1 C’est un événement unique en son genre que nous avons connu le 3 décembre 2014 lors de la création d’un lieu de réflexion universitaire consacré à Napoléon. Il ne s’agit pas seulement d’évoquer et d’étudier le personnage exceptionnel de Napoléon Ier, mais d’enrichir l’histoire des régimes consulaires et impériaux (1er et 2nd Empires). Il n’existe nulle part ailleurs, à ma connaissance, une Chaire Napoléon.
2 Comme la plupart des œuvres humaines, la Chaire Napoléon est née d’une rencontre : celle de Thierry Lentz et de l’ICES.
3 Depuis déjà longtemps, le département d’histoire de l’ICES offre aux étudiants en histoire un volume important d’heures d’enseignement sur le Consulat, le 1er et le 2nd Empires. Ce choix académique a toujours rencontré l’intérêt des étudiants pour ces périodes de l’histoire contemporaine de la France, qui font l’objet d’interprétations divergentes, mais dont personne ne peut nier le caractère déterminant sur le destin de notre pays, et donc sur notre propre destin.
4 Depuis trois ans, l’enseignement sur le Consulat et le 1er Empire est assuré par Monsieur Thierry Lentz, le directeur général de la Fondation Napoléon. Thierry Lentz, qui ne connaissait pas auparavant l’ICES, a très vite constaté qu’existait ici un lieu de réflexion historique certes modeste, mais particulièrement vivant et original, comme en attestent dans la période la plus récente, l’organisation d’un colloque de 2 jours sur la guerre de 1914 et la tenue de 3 journées d’études consacrées l’une à 1214, Bouvines et Philippe Auguste, l’autre à 1614 et les États généraux qui marquèrent l’entrée en scène de Richelieu, la dernière enfin à 1814 avec la chute de l’Empire et la définition d’une nouvelle carte de l’Europe lors du congrès de Vienne.
5 Sans prétendre qu’existerait à l’ICES une école historique à part entière, il est certain que l’ICES propose une approche de l’histoire aujourd’hui assez originale. Nous considérons en effet que le déroulement des faits historiques n’est pas seulement le résultat d’un enchaînement inexorable d’événements économiques et sociaux sur lesquels les hommes n’auraient aucune prise. Notre conception de l’homme, qui place la personne au cœur des phénomènes sociaux, nous conduit à penser que l’homme n’est pas un jouet de l’histoire, mais qu’il peut en partie la façonner, et donc en détourner le cours naturel. Nous pensons que la politique et les politiques peuvent agir sur les événements.
6 Ce n’est pas un hasard si les trois journées d’études auxquelles je faisais allusion à l’instant font partie d’un même cycle de travaux regroupés sous le titre « La puissance de la volonté » et mettent en lumière de fortes personnalités au détour des années 14 : Philippe Auguste en 1214, Richelieu en 1614, Napoléon en 1814.
7 En effet, les événements historiques évoqués lors de ces journées d’études permettent d’illustrer le fait que, contrairement à ce que certains prétendent, l’histoire n’est pas seulement le résultat d’une logique implacable qui s’imposerait à l’homme, sans qu’il puisse, en quoi que ce soit, en modifier le cours. Comme si on voulait en quelque sorte évacuer l’homme de l’histoire et en faire le résultat d’une mécanique proprement inhumaine.
8 C’est à Jean-Pierre Deschodt, directeur du département d’histoire de l’ICES, que nous devons cette intuition fructueuse selon laquelle l’histoire n’est pas seulement le résultat aveugle de la volonté de puissance, mais peut être aussi le produit de la puissance de la volonté qui est la force motrice de l’homme. Tout dessein politique, loin de se réduire à un simple déterminisme historique ou matériel, peut s’accomplir librement à travers une idée ou une vision du monde qui s’impose aux autres hommes du même temps.
9 Par les temps qui courent, marqués par un désintérêt croissant et inquiétant des citoyens pour la chose publique, en cette période où le sentiment que le politique ne peut rien sinon pour faire peser sur la vie quotidienne de chacun des contraintes de plus en plus insupportables et de plus en plus absurdes, il est particulièrement bienvenu de souligner que l’homme peut peser sur le cours de l’histoire, … parfois pour le meilleur, parfois pour le pire.
10 Cette rencontre entre l’ICES et la Fondation Napoléon ne s’est pas produite n’importe où.
11 Elle a eu lieu dans une ville organisée autour d’une place centrale dominée par la statue équestre de l’empereur et qui doit son existence à Napoléon Ier. Elle a lieu dans un département auquel Napoléon Ier a porté une attention toute particulière dans le cadre de sa politique de réconciliation post-révolutionnaire.
12 Il n’en fallait pas plus pour que se cristallise petit à petit l’idée de faire de l’ICES à La Roche-sur-Yon, un lieu privilégié de travail, de réflexion et de transmission sur les histoires consulaire et impériale, en adossant cette intuition aux collectivités territoriales, la Ville de La Roche-sur-Yon et le Conseil général de la Vendée, et au Centre vendéen de recherches historiques (CVRH), les trois partenaires de la Chaire Napoléon initiée par l’ICES et la Fondation Napoléon.
13 En quoi consistera cette Chaire Napoléon ?
14 Bien sûr, les enseignements évoqués précédemment se poursuivront. Ils seront désormais ouverts – c’est une nouveauté – aux auditeurs libres non étudiants qui le souhaiteront.
15 Chaque année, la Chaire Napoléon organisera, à l’ICES, au moins une journée d’études consacrée à ces périodes de l’histoire, journée qui permettra aux meilleurs chercheurs et spécialistes de faire connaître les résultats de leurs travaux.
16 Nous souhaitons aussi développer la recherche universitaire sur le Consulat et les Empires par des étudiants de master ou d’anciens étudiants de l’ICES, en nous appuyant sur les ressources matérielles (bibliothèque, revue, collections, éventuellement bourses de recherche) et surtout humaines de la Fondation Napoléon.
17 La Chaire sera aussi le support d’expositions, telle celle qui a permis d’exposer à la bibliothèque universitaire de l’ICES une trentaine d’ouvrages aux armes des plus grands dignitaires du Ier Empire mis à la disposition par la Fondation Napoléon.
18 Deux à trois conférences ouvertes au grand public par année universitaire seront également organisées, comme celle donnée le 3 décembre 2014 par le professeur Jean Tulard sur « Les maréchaux de Napoléon en 1814 ».
19 Avec la Chaire Napoléon, le propos des partenaires de la Chaire est à la fois ambitieux et modeste : d’une part faire de La Roche-sur-Yon un lieu de référence sur l’histoire impériale, d’autre part offrir tout simplement à ceux qui souhaitent se cultiver un lieu et des temps pour le faire.
20 L’ICES est heureux et fier, d’apporter son concours à une meilleure connaissance de notre histoire. Il remplit ainsi sa mission d’université qui est bien sûr de former des étudiants, mais aussi de contribuer plus largement à la compréhension du monde.