Couverture de MIGRA_140

Article de revue

De contradictions en effets d’annonce, un sombre bilan

Pages 3 à 24

Notes

  • [1]
    Le passé nous avait déjà “offert” les propos de Michel Rocard sur la « misère du monde » et ceux de Jacques Chirac sur « les bruits et les odeurs », mais qui avaient grandement choqué et qui étaient donc restés des “cas d’espèce”.
  • [2]
    HEBERT, Donald ; BERTELOOT, Tristan, “L’immigration, fer de lance de la politique de Nicolas Sarkozy”, Le Nouvel Observateur du 6-4-2010.
  • [3]
    Loi n° 2003-1119 du 26 novembre 2003 relative à la maîtrise de l’immigration, au séjour des étrangers en France et à la nationalité ; loi n° 2003-1176 du 10 décembre 2003 modifiant la loi n° 52-893 du 25 juillet 1952 relative au droit d’asile ; loi n° 2006-911 du 24 juillet 2006 relative à l’immigration et à l’intégration ; loi n° 2007-1631 du 20 novembre 2007 relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile ; loi n° 2011-672 du 16 juin 2011 relative à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité. Rappelons que l’ordonnance du 2 novembre 1945 relative à l’entrée et au séjour des étrangers en France avait été modifiée de façon substantielle entre 1980 et 2002 au moins une quinzaine de fois, pour moitié sous des gouvernements de droite et pour moitié sous des gouvernements socialistes. La plupart du temps les modifications avaient pour effet de durcir les règles appliquées à l’entrée et au séjour des étrangers en France.
  • [4]
    Voir à cet égard la note de lecture de l’ouvrage de TANDONNET, Maxime, Géopolitique des migrations : la crise des frontières, rédigée par Pedro VIANNA, Migrations Société, vol. 19, n° 113, septembre-octobre 2007, pp. 218-225.
  • [5]
    VAMPOUILLE, Thomas, “L’Identité nationale, vie et mort d’un ministère contesté”, Le Figaro du 15-11-2010.
  • [6]
    PIQUARD, Alexandre, “La fin du ministère de l’Identité nationale : un leurre ?”, Le Monde du 16-11-2010.
  • [7]
    Libération du 12-9-2007.
  • [8]
    Le Monde du 12-9-2007.
  • [9]
    Voir l’éditorial de VIANNA, Pedro, “Être ou n’être pas (français) : est-ce la (bonne) question ?”, Migrations Société, vol. 22, n° 131, septembre-octobre 2010, pp. 3-10.
  • [10]
    Libération et Le Figaro du 8-3-2011.
  • [11]
    Cf. DUPLAN, Christian ; PELLEGRIN, Bernard, Claude Guéant, l’homme qui murmure à l’oreille de Sarkozy, Paris : Éd. du Rocher, 2008, 196 p.
  • [12]
    FEDOUACH, Mehdi, “Immigration : Claude Guéant le récidiviste”, L’Express du 29-11-2011.
  • [13]
    “‘Immigration incontrôlée’ : l’ump fait bloc autour de Claude Guéant”, Le Monde du 18-3-2011.
  • [14]
    L’Express du 24-8-2011.
  • [15]
    Le Monde du 23-12-2011.
  • [16]
    Libération du 7-2-2012, Le Monde du 8-2-2012.
  • [17]
    Voir KEPEL, Gilles, Les banlieues de l’islam : naissance d’une religion en France, Paris : Éd. du Seuil, 1987, 423 p. ; ÉTIENNE, Bruno (sous la direction de), L’islam en France : islam, État et société, Paris : Éd. du Centre national de la recherche scientifique, 1990, 346 p.
  • [18]
    Le Figaro du 27-10-2009.
  • [19]
    Au moins une réunion est organisée et animée à l’initiative du corps préfectoral dans chacun des 342 arrondissements français. D’autres réunions sont organisées plus spontanément à l’initiative de parlementaires, élus locaux, mouvements associatifs, enseignants ou parents d’élèves, représentants des cultes, etc.
  • [20]
    Créé par la loi n° 2006-911 du 24 juillet 2006 relative à l’immigration et à l’intégration.
  • [21]
    JOFFRIN, Laurent, “Identité nationale : le débat dérape”, éditorial, Libération du 4-12-2009.
  • [22]
    DRYEF, Zineb, “Débat sur l’identité nationale : le vrai bilan et la carte des ratés”, Le Nouvel Observateur du 5-1-2010.
  • [23]
    TÉALDI, Jean-François, “Une mascarade nauséabonde qui déshonore l’audiovisuel public”, L’Humanité du 18-1-2010.
  • [24]
    Propos tenus par le député Noël Mamère (Verts) lors des débats concernant l’examen du projet de loi sur l’immigration, Assemblée nationale, 29 septembre 2010.
  • [25]
    “Débat sur l’identité nationale : ‘bon débarras !’”, Le Monde des 8 et 9-2-2010.
  • [26]
    Loi n° 2004-228 du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics.
  • [27]
    Le Figaro et Libération du 23-6-2009.
  • [28]
    Le Parisien du 17-6-2009, Libération du 19-6-2009, Le Monde du 20-6-2009.
  • [29]
    Le Point du 30-7-2009.
  • [30]
    La Croix du 25-3-2010.
  • [31]
    Elle du 19-5-2010.
  • [32]
    Loi n° 2010-1192 du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public.
  • [33]
    Le Monde du 26-1-2010.
  • [34]
    L’Express du 17-2-2011.
  • [35]
    Le Figaro du 1-2-2011, Le Monde du 19-2-2011.
  • [36]
    Le Figaro du 2-3-2011.
  • [37]
    “Nicolas Sarkozy prépare une révision de la loi de 1905”, Le Nouvel Observateur du 23-1-2008.
  • [38]
    “Laïcité : une convention ump controversée pour clore le chapitre douloureux à droite”, Le Point du 7-4-2011.
  • [39]
    Le Nouvel Observateur du 7-4-2011.
  • [40]
    ANDRIAMANANA, Tefy, “Débat sur l’islam : Sarkozy a-t-il perdu sa clientèle musulmane ?”, Marianne du 6-4-2011.
  • [41]
    Le Point du 18-5-2007.
  • [42]
    Voir, par exemple, LEGRAND, Thomas, “Le métissage, un nouveau thème du débat politique”, éditorial politique de France Inter, 8 juin 2011 à 7 h 45.
  • [43]
    “Respecter ceux qui arrivent, respecter ceux qui accueillent”, Le Monde du 9-12-2009, tribune de Nicolas Sarkozy.
  • [44]
    Libération du 18-12-2008.
  • [45]
    Le Monde du 19-12-2008.
  • [46]
    Le Journal du Dimanche du 8-11-2008. Voir également SABEG, Yazid ; CHARLOTIN, Christine, La diversité dans l’entreprise, comment la réaliser ?, Paris : Éd. d’Organisation, 2006, 204 p.
  • [47]
    SIMON, Catherine, “Yazid Sabeg, le robin des Beurs”, Le Monde du 16-12-2008.
  • [48]
    “Yazid Sabeg, l’atout ‘diversité’ de Sarkozy”, Le Point du 17-12-2008.
  • [49]
    VIGNAUD, Marc, “Comment Nicolas Sarkozy compte ‘relever le défi du métissage’”, Le Point du 13-12-2008.
  • [50]
    Cette instance administrative créée en 2005, jugée trop coûteuse, mal gérée et déconsidérée aux yeux de Nicolas Sarkozy, sera supprimée en 2011, ses compétences ayant été transférées au Défenseur des droits, sorte d’ombudsman français créé par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008. Ce poste est occupé par Dominique Baudis depuis juin 2011.
  • [51]
    Le Point du 23-3-2009.
  • [52]
    Voir à cet égard l’éditorial de GEISSER, Vincent, “Des ‘banlieues de l’Europe’ aux banlieues de l’Hexagone : le triomphe de la doctrine de ‘l’humanisme sécuritaire’”, Migrations Société, vol. 17, n° 102, novembre-décembre 2005, pp. 3-11.
  • [53]
    Le Figaro du 10-2-2008.
  • [54]
    “À Gagny, Sarkozy retrouve ses habits de l’Intérieur”, Libération du 19-3-2009.
  • [55]
    Le Figaro du 25-11-2010.
  • [56]
    Libération du 1-4-2010.
  • [57]
    Libération du 2-4-2010.
  • [58]
    Le Monde du 1-8-2010.
  • [59]
    “À Grenoble, Sarkozy dégaine tous azimuts”, Libération du 31-7-2010.
  • [60]
    JARRASÉ, Jim ; DUPORTAIL, Judith, “Un an après, que reste-t-il du discours de Grenoble ?”, Le Figaro du 27-7-2011.
  • [61]
    “Le ‘plan Marshall’ promis par Sarkozy pour les banlieues est abandonné”, La Tribune du 15-12-2011.
  • [62]
    Le Monde du 23-9-2009.
  • [63]
    Libération du 23-9-2009.
  • [64]
    “Des gens du voyage saccagent une commune du Loir-et-Cher”, Le Figaro du 19-7-2010.
  • [65]
    Libération du 31-7-2010.
  • [66]
    Libération du 13-9-2010.
  • [67]
    Un camp avait été évacué à Massy, quelques mois plus tôt, en mars 2010.
  • [68]
    Le Nouvel Observateur du 25-8-2010.
  • [69]
    Libération du 23-8-2010.
  • [70]
    La Croix du 1-9-2010.
  • [71]
    “Roms : Washington met en garde Paris”, Le Figaro du 15-9-2010.
  • [72]
    Le Figaro du 8-9-2010.
  • [73]
    Le Monde du 18-9-2010.
  • [74]
    MOLEUX, Luc, “L’onu critique la France sur les Roms”, L’Express du 28-8-2010.
  • [75]
    Rappelons cependant qu’en anglais le mot “deportation” est couramment utilisé pour désigner une expulsion.
  • [76]
    Libération du 14-9-2010.
  • [77]
    Le Nouvel Observateur du 18-4-2011.
  • [78]
    Le Journal du Dimanche du 6-3-2010.
  • [79]
    Libération et Le Monde du 19-4-2010.
  • [80]
    Nice-Matin du 18-4-2010, Le Monde du 20-4-2010.
  • [81]
    Marianne du 9-4-2010.
  • [82]
    Le Figaro du 27-4-2010.

