Notes
- [1]
-
[2]
Philippine Overseas Employment Administration, http://www.poea.gov.ph/stats/Stock% 20Estmate%202009.pdf
-
[3]
En 2009, 89 mariages entre un homme français et une femme philippine ont été contractés, contre cinq mariages entre une femme française et un homme philippin (communication personnelle de Catherine Beaumel, insee).
-
[4]
INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DES ÉTUDES ÉCONOMIQUES, http://www.insee.fr/ fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=MARNATEP
-
[5]
Commission on Filipinos Overseas (cfo), http://www.cfo.gov.ph/images/stories/pdf/ fsmajorcountry8910.pdf
-
[6]
Cf. MOZÈRE, Liane, “Des domestiques philippines à Paris : un marché mondial de la domesticité défini en termes de genre ?”, Journal des Anthropologues, n° 96-97, 2004, pp. 291-319, http://jda.revues.org/1885
-
[7]
Cf. CONSTABLE, Nicole (Ed.), Cross-border marriages, gender and mobility in trans-national Asia, Philadelphia : University of Pennsylvania Press, 2005, 232 p.
-
[8]
Par exemple, LÉVY, Florence ; LIEBER, Marylène, “La sexualité comme ressource migratoire : les Chinoises du Nord à Paris”, Revue Française de Sociologie, vol. 50, n° 4, 2009, pp. 719-746.
-
[9]
Cf. NARAYAN, Uma, “‘Male-order’ brides : immigrant women, domestic violence and immigration law”, Hypatia, n° 1, 1995, pp. 104-119 ; RICORDEAU, Gwenola, “Devenir une first world woman : stratégies migratoires et migrations par le mariage”, SociologieS, dossier “Amours transi(t)s : transactions sexuelles au prisme de la migration”, mis en ligne le 27 janvier 2012, http://sociologies.revues.org/3908 [consulté le 17 décembre 2012].
-
[10]
Les femmes interrogées font partie d’un échantillon de 50 migrants philippins interviewés entre mars et octobre 2006 dans la région Île-de-France.
-
[11]
Cf. FRESNOZA-FLOT, Asuncion, Migration, genre et famille transnationale : l’exemple des mères migrantes philippines en France, thèse de doctorat en sociologie, Université Paris VII, 2008, 499 p.
-
[12]
Tous les prénoms des femmes interviewées et ceux de leurs conjoints ont été modifiés pour préserver leur anonymat.
-
[13]
LIBBEE, Michael J. ; SOPHER, David E., “Marriage migration in rural India”, in : KOSINSKI, Leszek A. ; PROTHERO, Ralph Mansell (Eds.), People on the move : studies on internal migration, London : Methuen Young Books, 1975, pp. 349-359 ; SCHWAB, Roland, De la cellule rurale à la région : l’Alsace, 1825-1960. Essai de dynamique régionale, Strasbourg : Éd. Ophrys, 1980, 518 p. (voir p. 144).
-
[14]
Les parents doivent effectuer des démarches auprès de l’ambassade des Philippines.
-
[15]
15. À propos de l’intermittence et de la conjugalité, voir le dossier “Les intermittents du foyer : couples et mobilité professionnelle”, Cahiers du Genre, n° 41-2, 2006, pp. 11-188.
-
[16]
Par exemple, ROBINSON, Kathryn, “Of mail-order brides and ‘boys’ own’ tales : representations of Asian-Australian marriages”, Feminist Review, n° 52, Spring 1996, pp. 53-68.
-
[17]
Le mariage blanc est pénalement sanctionné par la loi du 26 novembre 2003 relative à la maîtrise de l’immigration, au séjour des étrangers en France et à la nationalité.
-
[18]
Voir MEURY, Sybille, “Les mariages blancs en Suisse. Une revue de la littérature et des articles de presse consacrés au sujet”, Discussion Paper, n° 20, 2004, http://www2.unine.ch/ repository/default/content/sites/sfm/files/shared/pub/dp/dp20.pdf [consulté le 9 août 2012].
-
[19]
Son passeport avait été confisqué par ses employeurs lors de son arrivée au Koweït.
-
[20]
CHOY, Catherine C., Empire of care : nursing and migration in Filipino American history, Quezon City : Ateneo de Manila University Press, 2003, 257 p.
-
[21]
Seuls les enfants de moins de 12 ans sont exemptés. Ceux âgés de 13 à 19 ans doivent effectuer un « peer counseling program ».
-
[22]
L’organisation des pdos et les procédures de départ pour les Overseas Filipino workers sont sous la responsabilité de l’Overseas Workers Welfare Administration (owwa), alors que pour les Philippins rejoignant à l’étranger leur conjoint ou leur fiancé, ces responsabilités reviennent à la Commission on Filipinos Overseas (cfo), placée sous l’autorité directe du président de la République.
-
[23]
Extrait du site de la Commission on Filipinos Overseas, http://www.cfo.gov.ph
-
[24]
Ce document est requis pour obtenir de la Commission on Filipinos Overseas le certificat de conseils et d’assistance (guidance and counseling certificate) qui est vérifié lors des formalités pour sortir du territoire national.
-
[25]
Voir FRESNOZA-FLOT, Asuncion ; PÉCOUD, Antoine, “Immigration et entreprenariat. Le cas des Philippins à Paris”, Revue Européenne des Migrations Internationales, n° 2, 2007, pp. 199-216.
-
[26]
Cf. BEER, Bettina, Deutsch-philippinische Ehen. Interethnische Heiraten und Migration von Frauen, Berlin : Dietrich Reimer Verlag, 1996, 301 p. ; SUZUKI, Nobue, “Between two shores : transnational projects and Filipina wives in/from Japan”, Women’s Studies International Forum, n° 4, 2000, pp. 431-444.
