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Article de revue

Policier, détective, reporter

Trois figures de l'enquêteur dans la France de 1900

Pages 15 à 28

Notes

  • [1]
    Pierre Souvestre et Marcel Allain, Le bouquet tragique, Paris, Fayard, 1913, p. 281.
  • [2]
    Une première approche de ce type a été proposée par Michel Foucault, « La vérité et les formes juridiques », in Dits et écrits, 1954-1988, Paris, Gallimard, 1994, II, p. 538-646.
  • [3]
    Voir par exemple Albert Bataille, Causes criminelles et mondaines, Paris, Dentu, 18 vol., 1881-1898.
  • [4]
    Honoré-Antoine Frégier, Des classes dangereuses de la société dans les grandes villes, des moyens de les rendre meilleures, Paris, Baillière, 1840, 2 vol.
  • [5]
    Eugène François Vidocq, Les vrais mystères de Paris, Paris, Cadot, 1844.
  • [6]
    Frédéric Chauvaud, Les experts du crime. La médecine légale en France au xixe siècle, Paris, Aubier, 2000.
  • [7]
    Soulignée par Arlette Farge pour le xviiie siècle, in La vie fragile. Violence, pouvoirs et solidarités à Paris au xviiie siècle, Paris, Hachette, 1986, cette dimension familière du policier déclinerait-elle au xixe siècle ? Les travaux en cours de Quentin Deluermoz (Les policiers en tenue à Paris, 1850-1900, mémoire de DEA, Paris, Université de Paris I, 2001) tendent à montrer le contraire.
  • [8]
    Voir par exemple la thèse d?Édouard Ebel, Police et société. Histoire de la police et de son activité en Alsace au xixe siècle, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 1999 : « L?exercice de la police judiciaire », p. 437-470. Ou, pour un cas concret, Philippe Artières et Dominique Kalifa, Vidal, le tueur de femmes. Une biographie sociale, Paris, Perrin, 2001 : « Un dossier monstre », p. 243-251.
  • [9]
    Voir Michel Porret, « La topographie judiciaire à Genève », Sociétés Représentations, 6, 1998, p. 191-209, ainsi que Frédéric Chauvaud, Les criminels du Poitou au xixe siècle. Les monstres, les désespérés, les voleurs, Poitiers, Geste Éd., 1999.
  • [10]
    Voir sur ce point le travail récent de Hélène L?Heuillet, Basse politique, haute police. Une approche historique et philosophique de la police, Paris, Fayard, 2001.
  • [11]
    Une illusion bien dissipée par Jean-Marc Berlière dans sa thèse : L?institution policière sous la iiie République, Besançon, Université de Bourgogne, 1991, ainsi que dans Le Préfet Lépine. Vers la naissance de la police moderne, Paris, Denoël, 1993.
  • [12]
    Edmond Locard, L?enquête criminelle et les méthodes scientifiques, Paris, Flammarion, 1920.
  • [13]
    Voir Yannick Dehée, « Les mythes policiers du cinéma français des années 1930 aux années 1990 », Vingtième siècle, 55, 1997, p. 82-100, et Olivier Philippe, La représentation de la police dans le cinéma français (1965-1992), Paris, L?Harmattan, 1999.
  • [14]
    Sur tout ce qui concerne le détective, je renvoie à mon livre Naissance de la police privée. Détectives et agences de recherches en France, 1832-1942, Paris, Plon, 2000.
  • [15]
    Robert Badinter, La prison républicaine, Paris, Fayard, 1992 ; Sophie Diehl, La question « sécuritaire » à Paris de 1880 à 1885, maîtrise d?histoire, Paris, Université de Paris VII, 1999.
  • [16]
    Sur la situation aux États-Unis à la même période, voir Frank Morn, The Eye that Never Sleeps : A History of the Pinkerton National Agency, Bloomington, Indiana University Press, 1982, ainsi que Robert Weiss, « The Emergence and Transformation of Private Detective Industrial Policy in the United Sates, 1850-1940 », Crime and Social Justice, 1978, p. 35-48.
  • [17]
    Lucien Jaume, L?individu effacé ou le paradoxe du libéralisme français, Paris, Fayard, 1997.
  • [18]
    Jean-Marc Berlière, « Police privée à la française », Critique, 653, 2001, p. 755-770.
  • [19]
    Cité par Antoine Compagnon, Connaissez-vous Brunetière ? Enquête sur un antidreyfusard et ses amis, Paris, Éd. du Seuil, 1997, p. 21.
  • [20]
    Sur ces points, voir Dominique Kalifa, L?encre et le sang. Récits de crimes et société à la Belle Époque, Paris, Fayard, 1995. Cf. aussi la synthèse de Christian Delporte, Les journalistes en France, 1880-1950. Naissance et construction d?une profession, Paris, Éd. du Seuil, 1999,
  • [21]
    APP, D/B 27 et DB/31.
  • [22]
    L?expression est de l'Humanité, 21 novembre 1908.
  • [23]
    Paul Loliée, « L?opinion européenne sur la presse française », Revue bleue, 6-20 décembre 1902.
  • [24]
    Georges Grison, 13 rue des Chantres, Paris, Dentu, 1885, p. 268.
  • [25]
    François Naud, Des envoyés spéciaux aux grands reporters (1920-1930). La reconnaissance d?une profession, thèse d?histoire, Paris, EHESS, 1996.
  • [26]
    Jean-Paul Sartre, Situations II. Qu?est-ce que la littérature ?, Paris, Gallimard, 1948, p. 80.
  • [27]
    Soulignant combien les figures de l'aventure tendent alors à exclure toute dimension utilitaire au profit d?une sorte de « modalité poétique » ou philosophique de l'existence, Sylvain Venayre (La gloire de l'aventure. Genèse d?une mystique moderne, Paris, Aubier, 2002) préfère voir dans le reporter une seule incarnation de l'héroïsme.
  • [28]
    Christian Delporte, « Presse et culture de masse en France, 1880-1914 », Revue historique, janvier-mars 1998, p. 93-121 ; Dominique Kalifa, La culture de masse en France, I, 1860-1930, Paris, La Découverte, 2001.
  • [29]
    Theodor Adorno et Max Horkheimer, La dialectique de la Raison. Fragments philosophiques (1947), Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1983.
  • [30]
    Jacques Guilhaumou, « Décrire la Révolution française : les porte-parole et le moment républicain (1790-1793) », Annales ESC, XLVI, 4, juillet-août 1991, p. 949-970.
  • [31]
    Pierre Rosanvallon, Le peuple introuvable. Histoire de la représentation démocratique en France, Paris, Gallimard, 1998, p. 207-208.
  • [32]
    Sur ce point, voir Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Paris, Calmann-Lévy, 1985.
English version

