Notes
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[1]
Selon le règlement Dublin, dont la troisième version a été adoptée le 26 juin 2013, un seul État membre est responsable de l’examen d’une demande d’asile dans l’Union européenne, le plus souvent celui par lequel le demandeur d’asile est entré sur le territoire européen.
-
[2]
Almukhtar, Sarah ; KELLER, Josh ; WATKINS, Derek, “Closing the Back Door to Europe” [Online], The New York Times, September 2015, https://www.nytimes.com/inter active/2015/09/15/world/europe/migrant-borders-europe.html.
-
[3]
Bel-Air, Françoise de, “Migration Profile: Syria”, Policy Briefs, Issue 2, February 2016, 11 p.
-
[4]
Le service militaire est obligatoire en Syrie pour les hommes. À la veille du printemps syrien, sa durée était de 21 mois. Alors qu’il était possible de le repousser selon plusieurs biais (dont un système de corruption des recruteurs), la mobilisation générale et la confrontation armée empêchent d’y échapper depuis 2011. Depuis, les conscrits participent à la répression et courent un danger mortel.
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[5]
Nous y avons effectué une enquête de terrain tout au long de l’année 2015.
-
[6]
Pour un aperçu du développement de la scène contemporaine, voir ROGERS, Sarah, “Out of History: Postwar Art in Beirut”, The Art Journal, Vol. 66, No. 2, 2007, pp. 8-20.
-
[7]
TOUKAN, Hanan, “On Being the Other in Post-Civil War Lebanon: Aid and the Politics of Art in Processes of Contemporary Cultural Production”, The Arab Studies Journal, Vol. 18, No. 1, Spring 2010, pp. 118-161.
-
[8]
VAN DER WILL, Wilfried ; BURNS, Rob, “Germany as Kulturnation: Identity in Diversity?”, in: COLVIN, Sarah (ed.), The Routledge Handbook of German Politics & Culture, London: Routledge, 2015, pp. 198–217 (voir p. 206)
-
[9]
Ibidem (voir p. 204).
-
[10]
MEERZON, Yana, “Theatre in Exile: Defining the Field as Performing Odyssey” [Online], Critical Stages/Scènes Critiques, Vol. 5, December 2011, http://www.critical-stages.org/5/theatre-in-exile-defining-the-field-as-performing-odyssey/.
-
[11]
Scalbert-Yücel, Clémence, “Emergence and Equivocal Autonomization of a Kurdish Literary Field in Turkey” Nationalities Papers, Vol. 40, No. 3, May 2012, pp. 357-372.
-
[12]
SAEED, Aboud, Der klügste Mensch im Facebook : Statusmeldungen aus Syrien, Berlin : Mikrotext, 2013, 128 p.
-
[13]
BUEHLER, Alexander, “Aspekte: Aboud Saeed”, diffusé le 10 mai 2013.
-
[14]
ABBAS, Rasha, Die Erfindung der deutschen Grammatik, Berlin : Mikrotext, 2016, 160 p.
-
[15]
BOURDIEU, Pierre, “Le champ littéraire”, Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 89, septembre 1991, pp. 3-46 (voir p. 36).
-
[16]
Le livre est publié en 2016 par le collectif 10/11 (fondé par Sandra Hetzl) en ebook sous le titre « Kayfa tamm ikhtirâ’ al-lugha al-almâniyya », il a reçu le soutien de l’antenne libanaise de la Fondation Heinrich Böll. Il est disponible au téléchargement gratuitement sur le site https://lb.boell.org/sites/default/files/german_grammar_arabic_e_book_2016_08_23.pdf.
-
[17]
SHARIFI, Azadeh, “Theatre and Migration: Documentation, Influences and Perspectives in European Theatre”, in: Brauneck, Manfred ; ITI ZENTRUM DEUTSCHLAND (eds), Independent Theatre in Contemporary Europe: Structures - Aesthetics - Cultural Policy, Bielefeld: Transcript, pp. 321-415, (voir p. 327).
-
[18]
TINIUS, Jonas, “Authenticity and Otherness: Reflecting Statelessness in German Postmigrant Theatre” [Online], Critical Stages/Scènes Critiques, Vol. 14, December 2016, http://www.critical-stages.org/14/authenticity-and-otherness-reflecting-statelessness-in-german-postmigrant-theatre/.
-
[19]
SIEG, Katrin, “Refugees in German Documentary Theatre” [Online], Critical Stages/Scènes Critiques, Vol. 14, December 2016, http://www.critical-stages.org/14/refugees-in-german-documentary-theatre/.
-
[20]
WILMER, Stephen, Performing Statelessness in Europe, New York: Palgrave Macmillan, 2018, 245 p. (voir p. 85).
-
[21]
TINIUS, Jonas, “Rehearsing Detachment: Refugee Theatre and Dialectical Fiction”, Cadernos de Arte e Antropologia, Vol. 5, No. 1, 2016, pp. 21-38 (voir p. 22).
-
[22]
WILMER, Stephen, Performing Statelessness in Europe, op. cit. (voir p. 30).
-
[23]
Entretien réalisé avec l’artiste en mai 2016 à Berlin.
-
[24]
KANAFANI, Samar ; KHAYYAT, Munira ; SALTI, Rasha ; AL-ZUBAIDI, Layla (eds), Anywhere but Now. Landscapes of Belonging in the Eastern Mediterranean, Beirut: Heinrich Böll Foundation, Middle East Office, 2012, 277 p.