-
[27]
Cf. SAROCA, Cleonicki, “Filipino women, sexual politics, and the gendered racist discourse of the mail-order bride”, Journal of Interdisciplinary Gender Studies, n° 2, 1997, pp. 89-103.
-
[28]
Cf. THAI, Hung-Cum, “Clashing dreams: highly educated overseas brides and their low-wage U.S. husbands”, in : EHRENREICH, Barbara ; HOCHSCHILD Arlie (Eds.), Nannies, maids, and sex workers in the new economy, New York : Metropolitan Books, 2002, pp. 230-253.
-
[29]
Voir, dans le contexte canadien, STATUS OF WOMEN CANADA, Canada : the new frontier for Filipino mail-order brides, Ottawa : Philippine Women Center of B.C., 2000, 85 p., http://publications.gc.ca/collections/Collection/SW21-62-2000E.pdf
-
[30]
Voir, pour l’Australie, CUNNEEN, Chris ; STUBBS, Julie, Gender, “race” and international re-lations : violence against Filipino women in Australia, Sydney : Institute of Criminology Press, 1997, 150 p.
-
[31]
Cf. PIPER, Nicola ; ROCES, Mina (Eds.), Wife or worker ? Asian women and migration, Lanham, Maryland : Rowman & Littlefield Publishers, Inc., 2003, 219 p.
-
[32]
Voir COE, Cati ; REYNOLDS, Rachel R. ; BOEHM, Deborah A. ; HESS, Julia Meredith ; RAE-ESPINOZA, Heather, Everyday ruptures : children, youth, and migration in global perspective, Nashville : Vanderbilt University Press, 2011, 230 p.
1 Le 21 octobre 2011, les médias philippins ont rapporté l’arrivée mouvementée d’un Français de 55 ans à l’aéroport international de Manille. Georges F. avait été mis sous sédatifs par les autorités sanitaires après avoir été pris de folie furieuse en constatant l’absence de sa fiancée philippine à son arrivée dans le pays. Souvent amusés, les commentateurs philippins de ce fait divers ont généralement tenu pour acquis que la fiancée avait trompé le Français sur ses sentiments et ses intentions véritables.
2 C’est souvent sous l’angle des tromperies ou des incompréhensions produites par les inégalités socioéconomiques entre les acteurs que les relations entre les femmes philippines et les hommes étrangers sont envisagées. À l’encontre de ce point de vue fréquemment adopté, nous souhaitons, dans la présente contribution, restituer les parcours biographiques de femmes philippines mariées avec des hommes français et montrer que leurs parcours migratoires et conjugaux sont multiples. Comment ces femmes font-elles l’expérience du mariage et de la migration ? Quelles en sont les conséquences sur leurs parcours biographiques ? En partant des récits de vie de ces femmes, nous avons voulu déplacer la focale ordinairement utilisée et éclairer non seulement les migrations philippines en France, mais aussi les mariages dits “mixtes” définis dans le cadre de cette étude comme unissant des personnes de nationalités différentes.
3 La France est un pays marginal pour les migrations en provenance des Philippines : environ 13 000 migrants y étaient enregistrés en 2009 [1], auxquels il convient d’ajouter quelque 40 000 personnes en situation irrégulière dénombrées par les autorités philippines [2]. Le nombre de mariages mixtes franco-philippins (moins d’une centaine par an [3]) représente une infime fraction des mariages mixtes célébrés tant en France (32 396 en 2009) [4] qu’aux Philippines (20 610 la même année) [5]. Comme nous l’avons constaté au cours de nos recherches, la très grande majorité des mariages franco-philippins concernent des hommes français et des femmes philippines. La diversité des situations de rencontre de ces couples requiert une approche biographique pour l’analyser à travers des études de cas. Les migrantes philippines ont pour la plupart quitté seules le territoire philippin et une partie d’entre elles ont eu une vie conjugale et familiale avant leur départ. Elles sont arrivées en France avec pour premier objectif soit d’y fonder une famille, soit d’y étudier, soit d’y travailler généralement dans le secteur des services à la personne.
4 Bien que tardives, les premières recherches consacrées aux migrations féminines de travail ont souvent porté sur le secteur domestique qui emploie une grande partie des migrantes philippines en France [6]. Plus récemment, les travaux sur les migrations liées au mariage ont montré l’existence d’une forme spécifiquement féminine d’émigration, notamment mise en évidence en Asie par les travaux de Nicole Constable [7]. Ces divers travaux ont également exploré comment, pour les femmes, la sexualité peut être une ressource migratoire [8]. Pris dans leur ensemble, ils explicitent en quoi ces migrations, suite à un mariage avec un homme étranger, peuvent être des ruptures biographiques en exposant ces femmes à des difficultés sociales, d’une part et en particulier en raison de l’éloignement géographique de leur famille d’origine et de leur faible accès à l’emploi, d’autre part, en raison des difficultés émotionnelles, notamment dues à une vulnérabilité psychologique et au risque accru de violences conjugales [9]. S’y ajoutent les obstacles posés par les dispositifs juridiques et institutionnels qu’elles doivent affronter au début de leur séjour en France.
5 En tenant compte de la façon dont ces migrantes font face à ces difficultés, notre propos est de montrer la diversité des raisons et des conditions de la migration ainsi que ses répercussions sur les parcours biographiques. À cette fin nous faisons dialoguer deux recherches, reposant toutes deux sur des enquêtes de terrain. L’une a été menée aux Philippines et l’autre en France, ce qui permet de mettre en perspective les expériences dans le pays d’origine et dans le pays d’immigration.