1« Vous enquêtez, j?enquête de mon côté, tout le monde enquête même, et personne ne comprend rien [1]? ». À sa manière un peu naïve, cette formule de deux romanciers « industriels » exprime assez bien l'omniprésence de l'enquête dans la société de la Belle Époque, ses ambitions d?ailleurs autant que ses apories. Criminelle, sociale, littéraire, administrative, médiatique, l'enquête est en effet partout dans la France de 1900. Sous ses diverses formes (exploratoire, déambulatoire ou interview), elle est devenue la catégorie majeure d?approche, d?analyse et d?interprétation du social, la procédure par laquelle la société contemporaine pense résoudre de la façon la plus pertinente la question de sa représentation. Mixte de pratique et de récit, d?opération intellectuelle et d?observation empirique, elle s?est imposée comme le mode privilégié de production et de diffusion du « vrai » en régime industriel et urbain. Bien sûr, l'enquête n?a pas attendu la modernité médiatique, la grande ville et la démocratie représentative pour prospérer. Toute une généalogie permet d?en repérer les traces en amont, dans les rouages de l'administration carolingienne, dans la rupture judiciaire que constituent les tribunaux d?Inquisition au début du xiiie siècle, dans l'invention par les Lumières d?une ratio à la fois individuelle et universelle [2]. Hanté par le souci de lisibilité sociale, le premier xixe siècle constitue également une étape importante, mais un seuil semble pourtant franchi à compter de la décennie 1880. La prise en charge des procédures de l'enquête par les vecteurs de l'industrie culturelle donne en effet au phénomène une ampleur inédite. Tout dès lors tend à devenir objet d?enquête, et le terme s?accommode des situations les plus diverses. À l'instar du fait divers, dont elle constitue une sorte de prolongement dans l'ordre rédactionnel, l'enquête devient une catégorie de récit susceptible de tout dire et de tout expliquer. Mais cette captation par la presse et l'édition à grand tirage a aussi pour effet de la figer dans une série de représentations factices et codifiées, de propositions péremptoires, de réflexes standardisés qui n?offrent plus qu?une caricature de l'exigence de savoir dont le modèle initial était porteur.

2On voudrait, en examinant trois des principales figures chargées d?incarner la procédure de l'enquête au début du xxe siècle, chercher à mieux cerner la fonction et le sens qui lui sont alors attribués. Sans doute la thématique criminelle, qui fédère les trois acteurs ici mobilisés (le policier, enquêteur officiel, le détective, enquêteur privé, le reporter, enquêteur médiatique) n?épuise-t-elle ni les usages, ni les potentialités de l'enquête dans la France de la Belle Époque. Elle en constitue cependant l'un des cadres et des objets privilégiés. C?est comme pratique judiciaire, on le sait, qu?émerge initialement l'enquête, et c?est dans cette acception d?ailleurs que l'entend longtemps le sens commun. Surtout, l'enquête criminelle offre l'intérêt d?être alors l'objet d?un véritable engouement social. L?heure, dit-on, est au « sherlockholmisme » et le pays suit avec passion les grandes « causes » criminelles qui ne cessent de se multiplier [3]. La pluralité des investissements qui convergent dans l'enquête criminelle (policier, judiciaire, médical et scientifique, journalistique, littéraire et éditorial) signale encore assez bien l'importance de cet observatoire. Tous trois acteurs de l'investigation criminelle, tous trois frappés de la même disqualification originelle, mais engagés dans des processus de légitimation différentielle, le policier, le détective et le reporter contribuent à éclairer de leurs itinéraires respectifs une partie de la signification symbolique de l'enquête dans la société des années 1900.