1 Au terme des cinq années de la présidence de Nicolas Sarkozy, un retour analytique sur la manière dont le thème de l’immigration et de la diversité a occupé les affaires de l’État n’est pas inutile pour envisager l’avenir d’un sujet placé au centre de la vie publique depuis le milieu des années 1980, voire depuis la fin des années 1960.

2 S’il ne s’agit donc pas d’une originalité particulière par rapport à ses prédécesseurs Jacques Chirac ou François Mitterrand, c’est la densité qui peut surprendre. En effet, démultipliée et déclinée dans des dimensions toujours plus élargies, la “question de l’immigration” ne cesse de nourrir l’agenda politico-médiatique.

3 À l’inévitable politique d’immigration, de contrôle des frontières, d’intégration des populations immigrées, de gestion de la politique de la ville et des “banlieues” s’ajoutent l’inattendu des polémiques, la multiplication des petites phrases [1], incidents ou faits divers qui animent la vie publique. Entre stratégie et “idéologie” sarkozyste, la thématique de l’immigration, centrale pour le nouveau pouvoir installé en 2007, s’est élaborée également en fonction de ces aléas.

4 Une chose est sûre : quel que soit l’angle d’approche, le sujet ne peut être séparé de sa forte dimension médiatique. Pour Nicolas Sarkozy, davantage encore que pour ses prédécesseurs, traiter de l’immigration c’est aussi faire de la communication politique. Focalisée sur une vision particulièrement négative de la “question de l’immigration”, une partie de l’opinion, considérée à tort ou à raison comme toujours plus massive et consistante, détermine de nombreuses postures du chef de l’État et de son gouvernement.

5 Cependant, en matière de rapport à l’altérité, le quinquennat Sarkozy est loin de se limiter à un bras de fer avec le Front national. Il tente, parfois avec courage, de baliser un domaine qui, par définition, est bien difficile à appréhender par l’État. Mais sans véritable ligne de conduite, malgré un évident état d’esprit fondé sur l’intransigeance et la rigueur, la politique s’élabore chemin faisant, non sans confusion, revirements ou volte-faces, à l’instar des quinquennats ou septennats précédents.

6 Avec un chef de l’État omniprésent sur une “question de l’immigration”, véritable épine dorsale de la vie politique, c’est donc en toute logique que cette thématique au long cours et aux multiples terrains se pose comme le principal moteur du quinquennat.

7 Lorsque Nicolas Sarkozy est élu le 6 mai 2007, la “question de l’immigration” se décline comme l’une de ses thématiques privilégiées [2]. En effet, depuis le quinquennat précédent de Jacques Chirac, commencé en 2002, pas moins de cinq lois sur l’immigration se sont succédé, toutes élaborées sous l’impulsion du ministre de l’Intérieur des gouvernements Raffarin (2002-2004) et de Villepin (2005-2007), désormais devenu chef de l’État [3]. Et toutes, les unes après les autres, ont considérablement réduit les droits des immigrés en France, dans la continuité d’une politique de fermeture, envisagée au début des années 1970.

8 Entre 2007 et 2012, non sans vicissitudes, Nicolas Sarkozy va poursuivre cette stratégie à travers de nouveaux dispositifs pilotés par quelques tenants de l’intransigeance.

9 L’immigration “choisie” [4], poussée par une vogue médiatique, a été l’un des thèmes de campagne privilégiés du candidat Sarkozy. Fort de son passé récent de ministre de l’Intérieur durcissant la politique d’immigration, mais aussi de cette image d’homme intraitable tant sur le contrôle des entrées sur le territoire français que sur le respect de l’identité nationale, Nicolas Sarkozy promet, durant la campagne électorale, la mise en place d’un ministère de l’Immigration.

10 Une fois élu, il ne tarde pas à mettre son projet à exécution sous la forme d’un ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement qui devient l’un des 15 ministères du gouvernement Fillon, constitué le 18 mai 2007. Avec ce nouveau portefeuille, la présidence Sarkozy renoue, en l’accentuant, avec une pratique lancée par Valéry Giscard d’Estaing qui, dès son élection en mai 1974, avait créé un secrétariat d’État aux Travailleurs immigrés auprès du ministère du Travail.

11 Signe fort donné à l’opinion publique, le ministère de l’Immigration récupère des compétences attribuées jusqu’alors aux ministères de l’Intérieur, des Affaires sociales, de la Ville et des Affaires étrangères. Il gère les procédures d’octroi de la nationalité française et met en œuvre les règles relatives aux conditions d’entrée et de séjour des ressortissants étrangers en France. Le ministère prend également en charge la politique d’intégration : le Haut Conseil à l’intégration lui est désormais rattaché, tandis qu’une nouvelle structure dédiée à la gestion de l’immigration légale est créée en avril 2009 dans le cadre de ce ministère : l’Office français de l’immigration et de l’intégration (ofii).