6 Gwenola Ricordeau a reconstitué aux Philippines les parcours migratoires, souvent de plusieurs mois, qu’empruntent les femmes pour se fiancer ou se marier à un étranger, puis émigrer dans le pays de ce dernier. Asuncion Fresnoza-Flot a sélectionné six entretiens [10] réalisés en 2006 dans le cadre de sa thèse de doctorat sur la dynamique familiale des mères migrantes philippines en France avec des femmes philippines mariées à des hommes français [11]. Ces deux recherches mettent en évidence trois types de parcours biographiques : migrer par amour, trouver l’amour en migration ou se marier pour des papiers, des parcours que nous présentons dans une première partie. Ensuite, nous élargirons notre propos en nous intéressant aux dispositifs philippins qui conditionnent et encadrent ces migrations féminines par le mariage d’un côté et aux conséquences de celles-ci sur les parcours en France de l’autre.
Migrer par amour
7 La migration vers la France des femmes philippines en tant qu’épouses ou fiancées d’un Français n’est pas forcément liée à la pauvreté. Comme le montre le cas des trois migrantes philippines exposé ci-après, l’amour représente leur principale motivation : sans leur profonde affection pour leur partenaire, ces femmes n’auraient jamais envisagé d’émigrer en France. Pourtant, leurs sentiments amoureux ne s’expliquent pas exclusivement par l’attirance physique ou émotionnelle : les possibilités d’avancement professionnel et de soutien tant affectif que matériel de la part de leur partenaire entrent également en ligne de compte.
Pour l’amour et pour la carrière
8 Josefina [12], née en 1973, est arrivée à Paris en 1999 avec un visa d’étudiant pour y suivre son fiancé français. Issue des classes moyennes, elle travaillait aux Philippines comme ingénieur dans une entreprise internationale de télécommunications et vivait confortablement. Elle n’envisageait donc pas d’émigrer, malgré les offres d’emploi internationales qu’elle recevait d’agences de recrutement aux Philippines. Ses plans ont changé en 1997 lorsqu’elle a rencontré à Manille François, qui travaillait alors dans une entreprise française de produits de luxe.
9 Ils sont tombés amoureux et, pendant deux ans, ils ont partagé leurs vies entre les Philippines et la France, où Josefina est venue trois fois pour y rendre visite à François. Afin de pouvoir vivre ensemble, elle a décidé, avec son soutien, de postuler à un master dans une grande école parisienne. Sa candidature a été acceptée et elle a suivi trois mois de cours de français à l’Alliance française à Manille. Ayant obtenu son visa en trois jours au consulat de France à Manille, elle a pu se rendre à Paris grâce au billet d’avion que François lui avait acheté. Elle décrit ainsi ce qu’elle a alors ressenti : « Je me sentais heureuse, car j’allais habiter finalement avec François. J’habiterai avec lui à Paris, [et] je poursuivrai mes études en master ». Au début de son séjour à Paris ils ont loué un appartement, et en 2000 ils ont acheté un logement. Après les études de Josefina et l’expiration de son visa d’étudiant en 2001, ils ont finalement décidé de se marier pour qu’elle puisse avoir un statut juridique stable. Depuis 2000, Josefina travaille dans une entreprise de télécommunications. En 2005, elle a bénéficié d’un congé de maternité lors de la naissance de leur premier enfant. Sa mère et sa sœur aînée sont alors venues l’aider chez elle pendant trois mois avant de repartir respectivement aux Philippines et aux États-Unis. En mai 2006, elle a obtenu la nationalité française.
10 Depuis son arrivée en France, Josefina maintient ses liens avec sa famille aux Philippines : elle s’y rend en vacances tous les ans et des membres de sa famille lui rendent des visites ponctuelles à Paris ; elle leur téléphone régulièrement, leur écrit des messages électroniques et leur envoie de l’argent. Elle décrit ainsi sa vie en France : « Je suis contente, parce que je ne suis pas dans une situation dans laquelle je ne peux pas retourner [aux Philippines]. Je suis dans une situation dans laquelle à chaque fois que je veux rentrer au pays, je peux le faire. C’est-à-dire, je peux acheter des billets d’avion par internet ». Elle ne s’ennuie pas à Paris car elle y a beaucoup d’amis parmi lesquels des Philippins issus des classes privilégiées.
Une seconde chance en amour
11 Nous comparons maintenant les parcours de deux femmes, Belinda (née en 1974) et Rosalie (née en 1977), arrivées en France en 2005 avec leur mari français. Avant de les rencontrer, elles étaient mères célibataires, sans emploi stable, et elles dépendaient de l’aide financière et matérielle de leur famille d’origine. Elles se consacraient entièrement à leurs obligations maternelles et n’imaginaient pas que leur vie changerait radicalement un jour. Lors de nos entretiens en 2006, Belinda avait une fille de 12 ans et Rosalie un garçon de sept ans.