Le policier et l'enquête salvatrice

3Le policier occupe une fonction centrale dans l'économie générale de l'enquête. On n?oublie pas en effet le rôle joué par des hommes de police comme Honoré Frégier dans les enquêtes sociales de la monarchie de Juillet [4], pas plus que l'appui constant que l'institution policière fournit aux autres observateurs, ou encore cet impérieux souci de compréhension du social qui traverse la plupart des mémoires ou souvenirs rédigés par des policiers. Aux propos selon lui fantaisistes tenus par les romanciers du crime, Vidocq répond par la publication de ces Vrais mystères de Paris, qu?il affirme avoir percés au cours de ses pérégrinations professionnelles dans les bas-fonds de la capitale [5]. Mais c?est évidemment par sa fonction éminente dans l'enquête criminelle que le policier s?impose à la conscience sociale. Aux côtés du magistrat, puis de la cohorte d?experts que le siècle fait défiler [6], il incarne la conduite officielle de l'enquête, l'investigation publique et étatique. Mais, davantage que le juge ou le médecin, il est souvent perçu comme la figure centrale du processus. Personnage plus familier, plus proche des réalités ordinaires de la rue et de la société quotidienne [7], moins investi surtout que le juge d?une dimension théâtrale ou rituelle, il demeure l'acteur public de l'enquête criminelle le plus immédiatement disponible. Aux yeux du sens commun d?ailleurs, il est plus que le magistrat instructeur celui qui lie tous les fils de l'enquête.

4Réel ou supposé, cet investissement privilégié du policier dans le travail judiciaire constitue sans doute pour la profession l'un des moyens les plus efficaces de sa valorisation. Les travaux amples ou systématiques manquent pour évaluer avec précision les modalités du labeur d?investigation fourni par les policiers du xixe siècle. Mais les quelques monographies régionales disponibles ou les éclairages apportés sur l'enquête criminelle par les micro-histoires du crime [8] montrent que la qualité des enquêtes policière n?a cessé de s?affirmer tout au long du siècle. À la dimension technique, qui progresse régulièrement (position du cadavre, localisation des indices et des traces font l'objet d?une attention topographique croissante ? croquis, plans, coupes ? aux sources d?une attention topographique nouvelle qui accélère le passage à la rationalité judiciaire [9]) s?ajoute l'enflement général des procédures. Procès-verbaux, télégrammes, notes, rapports, interrogatoires, vérifications, recoupements, reconstitutions tendent à se multiplier, comme l'indiquent la densité et l'épaisseur croissantes des dossiers de criminels ordinaires. En 1900, ceux-ci sont devenus de véritables machineries de papier, dont la qualité dépend bien sûr de la conscience et de l'énergie du magistrat instructeur, mais qui bénéficient aussi de ce réseau d?écritures propres à l'activité policière [10]. Si la validité de l'investigation, souvent desservie par la routine et le formalisme, peut être questionnée, l'évidence de l'effort et de la mobilisation professionnelle ne font pas de doute. S?y ajoute en cette fin de siècle l'essor des procédures rationnelles. Même s?il convient de ne pas céder à l'illusion de la police scientifique [11], l'étape de Bertillon et de l'Identité judiciaire dans les années 1890, celle du Dr Locard et du laboratoire lyonnais de police technique dans les années 1920 témoignent d?avancées évidentes vers des investigations mieux informées et où progresse la notion de preuve « indiciale » ou « expertale » [12]. Souvent contestée, encore caricaturée, l'enquête policière (et avec elle les autres formes de l'information judiciaire) semble engranger en ce début de siècle les bénéfices d?un lent et long mouvement de professionnalisation et d?autonomisation du métier qui, tout autant que sur le recrutement et la formation, porte sur la composante judiciaire du travail de police.

5Cette dimension est d?autant plus remarquable que c?est par ce biais que s?infléchissent peu à peu les représentations sociales du métier. Il n?est rien de dire que le policier constitue, au xixe siècle, une figure dépréciée, oscillant de la silhouette sombre et perverse de l'espion à celle, moins retorse mais tout aussi négative, du fonctionnaire incapable et obtus, englué dans la routine, perclus de suffisance. Colportée par une abondante littérature feuilletonesque, le modèle romantique reste très longtemps dominant. Jackal et Javert en tête, l'homme de police y demeure une figure froide et implacable, sur laquelle l'ombre portée de Vidocq surimprime encore la suspicion criminelle. Aux sources de ce phénomène réside bien sûr la fonction politique de la police, conçue et pratiquée longtemps en France comme un instrument de renseignement et de répression politiques. Symbole de cette french policing, la Préfecture de Police, véritable État dans l'État et premier organe policier du pays, incarne mieux que tout autre cette dimension honnie.

