à l’assaut du forcené qu’était le colonel Trant, même les blessés avaient pris les armes. « Le colonel Trant, après avoir laissé une forte garnison à Coimbra, marcha sur Porto avec tous les malades qu’il avait fait prisonniers. Arrivés dans cette ville, les malheureux blessés de Buçaco furent donnés pendant trois jours en spectacle à la populace et promenés dans les rues. Ceux qui ne pouvaient pas marcher furent forcés de monter sur des ânes. Plusieurs officiers français, soutenus par quelques habitants distingués de Porto, ayant réclamé contre cet affreux traitement, le colonel Trant répond que tous les moyens étaient bons pour exciter et entretenir l’enthousiasme populaire », (Histoires des armées françaises, T. IV, p. 236).
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[52]
Soldats et officiers ne recevaient plus de solde et se nourrissaient en allant à la maraude, c’est-à-dire en fouillant les montagnes et les bois à la recherche de nourriture, d’autant plus qu’au nord des lignes de Torres Vedras tout ce qui aurait pu servir à alimenter l’armée française avait été soit récolté, soit caché ou bien brûlé sur ordre de Wellington. Une large zone du pays avait été désertée et quelque 200 000 habitants des régions avoisinantes avaient été déplacés au sud du réseau de lignes de défense. À cela s’ajouta la rigueur d’un hiver exceptionnellement froid. Il fallut bientôt aux soldats faire plus de 150 km en arrière pour trouver quelque chose à manger (cf. Campagnes du capitaine Marcel).
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[53]
A. Thiers, Histoire du Consulat et de l’Empire, T. XII, p. 612 : « il [Masséna] avait eu la faiblesse de chercher un soulagement à ses longs travaux dans quelques plaisirs peu conformes à son âge et dont, surtout, il ne faut pas rendre témoins les hommes qu’on est chargé de commander. Il s’était fait suivre par une femme, qui ne l’avait pas quitté pendant la campagne et dont les soldats avaient dû souvent escorter la voiture au milieu de chemins difficiles et périlleux … ».
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[54]
Maurice de Saxe (1696-1756), fils adultérin de l’électeur de Saxe, Frédéric-Auguste Ier, fut maréchal général de France.
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[55]
Homme à femmes, Masséna avait emmené avec lui sa maîtresse, Henriette Leberton, qui était la sœur d’un de ses aides de camp, le capitaine Eugène Rénique, et l’épouse de l’un de ses anciens officiers d’état-major, le major Jacques Leberton (1754-1846). Mais ce n’est pas avec elle qu’il avait eu « d’anciennes relations ». La méprise de Victor Oudinot tient à l’originalité des liaisons qu’eut Masséna avec les deux sœurs Rénique, Eugénie et Henriette, originaires de Cambrai, qui furent tour à tour ses maîtresses. Il connut la première, danseuse à l’Opéra de Paris, avant de devenir l’amant de la seconde, qui l’accompagna au Portugal. Pour « dissimuler » sa présence, elle était souvent revêtue d’un uniforme militaire. Bien entendu, par loyauté vis-à-vis de son chef, Victor Oudinot, qui manifestement désapprouve la présence de la maîtresse de Masséna, n’entendait en aucun cas se joindre à ceux qui, comme Ney ou Junot, s’en servirent pour accabler et desservir le prince d’Essling.
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[56]
Napoléon lui aussi avait une mise fort simple. À Paris il portait toujours l’uniforme de colonel des grenadiers à cheval de la garde ; hors de Paris, celui des chasseurs à cheval. Il montait de très beaux chevaux. Il était très généreux et au besoin recevait splendidement. Enfin, il avait une incomparable auréole de gloire et de puissance. Ces motifs réunis expliquent pourquoi la modestie de sa tenue et les brillants costumes de son entourage formaient un contraste tout à l’avantage de Napoléon [Note de l’auteur].
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[57]
Pierre-François Denis de Lagarde (1768-1848), journaliste contre-révolutionnaire à la plume acérée, se rallia à Bonaparte, s’occupa de la surveillance des journaux et remplit diverses missions de police à partir de 1804, avant d’être nommé directeur général de la police à Venise puis d’être affecté dans les mêmes fonctions au Portugal et ensuite en Espagne. Ses rapports ont été étudiés par Nicole Gotteri : La mission de Lagarde, policier de l’empereur, pendant la guerre d’Espagne (1809-1811). Éditions des dépêches concernant la péninsule ibérique. Paris, Publisud, 1991.
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[58]
Le général Anne-Jean-Marie Savary, duc de Rovigo (1774-1833), après avoir été aide de camp de Bonaparte, montra pendant quinze ans un dévouement inconditionnel à son maître, qui le chargea de missions diverses, militaires, diplomatiques ou policières, souvent délicates et parfois inquiétantes, y compris en Espagne. De 1810 à 1814, il fut ministre de la Police à la suite de Fouché.
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[59]
Situé à une cinquantaine de km au nord de Santarém, Tomar s’était constitué autour d’un puissant couvent-forteresse, construit au XIIe siècle par les Templiers.
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[60]
Officier supérieur de grand talent, le général Foy, avait déjà servi en 1799, en Suisse, sous les ordres de Masséna, qui savait remarquablement s’entourer. Accompagné seulement de quelques dragons, Foy réussit à traverser le Portugal et l’Espagne sans tomber sur aucune des bandes qui infestaient toutes ces régions. Sous la Restauration, attiré par la carrière politique, il fut élu député et devint l’un des orateurs les plus populaires du parti libéral. On lui doit une Histoire des guerres de la Péninsule.
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[61]
Jean-Baptiste DROUET, comte d’Erlon (1765-1844), engagé comme simple soldat dans l’armée royale, fit une rapide carrière grâce à la Révolution. Général de division en 1803, grièvement blessé à Friedland, il fut alors fait comte d’Erlon. Envoyé en Espagne en 1810 pour rejoindre l’armée d’Andalousie, il y resta jusqu’à la fin de l’Empire. Commandant du 9e corps, il combattit avec l’armée du Portugal et joua un rôle important à Fuentes de Oñoro. Il fut nommé maréchal de France en 1843.
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[62]
Les 1re et 2e divisions des « grenadiers d’Oudinot », sous les ordres respectivement des généraux Claparède et Conroux, venaient de Vieille-Castille où était stationné le 9e corps. Mais seule la division Conroux était parvenue sur place. La division Claparède était restée à Celorico pour maintenir les communications avec l’Espagne. A. Thiers a souligné leur exceptionnelle notoriété : « On parlait beaucoup, en effet, de l’arrivée des fameuses divisions d’Essling (celles qui des mains du maréchal Oudinot avaient passé aux mains du général Drouet) et de leur influence probable sur le sort de la guerre », Histoire du Consulat et de l’Empire, T. XII, p. 414.
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[63]
Nicolas-François Conroux (1757-1824), fils d’un officier d’artillerie, lui-même artilleur, s’était illustré sous les ordres du maréchal Oudinot, notamment à Essling puis à Wagram, à la suite de quoi il avait été nommé général de division. Affecté en Espagne à partir de 1810, il y resta jusqu’en 1813 et fut tué au combat d’Ascain le 20 octobre 1813.
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[64]
Rio Maior : village situé à mi-distance de Santarém et de la côte atlantique.
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[65]
Bertrand Clauzel (1772-1842), général de division depuis 1803, fut nommé en Espagne après avoir combattu en Italie et à Saint-Domingue. En 1810, il commandait la 1re division du 2e corps sous Junot. Bonapartiste inconditionnel, il fut proscrit lors de la Restauration, gagna l’Amérique et ne revint en France qu’à la suite de la loi d’amnistie du 20 juillet 1820. Nommé à la tête des troupes en Algérie par Louis-Philippe, il fut élevé à la dignité de maréchal en 1831.
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[66]
Aucun haut fait militaire ne se rattache à ce titre de duc d’Abrantès. En 1807, après une marche pénible, l’armée que commandait Junot n’avait trouvé des vivres et des ressources qu’en atteignant Abrantes, petite ville sur le Tage. C’est à cette circonstance que Junot, qui fut nommé gouverneur du Portugal abandonné par son roi réfugié au Brésil, dut de recevoir ce titre. Est-ce à la suite de cette blessure à Rio Maior qu’il perdit peu à peu la raison ? Toujours est-il, qu’à la fin de l’Empire, ayant été ramené chez son père à Montbard après s’être présenté sans autre vêtement que ses décorations lors d’un bal en Italie, il se jeta d’une fenêtre et mourut de ses blessures le 29 juillet 1813.
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[67]
Pierre-François-Victor de Casabianca (1784-1812), fils du général comte Raphaël de Casabianca, qui avait lui-même servi sous les ordres de Masséna avant de devenir sénateur, était aide de camp de Masséna depuis mars 1809. Nommé major le 3 octobre 1810, puis promu colonel en 1811, il fut tué le 14 août 1812 à Smolensk à la tête du 11e léger.
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[68]
Créée par décision impériale du 2 août 1804, l’école ou la Maison des pages, placée sous l’autorité du Grand écuyer, recevait de 35 à 40 jeunes gens. Outre le service à la Cour, ceux-ci y recevaient une formation soignée. Ils sortaient ensuite dans l’armée avec le grade sous-lieutenant sauf le Premier et le Second page, qui avaient le pas sur leurs camarades et sortaient avec celui de lieutenant. Victor Oudinot, entré dans les pages en 1804 parmi les plus jeunes, à l’âge de 13 ans, avait accompagné l’Empereur pendant toute la campagne d’Allemagne en 1809 en qualité de Premier page, avant d’être nommé lieutenant au 5e Hussards le 17 août 1809, puis aide de camp de Masséna le 12 juillet 1810.
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[69]
Napoléon avait de l’estime pour Masséna, stratège éminent, qui lors de la bataille de Zurich (1799) en particulier, avait démontré des talents exceptionnels. En 1809, il avait écrit au prince Eugène que Masséna avait « des talents militaires devant lesquels il faut se prosterner ». Mais il n’aimait pas ce grand général de la Révolution qui, sous le Consulat, s’était défié de son accession au pouvoir.
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[70]
Ancien de l’armée du Rhin, proche de Moreau, Foy, qui avait été hostile à la marche vers le pouvoir absolu de Bonaparte, avait de ce fait longtemps attendu sa nomination comme général de brigade puis divisionnaire. Il avait été choisi par le maréchal Masséna pour défendre auprès de Napoléon Ier la cause de l’armée de Portugal, arrêtée sur les bords du Tage par des obstacles qu’il ne dépendait ni de sa valeur ni de son dévouement de surmonter. Parti à Paris à la fin du mois d’octobre, il fut de retour le 5 février 1811.
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[71]
Le maréchal Jean-de-Dieu Soult (1769-1851), duc de Dalmatie, avait été nommé en Espagne en novembre 1808 en tant que commandant du 2e corps de la Grande Armée avec lequel il rejeta les Anglais à la mer après le départ de Napoléon. Chargé en 1809 d’envahir le Portugal, il s’en était vu offrir la couronne. Battu par Wellington, il fut obligé d’évacuer Porto et se replia en Espagne. Nommé major général du roi Joseph à la place de Jourdan en septembre 1809, il occupa l’Andalousie et reçut le commandement de l’armée d’Andalousie (ou du Midi) en juin 1810.
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[72]
Le maréchal Adolphe-Edouard Mortier (1768-1835), duc de Trévise, avait été nommé en octobre 1808 à la tête du 5e corps de l’armée d’Espagne, dont l’action était coordonnée par Soult.
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[73]
Alexandre Berthier (1753-1815), général de division en 1795, maréchal en 1804, chef d’état-major de Napoléon presque sans interruption, était « major général » de la Grande Armée depuis 1805.
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[74]
Golega : petit village, situé entre Santarém et Abrantes à proximité de la rive nord du Tage, où était cantonnée la division du général Loison. « Masséna réunit les principaux généraux dans un conseil de guerre, qui se tint à Golega, et après une courte délibération, il fut décidé que chaque corps se tiendrait prêt à faire un mouvement au premier ordre », (Histoire des armées française, T. IV, p. 241). Outre Masséna et les chefs de corps, participèrent à ce conseil de guerre les généraux Fririon, chef d’état major de Masséna, Eblé, Lazowski, Foy et Solignac, mais pas Drouet d’Erlon.
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[75]
Wellington, lui-même, ne revenait pas de la ténacité de l’armée française. En décembre 1810, il avait écrit à Lord Liverpool, Secretary for War and the Colonies : « It is certainly astonishing that the enemy has been able to remain in this country so long; and it is an extraordinary instance of what a French army can do. It is positively a fact that they brought no provisions with them and they have not received even a letter since they entered Portugal [ …]. I could not maintain one division in the district in which they have maintained not less than 60 000 men and 20 000 animals for more than two month », André Masséna, Prince d’Essling, in the age of Revolution, Donald D. Horward.
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[76]
N’ayant plus à espérer aucun renfort et sachant qu’il avait assez exigé de la ténacité et du courage de ses soldats, Masséna se résolut à la retraite. Une fois la décision prise, il la mit en œuvre avec l’habileté d’un chef consommé. Laissant croire jusqu’au dernier moment aux Anglais que tous ses préparatifs n’avaient d’autre but qu’un assaut général sur les lignes de Torres Vedras, il leva soudainement son camp et prit la route de Leiria et Coimbra (cf. Alain Pigeard, La guerre d’Espagne et du Portugal 1807-1814, p. 14).
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[77]
Frère aîné de Napoléon, Joseph Bonaparte (1768-1844), après avoir reçu dans un premier temps la couronne de Naples, s’était vu donner trois ans plus tard celle d’Espagne (juin 1808) par l’Empereur, après l’abdication forcée des Bourbons d’Espagne lors de l’entrevue de Bayonne (5-10 mai 1808).
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[78]
Pombal : bourg situé à une quarantaine de km au sud de Coimbra.
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[79]
Le général Drouet d’Erlon et les hommes du 9e corps qu’il avait amenés, n’étaient pas placés sous les ordres de Masséna. Napoléon n’y consentira que très tardivement, le 29 mars 1811. Jusque-là il avait, certes, reçu du major général Berthier l’ordre d’appuyer les opérations de Masséna, mais avait pour mission principale de ne jamais se laisser couper d’Almeida …
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[80]
En fait, Wellington ne laissa aucun répit aux Français, qui durent abandonner leurs positions les unes après les autres. Malgré les très brillantes actions de Ney, ils ne purent parfois se maintenir que quelques heures dans les positions qu’ils avaient décidé de tenir, comme à Coimbra.
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[81]
Redinha : village situé sur le rio Soure, à une douzaine de km au nord de Pombal sur la route menant à Coimbra.
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[82]
Condeixa : village situé à une dizaine de km au sud de Coimbra.
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[83]
Pereira : village situé à une vingtaine de km à l’ouest de Coimbra sur la rive gauche du fleuve Mondego, que l’armée devait franchir.
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[84]
Julien-Augustin Mermet (1772-1837), brillant cavalier, promu général de brigade à 23 ans en 1796 et général de division en 1805, avait été affecté en Espagne en 1808. En 1811, il commandait la 2e division d’infanterie du 6e corps de Ney et fut blessé le 15 mars à Foz de Arouce.
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[85]
Le major-général Thomas Picton (1758-1815), après avoir servi en Allemagne, en Amérique, aux Indes et à Sainte-Lucie et Tobago, où son comportement lui avait valu un procès pour cruauté et abus de pouvoir, fut nommé major-général en 1808 et envoyé en Espagne en tant que commandant de la IIIe division de l’armée sous les ordres de Wellington.
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[86]
Louis-Marie Lévesque, comte de Laferrière (1776-1834), issu de la Garde nationale de Rennes, s’était révélé dans les armées de la République un très brillant cavalier. Il servait dans les Hussards depuis 1802 et avait été nommé colonel du 3e régiment de Hussards en 1807 dans le 6e corps du maréchal Ney, sous les ordres duquel il vint en Espagne en 1808. Selon les indications du dictionnaire de Georges Six, lors de ces charges du 12 mars 1811 Laferrière-Lévesque aurait été blessé de deux coups de feu, l’un à la main gauche, l’autre au bras droit. Il est difficile de savoir s’il s’agit d’une confusion de sa part ou d’une double blessure différente de celle mentionnée par Victor Oudinot. Laferrière-Lévesque fut promu général de brigade en 1811 puis général de division et comte en 1813.
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[87]
Ce récit se retrouve dans les mêmes termes dans les Carnets de campagnes du commandant Giraud, Paris, Téqui, p. 227 : « L’honneur des armes prescrivait au généralissime anglais de ne pas rester plus longtemps en échec devant des adversaires si inférieurs à lui par le nombre. Attaquée par les forces anglaises et portugaises réunies, la division Mermet se retira lentement en échelon, par régiment, derrière les troupes de Marchand, qui exécutèrent, ainsi que nous l’avons dit ci-dessus, des feux nourris et meurtriers. Notre cavalerie opéra son mouvement de retraite avec un calme inébranlable et une attitude non moins fière que celle des troupes à pied. » Les Carnets de campagnes du commandant Giraud furent publiés en 1898 à partir de documents recueillis, classés et mis en ordre par le commandant Grandin, historien militaire, qui avait été chargé également de faire un travail similaire à la même époque pour les Souvenirs intimes et militaires de Victor Oudinot, dont il avait publié un extrait concernant la campagne de Portugal en 1896. La similitude des termes est évidente. Grandin utilisa-t-il des éléments des Souvenirs de Victor Oudinot lorsqu’il mit en forme les Carnets de campagnes du commandant Giraud ou l’inverse ? Impossible à dire …
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[88]
Soure : sous-affluent du Mondego traversant Redinha.
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[89]
Miranda de Corvo : village situé au sud de Coimbra à une vingtaine de km à l’est de Condeixa.
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[90]
Fonte Coberta, Fuente Cuberta dans le texte original, est proche de Condeixa et Miranda de Corva.
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[91]
« La formidable position de Miranda de Corvo fut abandonnée presqu’aussitôt qu’occupée par suite des mouvements de l’armée anglo-portugaise », Aperçu nouveau sur les campagnes des Français en Portugal, p. 184.
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[92]
Le rio Ceira est un affluent de la rive gauche du Mondego, dans lequel il se jette légèrement en amont de Coimbra. Il constituait une première ligne de repli pour l’armée qui s’y trouva réunie le 15 mars 1811.
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[93]
L’Alva, à l’est du rio Ceira, est un affluent de la rive gauche du Mondego, aussi important que ce fleuve dans lequel il se jette à une trentaine de km en amont de Coimbra après un parcours d’une cinquantaine de km parallèlement au Mondego. L’Alva pouvait constituer une solide ligne de défense pour l’armée de Portugal, qui l’atteignit le 18 mars.
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[94]
Casal Novo : petit village à une quinzaine de km à l’est de Miranda de Corvo sur un affluent du rio Ceira, où il y eut un sérieux accrochage le 14 mars 1811 entre Ney et la Ve division du général William Erskine, qui faillit fort mal tourner pour ce dernier.
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[95]
Point de passage sur le rio Ceira, Foz de Arouce, situé à une quinzaine de km au nord-est de Miranda de Corvo, fut le théâtre du dernier combat de Ney, le 15 mars 1811.
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[96]
Le général Auguste Gourlez, baron de Lamotte, ou Lamothe, (1772-1836) anti-bonapartiste irréductible, proche de Moreau, s’était trouvé disgracié lors du procès de ce dernier. Il fut ultérieurement impliqué dans l’affaire Malet, ce qui lui valut d’être assigné à résidence. Le maréchal Oudinot, dont Lamotte avait été aide de camp durant les guerres de la Révolution, lui avait toujours manifesté sans réserve son amitié en dépit des inconvénients que cela aurait pu lui valoir. En Espagne, affecté au 6e corps, sous Ney, il commandait la brigade de cavalerie légère à la place de Lorcet à Foz de Arouce.
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[97]
Renonçant à tenter de se maintenir sur la ligne du Mondego, Masséna se décida alors à rebrousser chemin vers Ciudad Rodrigo, où se trouvaient habillements, munitions, ressources d’artillerie et Trésor de l’armée qui n’avait pas reçu de solde depuis dix mois.
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[98]
En avril-mai 1800, Masséna s’était couvert de gloire en résistant héroïquement dans Gênes assiégée par les Autrichiens, ce qui avait permis à Bonaparte de franchir le col du Grand-Saint-Bernard à la tête de l’armée des Alpes.
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[99]
Guarda, Belmonte, situé à une cinquantaine de km au sud de Guarda, et Celorico da Beira, à une vingtaine de km à l’ouest de Guarda, étaient trois sites puissamment fortifiés se trouvant à deux à trois jours de marche d’Almeida et Ciudad Rodrigo, forteresses tenues par l’armée du Portugal de part et d’autre de la frontière luso-espagnole.
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[100]
Jean-Baptiste Porcher Dupleix (1784-1857), aide de camp de Masséna depuis 1808 en tant que lieutenant, fut maintenu dans ses fonctions à sa nomination comme capitaine, le 31 mai 1809, et fit la campagne du Portugal à ses côtés. Après avoir fait les campagnes de Russie et de Saxe, il retrouva de nouveau Masséna en tant qu’aide de camp en 1813. Mis en non activité sous la Restauration, il devint pair de France par droit d’hérédité en 1824.
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[101]
Alcántara : bourg espagnol situé sur le Tage à mi-distance de Ciudad Rodrigo et Badajoz, à proximité immédiate de la frontière hispano-portugaise.
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[102]
Louis-Henri Loison (1771-1816), fils d’un député de l’Assemblée constituante, connut une rapide ascension au début de la Révolution grâce à son père et avait été nommé général de division en 1799 alors qu’il servait sous les ordres de Masséna dans l’armée d’Helvétie. Affecté dans la péninsule ibérique en 1807, il commandait depuis janvier 1810 la 3e division du 6e corps, sous Ney, qu’il remplaça le 23 mars 1811.
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[103]
Dans les dépôts, les soldats couchaient à deux et parfois trois dans le même lit.
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[104]
« Quoique Ney eût tort et que l’armée le reconnut, comme il venait de la sauver il fut vivement et généralement regretté », Aperçu nouveau sur les campagnes des Français en Portugal, p. 165.
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[105]
Le maréchal Jean-Baptiste Bessières (1768-1813), duc d’Istrie, avait déjà été envoyé dans la péninsule ibérique en 1808, où il avait remporté la bataille de Medina del Rio Seco. Le 11 janvier 1811, il avait pris le commandement en chef de l’armée du Nord de l’Espagne, dont les régions au nord de l’Èbre avaient été soustraites à l’autorité de Joseph, souverain du royaume d’Espagne. Il y fut suivi de la cavalerie de la Garde impériale dont il était colonel général.
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[106]
Sabugal : place forte sur le rio Côa à une cinquantaine de km au sud-est de Guarda à proximité de la frontière luso-espagnole.
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[107]
Soult devait venir renforcer Masséna avec le 5e corps. Ayant retardé l’exécution des ordres par le siège de Badajoz, place située sur le rio Guadiana à la frontière hispano-portugaise à la même latitude que Lisbonne, Soult avait ainsi compromis sa jonction en temps utile avec l’armée du Portugal, réduite à la dernière extrémité faute de moyens de subsistance.