12 Belinda a connu son mari à Manille où il était à la tête d’une entreprise informatique. Rosalie, quant à elle, a rencontré son futur mari sur internet : « J’étais sur Yahoo Messenger pour vérifier ma messagerie et soudain, un message apparut : “Hello”, et c’était lui ». En effet, elle avait créé un profil “public”, ce qui permettait à quiconque de la contacter. Au début, l’attirance physique et la fréquence de leurs contacts ont joué un rôle important dans le développement du sentiment amoureux de ces femmes. Belinda explique pourquoi Sébastien a attiré son regard : « Il est beau et en plus sa peau est très blanche ». Rosalie, elle, a tout de suite sentie la sincérité de Pierre, un cuisinier qui l’appelait tous les jours au téléphone depuis leur première rencontre sur internet et qui lui a rendu visite quatre fois aux Philippines avant qu’elle ne vienne le rejoindre en France. Le fait que leur partenaire ne tienne pas leur situation de mère célibataire et leurs conditions socioéconomiques pour des obstacles a fortement contribué à renforcer leurs sentiments amoureux. C’est précisément pour cette raison que Belinda et Rosalie n’ont pas hésité à venir vivre avec leur époux en France. Le processus bureaucratique au consulat, étant donné le nombre important de documents exigés, est jugé compliqué par Rosalie, et les deux interviewées soulignent le rôle important joué par leur mari dans la préparation et le traitement de leur demande de visa pour la France : « Tous les matins, avant d’aller à son bureau, il passait à l’ambassade », raconte Belinda.
13 À son arrivée en France, Belinda a suivi les cours de français de la Ville de Paris, puis les leçons offertes par l’aumônerie philippine. De son côté, Rosalie a bénéficié d’un cours de français de trois mois offert par l’Office des migrations internationales, aujourd’hui Office français de l’immigration et de l’intégration (ofii). Ces deux femmes se sont rencontrées dans un bus à Paris et depuis sont restées amies. Elles n’ont pas beaucoup d’autres amis philippins en France : en effet, elles ressentent souvent la jalousie de leurs compatriotes lorsqu’ils et ellesapprennent leur mariage avec un Français et leur bonne maîtrise de la langue française. Par ailleurs, Belinda et Rosalie souffrent émotionnellement de leur séparation d’avec leurs enfants restés aux Philippines. Elles ne les ont pas emmenés avec elles en France, car elles ne voulaient pas compliquer le traitement de leurs papiers au consulat de France à Manille, mais elles avaient bien pour projet, une fois installées à Paris, de les faire venir. Pour pouvoir subvenir aux besoins de leurs enfants restés aux Philippines, Belinda travaille comme femme de ménage et comme masseuse (hilot) et Rosalie comme garde d’enfants. Contrairement à Rosalie qui n’est pas encore retournée aux Philippines depuis son arrivée à Paris, Belinda a déjà rendu visite à sa fille quatre fois grâce à son mari qui lui achète les billets d’avion. Pourtant, Rosalie confie qu’elle et son mari économisent afin de pouvoir passer six mois de vacances aux Philippines dès que possible. Dans un avenir proche, quand Belinda et Rosalie auront trouvé un travail stable, elles envisagent de faire venir leurs enfants en France.
Trouver l’amour en migration
14 La rencontre avec un partenaire et le développement d’un sentiment amoureux se déroulent parfois de manière imprévue au cours du processus migratoire, auquel cas il ne s’agit ni d’une « migration par le mariage » [13] ni d’un mariage en vue d’émigrer. Dans les récits de vie des deux femmes philippines qui suivent, nous verrons comment leur appartenance à la classe privilégiée aux Philippines a joué un rôle dans leur mobilité géographique et dans la formation de leur famille.
Venir en France pour échapper à la dictature
15 Sonia, née en 1962, mère de deux enfants au moment de l’entretien, est venue à Paris en 1986. Sa famille, financièrement aisée, l’a envoyée hors du pays à cause de sa participation active au mouvement étudiant contre le dictateur Ferdinand Marcos, après l’enlèvement et le meurtre de plusieurs de ses camarades par des militaires. Sa famille voulait qu’elle parte aux États-Unis, mais elle a choisi la France, où ses deux sœurs et son frère étudiaient déjà.
16 Elle est arrivée en France avec un visa de touriste et elle est allée étudier le français à la Sorbonne. Elle ne pensait pas qu’elle rencontrerait à Paris son premier époux, Laurent, un écrivain. Ils sont tombés amoureux et se sont mariés en 1988. Ils ont eu deux enfants, avant de divorcer en 1995. Motivée pour travailler afin de subvenir aux besoins de ses deux enfants, Sonia a ouvert un commerce à Paris avec ses deux sœurs. C’est à cette époque qu’elle a connu Jérôme, alors chef d’une entreprise informatique : ils se sont mariés et vivent ensemble depuis 1999. Elle compare leur relation avec celle d’autres couples franco-philippins : « Je connais beaucoup de Philippines mariées avec des Français qui partagent les dépenses moitié-moitié. Nous sommes probablement une exception, parce que je travaille si je veux. Je ne suis pas obligée de payer la moitié des factures ». Régulièrement, Sonia se rend en vacances aux Philippines avec ses deux enfants et, de même, ses parents lui rendent visite à Paris. La présence de ses deux sœurs en France fait qu’elle se sent très proche de sa famille d’origine. Aujourd’hui, Sonia a la double nationalité et elle souhaite que ses enfants obtiennent également la nationalité philippine [14].
L’amour malgré l’intermittence [15]
17 Carolina, née en 1969, était étudiante dans une université au Canada avant son arrivée en Europe. Elle a d’abord travaillé en Belgique dans une institution financière puis s’est installée à Paris en 1997 à la demande de son employeur. C’est pendant cette période qu’elle a rencontré Romain, propriétaire d’une maison d’édition parisienne.