6On perçoit dans ces conditions tout l'intérêt que pouvait offrir, pour l'institution, la valorisation de l'enquête judiciaire. C?est par le surinvestissement dans l'investigation que le policier parvient à réduire cette représentation haïssable. Une étape importante est sensible dans les années 1880-1890, marquées par l'invention du « limier » par les policiers eux-mêmes. Grâce à ce très utile instrument que constituent Mémoires et Souvenirs, très prolixes à compter du second Empire, les enquêteurs de la Sûreté ont activement travaillé à la réévaluation symbolique de leur fonction et de leurs pratiques. Fondés sur la métaphore cynégétique et la juxtaposition d?intrigues simples et réalistes, ces textes, qui récusent explicitement la mathématique froide et cérébrale des enquêteurs de fiction, esquissent un véritable « genre » qui contribue pour beaucoup à diffuser l'image du policier enquêteur. En 1900, leur objectif est partiellement atteint. Une seconde étape a lieu à compter des années 1930, liée à l'introduction du Maigret de Simenon, figure romanesque, mais en laquelle se réconcilient les représentations du policier, de l'enquêteur et du Français moyen. Mais il faut attendre les fictions télévisées et cinématographiques des années 1960 pour que le policier, définitivement assimilé à l'enquêteur judiciaire, soit débarrassé de toute dimension répressive ou politique [13]. La ferveur publique et commerciale dont bénéficient aujourd?hui les téléfilms policiers témoigne de l'aboutissement de ce long processus historique, par lequel le policier gagne la bataille de la représentation.

Le détective ou l'enquête interdite

7Synonyme de policier dans le monde anglo-saxon, le terme de détective désigne, dans son acception française, une tout autre réalité. Héritier de l'agent d?affaire, le détective est en France celui qui, contre rémunération, prend en charge la conduite d?une enquête, laquelle peut se révéler de nature très diverse (criminelle bien sûr, mais le plus souvent commerciale ou familiale) [14]. Professionnel de l'investigation, il est celui qui inscrit la procédure dans une dimension à la fois privée et mercantile. Il peut en ce sens apparaître comme l'incarnation par excellence de l'enquête, ainsi mise à la portée de tout le corps social. C?est pourquoi l'ambition qui le porte est immense. S?y ajoute l'assurance d?une évidente supériorité technique, la certitude de pratiquer l'investigation à l'état brut, dégagée de toute contrainte ou pesanteur officielle. Ainsi se présente-t-il toujours comme cet homme de terrain dont l'action, immergée au c?ur du monde social, constitue la quintessence de l'enquête : une pratique à la fois exploratoire et matérielle (observer, constater, réunir les indices et les preuves), intellectuelle et interprétative, régulatrice et thérapeutique. À l'entendre, le détective est celui qui peut mener l'enquête sur tout et partout, celui qu?aucune limite d?ordre social ou institutionnel, voire déontologique, ne peut venir entraver. Les plus inspirés des professionnels n?hésitent pas à l'écrire : outre une mission, vouée à l'explication et à l'apaisement du monde, le détective est porteur d?une philosophie, voire d?une vision du monde, dominée par le sens de l'action et de l'initiative, le pragmatisme et l'empirisme. Récusant le bagage classique et suranné des humanités, il prône une autre forme d?intelligibilité du monde, fondée sur le « coup d??il », la vitesse, l'énergie, en un mot la « modernité ».

8Et son style, après des débuts difficiles, semble s?imposer en ces premières années du xxe siècle. Né au début de la monarchie de Juillet, la profession a en effet tardé à s?imposer. Bridées par la morale sociale, tenues en lisière par les institutions officielles, police et justice en tête, qui n?acceptent pas de les considérer comme des acteurs légitimes du contrôle social, les agences de recherches ont longtemps dû se contenter du renseignement commercial ou de la gestion de contentieux familiaux. Avec les années 1880 cependant, le contexte devient plus propice : la crispation sécuritaire, très sensible à compter des débats sur la loi Waldeck-Rousseau [15], l'engouement pour le crime et l'investigation, promus objets de grande consommation culturelle, la valorisation des modèles anglo-saxons, qu?ils soient effectifs comme celui des Pinkerton ou fictifs comme ceux de Sherlock Holmes ou de Nick Carter, ouvrent une séquence très favorable pour la profession, qui connaît vers 1900 ses plus belles heures. On voit des policiers célèbres abandonner alors l'institution pour ouvrir des agences privées, des publicistes en vogue en vanter l'utilité, des périodiques spécialisés se constituer. Une sorte d?état de grâce est alors sensible pour la profession, dont la visibilité (les termes de détective et de police privée se généralisent dans leur sens moderne), la vitalité économique et la reconnaissance sociale progressent.