-
[25]
Haus der Kulturen der Welt, Why Are We Here Now? [Online], Berlin: HKW, 4 October 2017, https://www.hkw.de/en/programm/projekte/2017/why_are_we_here_now/why_are_ we_here_now_start.php.
-
[26]
WEILER, Christel, “Theatre and Diversity in the Berlin Republic”, in: COLVIN, Sarah (ed), The Routledge Handbook of German Politics & Culture, op. cit., pp. 218-229 (voir p. 218).
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[27]
MEERZON, Yana, “Theatre in Exile: Defining the Field as Performing Odyssey”, art. cité (voir p. 2).
-
[28]
CHORON-BAIX, Catherine, “Le vrai voyage. L’art de Dinh Q. Lê entre exil et retour”, Revue européenne des migrations internationales, vol. 25, n° 2, 2009, pp. 51-68 (voir p. 63).
1Le 25 août 2015, l’Allemagne a suspendu l’application du règlement Dublin pour les réfugiés syriens [1]. En réalité, plusieurs pays n’enregistraient déjà plus les Syriens qui remontaient ce que l’on a appelé le « corridor migratoire » qui voyait arriver par les voies terrestres un grand nombre de réfugiés vers l’Autriche et l’Allemagne [2]. Selon les chiffres de novembre 2015, l’Europe a accueilli 700 632 Syriens, soit 12,5 % de la population réfugiée, un chiffre dérisoire comparé au trio d’États voisins (Turquie, Jordanie, Liban) qui en a reçu 3 890 574 (69,6 %) [3]. En octobre 2015, l’Allemagne a admis 200 000 réfugiés syriens soit 23 % de la population réfugiée en Europe. Nous avons pu constater, lors d’une enquête de terrain menée à Berlin en mai 2016, combien ce trajet de l’exil par les voies « terrestres » (barr, dénomination usuelle en arabe pour désigner l’arrivée en Allemagne à pied) depuis la Turquie avait été traumatisant. Pour certains de nos enquêtés qui l’ont effectué, le voyage a été plus bouleversant qu’une expérience directe de la guerre.
2Le récit d’un jeune comédien que nous avons rencontré nous a surpris : il décrivait son voyage comme un moment de rencontres, d’échanges non verbaux avec les populations autochtones, une situation digne d’un road-trip. S’il a été l’unique personne enquêtée à le dépeindre de la sorte, il a attiré notre attention sur le fait que parmi les artistes syriens exilés en Europe, qui ont constitué notre milieu d’enquête, plusieurs cherchaient à se différencier de l’image de « réfugié ». En effet, les artistes rencontrés forment une jeune élite intellectuelle diplômée de l’Institut supérieur d’arts dramatiques de Damas (isad) entre la fin des années 1990 et le milieu des années 2000. Mais ce raisonnement explicatif en termes de distinction sociale ne suffit pas. C’est la représentation même du réfugié qui est interrogée : tant sa définition administrative, tous les artistes n’ayant pas ce statut légal, que sa perception du déplacement, certains le voyant comme une bohème artistique.
3La dynamique de l’exil au sein du milieu enquêté fait apparaître un déplacement géographique en deux temps. Un premier mouvement s’est fait en direction de Beyrouth dès la fin 2012, qui est alors devenue un centre de la production artistique syrienne. Les motivations étaient diverses : besoin de sortir d’une atmosphère damascène suffocante, présentation d’une création, retrouvailles avec des amis ou de la famille. Les différents épisodes de répression ont fait fuir les artistes activistes. Le service militaire et la mobilisation générale décrétée par le régime ont poussé de nombreux jeunes hommes au départ [4]. Même si certains artistes ont choisi d’autres pays avoisinants, la capitale libanaise est un passage obligé pour les œuvres produites hors de Syrie [5]. Une deuxième phase est survenue dès le début de l’année 2014. La perception d’un conflit qui s’installe dans la durée avec l’absence de réaction de la communauté internationale aux attaques chimiques menées par le régime à l’été 2013 et le durcissement des politiques migratoires du Liban ont poussé les artistes au départ. Berlin est alors devenue la destination privilégiée par de nombreux artistes dont plusieurs issus de l’isad.
4Au Liban, nous faisons le constat de la surreprésentation des professionnels de l’art ayant terminé leur formation dans les années 2000 en Syrie. Nous adoptons alors une approche générationnelle. Pour ces jeunes artistes, ce déplacement, loin de marquer l'arrêt d’une production artistique, leur a au contraire ouvert des perspectives. La place de Beyrouth dans l’histoire de la culture arabe, et les liens privilégiés que la ville entretient avec le monde de l’art contemporain [6] ont offert à certains une reconnaissance dont ils ne bénéficiaient pas en Syrie. Les liens qu’ils ont tissé, mais également les figures syriennes vis-à-vis desquelles ils se sont définis nous ont poussé à dépasser le cadre strict des praticiens du théâtre pour englober des parcours d’artistes d’autres disciplines comme les arts plastiques ou la littérature.
5En choisissant Beyrouth et Berlin comme résidences, les artistes syriens ont fait le choix de deux villes dynamiques culturellement et très ouvertes sur l’international. Le champ artistique libanais n’est pas soumis à une centralité étatique, il est entouré par un ensemble d’acteurs et d’institutions régionales et internationales qui proposent un soutien essentiel à la scène contemporaine depuis la fin des années 1990 [7]. Berlin est le centre culturel de l’Allemagne, le secteur des creative industries représentant 1/6e du produit intérieur brut de la ville [8]. Le compte rendu du World cities culture Forum de 2012 pointait Berlin comme un des hubs (centres) de la création en Europe qui attire énormément de jeunes artistes internationaux [9].