18 En 2003, elle et Romain se sont mariés. Pourtant, leur vie de couple est intermittente, car son travail l’oblige à se rendre fréquemment à l’étranger. Par exemple, cinq mois après son mariage, elle a dû partir travailler à Bangkok pendant un an et demi, période au cours de laquelle Romain et elle se sont vus seulement une fois tous les six mois. En 2005, Carolina est finalement rentrée à Paris pour y vivre avec son mari. Cependant, elle continue de passer la moitié de son temps de travail en Asie. Elle est heureuse de son indépendance financière et de son travail qui lui permettent de résider en France indépendamment de son mariage avec un Français. Malgré leurs fréquentes séparations, Carolina et son mari demeurent très soudés. Au moment de l’entretien, elle imagine ses futurs enfants : « Si j’ai des enfants, je voudrais qu’ils soient très conscients de leur origine philippine. Je voudrais aussi qu’ils aillent à l’école en Angleterre ou aux États-Unis, parce que cela leur donnera plus de créativité ».
19 Carolina fréquente des amis de toutes nationalités, eux aussi issus de classes privilégiées. Elle a aussi quelques amis philippins qui sont pour la plupart des artistes. Elle reste toujours en contact avec sa famille d’origine éparpillée dans le monde : ses parents vivent aux États-Unis et ses frères et sœurs au Canada, en Australie et aux États-Unis.
Se marier pour des papiers
20 L’authenticité de l’amour dans les couples mixtes du point de vue de la nationalité est souvent mise en cause, notamment quand il s’agit de parler des sentiments d’une femme originaire d’un pays en voie de développement pour un homme d’un pays développé [16]. Ainsi, depuis le début des années 2000 [17], l’État français s’efforce de mettre un terme au phénomène des “mariages blancs” ou “de complaisance” [18] contractés dans le but d’obtenir une carte de séjour ou d’acquérir la nationalité française. Le cas de Maria, développé ci-dessous, nous montre qu’un tel mariage ne se conclut pas automatiquement par un divorce, notamment si les deux partenaires en tirent des bénéfices.
Bénéfices partagés malgré l’amour à sens unique
21 Maria, née en 1964, était mère célibataire avant de se marier avec Alain, un retraité. Aux Philippines, elle ne travaillait pas et dépendait du soutien de ses parents pour subvenir aux besoins de ses enfants. C’est en 1986 qu’elle décide de partir à l’étranger, où elle travaille comme domestique dans trois pays différents. En 1999, ses employeurs koweïtiens l’emmènent en Suisse où ils passent leurs vacances. Lors d’une altercation avec son employeur, ce dernier la pousse par la fenêtre de son appartement du septième étage. Elle reste dans le coma pendant plusieurs semaines et est déclarée morte, mais finalement elle se réveille et s’échappe de l’hôpital. Elle traverse la frontière franco-suisse, mais est retrouvée par la police française qui l’emmène à l’ambassade des Philippines à Paris pour être soignée avant d’être expulsée vers son pays d’origine.
22 Mais Maria ne veut pas rentrer aux Philippines, car cela l’empêcherait de subvenir aux besoins financiers de ses enfants restés dans l’archipel. Elle s’échappe de l’ambassade puis habite quelque temps chez une amie philippine à Paris tout en travaillant comme masseuse et guérisseuse traditionnelle (albularya) au sein de la population immigrée philippine. Faute de papiers [19], elle ne se sent pas à l’aise dans sa vie quotidienne. Elle raconte avoir beaucoup prié à l’église pour rencontrer un homme français, l’épouser et régulariser ainsi sa situation. Un jour, une amie philippine lui présente un Français susceptible de s’intéresser à elle : c’est Alain. Avant de l’épouser, Maria lui a dit : « Je te paierai si tu ne m’aimes pas ». Afin de tester leur relation, ils ont vécu ensemble pendant trois mois après leur mariage civil, puis Alain lui a déclaré : « C’est pas la peine de me payer, reste avec moi ». Bien que Maria n’éprouve pas de sentiments amoureux pour Alain, elle est restée chez lui. Grâce à leur mariage, Alain a trouvé une partenaire, tandis que Maria est parvenue à régulariser son séjour en France : en 2004 elle a obtenu sa carte de séjour, puis, en 2006, sa carte de résidente.
23 Maria se sent maintenant à l’aise à Paris, où elle travaille comme femme de ménage, masseuse et guérisseuse. Elle est entourée d’amis philippins, mais l’absence de ses deux enfants lui pèse et elle souhaite les faire venir en France avant leur majorité. Pour faciliter la procédure, elle prévoit de demander la nationalité française dans deux ans. Elle n’habite pas en permanence chez Alain, préférant rester dans la chambre de bonne fournie par son employeur, notamment lorsqu’elle se dispute avec son mari. Malgré ces querelles, elle n’envisage pas de divorcer.
24 Ayant montré la diversité des situations et des motivations des migrantes philippines mariées avec des hommes français, nous allons, d’une part, exposer les principales caractéristiques des politiques et des dispositifs qui contrôlent et conditionnent la migration de ces femmes aux Philippines, et, d’autre part, montrer comment elles façonnent les parcours migratoires.
Trajectoires migratoires et dispositifs de contrôle
25 Les femmes philippines, qui depuis des décennies émigraient comme infirmières aux États-Unis [20], ont très tôt pris part au mouvement massif d’émigration qui a commencé dans les années 1970 lors de la mise en place par le dictateur Ferdinand Marcos d’une politique économique d’exportation de la main-d’œuvre philippine, une politique poursuivie après le rétablissement de la démocratie en 1986. Les femmes philippines se sont ainsi massivement retrouvées employées à l’étranger dans le secteur des services domestiques et généralement dans les professions liées au service à la personne. Les migrations grâce au mariage des femmes philippines ne sont devenues un phénomène remarqué — et remarquable — que dans les années 1980.