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[108]
Le lieutenant-général Brent Spencer commandait la 1re division de l’armée anglo-portugaise sous les ordres de Wellington (7 565 hommes).
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[109]
Général anglais, William Carr Beresford (1768-1856) avait été aussi nommé maréchal dans l’armée portugaise, qu’il avait été chargé de réorganiser. En 1810 il avait combattu à Buçaco. En 1811, il commandait une armée anglo-portugaise et espagnole, qui surveillait Badajoz.
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[110]
Águeda : affluent du Douro passant à Ciudad Rodrigo, qui coule du sud vers le nord parallèlement à la frontière hispano-portugaise.
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[111]
Wellington ayant, semble-t-il, deviné le plan de Masséna, ses manœuvres visèrent dès lors à empêcher tout nouvel établissement des Français au Portugal.
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[112]
Préparé par les soins de Masséna et l’intendant général Lambert, aidé par le général Thiébault, gouverneur de Salamanque, le convoi de 1 500 voitures, chargées de blé, de farine, de biscuit et d’eau-de-vie, était destiné à ravitailler Almeida, forteresse défendue par la garnison du général Brenier et bloquée par la VIe division du général Alexander Campbell. Quant aux pièces d’artillerie, elles étaient destinées à suppléer celles de l’armée du Portugal qui étaient démontées.
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[113]
Jean-Jacques Pelé ou Pelet-Clozeau (1777-1858), ingénieur géographe de formation, était un remarquable officier supérieur. Attaché à l’état-major de Masséna depuis 1805, il l’avait suivi en Italie, en Allemagne puis au Portugal. Devenu Premier aide de camp le 11 octobre 1810, il fut nommé colonel six mois plus tard à l’occasion de sa mission à Paris auprès de l’Empereur puis général en 1813.
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[114]
Après Talavera (27-28 juillet 1809), la bataille de Fuentes de Oñoro fut la plus importante de toutes celles qui furent livrées dans la péninsule ibérique.
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[115]
L’Armée du Portugal avait achevé son mouvement de concentration le 26 avril au soir et Wellington, qui en avait été informé le 25 à Badajoz dont il envisageait de commencer le siège, en était revenu rapidement et était arrivé à son quartier général de Villa-Formosa le 28.
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[116]
Jean-Baptiste Solignac (1773-1850), général de division depuis 1808, avait participé aux journées de Brumaire où il avait fait évacuer la salle des Cinq-Cents pour protéger Bonaparte. Destitué à deux reprises (concussion ?), il avait été affecté en 1808 à l’armée de Portugal et s’y était distingué. Il servit dans la péninsule ibérique jusqu’en 1811.
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[117]
Le général de brigade Pierre Watier (ou Wathier), brillant cavalier, s’était illustré durant les campagnes de 1805, 1806 et 1807 en Allemagne et Pologne, avant d’être envoyé en Espagne en 1808. À Fuentes de Oñoro, il commandait la 1re brigade de la réserve de cavalerie sous Montbrun (700 sabres).
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[118]
Louis Lepic (1765-1827), général de brigade, était colonel-major des grenadiers à cheval de la garde impériale. Combattant avec l’armée du Portugal, il n’en restait pas moins sous les ordres de Bessières, colonel général et investi du commandement indépendant du Nord de l’Espagne.
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[119]
Don Julian Sanchez Garcia (1774-1831), dit « El Charro », fut l’un des plus fameux chefs des guerillas d’Espagne, où il est un héros de la « Guerre d’Indépendance ». Il était natif des environs de Ciudad Rodrigo, où un monument est érigé à sa mémoire. Cet ancien soldat du régiment d’infanterie de Majorque, se lança en 1808 dans la lutte contre les Français, sous les coups desquels, dit-on, avaient été tués son père, sa mère et l’une de ses sœurs. Rassemblant un groupe de partisans, il rejoignit les rangs de l’armée britannique, où le duc del Parque le nomma commandant du régiment de cavalerie des Volontaires de Ciudad Rodrigo. Il combattit sans interruption dans sa région natale tantôt au côté des Britanniques tantôt indépendamment, forçant l’admiration de tous, y compris de ses ennemis, par sa bravoure et son sens tactique. « Toujours intrépide et toujours infatigable », dit Thiébault dans ses Mémoires (T. IV, p. 534). En 1811, il combattait au sein de l’armée anglaise à Fuentes de Oñoro à la tête d’une brigade composée du 1er régiment de Lanciers de Castille et de deux bataillons d’infanterie.
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[120]
Nave de Haver, ou Nave-de-Avel ainsi que cela est orthographié dans le manuscrit de Victor Oudinot, est un village, où il y eut de violents affrontements, situé à une douzaine de km au sud de Fuentes de Oñoro.
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[121]
Le général Robert Craufurd (Crawford ou Crawfurd) commandait la division légère britannique, qui était appuyée par la cavalerie du lieutenant-général Sir Stapleton Cotton (près de 1 900 sabres). Craufurd fut tué à Ciudad Rodrigo deux ans plus tard, lorsque les Britanniques reprirent cette place.
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[122]
Castelo Bom : fort portugais proche de la frontière sur la route de Ciudad Rodrigo à Guarda, à l’embranchement menant à Almeida.
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[123]
Dos Casas : torrent encaissé, qui est un affluent de l’Águeda, coulant du sud au nord et passant en contrebas de Fentes de Oñoro.
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[124]
La Alameda de Gardon : village espagnol situé à une vingtaine de km au nord-ouest de Ciudad Rodrigo, à mi-distance de la forteresse d’Almeida.
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[125]
Gallegos de Argañán : village espagnol à une quinzaine de km au nord-ouest de Ciudad Rodrigo.
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[126]
Poço Velho ou Pozzo-Velho ainsi que cela était orthographié auparavant : village à 6 km au sud de Fuentes de Oñoro, à mi-distance de Nave de Haver.
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[127]
Le général de brigade François Fournier-Sarlovèze (1773-1827), « le plus mauvais sujet de la grande armée », était aussi connu pour ses frasques, son insubordination et ses abus de pouvoir que pour son intrépidité insensée. En Espagne, où il fut affecté en 1808, ce sabreur exceptionnel, cavalier remarquable, d’une extrême témérité, avait été surnommé el Demonio par les guerrilleros qu’il pourchassait un peu partout. À Fuentes de Oñoro, où il fut éblouissant, il commandait la 2e brigade de la réserve de cavalerie sous Montbrun.
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[128]
Affluent de l’Águeda, qui est lui-même un affluent de la rive gauche du Douro, le rio Turones en espagnol, ou rio Tour ?es en portugais, prend sa source à quelques km au sud de Nave de Haver, qu’il contourne par l’ouest, puis continue vers le nord en constituant la frontière à partir de Fuentes de Oñoro.
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[129]
Louis-Achille-Hyppolite Tourteau de Septeuil (1787-1861), capitaine des Dragons, était un aristocrate normand, dont l’épouse, Pauline Le Roy de Mondreville, était une grande amie de Pauline Bonaparte (1780-1825), remariée au prince Camille Borghèse en 1803 par Napoléon. Il fut l’un des nombreux amants de cette dernière, ce qui lui avait valu d’être éloigné au Portugal par l’Empereur. À son propos la duchesse d’Abrantès écrivit : « Je ferai voir combien il est dangereux d’aimer des princesses ; témoin M. de Canouville, qui y perdit la tête ; M. de F …, qui fut exilé ; M. le duc d’Abrantès, qui fut également exilé ; [ …] M. de Septeuil perdit plus tard une de ses jambes, parce qu’il ne pouvait pas aimer la princesse Borghèse », Mémoires de la duchesse d’Abrantès, T. VI, p. 378.
-
[130]
Le Capitaine des Dragons Bréqueville se trouvait être de service dans l’un des escadrons chargés du maintien de l’ordre lors des émeutes fomentées à l’encontre de Louis-Philippe par les Républicains, le 5 juin 1832, à l’occasion des obsèques du général Lamarque ; il fut blessé lors d’affrontements au pont d’Austerlitz. La « triste célébrité » à laquelle fait allusion Victor Oudinot traduit, en fait, sa désapprobation à l’encontre de la Monarchie de Juillet qu’il estimait illégitime.
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[131]
Le major-général Houston commandait la VIIe division britannique.
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[132]
Cf. Mémoires de Masséna, rédigés par le général Koch, T. VII, p. 537.
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[133]
Cf. Mémoires de Masséna, rédigés par le général Koch, T. VII, p. 538 :
« - Où est la cavalerie de la garde ?
« - Prince, répond ce jeune officier, je n’ai pu l’enlever.
« - Comment ?
« - Le général Lepic m’a déclaré qu’il ne reconnaissait ici que le duc d’Istrie et qu’il ne tirerait pas le sabre du fourreau sans son ordre ». -
[134]
Le général de brigade Antoine-François Brenier de Montmorand (1787-1832) avait commencé sa carrière comme cadet dans l’armée d’Espagne en 1781, avant de la poursuivre dans l’armée royale puis celles de la Révolution et de l’Empire. Affecté au Portugal en 1808, blessé et fait prisonnier à Vimeiro, échangé en 1809, il était gouverneur d’Almeida en 1811. Napoléon, ayant apprécié son comportement dans cette affaire, le nomma général de division.
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[135]
Le major-général Alexander Campbell commandait la VIe division (5 250 hommes).
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[136]
Le brigadier-général Pack commandait une brigade portugaise indépendante.
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[137]
Le lieutenant-général Sir Stapleton Cotton commandait la cavalerie, constituée de deux brigades britanniques et de la brigade portugaise Barbacena.
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[138]
Villar de Ciervo : village espagnol situé à une quinzaine de km à l’est d’Almeida.
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[139]
Auguste-Frédéric-Louis Viesse de Marmont (1774-1812), maréchal, duc de Raguse, succéda à Masséna à la tête de l’armée de Portugal. Étroitement surveillé par Berthier, major général, Marmont ne put mettre en pratique les quelques idées qu’il avait pour tenter de verrouiller la frontière à défaut d’envahir le Portugal, où il ne réussit guère à pénétrer qu’au printemps 1812 mais sans s’avancer beaucoup à l’intérieur du pays. Néanmoins, l’habileté avec laquelle il manœuvra est reconnue de tous, même s’il fut finalement battu par Wellington, le 22 juillet 1812, à la bataille des Arapiles, appelée aussi bataille de Salamanque, où il commit une erreur tactique. Napoléon, mécontent de cette défaite, ordonna à Clarke, ministre de la Guerre, de mener une enquête et d’interroger Marmont.
I – Présentation
1Le mardi 2 décembre 1851, le général Victor Oudinot, duc de Reggio, fut arrêté par les soldats du 6e bataillon de Chasseurs et enfermé à la caserne du Quai d’Orsay, aujourd’hui disparue, avant d’être transféré au Mont Valérien. Le matin même, les murs de Paris s’étaient couverts de proclamations du Prince-président, Louis-Napoléon, annonçant son intention de restaurer « le système créé par le Premier Consul ». Le préfet de Paris ayant fait évacuer la Chambre des Députés, deux –cent cinquante d’entre eux, dont le général Oudinot de Reggio qui était député de Saumur, s’étaient réunis à la mairie du Xe arrondissement pour dénoncer ce coup d’État et voter la déchéance du président Louis-Napoléon. Tandis que les soldats du général Forey entouraient déjà la mairie, Victor Oudinot de Reggio fut investi du commandement de la 1re Division militaire et de la Garde nationale, commandement qu’il accepta sans se faire d’illusion et bien inutilement d’ailleurs puisqu’il n’avait pas de troupes … C’est alors qu’avec nombre de membres de l’Assemblée, dont Odilon Barrot, Rémusat, Berryer, Falloux et bien d’autres, il fut arrêté et incarcéré au Mont Valérien.
2Une dizaine de jours plus tard, il fut libéré avec ses compagnons d’infortune après avoir appris que le général Vaillant avait reçu le bâton de maréchal qui aurait dû lui être remis le 11 décembre. Meurtri et amer, il renonça à la vie politique et se retira parmi les siens au terme d’une longue carrière militaire brusquement interrompue. Celle-ci avait commencé très tôt. En 1799, son père Nicolas-Charles Oudinot, n’envisageant pas d’autre carrière que le cursus militaire pour s – –tttes fils, l’avait inscrit au nombre des Guides du maréchal Masséna, dont il était alors le chef d’état-major. C’est ainsi que Victor Oudinot assista à la sanglante et glorieuse bataille de Zurich, alors qu’il n’avait pas encore huit ans … Né le 3 novembre 1791 à Bar-le-Duc, il était entré au Prytanée militaire de Saint-Cyr à la fin de 1802, puis à la Maison des Pages de l’Empereur le 25 décembre 1805, à l’âge de quatorze ans. Devenu Premier page à l’issue du congrès d’Erfurt, c’est en cette qualité qu’il accompagna l’Empereur durant la campagne de 1809. Nommé lieutenant au 5e Hussards après Wagram, il fut détaché le 12 juillet 1810 comme aide de camp auprès de Masséna, commandant en chef de l’armée de Portugal, qui était l’un des plus proches compagnons d’armes de son père. Il avait alors dix-huit ans.
3Après la campagne du Portugal aux côtés de Masséna, à laquelle est consacré cet extrait de ses Souvenirs, il fut nommé lieutenant en premier aux Chasseurs à cheval de la Garde et fit les dernières campagnes de l’Empire au sein de la Grande armée : campagne de Russie, campagne de Saxe et campagne de France. À Fontainebleau, à la veille de son abdication Napoléon remit au maréchal Oudinot un brevet de chef d’escadron pour son fils, qui fut confirmé dans le grade de colonel le 27 avril 1814 par la monarchie restaurée. Il poursuivit sa carrière militaire sous les Bourbons et, en 1824, le cavalier passionné qu’il était, se vit confier la tâche de restaurer l’école de cavalerie de Saumur. Comme son père, il ne souhaita pas servir la Monarchie de Juillet qu’il considérait comme illégitime. C’est alors qu’il s’engagea dans la vie politique. Élu député de Saumur en 1842 et 1846, il siégea dans les rangs de l’opposition modérée jusqu’à la Révolution de 1848, à la suite de laquelle il fut membre de l’Assemblée constituante et ensuite de l’Assemblée législative en tant que député de la Meuse.
4Nommé par le gouvernement provisoire à la commission de défense nationale, il reçut en 1848 le commandement en chef de l’armée des Alpes, puis, l’année suivante, celui du corps expéditionnaire de la Méditerranée. Rappelé en France après le rétablissement du Pape à Rome, il retrouva son siège à l’Assemblée législative, où le « surprit » le coup d’État du 2 décembre 1851.
5Du fond de sa retraite, une dizaine d’années plus tard, il entreprit de rédiger ses Mémoires alors qu’il avait soixante-dix ans. Sa mort, survenue le 7 juillet 1863, l’empêcha de leur donner une forme définitive et de les poursuivre au-delà de 1814, même s’il a laissé, par ailleurs, abondance de notes et de documents sur le siège de Rome. À la fin du siècle, ses manuscrits furent confiés au commandant Grandin, historien militaire prolifique, qui entreprit de les collationner en vue d’une publication comme il le fit également d’autres manuscrits, tels Les carnets de campagne du commandant Giraud. Ce travail, qui manifestement ne fut pas mené à son terme puisque les Souvenirs ne furent pas publiés, fut repris en 1930 par son arrière-petits-fils, Henri Oudinot de Reggio. Cette mise au net, qui n’a pas abouti non plus à une publication, n’en fut pas moins très utile car les manuscrits du général Victor Oudinot sont souvent difficiles à déchiffrer. Certains feuillets, déjà écrits, ont été réutilisés transversalement. Par ailleurs, il existe parfois plusieurs variantes d’un même épisode, ce qui, au demeurant, n’altère pas la teneur d’ensemble car il s’agit de détails plus développés ici ou là ou bien de considérations a posteriori du commandant en chef qu’a été l’auteur. C’est la version la plus synthétique qui a été généralement retenue ici ainsi que la rédaction originale lorsque certains passages avaient fait l’objet d’une réécriture par le commandant Grandin, comme ce fut le cas d’un extrait du récit de la campagne du Portugal publié dans La Nouvelle Revue en 1896 (Paris, tome cent deuxième). Par ailleurs, des sous-titres en italique ont été ajoutés pour souligner la structure du récit et en faciliter la lecture. Enfin, c’est l’orthographe actuelle des noms de lieu qui a été retenue.
6S’agissant de la campagne du Portugal que Victor Oudinot a donc faite en qualité d’aide de camp de Masséna, il s’est manifestement appuyé pour les récits de batailles sur l’ouvrage du général Koch, Mémoires d’André Masséna, duc de Rivoli, prince d’Essling, maréchal d’Empire, rédigés d’après les documents qu’il a laissés et ceux du dépôt de la guerre et du dépôt des fortifications, recueillis par le général Koch, qui avaient été publiés deux décennies auparavant. Il y fait même quelques emprunts textuels qui ne sont pas signalés dans son manuscrit. Il s’est appuyé aussi sur l’Histoire du Consulat et de l’Empire d’Adolphe Thiers, publiée quelques années avant qu’il ait entrepris la rédaction de ses Souvenirs. C’est à juste titre que ceux-ci portent le titre de Souvenirs intimes et militaires car au récit des opérations militaires, dont sa position auprès de Masséna lui avait permis d’avoir une vue d’ensemble au Portugal, s’ajoutent des anecdotes personnelles ainsi que des considérations plus générales de l’auteur, devenu depuis lors l’un des chefs des armées françaises. La passion pour le cheval, qu’a conservé jusqu’à la fin de sa vie celui qui fut l’un des théoriciens de la cavalerie militaire à cette époque, transparaît aussi en plusieurs occasions. Par exemple, lorsqu’il évoque la belle monture dont il avait fait l’acquisition pour rejoindre Masséna au Portugal ou bien les charges d’un Laferrière-Lévesque, d’un Fournier-Sarlovèze ou encore d’un Montbrun à Fuentes de Oñoro.
Pour resituer ce récit de la campagne du Portugal, qui fut la troisième expédition des armées impériales dans ce pays, il faut en rappeler l’arrière-plan. Les relations franco-portugaises furent détestables tout au long du XVIIIe siècle, depuis le fameux traité anglo-portugais de Methuen de 1703 qui avait fait du Portugal un État vassal de la Grande-Bretagne. La Révolution française, où avait même été envisagée une expédition contre le Portugal, engendra des tensions supplémentaires. Sous le Consulat, les relations se normalisèrent en apparence avec la signature d’un traité le 29 septembre 1801, à la suite duquel le général Lannes fut nommé ministre de France à Lisbonne. À Lannes succéda Junot, qui arriva à Lisbonne en avril 1805 avec le titre d’ambassadeur et des instructions rigoureuses de Napoléon : imposer au Portugal une politique anti-anglaise pour amener l’Angleterre à traiter et obtenir la fermeture des ports portugais aux Anglais. C’était là une illusion qui traduisait une méconnaissance totale de la dépendance où se trouvait le Portugal vis-à-vis de l’Angleterre. La British Navy contrôlait l’accès du Portugal à son empire colonial, plus particulièrement au Brésil, d’où provenait l’or qui avait assuré indirectement une grande partie du financement de la révolution industrielle de l’Angleterre, dont le Portugal était devenu complètement dépendant pour ses échanges. La politique française se radicalisa encore après le décret de Berlin du 21 novembre 1806 instaurant le blocus continental par lequel l’Empereur escomptait fermer durablement tous les ports européens au commerce
britannique, y compris ceux du Portugal qui se trouva placé dans
une situation impossible : soit il cédait à Napoléon et perdait son empire colonial, soit il refusait et s’exposait à être envahi par les troupes françaises.
7Pour arriver à ses fins, Napoléon reprit une idée qu’il avait déjà esquissée en 1801 : faire plier le Portugal avec l’appui de l’Espagne. Dans ce but, le 29 octobre 1807 il conclut avec cette dernière le traité de Fontainebleau par lequel les troupes françaises obtenaient le libre passage en Espagne pour envahir le Portugal, dont le dépeçage était prévu. Trois expéditions furent entreprises, qui toutes trois se soldèrent par un échec, d’autant qu’entre temps la situation en Espagne avait radicalement changé :
- En 1807, le 20 novembre Junot pénétra au Portugal à la tête d’un corps d’armée de 26 000 hommes et entra dans la capitale portugaise le 30, après une marche rapide mais très difficile, laissant beaucoup de traînards derrière lui de sorte qu’il n’arriva qu’avec 1 500 soldats à Lisbonne. Le prince régent, Don João, futur João VI, qui gouvernait depuis que sa mère avait perdu la raison, venait de quitter sa capitale dans un désordre inouï pour gagner le Brésil avec sa famille et ses trésors. Les bouleversements survenus en Espagne, où le frère aîné de Napoléon, Joseph, fut mis sur le trône le 7 juin 1808 tandis que la nation espagnole grondait contre l’envahisseur français, modifièrent ensuite du tout au tout le contexte au Portugal. Les Anglais réussirent à débarquer en août 1808, contraignant Junot à capituler à Sintra, et installèrent alors dans la capitale un conseil de régence dont ils furent les maîtres. Le général Beresford prit la tête de l’armée portugaise puis les rênes du gouvernement, qu’il ne devait lâcher que devant le soulèvement des Portugais en 1820 !
- En 1809, Napoléon chargea Soult d’une nouvelle expédition qui partit de La Corogne et ne parvint pas à Lisbonne. Au demeurant, les ordres de l’Empereur restaient imprécis. Il s’agissait de s’emparer de Porto pour favoriser ensuite la conquête de l’Andalousie. Bien des facteurs ont contribué à cet échec, ainsi que l’a souligné notamment Nicole Gotteri : une préparation hâtive, une saison mal choisie, une méconnaissance du pays et de ses réalités humaines, un corps d’armée travaillé par le défaitisme, l’indiscipline et les dispositions à la trahison d’officiers généraux, enfin le détournement par le roi Joseph des deux armées qui devaient appuyer son opération … Soult réussit partiellement à concilier à la France une partie des populations du Nord comme cela lui avait été prescrit, mais il ne put dépasser Porto, ville toute acquise aux Anglais.
- En 1810, entendant parvenir à ses fins l’Empereur décida de confier le commandement d’une nouvelle expédition au maréchal Masséna, duc de Rivoli, prince d’Essling (1758-1817), l’un des rares maréchaux qui était un véritable stratège et dont il reconnaissait le talent. Cet ancien mousse, qui avait servi quatorze ans dans l’armée royale, avait connu une fulgurante ascension à la suite de la Révolution et était devenu général de division en 1793. Ensuite, la campagne d’Italie aux côtés de Bonaparte, les admirables opérations de la campagne d’Helvétie, l’héroïque défense de Gênes et les fameuses journées d’Essling et Wagram avaient été les étapes les plus éclatantes de sa glorieuse carrière. Napoléon avait, d’ailleurs, plus d’estime que d’amitié pour ce chef militaire, qui, républicain convaincu, s’était initialement montré hostile à sa marche vers le pouvoir absolu.