12 Mais l’association des termes “immigration” et “identité nationale” ne manque pas de susciter des protestations aussi bien au sein de l’opposition de gauche que dans le monde intellectuel et associatif.

13 Toutefois, malgré son annonce et sa mise en place retentissante, malgré sa solide armature, le ministère de l’Immigration fixé à l’hôtel de Rothelin-Charolais, rue de Grenelle, n’aura qu’une durée de vie éphémère. Dirigé jusqu’en janvier 2009 par Brice Hortefeux, proche de Nicolas Sarkozy, il sera ensuite pris en charge par Éric Besson, transfuge du Parti socialiste, jusqu’en novembre 2010, date de sa suppression dans le cadre d’un remaniement ministériel [5]. Replacée alors dans le périmètre du ministère de l’Intérieur, à la tête duquel se trouve Brice Hortefeux depuis juin 2009, la “question de l’immigration” rentre dans le rang. Mais la fin de ce portefeuille ne correspond à aucun changement de perspective : les orientations restrictives de la politique d’immigration sont bel et bien maintenues [6].

14 Proposer aux Français toujours plus de mesures et de lois sur l’immigration : telle est la stratégie du président Sarkozy pour prévenir toute critique d’immobilisme. Cette nouvelle vague de frénésie législative, commencée en 2002, se poursuit avec Brice Hortefeux, Éric Besson et Claude Guéant, trois figures majeures de la politique d’immigration au cours du quinquennat Sarkozy.

15 Dès sa nomination comme ministre de l’Immigration, Brice Hortefeux fixe aux forces de l’ordre des quotas chiffrés en matière d’expulsion du territoire et de reconduite à la frontière de migrants illégaux : 25 000 avant fin 2007, puis 26 000 pour l’année 2008. Pour enfoncer le clou de ce que ses détracteurs appellent « la politique du chiffre » [7], en septembre 2007 Brice Hortefeux convoque une vingtaine de préfets n’ayant pas atteint les objectifs d’expulsion de sans-papiers afin de les motiver et de leur réitérer leur mission [8].

16 En même temps, le ministère de l’Immigration élabore une loi sur la « maîtrise de l’immigration » adoptée par les deux chambres du Parlement le 23 octobre 2007 qui modifie le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (ceseda) et qui complète les lois Sarkozy de 2003 et 2006 en limitant en particulier le regroupement familial, frappé de suspicion. Dans ce cadre, le député ump Thierry Mariani, rapporteur du projet de loi, propose d’instaurer pour les étrangers qui « le demanderaient » un test adn afin de prouver la filiation des candidats au regroupement familial, ce qui soulève un tollé.

17 Durant la deuxième partie de l’année 2010, dans un contexte d’assombrissement du discours présidentiel, une nouvelle loi « relative à l’immigration, l’intégration et la nationalité » s’échafaude. Malgré une forte contestation, elle sera définitivement adoptée par les deux chambres le 11 mai 2011, engageant l’action gouvernementale vers toujours plus d’intransigeance. Cette loi, dite “loi Besson”, est rédigée, comme les précédentes, dans le but d’une “meilleure maîtrise de l’immigration” : augmentation de la durée maximale de rétention administrative de 35 à 42 jours ; limitation d’accès à l’aide juridictionnelle à la Cour nationale du droit d’asile (cnda) ; durcissement de la pénalisation des “mariages gris” ; refonte des mesures d’éloignement avec la disparition de l’arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (aprf) au profit d’un nouveau dispositif, obligation de quitter le territoire français (oqtf) ; création de zones d’attente temporaires à “géométrie variable” pour les personnes interpellées en situation irrégulière. En revanche, la mesure relative à la déchéance de nationalité concernant les Français naturalisés depuis moins de dix ans et condamnés pour le meurtre d’agents dépositaires de l’autorité publique tels que les gendarmes, magistrats ou policiers [9], trop chargée symboliquement et suscitant de nombreuses divisions au sein de la majorité malgré la volonté affichée par Nicolas Sarkozy quelques mois auparavant, est retirée [10].

18 Toutefois, sorte de concrétisation d’un des volets de la politique d’immigration “choisie”, le texte introduit le premier titre de séjour européen au bénéfice des travailleurs « hautement qualifiés » dotés d’un niveau d’études ou d’une expérience professionnelle élevé et qui justifient d’un contrat ou d’une promesse d’embauche pour au moins un an. Pour mettre en lumière ce qu’il considère comme le caractère équilibré de cette loi, entre « fermeté et humanité », Éric Besson prévoit de récompenser les étrangers qui auront accompli des efforts d’intégration. Un processus de naturalisation accéléré est prévu pour celui qui présente « un parcours exceptionnel d’intégration » dans les domaines civique, scientifique, économique, culturel ou sportif.

19 Ancien préfet devenu secrétaire général de la présidence de la République dès mai 2007, Claude Guéant a été directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci était ministre de l’Intérieur puis directeur de sa campagne électorale. Très influent [11], celui que l’on situe à l’aile droite de l’ump, est nommé ministre de l’Intérieur de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration en février 2011, en remplacement de Brice Hortefeux. À une année de l’élection présidentielle, le rôle de Claude Guéant en matière d’immigration consiste à adresser à l’opinion des signes d’une inconditionnelle fermeté. Il ne s’agit plus, au terme du quinquennat, de légiférer une nouvelle fois, mais plutôt de lancer des messages médiatiques lourds de sens sur les intentions du président Sarkozy en matière d’immigration [12].

20 Ainsi, par exemple, au micro d’Europe 1, le 17 mars 2011, le nouveau ministre n’hésite pas à s’exprimer dans des termes similaires à ceux du Front national : « Les Français, à force d’immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s’imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale » [13]. Dans un entretien à L’Express, il remarque qu’« un sondage effectué dans plusieurs pays européens indique que l’immigration n’est pas perçue comme allant de soi, qu’elle n’est pas considérée comme forcément bénéfique. On a le droit de dire cela sans être raciste ! Les élites ne se soucient pas suffisamment des préoccupations de nos compatriotes au quotidien » [14]. Le 22 décembre sur Europe 1, puis au journal de 20 heures de France 2, il affirme cette fois-ci vouloir s’attaquer à la délinquance et tout particulièrement « étrangère » en prenant des mesures spécifiques, notamment étendre les peines plancher à tout premier délit « grave » [15]. Le 5 février 2012, une nouvelle polémique éclate lorsque, au cours d’un congrès du syndicat étudiant de l’Union nationale interuniversitaire (uni), Claude Guéant affirme que « toutes les civilisations ne sont pas égales » [16].

21 Omniprésent dans les médias, ne manquant pas l’occasion de se signaler par des écarts de langage, Claude Guéant offre à Nicolas Sarkozy le moyen d’attirer un électorat proche du Front national, perpétuant une tradition en cours depuis le milieu des années 1980.

22 Le 25 octobre 2009, mettant à exécution une volonté présidentielle, le ministre de l’Immigration, Éric Besson, invité du Grand Jury rtl-Le Figaro-lci, annonce une vaste réflexion sur l’“identité nationale”. Loin d’être une nouveauté, ce débat s’inscrit dans le cadre de ceux qu’avait suscité la Commission des sages sur la nationalité présidée par Marceau Long en 1987 autour de l’acquisition de la nationalité française et ceux de la Commission Stasi autour de la question de la laïcité en 2003.