26 Depuis son instauration, la politique d’exportation de la main-d’œuvre s’est traduite par la mise en place de structures de contrôle de l’émigration. Qu’elles émigrent comme overseas Filipino workers (ofw, travailleurs philippins à l’étranger) ou comme fiancées ou épouses d’étrangers, les femmes philippines [21] doivent passer par des dispositifs de contrôle similaires. Elles doivent suivre un pre-departure orientation seminar (pdos) [22], c’est-à-dire une formation dispensée par une ong agréée.
27 Il existe néanmoins des pdos spécifiques pour les fiancées et les épouses, que seules deux ong, la St. Mary Euphrasia Foundation-Center for overseas workers (smef-cow) et la People’s reform initiative for social mobilization, Inc. (prism) sont habilitées à dispenser. Au cours des sessions de conseils et d’assistance (guidance and counseling sessions), les ong fournissent aux participantes « des informations adéquates au sujet des mariages mixtes et de l’émigration, les réalités sociales et culturelles à l’étranger, ainsi que les réseaux de soutien disponibles pour les femmes en difficulté » [23]. Ces sessions collectives sont plus ou moins longues selon les pays de destination : une demi-journée pour beaucoup d’entre elles, mais celles pour le Japon ou la Corée du Sud, pays considérés comme des destinations particulièrement “à risques”, durent une ou deux journées. Elles sont suivies par un entretien individuel avec une conseillère, à l’issue duquel cette dernière délivre — ou non — un certificat de présence à la session de conseils et d’assistance (guidance and counseling certificate of attendance) sans lequel il est impossible de quitter le pays [24].
28 La loi de la République n° 6955 de 1990, qui déclare illicite la vente par correspondance d’épouses philippines à des ressortissants étrangers, interdit et sanctionne d’une peine pouvant aller jusqu’à huit ans d’incarcération le fait de proposer la rencontre, contre rémunération, que ce soit par le biais d’agences ou d’entremetteurs, de femmes philippines à des hommes étrangers. Si cette loi est surtout utilisée à l’encontre d’agences ou d’entremetteurs agissant informellement, elle oblige également certaines femmes qui quittent le territoire national munies d’un visa de fiancée ou d’épouse à produire un récit de la rencontre de leur partenaire en conformité avec la loi. Ce récit, souvent peu élaboré, est répété à de multiples reprises, notamment aux agents effectuant les pdos et à ceux de l’état civil et de l’émigration auxquelles les femmes sont confrontées, mais aussi bien souvent à leurs proches et connaissances.
29 Lors des pdos, la fiancée ou la mariée est interrogée sur son passé, sur sa relation et sur l’homme qu’elle souhaite rejoindre à l’étranger. La conseillère doit vérifier que la femme est majeure et que ses documents sont en règle. Elle doit aussi s’assurer que l’interviewée n’est pas une « promise par correspondance », obligée de se marier par l’entremise de tiers ou entrée dans un réseau de prostitution et que son partenaire n’est pas sur la liste noire de la Commission on Filipinos Overseas (cfo), par exemple comme « serial sponsor » (parrain en série) ou suite à une condamnation pour des violences conjugales lors d’un précédent mariage avec une femme philippine. Cette vérification passe par des questions personnelles sur l’histoire familiale de l’interviewée, son milieu socioprofessionnel, ses précédents partenaires, etc. La conseillère doit évaluer la “sincérité” de la relation en vérifiant d’abord sa réalité (par exemple en s’enquérant de la langue employée par le couple) et que la femme n’est pas victime de violences conjugales, mais également en s’assurant que la fiancée ou la mariée connaît “personnellement” son partenaire. Les conseillères demandent systématiquement que des photos (en particulier celles prises lors du mariage) leur soient présentées. Celles-ci font généralement l’objet d’une attention particulière de la part des conseillères qui jugent, notamment au nombre de personnes présentes et au faste de la cérémonie, son caractère de simple formalité administrative ou de réel engagement.
30 La confrontation avec les dispositifs de contrôle, aux Philippines puis en France, oblige les femmes à produire une mise en récit de leur vie, puis de leur parcours migratoire. Pris dans leur ensemble, les dispositifs institutionnels tendent à questionner l’authenticité des sentiments par crainte de mariages dits “blancs” ou “gris”.
Mariages et parcours migratoires
31 Le mariage et la migration ont permis aux femmes philippines interviewées de remplir leurs rôles traditionnels d’épouses, puis de mères, et ont également facilité l’accomplissement de leurs projets personnels, notamment professionnels. Leur cas met en lumière quelques caractéristiques importantes de la population philippine en France et de sa construction identitaire.
32 Tout d’abord, dans quelle mesure peut-on parler d’“une” population immigrée philippine ? Il existe des réseaux de couples mixtes franco-philippins, notamment dans les différentes régions françaises, alors que l’essentiel de la population philippine se trouve à Paris. Même dans la capitale, les Philippines mariées à des Français nouent des liens d’amitié entre elles, comme le montre le cas de Belinda et Rosalie. Leurs milieux social et professionnel comme ceux de leur mari, ainsi que leur lieu de résidence, les conduisent généralement à rester à l’écart de la majorité des migrants philippins. La population philippine en France, ethniquement et religieusement diversifiée [25], est donc traversée par un axe de clivage supplémentaire.