9Pour convaincre Masséna, Napoléon se porta garant de l’obéissance de ses subordonnés, l’assura qu’il aurait tous les pouvoirs, les troupes et les moyens nécessaires, gonfla artificiellement l’importance de ses effectifs, minimisa ceux des adversaires et usa de toutes les flatteries. « Qui pourrais-je envoyer en Portugal pour rétablir mes affaires compromises par des maladroits, sinon celui qui les a toujours réparées ? Est-ce que vous n’êtes pas l’homme des circonstances difficiles, des cas désespérés ? Et vous iriez me faire défaut quand vous seul pouvez me sortir d’embarras ? » (Mémoires de Masséna, par le général Koch, T. VI).
10À son corps défendant Masséna, qui, à cinquante-deux ans, n’entendait pas compromettre sa renommée dans une guerre dont il ne se dissimulait pas les pièges, finit par accepter en obtenant de pouvoir choisir son entourage. Notamment, il n’emmena pas moins de onze aides de camp, au nombre desquels son propre fils et Victor Oudinot. Il quitta Paris le 29 avril 1810, atteignit Vitoria le 6 mai et quelques jours plus tard Salamanque, où il avait fixé son quartier général. Il fut tout de suite accueilli avec prévention. On affecta de le trouver « vieilli » et ce mot circula avec complaisance.
11L’armée du Portugal placée sous ses ordres comportait trois corps : le 6e corps, sous le commandement de Ney, était formé des divisions d’infanterie Marchand, Mermet et Loison et de la division de cavalerie Lorcet ; le 8e, sous Junot, était constitué des deux divisions d’infanterie Clauzel et Solignac et des deux brigades de cavalerie Treilhard et Sainte-Croix ; le 2e corps, ancien corps de Soult, commandé par Reynier, était formé des deux divisions d’infanterie Merle et Heudelet et de deux divisions de cavalerie. Il était entendu que ces trois corps d’armée seraient complétés par d’autres forces. Suivant les promesses de l’Empereur, devaient s’y ajouter une division de cavalerie sous les ordres du général Montbrun, un contingent de 20 000 hommes de la Jeune Garde et, enfin, un corps d’armée commandé par Drouet d’Erlon, le 9e corps.
12Napoléon avait parlé à Masséna de 80 000 hommes. En fait, il n’en eut, au plus, que 66 000, dont 50 000 à 55 000 seulement disponibles. Adolphe Thiers souligne cet écart dans son Histoire du Consulat et de l’Empire (T. XII). L’effectif du 6e corps du maréchal Ney, qui aurait dû être de 27 808 hommes après l’adjonction de la division Loison, en comptait, au plus, 24 000 ; le 8e corps de Junot, qui avait dû en totaliser initialement 40 000, n’en avait plus guère que 17 000 après l’envoi de bien des détachements à d’autres corps ; enfin, le 2e corps de Reynier, qui devait se joindre à l’armée de Portugal, n’en comptait que 14 000 au lieu des 16 228 annoncés. Mais l’insuffisance des effectifs n’était rien à côté des désaccords, sinon même des conflits, entre chefs des armées et de l’indiscipline des chefs de corps. Bien évidemment, les Souvenirs de Victor Oudinot ne manquent pas de mettre en évidence ces dysfonctionnements dont il a été un témoin direct et qui ont été l’une des causes essentielles de l’échec des armées impériales dans la péninsule ibérique.
Enfin, Masséna, s’il était le commandement en chef de l’armée du Portugal, restait étroitement soumis aux ordres de l’Empereur, dont la méconnaissance de la géographie, de l’histoire, bref des réalités du Portugal, l’entraîna dans des projets irréalistes, qui sont fondamentalement à l’origine de l’échec de cette troisième expédition comme des précédentes.
L’annonce de l’arrivée de « l’enfant chéri de la victoire » plongea les garnisons du nord de l’Espagne dans l’effroi et renforça l’attentisme et la prudence d’Arthur Wellesley (1769-1852), le commandant en chef des troupes britanniques au Portugal, devenu ensuite duc de Wellington. Ce dernier, qui avait combattu aux Pays-Bas, aux Indes et au Danemark, avait été envoyé au Portugal en 1808 et devait guerroyer dans la péninsule ibérique jusqu’en 1813-1814, avant de connaître la gloire comme vainqueur de Napoléon à Waterloo. En 1810, il était très loin d’avoir l’expérience et la renommée de Masséna, mais il avait obtenu que son autorité comme maréchal général du
Portugal, titre qu’il s’était fait conféré par la famille royale en exil, soit indépendante et absolue. Il avait ainsi tout pouvoir sur l’armée régulière, les milices ainsi que les ordenanzas et même la population civile.
Entendant éviter toute rencontre frontale avec les troupes françaises, Wellington, dont la qualité maîtresse, outre la clairvoyance, était la prudence, appliqua une tactique systématique de terre brûlée imposée aux populations portugaises sous peine de mort. Adossé à la mer, dont les Anglais restaient maîtres, reculant devant Masséna, il l’entraîna jusqu’à la péninsule de Lisbonne, qu’il avait protégée par de formidables lignes de défense s’étendant de l’Atlantique jusqu’au Tage. Masséna et Napoléon en connaissaient à peine l’existence, ce qui traduit l’impréparation de ces opérations. À l’abri de ces lignes de Torres Vedras, bien ravitaillées par la Navy, les forces de Welllington, qui comprenaient une armée anglaise de 30 000 hommes et une armée portugaise de 40 000 hommes, formés à la guerre depuis deux ans et commandés par des officiers anglais, escomptaient affamer et épuiser les troupes françaises stationnées dans des territoires dévastés et harcelées par des milices, commandées par des officiers anglais comme le major Trant, destiné à une triste célébrité.
Face au repli de Wellington, l’avancée rapide de Masséna jusqu’aux abords de Lisbonne où il buta sur les lignes de défense de Torres Vedras, constitue ainsi la première phase de cette troisième expédition au Portugal. La seconde en fut la retraite à laquelle fut contraint le prince d’Essling, qui, dans un premier temps, envisagea d’établir une ligne de défense sur le Mondego, puis dans un second temps décida de se replier vers l’Espagne, avant d’esquisser, dans un troisième temps, une nouvelle tentative d’avancée vers Lisbonne par le Tage, tentative rapidement abandonnée. La bataille de Fuentes de Oñoro (3-5 mai 1811) à la frontière hispano-portugaise, qui, après Talavera en 1809, fut la plus importante de toutes celles qui furent livrées dans la péninsule ibérique, marqua la fin de cette expédition et le rappel en France de Masséna, auquel la victoire avait échappée de bien peu. Victor Oudinot rentra avec lui avant de partir quelques mois plus tard à l’autre extrémité de l’Europe avec la Grande Armée, en Russie.
II – Souvenirs intimes et militaires du Général Victor Oudinot, duc de Reggio : campagnes de Portugal : 1810 et 1811
13Le 12 juillet [1810] je fus nommé aide de camp du maréchal [Masséna], prince d’Essling ; sans retard, je partis en poste pour Bayonne accompagné des vœux de Monsieur Hoüard [1] chez lequel j’étais logé rue Vivienne. Ses recommandations furent aussi fermes que paternelles : « Sans doute, me dit-il, le nom d’Oudinot [2] est inséparable de celui de bravoure, mais il ne commande pas une témérité irréfléchie ; mettez donc au nombre de vos devoirs l’alliance du courage et de la prudence ».
14Masséna, ayant pour adversaire Wellington, commandait en chef l’armée du Portugal, composée de trois corps d’armée aux ordres de Ney [3], de Junot [4] et de Reynier [5]. L’effectif général de l’armée s’élevait à 50 000 combattants [6].
15Le 28 mai, le maréchal Masséna était arrivé à Salamanque et, le 30 du même mois, le maréchal Ney préludait aux premières opérations du siège de Ciudad Rodrigo [7]. Cette place, clef de la vieille Castille, servait, de ce côté, de point d’appui aux Espagnols pour les secours qu’ils tiraient du Portugal, de la Galice [8] et de l’Estrémadure [9] ; elle offrait, de plus, aux Anglais établis sur la Côa [10] une bonne place d’armes pour leur offensive sur Salamanque et dans les plaines de Castille. Elle avait donc pour les armées belligérantes une grande importance. Rien ne manquait à son armement. Elle comptait 86 pièces d’artillerie sur les remparts. La garnison, forte de 5 000 soldats aguerris, était soutenue à l’extérieur par une division anglaise et une division espagnole. C’était donc une rude entreprise qu’un tel siège à 200 lieues de la France, dans un pays entièrement soulevé, où les armées espagnoles n’avaient rien laissé. Mais la vaillance de nos soldats était à la hauteur des obstacles. Après 24 jours de siège, l’un des derniers remparts de l’insurrection espagnole tomba en présence des Anglais. J’eus le regret de ne pouvoir prendre part à ce grave événement.
A – Traversée romanesque de l’Espagne (15 juillet-15 août 1810)
16Tout Français qui se serait alors hasardé à pénétrer en Espagne sans une forte escorte aurait infailliblement été au-devant de la mort. Arrivé à Bayonne le 15 juillet, j’y achetai de suite un bon cheval et j’eus la bonne chance d’en partir immédiatement avec une colonne mobile composée de détachements de différents corps. Elle conduisait à l’armée plusieurs caissons du Trésor, auxquels s’étaient réunies quelques voitures particulières. Le quatrième jour de marche nous étions près de Vitoria [11] dans une route encaissée et sinueuse au milieu de la montagne de Salinas [12], quand, fatigué de la marche lente et difficile du convoi, je mis pied à terre et je poursuivis ainsi mon chemin à la tête de la colonne et très rapproché de l’avant-garde. Presque à la même hauteur, marchait une calèche dans laquelle se trouvaient deux femmes dont une, fort jeune, mariée tout récemment à un employé supérieur du Trésor. Elles étaient confiées aux soins d’un parent attaché lui-même à cette administration. Madame La … allait rejoindre à Madrid son mari, dont elle avait été séparée subitement par un ordre de service. Nos âges réunis s’élevaient à 36 ans [13] ; elle était fort jolie et déjà j’avais été attiré vers elle par une bonne grâce et des manières distinguées dont on ne trouve en temps de guerre que de rares exemples. J’ouvris la portière de sa voiture et tenant toujours mon cheval par la bride je lui propose de marcher à pied jusqu’à la sortie du défilé. Elle aussi était ennuyée de l’allure pesante du convoi et après en avoir demandé l’agrément à sa compagne (espèce affaiblie de Mentor) elle accepta la proposition.
17Distraits, joyeux et confiants, nous avions insensiblement dépassé depuis dix minutes l’avant-garde et pour rejoindre le convoi nous nous disposions à rétrograder, lorsque nous entendîmes derrière nous le bruit de plusieurs coups de feu. Que faire ? Nous étions cernés : retourner sur nos pas ou continuer notre route était également dangereux. Dans cette extrémité, nous restons immobiles, rapprochés l’un de l’autre, le regard fixe, désespérés. Bientôt les balles sifflent à nos oreilles ; nous distinguons sur le sommet de la montagne quatre cavaliers, qui, le mousqueton haut, se dirigeaient vers nous. Si j’avais été seul, je n’aurais pas hésité à remonter à cheval et je me serais sans doute fait jour jusqu’à l’avant-garde française. Cette idée vint à ma compagne : inutile d’ajouter qu’elle fut repoussée avec l’énergie d’une âme exaltée. Puis, un regard de profonde sympathie fut simultanément échangé entre la jeune femme et son défenseur.
18Par un hasard providentiel un vieux tronc d’arbre se trouvait près de nous. Le temps en avait rongé l’intérieur et l’écorce entrouverte invitait à y chercher un abri. À peine cet espoir de salut m’apparut-il que, rapide comme l’éclair, j’arrache les pistolets des fontes de ma selle, j’abandonne le cheval et saisissant par le milieu du corps le trésor remis à ma garde, je l’installe dans la citadelle que je suis résolu à défendre jusqu’à la mort. Déjà le combat s’était engagé entre les guérillas [14] et nos éclaireurs, mais les cavaliers ennemis qui, dès le principe s’étaient dirigés sur nous, n’abandonnaient point leur proie. L’un deux arrive au vieil arbre à l’instant même où nous venions d’y pénétrer ; il est immédiatement suivi de ses camarades : « Rends-toi ! me dit en français l’audacieux guerrero [15] ; imite-moi, abandonne les drapeaux de ce Napoléon, oppresseur du monde entier ».
19La balle de mon pistolet, en frappant la tête de sa monture, fut ma seule réponse à ce déserteur et son cheval, étendu au pied de l’arbre, vint en rendre l’accès plus difficile. Aussitôt, le transfuge démonté, apercevant mon cheval à quelques pas de là, s’en empare et j’ai eu le chagrin de le voir maître du brillant coursier sur lequel j’avais fait plus d’un rêve de gloire. Les autres acometedore
s (assaillants) renoncent à une attaque directe de ma place d’armes ; ils établissent sur la hauteur une petite pièce de montagne et parviennent bientôt à mettre le feu au vieux chêne. Déjà les branches rares et desséchées sont consumées et le tronc échauffé menace d’un péril imminent. À ce moment suprême et sur mes instances, Léonie, qui avait supporté avec autant de courage que de sang froid ces cruelles épreuves, sort de sa retraite, à moitié suffoquée par la fumée.
Tout à coup, des cris de « Vive l’Empereur ! » se font entendre. Les guerillas gravissent au galop les montagnes qui bordent la route et, dans le même instant, l’avant-garde française paraît et nous délivre. Nous nous dirigeons à pas précipités vers la colonne française qu’agite un violent tumulte … Un des chasseurs qui en fait partie m’interpelle en ces mots : « Voyez-vous là-bas, lieutenant, dans un fossé le misérable qui a déserté nos rangs ? Je l’ai tué. Il montait votre cheval, je vous le rends et je donne son sabre à qui voudra l’accepter. ». Les paroles sont impuissantes à exprimer quelle fut ma joie. De ce moment jusqu’à l’arrivée à Valladolid, je m’établis à la portière de la voiture de Léonie. Je ne la quittai qu’en vue des divers gîtes et pour aller faire le logement. Je trouvai enfin un charme indéfinissable dans les fonctions de garde du corps que je m’étais assignées. Arrivé à Valladolid, je dus continuer ma route sur Salamanque. Léonie prit celle de Madrid … Aux regrets réciproques de cette séparation, s’ajoutait un triste pressentiment : nous ne devions pas nous revoir !
Ces pénibles adieux n’étaient pas faits pour diminuer mon impatience de rejoindre l’armée de Portugal. Maîtresse de Ciudad Rodrigo, cette armée devait encore pour s’ouvrir la route de Lisbonne, faire le siège d’Almeida, la plus forte place du Portugal [16]. 6 000 soldats ou miliciens portugais formaient la garnison d’Almeida, sous les ordres du colonel anglais William Cox.
B – Siège d’Almeida (15-27 août 1810) et bataille de Buçaco (27 septembre 1810)
20Masséna avait porté son quartier général au fort de la Conception [17]. J’y arrivais le 15 août, jour de la fête de l’Empereur. Les préparatifs du siège d’Almeida se trouvaient à peu près terminés. L’ordre fut donné d’ouvrir la tranchée et les travaux furent continués avec ardeur jusqu’au 26 du même mois. Ce jour-là, à 7 heures du matin, une détonation épouvantable se fit entendre ; deux bombes étaient tombées à la fois sur le grand magasin à poudre du château ; ce fut l’éruption d’un volcan. Les trois quarts des maisons furent détruites ; 500 habitants et un nombre très considérable de soldats de la garnison furent ensevelis sous les ruines. Le lendemain, toute défense étant devenue impossible, la garnison fut obligée de capituler ; elle sortit de la place le 27 avec les honneurs de la guerre et nos troupes en prirent possession après 12 jours de siège.
21La route de Lisbonne étant ainsi ouverte, Masséna commença son mouvement offensif en direction de Coimbra le 15 septembre, se dirigeant à la tête des 6e et 8e corps sur Pinhel et Viseu ; le 2e marcha sur Guarda [18]. L’issue de cette troisième expédition de Portugal ne paraissait douteuse à aucun de nous. D’une part, la renommée de Masséna, « enfant chéri de la victoire », d’une autre, l’inaction de Wellington pendant les deux sièges [Ciudad Rodrigo et Almeida] étaient à nos yeux des gages assurés de succès. Mais la fortune des armes est inconstante, elle commençait à nous retirer ses faveurs et l’on verra bientôt, d’ailleurs, que nous n’avions pas fait à l’imprévu une part assez large.
22En conformité des proclamations du général [Wellington] en date des 2 et 4 août, les habitants fuyaient sous peine de mort à notre approche et laissaient désertes des villes qui avaient été riches et florissantes [19]. Ces violentes mesures nous firent ainsi éprouver de nombreuses privations et nous étions impatients que l’heure du combat vînt y mettre un terme.
23Le 26 septembre, nous rencontrâmes enfin l’ennemi. Dans le but de couvrir Coimbra et la ville de Lisbonne, il prenait position avec toutes ses forces réunies sur le plateau de Buçaco qui s’élève à 300 pieds au-dessus des vallées qui l’entourent [20]. Masséna ordonne l’attaque pour le lendemain. Seuls deux chemins rocailleux conduisaient aux Anglais. Le 6e corps, aux ordres de Ney, attaque par celui de Buçaco, en colonnes profondes et échelonnées. Reynier attaque dans le même ordre par Santo Antonio. Les escarpements rocailleux ne permettaient pas d’autres formations et l’artillerie ne pouvait suivre le mouvement.
24Après avoir culbuté avec leur élan accoutumé la première ligne ennemie établie sur le versant, nos troupes arrivèrent hors d’haleine et un peu en désordre sur le sommet de la montagne. Exposées à la mitraille d’une formidable artillerie et à des feux de bataillons meurtriers, elles furent chargées à leur tour et obligées de redescendre dans la plaine avec des pertes sensibles. Le général Graindorge [21], tué ; Ferey [22], Foy [23] et Simon [24] grièvement blessés ; enfin, 6 000 à 7 000 hommes hors de combat attestent à la fois l’héroïsme de nos soldats et l’impuissance de leurs efforts dans cette journée.
25Masséna se trouvait alors dans une de ces situations qui font peser sur le commandement une immense responsabilité : rester inactif et sans vivres au pied des montagnes, rétrograder en face d’un ennemi victorieux, passer le Mondego [25] pour agir sur la rive gauche quand Wellington pouvait nous y prévenir ; tous ces partis étaient également périlleux. Mais bientôt l’heureuse étoile du héros de Zurich et d’Essling allait de nouveau luire. Quelques jours après, une reconnaissance conduite par le général de cavalerie Sainte-Croix [26] rencontra par hasard un paysan qui lui indiqua un chemin non gardé, à deux lieux de celui dont nous avions si témérairement disputé la possession, et qui menait à Coimbra par Cima et Scarda. La défense de ce poste était assignée au corps portugais de Grant [27] qui n’y était point arrivé, soit que les ordres aient été mal donnés, soit qu’ils aient été mal compris.
26Masséna n’hésite point à prendre le chemin. Ce mouvement de flanc exécuté avec audace entre l’armée ennemie et la mer se termina sans obstacle. Wellington, qui pouvait nous assaillir sur tous les points lors de cette marche faite processionnellement, embarrassée par de nombreux blessés, nous laissa rejoindre la route de Lisbonne, où il trouva, en revanche, des chances de succès dont nous n’avions encore aucun pressentiment. Quoi qu’il en soit, l’ennemi évacua Coimbra à notre approche. Les gouvernements de France et d’Angleterre se proclamèrent hautement vainqueurs à Buçaco. La vérité est que, dans cette bataille violente et indécise, deux chefs d’armée, justement illustrés, ont l’un et l’autre commis des fautes qui rendirent la victoire équivoque, tant est difficile l’art de la guerre.
27Qu’il me soit permis de rappeler ici un petit incident personnel, dont le récit a dû céder la priorité à l’événement capital. Après avoir reconnu avec Ney et Reynier, le 25 septembre, les positions de l’ennemi et leur avoir donné pour le lendemain des instructions détaillées, le prince d’Essling s’était retiré vers 11 heures du soir à son quartier général établi à deux lieues en arrière. En congédiant ses officiers, il leur recommanda de passer la nuit dans les maisons voisines et d’être à cheval le lendemain, à 4 heures du matin. J’allai me coucher avec un dragon d’ordonnance dans l’écurie la plus rapprochée, bien résolu à être très exact au rendez-vous. Au milieu d’une nuit fort obscure, j’entends passer l’escorte du général en chef. Le maréchal s’approchant de moi m’interpelle en ces mots : « Eh ! quoi, mon cher Victor, dormir au moment de la bataille ? … Je ne reconnais pas là le fils du maréchal Oudinot … Viens me rejoindre sans retard … ».
28Ainsi réveillé en sursaut, je bride soudain mon cheval, je le monte et, au milieu des corps de toutes armes, je franchis rapidement les deux lieues qui me séparaient du maréchal Ney. Arrivé à son quartier général, je n’hésite point à l’éveiller. « Le prince d’Essling, lui dis-je avec assurance, est déjà sur le terrain ; il est surpris sans doute de ne pas vous y trouver. – C’est inconcevable, répond le maréchal ; sa montre est donc en avance ? Il n’est que 3 heures et nous étions convenus de laisser reposer les troupes jusqu’à 5 heures. ». Toutefois, le duc d’Elchingen se porte sur le front de bataille ; son apparition prématurée occasionne une alerte, à la suite de laquelle des coups de feu sont échangés entre les tirailleurs. Sur ces entrefaites survient Masséna. Étonné de trouver l’armée sur pied avant l’heure convenue, il en demande, sur le ton du reproche, l’explication au maréchal. Celui-ci répond avec une sorte de brusquerie : « Prenez-vous-en, Prince, à votre aide de camp, il a seul le mot de l’énigme ».
On me fait comparaître et je soutiens en présence des deux états-majors réunis, que j’ai exécuté les ordres directs et formels du général en chef. Voyant ma conviction inébranlable, Masséna mit fin avec bonté à ce débat par le mot : Somnambule ! Somnambulisme apparent, sans doute, mais qui, en fait, n’a point existé. Je me suis endormi sous l’impression d’une ardeur belliqueuse toute juvénile. J’ai eu en songe avec le Prince un rapide entretien qui est passé dans mon esprit à l’état de réalité. L’erreur n’ayant point cessé avec le rêve, j’ai poursuivi dans la plénitude de mes facultés le but auquel mon honneur semblait intéressé, mêlant rêve et réalité.
Des escarmouches étaient encore engagées entre les éclaireurs des deux armées lorsque je fus envoyé par le général en chef à Coimbra à l’effet de donner aux Anglais l’assurance que leurs blessés y recevraient les mêmes soins que les nôtres. La ville de Coimbra, dont la population s’élève à 15 000 âmes, était comme celle de Viseu entièrement abandonnée par ses habitants. Elle renferme un grand nombre de collèges et de monastères [28], qu’en vertu de ma mission humanitaire je fis mettre à la disposition des
officiers de santé pour le service des
hôpitaux.