6Les artistes syriens que nous avons rencontrés dans ces deux villes, continuaient de se définir les uns par rapport aux autres et de se reconnaître entre eux. Un lien fort est maintenu avec un milieu artistique préexistant. Ce lien pourrait ne s’avérer que temporaire, l’enquête s’étant déroulée peu de temps après les évènements (deux ans après l’installation des premiers artistes en Allemagne). Toutefois, la recherche qui traite de l’art en exil permet de s’extraire d’une téléologie de l’intégration où l’artiste est appréhendé dans son incorporation au milieu artistique d’accueil. Dans son analyse du théâtre en exil, Yana Meerzon pointe l’exercice d’équilibriste que réalise l’artiste exilé : d’un côté il rejette une intégration complète dans la société d’accueil et dans sa communauté déplacée, et de l’autre il refuse d’être le chroniqueur de l’exil [10].
7À l’instar de la littérature kurde dans l’exil, qui s’est développée en tant que production spécifique, dotée de ses propres institutions et qui a pu avoir à terme un impact sur son champ littéraire d’origine [11], les artistes syriens redessinent un espace artistique qui n’est pas assimilable aux champs artistiques d’origine ou d’accueil. Il est possible d’esquisser une première structuration de cet espace en s’attachant à appréhender l’exil non plus uniquement comme un phénomène de déplacement physique et/ou un état socio-psychologique particulier mais comme un élément du jeu artistique syrien tel qu’il se reconfigure hors des frontières. En recoupant discours des acteurs et trajectoires, nous observons la retraduction de l’exil en des termes spécifiques au domaine créatif.
8Trois logiques de réfraction apparaissent et structureront cette contribution. L’exil contribue tout d’abord à l’effondrement des barrières du milieu artistique tel qu’il avait été constitué au sein des frontières nationales, provoquant l’arrivée de nouveaux entrants, et donc le renouvellement d’une concurrence artistique. Il devient également un élément essentiel de définition artistique car pourvoyeur de capital économique et symbolique pour les artistes installés hors des pays arabes. Enfin, les enjeux autour du statut d’artiste-demandeur d’asile permettent de discerner une hiérarchie artistique qui s’affirme dans la dynamique même du déplacement.
La chute des barrières
9Pour observer les enjeux à l’œuvre dans l’arrivée et l’installation de ce jeune milieu artistique à Berlin, le cas d’Aboud Saeed, auteur syrien, agit comme un révélateur. En effet, l’écrivain n’avait aucun lien avec la culture syrienne avant 2011, puisqu’il était forgeron de métier. Vivant à Manbij, une ville du nord de la Syrie, il nous a expliqué s’être mis à écrire entre 2012 et 2013 sur son compte Facebook personnel, ouvert à cette période. Dans une langue simple et sarcastique, il a rédigé des billets égocentrés sur des détails de sa vie quotidienne dans une ville libérée de la tutelle du régime mais qui connaissait plusieurs phases de lutte. Ses écrits, qui ont rencontré un écho en ligne auprès de personnes proches des milieux de la culture syrienne, ont intéressé Sandra Hetzl, une jeune traductrice allemande qui suivait les évolutions de l’écriture syrienne depuis Beyrouth. Elle lui a alors proposé de traduire ses billets en allemand, puis a préparé un projet de publication. Alors qu’Aboud Saeed vivait toujours dans sa ville d’origine en Syrie, son premier livre est paru en Allemagne en mars 2013 [12]. Le succès a été fulgurant. Un documentaire sur l’auteur a alors été diffusé en mai 2013 par la chaîne de télévision fédérale ZDF [13]. Le réalisateur est parti à sa recherche directement à Manbij et l’a décrit comme étant le « Bukowski syrien » en raison de la simplicité et la crudité de son style et au vu du succès qu’il rencontrait auprès du lectorat allemand. Aboud Saeed nous a dit avoir accepté un visa des services consulaires allemands en 2014 et est parti s’installer à Berlin. Il y a reçu un prix de création remis par la municipalité de Berlin pour un roman qu’il a fini d’écrire au printemps 2016. Plusieurs de ses articles/billets ont été traduits et publiés dans des journaux allemands comme Der Tagesspiegel ou Die Tageszeitung, mais aussi dans Vice (version allemande). Son premier texte a été mis en scène par des troupes de théâtre allemandes dans au moins trois théâtres. À l’échelle internationale, son livre a été traduit en huit langues et, lors de notre rencontre, il s’apprêtait à faire une tournée promotionnelle au Brésil. L’auteur nous a alors indiqué être en mesure de vivre de sa production littéraire.
10La traductrice allemande a participé à l’accumulation d’un nouveau type de capital artistique dans un espace non arabophone qui a permis à Aboud Saeed de quitter légalement la Syrie puis de continuer à produire en Allemagne. Le cas de cet auteur est exceptionnel dans le paysage artistique syrien, car très peu d’artistes qui n‘appartenaient pas auparavant à un milieu artistique ont percé de la sorte, mais son parcours esquisse les mécanismes de l’exil pour les artistes syriens. Les intermédiaires internationaux (personnes et structures) présents au Liban permettent à la fois d’atteindre un public hors du monde arabe et d’établir des passerelles géographiques. Toutefois, dans beaucoup de cas, les autorités consulaires ne délivrent pas de visas aux artistes malgré les appuis d’acteurs et d’institutions culturelles locales. Plusieurs artistes syriens installés à Beyrouth se sont ainsi vus refuser l’accès aux pays dans lesquels ils devaient intervenir.