23 Mais au-delà du débat formaté par le gouvernement, le questionnement sur l’identité nationale ne cesse de se poser de manière répétitive. Il se fixe en particulier sur la place de l’islam, question traumatisante posée depuis plusieurs décennies [17].

24 Le débat s’étire sur plusieurs mois entre le début de novembre 2009 et février 2010. Éric Besson décide de solliciter préfets et sous-préfets afin qu’ils organisent des réunions avec les « forces vives de la Nation » sur le thème « Qu’est-ce qu’être français ? Quelles sont les valeurs qui nous relient ? Quelle est la nature du lien qui fait que nous sommes français et que nous devons être fiers ? » [18]. Des réunions, ouvertes aux Français comme aux étrangers, sont organisées dans tous les départements [19].

25 Parmi les propositions d’action, beaucoup sont présentées comme étant fondées sur le principe d’un nécessaire respect des valeurs françaises : renforcer le contrat d’accueil et d’intégration [20], augmenter le niveau de connaissance du français, faire de l’entretien d’assimilation préalable un temps fort du processus de naturalisation.

26 Cependant, force est de constater que le grand forum n’obtient pas les résultats escomptés. Son ambition médiatique de présenter une majorité gouvernementale décomplexée sur l’immigration et posant “les vrais problèmes” fait long feu. Après quelques semaines, la mécanique subit de nombreux faux pas. Loin de susciter l’engouement populaire, les débats organisés sous le contrôle des préfets, malgré quelques succès ponctuels comme à Sarcelles, n’attirent qu’une faible assistance, les jeunes étant les grands absents [21]. Pire, les rares présents n’hésitent pas, dans une ambiance souvent houleuse, à tenir des propos parfois teintés de racisme [22].

27 Discréditée par de multiples voix refusant de prendre part aux discussions, la majorité se divise : les plus lucides, tels Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin ou François Baroin, expriment tout haut leurs doutes sur cette « équipée » que l’opposition compare à une « mascarade » [23]. En lançant le débat, Éric Besson a « ouvert la boîte de Pandore » [24] : les discussions servent de révélateur aux fantasmes sur l’immigration.

28 Face au fiasco, à la demande du président de la République, le Premier ministre François Fillon organise un séminaire intergouvernemental le 8 février 2010 afin d’annoncer des mesures concrètes. Il est alors décidé de mettre en place une commission de personnalités composée de parlementaires, intellectuels et historiens pour « approfondir le sujet » et surtout pour mettre ainsi un terme à ce débat devenu bien embarrassant [25].

29 Symptomatique d’un air du temps inquiet sur l’avenir de la France, la mise en scène très médiatique du thème de l’identité nationale, voulue par le président Sarkozy, n’a pas fait avancer un questionnement qui tarauderait la France. Ce nouvel épisode, spectaculaire, a plutôt révélé l’impossibilité de mettre en place sereinement un débat aussi complexe et difficile dans un cadre aussi formaté : libérer la parole c’est s’exposer à un racisme ordinaire qui a débordé les promoteurs de ce vaste forum national.

30 Durant le quinquennat, les musulmans continuent d’être la cible privilégiée de stigmatisations, dans la continuité d’une islamophobie développée dans l’Hexagone depuis la fin des années 1980. Dans un contexte où, depuis 1989, des affaires de “port de voile” viennent perturber plusieurs milieux tels que les crèches, l’école, l’université, les hôpitaux, l’hôtellerie, les commerces ou encore le sport, le niqab (dit aussi burqa) apparaît comme le symbole de ce qu’il faudrait rejeter. Cristallisant les fantasmes sur l’inéluctable déclin de la laïcité comme fondement du “modèle républicain”, ce “voile intégral”, largement médiatisé à partir de 2009, pose à nouveau la question de la poussée de l’islam radical, relançant une nouvelle fois la fameuse polémique du voile qui avait provoqué 20 ans plus tôt un vaste débat sur l’immigration et l’identité nationale et qui avait abouti à la loi de 2004 [26].

31 Le 22 juin 2009, Nicolas Sarkozy affirme solennellement devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles : « La burqa n’est pas la bienvenue sur le territoire de la République. Ce n’est pas l’idée que la République se fait de la dignité de la femme » [27]. Ces propos sont une manière de réagir au constat de la multiplication du port de ces tenues dans l’espace public, ce que d’aucuns assimilent sans tarder au signe d’une poussée « fondamentaliste ». C’est aussi une réponse à 58 députés qui demandent la création d’une commission pour « étudier la question et dialoguer » [28]. Nicolas Sarkozy s’y montre favorable et décide d’installer sans tarder, début juillet et pour six mois, cette commission à l’Assemblée nationale sous la présidence du maire communiste de Vénissieux, André Gerin, principal instigateur de ce groupe de pression.

32 Face à cette volonté répressive, le nombre réel de femmes portant le “voile intégral”, bien difficile à établir, pose problème : fin juillet 2009, une enquête du Service départemental d’information générale (sdig), rattaché au ministère de l’Intérieur, fait état de la présence sur le territoire français de seulement 367 femmes dans ce cas, ce qui provoque des réactions sarcastiques à l’image de celle du député socialiste Claude Bartolone estimant que « par rapport au nombre, moins de 400 cas sur 60 millions, une loi, un débat parlementaire, ce serait comme sortir un gros pilon pour écraser une mouche » [29].

33 Après plusieurs mois de travaux de la commission Gerin, Nicolas Sarkozy déclare le 24 mars 2010, lors d’une allocution télévisée : « Trop longtemps nous avons supporté les atteintes à la laïcité, à l’égalité de l’homme et de la femme, les discriminations. Ce n’est plus supportable. Le voile intégral est contraire à la dignité de la femme. Le gouvernement déposera un projet de loi d’interdiction du voile intégral conforme aux principes généraux de notre droit » [30]. En effet, présentée comme un « message fort » [31], la loi dite “anti-burqa”, élaborée par la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie, est votée par l’Assemblée nationale le 13 juillet 2000 et promulguée le 11 octobre de la même année [32].

34 Face à cette mobilisation, les musulmans de France, gagnés par la peur de représailles, ressentent un malaise généralisé [33]. Pour calmer les esprits le président de la République décide de recevoir, le 23 décembre 2009, Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (cfcm), afin de clarifier la situation.

35 Après une certaine accalmie, le chef de l’État prend lui-même l’initiative de replacer la question de l’islam au centre du débat public, le 17 février 2011, lors de l’inauguration du Salon de l’agriculture. Devant une grande assemblée composée de députés de la majorité et de journalistes, le président affirme ses positions intransigeantes sur la laïcité. Insistant sur la nécessité de développer un « islam de France » auquel il faut fixer des règles et non un « islam en France », Nicolas Sarkozy prend la deuxième religion de l’Hexagone pour cible [34], affichant son souhait de prendre part à « un débat sur la prière dans la rue » et martelant : « Dans un pays laïque, il ne doit pas y avoir d’appels à la prière » [35].

36 Par conséquent, pendant plusieurs semaines, l’opinion se mobilise de nouveau : divisions à droite, condamnations dans les rangs de la gauche, sarcasmes du Front national, émotion des responsables religieux. Il est notamment question du « serpent de mer » de la construction des mosquées, de la formation des imams de France, de la mixité dans les piscines, de l’interdiction des repas halal dans les cantines scolaires [36]. En filigrane, une question taraude toutes les familles politiques : faut-il modifier la loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des Églises et de l’État ? Nicolas Sarkozy avait envisagé cette éventualité au début de son quinquennat [37], sans toutefois avoir mis ce projet à exécution, conscient des risques que cela aurait comporté.