En qualité de parlementaire, je fus conduit tout de suite au Palais épiscopal. J’y trouvai un brillant officier d’état-major qui se disposait à entrer en pourparlers avec nous sur le même sujet. L’intimité s’établit vite entre gens de guerre qu’une trêve momentanée réunit éventuellement. Les meilleurs rapports ne tardèrent donc pas à exister entre l’aide de camp de Wellington et moi. Quand il fallut nous séparer, présomptueux comme on l’est au jeune âge, je le priai de me considérer comme son correspondant à Lisbonne quand les Anglais nous auraient cédé la place. Il me répondit avec finesse et réserve : « En toute chose, il faut considérer la fin. » Si j’en crois mes souvenirs, l’officier qui m’a donné cet avis judicieux était James Henry FitzRoy Somerset, devenu depuis le célèbre Lord Raglan [29]. Cette maxime de notre bon La Fontaine était à la fois un enseignement et un pronostic. Je n’en compris l’application que quelques jours après.
C – Stoppé par les formidables lignes de défense de Torres Vedras (octobre 1810)
29L’Empereur avait entrepris cette troisième expédition de Portugal sans connaître l’existence des formidables lignes de Torres Vedras, qui couvraient Lisbonne [30]. Masséna, qui allait se heurter contre elles, n’en eut la première révélation qu’à Leiria [31].
30Une fois sur les lieux, au milieu d’une contrée fanatisée et ravagée par le fer et le feu, il lui fut impossible de trouver des espions et il ne pût obtenir qu’un très faible concours du petit nombre d’officiers portugais de la légion d’Alorna [32] restés fidèles à notre cause. Les prisonniers eux-mêmes qui, lorsqu’ils sont interrogés avec adresse, fournissent habituellement d’utiles renseignements, ne donnèrent à l’armée expéditionnaire que des renseignements très imparfaits sur les travaux auxquels ils avaient été étrangers pour la plupart.
31Aussi, en arrivant le 11 octobre devant Alhandra [33] et Sobral [34], l’armée pleine d’ardeur et de confiance, convaincue de sa supériorité sur les Anglais, brûlant de se mesurer avec eux, fut-elle cruellement déçue dans son attente quand elle vit l’ennemi abrité derrière de formidables remparts, édifiés durant dix mois de travaux. Grande fut surtout la déception du général en chef. Justement fier de ses vaillants soldats, il comptait sur une bataille pour brusquer le dénouement d’une campagne dont son patriotisme et ses pressentiments personnels redoutaient la prolongation. Toutefois, la prudence chez Masséna s’alliait à l’énergie ; avant de prendre un parti définitif, il assigna à ses divers corps des positions provisoires et voulut reconnaître par ses propres yeux les retranchements dont il se reprochait de n’avoir pas prévu l’existence. Il consacra huit jours à faire cette reconnaissance sur l’un et l’autre versant.
32Le 16, appuyé sur un petit mur, il observait avec une longue-vue une batterie anglaise placée au-dessus de lui, lorsqu’il fut reconnu par les officiers qui la commandaient. En faisant feu de toutes pièces, ils auraient pu atteindre l’illustre guerrier qui, par un bonheur providentiel, n’avait jamais été blessé ; il leur était facile surtout de cribler de mitrailles le groupe d’officiers d’état-major dont je faisais partie. Ils lancèrent un seul boulet avec tant de précision que le mur sur lequel était appuyé le maréchal fut renversé. Masséna, appréciant la courtoisie de cet avertissement, salua la batterie et se retira. Le procédé était trop chevaleresque pour rester isolé. Contrairement à de récents et néfastes actes réprouvés par la civilisation, les Français faits prisonniers dans la dernière campagne de Portugal furent traités avec les égards dont nous donnions depuis longtemps l’exemple à nos adversaires. Tous les boulets, d’ailleurs, n’étaient pas également inoffensifs. L’un d’eux, parti des rives du Tage vint frapper à mort, en face de Vila Franca [35], le général Sainte-Croix auquel le plus brillant avenir semblait réservé [36]. La cavalerie fut particulièrement sensible à cette perte, bien que son chef, l’intrépide Montbrun [37], fut doué au plus rare degré des facultés que réclame le commandement d’une arme toute puissante sous une habile direction.
33L’art et la nature semblaient avoir rivalisé pour rendre inabordables les lignes auxquelles Torres Vedras a donné son nom. Ces immenses travaux barraient en avant de Lisbonne le promontoire formé par l’extrémité de l’Estrela [38] entre l’océan et la mer de Paille (en d’autres termes les eaux épanchées du Tage) [39]. La première ligne des retranchements, le long de laquelle coulait le Sizandro [40], s’étendait de Torres Vedras à Alhandra. L’escarpement des collines avait été en certains endroits augmenté de main d’hommes. Tous les passages étaient fermés par des redoutes et sur les principales élévations de terrain on avait construit des forts, armés de gros calibres. Au point de partage entre les deux versants sur le plateau de Sobral, on remarquait une multitude d’ouvrages fortifiés ; sous la protection d’une véritable citadelle construite au sommet du mont Agraço, ils formaient une nouvelle et formidable ligne défensive. Plus en arrière, se prolongeait jusqu’à la mer une troisième chaîne de défense [41]. 70 000 hommes bien approvisionnés de tous points, dont 50 000 de bonnes troupes capables de combattre en ligne, défendaient ces retranchements dont l’armement s’était successivement élevé à 700 bouches à feu. Des instructions sagement méditées avaient prévu, en cas d’attaque, tous les moyens de ralliement et de résistance [42].
Par suite des pertes éprouvées pendant la campagne, l’armée expéditionnaire, réduite à 45 000 hommes, devait-elle tenter d’emporter de vive force ces colossales lignes de défense alors qu’elle ne possédait qu’une seule rive du Tage ? N’était-il pas plus sage, au contraire, d’opérer, en présence d’obstacles insurmontables et imprévus, une retraite opportune et de rétablir immédiatement avec l’Espagne des communications interrompues depuis le départ d’Almeida ?
Cet avis était celui des divers commandants des corps d’armée [43] ; ils se sentaient vivement appuyés par le maréchal Ney dont le penchant à l’opposition s’était déjà manifesté en plusieurs graves circonstances. L’âme de Masséna n’est point au-dessous de ces épreuves. Il ne prend conseil que de lui-même et, sans renoncer à une attaque ultérieure, forme la résolution de bloquer les lignes anglaises et d’attendre l’arrivée des renforts sur lesquels il a droit de compter. Il assure à ses troupes des cantonnements sur les bords du Tage, de Santarém à Abrantes [44]. Puis, résolu à se frayer une issue sur l’Alentejo [45], il confie la difficile tâche de construire un pont sur le fleuve au général d’artillerie Éblé, l’un des types les plus admirables de l’homme de guerre.
D – Aspects de la vie des armées et traits de caractère de Masséna
34Du quartier général établi à Alenquer [46], le prince d’Essling envoyait presque tous les jours un aide de camp auprès de chacun des commandants de corps d’armée. J’aimais ces missions qui tenaient au courant de l’état des choses et des esprits. Aussi, en sus de mon tour de service, je réclamais souvent les ordres dont devait être porteur Prosper Masséna [47]. C’était mon ami d’enfance et je voyais avec douleur qu’atteint d’une maladie chronique, il ne pourrait soutenir le nom immortalisé par le héros de Zurich [48].
35C’est ici le lieu de parler d’un événement [49] qui eut lieu peu de jours après notre départ de Coimbra, mais dont nous n’avons eu connaissance exacte qu’au retour de l’armée en Espagne. Le colonel de Partisans, Trant [50], se présenta aux portes de la ville avec deux régiments de milice portugaise. Le capitaine Dezenay, qui commandait la compagnie française chargée de garder les hôpitaux, résista pendant trois heures, avec une trentaine d’hommes dans le palais épiscopal à l’attaque des miliciens. Mais, obligé de céder au nombre, il demanda à capituler et à être traité comme la compagnie anglaise laissée après Buçaco à la garde des malades sous ma garantie. Le colonel du régiment de Porto se refusa à admettre qu’il y eut analogie de situation, déclara que les Français pris les armes à la main leur avaient tué trente soldats et un officier supérieur. La compagnie et les blessés, au nombre de deux mille environ, furent ainsi faits prisonniers et outragés par la populace portugaise [51].
36Il est juste, au surplus, d’ajouter que ces violences avaient pour prétexte des représailles contre les maraudeurs de l’armée. Ces hommes étaient toujours prêts à rentrer dans les rangs aux jours de combat, mais ils se plaisaient à la vie aventureuse. Obligés de se pourvoir directement des choses les plus indispensables, ils échappaient au frein de la discipline. Les officiers, réduits à vivre des largesses de leurs subordonnés, n’exerçaient sur eux qu’une autorité affaiblie. Aussi, eut-on à déplorer des actes très coupables. Dès qu’ils furent connus du prince d’Essling, ils excitèrent son indignation : « Donnez, écrivit-il, à ses lieutenants, aux châtiments que vous aurez à infliger une publicité telle qu’elle épouvante ceux qui auraient besoin de leçons pour se rappeler qu’ils sont hommes et Français ».
37Le maréchal se montrait alors rarement aux troupes ; je me suis permis quelquefois de lui faire comprendre qu’on en faisait un sujet de grief contre lui. « Ne vois-tu pas, répondait-il, la difficulté de réunir des soldats obligés, pour vivre, d’aller dispersés à la maraude ? La vue, d’ailleurs, des privations qu’ils éprouvent et que je ne puis soulager, briserait une âme qui a besoin de rester concentrée dans sa force [52] ».
38La malignité attribuait cet isolement à une autre cause. Thiers lui-même semble y faire allusion quand il dit : « Masséna était adonné à ses plaisirs [53] ». La vérité est qu’en acceptant une mission à laquelle il devait consacrer toutes ses facultés, le prince d’Essling eut le tort de ne pas maîtriser un penchant dont un autre grand capitaine, le maréchal de Saxe [54], n’avait pu se défendre. Masséna était, en Portugal, accompagné d’une femme avec laquelle il avait eu d’anciennes relations [55]. Elle le suivait parfois à cheval, vêtue en homme ; elle avait d’ailleurs une attitude fort réservée ; et, pour mon compte, je n’ai jamais échangé une parole avec elle, quoique je fusse traité par le maréchal avec une bienveillance toute paternelle.
39Masséna joignait à un cœur excellent un esprit vif et pénétrant d’où jaillissaient des saillies non moins judicieuses que fines ; aussi sa conversation était-elle fort séduisante, mais peu de personnes en jouissaient alors en Portugal. Il n’avait habituellement que des rapports officiels avec les chefs de services. Ennemi du faste et de la représentation, simple et même un peu négligé dans sa tenue, regardant comme un luxe inutile les chevaux de prix, il laissait sans prestige le commandement en chef [56]. La malveillance en profitait : elle avait au quartier général du duc d’Elchingen une source toujours bouillonnante.
C’est à constater ces faiblesses et ces dissentiments que se réduisaient presque uniquement les rapports de M. Denis de Lagarde, intendant général de la police de Portugal [57]. Ses rapports au duc de Rovigo (général Savary) [58] existent encore aux archives de l’État. Je ne les ai point lus, mais à en juger par mes entretiens avec lui, durant la campagne, ils doivent être empreints de modération et d’impartialité.
E – Hiver d’expectative et conseil de guerre de Golega (octobre 1810 - février 1811)
40Sauf quelques escarmouches sans importance sérieuse, la situation des armées belligérantes n’éprouvait pas de changements sensibles. Mais, séparé de Salamanque par plus de cent lieues, n’ayant pas reçu une seule dépêche depuis l’entrée en Portugal, voyant ses ressources en vivres épuisées, Masséna se décida à concentrer ses troupes et à s’éloigner des lignes de Torres Vedras, sans cesser de les bloquer vigoureusement. En novembre, après un mois de séjour dans la position de Sobral, l’armée expéditionnaire se mit en marche pour prendre entre Santarém et Tomar [59] une nouvelle position. Le corps de Régnier fut seul harcelé dans ce mouvement par des forces considérables. L’alerte tourna en définitive à notre avantage ; deux régiments faillirent même être enlevés aux Anglais.
41Dès le 29 octobre, Masséna avait fait le choix, pour faire connaître à Paris sa situation, du général Foy [60], devenu plus tard orateur si célèbre et dont la valeur et l’habileté étaient à la hauteur d’une mission aussi périlleuse que délicate. Les dépêches du général en chef exposaient nettement la situation : « Si, disait-il, mes efforts pour l’établissement d’un pont de bateaux ont un heureux succès, je pourrai manœuvrer sur les deux rives du Tage et vivre avec les ressources de l’Alentejo. Je pourrai attendre ainsi les réserves que Sa Majesté n’aura point manqué de m’envoyer. Si l’établissement d’un pont de bateaux ou de radeaux était absolument impraticable et qu’il ne fut pas possible de passer le fleuve, je me déciderais à un mouvement rétrograde avant les grandes pluies. ».
42En vue de ces prévisions, le prince d’Essling établit d’abord son quartier général à Santarém, puis à Torres Novas. Les Anglais reprirent bientôt la défensive passive. L’annonce de l’arrivée du 9e corps commandé par Drouet, comte d’Erlon [61], et composé des deux divisions qui s’étaient immortalisées à Essling sous les ordres d’Oudinot, nous causa une joie indicible [62]. Hélas, les 30 000 combattants de Drouet d’Erlon avaient été réduits aux 6 000 hommes formant la division Conroux [63]. Cette nouvelle coïncida avec l’avis que, grâce à l’expérience du général Éblé, un pont serait bientôt sur le Tage. Masséna prit donc la résolution en janvier de se jeter dans l’Alentejo et de manœuvrer sur les deux rives du Tage jusqu’à l’arrivée des secours promis.
43Sur ces entrefaites, Wellington reçut quelques nouvelles troupes et, comme s’il eut pressenti nos projets, il opéra pour les déjouer divers mouvements de concentration. De son côté, Masséna prescrivit à Régnier et à Junot une forte reconnaissance sur Rio Maior [64]. Parvenu à la hauteur de cette bourgade, le duc d’Abrantès reçut à la racine du nez une balle qui le força à remettre momentanément le commandement au général Clauzel [65]. Nul ne pouvait alors prévoir qu’une blessure en apparence légère aurait la plus funeste influence sur les facultés de Junot et serait à peu d’années d’intervalles le véritable motif de sa mort prématurée [66].
44Depuis l’entrée en Portugal, l’armée avait perdu beaucoup d’officiers. Masséna n’était point autorisé à pourvoir aux vacances ; sachant combien l’Empereur était jaloux de ses prérogatives, il n’avait fait que des nominations provisoires. Il voulut leur donner un caractère définitif et, à cet effet, il résolut d’envoyer de nouveau à Paris le major Casabianca [67]. Cet officier fut, en outre, porteur d’un état de propositions pour la légion d’honneur, état sur lequel je me trouvais compris. L’Empereur fit écrire à côté de mon nom : « trop jeune ». Ce refus se reproduisit trois fois dans la campagne avec des termes identiques. J’avais été comme Premier page l’objet d’une prédilection marquée [68] et il ne plaisait pas à Sa Majesté que je fusse attaché à la personne d’un homme auquel il avait voué plus d’estime que d’affection [69].
45Durant ces alternatives d’espoir et d’inquiétude, le général Éblé, homme aux vertus antiques, poursuivait son but avec une ardeur communicative. Privé de tout, il suppléait à tout. Obligé de former des ouvriers, de fabriquer des outils, de couper des arbres, de débiter le bois, de filer le chanvre et de le convertir en cordes, il avait miraculeusement conduit à bonne fin, dans les derniers jours, les travaux de construction d’un nombre de bateaux suffisant.
46Cependant, le général Foy, dont l’Empereur avait apprécié la haute capacité et qu’il venait d’élever au gade de général de division [70], rentrait de sa mission près de Napoléon. Sa Majesté prescrivait à Soult, duc de Dalmatie [71], de communiquer avec Masséna et de concourir à forcer les Anglais à se rembarquer. « Toutes considérations, ajoutait-il, doivent disparaître devant le mouvement que je vous prescris. » Parvenant à Almeida le jour même où la colonne du major Casabianca y arrivait, le général Foy écrivit au maréchal Soult avant de rejoindre l’armée de Portugal une lettre qui se terminait par ces mots : « Si l’armée du Midi pouvait présenter à ce moment un corps de troupe sur le Tage, au-dessus d’Abrantes, les suites de ce mouvement seraient extrêmement utiles car aujourd’hui les affaires de Portugal sont d’un intérêt supérieur à tout ce qui se passe dans la Péninsule et peut-être même en Europe, puisque c’est le seul champ de bataille où les Français puissent se mesurer avec les Anglais. ».
47Vœu stérile. Malgré les instances réitérées adressées au duc de Dalmatie, celui-ci se refusait à envoyer sur le Tage le 5e corps aux ordres du duc de Trévise [Mortier] [72]. « Il y a, disait-il, au major général [73], cinq places fortes pourvues de nombreuses garnisons sur cette frontière ; il faut s’en emparer avant d’entreprendre en Portugal des incursions qui seraient inutiles à Masséna et désastreuses pour l’armée du Midi. » Le prince d’Essling, pressentant ce refus de concours sans en avoir la certitude, écrivit par un émissaire au duc de Trévise : « J’attends de vos nouvelles avec la plus vive impatience, mais la meilleure que vous puissiez me donner c’est que vous vous rapprochez de nous ».
Bien que cette lettre fût restée sans réponse, Masséna, sachant le dénuement complet de ses troupes, était disposé à tenter le passage du fleuve qu’avait préparé le général Éblé, mais il voulut s’assurer qu’il trouverait dans les généraux les plus influents un dévouement énergique et absolu. À cet effet, il eut l’idée de les réunir le 17 février à Golega [74] chez le général Loison pour recueillir leur avis. À la suite d’un déjeuner affranchi de la solennité d’un conseil de guerre, il leur exposa avec sincérité que l’armée ne pouvant plus vivre dans ses positions, il était urgent soit de se retirer sur le Mondego, soit de tenter le passage périlleux du Tage. Le général Foy, dont la parole devait avoir grande autorité dans cette conférence, rappela avec une chaleur entraînante que l’Empereur attachait la plus grande importance à chasser les Anglais de la péninsule et qu’il comptait pour ce résultat sur les efforts combinés des armées de Portugal et du Midi. C’était se prononcer pour la possession des deux rives du Tage, car malgré la distance la pensée de l’Empereur était toujours omnipotente.
On dut alors discuter des moyens de passer dans l’Alentejo. Bientôt, néanmoins, les difficultés de l’opération se présentèrent dans toute leur étendue. En admettant la réussite du passage, notre armée, forte de 55 000 hommes, allait se trouver face à une armée d’environ 100 000 combattants. On demanda donc au général en chef de prolonger le statu quo jusqu’à l’épuisement absolu des subsistances et de manière à acquérir la certitude soit de la coopération soit de l’impossibilité du concours du 5e corps du duc de Trévise. La conférence de Golega eut, au moins, cet avantage de mettre en évidence le jugement droit et ferme, le coup d’œil vif et pénétrant du général en chef. Son caractère ne devait se soumettre qu’à l’indomptable nécessité.
Le 25 février, Masséna fit savoir aux généraux Reynier et Junot qu’il attendait des nouvelles de l’Empereur du 5 au 10 mars. Il leur demanda si, en consommant une partie de leur biscuit de réserve, ils pourraient rester jusqu’à cette époque dans leurs positions. Le duc d’Abrantès répondit qu’à compter du 1er mars, il n’aurait plus de pain, que sa cavalerie et une partie de l’infanterie manquaient de viande et que les bataillons étrangers étaient dans le dénuement de toutes choses. Reynier déclara que le seul moyen de tenir jusqu’au 10 mars était de manger toute la réserve [75].
F – Retraite : repli sur le Mondego et combats de Pombal et Redinha (5 au 13 mars 1811)
48À cette situation extrême, il fallait un remède radical. La retraite fut décidée [76]. Elle commença le 5 mars. Au moment de l’entreprendre, Masséna confia au général Foy la mission de se rendre de nouveau à Paris pour y faire connaître les motifs de sa détermination. Il suppliait l’Empereur de lui adresser immédiatement des ordres, l’armée ne pouvant rester plus de cinquante jours dans les positions qu’elle allait prendre. Il chargea en même temps le chef d’escadron Rénique de se rendre en Espagne pour demander avec instance au Roi [77] de faire parvenir à l’armée de Portugal des vivres par tous les moyens possibles. Éblé eut la pénible mission de détruire tous les travaux sur lesquels tant d’espérances avaient été fondées. Ils furent brûlés le 7 de grand matin.
49Sans doute, eut-il fallu la présence de Napoléon à ce moment suprême où se trouvaient en cause le trône de Charles Quint et celui même de Charlemagne. Malheureusement, l’Empereur, irrité par les difficultés imprévues et les déceptions multiples survenues dans la péninsule, n’accordait plus aux événements de cette contrée qu’une attention distraite et malveillante. Il ordonnait à Masséna la victoire et la lui rendait impossible.
50Le prince d’Essling n’avait alors d’autre ambition que de tenir en échec l’ennemi sur la ligne du Mondego. L’importance de cette position lui était apparue le jour où il lui fut démontré qu’il ne recevrait aucun renfort du duc de Dalmatie et qu’il devait renoncer à manœuvrer sur les deux rives du Tage. De Coimbra, en effet, nous pouvions continuer à bloquer Lisbonne. Et la dévastation du pays entre le Tage et le Mondego aggravait la situation des Anglais que nous forcions à s’éloigner de la mer, base de leur alimentation. Mais les généraux aux ordres de Masséna aspiraient ardemment à quitter le Portugal ; l’incessante opposition de Ney était d’autant plus contagieuse que le 6e corps était composé de vieux régiments, accoutumés depuis toujours à obéir à sa voix et fiers des journées d’Elchingen, d’Iéna, de Friedland, etc.
51Masséna avait résolu de s’arrêter à Pombal [78] le temps nécessaire pour jeter un corps de troupe dans la direction de Coimbra et il en fit prévenir le duc d’Elchingen. Ney prévint à son tour le général en chef que le comte d’Erlon l’avisait de sa résolution de partir de Pombal pour Viseu, le 10 à minuit. À cette nouvelle foudroyante, Masséna courut en toute hâte chez le maréchal Ney. Il y fit appeler de suite le comte d’Erlon et avec ce langage énergique auquel la gravité des circonstances donnait une nouvelle autorité, il fit appel à tous les sentiments militaires et particuliers du général Drouet, qui resta inébranlable dans sa résolution ; elle lui était, disait-il, dictée par les instructions du Major général [79]. À chaque question que lui posait le prince d’Essling, il répondait : « J’exécute les ordres du Major général ». Ney, demeurant impassible et silencieux, semblait par son indifférence désapprouver le général en chef. Celui-ci dans sa légitime exaltation, l’interpella par ces mots : « Eh bien ! Monsieur le Maréchal, il faudra suppléer à un inqualifiable abandon ; demain, nous reconnaîtrons ensemble les positions de l’ennemi en avant de Pombal et nous le battrons ».
52Cet ordre fut confirmé par écrit au duc d’Elchingen, qui répondit à 8 heures du soir : « Le comte d’Erlon partant à minuit, je ne puis rester davantage en présence de l’ennemi. » Puis, à ses officiers d’état-major il disait : « Ce diable de Masséna persiste à tenir en Portugal ; que gagnerons-nous derrière le Mondego ? La misère ! La raison commande de filer sans retard sur Salamanque au lieu de nous faire éreinter par des forces supérieures. » Ces imprudentes paroles n’avaient que trop d’échos ! Ney, qui s’était toujours intérieurement promis de ne pas défendre Pombal, la fit incendier. L’incendie de ce pauvre bourg fut un stérile succès.