11Cette reconnaissance littéraire dont jouit Aboud Saeed en Allemagne est insupportable pour certains. Plusieurs artistes syriens, issus de notre milieu d’enquêtés installés à Berlin, le voient comme une imposture littéraire. Selon eux, il utiliserait sa situation en tant que Syrien pour « se vendre ». Cette considération fait écho à de nombreuses rumeurs qui traversent ce milieu à propos de Syriens, réfugiés dans des provinces allemandes, qui s’improvisent réalisateurs, comédiens, plasticiens, etc., et qui réussissent à obtenir des fonds locaux d’aide à la création en pratiquant une sorte d’aumône misérabiliste. Un des critiques acharnés d’Aboud Saeed a expliqué que si la traduction des textes vers l’allemand est souhaitable, il faut que ceux qui sont choisis passent d’abord l’épreuve d’un lectorat arabe. Il pointait par ce biais l’apparition d’un nouveau public peu apte à reconnaître l’ancien système de valeurs artistiques au travers duquel les artistes se définissent. L’effondrement des limites légitimes du champ par le déplacement en Allemagne fait craindre aux artistes dotés d’un capital artistique acquis grâce à leur expérience ou leur formation et considérés jusque-là comme la nouvelle génération, l’apparition d’une concurrence déloyale sous la forme d’artistes consacrés selon des modalités qui leur échappent.
12À ces critiques qui lui dénient un statut d’auteur, Aboud Saeed répond par un discours sur l’art et le sens de sa production à rebours des considérations classiques. Il vante un art rapide, sans prétention littéraire, une écriture simple en phase avec les pratiques des réseaux sociaux, une volonté de distraire le lecteur tout en s’amusant en tant qu’auteur. Son premier livre est d’ailleurs présenté comme une collection de posts Facebook. Son discours fait écho à une réflexion plus approfondie développée par Rasha Abbas. Cette jeune auteure syrienne, installée à Berlin depuis septembre 2014 suite à l’obtention d’une bourse d’écriture, a elle aussi vu ses textes être traduits par Sandra Hetzl (après son arrivée) [14]. Bien que les deux auteurs ne se considèrent pas proches littérairement, elle revendique également un changement dans le projet créatif. Elle appelle à délaisser l’école du réalisme, qui a été le cadre d’une partie de la littérature syrienne légitime, dans une logique de désintoxication des structures mentales imposées par le régime et intériorisées par les auteurs.
13Ainsi, le parcours d’Aboud Saeed — et celui de Rasha Abbas dans une moindre mesure — est la somme d’une modalité d’écriture hétérodoxe qui rencontre un lectorat différent dû aux changements liés à l’exil des artistes syriens. Nous nous approchons ainsi d’un processus de révolution en art tel qu’analysé par Pierre Bourdieu : les deux auteurs portent un projet littéraire illégitime aux yeux des artistes installés, mais qui est reconnu grâce aux bouleversements des équilibres traditionnels du champ par un facteur externe [15].
Nouveaux publics, nouvelles pratiques ?
14Rasha Abbas nous a expliqué utiliser une méthodologie de création différente depuis qu’elle écrit dans une optique de traduction. Elle connaît le fonctionnement de sa traductrice et emploie par conséquent une langue plus apte à être traduite. Cette adaptation de la pratique artistique due aux transformations du contexte de réception touche également le théâtre. Nous avons pu observer les problématiques relatives à l’emploi de l’arabe sur scène et l’apparition du surtitrage. Les metteurs en scène syriens peinent à en reconnaître l’importance primordiale pour une audience non arabophone. Mais c’est le thème traité par Rasha Abbas dans son premier livre, intitulé littéralement « L’invention de la grammaire allemande », qui nous a interpellé. Le public visé est explicitement allemand, l’auteure nous indiquant avoir retravaillé le style linguistique dans le manuscrit avant sa publication en arabe, pour embellir la langue, mais aussi pour rendre familières à un lectorat arabe des situations typiquement allemandes [16].
15De manière similaire, l’acteur syrien Ayham Agha nous a confié, lors d’une rencontre en octobre 2016, avoir vu son statut d’acteur interprétant des classiques tels que Shakespeare évoluer vers un performer intervenant dans des installations. Ce n’est pas uniquement la barrière de la langue qui influe sur son jeu, puisque le théâtre allemand qu’il a rejoint porte une réflexion d’avant-garde sur la posture de création scénique dans l’espace germanique. Lors de la tournée de la pièce Intimacy, une création du duo Mohammad Al Attar (dramaturge) et Omar Abusaada (metteur en scène), dans laquelle il jouait, après une représentation à Hanovre Ayham Agha a décidé de s’installer à Paris en mars 2013. Résidant jusqu’alors à Beyrouth, il avait obtenu un visa de type artiste, de plus longue durée qu’un visa touriste, pour lui permettre de partir en tournée. Il a rejoint Berlin un an plus tard pour être embauché dans une des troupes du Maxim Gorki Theatre. Dans cette salle, qui est une des cinq scènes berlinoises majeures subventionnées par des fonds publics, s’est développée, sous l’impulsion de Shermin Langhoff (sa directrice depuis 2013), une conception théâtrale qualifiée de Postmigrantqui s’appuie sur la normalité de la migration dans la société contemporaine [17]. Ce courant s’est bâti sur le constat de l’absence des populations immigrées et descendantes de l’immigration dans l’art. Depuis les années 1980, le théâtre allemand interroge les problématiques de l’exil et de la migration. De fait, un intense mouvement de réflexion a vu le jour autour de l’inclusion de tous les pans d’une société cosmopolite, à la fois sur les planches et dans le public [18]. Le statut d’acteur exilé d’Ayham Agha a alors pris une autre envergure au sein du Gorki.