33 Contrairement aux épouses philippines dans d’autres pays comme l’Allemagne et le Japon [26], les interviewées de notre étude n’évoquent pas le fait qu’elles feraient l’objet d’une stigmatisation en France. En fait, les stéréotypes associés aux Philippines mariées à des étrangers sont variés [27] et les obligent souvent à des formes de dissimulation de leurs parcours et de leur identité tant au sein de la population immigrée philippine qu’en dehors de celle-ci. En plus, les femmes interviewées sont généralement indépendantes de leur mari du point de vue financier. Parmi les six migrantes philippines rencontrées, la moitié se trouve en situation d’hypergamie (elles ont épousé des hommes de classe sociale et de niveau d’éducation plus élevés) et l’autre moitié en situation d’hypogamie (le contraire) [28]. Toutes sont pourtant moins âgées que leur époux et la plupart dépendent de celui-ci pour légaliser leur séjour en France, une conséquence des politiques migratoires de leur pays d’accueil [29]. Cette dépendance peut engendrer un risque de violences conjugales supérieur à la moyenne [30], mais il est compliqué de distinguer ce qui de leur genre ou de leur position sociale, comme immigrées, les rend les plus vulnérables.
34 Le mariage avec un national a une place importante dans la construction identitaire des migrantes philippines en France, à l’inverse d’autres populations immigrées dont l’identité a été essentiellement construite à partir d’une immigration de travail. Cependant, cette identité change au cours du temps en raison des multiples rôles qu’elles jouent : épouse, mère et travailleuse [31]. Ainsi, les migrantes philippines rencontrées dans le cadre de notre étude sont arrivées en France comme épouses, fiancées, étudiantes ou touristes, mais ont fini par cumuler leur rôle d’épouse avec un travail à l’extérieur du foyer. Ces identités multiples soulignent la capacité de ces femmes à s’adapter aux changements, à recréer des liens sociaux et à reconstituer leur parcours de vie.
Conclusion
35 Le mariage et la migration sont deux parties indissociables du parcours biographique des femmes philippines interviewées : stratégies matrimoniales et migratoires s’entremêlent. Ainsi, il est difficile de déterminer lequel de ces deux événements a été à la base d’un changement radical dans leur vie.
36 À première vue, il semble que la véritable rupture émotionnelle et matérielle soit le résultat du déplacement géographique des femmes interviewées. Cette migration les a placées dans un contexte socio-culturel différent de celui du pays d’origine et les a éloignées géo-graphiquement de leur famille. Néanmoins, les narrations de ces femmes mettent l’accent sur les avantages tirés de leur mariage avec des Français. Par rapport aux autres migrants philippins, elles n’ont pas rencontré de difficultés importantes pour s’installer en France, que ce soit pour obtenir un visa, une carte de séjour ou une carte de résidence, voire la nationalité française. Seules trois interviewées sur sixévoquent des difficultés émotionnelles, liées à leur séparation avec leurs enfants restés aux Philippines. Pourtant, elles sont parvenues à surmonter ces difficultés en compensant leur absence par l’envoi d’argent, des visites au pays, voire un projet de regroupement familial en France avec leurs enfants. Il ne s’agit donc pas d’une rupture, mais plutôt d’une continuité biographique [32].
37 Le mariage et la migration ont diverses significations pour les femmes rencontrées dans le cadre de notre étude. Pour celles qui se marient par amour, le mariage apparaît comme le moyen de fonder une famille et d’accéder à une mobilité géographique et sociale, tout en réalisant leurs projets personnels. Pour une femme sans papiers qui se marie sans éprouver de sentiments pour son partenaire, le mariage légitime sa migration, élargissant ses possibilités d’accès à l’emploi et lui donnant la possibilité de faire venir ses enfants en France. Cependant, la distinction entre mariage par amour et mariage à des fins de régularisation du statut au regard du séjour est problématique, car les sentiments sont construits socialement, économiquement et culturellement, et toujours pris dans les entrelacs des rapports de domination liés à l’ethnicité, au genre et à la classe sociale. Notre mise en évidence de parcours-types n’épuise évidemment pas la multiplicité des parcours matrimoniaux et migratoires. Au-delà des trajectoires individuelles, ils s’inscrivent dans une histoire économique et politique, une histoire coloniale et une histoire des migrations philippines.
Notes
- [1]
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[2]
Philippine Overseas Employment Administration, http://www.poea.gov.ph/stats/Stock% 20Estmate%202009.pdf
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[3]
En 2009, 89 mariages entre un homme français et une femme philippine ont été contractés, contre cinq mariages entre une femme française et un homme philippin (communication personnelle de Catherine Beaumel, insee).
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[4]
INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DES ÉTUDES ÉCONOMIQUES, http://www.insee.fr/ fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=MARNATEP
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[5]
Commission on Filipinos Overseas (cfo), http://www.cfo.gov.ph/images/stories/pdf/ fsmajorcountry8910.pdf
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[6]
Cf. MOZÈRE, Liane, “Des domestiques philippines à Paris : un marché mondial de la domesticité défini en termes de genre ?”, Journal des Anthropologues, n° 96-97, 2004, pp. 291-319, http://jda.revues.org/1885
-
[7]
Cf. CONSTABLE, Nicole (Ed.), Cross-border marriages, gender and mobility in trans-national Asia, Philadelphia : University of Pennsylvania Press, 2005, 232 p.
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[8]
Par exemple, LÉVY, Florence ; LIEBER, Marylène, “La sexualité comme ressource migratoire : les Chinoises du Nord à Paris”, Revue Française de Sociologie, vol. 50, n° 4, 2009, pp. 719-746.
-
[9]
Cf. NARAYAN, Uma, “‘Male-order’ brides : immigrant women, domestic violence and immigration law”, Hypatia, n° 1, 1995, pp. 104-119 ; RICORDEAU, Gwenola, “Devenir une first world woman : stratégies migratoires et migrations par le mariage”, SociologieS, dossier “Amours transi(t)s : transactions sexuelles au prisme de la migration”, mis en ligne le 27 janvier 2012, http://sociologies.revues.org/3908 [consulté le 17 décembre 2012].