37 Pour mettre un terme à ce débat à nouveau pénible [38], l’ump décide de tenir une convention, voulue par Nicolas Sarkozy, sur le thème « laïcité et islam » le 5 avril 2011 dans les salons de l’hôtel Pullman à Montparnasse. Dans un climat difficile à la suite de l’échec du parti présidentiel aux élections cantonales, la plupart des ministres sont présents — mais pas les représentants des cultes, hormis le grand rabbin de France Gilles Bernheim — devant un parterre de plus de 200 journalistes [39]. À l’issue de cette réunion, Jean-François Copé, secrétaire général de l’ump, annonce 26 propositions « pour mieux vivre ensemble » applicables immédiatement en offrant une « vision politique de la laïcité empreinte de respect et de tolérance », sans toucher à la loi de 1905.

38 Nicolas Sarkozy, dont la stratégie avait été de se construire une clientèle musulmane depuis le lancement en 2003, avec son soutien officiel, du Conseil français du culte musulman ou de la nomination d’un premier “préfet musulman”, Aïssa Dermouche, en 2004, connaît un progressif discrédit au cours de son mandat [40].

39 Tiraillé entre sa fonction présidentielle qui consiste à défendre l’unité nationale et sa conviction personnelle qui le pousse à la défense d’une forme de “communautarisme” fondée sur une vision de la société segmentée sur la base de critères ethniques et religieux, Nicolas Sarkozy peine à faire la clarté. Au-delà de l’agitation médiatique, ses orientations politiques et idéologiques dans le domaine du “vivre ensemble” ou de la laïcité — indissociables de son approche de la question de l’immigration et de l’identité nationale — restent frappées d’opacité durant toute la durée de son quinquennat.

40 Les positions présidentielles, au diapason de l’opinion, mêlent différentes attitudes en matière d’immigration. Avec une certaine originalité, en 2007, le nouvel élu prend la gauche de vitesse en mettant en œuvre un gouvernement largement ouvert à la “diversité” et en proposant une politique en faveur de l’égalité des chances pour chaque citoyen. Mais le projet peine à s’inscrire dans la durée, et la promotion de l’image d’une France métissée et ouverte s’étiole peu à peu.

41 À l’opposé, le chef de l’État n’hésite pas en même temps à mener une politique sans ménagement à l’égard des « mauvais » étrangers ou des « mauvais » Français issus de l’immigration, sans-papiers, étrangers en situation irrégulière, délinquants ou « caïds » de banlieue. Se voulant efficace, il met en place des procédures parfois choquantes qui montrent une France au visage répressif.

42 Au début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy réussit le pari de « ringardiser la gauche » en imposant la diversité au sommet de l’État. Le premier gouvernement Fillon, en effet, place non seulement Rachida Dati, née d’un père marocain et d’une mère algérienne, au poste de Garde des Sceaux, ministre de la Justice, mais aussi Fadela Amara, née de parents immigrés algériens et présidente de l’association Ni putes ni soumises, au poste de secrétaire d’État chargée de la politique de la Ville, et Rama Yade, née à Dakar et arrivée en France pendant son adolescence, au poste de secrétaire d’État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’homme. Cette spectaculaire promotion de trois “icônes” de la diversité, protégées de Nicolas Sarkozy, incarne un esprit d’ouverture du nouveau quinquennat.

43 Parce que nommée à un poste-clé, Rachida Dati apparaît comme le symbole d’une intégration réussie des enfants issus de l’immigration maghrébine ; aussi les médias se réjouissent-ils de la présence d’une « beurette à la Justice » [41].

44 Le “métissage” connaît une certaine vogue [42]. Aussi le chef de l’État n’hésite-t-il pas à en prendre acte, par exemple le 9 décembre 2009 dans une tribune parue dans Le Monde : « Le métissage c’est la volonté de vivre ensemble. Le communautarisme c’est le choix de vivre séparément. Mais le métissage ce n’est pas la négation des identités, c’est pour chacun, vis-à-vis de l’autre, la reconnaissance, la compréhension et le respect » [43]. Puis, le 17 décembre 2008, il prononce un important discours sur la diversité et la question de l’égalité des chances dans les locaux de l’École polytechnique de Palaiseau. Promoteur du principe de “discrimination positive”, il entend traiter « inégalement les situations inégales » : « Notre modèle d’intégration a fonctionné durant un siècle. Il se révèle désormais impuissant à réduire les inégalités, quand il ne les aggrave pas » [44].

45 Porté par le souffle de l’élection récente de Barack Obama à la présidence des États-Unis et de sa politique d’affirmative action, Nicolas Sarkozy envisage même d’inscrire le respect de la diversité dans la Constitution. Toutefois, ses ardeurs sont tempérées par une commission présidée par Simone Veil à qui il avait confié le soin, en avril 2008, de réfléchir à l’opportunité de modifier le Préambule de la Constitution afin d’assurer « le respect de la diversité » et de « rendre possibles de véritables politiques d’intégration ». Le rapport que l’ancienne présidente du Parlement européen lui remet ce même 17 décembre, peu avant son discours de l’École polytechnique, rejette tout principe de réécriture du Préambule qui viserait à instaurer une politique de “discrimination positive” sur des fondements ethniques [45].

46 Mais le chef de l’État décide de nommer un commissaire à la Diversité et à l’Égalité des chances. Il confie ce poste à Yazid Sabeg, grand patron, originaire d’Algérie. Celui-ci avait lancé un Manifeste pour l’égalité réelle en novembre 2008 [46], réclamant des « politiques volontaristes de réussite éducative et la promotion des talents dans les quartiers populaires » [47]. Avec une feuille de route ambitieuse, ce « Monsieur diversité » [48] entend « mettre la société en mouvement »[49] en envisageant de poursuivre l’œuvre de la Charte de la diversité en entreprise, qu’il a lui-même commencé à mettre en place avec Claude Bébéar en 2004. Entre autres mesures, le principe du cv anonyme apparaît comme une « bonne pratique » que les employeurs sont invités à mettre en œuvre.

47 Deux autres figures sarkozystes de la diversité complètent le tableau. La première est l’universitaire et maître de requêtes au Conseil d’État, Jeannette Bougrab, fille d’un ouvrier métallurgiste algérien, nommée en novembre 2010 secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de la Vie associative après avoir été placée à la tête de l’Agence pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (acsé) mais aussi, de manière éphémère entre avril et décembre 2010, présidente de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (halde) [50]. La seconde est le médecin Nora Berra, fille d’un tirailleur algérien, nommée en juin 2009 secrétaire d’État chargée des Aînés puis, en novembre 2010, secrétaire d’État chargée de la Santé.

48 Comme l’avait défendu le candidat Sarkozy lors de sa campagne, la promotion de la diversité devrait passer par l’élaboration de statistiques ethniques qui recenseraient les appartenances ethniques, “raciales”, voire religieuses, et montreraient le « vrai visage de la France » [51]. Mais une année et demie plus tard, lors du discours de Palaiseau, le contexte a changé et le chef de l’État n’en est plus convaincu. Aussi, malgré l’intensité d’un débat revenant régulièrement sur le devant de la scène divisant familles politiques et intellectuelles et stimulant des groupes de pression, le président est-il resté frileux sur un éventuel projet de loi et les méthodes de recensement n’ont pas connu de modification.