9Favorable, ce « moment » ne parvient pourtant à imposer ni la profession, ni les principes qui la fondent. La prolifération des agences ne fait souvent que dissimuler l'instabilité et la médiocrité commerciale du secteur, marqué par un rapide turn over, des situations comptables précaires, des faillites à répétition ou la fuite en avant d?entreprises éphémères et mal gérées. En dépit de leur style tonitruant et de leurs effets d?annonce, les plus grandes agences de la Belle Époque comme Goron, Guillaume, Cassellari ou Villiod, font bien piètre figure si on les compare à leur modèle explicite, l'Américain Pinkerton [16]. Surtout, leur légitimité demeure mal assurée, et le plus souvent récusée. Sans statut légal (celui-ci ne survient qu?en 1942), en butte à l'hostilité déclarée des institutions officielles, qui contestent la validité de leur intervention dans la sphère judiciaire, les détectives demeurent des enquêteurs au petit pied, dont on suspecte les compétences. Même si la fréquentation de leur cabinet tend à progresser, ils demeurent aux yeux de la conscience sociale des personnages équivoques et dangereux : au pire des mouchards, exécuteurs de basses ?uvres, escrocs ou maîtres chanteurs, au mieux les médiocres acteurs d?une « brigade des cocus » toujours un peu ridicule.

10Les raisons de cet échec sont diverses. Certaines sont objectives, qui tiennent à la multiplication de pratiques effectivement douteuses, fantaisistes ou franchement délictueuses, fruit d?un recrutement incertain et d?infortunes commerciales répétées. Mais les motifs sont aussi institutionnels, liés à la nature spécifique du libéralisme et de l'État, dans un pays qui a fait de la police l'un de ses principaux instruments régaliens [17]. Pour une institution policière soucieuse de renforcer avant tout un pouvoir fort et centralisé, et déjà consternée par l'abandon ou la délégation d?immenses préro gatives aux mains des municipalités [18], il ne peut évidemment être question de reconnaître le détective comme un acteur légitime du contrôle social, ni même comme un partenaire ou un auxiliaire acceptable. La lutte est donc constante (procès, surveillance, tracasseries administratives) à l'encontre d?une activité perçue comme un empiétement et un risque inadmissible de confusion.

11Mais les raisons de cet échec du détective sont aussi culturelles et symboliques. L?activité reste en effet marquée en France par un déficit manifeste de représentation. En dépit de quelques tentatives, la profession fut incapable de maîtriser la production de sa propre image, abandonnée à des observateurs généralement hostiles. Les représentations furent donc déplorables, oscillant entre la figure retorse de l'homme de l'ombre, toujours engagé dans quelque sombre machination, celle de l'incapable ou celle de l'acteur de vaudeville, aux sources d?une constante disqualification littéraire, qui pesa évidemment sur les pratiques professionnelles. De nombreux facteurs convergent pour expliquer ce consensus négatif : l'origine et la position des auteurs (policiers, magistrats, journalistes ou feuilletonistes), tous rivaux ou concurrents du détective, la pesanteur des codes littéraires ou éditoriaux, fondés sur l'exaltation de valeurs chevaleresques (désintéressement et exploit gratuit notamment) qui interdisent de valoriser toute figure trop mercantile, l'emprise d?un nationalisme culturel qui, pour faire obstacle à la production anglo-saxonne, s?attache à promouvoir des héros « à la française ».

12Effectif ou figuré, l'échec est donc patent pour le détective, qui se voit ainsi débouté de sa prétention à incarner l'enquête. Celle-ci est une pratique publique, démocratique et partagée, qui ne peut se monnayer. En faire une marchandise équivaut à rompre le contrat symbolique qui en fonde la valeur.

Le reporter et l'enquête vengeresse

13Figure neuve elle aussi, née des bouleversements de l'ordre et de la sociologie journalistiques introduits par le libéralisme et l'industrie culturelle, le reporter partage avec le détective de nombreuses qualités. Un même idéal semble les réunir, qui prône l'initiative privée et la liberté d?action, l'empirisme et la vitesse. À Ferdinand Brunetière, ce symbole de l'ancien âge culturel, pourfendant dans son discours d?investiture à l'Académie française (février 1894) les reporters contemporains, ceux-ci répondent par un chahut organisé quelques jours plus tard à son cours libre de la Sorbonne [19]. L?événement est révélateur : à ce qui était perçu comme un amas de connaissances mortes, on opposait l'observation, la curiosité, le sens pratique, l'allant, et pour finir l'action, autant d?éléments constitutifs d?une sorte de philosophie de l'enquête commune à tous ses praticiens. Avec les détectives, les reporters partageaient encore un même programme, voué à l'explication du monde : apaiser les tensions, percer et résoudre les énigmes sociales en les donnant à lire. Et surtout une même méthode, celle de l'enquête qui, sous ses diverses formes, recouvre à compter du dernier tiers du siècle une part croissante de l'écriture de presse [20]. Les situations sociales sont aussi très proches. Issu des mêmes « couches nouvelles », le reporter est, tout comme le détective, un professionnel assez médiocre dans les années 1870-1880, un simple rouage technique sans reconnaissance ni qualification, évoluant en marge des états établis. Les contemporains d?ailleurs ne s?y sont pas trompés, qui ont souligné d?emblée les similitudes entre les deux professions. C?est par la même circulaire, par exemple, que le préfet Gisquet met en garde les commissaires de police, dès 1836, contre les journalistes et les agents de renseignements, auxquels il interdit de transmettre la moindre information [21]. Nombre de détectives débutèrent aux faits divers, tentèrent à un moment de rallier un grand quotidien ou fondèrent des « feuilles » dans lesquelles petits reportages et enquêtes figuraient en bonne place. C?est le cas, parmi beaucoup d?autres, du Détective magazine de René Cassellari (1914) ou bien sûr du Détective d?Ashelbé en 1925, avant son rachat par Gaston Gallimard. Bien des reporters pratiquèrent en retour leur métier comme des « journalistes policiers [22] », et c?est à leur égard que l'expression « détectivisme » fut d?ailleurs employée [23].