53Le maréchal écrivit au prince d’Essling qu’il craignait d’être obligé de battre en retraite si l’ennemi recevait des renforts ; toutefois, ajoutait-il, nous marcherons lentement et disputerons le terrain [80]. Le 12 mars, le duc d’Elchingen, qui s’était mis en marche à 4 heures du matin sur Redinha [81], fut attaqué à 6 heures par Wellington, qui était à la tête de trois formidables colonnes appuyées à de nombreuses réserves. Le combat fut cependant engagé avec une certaine timidité. Ney, tacticien aussi entreprenant qu’habile, tirait un merveilleux parti d’un terrain accidenté et favorable à l’impétuosité française. Passant alternativement de l’offensive à la défensive, il lançait à propos sur l’ennemi les différentes armes dans des conditions les plus avantageuses pour leur action. Témoin jusqu’à midi de ces belles manœuvres et confiant dans le succès de la journée, Masséna partit pour Condeixa [82] où sa présence était vivement réclamée par Montbrun. Ce dernier n’avait, d’ailleurs, point attendu l’arrivée du général en chef à Condeixa pour se porter sur les hauteurs de Coimbra et écrivait à Masséna qu’il réunissait à la hâte les matériaux nécessaires au passage de la rivière et pourrait aisément construire un pont de dix chevalets, en face de Pereira [83], en l’espace de trente-six heures.
54En s’éloignant de Redinha, le général en chef m’avait envoyé auprès de Ney pour lui exprimer son entière satisfaction et il me laissa aux ordres du maréchal jusqu’à la fin du combat. L’ennemi s’efforça à l’aide de nouveaux renforts de déborder nos ailes, mais notre artillerie lui fit éprouver des pertes considérables. La victoire nous appartenait donc. Cependant, peu après le départ du général en chef, le duc d’Elchingen replia tout à coup la division Marchand, lui fit franchir le pont et l’établit sur les hauteurs en arrière de Redinha, ne laissant de l’autre côté de la rivière que la division Mermet [84] avec trois régiments de cavalerie et quatorze bouches à feu.
55Ce mouvement prononcé de retraite ne pouvait laisser l’ennemi impassible. Vers 3 heures, Anglais et Portugais s’élancèrent simultanément sur nos positions, mais la division Picton [85], après s’être un instant emparée des hauteurs occupées par notre gauche, fut énergiquement repoussée. Le brave 3e Hussards, entraîné par le colonel Laferrière-Lévesque [86], rapide comme l’éclair quoique blessé au début de l’action par deux coups de feu lui ayant traversé le corps, chargea le 52e régiment anglais témérairement engagé contre la brigade Ferey et le rejeta en désordre sur la seconde ligne anglaise. Action instantanée et décisive, qui fit briller d’un nouvel éclat la puissance d’une cavalerie obéissant à une direction audacieuse et expérimentée.
56L’honneur des armes prescrivait, toutefois, à Wellington de ne pas rester en échec plus longtemps devant des adversaires si inférieurs à lui par le nombre. Attaquée par ses forces réunies, la division Mermet se retira lentement en échelon, par régiment, derrière les troupes de Marchand, après des feux nourris et meurtriers. La cavalerie opéra son mouvement de retraite avec un calme inébranlable et une attitude non moins fière que celle des troupes à pied [87]. La perte de l’ennemi en morts et blessés dans cette mémorable journée s’élève à 1 800, la nôtre atteignant à peine 200. Gloire au 6e corps !
Le prince d’Essling, tout en regrettant que le duc d’Elchingen n’eut pas conservé sa position en avant de la Soure [88], put donc se flatter que le mal ne serait pas irréparable. Après de sincères félicitations à Ney sur ses brillantes manœuvres à Redinha, il lui démontra la nécessité de tenir en échec l’ennemi jusqu’au moment où serait terminé le pont. Il attendait donc de lui, en avant de Condeixa, une résistance vigoureuse, mais d’autant plus facile que le 6e corps venait d’acquérir sur l’ennemi un glorieux ascendant. Il lui fit connaître les dispositions qu’il prenait pour le préserver de toute entreprise ennemie qui aurait pour but de le séparer du gros de l’armée. Ney, suivant son invariable habitude, fit des objections. Le général en chef crut les voir dissipées par des marques réitérées de confiance et d’estime. L’entretien se termina par ces paroles du duc d’Elchingen : « Toute l’armée alliée est là, mais je tiendrai le plus longtemps possible la journée de demain. » À quoi il lui fut répondu : « La gloire que vous acquerrez sera plus grande ; Maréchal, je compte sur vous ! ».
Cette généreuse illusion devait être de courte durée … Peu après le départ du général en chef, le duc d’Elchingen reçut avis qu’on apercevait la division anglaise Picton dans la direction de Miranda de Corvo [89]. Il en conclut que ce mouvement avait pour objet de tourner sa gauche et, en l’isolant, d’enlever ses bagages. Il donna instantanément l’ordre de retraite et en prévint Masséna en ces termes : « J’évacue Condeixa ; l’ennemi manœuvre sur ma gauche et dirige une forte colonne sur Fonte Coberta [90]. J’envoie un détachement à Montbrun pour l’engager à se replier sur Miranda de Corvo [91] ».
Étrange contradiction du cœur humain. Ney, cet éminent homme de guerre, dont la fermeté était inébranlable en face de périls extrêmes, s’abandonnait avec une incroyable mobilité au découragement en dehors du champ de bataille. Il avait, en outre, le Portugal en profond dégoût et depuis Pombal tous ses efforts tendaient à empêcher l’établissement sur la ligne du Mondego.
G – Deuxième phase de la retraite : repli vers l’Espagne et exaspération des désaccords avec Ney (mi-mars / mi-avril 1811)
57Dans son premier mouvement de légitime indignation, le prince d’Essling songea à remplacer Ney dans son commandement. Mais il se borna à lui exprimer son mécontentement et à lui prescrire de couvrir la retraite de l’armée sur la Ceira [92] et l’Alva [93].
58Le 14 mars, Ney exécuta sa mission en contenant l’ennemi dans les combats de Casal-Novo [94] avec une habileté et une précision qui provoquèrent l’admiration des deux armées. Les 1re et 2e divisions, ainsi que la cavalerie, soutinrent la retraite successivement et défendirent le terrain pied à pied jusqu’au soir, n’abandonnant une position que pour en prendre une nouvelle, y recevant l’ennemi par des feux bien dirigés et exécutant les mouvements dans le plus bel ordre. Les troupes des différentes armes du 6e corps furent toutes dignes de leur illustre chef.
59Le soir, le 6e corps s’arrêtait sur la Ceira, que Masséna voulait franchir le lendemain pour prendre position sur l’Alva. La décision du duc d’Elchingen, ayant placé deux de ses divisions en deçà de la rivière à Foz de Arouce [95] malgré les recommandations expresses du prince d’Essling, fut cause d’un instant de panique dans le 6e corps lors du franchissement de la rivière dans la journée du lendemain ; la brigade de cavalerie légère du général Lamotte avait dû, pour faire vivre ses chevaux, s’établir au bord de la Ceira dans un pré, où elle fut surprise le 15 à la pointe du jour. Dès que l’ennemi se présenta, elle se mit en bataille à l’entrée du pont, bien résolue à charger les têtes de colonnes ennemies si elles se présentaient aux approches de la rivière avant l’entier passage de l’infanterie. Déjà la division Marchand avait franchi le pont et Mermet se préparait à le suivre, quand une de nos batteries d’artillerie descendit précipitamment et en désordre des hauteurs d’où elles protégeaient la retraite. Quelques voitures se renversèrent provoquant un trouble qui dégénéra en un sauve-qui-peut général, mais heureusement momentané.
60Cet insuccès froissa l’orgueil du maréchal Ney, qui chercha une victime. Il la trouva dans le général Lamotte, qu’il n’aimait pas, et lui enleva le commandement de sa brigade. Cet officier général, qui avait fait plusieurs campagne avec mon père en qualité d’aide de camp et avait été blessé à ses côtés [96], était victime d’une vieille rancune. Chargé de faire une enquête sur cette affaire, il me fallut bien faire savoir que le résultat de la journée du 15 mars était surtout dû à la décision de placer le 6e corps d’armée [commandé par Ney] à cheval sur une rivière, ce qui est contraire à tous les principes durant une retraite.
61Masséna avait espéré pouvoir s’établir quelque temps sur l’Alva. Mais Reynier, qui avait jusqu’alors exécuté fidèlement ses ordres, s’était accoutumé depuis le commencement de la retraite à laisser le fardeau de l’arrière-garde au duc d’Elchingen. Loin de se lier avec Ney pour le couvrir, ainsi qu’il en avait reçu l’ordre, il perdit un temps précieux à discuter ses instructions avec le commandant du 6e corps. Ney, se trouvant à découvert, dut alors abandonner l’Alva.
62Masséna vit ainsi échouer encore ses projets et se résigna à poursuivre sa retraite sans désemparer sur l’Espagne [97]. Wellington, de son côté, dont les troupes étaient presque aussi dénuées que les nôtres, fut contraint de suspendre leur marche pendant trois jours. L’armée aux ordres de Masséna continua sa retraite sans être poursuivie. Le 22 mars, après avoir connu 6 mois de souffrances inouïes et franchi plus de quatre-vingt lieues en une trentaine de jours, elle put apercevoir les frontières de l’Espagne, où son héroïsme allait être soumis à de rudes épreuves. À ce moment, il faut le dire, la joie du retour dominait toutes les pensées ; il me revient en mémoire une chanson soldatesque que répétait l’écho de tous les bivouacs et dont voici le premier couplet :
« Braves amis, vive l’Espagne
« Et maudit soit le Portugal
« Elle est finie cette campagne,
« V’là le moment d’aller au bal… »
64Masséna résistait cependant à l’entraînement général. Son cœur était navré mais la grande âme du défenseur de Gênes [98] n’était pas brisée. Cependant de nouvelles déceptions l’attendaient. La halte de deux jours faite par les divers corps à Belmonte, à Guarda et à Celorico [99] avait été employée à constater l’effectif de chaque régiment, à diriger sur de petits dépôts les blessés et les malades, enfin à prescrire les mesures nécessaires pour faire venir aux bataillons actifs les effets d’habillement, d’armement et d’équipement restés à Salamanque et Valladolid. Ces dispositions indiquaient l’intention du général en chef de se diriger sur l’Estrémadure et de se lier à l’armée du Midi. Il avait, d’ailleurs, envoyé à Paris son aide de camp Porcher [100] avec mission de soumettre à l’Empereur le projet de porter l’armée sur le Tage vers Alcántara [101] et d’entrer immédiatement en communication avec le duc de Dalmatie. Il se flattait qu’après avoir donné un repos indispensable aux 40 000 soldats aguerris qui lui restaient, il reprendrait l’offensive en Portugal de concert avec Soult, qui ne pouvait, cette fois, refuser à ses instances directes l’appui vainement réclamé jusqu’ici.
65Les projets de Masséna, une fois divulgués, furent le signal d’une violente opposition. Reynier, dont le corps avait séjourné en Estrémadure, déclarait cette contrée totalement ruinée. Junot, non encore guéri de sa blessure et deux fois malheureux en Portugal, ne déguisait pas sa répugnance pour une troisième expédition. L’orgueil de Ney, surtout, se révoltait à l’idée de rester soumis à un collègue dont les glorieux précédents l’importunaient. Ce dernier adressa au prince d’Essling des lettres contenant des critiques et des remontrances inacceptables pour la dignité du commandement. Il les terminait, enfin, par des refus formels d’obéissance et par la déclaration qu’il allait conduire le 6e corps sur Almeida.
66Exaspéré, Masséna prit immédiatement la résolution d’ôter au duc d’Elchingen son commandement. Néanmoins, il voulut laisser un dernier accès au repentir ; il demanda par écrit à Ney s’il persistait irrévocablement à se soustraire à l’autorité dont l’Empereur l’avait investi. La réponse ne fut pas moins violente que les précédentes. Il n’était plus possible d’éviter l’éclat. Le prince fit partir de suite, à 10 heures du soir, des aides de camp pour signifier aux généraux du 6e corps que Loison [102], le plus ancien divisionnaire, était appelé au commandement exclusif de ce corps.
67Ney, en souvenir sans doute de mon père, m’avait toujours témoigné une bienveillance particulière. Ce motif donna au général en chef l’idée de me confier la pénible mission d’annoncer au maréchal cette décision. Quand j’abordai le duc d’Elchingen, il était couché sur une botte de paille. Je lui remis, fondant en larmes, la dépêche à son adresse. Après l’avoir lue rapidement, il me serra convulsivement la main et jetant son manteau sur le lit de paille : « Dormez ici quelques heures, Oudinot, dit-il. Cette nuit je vous remettrai ma réponse. »
Ses instructions données, il se coucha à côté de moi, étendit son manteau sur son camarade de lit (ainsi me nomma-t-il) [103] et le lendemain, à 2 heures du matin, il me chargea de la lettre suivante : « L’Empereur m’ayant confié le commandement du 6e corps, S.M. a seule le droit de me le retirer. Je proteste donc encore contre cette nouvelle disposition. Cependant si les généraux de division du 6e corps vous obéissent, je me rendrais en Espagne. »
Malgré sa contenance assurée, le duc d’Elchingen ne pouvait se dissimuler l’étendue de ses torts. Une circonstance inespérée se présenta, dont il voulut aussitôt profiter pour réparer le passé, en sauvegardant son amour-propre. L’armée anglaise ayant reçu ses convois de vivres, venait de se remettre en mouvement et menaçait d’attaquer nos positions. L’honneur militaire autorisait le maréchal Ney à ne pas s’éloigner à l’approche de l’ennemi. Il en référa au général en chef, qui, demeurant inflexible, réitéra à Loison l’ordre de prendre le commandement du 6e corps. Ney dut se soumettre et partit pour l’Espagne.
Grande leçon pour les gens de guerre qui seraient tentés d’abriter l’indiscipline derrière les services rendus, si éminents soient-ils. L’exemple était ici impérieusement commandé bien que ses avantages dussent être mêlés de graves inconvénients. Il arrêta les tendances à la révolte. Mais la confiance et l’élan du soldat furent ébranlés le jour où il se vit privé d’un chef, qui était depuis longtemps son idole [104].
H – Retour en Espagne et réorganisation de l’armée
68Sur ces entrefaites, le prince d’Essling s’était mis en communication avec le maréchal Bessières [105], nouvellement investi du commandement supérieur des provinces du Nord de l’Espagne. Le duc d’Istrie donnait à Masséna les assurances du plus complet dévouement et lui promettait des secours de toute nature. En attendant l’effet de ces promesses, Masséna, touché des souffrances du 6e corps, le rapprocha d’Almeida et de Ciudad Rodrigo pour le faire subsister aux dépens de ces places. Leur approvisionnement avait déjà été entamé par le 9e corps avant son entrée en campagne. Il fut bientôt épuisé.
69Or les promesses de Bessières restaient sans effet. Le maréchal avait même commencé par disposer d’une grande partie des sommes qui se trouvaient amassées à Salamanque pour la solde de l’armée. Alors qu’il était dû à l’armée de Portugal dix mois de solde, elle ne put obtenir que le paiement d’un seul mois. Prodigue de … protestations de dévouement et d’amitié, le maréchal Bessières avait toujours des prétextes pour éluder ses promesses. Ainsi, un mauvais vouloir, plus réel qu’avoué, paralysait sans cesse les efforts du prince d’Essling.
70Masséna se trouva, ainsi, dans l’impossibilité de se procurer des moyens nécessaires pour entreprendre le mouvement offensif sur le Tage, mouvement contre lequel, il faut le dire, l’armée n’avait cessé de protester dans la limite de son action. Au moment où Masséna se résignait à ce sacrifice, le 2e corps aux ordres de Reynier livrait à l’ennemi le combat de Sabugal [106] où se balancèrent les pertes des armées belligérantes, mais qui accéléra le mouvement de retraite. Les paroles sont impuissantes pour exprimer ce qu’eurent à souffrir l’orgueil et le patriotisme de Masséna lorsqu’il rentra en Espagne par les mêmes frontières qu’il avait franchies, il y avait moins de sept mois, en « enfant chéri de la victoire ».
71Nos troupes jouirent enfin de quelque repos aux environs de Ciudad Rodrigo. Mais leur séjour y fut de courte durée, l’approvisionnement des places sur lesquelles elles vivaient étant presque épuisé. Il devint bientôt indispensable de faire cantonner les différents corps autour de Salamanque. Établi dans cette ville, Masséna, dont l’activité grandissait avec les obstacles, s’occupa avec une ardeur infatigable de la réorganisation de son armée. D’ailleurs, avec Masséna, l’armée était impatiente de reprendre l’offensive. Impatient surtout était Masséna de livrer bataille et d’obtenir une éclatante revanche. Le moment semblait favorable à la réalisation d’un vœu si légitime.
72Cependant, assiégée par Soult, Badajoz avait enfin, le 11 mars, livré ses portes aux Français. Triomphe stérile : on assure qu’en apprenant la reddition de cette place, l’Empereur s’était écrié : « Soult a commis une grande faute, il m’a gagné une bicoque et perdu un royaume [107] ». Quoiqu’il en soit, le duc de Wellington, croyant les troupes de Masséna épuisées et hors d’état de reprendre la campagne avant deux mois, avait conçu instantanément le projet de soustraire Bajadoz à notre pouvoir et d’accabler alternativement les maréchaux Soult et Masséna. En conséquence, il confia au général Spencer [108] la mission de bloquer Almeida et Ciudad Rodrigo avec une partie de l’armée et, à la tête d’un formidable détachement, il se porta dans l’Alentejo à la rencontre de Beresford [109] pour appuyer ses opérations. Masséna n’était pas homme à laisser impunie une témérité si peu habituelle à son adversaire. Persuadé qu’à la guerre le temps perdu est irréparable, il ne négligea rien pour associer ses lieutenants à l’ardeur qui l’animait. Il était parvenu le 1er mai à concentrer sur la ligne de l’Águeda [110] 34 000 combattants aguerris à tous les périls. Il avait laissé la division Clauzel, forte de 6 000 hommes, sur la route de Salamanque pour maintenir les communications.
73Il allait faire repentir l’armée britannique de sa dispersion, lorsqu’il reçut l’avis du retour précipité de Wellington [111]. Les troupes que ramenait avec lui le généralissime anglais rendaient disproportionnée la force numérique des deux armées. Mais le prince d’Essling, que la vue du champ de bataille électrise toujours, ne change rien à sa résolution et fait ses préparatifs pour marcher à l’ennemi, sans attendre les renforts depuis si longtemps annoncés par Bessières. Soudain, on lui signale l’apparition du duc d’Istrie. Ce maréchal précède une colonne de 1 500 voitures, une batterie de 6 pièces de la Garde et 30 attelages : ces troupes seront rendues au camp dans la soirée [112].
Par une heureuse coïncidence, l’arrivée de ce renfort avait lieu en même temps que le retour du chef d’escadron Pelet [113]. Cet officier supérieur, Premier aide de camp de Masséna, apportait de Paris des dépêches importantes annonçant l’approbation de l’Empereur aux mesures prises par Masséna. Le général Foy écrivait au prince d’Essling : « L’Empereur a paru satisfait de la marche de l’armée sur Alcantara, car cette position protégeait également, à ses yeux, le nord et le midi de l’Espagne. Comment penser que les Anglais osent défiler devant l’armée de Portugal pour s’enfoncer du côté de Salamanque et de Valladolid, où ils rencontreraient d’ailleurs l’armée du duc d’Istrie ? Ainsi, Monsieur le Maréchal, avant même qu’on pût savoir à Paris la résistance que votre Altesse a rencontrée dans l’exécution de ses ordres, la plus haute approbation était donnée aux mesures prises pour établir l’armée et couvrir l’Espagne contre les Anglais. ».
I – Bataille de Fuentes de Oñoro [114] (3 au 5 mai 1811)
74Les armées belligérantes furent passées en revue par leurs généraux en chef respectifs avant d’en venir aux mains. Elles étaient toutes deux confiantes dans le succès ; l’une par le sentiment de sa supériorité habituelle, l’autre par les récentes faveurs de la fortune. Elles occupaient, le 2 mai, les positions suivantes [115] :
75Le 2e corps (Reynier), à l’extrême droite ; le 8e (Junot) réduit à la division Solignac [116] ainsi que le 9e (Drouet), au centre ; le 6e (Loison), à gauche. La cavalerie de réserve (Montbrun), à l’extrême gauche ; elle se composait de 2 400 sabres, y compris la brigade légère de Wathier [117] amenée par le duc d’Istrie. La cavalerie de la Garde, forte de 800 admirables cavaliers aux ordres du général Lepic [118], avait ordre d’éclairer le 8e corps et de se lier avec le 6e. Montbrun disposait de quatre pièces d’artillerie légère de la Garde ; les deux autres pièces marchaient avec le 8e corps. Un bataillon de la garnison de Ciudad Rodrigo était chargé de l’escorte du convoi de ravitaillement d’Almeida, avec ordre de filer sur la place si l’ennemi était rejeté au-delà de la Côa.
76Wellington, rendu le 28 avril à son camp, avait en ligne environ 43 000 combattants, dont 28 000 Anglais, 12 000 Portugais et les 3 000 Espagnols du célèbre partisan Don Julian [119]. À la faveur des communications par mer, grâce aussi à des marches régulières et sans entraves, les soldats britanniques, bien nourris et reposés, faisaient contraste avec nos 34 000 soldats amaigris par la disette et les fatigues. Mais, nous l’avons dit, des deux côtés, éclatait le même désir d’une action générale et décisive.
77Les avant-postes du duc de Wellington s’étaient reployés à l’approche de nos éclaireurs et le 3 mai à la pointe du jour, au moment où nos troupes sous les ordres de Reynier, Junot, Drouet, Loison, Montbrun s’ébranlèrent, celles de l’ennemi étaient disposées comme ci-après : la droite vers le village de Nave de Haver [120], était gardée par le célèbre Don Julian avec l’infanterie et la cavalerie espagnoles ; vers le centre, au village de Fuentes de Oñoro, se trouvait établie, avec une partie des troupes portugaises, la division légère de Craufurd [121], couverte par une formidable cavalerie et soutenu par trois fortes divisions d’infanterie. Ce point de Fuentes de Oñoro était de la plus grande importance. Son occupation protégeait le point de Castelo [122] sur la Côa ; c’était la route directe de Ciudad Rodrigo à Almeida ; enfin, la position était d’une défense facile, située qu’elle est dans le fond de la gorge où coule le Dos Casas [123], dont le lit encaissé est côtoyé par la route. Ajoutons que les maisons, appuyées comme elles le sont à des hauteurs rocailleuses qui s’élèvent en pente rapide, offraient à l’infanterie d’excellents retranchements.