49 Cette vogue du métissage et de la diversité connaît un essoufflement progressif : Fadela Amara, Rama Yade et une Rachida Dati discréditée disparaissent du gouvernement lors de différents remaniements. Leur amertume, étalée devant les médias, contribue à considérer que la “parenthèse métissée” de Nicolas Sarkozy s’est refermée.

50 S’attaquer à la “crise des banlieues” n’est pas la moindre des ambitions du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Mais déverrouiller 30 ans de blocages politiques autour d’une jeunesse, principalement issue de l’immigration, qui a commencé à exprimer sa colère en 1981 à Vénissieux en incendiant des voitures jusqu’aux retentissantes émeutes des mois d’octobre et de novembre 2005, s’apparente à une gageure [52].

51 Une part importante de la notoriété de Nicolas Sarkozy s’est établie sur ses spectaculaires visites en banlieue lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, assorties d’une incessante dénonciation des « incivilités ». Élu président, il ne change pas de stratégie, en y apportant plus de prudence, même s’il continue d’assumer l’emploi des mots « racailles » et « kärcher ». La question de l’“intégration”, en pleine crise, et celle de l’insécurité, réelle ou fantasmée, toujours rentable sur le plan électoral, sont au centre des préoccupations du chef de l’État.

52 Le 21 janvier 2008, Nicolas Sarkozy effectue un premier déplacement dans une “cité sensible” de Sartrouville. La visite se passe sans heurt devant caméras et micros : en pleine rue, une discussion à bâtons rompus s’improvise avec des jeunes du quartier. Puis, quelques jours plus tard, le 8 février, c’est sous les ors de l’Élysée, avec une Fadela Amara réjouie à ses côtés, que le chef de l’État annonce, dans le cadre d’une conférence de presse, le « plan espoir banlieue » présenté comme une manière de « réinventer la ville » [53]. Cet ensemble de mesures entend assurer davantage de sécurité, avec 4 000 nouveaux policiers supplémentaires dans les “quartiers”, « donner une chance à ceux qui veulent s’en sortir » en lançant le « contrat d’autonomie » pour 100 000 jeunes et améliorer les équipements notamment en matière de transports en commun.

53 Le 18 mars 2009, une dizaine de jours après l’agression de quatre personnes par une bande dans un lycée de Gagny (Seine-Saint-Denis), Nicolas Sarkozy fait un nouveau déplacement en banlieue, le deuxième de sa mandature, plus d’une année après celui de Sartrouville. Le président martèle depuis le commissariat de la ville, sous l’œil des journalistes : « Notre pays doit enrayer les phénomènes de bandes et de haine dirigés contre deux piliers de la République, l’École et la Police » [54]. Seize mesures policières et judiciaires pour combattre le phénomène des bandes violentes sont annoncées. Dans le même mouvement, le 24 novembre 2009, à l’approche des élections régionales, le chef de l’État reprend son thème fétiche de l’insécurité. Il se rend à Bobigny, à Épinay-sur-Seine et au Perreux pour annoncer un plan anti-drogue, un développement accru de la vidéo-surveillance et de nouveaux moyens d’enquête pour la police [55]. Puis, après une série de caillassages et d’incendies de bus à Tremblay-en-France, le 30 mars 2010 [56], il réagit avec virulence, envisageant d’« intensifier les opérations coup de poing dans les cités sensibles » [57].

54 Tournant majeur, un net durcissement dans le ton s’exprime dans le “discours de Grenoble” du 30 juillet 2010. Nicolas Sarkozy, venu installer le nouveau préfet de l’Isère à la suite de graves violences survenues quelques jours plus tôt dans le quartier Villeneuve de Grenoble après la mort d’un braqueur, tué par la police, promet un renforcement de l’arsenal répressif contre les délinquants. Le chef de l’État, alors au plus bas dans les enquêtes d’opinion, fait une série d’annonces spectaculaires promettant « d’éradiquer les caïds » et déclarant « la guerre contre les trafiquants et les voyous qui font régner la terreur devant les immeubles » [58]. Ce discours martial est sans doute le plus musclé du quinquennat sur la question de l’immigration et de l’insécurité. Mais au-delà des mots, ce sont les mesures annoncées qui marquent les esprits, y compris dans ses propres rangs : extension des peines plancher, retrait de la nationalité pour certains criminels, réévaluation des droits des sans-papiers et des rares prestations auxquelles ils peuvent prétendre en matière de santé [59]. Parmi ces mesures, certaines n’ont jamais vu le jour, retoquées par le Parlement ou invalidées par le Conseil constitutionnel [60].

55 Malgré cette série de mesures et cette attention régulière, l’ensemble de l’action de Nicolas Sarkozy reste bien en deçà du vaste “plan Marshall” pour les banlieues annoncé avec fracas lors de sa campagne électorale de 2007. D’ailleurs, Fadela Amara, symbole de cette volonté présidentielle ayant quitté le gouvernement en novembre 2010, le “plan Marshall”, faute de moyens mais aussi de volonté, est définitivement abandonné en décembre 2011 [61].

56 Pendant le quinquennat, un nouvel épisode de fermeture d’un campement d’étrangers voulant passer la Manche vers le Royaume-Uni, après celle du centre de la Croix-Rouge de Sangatte (Pas-de-Calais) en 2002, se déroule sous la forme d’une opération de démantèlement d’un camp d’environ 800 sans-papiers, en majorité de jeunes Afghans, le 22 septembre 2009, près de Calais. L’évacuation médiatico-policière, organisée tôt le matin sans ménagement, dure à peine une heure. Des cars de crs encerclent le camp et trouvent une population qui les attend en silence autour d’un feu de palettes, en présence d’une nuée de journalistes et de militants associatifs [62]. Cette opération ne manque pas de provoquer des réactions contre les méthodes policières et l’intransigeance gouvernementale face au dénuement des populations. Ainsi, le Parti socialiste, par l’intermédiaire de Martine Aubry, s’insurge contre un « acte totalement inhumain », d’un « populisme effrayant » [63].

57 Autre affaire, dans la nuit du 16 au 17 juillet 2010, à Saint-Aignan (Loir-et-Cher), un jeune “Rom” est abattu par des policiers après avoir forcé un barrage. En guise de représailles, pendant deux jours, cette petite commune devient le théâtre de troubles et de violences commises par des “Roms” [64]. Face à ces faits divers, Nicolas Sarkozy organise le 28 juillet à l’Élysée une réunion de crise, puis, deux jours plus tard, lors du “discours de Grenoble”, il déclare : « J’ai demandé au ministre de l’Intérieur de mettre un terme aux implantations sauvages de campements de Roms [...]. Dans les trois mois, la moitié de ces implantations sauvages auront disparu du territoire français » [65]. Le 5 août, dans une circulaire adressée aux préfets tenue secrète, mais dont les termes ont filtré, le ministre de l’Intérieur ordonne une « démarche systématique de démantèlement des camps illicites, en priorité ceux de Roms », avec des objectifs hebdomadaires chiffrés [66] : en quelques semaines, environ 500 campements illicites de “Roms” sont démantelés. Plusieurs centaines de personnes, notamment des Roumains et des Bulgares, sont expulsées. Si ces opérations ne sont pas une nouveauté [67], c’est leur nombre, leur rapidité et leur intensité, preuves d’un “antitsiganisme” primaire au plus haut niveau de l’État, qui retient l’attention.