-
[10]
Les femmes interrogées font partie d’un échantillon de 50 migrants philippins interviewés entre mars et octobre 2006 dans la région Île-de-France.
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[11]
Cf. FRESNOZA-FLOT, Asuncion, Migration, genre et famille transnationale : l’exemple des mères migrantes philippines en France, thèse de doctorat en sociologie, Université Paris VII, 2008, 499 p.
-
[12]
Tous les prénoms des femmes interviewées et ceux de leurs conjoints ont été modifiés pour préserver leur anonymat.
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[13]
LIBBEE, Michael J. ; SOPHER, David E., “Marriage migration in rural India”, in : KOSINSKI, Leszek A. ; PROTHERO, Ralph Mansell (Eds.), People on the move : studies on internal migration, London : Methuen Young Books, 1975, pp. 349-359 ; SCHWAB, Roland, De la cellule rurale à la région : l’Alsace, 1825-1960. Essai de dynamique régionale, Strasbourg : Éd. Ophrys, 1980, 518 p. (voir p. 144).
-
[14]
Les parents doivent effectuer des démarches auprès de l’ambassade des Philippines.
-
[15]
15. À propos de l’intermittence et de la conjugalité, voir le dossier “Les intermittents du foyer : couples et mobilité professionnelle”, Cahiers du Genre, n° 41-2, 2006, pp. 11-188.
-
[16]
Par exemple, ROBINSON, Kathryn, “Of mail-order brides and ‘boys’ own’ tales : representations of Asian-Australian marriages”, Feminist Review, n° 52, Spring 1996, pp. 53-68.
-
[17]
Le mariage blanc est pénalement sanctionné par la loi du 26 novembre 2003 relative à la maîtrise de l’immigration, au séjour des étrangers en France et à la nationalité.
-
[18]
Voir MEURY, Sybille, “Les mariages blancs en Suisse. Une revue de la littérature et des articles de presse consacrés au sujet”, Discussion Paper, n° 20, 2004, http://www2.unine.ch/ repository/default/content/sites/sfm/files/shared/pub/dp/dp20.pdf [consulté le 9 août 2012].
-
[19]
Son passeport avait été confisqué par ses employeurs lors de son arrivée au Koweït.
-
[20]
CHOY, Catherine C., Empire of care : nursing and migration in Filipino American history, Quezon City : Ateneo de Manila University Press, 2003, 257 p.
-
[21]
Seuls les enfants de moins de 12 ans sont exemptés. Ceux âgés de 13 à 19 ans doivent effectuer un « peer counseling program ».
-
[22]
L’organisation des pdos et les procédures de départ pour les Overseas Filipino workers sont sous la responsabilité de l’Overseas Workers Welfare Administration (owwa), alors que pour les Philippins rejoignant à l’étranger leur conjoint ou leur fiancé, ces responsabilités reviennent à la Commission on Filipinos Overseas (cfo), placée sous l’autorité directe du président de la République.
-
[23]
Extrait du site de la Commission on Filipinos Overseas, http://www.cfo.gov.ph
-
[24]
Ce document est requis pour obtenir de la Commission on Filipinos Overseas le certificat de conseils et d’assistance (guidance and counseling certificate) qui est vérifié lors des formalités pour sortir du territoire national.
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[25]
Voir FRESNOZA-FLOT, Asuncion ; PÉCOUD, Antoine, “Immigration et entreprenariat. Le cas des Philippins à Paris”, Revue Européenne des Migrations Internationales, n° 2, 2007, pp. 199-216.
-
[26]
Cf. BEER, Bettina, Deutsch-philippinische Ehen. Interethnische Heiraten und Migration von Frauen, Berlin : Dietrich Reimer Verlag, 1996, 301 p. ; SUZUKI, Nobue, “Between two shores : transnational projects and Filipina wives in/from Japan”, Women’s Studies International Forum, n° 4, 2000, pp. 431-444.
-
[27]
Cf. SAROCA, Cleonicki, “Filipino women, sexual politics, and the gendered racist discourse of the mail-order bride”, Journal of Interdisciplinary Gender Studies, n° 2, 1997, pp. 89-103.
-
[28]
Cf. THAI, Hung-Cum, “Clashing dreams: highly educated overseas brides and their low-wage U.S. husbands”, in : EHRENREICH, Barbara ; HOCHSCHILD Arlie (Eds.), Nannies, maids, and sex workers in the new economy, New York : Metropolitan Books, 2002, pp. 230-253.
-
[29]
Voir, dans le contexte canadien, STATUS OF WOMEN CANADA, Canada : the new frontier for Filipino mail-order brides, Ottawa : Philippine Women Center of B.C., 2000, 85 p., http://publications.gc.ca/collections/Collection/SW21-62-2000E.pdf
-
[30]
Voir, pour l’Australie, CUNNEEN, Chris ; STUBBS, Julie, Gender, “race” and international re-lations : violence against Filipino women in Australia, Sydney : Institute of Criminology Press, 1997, 150 p.
-
[31]
Cf. PIPER, Nicola ; ROCES, Mina (Eds.), Wife or worker ? Asian women and migration, Lanham, Maryland : Rowman & Littlefield Publishers, Inc., 2003, 219 p.
-
[32]
Voir COE, Cati ; REYNOLDS, Rachel R. ; BOEHM, Deborah A. ; HESS, Julia Meredith ; RAE-ESPINOZA, Heather, Everyday ruptures : children, youth, and migration in global perspective, Nashville : Vanderbilt University Press, 2011, 230 p.