78Pour donner le change à l’ennemi sur ses véritables projets, Masséna simula une attaque sur Alameda [124] par la route de Gallegos [125]. Ce mouvement donna, en effet, de l’inquiétude au général anglais sur son centre ; il fit passer le Dos Casas à la division légère pour soutenir les troupes postées à Alameda. Ensuite, les Anglais se replièrent sur le fort de la Conception, mais ils ne le firent qu’après une sanglante et vigoureuse attaque du VIe corps contre Fuentes de Oñoro. Les 16 escadrons appuyés par la division légère que Wellington avait détachés contre notre centre et notre droite, ayant rencontré notre cavalerie et le 6e corps en marche sur Fuentes de Oñoro, se replièrent sur ce point.
79À une heure de l’après-midi, la division Ferey, dont la 1re brigade était formée en trois colonnes d’attaque, ayant en réserve la légion hanovrienne et la 2e brigade, enlève rapidement les parties basses du village et culbute à la baïonnette tout ce qui lui fait résistance. Mais bientôt, l’ennemi, enhardi par le nombre et la position, descend en force des hauteurs en arrière, rétablit le combat et parvient à nous reprendre Fuentes de Oñoro. Masséna n’était pas homme à rester sur un échec ; à cinq heures, il ordonne une nouvelle attaque et la nuit close, qui mit fin à ce combat acharné, laissa en notre pouvoir le tiers du village. Nos soldats ayant combattu à découvert, leur perte s’élève à 700 tués ou blessés. L’ennemi, mieux abrité, compte environ 600 hommes hors de combat.
80Obligé de renoncer à s’emparer de vive force d’une position dont le général anglais connaissait toute l’importance, Masséna résolut de la tourner. Les reconnaissances faites par Montbrun l’avaient informé que le terrain vers notre gauche offrait une plaine presque continue qui permettait de tourner l’ennemi, de renverser sa droite sur le centre et de le refouler sur la basse Côa. Pour réaliser ce projet, il fit, la nuit venue, opérer en silence par Loison et Montbrun un mouvement prononcé de Fuentes de Oñoro à Poço Velho [126], laissant devant le premier de ces villages la division Ferey, à l’effet de masquer la manœuvre. À la pointe du jour, l’élite de la réserve ainsi que les brigades de cavalerie légère Fournier [127] et Wathier étaient, sous les ordres de Montbrun, établies à la gauche du 6e corps, qui, lui-même, avait pris position en face de Poço Velho. Le 8e corps était à la droite du 6e ; Masséna se tenait habituellement à sa hauteur. Le comte d’Erlon formé sur deux lignes, en face de Fuentes de Oñoro, servait de réserve à la division Ferey. Il était appuyé par la cavalerie de la Garde. Reynier observait l’important débouché d’Alameda ; il lui était prescrit d’exécuter sa retraite sur Gallegos dans le cas où l’attaque sur Poço Velho viendrait à échouer. L’infanterie était formée en masse par régiment, la cavalerie déployée, l’artillerie entre les divisions.
81Malgré la précision avec laquelle furent exécutés ces mouvements, ils ne purent être entièrement dérobés au général anglais. Lord Wellington qui avait porté un moment sa division légère sur Alameda, la fit revenir le 5 au matin sur Fuentes de Oñoro, dont les hauteurs restaient occupées par la IIIe division britannique que soutenait la division Spencer. Il avait fait soutenir la division de Don Julian, sur le point de Poço Velho, par la brigade portugaise, deux bataillons anglais, une grande partie de la cavalerie et la VIIe division tout entière. Don Julian, reporté à Nave de Haver, devait éclairer l’extrême droite.
82Nous avions encore de ce côté la supériorité du nombre. Les brigades Fournier et Wathier tournant par la gauche et par la droite Nave de Haver, en délogèrent facilement les Espagnols qui laissèrent en notre pouvoir une centaine de prisonniers et se retirèrent derrière le Turones [128]. La cavalerie de Montbrun se couvrit de gloire. Je fus témoin de ses brillants combats car Masséna m’avait envoyé sur la ligne des tirailleurs observer l’action et venir lui en rendre compte. À côté de moi se trouvait le capitaine Septeuil, ancien aide de camp de Berthier, envoyé, disait-on, en Portugal par l’Empereur pour rompre ses relations avec la princesse Borghèse [129]. Il m’adressait la parole quand il eut la jambe fracassée d’une balle ennemie. Je pris par la bride le cheval de ce brillant officier et conduisis le blessé à la plus proche ambulance, puis promptement de retour auprès du maréchal, je lui appris cet accident dont il fut affligé. Le capitaine Bréqueville [130], qui, en 1832, a acquis une regrettable célébrité, alla de suite rejoindre son ami Septeuil et s’enferma avec lui à Ciudad-Rodrigo, au risque d’être sous peu prisonnier.
83Montbrun, après avoir culbuté d’abord la cavalerie anglaise, avait réussi à rejeter l’infanterie de Houston [131] sur l’autre rive du Turones ; mais faute d’artillerie, il n’avait pu exploiter son succès. De Poço Velho, Masséna voyant la droite des Anglais entamée, ordonne au général Loison de seconder les efforts de la cavalerie et de se porter aux environs de Fuentes-de-Oñoro qu’il doit prendre à revers. Et, plein de confiance dans l’ardeur éprouvée des cavaliers de Montbrun, il ordonne à leur valeureux chef de les lancer sur la division Craufurd, qui a remplacé Houston. À l’aspect de cette masse imposante de la cavalerie, le général anglais a promptement formé sa division en trois carrés munis d’artillerie et couvert de mitrailles nos escadrons. L’intrépidité de ceux-ci n’est point ébranlée : sous l’habile direction de Montbrun, la brigade Fournier va s’élancer sur le 1er et le 2e carré ; la brigade Wathier chargera le 3e carré.
84À cet instant suprême, Masséna, avec son coup d’œil d’aigle, reconnaît que le succès de ses combinaisons est assuré si les efforts de Montbrun sont appuyés instantanément d’une forte réserve. Il m’ordonne d’aller chercher la brigade Lepic de la cavalerie de la Garde, troupe d’élite, pour appuyer cet effort qui doit être décisif. Cependant, la charge sonne ; en un instant le carré de gauche est enfoncé. Wathier ne pouvant aborder celui de droite, garanti par un obstacle de terrain, est obligé de rétrograder, mais Fournier tombe sur celui du centre, l’enfonce, le traverse sur toute sa longueur et revient sur ses pas en faisant une boucherie des fantassins anglais [132]. Craufurd rend son épée, officiers et soldats jettent au loin leurs armes et s’enfuient. Si la cavalerie de la garde avait poursuivi les fuyards, la victoire était assurée, car Montbrun avec ses dragons entamait le carré qui avait résisté à Wathier.
85Masséna, qui suivait ce combat, comptait chaque minute de retard. Enfin, j’arrive près de lui, couvert de sueur et de poussière. Du plus loin qu’il m’aperçoit, le maréchal crie :
« - Où est la cavalerie de la garde ?
« - Prince, je n’ai pu l’enlever. »
En effet, le général Lepic m’avait déclaré ne pouvoir agir sans ordre de Bessières [133]. Ce coup, auquel Masséna était loin de s’attendre, changea les rôles. L’artillerie de Houston se dégage, cependant que Fournier tombe avec son cheval tué sous lui. Bientôt l’infanterie anglaise est ralliée, couvre de mitraille nos intrépides cavaliers, délivre 1 500 prisonniers et, peu après, la cavalerie anglaise regagne le terrain perdu par Craufurd. Montbrun doit reculer. À ce moment, Éblé accourt prévenir Masséna qu’il n’existe plus qu’une trentaine de cartouches par homme et que les caissons amenés par le duc d’Istrie sont vides !
Masséna donne l’ordre de faire partir en hâte ces caissons s’approvisionner à Ciudad-Rodrigo pour y chercher un nouvel approvisionnement. C’est alors que le maréchal Bessières vient en toute hâte déclarer au général en chef qu’il se refuse à laisser partir avant une nuit de repos les caissons de la Garde, qui ont été très fatigués durant la bataille. Masséna, qui se voit encore une fois enlever la victoire, s’élève hautement contre les prétentions de la Garde. Bessières, lui, est inflexible et se retranche derrière son indépendance de l’armée de Portugal. Les caissons partirent pour Ciudad Rodrigo à la pointe du jour, mais le retard était irréparable ; l’ennemi avait eu le temps de se retrancher derrière ses positions et, pendant la nuit, de hérisser sa ligne de retranchements et d’artillerie, de sorte qu’elle allait devenir aussi formidable que celle créée par la nature devant Fuentes de Oñoro. Le général en chef dût changer toutes ses combinaisons. De l’offensive, nous allions passer à la défensive.
J – Repli à Salamanque de l’armée de Portugal et rappel en France de Masséna
86Le lendemain, Masséna passa la revue de ses troupes. Sa ténacité n’était pas encore domptée et il ne renonçait pas entièrement à la pensée de livrer une nouvelle bataille. Il ne se résigna à la retraite que sur les instances pressantes des hommes les plus hauts placés dans sa confiance et son estime. L’orgueil de Junot alimentait son mécontent pour le rôle secondaire qu’il jouait pendant cette campagne. Drouet, qui n’avait jamais eu l’armée de Portugal pour destination définitive, était impatient de rejoindre l’armée d’Andalousie. Reynier, savant et habile théoricien, s’était créé des fantômes qui auraient fait mettre en doute un courage moins éprouvé que le sien. Enfin, Bessières mettait en avant des prérogatives qui rendaient son concours factice et même périlleux.
87Vaincu par cette opposition, Masséna, autorisé par Napoléon à faire sauter Almeida au lieu de ravitailler la place, en fit porter l’ordre par trois braves volontaires au général Brenier [134], qui devait s’ouvrir un passage à travers la ligne anglaise jusqu’à nos avant-postes après avoir signalé son prochain départ d’Almeida par une salve de cent coups de canon. Un seul des trois émissaires, André Tillet, chasseur au 6e léger, qui avait conservé son uniforme, parvint à pénétrer dans Almeida.
88Le 7 au soir, cette salve d’artillerie se fit entendre. Les 8 et 9, l’armée resta en position, simulant divers mouvements offensifs. Le 10, Masséna consentit à se retirer sur l’Agueda et Salamanque. Les Anglais ne le suivirent qu’avec une grande circonspection. À minuit, une sourde et forte explosion annonça à l’armée, qui se trouvait en marche, que la place était détruite. Le brave général Brénier avait déclaré aux principaux officiers de la garnison qu’ils allaient rejoindre l’armée en traversant les lignes ennemies et qu’il comptait sur la bravoure et le sang-froid de tous ses compagnons d’armes. Rien ne pouvait plaire davantage à leur témérité. Le gros de l’armée anglaise était loin d’Almeida et le général Campbell [135], auquel était confié le soin du blocus, avait réuni la plus grande partie de ses forces du côté opposé à celui que Brénier avait choisi pour sa sortie. Nos colonnes rencontrèrent, toutefois, la brigade Pack [136] à deux lieues d’Almeida. Elles se firent jour avec la vigueur du désespoir et comme Brénier avait fait placer à la queue de sa colonne un convoi de nature à tenter la cupidité ennemie, son stratagème eut plein succès. Le pillage suspendit la poursuite. Néanmoins, les Portugais aux ordres de Pack et la cavalerie anglaise du général Cotton [137] continuèrent à les suivre jusqu’à Villar de Ciervo [138], où nous ralliâmes le brave chef de bataillon ainsi que ses sapeurs, qui avait été chargés de mettre le feu aux fourneaux de mine et étaient, eux aussi, parvenus à forcer la ligne ennemie.
89Pendant tout le cours de l’expédition, le prince d’Essling s’était vraiment flatté que l’armée d’Andalousie viendrait en aide à sa situation ; elle ne lui fut d’aucun secours. Néanmoins, malgré l’insuccès de ses opérations sur Almeida, il se félicitait d’avoir attiré sur lui les forces anglaises qui menaçaient Badajoz et le midi de l’Espagne. De ce point de vue, l’honneur des armes nous était resté. Toutefois, nous n’avions ni conquis le Portugal, ni chassé les Anglais de la péninsule.
90À peine arrivé à Salamanque, le maréchal s’occupa de la réorganisation de l’armée et ses dispositions étaient en voie d’exécution quand il reçut ses lettres de rappel. L’Empereur, qui lui avait ordonné une victoire impossible, ne pouvait se résigner à la pensée d’un échec. Son mécontentement avait, d’ailleurs, été surexcité par les commentaires des ducs d’Istrie et de Raguse [139]. Le premier, pour éviter les reproches que méritait son inaction à Fuentes de Oñoro, rejetait les torts sur son illustre collègue. Le second, récemment arrivé, aspirait au commandement en chef, bien éloigné, dans sa présomptueuse ambition, de prévoir qu’avant quatorze mois il perdrait l’inutile et sanglante bataille de Salamanque, qui le ferait comparaître devant un conseil de guerre et serait le prélude de l’abandon de l’Espagne.
91Masséna avait l’âme trop haute pour se plaindre de ces dénigrements intéressés ; il fit immédiatement ses apprêts de départ. L’ordre de son remplacement portait : « L’Empereur ordonne expressément que vous ne rameniez avec vous que votre fils et un autre de vos aides de camp. » Le maréchal me donna le choix ou de l’accompagner à Paris ou de rester auprès de son successeur, le duc de Raguse, qui mettait de l’insistance à me demander pour aide de camp. Touché de la paternelle sollicitude de mon glorieux patron militaire, associé d’ailleurs à ses tristesses, influencé aussi par le souvenir présent de la patrie absente, j’acceptai sans hésiter l’offre du retour en France.
Masséna quitta avec dignité le commandement durant lequel les fautes qu’il a commises furent bien disproportionnées aux services rendus et aux
avantages recueillis par le rival auquel la fortune réservait ses plus éclatantes faveurs. Le trajet de Salamanque à Bayonne se fit à cheval, sans incidents remarquables, et sous la protection d’escortes intelligemment échelonnées. De Bayonne, le maréchal et sa suite continuèrent leur route avec deux voitures de poste. Masséna, reconnu au spectacle de Bordeaux, ne put que difficilement se soustraire à une ovation que lui destinaient les habitants en signe de protestation contre ses disgrâces imméritées.
Hélas ! Par ces rigueurs injustifiables envers le plus éminent de ses lieutenants, Napoléon allait se priver d’un concours qui lui était plus que jamais nécessaire. Et quand, trop confiant dans son infaillibilité, il jetait ainsi une sorte de défi à la Providence, il touchait à une succession de catastrophes qui devaient, en ébranlant le monde, entraîner sa chute.
État des Services - Général Victor Oudinot de Reggio
Bibliographie
Bibliographie
Mémoires
- Abrantès, Laure Junot, Duchesse d’, Mémoires de Madame la duchesse d’Abrantès ou souvenirs historiques sur Napoléon, etc., Paris, Librairie de L. Mame, seconde édition, 1835, 12 volumes.
- Giraud, Jean-Baptiste, Les carnets de campagnes du commandant Giraud, documents recueillis, classés et mis en ordre par le commandant Grandin, Paris, Téqui, 1898.
- Guingret, chef de bataillon, Relation historique et militaire de la campagne de Portugal sous le Maréchal Masséna, prince d’Essling, Limoges, Bargeas, 1817.
- Koch, Frédéric, Mémoires d’André Masséna, duc de Rivoli, prince d’Essling, maréchal d’Empire, rédigés d’après les documents qu’il a laissés et ceux du dépôt de la guerre et du dépôt des fortifications, recueillis par le général Koch, Paris, J. de Bonnot, 1967, d’après l’édition originale, Paris, Paulin et Lechevalier, 1848-1850, 7 volumes.
- Marcel, capitaine, Campagnes du capitaine Marcel, du 69e de ligne, en Espagne et en Portugal (1804-1814), mises en ordre, annotées et publiées par le commandant Var, Paris, Plon-Nourrit, 1913.
- Marmont, Mémoires du maréchal Marmont, duc de Raguse, de 1792 à 1841, imprimés sur le manuscrit original de l’auteur, Paris, Perrotin Libraire-Editeur, 1857, 9 volumes.
Ouvrages de référence
- Belmas, J., chef de bataillon du génie, Journaux des sièges faits ou soutenus par les Français dans la Péninsule, de 1807 à 1814, rédigés d’après les ordres du gouvernement, sur les documents existant aux archives de la Guerre et au dépôt des fortifications, Paris Firmin Didot, 1836-1837, 4 volumes.
- Gotteri, Nicole, Napoléon et le Portugal, Paris, Bernard Giovanangeli éditeur, 2004.
- Guillon, Edouard, Les Guerres d’Espagne sous Napoléon Ier, Pyrénéen, 2005, 2 volumes.
- Hugo, A., Histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1837, ouvrage rédigé par une société de militaires et de gens de lettres d’après les bulletins des armées, le Moniteur, les documents officiels, etc., revu et publié par A. Hugo, ancien officier d’état-major, France Militaire, Paris, Delloye éditeur de la France pittoresque, 1833-1838, 5 volumes.
- Horward Donald D., André Masséna, Prince d’Essling, in the Age of Revolution (1789-1815), the journal of the International Napoleonic Society, volume I, number 1, April 1997, Florida Sate University.
- Molières, Michel, Expéditions françaises au Portugal de 1807 à 1811, Publibook, 2001.
- Pigeard, Alain, Dictionnaire de la Grande Armée, Bibliothèque napoléonienne, Tallandier, Paris, 2002.
- Pigeard, Alain, La guerre d’Espagne et du Portugal 1807-1814, Tradition Magazine, hors série n° 17.
- Rickard, J., Masséna’s invasion of Portugal, september 1810-march 1811, 16 avril 2008.
- Thiers, Adolphe, Histoire du Consulat et de l’Empire, Paris, Paulin libraire-éditeur, 1855, tome XII.
- Vittorio Scotti Douglas, « La guérilla espagnole dans la guerre contre l’armée de Napoléon », article paru dans le n° 336 des « Annales historiques de la Révolution française ».
Biographies
- Le maréchal Masséna (1758-1817), René Valentin, Paris-Limoges-Nancy, Charles-Lavauzelle et Cie, 1960.
- Histoire du duc de Wellington, Alexis Brialmont, Paris, Charles Tanera, 1856-1857, 3 volumes.
Notes
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[*]
Agrégé d’histoire, haut fonctionnaire au ministère des Finances, Marc OUDINOT est un descendant du maréchal Oudinot. Il est l’auteur d’un biographie consacrée à son ancêtre, parue aux Editions de Fallois en 2007.
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[1]
Prosper HOÜARD, ami du maréchal Oudinot, fut en quelque sorte le « correspondant » et cicerone de Victor Oudinot à Paris durant toute sa jeunesse, son père étant presque en permanence sur les champs de bataille, et resta un intime du jeune homme sa vie durant.
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[2]
Nicolas-Charles OUDINOT (1767-1847), maréchal d’Empire, avait été surnommé par Napoléon le « Bayard de l’armée » tant sa bravoure rappelait le fameux chevalier « sans peur et sans reproche ».
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[3]
Michel NEY, duc d’Elchingen (1769-181) commandait le 6e corps d’armée (effectif théorique : 27 808 hommes, en fait 24 000). Bien qu’il ait déjà servi sous les ordres de Masséna dans l’armée d’Helvétie en 1799, il avait manifesté son mécontentement de se retrouver sous son autorité dès que celui-ci avait été nommé à la tête de l’armée du Portugal.
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[4]
Andoche JUNOT, duc d’Abrantès (1771-1813) commandait le 8e corps d’armée (effectif théorique : 19 130 hommes, en fait 17 000). Sa témérité à la limite de l’inconscience s’alliait à un caractère fantasque qui lui fit faire bien des extravagances ; c’était pour l’éloigner une nouvelle fois de Paris qu’en 1807 Napoléon l’avait nommé à la tête d’une armée chargée de conquérir le Portugal, dont il fut nommé gouverneur après le départ du souverain au Brésil. Battu à Vimeiro en 1808, la convention de Sintra lui permit, cependant, d’assurer le rapatriement de l’armée française. En 1810, Junot se retrouvait une nouvelle fois dans la péninsule ibérique, mais sous les ordres de Masséna, ce qui n’était pas fait pour le satisfaire.
-
[5]
Jean-Louis REYNIER (1771-1814), général d’origine suisse, avait rejoint le 2e corps d’armée en Espagne en janvier 1810 (effectif théorique : 16 228 hommes, en fait 14 000) et avait intégré l’armée du Portugal sous Masséna, le 17 avril 1810.
-
[6]
Napoléon avait annoncé à Masséna qu’il aurait sous ses ordres une armée de 80 000 hommes, ce qui était loin d’être le cas, soit que l’Empereur ignora que les effectifs théoriques avaient fondu, soit qu’il ait délibérément surestimé les effectifs disponibles pour achever de convaincre Masséna d’accepter le commandement de l’armée du Portugal, ainsi que l’indique A. Thiers (tome XII, p. 310).
-
[7]
Ciudad RODRIGO : place forte espagnole, située sur l’ ?gueda, affluent du Douro, à une trentaine de km de la frontière hispano-portugaise sur la route de Salamanque à Coimbra, défendue par une solide garnison sous les ordres d’un vaillant officier, le général Harrasti, qui lutta plus d’un mois contre les troupes de Ney et se rendit le 9 juillet 1810.
-
[8]
Région du nord-ouest de l’Espagne, située au nord du Portugal.
-
[9]
Région ouest de l’Espagne, frontalière du Portugal.
-
[10]
Côa : affluent de la rive gauche du Douro, coulant du sud vers le nord parallèlement à la frontière luso-espagnole du côté portugais.
-
[11]
Vitoria GASTEIZ, capitale de la province la plus méridionale du pays basque, Alava-Araba.
-
[12]
Zone escarpée de collines en terrasses autour du village de Salinas de Añana, situé à quelques kilomètres de Vitoria Gasteiz, qui tire son nom de salines artificielles d’origine romaine.
-
[13]
Né le 3 novembre 1791, Victor Oudinot était alors dans sa dix-huitième année.
-
[14]
Le terme de guerilla pouvait désigner, à la fois, des tirailleurs, corps francs, bandes de partisans comme c’est le cas ici ou, en tant que diminutif du mot guerre, des opérations militaires secondaires menées par des troupes légères régulières ou non. C’est à cette époque que commença à se répandre l’utilisation de ce terme dans son acception moderne de lutte armée de civils encadrés en formations irrégulières, à la suite de la traduction en espagnol, en 1780, du fameux ouvrage de Philippe de Grandmaison, La petite guerre ou traité du service des troupes légères en campagne, publié à Paris en 1756 (cf. article « La guérilla espagnole dans la guerre contre l’armée de Napoléon » de Vittorio Scotti Douglas, n° 336 des Annales historiques de la Révolution française).
-
[15]
Guerrero : guerrier, partisan.
-
[16]
Verrou de l’entrée dans le centre du Portugal, située à la frontière luso-espagnole, la forteresse d’Almeida était, avec Ciudad Rodrigo, la seconde des places dont Napoléon avait jugé la conquête indispensable pour permettre à Masséna de pénétrer au Portugal, repousser les Anglais et marcher sur Lisbonne. Le siège avait été brillamment précédé par un combat heureux du maréchal Ney contre le corps anglais de Craufurd, le 24 juillet (combat de la Côa).