58 Au-delà de la vive émotion suscitée dans l’Hexagone [68], à l’étranger la France est accusée de racisme. Première réaction, celle du pape Benoît xvi qui, le 22 août, profite de la prière de l’Angelus pour exhorter plusieurs milliers de fidèles à « accueillir les hommes de toutes origines » [69]. Derrière le pape, toute l’Église catholique se montre critique à l’égard de la politique de la France concernant la question des “Roms”. Le cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France, et Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, se rencontrent place Beauvau le 31 août afin d’engager un délicat dialogue [70]. Alors que l’Administration américaine fait part elle aussi de son inquiétude [71], le président roumain Traian Basescu critique l’attitude française [72], tandis qu’à Sofia, des “Roms” manifestent devant l’ambassade de France [73]. C’est ensuite au tour de l’onu : le 27 août, son Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (cerd) demande à la France de « garantir l’accès des Roms à l’éducation, à la santé, au logement et autres infrastructures temporaires dans le respect du principe d’égalité » [74]. La Commission européenne réagit à son tour par l’intermédiaire de son président José Manuel Barroso ainsi que par la voix de Viviane Reding, commissaire européenne chargée de la Justice et de la Citoyenneté, qui surenchérit vigoureusement en parlant de « déportations » [75] : « Je pensais que l’Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la Seconde Guerre mondiale » [76].

59 Si la polémique s’estompe progressivement sans que la question soit réglée au fond, en avril 2011 un nouvel épisode vient confirmer le malaise de la politique française d’immigration sous le regard européen. À la suite des “révolutions arabes”, l’afflux de plusieurs milliers de migrants, notamment tunisiens, à la frontière franco-italienne de Vintimille, suscite inquiétude et mobilisation en haut lieu [77]. Personne ne veut de ces migrants, ni la France de Nicolas Sarkozy ni l’Italie de Silvio Berlusconi : par conséquent, les deux leaders, en mal de popularité, se renvoient la responsabilité de la crise. Le 4 mars 2011, Claude Guéant se rend à Menton pour affirmer son inflexibilité en matière d’entrée sur le territoire français de personnes dépourvues des documents requis [78]. Irrité par la décision italienne d’octroyer des permis de séjour de six mois à ces migrants tunisiens qui peuvent ainsi circuler légalement à l’intérieur de l’espace Schengen, le 17 avril le gouvernement décide de suspendre la circulation des trains à la frontière franco-italienne afin de bloquer leur entrée sur le territoire français [79]. En outre, démarche sans précédent, la France décide de rétablir les contrôles douaniers aux frontières en faisant appel, de façon discutable, à une disposition prévue parmi les règles régissant l’espace Schengen.

60 Pendant quelques jours, non seulement la tension est forte à la frontière franco-italienne animée par un important mouvement transfrontalier de solidarité en faveur des réfugiés [80], mais la situation s’assombrit aussi entre la France et l’Italie [81]. Il faut attendre que Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi affichent leur amitié à Rome, lors d’un sommet franco-italien le 26 avril, pour désamorcer la crise [82]. Apaisée, l’affaire en reste là, mais l’Union européenne vacille sous le fantasme de l’“invasion tunisienne”.

61 Au terme de son quinquennat, très nourri sur la “question de l’immigration”, Nicolas Sarkozy n’est pas parvenu à rassurer les Français sur une thématique sensible. Sous le feu des médias, sa politique laisse le goût d’une agitation tous azimuts avec pour principal objectif d’animer l’espace public plus que d’apporter effectivement des solutions efficaces adaptées au terrain. Cette stratégie éculée des effets d’annonce semble, à la longue, avoir desservi le chef de l’État, accusé d’être un véritable “pyromane” en matière d’immigration.

62 Existe-t-il une vision sarkozyste de l’immigration ? Au terme de cinq années de pouvoir, il est permis d’en douter. Si certaines convictions sur une politique d’immigration rigoureuse et sans ménagement apparaissent comme une évidence dans l’imaginaire et la philosophie du président de la République, les zones d’ombre, hésitations et faux-semblants ne manquent pas, notamment sur la gestion de la diversité, la politique de la Ville, l’intégration ou encore la lutte contre les discriminations.

63 Autre manque de vision à long terme : l’incapacité présidentielle à enregistrer l’apport de l’immigration comme un élément de la culture nationale. À preuve, le peu d’intérêt du chef de l’État pour la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, ouverte au public au début de son quinquennat en octobre 2007. Cette institution qui valorise les apports économiques, sociaux et culturels de l’immigration n’a guère bénéficié des faveurs du chef de l’État qui préfère lancer le projet ambigu et controversé d’une Maison de l’histoire de France.

64 Trop dur pour beaucoup, trop laxiste pour certains : les critiques ne manquent pas pour fustiger le bilan d’un quinquennat qui n’a pas pu tenir ses promesses sur le sujet et qui n’a pas su répondre aux nombreuses attentes de part et d’autre en matière de “vivre ensemble”. Entre 2007 et 2012, la “question de l’immigration”, déclinée sous de multiples formes, parfois originales et inventives, parfois semblant damer le pion aux idées d’une gauche atone, s’est progressivement assombrie. Tissu associatif asphyxié, milieu scolaire déprimé, monde du travail épuisé, citoyens inquiets, projet de société en panne : à partir du milieu de l’année 2010, la thématique de l’immigration s’est resserrée autour d’une vocation répressive qui ne manque pas de porter préjudice au dessein présidentiel.

65 Certes, plus ouverte à la diversité mais plus encore gagnée par une forme de repli identitaire et de “banalisation” des idées racistes de l’extrême droite qui n’a jamais été aussi populaire, la France de Nicolas Sarkozy reste minée par les contradictions qui attestent de son incapacité à envisager sereinement son avenir fondé sur une société multiculturelle dont elle a, qu’elle le veuille ou non, déjà le visage.

