Jusqu’au crépuscule du XXe siècle, le Japon est reconnu comme un pays émetteur de touristes internationaux, une clientèle convoitée par la plupart des destinations pour son pouvoir d’achat. À la fin des années 80, le pays rentre dans « les deux décennies perdues », voyant sa croissance économique de même que le pouvoir d’achat des Japonais fortement ralentis. À l’orée du XXIe siècle, le gouvernement japonais met en œuvre des politiques visant à inverser la tendance touristique : son territoire doit s’imposer comme une destination touristique majeure au niveau international. Cet article propose de revenir sur les politiques nationales tournées vers les voyageurs étrangers, pour mettre en avant l’historicité du phénomène et ses enjeux contemporains pour adopter ensuite une approche plus critique.
Au moment de la genèse du tourisme moderne comme aujourd’hui, les étrangers ont joué une fonction motrice dans l’émergence des espaces touristiques au Japon. Le souci d’accroitre l’arrivée des touristes internationaux à l’intérieur du territoire s’est posé de façon cyclique, en fonction de la conjoncture économique et internationale. Trois périodes sont ainsi caractéristiques de cette tendance.
L’ère Meiji (1868-1912), marquée par l’ouverture forcée du pays aux étrangers et l’occidentalisation rapide des techniques et pratiques sociales au Japon, verra l’apparition d’une version moderne du tourisme. Pour l’État, cette activité revient à faire venir autant d’étrangers que possible au Japon afin qu’ils diffusent leurs connaissances à travers l’Archipel, mais surtout pour capter leurs devises…