16Ce théâtre de l’exil qui s’est développé en Allemagne facilite l’accès aux planches pour le monde du théâtre syrien. À la suite de l’arrivée d’Ayham Agha en 2016, le Gorki a créé une troupe d’acteurs exilés : The Exil Ensemble. Elle se compose de sept acteurs dont quatre Syriens. L’ensemble a une programmation qui lui est propre, dans les langues de ses acteurs (en majorité arabophones) et en anglais. Cette expérience a influencé d’autres théâtres en Allemagne, qui ont créé à leur tour des troupes similaires ou ont recruté des acteurs réfugiés. L’orientation de la création scénique locale vers les problématiques de l’exil ne se situe pas qu’à un niveau esthétique : l’attention portée par les théâtres aux réfugiés passe également par des activités de soutien (économique, hébergement, thérapie par le théâtre, etc.). En 2016, plus de soixante théâtres ouvrant leur porte aux migrants ont été recensés [19]. Plus généralement, ce cadre d’entraide a été promoteur d’opportunités pour les professionnels du théâtre syrien en exil.
17Déjà, au Liban, la très forte présence de réfugiés syriens et l’appareil humanitaire qui s’y développait avaient été pourvoyeurs de ressources pour les jeunes artistes. Les organismes locaux, régionaux et internationaux ont embauché un segment jeune et éduqué de la population syrienne qui a pu s’installer dans la capitale libanaise. Dans le travail humanitaire un pan artistique s’est développé avec plusieurs expériences créatives à visées sociales. L’atelier d’écriture est un des formats de ce type d’activités porté par Muddar Al Haggi, un dramaturge syrien arrivé en 2013 à Beyrouth. En février 2015, il a assuré la codirection artistique avec le metteur en scène suisse Erik Altorfer de Future Stages: A Creative Project For Emerging Syrian Writers, un atelier d’écriture qui s’adressait à 10 jeunes réfugiés syriens et syro-palestiniens âgés de 18 à 26 ans. L’auteur s’est ensuite installé à Berlin en mai 2015 à la faveur d’un programme de coopération entre opérateurs culturels et artistes du sud et du nord de la Méditerranée. Son activité artistique a pris forme à travers deux dimensions : des projets d’écriture de pièces de théâtre et des ateliers d’écriture avec des réfugiés. Sa coopération avec Erik Altorfer s’est poursuivie avec Our Voice/Our Hope, un atelier d’écriture en direction de jeunes du monde arabe qui a été présenté en novembre 2016 au théâtre de Zürich (Schauspielhaus). Parallèlement, ils ont tous deux participé à l’atelier Our Stories au théâtre Graz, en Autriche. Muddar Al Haggi a également atteint Berlin, où il a animé un atelier en janvier 2016 au Schaubude (théâtre de marionnettes). Plusieurs expériences de théâtre avec des populations réfugiées avaient déjà été menées en Allemagne [20]. Si un travail social et thérapeutique peut être identifié dans ce type de projets [21], ils ne se cantonnent pas à la marge de la scène artistique locale. Par exemple, Nicolas Stemann, dans son adaptation de Charges, pièce écrite en 2013 par la dramaturge autrichienne et prix Nobel de littérature Alfriede Jelinek, a fait jouer en septembre 2014 au Thalia Theater de Hambourg des acteurs professionnels et des réfugiés en provenance de Lampedusa installés dans une église du quartier de St Pauli. La pièce a été présentée lors du prestigieux festival Theatertreffen à Berlin en mai 2015 [22].
18L’exil occupe une place particulière dans la création scénique allemande, à la fois comme résultat de la réflexion d’une société cosmopolite qui permet l’accès aux planches des professionnels syriens ; mais aussi comme réponse sociale et politique face à l’arrivée de réfugiés. Ce pôle du théâtre allemand est pourvoyeur d’opportunités pour le monde du théâtre syrien. Le capital proposé n’est pas qu’économique, cette production ayant atteint une certaine légitimité dans le monde de l’art allemand. L’exil s’intègre directement à la carrière des artistes syriens en générant ainsi des ressources symboliques et matérielles pour ceux qui cherchent à intégrer la scène artistique du pays d’accueil. Cette translation qu’ils effectuent entraîne une redéfinition des pratiques, qu’ils adaptent non seulement en raison d’un public et d’une langue différents, mais aussi en fonction des courants artistiques locaux. Par conséquent, un besoin de redéfinition de l’identité artistique apparaît, soulevant les critiques de certains artistes.
Où se situer dans l’exil ?
19Au cours de notre enquête, nous avons constaté une réaction de certains artistes face à la désignation d’« artiste réfugié » et d’« artiste syrien en exil ». Les termes « exil » et « réfugié » sont souvent perçus par les artistes comme désignant la même réalité, l’adjonction de l’adjectif « syrien » soulève également des réticences. Ces catégorisations semblent être comprises comme une dépréciation artistique. Le dramaturge syrien Mohammad Al Attar refuse de prendre part à toute formule de festival ou tout groupe d’artistes désignés comme syriens. Il définit ces ensembles comme « groupes ou regroupements construits sur l’identité ou la catastrophe » [23]. Si l’auteur ne renie pas une identité syrienne, d’ailleurs parfaitement perceptible dans son art du fait de la langue utilisée, mais également dans les thèmes abordés, toujours en lien avec le contexte politique du pays, il nous a expliqué ne pas avoir besoin de passer par ses réseaux syriens pour continuer son activité artistique à l’étranger.
