Je suis avec Laurent De Gaulle. Cet ami de longue date vient d’écrire une remarquable biographie sur son aïeul. Il rappelle que toute sa conduite a été dictée par un engagement catholique et que la seule évocation de son nom continue de susciter un extraordinaire engouement en Chine. Nul n’oublie que c’est le 27 janvier 1964 que le Général a reconnu la Chine. Cette décision fit l’effet d’une bombe. La presse écrite, les journaux télévisés commentèrent l’événement. La France, dans sa majorité, découvrait ce lointain pays de 700 millions d’habitants, Mao Zedong et sa Longue marche, un peuple, une culture et ses traditions. Comme à son habitude, le Général de Gaulle surprit et provoqua de nombreuses réactions dans la communauté diplomatique. A Washington, le mécontentement était profond. On parla de trahison ! On s’interrogea sur les motivations de la reconnaissance d’un pays qui maîtrisait le nucléaire. Pour l’ensemble de la communauté internationale ce choix diplomatique et stratégique fut mal compris. En effet, quelles étaient les raisons profondes qui incitèrent la France à reconnaître ce pays ? Quels en furent les enjeux ? Quelles furent les motivations du Général De Gaulle ? Rétrospectivement, on se rend bien compte que l’ignorance était la règle, la connaissance l’exception.
Si ce rapprochement eut lieu c’est bien que les destinées du Général De Gaulle et de Mao Zedong se faisaient écho. Rappelons-le, les deux hommes sont des parias, des voyageurs militants et des résistants, conscients de l’importance de leur mission ; ils sont les fondateurs d’un État et ils en deviennent le symbole…