-
[17]
Situé à une trentaine de km au nord-ouest de Ciudad Rodrigo près du village d’Aldea del Obispo, en limite de la frontière hispano-portugaise, le fort de la Conception était le pendant de la forteresse portugaise d’Almeida, l’un et l’autre verrouillant la route de Salamanque à Aveiro. Le fort de la Conception, « qui était un chef d’œuvre de l’art » (Guingret, Relation historique et militaire de la campagne de Portugal, p. 17), fut endommagé par les Anglais qui tentèrent de le faire sauter avant d’en être délogés par Ney le 21 juillet 1810.
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[18]
Le 6e corps, sous Ney, était formé des divisions d’infanterie Marchand, Mermet et Loison et de la division de cavalerie Lorcet, le 8e, sous Junot, était formé des deux divisions d’infanterie Clauzel et Solignac et des deux brigades de cavalerie Treilhard et Sainte-Croix et le 2e, sous Reynier, était formé des deux divisions d’infanterie Merle et Heudelet et de deux divisions de cavalerie.
-
[19]
Le gouvernement de Lisbonne avait décrété la peine de mort contre quiconque n’obtempérait pas à la mise en œuvre de cette tactique de la terre brûlée. Wellington recula jusqu’aux lignes de Torres Vedras après avoir tout ravagé sur son passage, détruit les ports, éliminé toute embarcation, brûlé les villages, pillé les fermes afin d’affamer l’armée française (Histoire des armées françaises, T. IV, p. 240. Alain Pigeard, La guerre d’Espagne et du Portugal 1807-1814, p. 8).
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[20]
Les monts Buçaco sont situés à une vingtaine de km au nord de Coimbra. La crête de quelque 12 km, derrière laquelle se trouvaient les Anglais, s’étire du nord au sud et culmine à 541 m. Deux chemins permettaient de franchir d’est en ouest ces versants abrupts et de conduire vers Coimbra : l’un, au nord, de Moura en direction de Luso, passant par un couvent des Carmes déchaussés construit au XVIIe siècle, emprunté par Ney ; l’autre, au sud, de Santo Antonio de Cântaro à Palhieros, emprunté par Reynier.
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[21]
Le général Jean-François Graindorge (1770-1810) servait dans la péninsule ibérique depuis 1808. Grièvement blessé à Buçaco, où il commandait la 2e brigade de la 1re division du 2e corps, placée sous le commandement du général Merle, qui eut lui-même le bras fracassé, il mourut des suites de sa blessure le 1er octobre.
-
[22]
Le général Claude-François Ferey (1771-1811), baron de Rosengath, avait été affecté à l’armée d’Espagne en 1808. A Buçaco, il commandait la 2e brigade de la 3e division sous les ordres du général Loison. Il fut mortellement blessé à la bataille des Arapiles en 1812.
-
[23]
Artilleur de formation, Sébastien-Maximilien Foy (1775-1825) servait depuis 1807 dans la péninsule ibérique. Prisonnier à Porto, il avait failli y être égorgé en 1809. En 1810, à Buçaco, où il fut grièvement blessé, le général Foy commandait la 1re brigade de la 2e division placée sous le commandement du général Heudelet.
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[24]
Le général Edouard-François Simon (1769-1827) avait été chef d’état-major de Bernadotte et compromis dans la « conspiration des libelles » contre le Premier Consul, ce qui lui avait valu d’être arrêté, destitué et interné. Réintégré dans son grade en 1804, il ne reçut une affection qu’en 1809 à l’armée d’Espagne. À l’armée du Portugal, il commandait la 1re brigade de la 3e division placée sous les ordres du général Loison. Blessé deux fois par un éclat d’obus, il fut fait prisonnier et le resta jusqu’en 1814.
-
[25]
Prenant sa source dans la serra da Estrela dans les environs de Guarda, le Mondego est le plus grand fleuve coulant seulement au Portugal, qu’il traverse d’est en ouest pour se jeter dans l’Atlantique après avoir traversé Coimbra.
-
[26]
Charles d’Escorches de Sainte-Croix (1782-1810) était un remarquable officier. À vingt-huit ans, il commandait la 1re brigade de Dragons du 8e corps, sous Junot, après avoir été Premier aide de camp de Masséna, qui avait toujours su s’entourer d’hommes de valeur et ne jurait que par lui. « His judgment in selecting chiefs of staff was usually unfailing, as exemplified by Oudinot at Zurich (Nicolas-Charles Oudinot, le père de Victor, devenu maréchal) or Reille at Genoa. Again, during the campaigns in Germany and Portugal he was served by two very capable first aides de camp, Charles Sainte-Croix and Pelet, who assumed even more responsible roles in strategic and tactical decision », (André Masséna, Prince d’Essling, in the age of Revolution, Donald D. Horward).
-
[27]
Officier supérieur britannique, Grant commandait un corps portugais. En effet, après l’invasion du Portugal par Junot en 1807 et le départ de la famille royale pour le Brésil, l’armée portugaise, qui était mal armée, mal équipée, mal payée et avait à sa tête des officiers supérieurs aussi nombreux qu’âgés, s’était décomposée. Lorsque Wellington revint au Portugal en 1809, les Portugais avaient été joints à des colonnes britanniques et en 1810 les brigades portugaises furent mixées avec celles de l’armée britannique : en général, une division d’infanterie était constituée de deux brigades anglaises et une brigade portugaise et se trouvait placée sous commandement d’un officier britannique.
-
[28]
Adossée à une colline au pied de laquelle passe le Mondego, Coimbra était fameuse pour son université fondée à la fin du XIIIe siècle, sa cathédrale, Sé Velha, à côté de laquelle se trouve le palais épiscopal, imposant édifice remanié à la Renaissance, et ses divers monastères.
-
[29]
Aide de camp de Wellington en Espagne, Lord FitzRoy Somerset (1788-1855), devenu le 1er baron Raglan en 1852, prit part ultérieurement à la bataille de Toulouse en qualité de lieutenant-colonel et eut le bras emporté à Waterloo. C’est à la suite de cette amputation qu’il prit l’habitude de porter des vestes dont l’emmanchure montaient jusqu’à l’encolure, car elles étaient plus faciles à enfiler, d’où le nom qui fut donné à ce type de vêtement. Cela étant, ce n’est pas à cela que lord Raglan devait sa notoriété. À la fin de sa carrière, nommé commandant en chef des forces britanniques en Orient en 1854, il mena conjointement avec les Français l’expédition de Crimée. Élevé à la dignité de Field Marshal, il fut emporté par le choléra peu après.
-
[30]
Aussi surprenant que cela paraisse, ni l’Empereur ni Masséna n’avaient eu connaissance de la nature exacte des lignes de défense dont Wellington avait entrepris la construction secrètement pour assurer la protection de Lisbonne en barrant l’accès de la péninsule entre le Tage et l’Atlantique. Le reflux des Britanniques avait pu laisser penser à Masséna qu’ils gagnaient Lisbonne pour tenter de s’embarquer sur leur flotte et non pas cette position de défense offrant un abri quasiment inexpugnable.
-
[31]
Leiria : ville située à mi-chemin de Coimbra et Lisbonne.
-
[32]
Après le licenciement officiel de l’armée portugaise, Napoléon avait créé le 16 janvier 1808 la Légion portugaise, qui devait s’illustrer ultérieurement à Wagram sous les ordres d’Oudinot, le père de Victor. La formation en fut confiée à Junot et le commandement au lieutenant général Pedro d’Almeida, marquis d’Alorna (1754-1813). Ce dernier, qui était l’un des rares chefs militaires de valeur du Portugal, avait décidé de se ranger aux côtés des Français lors de l’occupation du Portugal par Junot en 1807. En 1810, Alorna, devenu général de division, fut nommé à l’armée du Portugal pour aider Masséna en matière de renseignement et pour exercer une certaine influence dans le pays, indique Marmont dans ses Mémoires (T. IV, p. 72). Le marquis d’Alorna mourut à Kœnisberg, en 1813, à l’issue de la retraite de Russie.
-
[33]
Alhandra : bourgade située sur la rive droite du Tage, à une vingtaine de km au nord de Lisbonne.
-
[34]
Sobral de Monte Agraço est situé sur les hauteurs, comme l’indique son nom, entre Alhandra et Torres Vedras. Le point culminant dans cette zone est à 1 202 mètres, dans la serra de Louza.
-
[35]
Vila Franca : village situé à une trentaine de km au nord de Lisbonne sur la rive droite du Tage, à l’endroit où le fleuve commence à s’élargir pour former un vaste estuaire.
-
[36]
La carrière de Charles d’Escorches de Sainte-Croix s’annonçait fulgurante. Napoléon voyait en lui, semble-t-il bien, l’un de ses futurs maréchaux. La dépêche annonçant sa mort portant le nom de Lacroix, Napoléon fit demander des vérifications tant il appréciait ce général, qui avait été littéralement coupé en deux par un boulet le 11 octobre 1810, alors qu’il faisait une reconnaissance sur les bords du Tage.
-
[37]
Louis-Pierre Montbrun (1770-1812), ancien de l’armée du Rhin, fut l’un des plus grands cavaliers de l’Empire. Il commandait la réserve de cavalerie de l’armée du Portugal (quelque 2 400 sabres), où il s’illustra au siège d’Almeida, à Buçaco, Coimbra, Fuentes de Oñoro, puis ultérieuremnet à El Bodon. Il fut tué à la bataille de la Moskowa en 1812.
-
[38]
Serra da Estrela (chaîne de l’étoile) : chaîne montagneuse nord-sud, située au centre du Portugal.
-
[39]
Mer de Paille : nom donné au vaste estuaire du Tage à la hauteur de Lisbonne
-
[40]
Le Sizandro ou Zizambro, selon l’orthographe de l’époque, est un petit fleuve côtier, coulant d’est en ouest, qui se jette dans l’Atlantique à la hauteur de Torres Vedras.
-
[41]
Alliant fortifications, blockhaus, redoutes, demi-lunes et terrassements exploitant le relief naturel, la première ligne de défense, située à une cinquantaine de km au nord de Lisbonne, s’étendait sur 46 km de l’estuaire du Sizandro à Alhandra en passant devant Torres Vedras et était entièrement achevée à l’arrivée de Masséna. La seconde, 13 km plus au sud, devait s’étendre sur 39 km. La troisième consistait en un périmètre défensif de 3 km à proximité même de Lisbonne. Totalisant plus d’une centaine de forts et cent cinquante redoutes, bardés de plus de 700 pièces d’artillerie d’après l’indication de Victor Oudinot (400 selon l’intendant de police Denis de Lagarde, qui avait fait antérieurement un rapport sur les lignes de défense de Torres Vedras) et gardés par 70 000 hommes, ces lignes de défense ont constitué l’un des systèmes les plus efficaces de blockhaus de campagne dans l’histoire militaire.
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[42]
Des routes à usage militaire couvrant l’arrière des lignes assuraient une extraordinaire mobilité des forces et un réseau de sémaphores mis en place par la British Navy permettait d’envoyer un message d’un bout à l’autre en 7 minutes ou depuis le Quartier Général vers n’importe quel point en 4 minutes.
-
[43]
Déjà au lendemain de la bataille de Buçaco, opérant un revirement complet, Ney, Junot et Reynier avaient exigé d’effectuer une retraite rapide et d’abandonner le Portugal.
-
[44]
Santarém et Abrantes : villes situées sur la rive droite du Tage, respectivement à quelque quatre-vingt et cent-quarante km en amont de Lisbonne. En 1807, Abrantes avait déjà été occupée par Junot.
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[45]
Alentejo : vaste région s’étendant au sud du Tage, de Lisbonne à la frontière luso-espagnole, dont le nom signifie : au-delà du Tage.
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[46]
Alenquer : bourgade située sur la rivière Alenquer, affluent de la rive droite du Tage, à proximité des fameuses lignes de défense de Torres Vedras.
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[47]
Fils aîné du maréchal, Jacques-Prosper Masséna (1793-1821), qui avait deux ans de moins que Victor Oudinot, avait été comme lui page de l’Empereur. Il souffrait d’une maladie nerveuse et décéda à moins de 28 ans, alors qu’il était devenu chef d’escadron.
-
[48]
En 1799, alors que les armées françaises avaient été battues en Allemagne et en Italie, Masséna avait remporté une victoire décisive sur l’armée russe d’Alexandre Souvorov et Alexandre Korsakov à Zurich les 25 et 26 septembre. La victoire de Zurich sauva la République, menacée d’invasion par les armées de la deuxième coalition, à un moment plus périlleux que celui de Valmy ou de Fleurus.
-
[49]
Cf. Expéditions françaises au Portugal de 1807 à 1811 de Michel Molières, p. 329.
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[50]
N. Trant, lieutenant-colonel britannique, commandait un corps de miliciens « indépendant » du nord du Portugal, les Chasseurs de Porto, faisant partie de l’armée de Wellington.
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[51]
Pour tenter de résister à l’assaut du forcené qu’était le colonel Trant, même les blessés avaient pris les armes. « Le colonel Trant, après avoir laissé une forte garnison à Coimbra, marcha sur Porto avec tous les malades qu’il avait fait prisonniers. Arrivés dans cette ville, les malheureux blessés de Buçaco furent donnés pendant trois jours en spectacle à la populace et promenés dans les rues. Ceux qui ne pouvaient pas marcher furent forcés de monter sur des ânes. Plusieurs officiers français, soutenus par quelques habitants distingués de Porto, ayant réclamé contre cet affreux traitement, le colonel Trant répond que tous les moyens étaient bons pour exciter et entretenir l’enthousiasme populaire », (Histoires des armées françaises, T. IV, p. 236).
-
[52]
Soldats et officiers ne recevaient plus de solde et se nourrissaient en allant à la maraude, c’est-à-dire en fouillant les montagnes et les bois à la recherche de nourriture, d’autant plus qu’au nord des lignes de Torres Vedras tout ce qui aurait pu servir à alimenter l’armée française avait été soit récolté, soit caché ou bien brûlé sur ordre de Wellington. Une large zone du pays avait été désertée et quelque 200 000 habitants des régions avoisinantes avaient été déplacés au sud du réseau de lignes de défense. À cela s’ajouta la rigueur d’un hiver exceptionnellement froid. Il fallut bientôt aux soldats faire plus de 150 km en arrière pour trouver quelque chose à manger (cf. Campagnes du capitaine Marcel).
-
[53]
A. Thiers, Histoire du Consulat et de l’Empire, T. XII, p. 612 : « il [Masséna] avait eu la faiblesse de chercher un soulagement à ses longs travaux dans quelques plaisirs peu conformes à son âge et dont, surtout, il ne faut pas rendre témoins les hommes qu’on est chargé de commander. Il s’était fait suivre par une femme, qui ne l’avait pas quitté pendant la campagne et dont les soldats avaient dû souvent escorter la voiture au milieu de chemins difficiles et périlleux … ».
-
[54]
Maurice de Saxe (1696-1756), fils adultérin de l’électeur de Saxe, Frédéric-Auguste Ier, fut maréchal général de France.
-
[55]
Homme à femmes, Masséna avait emmené avec lui sa maîtresse, Henriette Leberton, qui était la sœur d’un de ses aides de camp, le capitaine Eugène Rénique, et l’épouse de l’un de ses anciens officiers d’état-major, le major Jacques Leberton (1754-1846). Mais ce n’est pas avec elle qu’il avait eu « d’anciennes relations ». La méprise de Victor Oudinot tient à l’originalité des liaisons qu’eut Masséna avec les deux sœurs Rénique, Eugénie et Henriette, originaires de Cambrai, qui furent tour à tour ses maîtresses. Il connut la première, danseuse à l’Opéra de Paris, avant de devenir l’amant de la seconde, qui l’accompagna au Portugal. Pour « dissimuler » sa présence, elle était souvent revêtue d’un uniforme militaire. Bien entendu, par loyauté vis-à-vis de son chef, Victor Oudinot, qui manifestement désapprouve la présence de la maîtresse de Masséna, n’entendait en aucun cas se joindre à ceux qui, comme Ney ou Junot, s’en servirent pour accabler et desservir le prince d’Essling.
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[56]
Napoléon lui aussi avait une mise fort simple. À Paris il portait toujours l’uniforme de colonel des grenadiers à cheval de la garde ; hors de Paris, celui des chasseurs à cheval. Il montait de très beaux chevaux. Il était très généreux et au besoin recevait splendidement. Enfin, il avait une incomparable auréole de gloire et de puissance. Ces motifs réunis expliquent pourquoi la modestie de sa tenue et les brillants costumes de son entourage formaient un contraste tout à l’avantage de Napoléon [Note de l’auteur].
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[57]
Pierre-François Denis de Lagarde (1768-1848), journaliste contre-révolutionnaire à la plume acérée, se rallia à Bonaparte, s’occupa de la surveillance des journaux et remplit diverses missions de police à partir de 1804, avant d’être nommé directeur général de la police à Venise puis d’être affecté dans les mêmes fonctions au Portugal et ensuite en Espagne. Ses rapports ont été étudiés par Nicole Gotteri : La mission de Lagarde, policier de l’empereur, pendant la guerre d’Espagne (1809-1811). Éditions des dépêches concernant la péninsule ibérique. Paris, Publisud, 1991.
-
[58]
Le général Anne-Jean-Marie Savary, duc de Rovigo (1774-1833), après avoir été aide de camp de Bonaparte, montra pendant quinze ans un dévouement inconditionnel à son maître, qui le chargea de missions diverses, militaires, diplomatiques ou policières, souvent délicates et parfois inquiétantes, y compris en Espagne. De 1810 à 1814, il fut ministre de la Police à la suite de Fouché.
-
[59]
Situé à une cinquantaine de km au nord de Santarém, Tomar s’était constitué autour d’un puissant couvent-forteresse, construit au XIIe siècle par les Templiers.
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[60]
Officier supérieur de grand talent, le général Foy, avait déjà servi en 1799, en Suisse, sous les ordres de Masséna, qui savait remarquablement s’entourer. Accompagné seulement de quelques dragons, Foy réussit à traverser le Portugal et l’Espagne sans tomber sur aucune des bandes qui infestaient toutes ces régions. Sous la Restauration, attiré par la carrière politique, il fut élu député et devint l’un des orateurs les plus populaires du parti libéral. On lui doit une Histoire des guerres de la Péninsule.
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[61]
Jean-Baptiste DROUET, comte d’Erlon (1765-1844), engagé comme simple soldat dans l’armée royale, fit une rapide carrière grâce à la Révolution. Général de division en 1803, grièvement blessé à Friedland, il fut alors fait comte d’Erlon. Envoyé en Espagne en 1810 pour rejoindre l’armée d’Andalousie, il y resta jusqu’à la fin de l’Empire. Commandant du 9e corps, il combattit avec l’armée du Portugal et joua un rôle important à Fuentes de Oñoro. Il fut nommé maréchal de France en 1843.
-
[62]
Les 1re et 2e divisions des « grenadiers d’Oudinot », sous les ordres respectivement des généraux Claparède et Conroux, venaient de Vieille-Castille où était stationné le 9e corps. Mais seule la division Conroux était parvenue sur place. La division Claparède était restée à Celorico pour maintenir les communications avec l’Espagne. A. Thiers a souligné leur exceptionnelle notoriété : « On parlait beaucoup, en effet, de l’arrivée des fameuses divisions d’Essling (celles qui des mains du maréchal Oudinot avaient passé aux mains du général Drouet) et de leur influence probable sur le sort de la guerre », Histoire du Consulat et de l’Empire, T. XII, p. 414.
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[63]
Nicolas-François Conroux (1757-1824), fils d’un officier d’artillerie, lui-même artilleur, s’était illustré sous les ordres du maréchal Oudinot, notamment à Essling puis à Wagram, à la suite de quoi il avait été nommé général de division. Affecté en Espagne à partir de 1810, il y resta jusqu’en 1813 et fut tué au combat d’Ascain le 20 octobre 1813.
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[64]
Rio Maior : village situé à mi-distance de Santarém et de la côte atlantique.
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[65]
Bertrand Clauzel (1772-1842), général de division depuis 1803, fut nommé en Espagne après avoir combattu en Italie et à Saint-Domingue. En 1810, il commandait la 1re division du 2e corps sous Junot. Bonapartiste inconditionnel, il fut proscrit lors de la Restauration, gagna l’Amérique et ne revint en France qu’à la suite de la loi d’amnistie du 20 juillet 1820. Nommé à la tête des troupes en Algérie par Louis-Philippe, il fut élevé à la dignité de maréchal en 1831.
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[66]
Aucun haut fait militaire ne se rattache à ce titre de duc d’Abrantès. En 1807, après une marche pénible, l’armée que commandait Junot n’avait trouvé des vivres et des ressources qu’en atteignant Abrantes, petite ville sur le Tage. C’est à cette circonstance que Junot, qui fut nommé gouverneur du Portugal abandonné par son roi réfugié au Brésil, dut de recevoir ce titre. Est-ce à la suite de cette blessure à Rio Maior qu’il perdit peu à peu la raison ? Toujours est-il, qu’à la fin de l’Empire, ayant été ramené chez son père à Montbard après s’être présenté sans autre vêtement que ses décorations lors d’un bal en Italie, il se jeta d’une fenêtre et mourut de ses blessures le 29 juillet 1813.
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[67]
Pierre-François-Victor de Casabianca (1784-1812), fils du général comte Raphaël de Casabianca, qui avait lui-même servi sous les ordres de Masséna avant de devenir sénateur, était aide de camp de Masséna depuis mars 1809. Nommé major le 3 octobre 1810, puis promu colonel en 1811, il fut tué le 14 août 1812 à Smolensk à la tête du 11e léger.
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[68]
Créée par décision impériale du 2 août 1804, l’école ou la Maison des pages, placée sous l’autorité du Grand écuyer, recevait de 35 à 40 jeunes gens. Outre le service à la Cour, ceux-ci y recevaient une formation soignée. Ils sortaient ensuite dans l’armée avec le grade sous-lieutenant sauf le Premier et le Second page, qui avaient le pas sur leurs camarades et sortaient avec celui de lieutenant. Victor Oudinot, entré dans les pages en 1804 parmi les plus jeunes, à l’âge de 13 ans, avait accompagné l’Empereur pendant toute la campagne d’Allemagne en 1809 en qualité de Premier page, avant d’être nommé lieutenant au 5e Hussards le 17 août 1809, puis aide de camp de Masséna le 12 juillet 1810.
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[69]
Napoléon avait de l’estime pour Masséna, stratège éminent, qui lors de la bataille de Zurich (1799) en particulier, avait démontré des talents exceptionnels. En 1809, il avait écrit au prince Eugène que Masséna avait « des talents militaires devant lesquels il faut se prosterner ». Mais il n’aimait pas ce grand général de la Révolution qui, sous le Consulat, s’était défié de son accession au pouvoir.
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[70]
Ancien de l’armée du Rhin, proche de Moreau, Foy, qui avait été hostile à la marche vers le pouvoir absolu de Bonaparte, avait de ce fait longtemps attendu sa nomination comme général de brigade puis divisionnaire. Il avait été choisi par le maréchal Masséna pour défendre auprès de Napoléon Ier la cause de l’armée de Portugal, arrêtée sur les bords du Tage par des obstacles qu’il ne dépendait ni de sa valeur ni de son dévouement de surmonter. Parti à Paris à la fin du mois d’octobre, il fut de retour le 5 février 1811.