20La carrière de Mohammad Al Attar est indissociable de celle du metteur en scène syrien Omar Abusaada. Le duo, dont les premières collaborations remontent à 2006, a connu un succès mondial avec la pièce Could You Please Look into the Camera?, écrite par Mohammad Al Attar et mise en scène par Omar Abusaada en 2012. Elle a tourné d’abord sous forme d’une lecture théâtrale à l’occasion du festival d’art contemporain pluridisciplinaire et multisitué Meeting Points 6. Sa direction artistique était alors assurée par le curateur nigérian Okwui Enwezor, très réputé sur la scène mondiale. La pièce fût ensuite montée en spectacle, présenté à Séoul et à Beyrouth. Elle a surtout été très rapidement admise dans le répertoire de metteurs en scène allemands, écossais et américains. À la suite de cette expérience, le duo est devenu très sollicité à l’étranger et a présenté ses créations lors de tournées internationales. Comme signalé plus haut avec l’exemple d’Ayham Agha, ces tournées sont des passerelles géographiques pour les membres de l’équipe, qui peuvent ainsi décider de s’établir dans les pays de la tournée.
21Mohammad Al Attar s’est installé à Berlin en 2015, suite à l’obtention d’une bourse d’écriture de la Fondation Heinrich Böll. S’il avait eu par le passé des opportunités de départ, il ne les avait jusqu’alors pas envisagées. Cette fois, la bourse lui a permis de s’extraire d’une impasse : ses papiers n’étant plus en règle, il lui était impossible de passer par la procédure habituelle de demande de visa. La Heinrich Böll Stiftung (hbs), affiliée au parti des Verts allemands (Die Grünen), a une antenne libanaise (hbs-Beyrouth) qui est très active sur le plan culturel, notamment avec les artistes syriens. Cette dernière traduit régulièrement des œuvres de l’auteur, comme par exemple sa pièce de théâtre Online, ainsi qu’une contribution publiée en anglais dans l’ouvrage Anywhere but Now [24].
22Si hbs-Beyrouth a permis une conversion de capital artistique pour Mohammad Al Attar, la fondation ne joue pas pour autant le rôle de découvreur de talents. Le dramaturge, formé à l’isad, a déjà produit plusieurs œuvres en Syrie qui ont été traduites et publiées en anglais. Mais c’est lors de son passage au Liban en 2012 qu’il est devenu visible pour hbs, mais également pour d’autres organismes internationaux. Les gestionnaires des programmes de bourses de hbs nous ont expliqué qu’une expérience précédente rassurait quant à la possible réalisation des projets soumis, facilitant l’octroi d’un soutien financier. L’antenne libanaise garantit à travers ce processus de sélection un capital artistique avant 2011. Plus généralement, Beyrouth est un lieu de mise en visibilité pour le duo Mohammad Al Attar-Omar Abusaada, puisqu’il y a accédé à une reconnaissance internationale.
23En 2016, Mohammad Al Attar nous a confié s’être déjà produit plusieurs fois à Berlin auparavant, mais jamais depuis qu’il y réside. La Haus der Kulturen der Welt (hkw, Maison des cultures du monde), avec laquelle il a déjà collaboré à trois reprises en 2012, 2013 et 2014, l’a sollicité en 2017 pour intervenir au côté de Rabih Mroué, une figure célèbre de l’art contemporain libanais. Le programme du hkw, intitulé 100 Years of Now et qui déroule un siècle d’histoire, inclut des artistes sollicités en tant qu’habitants des rives sud et est de la Méditerranée [25]. Dans le cas de Mohammad Al Attar, son insertion dans le paysage berlinois ne s’est donc pas faite pas par une porte d’entrée qui reconnaît sa condition de réfugié. En effet, le hkw cherche, depuis sa création en 1989, à diversifier la vision allemande des arts en étant très ouvert sur la scène contemporaine internationale [26]. Ainsi, l’auteur est passé en quelque sorte par le « haut », il a utilisé sa renommée internationale pour atteindre la ville dans laquelle il s’est installé.
24D’autres artistes de la génération de Mohammad Al Attar connaissent une notoriété similaire. Le parcours de Liwaa Yazji à l’international est éloquent. Parmi les artistes syriens rencontrés, elle est l’une des rares à avoir fait ses études à Berlin avant 2011 et à maîtriser l’allemand. Elle s’est installée en 2014 à Beyrouth, où elle a monté un film à partir de rushs tournés en 2013 à Damas. Son long métrage Haunted, produit par hbs-Beyrouth, a notamment obtenu la mention spéciale du Prix Premier en 2014 au Festival international de cinéma de Marseille (fid). Elle a été sélectionnée pour une résidence poétique à New York à la Poets House à l’autonome 2015, où elle a traduit trois de ses poèmes pour qu’ils soient publiés en anglais. Au Liban, elle a participé à International Playwright, un atelier d’écriture organisé par le British Council. Sa pièce Goats a été lue au théâtre du Royal Court à Londres en mars 2016 avant d’y être mise en scène à l’autonome 2017. Liwaa Yazji a été sélectionnée en 2016 pour participer au projet Birth qui traite de la maternité dans le monde. Elle a écrit Q and Q, jouée en octobre 2016 au Royal Exchange Theatre à Manchester. La pièce, qui a été mise en scène, continue de tourner en 2018. L’auteure reconnaissait n’avoir pas eu le temps de découvrir la scène locale depuis son retour à Berlin en janvier 2016, soit cinq mois avant notre entretien. Pour elle, la capitale allemande est un lieu de vie et de travail, et non d’opportunités artistiques. Elle était en train d’écrire, avec deux auteurs, un scénario de série se déroulant dans les camps de réfugiés en Allemagne.
