Depuis une quinzaine d’années, le succès de la culture populaire japonaise n’est plus à démontrer. De nombreux articles font régulièrement état de l’exceptionnelle popularité des mangas en Occident et des événements comme Japan Expo sont largement médiatisés et donnent l’impression d’une vague culturelle organisée par une politique culturelle dynamique de la part du Japon qui promeut justement depuis quelque temps un Japon « cool » (Cool Japan). Pourtant, on oublie souvent que les politiques en la matière sont limitées et qu’il ne suffit pas de promouvoir quelque chose pour que les jeunesses du monde entier s’y intéressent. Cette vision simpliste et asymétrique de la culture ne correspond plus aux modalités médiatiques contemporaines qui sont façonnées par des phénomènes de modes principalement axés sur Internet dont on ne peut pas dire que les politiques culturelles des États puissent contrôler les mouvements et les tendances. Pour autant, on ne peut pas nier totalement le phénomène de « récupération » de la subculture par les autorités dans lequel s’exprime un certain nationalisme culturel. À l’heure de la globalisation médiatique, promouvoir une culture propre, identifiée comme nationale, permet aussi au Japon de se différencier de ses voisins. Marilyn Ivy remarque à ce propos que la volonté japonaise d’internationalisation de sa culture est synonyme de nationalisme. L’un des objectifs de ce type de politique est souvent d’accentuer le rayonnement du pays dans le monde. Si le Japon ne possède pas de politique culturelle aussi forte que la France ou que la Corée, ses dirigeants politiques ont tenté depuis la fin des années 1990 de donner un nouveau souffle à l’image internationale de la culture japonaise en y incluant avec plus ou moins de succès sa partie la moins « noble » : les mangas, dessins animés et jeux vidéo…