14Mais le parallèle ne peut être poussé plus loin, car le destin social et professionnel du reporter prend, à compter du tournant du siècle, une tout autre direction. Remontant peu à peu des bas-fonds jusqu?au faîte de la profession, celui-ci impose son style comme l'essence même du journalisme et finit par reconstruire autour de lui toute la mythologie de la presse moderne. Déjà bien établi à la veille de la Grande Guerre, ce processus de distinction triomphe dans les années 1920, qui généralisent la figure héroïque du « grand reporter », incarnation victorieuse de l'enquêteur moderne.

15Car l'exercice du journalisme tend dès lors à se confondre avec celle de l'enquête. Explorateur du monde qu?il découvre, écrit et donne à lire, le reporter est un investigateur. De la relation des faits, son récit bascule peu à peu à celle du processus qui permet de les mettre au jour. À l'« événement » initial que le journal était chargé de restituer, il substitue l'événement personnel et médiatique que constituent sa démarche et son intervention. Une telle évolution doit évidemment aux contraintes sociales qui pèsent sur la profession. C?est en effet des contradictions entre la médiocrité du statut initial des reporters et l'immensité de leurs ambitions que procède largement cette dynamique de l'investigation. Artisans méprisés du quotidien, ils s?engagèrent dans des séries de « constatations personnelles » ou d?« instructions latérales » dont l'objet était autant d?améliorer des traitements très modestes que de tenter de gravir les échelons menant au statut plus prisé de « premier reporter ». S?engager personnellement dans une « investigation » pour mettre au jour des « faits nouveaux » ou obtenir une interview inédite, dire « nous » ou « je », pouvoir enfin se mettre en scène dans son article, constituaient autant d?atouts qui permettaient au reporter de s?imposer dans sa rédaction, auprès de ses confrères, dans la profession. Voici comment l'un d?entre eux, devenu romancier, explique à la fin du xixe siècle ce type de conduite :

16

Le récit de Gratien Voiville continuait par l'expédition contre la ?forteresse? de la rue des Chantres. Le reporter ne manquait pas ? pour faire crever ses confrères de jalousie ? de mentionner sa présence et sa participation. À chaque instant, le nous revenait dans son récit : ?Nous montons, nous attaquons la porte blindée, nous pénétrons enfin dans le sanctuaire??[24].

17Initié dès le dernier tiers du xixe siècle, ce versement progressif du journalisme dans les pratiques de l'investigation s?accentue fortement au début du xxe siècle, et surtout après la Première Guerre mondiale, à un moment où se consolide la stature du grand reporter : l'irruption du modèle, de la structure et du lexique de l'enquête est alors devenue générale et naturelle dans l'écriture de presse.

18Mais cette promotion du reporter est encore amplifiée par sa progressive transformation en héros de fiction. L?initiative en revient à la littérature de grande consommation, roman feuilleton en tête, qui contribue activement à cette édification à un moment où le roman légitime, notamment naturaliste, diffuse des représentations dépréciées. Apparues en ordre dispersé dans les années 1870-1880 (chez Jules Verne, Fortuné du Boisgobey, Jules Lermina et quelques autres), les figures de reporters héroïques accèdent à la reconnaissance générale dans les années 1900, souvent sous la plume d?anciens reporters comme Gaston Leroux (qui impose Rouletabille), avant de se standardiser durant l'entre-deux-guerres dans les collections à très bon marché. Mais le relais a été pris à ce moment par les professionnels du journalisme, qui transforment leurs propres expériences en exercice littéraire. Effectif dans l'ordre matériel (des salaires et des fonctions désormais assurés et enviés), le triomphe du grand reporter s?inscrit également dans l'ordre symbolique. Vainqueurs de la bataille du « reportérisme », Albert Londres, Géo London, Henri Béraud, Andrée Viollis, Édouard Helsey et beaucoup d?autres parviennent à faire de leurs enquêtes des objets littéraires [25]. Rapidement suivi par ses confrères, Albin Michel lance en 1926 la première collection exclusivement consacrée au reportage, qui devient un véritable genre éditorial, voire un genre littéraire suscitant peu après l'invention d?un prix spécifique (Albert Londres, 1933). « Il nous paraît, en effet, que le reportage fait partie des genres littéraires et qu?il peut même devenir l'un des plus importants d?entre eux », reconnaît Sartre quelques années plus tard [26]. Autour du reporter, devenu le dépositaire privilégié des procédures de l'enquête, se réorganisent ainsi les figures de la grandeur et de l'aventure [27]. Il est devenu un héros, qui suscite l'admiration, l'imitation ou la jalousie, l'incarnation de l'enquêteur qui parcourt le monde pour le décrypter et le donner à lire.