25Liwaa Yazji est à la recherche d’une solution administrative pour résider durablement et légalement à Berlin sans passer par le dépôt d’une demande d’asile, jonglant avec des visas de long séjour qu’elle est parvenue à prolonger avec l’aide d’un avocat. Ce refus d’entamer une procédure d’asile se retrouve chez différents artistes rencontrés. Un acteur de la culture syrienne nous a fait remarquer qu’il préférait utiliser le terme newcomers (nouveaux arrivants) plutôt que celui d’« artistes réfugiés », car tous ne le sont pas. En observant le parcours de Liwaa Yazji, nous comprenons la dimension internationale qu’elle a acquise à Beyrouth, à l’instar de Mohammad Al Attar. La capitale libanaise agit pour certains artistes syriens comme une plateforme vers une reconnaissance qui dépasse le monde arabe. Dans le cas des deux auteurs, le refus d’effectuer les démarches liées à la demande d’asile reflète leur insertion dans des réseaux artistiques internationaux depuis le Liban. Ils se dissocient ainsi de ceux qui cherchent à continuer leur art en mobilisant des ressources locales en Allemagne.
26L’exil berlinois peut donc être vécu comme le prolongement de la dynamique libanaise, d’une insertion dans un espace artistique mondialisé. Comme le rappelle Yana Meerzon, l’exil recouvre un spectre de scénarios différents allant du bannissement au nomadisme [27]. En percevant leur déplacement comme une bohème artistique, comme une étape dans le déroulement d’une carrière, ces artistes, proches d’un monde de l’art international, se différencient de ceux qui cherchent à intégrer le champ d’accueil et qui acceptent une identité artistique liée à l’origine et/ou au statut d’exilé. Ces derniers n’ont pas pour autant délaissé la perspective d’une carrière internationale, ils s’inscrivent dans un schéma d’accès à un espace artistique mondial, emprunté par d’autres créateurs de pays périphériques, via le passage dans une grande métropole occidentale [28]. Les débats autour de la catégorisation sociale de l’exilé traduisent une hiérarchie entre artistes qui s’est mise en place dès la première étape du déplacement ; ils sont ainsi constitutifs d’un jeu artistique qui se redéfinit dans l’exil.
Conclusion
27Depuis 2011, l’extrême mise en visibilité médiatique de la situation sur le terrain syrien et l’internationalisation du conflit ont propulsé l’art syrien sur la scène mondiale. Durant leur exil à Beyrouth, les jeunes artistes enquêtés, diplômés au tournant du millénaire, ont profité de l’effondrement des barrières préexistantes de la création syrienne pour s’imposer sur les devants d’une scène culturelle alors sous les projecteurs. Corollairement, la situation a été propice à l’émergence de nouveaux artistes et de pratiques inédites qui peuvent les concurrencer. Le deuxième déplacement vers Berlin met en lumière une division de cet espace de la création syrienne qui se reconstitue en exil. La capitale allemande propose un milieu de la culture très vivace, traversé par des courants artistiques qui interrogent l’identité et cherchent à redéfinir une société post-nationale. L’inclusion de l’artiste exilé est un des moyens qui participent à cette dynamique. Plusieurs institutions locales offrent des opportunités aux artistes syriens pour leur permettre de poursuivre leurs pratiques artistiques.
28Cela étant, à ce pôle en phase avec la société d’accueil, qui répond à un besoin de repenser l’intégration dans un moment d’afflux de réfugiés, s’opposent des artistes qui refusent de s’investir localement. Lors de leur installation à Berlin, ils bénéficiaient déjà d’une reconnaissance à l’international qui les dispensait d’avoir recours à des stratégies pour s’insérer sur la scène artistique locale.
29Le processus de l’exil se retrouve traduit à trois niveaux dans le champ artistique syrien qui se reconstitue depuis 2013 hors des frontières nationales. Il perturbe les critères de légitimité préexistants en autorisant l’entrée de courants créatifs qui n’auraient pas pu être considérés comme artistiques selon les anciens critères. L’exil amène une redéfinition des pratiques due à la fois au renouveau du public mais aussi fonction des dynamiques qui traversent le milieu d’installation. Il est enfin un critère de différenciation de placement dans un espace artistique transnational dont les contours sont encore très flous pour les artistes syriens du fait notamment de la nouveauté de la situation.
Notes
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[1]
Selon le règlement Dublin, dont la troisième version a été adoptée le 26 juin 2013, un seul État membre est responsable de l’examen d’une demande d’asile dans l’Union européenne, le plus souvent celui par lequel le demandeur d’asile est entré sur le territoire européen.
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[2]
Almukhtar, Sarah ; KELLER, Josh ; WATKINS, Derek, “Closing the Back Door to Europe” [Online], The New York Times, September 2015, https://www.nytimes.com/inter active/2015/09/15/world/europe/migrant-borders-europe.html.
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[3]
Bel-Air, Françoise de, “Migration Profile: Syria”, Policy Briefs, Issue 2, February 2016, 11 p.