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[71]
Le maréchal Jean-de-Dieu Soult (1769-1851), duc de Dalmatie, avait été nommé en Espagne en novembre 1808 en tant que commandant du 2e corps de la Grande Armée avec lequel il rejeta les Anglais à la mer après le départ de Napoléon. Chargé en 1809 d’envahir le Portugal, il s’en était vu offrir la couronne. Battu par Wellington, il fut obligé d’évacuer Porto et se replia en Espagne. Nommé major général du roi Joseph à la place de Jourdan en septembre 1809, il occupa l’Andalousie et reçut le commandement de l’armée d’Andalousie (ou du Midi) en juin 1810.
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[72]
Le maréchal Adolphe-Edouard Mortier (1768-1835), duc de Trévise, avait été nommé en octobre 1808 à la tête du 5e corps de l’armée d’Espagne, dont l’action était coordonnée par Soult.
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[73]
Alexandre Berthier (1753-1815), général de division en 1795, maréchal en 1804, chef d’état-major de Napoléon presque sans interruption, était « major général » de la Grande Armée depuis 1805.
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[74]
Golega : petit village, situé entre Santarém et Abrantes à proximité de la rive nord du Tage, où était cantonnée la division du général Loison. « Masséna réunit les principaux généraux dans un conseil de guerre, qui se tint à Golega, et après une courte délibération, il fut décidé que chaque corps se tiendrait prêt à faire un mouvement au premier ordre », (Histoire des armées française, T. IV, p. 241). Outre Masséna et les chefs de corps, participèrent à ce conseil de guerre les généraux Fririon, chef d’état major de Masséna, Eblé, Lazowski, Foy et Solignac, mais pas Drouet d’Erlon.
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[75]
Wellington, lui-même, ne revenait pas de la ténacité de l’armée française. En décembre 1810, il avait écrit à Lord Liverpool, Secretary for War and the Colonies : « It is certainly astonishing that the enemy has been able to remain in this country so long; and it is an extraordinary instance of what a French army can do. It is positively a fact that they brought no provisions with them and they have not received even a letter since they entered Portugal [ …]. I could not maintain one division in the district in which they have maintained not less than 60 000 men and 20 000 animals for more than two month », André Masséna, Prince d’Essling, in the age of Revolution, Donald D. Horward.
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[76]
N’ayant plus à espérer aucun renfort et sachant qu’il avait assez exigé de la ténacité et du courage de ses soldats, Masséna se résolut à la retraite. Une fois la décision prise, il la mit en œuvre avec l’habileté d’un chef consommé. Laissant croire jusqu’au dernier moment aux Anglais que tous ses préparatifs n’avaient d’autre but qu’un assaut général sur les lignes de Torres Vedras, il leva soudainement son camp et prit la route de Leiria et Coimbra (cf. Alain Pigeard, La guerre d’Espagne et du Portugal 1807-1814, p. 14).
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[77]
Frère aîné de Napoléon, Joseph Bonaparte (1768-1844), après avoir reçu dans un premier temps la couronne de Naples, s’était vu donner trois ans plus tard celle d’Espagne (juin 1808) par l’Empereur, après l’abdication forcée des Bourbons d’Espagne lors de l’entrevue de Bayonne (5-10 mai 1808).
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[78]
Pombal : bourg situé à une quarantaine de km au sud de Coimbra.
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[79]
Le général Drouet d’Erlon et les hommes du 9e corps qu’il avait amenés, n’étaient pas placés sous les ordres de Masséna. Napoléon n’y consentira que très tardivement, le 29 mars 1811. Jusque-là il avait, certes, reçu du major général Berthier l’ordre d’appuyer les opérations de Masséna, mais avait pour mission principale de ne jamais se laisser couper d’Almeida …
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[80]
En fait, Wellington ne laissa aucun répit aux Français, qui durent abandonner leurs positions les unes après les autres. Malgré les très brillantes actions de Ney, ils ne purent parfois se maintenir que quelques heures dans les positions qu’ils avaient décidé de tenir, comme à Coimbra.
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[81]
Redinha : village situé sur le rio Soure, à une douzaine de km au nord de Pombal sur la route menant à Coimbra.
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[82]
Condeixa : village situé à une dizaine de km au sud de Coimbra.
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[83]
Pereira : village situé à une vingtaine de km à l’ouest de Coimbra sur la rive gauche du fleuve Mondego, que l’armée devait franchir.
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[84]
Julien-Augustin Mermet (1772-1837), brillant cavalier, promu général de brigade à 23 ans en 1796 et général de division en 1805, avait été affecté en Espagne en 1808. En 1811, il commandait la 2e division d’infanterie du 6e corps de Ney et fut blessé le 15 mars à Foz de Arouce.
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[85]
Le major-général Thomas Picton (1758-1815), après avoir servi en Allemagne, en Amérique, aux Indes et à Sainte-Lucie et Tobago, où son comportement lui avait valu un procès pour cruauté et abus de pouvoir, fut nommé major-général en 1808 et envoyé en Espagne en tant que commandant de la IIIe division de l’armée sous les ordres de Wellington.
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[86]
Louis-Marie Lévesque, comte de Laferrière (1776-1834), issu de la Garde nationale de Rennes, s’était révélé dans les armées de la République un très brillant cavalier. Il servait dans les Hussards depuis 1802 et avait été nommé colonel du 3e régiment de Hussards en 1807 dans le 6e corps du maréchal Ney, sous les ordres duquel il vint en Espagne en 1808. Selon les indications du dictionnaire de Georges Six, lors de ces charges du 12 mars 1811 Laferrière-Lévesque aurait été blessé de deux coups de feu, l’un à la main gauche, l’autre au bras droit. Il est difficile de savoir s’il s’agit d’une confusion de sa part ou d’une double blessure différente de celle mentionnée par Victor Oudinot. Laferrière-Lévesque fut promu général de brigade en 1811 puis général de division et comte en 1813.
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[87]
Ce récit se retrouve dans les mêmes termes dans les Carnets de campagnes du commandant Giraud, Paris, Téqui, p. 227 : « L’honneur des armes prescrivait au généralissime anglais de ne pas rester plus longtemps en échec devant des adversaires si inférieurs à lui par le nombre. Attaquée par les forces anglaises et portugaises réunies, la division Mermet se retira lentement en échelon, par régiment, derrière les troupes de Marchand, qui exécutèrent, ainsi que nous l’avons dit ci-dessus, des feux nourris et meurtriers. Notre cavalerie opéra son mouvement de retraite avec un calme inébranlable et une attitude non moins fière que celle des troupes à pied. » Les Carnets de campagnes du commandant Giraud furent publiés en 1898 à partir de documents recueillis, classés et mis en ordre par le commandant Grandin, historien militaire, qui avait été chargé également de faire un travail similaire à la même époque pour les Souvenirs intimes et militaires de Victor Oudinot, dont il avait publié un extrait concernant la campagne de Portugal en 1896. La similitude des termes est évidente. Grandin utilisa-t-il des éléments des Souvenirs de Victor Oudinot lorsqu’il mit en forme les Carnets de campagnes du commandant Giraud ou l’inverse ? Impossible à dire …
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[88]
Soure : sous-affluent du Mondego traversant Redinha.
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[89]
Miranda de Corvo : village situé au sud de Coimbra à une vingtaine de km à l’est de Condeixa.
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[90]
Fonte Coberta, Fuente Cuberta dans le texte original, est proche de Condeixa et Miranda de Corva.
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[91]
« La formidable position de Miranda de Corvo fut abandonnée presqu’aussitôt qu’occupée par suite des mouvements de l’armée anglo-portugaise », Aperçu nouveau sur les campagnes des Français en Portugal, p. 184.
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[92]
Le rio Ceira est un affluent de la rive gauche du Mondego, dans lequel il se jette légèrement en amont de Coimbra. Il constituait une première ligne de repli pour l’armée qui s’y trouva réunie le 15 mars 1811.
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[93]
L’Alva, à l’est du rio Ceira, est un affluent de la rive gauche du Mondego, aussi important que ce fleuve dans lequel il se jette à une trentaine de km en amont de Coimbra après un parcours d’une cinquantaine de km parallèlement au Mondego. L’Alva pouvait constituer une solide ligne de défense pour l’armée de Portugal, qui l’atteignit le 18 mars.
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[94]
Casal Novo : petit village à une quinzaine de km à l’est de Miranda de Corvo sur un affluent du rio Ceira, où il y eut un sérieux accrochage le 14 mars 1811 entre Ney et la Ve division du général William Erskine, qui faillit fort mal tourner pour ce dernier.
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[95]
Point de passage sur le rio Ceira, Foz de Arouce, situé à une quinzaine de km au nord-est de Miranda de Corvo, fut le théâtre du dernier combat de Ney, le 15 mars 1811.
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[96]
Le général Auguste Gourlez, baron de Lamotte, ou Lamothe, (1772-1836) anti-bonapartiste irréductible, proche de Moreau, s’était trouvé disgracié lors du procès de ce dernier. Il fut ultérieurement impliqué dans l’affaire Malet, ce qui lui valut d’être assigné à résidence. Le maréchal Oudinot, dont Lamotte avait été aide de camp durant les guerres de la Révolution, lui avait toujours manifesté sans réserve son amitié en dépit des inconvénients que cela aurait pu lui valoir. En Espagne, affecté au 6e corps, sous Ney, il commandait la brigade de cavalerie légère à la place de Lorcet à Foz de Arouce.
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[97]
Renonçant à tenter de se maintenir sur la ligne du Mondego, Masséna se décida alors à rebrousser chemin vers Ciudad Rodrigo, où se trouvaient habillements, munitions, ressources d’artillerie et Trésor de l’armée qui n’avait pas reçu de solde depuis dix mois.
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[98]
En avril-mai 1800, Masséna s’était couvert de gloire en résistant héroïquement dans Gênes assiégée par les Autrichiens, ce qui avait permis à Bonaparte de franchir le col du Grand-Saint-Bernard à la tête de l’armée des Alpes.
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[99]
Guarda, Belmonte, situé à une cinquantaine de km au sud de Guarda, et Celorico da Beira, à une vingtaine de km à l’ouest de Guarda, étaient trois sites puissamment fortifiés se trouvant à deux à trois jours de marche d’Almeida et Ciudad Rodrigo, forteresses tenues par l’armée du Portugal de part et d’autre de la frontière luso-espagnole.
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[100]
Jean-Baptiste Porcher Dupleix (1784-1857), aide de camp de Masséna depuis 1808 en tant que lieutenant, fut maintenu dans ses fonctions à sa nomination comme capitaine, le 31 mai 1809, et fit la campagne du Portugal à ses côtés. Après avoir fait les campagnes de Russie et de Saxe, il retrouva de nouveau Masséna en tant qu’aide de camp en 1813. Mis en non activité sous la Restauration, il devint pair de France par droit d’hérédité en 1824.
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[101]
Alcántara : bourg espagnol situé sur le Tage à mi-distance de Ciudad Rodrigo et Badajoz, à proximité immédiate de la frontière hispano-portugaise.
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[102]
Louis-Henri Loison (1771-1816), fils d’un député de l’Assemblée constituante, connut une rapide ascension au début de la Révolution grâce à son père et avait été nommé général de division en 1799 alors qu’il servait sous les ordres de Masséna dans l’armée d’Helvétie. Affecté dans la péninsule ibérique en 1807, il commandait depuis janvier 1810 la 3e division du 6e corps, sous Ney, qu’il remplaça le 23 mars 1811.
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[103]
Dans les dépôts, les soldats couchaient à deux et parfois trois dans le même lit.
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[104]
« Quoique Ney eût tort et que l’armée le reconnut, comme il venait de la sauver il fut vivement et généralement regretté », Aperçu nouveau sur les campagnes des Français en Portugal, p. 165.
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[105]
Le maréchal Jean-Baptiste Bessières (1768-1813), duc d’Istrie, avait déjà été envoyé dans la péninsule ibérique en 1808, où il avait remporté la bataille de Medina del Rio Seco. Le 11 janvier 1811, il avait pris le commandement en chef de l’armée du Nord de l’Espagne, dont les régions au nord de l’Èbre avaient été soustraites à l’autorité de Joseph, souverain du royaume d’Espagne. Il y fut suivi de la cavalerie de la Garde impériale dont il était colonel général.
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[106]
Sabugal : place forte sur le rio Côa à une cinquantaine de km au sud-est de Guarda à proximité de la frontière luso-espagnole.
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[107]
Soult devait venir renforcer Masséna avec le 5e corps. Ayant retardé l’exécution des ordres par le siège de Badajoz, place située sur le rio Guadiana à la frontière hispano-portugaise à la même latitude que Lisbonne, Soult avait ainsi compromis sa jonction en temps utile avec l’armée du Portugal, réduite à la dernière extrémité faute de moyens de subsistance.
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[108]
Le lieutenant-général Brent Spencer commandait la 1re division de l’armée anglo-portugaise sous les ordres de Wellington (7 565 hommes).
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[109]
Général anglais, William Carr Beresford (1768-1856) avait été aussi nommé maréchal dans l’armée portugaise, qu’il avait été chargé de réorganiser. En 1810 il avait combattu à Buçaco. En 1811, il commandait une armée anglo-portugaise et espagnole, qui surveillait Badajoz.
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[110]
Águeda : affluent du Douro passant à Ciudad Rodrigo, qui coule du sud vers le nord parallèlement à la frontière hispano-portugaise.
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[111]
Wellington ayant, semble-t-il, deviné le plan de Masséna, ses manœuvres visèrent dès lors à empêcher tout nouvel établissement des Français au Portugal.
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[112]
Préparé par les soins de Masséna et l’intendant général Lambert, aidé par le général Thiébault, gouverneur de Salamanque, le convoi de 1 500 voitures, chargées de blé, de farine, de biscuit et d’eau-de-vie, était destiné à ravitailler Almeida, forteresse défendue par la garnison du général Brenier et bloquée par la VIe division du général Alexander Campbell. Quant aux pièces d’artillerie, elles étaient destinées à suppléer celles de l’armée du Portugal qui étaient démontées.
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[113]
Jean-Jacques Pelé ou Pelet-Clozeau (1777-1858), ingénieur géographe de formation, était un remarquable officier supérieur. Attaché à l’état-major de Masséna depuis 1805, il l’avait suivi en Italie, en Allemagne puis au Portugal. Devenu Premier aide de camp le 11 octobre 1810, il fut nommé colonel six mois plus tard à l’occasion de sa mission à Paris auprès de l’Empereur puis général en 1813.
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[114]
Après Talavera (27-28 juillet 1809), la bataille de Fuentes de Oñoro fut la plus importante de toutes celles qui furent livrées dans la péninsule ibérique.
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[115]
L’Armée du Portugal avait achevé son mouvement de concentration le 26 avril au soir et Wellington, qui en avait été informé le 25 à Badajoz dont il envisageait de commencer le siège, en était revenu rapidement et était arrivé à son quartier général de Villa-Formosa le 28.
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[116]
Jean-Baptiste Solignac (1773-1850), général de division depuis 1808, avait participé aux journées de Brumaire où il avait fait évacuer la salle des Cinq-Cents pour protéger Bonaparte. Destitué à deux reprises (concussion ?), il avait été affecté en 1808 à l’armée de Portugal et s’y était distingué. Il servit dans la péninsule ibérique jusqu’en 1811.
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[117]
Le général de brigade Pierre Watier (ou Wathier), brillant cavalier, s’était illustré durant les campagnes de 1805, 1806 et 1807 en Allemagne et Pologne, avant d’être envoyé en Espagne en 1808. À Fuentes de Oñoro, il commandait la 1re brigade de la réserve de cavalerie sous Montbrun (700 sabres).
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[118]
Louis Lepic (1765-1827), général de brigade, était colonel-major des grenadiers à cheval de la garde impériale. Combattant avec l’armée du Portugal, il n’en restait pas moins sous les ordres de Bessières, colonel général et investi du commandement indépendant du Nord de l’Espagne.
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[119]
Don Julian Sanchez Garcia (1774-1831), dit « El Charro », fut l’un des plus fameux chefs des guerillas d’Espagne, où il est un héros de la « Guerre d’Indépendance ». Il était natif des environs de Ciudad Rodrigo, où un monument est érigé à sa mémoire. Cet ancien soldat du régiment d’infanterie de Majorque, se lança en 1808 dans la lutte contre les Français, sous les coups desquels, dit-on, avaient été tués son père, sa mère et l’une de ses sœurs. Rassemblant un groupe de partisans, il rejoignit les rangs de l’armée britannique, où le duc del Parque le nomma commandant du régiment de cavalerie des Volontaires de Ciudad Rodrigo. Il combattit sans interruption dans sa région natale tantôt au côté des Britanniques tantôt indépendamment, forçant l’admiration de tous, y compris de ses ennemis, par sa bravoure et son sens tactique. « Toujours intrépide et toujours infatigable », dit Thiébault dans ses Mémoires (T. IV, p. 534). En 1811, il combattait au sein de l’armée anglaise à Fuentes de Oñoro à la tête d’une brigade composée du 1er régiment de Lanciers de Castille et de deux bataillons d’infanterie.
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[120]
Nave de Haver, ou Nave-de-Avel ainsi que cela est orthographié dans le manuscrit de Victor Oudinot, est un village, où il y eut de violents affrontements, situé à une douzaine de km au sud de Fuentes de Oñoro.
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[121]
Le général Robert Craufurd (Crawford ou Crawfurd) commandait la division légère britannique, qui était appuyée par la cavalerie du lieutenant-général Sir Stapleton Cotton (près de 1 900 sabres). Craufurd fut tué à Ciudad Rodrigo deux ans plus tard, lorsque les Britanniques reprirent cette place.
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[122]
Castelo Bom : fort portugais proche de la frontière sur la route de Ciudad Rodrigo à Guarda, à l’embranchement menant à Almeida.
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[123]
Dos Casas : torrent encaissé, qui est un affluent de l’Águeda, coulant du sud au nord et passant en contrebas de Fentes de Oñoro.
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[124]
La Alameda de Gardon : village espagnol situé à une vingtaine de km au nord-ouest de Ciudad Rodrigo, à mi-distance de la forteresse d’Almeida.
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[125]
Gallegos de Argañán : village espagnol à une quinzaine de km au nord-ouest de Ciudad Rodrigo.
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[126]
Poço Velho ou Pozzo-Velho ainsi que cela était orthographié auparavant : village à 6 km au sud de Fuentes de Oñoro, à mi-distance de Nave de Haver.
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[127]
Le général de brigade François Fournier-Sarlovèze (1773-1827), « le plus mauvais sujet de la grande armée », était aussi connu pour ses frasques, son insubordination et ses abus de pouvoir que pour son intrépidité insensée. En Espagne, où il fut affecté en 1808, ce sabreur exceptionnel, cavalier remarquable, d’une extrême témérité, avait été surnommé el Demonio par les guerrilleros qu’il pourchassait un peu partout. À Fuentes de Oñoro, où il fut éblouissant, il commandait la 2e brigade de la réserve de cavalerie sous Montbrun.
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[128]
Affluent de l’Águeda, qui est lui-même un affluent de la rive gauche du Douro, le rio Turones en espagnol, ou rio Tour ?es en portugais, prend sa source à quelques km au sud de Nave de Haver, qu’il contourne par l’ouest, puis continue vers le nord en constituant la frontière à partir de Fuentes de Oñoro.
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[129]
Louis-Achille-Hyppolite Tourteau de Septeuil (1787-1861), capitaine des Dragons, était un aristocrate normand, dont l’épouse, Pauline Le Roy de Mondreville, était une grande amie de Pauline Bonaparte (1780-1825), remariée au prince Camille Borghèse en 1803 par Napoléon. Il fut l’un des nombreux amants de cette dernière, ce qui lui avait valu d’être éloigné au Portugal par l’Empereur. À son propos la duchesse d’Abrantès écrivit : « Je ferai voir combien il est dangereux d’aimer des princesses ; témoin M. de Canouville, qui y perdit la tête ; M. de F …, qui fut exilé ; M. le duc d’Abrantès, qui fut également exilé ; [ …] M. de Septeuil perdit plus tard une de ses jambes, parce qu’il ne pouvait pas aimer la princesse Borghèse », Mémoires de la duchesse d’Abrantès, T. VI, p. 378.
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[130]
Le Capitaine des Dragons Bréqueville se trouvait être de service dans l’un des escadrons chargés du maintien de l’ordre lors des émeutes fomentées à l’encontre de Louis-Philippe par les Républicains, le 5 juin 1832, à l’occasion des obsèques du général Lamarque ; il fut blessé lors d’affrontements au pont d’Austerlitz. La « triste célébrité » à laquelle fait allusion Victor Oudinot traduit, en fait, sa désapprobation à l’encontre de la Monarchie de Juillet qu’il estimait illégitime.
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[131]
Le major-général Houston commandait la VIIe division britannique.
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[132]
Cf. Mémoires de Masséna, rédigés par le général Koch, T. VII, p. 537.
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[133]
Cf. Mémoires de Masséna, rédigés par le général Koch, T. VII, p. 538 :
« - Où est la cavalerie de la garde ?
« - Prince, répond ce jeune officier, je n’ai pu l’enlever.
« - Comment ?
« - Le général Lepic m’a déclaré qu’il ne reconnaissait ici que le duc d’Istrie et qu’il ne tirerait pas le sabre du fourreau sans son ordre ». -
[134]
Le général de brigade Antoine-François Brenier de Montmorand (1787-1832) avait commencé sa carrière comme cadet dans l’armée d’Espagne en 1781, avant de la poursuivre dans l’armée royale puis celles de la Révolution et de l’Empire. Affecté au Portugal en 1808, blessé et fait prisonnier à Vimeiro, échangé en 1809, il était gouverneur d’Almeida en 1811. Napoléon, ayant apprécié son comportement dans cette affaire, le nomma général de division.
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[135]
Le major-général Alexander Campbell commandait la VIe division (5 250 hommes).
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[136]
Le brigadier-général Pack commandait une brigade portugaise indépendante.
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[137]
Le lieutenant-général Sir Stapleton Cotton commandait la cavalerie, constituée de deux brigades britanniques et de la brigade portugaise Barbacena.
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[138]
Villar de Ciervo : village espagnol situé à une quinzaine de km à l’est d’Almeida.
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[139]
Auguste-Frédéric-Louis Viesse de Marmont (1774-1812), maréchal, duc de Raguse, succéda à Masséna à la tête de l’armée de Portugal. Étroitement surveillé par Berthier, major général, Marmont ne put mettre en pratique les quelques idées qu’il avait pour tenter de verrouiller la frontière à défaut d’envahir le Portugal, où il ne réussit guère à pénétrer qu’au printemps 1812 mais sans s’avancer beaucoup à l’intérieur du pays. Néanmoins, l’habileté avec laquelle il manœuvra est reconnue de tous, même s’il fut finalement battu par Wellington, le 22 juillet 1812, à la bataille des Arapiles, appelée aussi bataille de Salamanque, où il commit une erreur tactique. Napoléon, mécontent de cette défaite, ordonna à Clarke, ministre de la Guerre, de mener une enquête et d’interroger Marmont.