19Des multiples raisons qui concourent à cette victoire, deux surtout paraissent compter. La première tient à la capacité du reporter à maîtriser la conduite narrative de l'enquête, figure littéraire autant que pratique professionnelle. L?initiative vaut d?autant plus que cette mainmise est à la fois qualitative et quantitative. Non seulement le reporter (ou l'ancien reporter devenu romancier ou publiciste) sait écrire son triomphe, et par la même la défaite des autres postulants, policier, détective, magistrat, etc. Mais, principal artisan dans les mêmes années de l'émergence d?une presse de masse [28], il sait aussi comment le diffuser à des millions d?exemplaires, et le donner à lire à un public croissant. Redoutable compétence, au travers de laquelle se dévoile ce qui peut apparaître comme la double généalogie de l'enquête contemporaine : d?une part le souci érudit de déchiffrer la société, de produire sur elle des modes raisonnés d?intelligibilité et d?administration ; de l'autre l'exigence pédagogique, puis surtout commerciale, de dire le monde au plus grand nombre, empruntant pour cela les logiques et les voies de l'industrie culturelle. D?où la nature hybride et conflictuelle du « genre » de l'enquête, tenaillé plus que tout autre entre la production d?un savoir original et la diffusion de stéréotypes, entre la volonté de produire du sens et la nécessité de ressasser des croyances. D?où peut-être aussi sa fortune, née de sa position au c?ur de ce que Adorno et Horkheimer ont nommé La dialectique des Lumières[29].

20Mais ce triomphe, le reporter le doit aussi à la fonction et au sens de l'enquête dans la société contemporaine, une enquête dont l'essor s?est révélé continu, dont la représentation s?est peu à peu hissée au rang de production culturelle majeure de l'âge démocratique. L?immense intertexte que constitue cette masse de récits finit par faire fonction d?épure ou de métaphore où s?expriment à la fois la légitimité et les contradictions de l'ordre social et politique. L?enquête signale en effet ce droit offert à chaque individu doué de raison de participer à la recherche de la vérité, de produire son interprétation, de discuter celles des autres. Traduisant le règne des publics et des opinions, elle dit l'éparpillement du vrai, l'ère du relativisme, mais aussi le nécessaire repli sur les avis majoritaires, les vérités partagées, les vertus de la moyenne. Paradigme du consensus rationnel et négocié, elle signale l'entrée dans un espace démocratique, apaisé et participatif, donc elle incarne symboliquement le fonctionnement. On comprend dans ces conditions que le policier, instrument d?une répression politique d?un autre âge, ou encore le détective, vulgaire mercanti du renseignement, aient échoué à en signifier toute la dimension. Tout autre est évidemment la figure du reporter. On n?oublie pas l'essentielle fonction de porte-parole de la démocratie que le journaliste a assumé durant la période révolutionnaire [30]. Et s?il perd peu à peu ce ministère, notamment au profit de l'avocat ou du professeur [31], les transformations de la presse à la fin du xixe siècle lui apportent une nouvelle légitimité. Maître de l'enquête, le reporter, ce pur produit de la méritocratie républicaine, s?affirme alors comme l'acteur anonyme et collectif de la démocratie. Élucidant le monde jour après jour, le donnant à lire au quotidien dans les pages des journaux au nom d?une opinion publique qu?elle incarne et exprime à la fois, son enquête peut s?afficher comme une sorte de fiction maîtresse de la société contemporaine, aux sources de cette démocratie médiatique que le xxe siècle naissant allait contribuer à affermir [32].


Date de mise en ligne : 01/01/2008.