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[4]
Le service militaire est obligatoire en Syrie pour les hommes. À la veille du printemps syrien, sa durée était de 21 mois. Alors qu’il était possible de le repousser selon plusieurs biais (dont un système de corruption des recruteurs), la mobilisation générale et la confrontation armée empêchent d’y échapper depuis 2011. Depuis, les conscrits participent à la répression et courent un danger mortel.
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[5]
Nous y avons effectué une enquête de terrain tout au long de l’année 2015.
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[6]
Pour un aperçu du développement de la scène contemporaine, voir ROGERS, Sarah, “Out of History: Postwar Art in Beirut”, The Art Journal, Vol. 66, No. 2, 2007, pp. 8-20.
-
[7]
TOUKAN, Hanan, “On Being the Other in Post-Civil War Lebanon: Aid and the Politics of Art in Processes of Contemporary Cultural Production”, The Arab Studies Journal, Vol. 18, No. 1, Spring 2010, pp. 118-161.
-
[8]
VAN DER WILL, Wilfried ; BURNS, Rob, “Germany as Kulturnation: Identity in Diversity?”, in: COLVIN, Sarah (ed.), The Routledge Handbook of German Politics & Culture, London: Routledge, 2015, pp. 198–217 (voir p. 206)
-
[9]
Ibidem (voir p. 204).
-
[10]
MEERZON, Yana, “Theatre in Exile: Defining the Field as Performing Odyssey” [Online], Critical Stages/Scènes Critiques, Vol. 5, December 2011, http://www.critical-stages.org/5/theatre-in-exile-defining-the-field-as-performing-odyssey/.
-
[11]
Scalbert-Yücel, Clémence, “Emergence and Equivocal Autonomization of a Kurdish Literary Field in Turkey” Nationalities Papers, Vol. 40, No. 3, May 2012, pp. 357-372.
-
[12]
SAEED, Aboud, Der klügste Mensch im Facebook : Statusmeldungen aus Syrien, Berlin : Mikrotext, 2013, 128 p.
-
[13]
BUEHLER, Alexander, “Aspekte: Aboud Saeed”, diffusé le 10 mai 2013.
-
[14]
ABBAS, Rasha, Die Erfindung der deutschen Grammatik, Berlin : Mikrotext, 2016, 160 p.
-
[15]
BOURDIEU, Pierre, “Le champ littéraire”, Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 89, septembre 1991, pp. 3-46 (voir p. 36).
-
[16]
Le livre est publié en 2016 par le collectif 10/11 (fondé par Sandra Hetzl) en ebook sous le titre « Kayfa tamm ikhtirâ’ al-lugha al-almâniyya », il a reçu le soutien de l’antenne libanaise de la Fondation Heinrich Böll. Il est disponible au téléchargement gratuitement sur le site https://lb.boell.org/sites/default/files/german_grammar_arabic_e_book_2016_08_23.pdf.
-
[17]
SHARIFI, Azadeh, “Theatre and Migration: Documentation, Influences and Perspectives in European Theatre”, in: Brauneck, Manfred ; ITI ZENTRUM DEUTSCHLAND (eds), Independent Theatre in Contemporary Europe: Structures - Aesthetics - Cultural Policy, Bielefeld: Transcript, pp. 321-415, (voir p. 327).
-
[18]
TINIUS, Jonas, “Authenticity and Otherness: Reflecting Statelessness in German Postmigrant Theatre” [Online], Critical Stages/Scènes Critiques, Vol. 14, December 2016, http://www.critical-stages.org/14/authenticity-and-otherness-reflecting-statelessness-in-german-postmigrant-theatre/.
-
[19]
SIEG, Katrin, “Refugees in German Documentary Theatre” [Online], Critical Stages/Scènes Critiques, Vol. 14, December 2016, http://www.critical-stages.org/14/refugees-in-german-documentary-theatre/.
-
[20]
WILMER, Stephen, Performing Statelessness in Europe, New York: Palgrave Macmillan, 2018, 245 p. (voir p. 85).
-
[21]
TINIUS, Jonas, “Rehearsing Detachment: Refugee Theatre and Dialectical Fiction”, Cadernos de Arte e Antropologia, Vol. 5, No. 1, 2016, pp. 21-38 (voir p. 22).
-
[22]
WILMER, Stephen, Performing Statelessness in Europe, op. cit. (voir p. 30).
-
[23]
Entretien réalisé avec l’artiste en mai 2016 à Berlin.
-
[24]
KANAFANI, Samar ; KHAYYAT, Munira ; SALTI, Rasha ; AL-ZUBAIDI, Layla (eds), Anywhere but Now. Landscapes of Belonging in the Eastern Mediterranean, Beirut: Heinrich Böll Foundation, Middle East Office, 2012, 277 p.
-
[25]
Haus der Kulturen der Welt, Why Are We Here Now? [Online], Berlin: HKW, 4 October 2017, https://www.hkw.de/en/programm/projekte/2017/why_are_we_here_now/why_are_ we_here_now_start.php.
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[26]
WEILER, Christel, “Theatre and Diversity in the Berlin Republic”, in: COLVIN, Sarah (ed), The Routledge Handbook of German Politics & Culture, op. cit., pp. 218-229 (voir p. 218).
-
[27]
MEERZON, Yana, “Theatre in Exile: Defining the Field as Performing Odyssey”, art. cité (voir p. 2).
-
[28]
CHORON-BAIX, Catherine, “Le vrai voyage. L’art de Dinh Q. Lê entre exil et retour”, Revue européenne des migrations internationales, vol. 25, n° 2, 2009, pp. 51-68 (voir p. 63).