Le 25 septembre 2012, Hu Jintao, dans ce qui restera un des derniers temps forts de sa carrière politique, présida la cérémonie de remise du porte-avions Liaoning à la marine chinoise. Réunis pour cette occasion historique – la naissance de la capacité aéronavale chinoise – les principaux dirigeants du Parti, les membres de la Commission militaire centrale (CMC) et les directeurs des grands groupes de défense ayant participé à la transformation du Varyag en Liaoning ont fastueusement et ostensiblement célébré cette « entrée dans l’ère du porte-avions ». Deux mois après, les médias chinois rendaient public le premier appontage officiel d’un J-15 sur le Liaoning, attestant explicitement de la rapidité des avancées chinoises et de la diligence des ingénieurs et pilotes, tous capables d’opérationnaliser cet appareil « conçu et produit en Chine » aux capacités similaires aux « Su-33 russes et F-18 américains ». En pleine période de transition du pouvoir et au moment même d’une résurgence accentuée des tensions souveraines autour de la questions des îles Senkaku (Diaoyutai en chinois), l’acquisition par la Chine d’une ébauche de capacité aéronavale creuse le fossé capacitaire qui la sépare désormais des puissances régionales comme le Vietnam, Taiwan, les Philippines et la Malaisie, tout en constituant un avantage tactique potentiel face au Japon, à la Corée du Sud et à l’Inde. Au-delà du symbole de puissance que constitue la possession d’un porte-avions (comme la maîtrise des vols spatiaux habités), l’évolution des capacités militaires chinoises au cours de la décennie écoulée est aussi rapide que remarquable…