Le multimilliardaire Wang Jianlin a lancé en grande pompe sa cité du cinéma en septembre 2013 à Qingdao. État des lieux sur le cinéma chinois.Emmanuel Lincot : Actuellement, comment est accueilli le cinéma chinois par le public occidental ?Raymond Delambre : La réception du cinéma, ou plutôt des cinémas chinois – je tiens effectivement au pluriel, puisqu’il existe une pluralité cinématographique en République populaire de Chine, à défaut de pluralisme – s’avère sinon difficile, en tout cas perfectible. D’ailleurs, on peut distinguer entre la France et le reste du monde. Si Paris demeure assurément la capitale mondiale du cinéma, grâce en particulier à la densité exceptionnelle de salles intra muros, trop peu de films chinois parviennent sur les écrans français : Hollywood et la production pléthorique française tendent à former un oligopole pour la distribution. Quand bien même les films bénéficient d’une diffusion, celle-ci peut sembler trop confidentielle, en raison d’écrans peu nombreux. Ainsi, Visage, l’œuvre anticonformiste de Tsai Ming Liang, pourtant coproduite par le Louvre, grâce en particulier à Catherine Derosier, et Jia Bian Gou, Le Fossé, le premier film sur les camps de la mort communistes, n’occupèrent que peu de salles, peu de temps. Heureusement, certains festivals soutiennent ces films d’auteur, le cas échéant à forte implication sociologique : ainsi, je tins à présenter, grâce à des amis alsaciens, Wang Bing dans le cadre du festival Nouveaux regards des Cinémas d’Asi…