Les Études pour piano de Ligeti possèdent un étonnant pouvoir de suggestion. Les sonorités dépassent la simple polyphonie et, surprenantes, déclenchent dans l’esprit de l’auditeur des images fugitives ou persistantes, qui s’organisent parfois en une succession de séquences enchaînées, comme les épisodes d’une narration ou les scènes d’une pièce de théâtre. S’il n’est pas question de musique à programme, les Etudes dépassent le stade de simples évocations d’atmosphères et s’engagent dans la voie de la théâtralisation, c’est-à-dire d’un théâtre virtuel sur la scène duquel défilent des personnages divers (parleurs, gesticulateurs, saltimbanques, grotesques), d’un écran de cinéma imaginaire où s’activent frénétiquement les machines chères à Ligeti, tournoyantes comme dans Fanfares, inquiétantes comme dans Désordre.
Imagination, machines, dramatisation. Fanfares and Désordre, by György Ligeti
Imagination, machines, dramatisation. Fanfares and Désordre, by György Ligeti
Ligeti’s piano Etudes possess a striking ability to suggest. The sonorities go beyond a mere polyphony and, surprising and unusual, they trigger in the listener’s imagination both ephemeral and persistent images and at times sequences of such images, like the successive episodes of a narration or the scenes of a play. Ligeti’s music is not a programme music, nor are the Etudes simple atmospheric evocations. They go beyond that. They are so to speak ‘dramatised’ in a virtual theatre on the stage of which speakers, mimes, tumblers and clowns alternate, or an imaginary movie screen where the machines so dear to Ligeti’s heart turn frenetically as in Fanfares or menacingly as in Désordre.