https://doi.org/10.3917/mnc.022.0015

Notes

  • [1]
    Pierre Souvestre et Marcel Allain, Le bouquet tragique, Paris, Fayard, 1913, p. 281.
  • [2]
    Une première approche de ce type a été proposée par Michel Foucault, « La vérité et les formes juridiques », in Dits et écrits, 1954-1988, Paris, Gallimard, 1994, II, p. 538-646.
  • [3]
    Voir par exemple Albert Bataille, Causes criminelles et mondaines, Paris, Dentu, 18 vol., 1881-1898.
  • [4]
    Honoré-Antoine Frégier, Des classes dangereuses de la société dans les grandes villes, des moyens de les rendre meilleures, Paris, Baillière, 1840, 2 vol.
  • [5]
    Eugène François Vidocq, Les vrais mystères de Paris, Paris, Cadot, 1844.
  • [6]
    Frédéric Chauvaud, Les experts du crime. La médecine légale en France au xixe siècle, Paris, Aubier, 2000.
  • [7]
    Soulignée par Arlette Farge pour le xviiie siècle, in La vie fragile. Violence, pouvoirs et solidarités à Paris au xviiie siècle, Paris, Hachette, 1986, cette dimension familière du policier déclinerait-elle au xixe siècle ? Les travaux en cours de Quentin Deluermoz (Les policiers en tenue à Paris, 1850-1900, mémoire de DEA, Paris, Université de Paris I, 2001) tendent à montrer le contraire.
  • [8]
    Voir par exemple la thèse d?Édouard Ebel, Police et société. Histoire de la police et de son activité en Alsace au xixe siècle, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 1999 : « L?exercice de la police judiciaire », p. 437-470. Ou, pour un cas concret, Philippe Artières et Dominique Kalifa, Vidal, le tueur de femmes. Une biographie sociale, Paris, Perrin, 2001 : « Un dossier monstre », p. 243-251.
  • [9]
    Voir Michel Porret, « La topographie judiciaire à Genève », Sociétés Représentations, 6, 1998, p. 191-209, ainsi que Frédéric Chauvaud, Les criminels du Poitou au xixe siècle. Les monstres, les désespérés, les voleurs, Poitiers, Geste Éd., 1999.
  • [10]
    Voir sur ce point le travail récent de Hélène L?Heuillet, Basse politique, haute police. Une approche historique et philosophique de la police, Paris, Fayard, 2001.
  • [11]
    Une illusion bien dissipée par Jean-Marc Berlière dans sa thèse : L?institution policière sous la iiie République, Besançon, Université de Bourgogne, 1991, ainsi que dans Le Préfet Lépine. Vers la naissance de la police moderne, Paris, Denoël, 1993.
  • [12]
    Edmond Locard, L?enquête criminelle et les méthodes scientifiques, Paris, Flammarion, 1920.
  • [13]
    Voir Yannick Dehée, « Les mythes policiers du cinéma français des années 1930 aux années 1990 », Vingtième siècle, 55, 1997, p. 82-100, et Olivier Philippe, La représentation de la police dans le cinéma français (1965-1992), Paris, L?Harmattan, 1999.
  • [14]
    Sur tout ce qui concerne le détective, je renvoie à mon livre Naissance de la police privée. Détectives et agences de recherches en France, 1832-1942, Paris, Plon, 2000.
  • [15]
    Robert Badinter, La prison républicaine, Paris, Fayard, 1992 ; Sophie Diehl, La question « sécuritaire » à Paris de 1880 à 1885, maîtrise d?histoire, Paris, Université de Paris VII, 1999.
  • [16]
    Sur la situation aux États-Unis à la même période, voir Frank Morn, The Eye that Never Sleeps : A History of the Pinkerton National Agency, Bloomington, Indiana University Press, 1982, ainsi que Robert Weiss, « The Emergence and Transformation of Private Detective Industrial Policy in the United Sates, 1850-1940 », Crime and Social Justice, 1978, p. 35-48.
  • [17]
    Lucien Jaume, L?individu effacé ou le paradoxe du libéralisme français, Paris, Fayard, 1997.
  • [18]
    Jean-Marc Berlière, « Police privée à la française », Critique, 653, 2001, p. 755-770.
  • [19]
    Cité par Antoine Compagnon, Connaissez-vous Brunetière ? Enquête sur un antidreyfusard et ses amis, Paris, Éd. du Seuil, 1997, p. 21.
  • [20]
    Sur ces points, voir Dominique Kalifa, L?encre et le sang. Récits de crimes et société à la Belle Époque, Paris, Fayard, 1995. Cf. aussi la synthèse de Christian Delporte, Les journalistes en France, 1880-1950. Naissance et construction d?une profession, Paris, Éd. du Seuil, 1999,
  • [21]
    APP, D/B 27 et DB/31.
  • [22]
    L?expression est de l'Humanité, 21 novembre 1908.
  • [23]
    Paul Loliée, « L?opinion européenne sur la presse française », Revue bleue, 6-20 décembre 1902.
  • [24]
    Georges Grison, 13 rue des Chantres, Paris, Dentu, 1885, p. 268.
  • [25]
    François Naud, Des envoyés spéciaux aux grands reporters (1920-1930). La reconnaissance d?une profession, thèse d?histoire, Paris, EHESS, 1996.
  • [26]
    Jean-Paul Sartre, Situations II. Qu?est-ce que la littérature ?, Paris, Gallimard, 1948, p. 80.
  • [27]
    Soulignant combien les figures de l'aventure tendent alors à exclure toute dimension utilitaire au profit d?une sorte de « modalité poétique » ou philosophique de l'existence, Sylvain Venayre (La gloire de l'aventure. Genèse d?une mystique moderne, Paris, Aubier, 2002) préfère voir dans le reporter une seule incarnation de l'héroïsme.
  • [28]
    Christian Delporte, « Presse et culture de masse en France, 1880-1914 », Revue historique, janvier-mars 1998, p. 93-121 ; Dominique Kalifa, La culture de masse en France, I, 1860-1930, Paris, La Découverte, 2001.
  • [29]
    Theodor Adorno et Max Horkheimer, La dialectique de la Raison. Fragments philosophiques (1947), Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1983.
  • [30]
    Jacques Guilhaumou, « Décrire la Révolution française : les porte-parole et le moment républicain (1790-1793) », Annales ESC, XLVI, 4, juillet-août 1991, p. 949-970.
  • [31]
    Pierre Rosanvallon, Le peuple introuvable. Histoire de la représentation démocratique en France, Paris, Gallimard, 1998, p. 207-208.
  • [32]
    Sur ce point, voir Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Paris, Calmann-Lévy, 1985.
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