66 Nice, le 16 avril 2012

Notes

  • [1]
    Le passé nous avait déjà “offert” les propos de Michel Rocard sur la « misère du monde » et ceux de Jacques Chirac sur « les bruits et les odeurs », mais qui avaient grandement choqué et qui étaient donc restés des “cas d’espèce”.
  • [2]
    HEBERT, Donald ; BERTELOOT, Tristan, “L’immigration, fer de lance de la politique de Nicolas Sarkozy”, Le Nouvel Observateur du 6-4-2010.
  • [3]
    Loi n° 2003-1119 du 26 novembre 2003 relative à la maîtrise de l’immigration, au séjour des étrangers en France et à la nationalité ; loi n° 2003-1176 du 10 décembre 2003 modifiant la loi n° 52-893 du 25 juillet 1952 relative au droit d’asile ; loi n° 2006-911 du 24 juillet 2006 relative à l’immigration et à l’intégration ; loi n° 2007-1631 du 20 novembre 2007 relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile ; loi n° 2011-672 du 16 juin 2011 relative à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité. Rappelons que l’ordonnance du 2 novembre 1945 relative à l’entrée et au séjour des étrangers en France avait été modifiée de façon substantielle entre 1980 et 2002 au moins une quinzaine de fois, pour moitié sous des gouvernements de droite et pour moitié sous des gouvernements socialistes. La plupart du temps les modifications avaient pour effet de durcir les règles appliquées à l’entrée et au séjour des étrangers en France.
  • [4]
    Voir à cet égard la note de lecture de l’ouvrage de TANDONNET, Maxime, Géopolitique des migrations : la crise des frontières, rédigée par Pedro VIANNA, Migrations Société, vol. 19, n° 113, septembre-octobre 2007, pp. 218-225.
  • [5]
    VAMPOUILLE, Thomas, “L’Identité nationale, vie et mort d’un ministère contesté”, Le Figaro du 15-11-2010.
  • [6]
    PIQUARD, Alexandre, “La fin du ministère de l’Identité nationale : un leurre ?”, Le Monde du 16-11-2010.
  • [7]
    Libération du 12-9-2007.
  • [8]
    Le Monde du 12-9-2007.
  • [9]
    Voir l’éditorial de VIANNA, Pedro, “Être ou n’être pas (français) : est-ce la (bonne) question ?”, Migrations Société, vol. 22, n° 131, septembre-octobre 2010, pp. 3-10.
  • [10]
    Libération et Le Figaro du 8-3-2011.
  • [11]
    Cf. DUPLAN, Christian ; PELLEGRIN, Bernard, Claude Guéant, l’homme qui murmure à l’oreille de Sarkozy, Paris : Éd. du Rocher, 2008, 196 p.
  • [12]
    FEDOUACH, Mehdi, “Immigration : Claude Guéant le récidiviste”, L’Express du 29-11-2011.
  • [13]
    “‘Immigration incontrôlée’ : l’ump fait bloc autour de Claude Guéant”, Le Monde du 18-3-2011.
  • [14]
    L’Express du 24-8-2011.
  • [15]
    Le Monde du 23-12-2011.
  • [16]
    Libération du 7-2-2012, Le Monde du 8-2-2012.
  • [17]
    Voir KEPEL, Gilles, Les banlieues de l’islam : naissance d’une religion en France, Paris : Éd. du Seuil, 1987, 423 p. ; ÉTIENNE, Bruno (sous la direction de), L’islam en France : islam, État et société, Paris : Éd. du Centre national de la recherche scientifique, 1990, 346 p.
  • [18]
    Le Figaro du 27-10-2009.
  • [19]
    Au moins une réunion est organisée et animée à l’initiative du corps préfectoral dans chacun des 342 arrondissements français. D’autres réunions sont organisées plus spontanément à l’initiative de parlementaires, élus locaux, mouvements associatifs, enseignants ou parents d’élèves, représentants des cultes, etc.
  • [20]
    Créé par la loi n° 2006-911 du 24 juillet 2006 relative à l’immigration et à l’intégration.
  • [21]
    JOFFRIN, Laurent, “Identité nationale : le débat dérape”, éditorial, Libération du 4-12-2009.
  • [22]
    DRYEF, Zineb, “Débat sur l’identité nationale : le vrai bilan et la carte des ratés”, Le Nouvel Observateur du 5-1-2010.
  • [23]
    TÉALDI, Jean-François, “Une mascarade nauséabonde qui déshonore l’audiovisuel public”, L’Humanité du 18-1-2010.
  • [24]
    Propos tenus par le député Noël Mamère (Verts) lors des débats concernant l’examen du projet de loi sur l’immigration, Assemblée nationale, 29 septembre 2010.
  • [25]
    “Débat sur l’identité nationale : ‘bon débarras !’”, Le Monde des 8 et 9-2-2010.
  • [26]
    Loi n° 2004-228 du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics.
  • [27]
    Le Figaro et Libération du 23-6-2009.
  • [28]
    Le Parisien du 17-6-2009, Libération du 19-6-2009, Le Monde du 20-6-2009.
  • [29]
    Le Point du 30-7-2009.
  • [30]
    La Croix du 25-3-2010.
  • [31]
    Elle du 19-5-2010.
  • [32]
    Loi n° 2010-1192 du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public.
  • [33]
    Le Monde du 26-1-2010.
  • [34]
    L’Express du 17-2-2011.
  • [35]
    Le Figaro du 1-2-2011, Le Monde du 19-2-2011.
  • [36]
    Le Figaro du 2-3-2011.
  • [37]
    “Nicolas Sarkozy prépare une révision de la loi de 1905”, Le Nouvel Observateur du 23-1-2008.
  • [38]
    “Laïcité : une convention ump controversée pour clore le chapitre douloureux à droite”, Le Point du 7-4-2011.
  • [39]
    Le Nouvel Observateur du 7-4-2011.
  • [40]
    ANDRIAMANANA, Tefy, “Débat sur l’islam : Sarkozy a-t-il perdu sa clientèle musulmane ?”, Marianne du 6-4-2011.
  • [41]
    Le Point du 18-5-2007.
  • [42]
    Voir, par exemple, LEGRAND, Thomas, “Le métissage, un nouveau thème du débat politique”, éditorial politique de France Inter, 8 juin 2011 à 7 h 45.
  • [43]
    “Respecter ceux qui arrivent, respecter ceux qui accueillent”, Le Monde du 9-12-2009, tribune de Nicolas Sarkozy.
  • [44]
    Libération du 18-12-2008.
  • [45]
    Le Monde du 19-12-2008.
  • [46]
    Le Journal du Dimanche du 8-11-2008. Voir également SABEG, Yazid ; CHARLOTIN, Christine, La diversité dans l’entreprise, comment la réaliser ?, Paris : Éd. d’Organisation, 2006, 204 p.
  • [47]
    SIMON, Catherine, “Yazid Sabeg, le robin des Beurs”, Le Monde du 16-12-2008.
  • [48]
    “Yazid Sabeg, l’atout ‘diversité’ de Sarkozy”, Le Point du 17-12-2008.
  • [49]
    VIGNAUD, Marc, “Comment Nicolas Sarkozy compte ‘relever le défi du métissage’”, Le Point du 13-12-2008.
  • [50]
    Cette instance administrative créée en 2005, jugée trop coûteuse, mal gérée et déconsidérée aux yeux de Nicolas Sarkozy, sera supprimée en 2011, ses compétences ayant été transférées au Défenseur des droits, sorte d’ombudsman français créé par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008. Ce poste est occupé par Dominique Baudis depuis juin 2011.
  • [51]
    Le Point du 23-3-2009.
  • [52]
    Voir à cet égard l’éditorial de GEISSER, Vincent, “Des ‘banlieues de l’Europe’ aux banlieues de l’Hexagone : le triomphe de la doctrine de ‘l’humanisme sécuritaire’”, Migrations Société, vol. 17, n° 102, novembre-décembre 2005, pp. 3-11.
  • [53]
    Le Figaro du 10-2-2008.
  • [54]
    “À Gagny, Sarkozy retrouve ses habits de l’Intérieur”, Libération du 19-3-2009.
  • [55]
    Le Figaro du 25-11-2010.
  • [56]
    Libération du 1-4-2010.
  • [57]
    Libération du 2-4-2010.
  • [58]
    Le Monde du 1-8-2010.
  • [59]
    “À Grenoble, Sarkozy dégaine tous azimuts”, Libération du 31-7-2010.
  • [60]
    JARRASÉ, Jim ; DUPORTAIL, Judith, “Un an après, que reste-t-il du discours de Grenoble ?”, Le Figaro du 27-7-2011.
  • [61]
    “Le ‘plan Marshall’ promis par Sarkozy pour les banlieues est abandonné”, La Tribune du 15-12-2011.
  • [62]
    Le Monde du 23-9-2009.
  • [63]
    Libération du 23-9-2009.
  • [64]
    “Des gens du voyage saccagent une commune du Loir-et-Cher”, Le Figaro du 19-7-2010.
  • [65]
    Libération du 31-7-2010.
  • [66]
    Libération du 13-9-2010.
  • [67]
    Un camp avait été évacué à Massy, quelques mois plus tôt, en mars 2010.
  • [68]
    Le Nouvel Observateur du 25-8-2010.
  • [69]
    Libération du 23-8-2010.
  • [70]
    La Croix du 1-9-2010.
  • [71]
    “Roms : Washington met en garde Paris”, Le Figaro du 15-9-2010.
  • [72]
    Le Figaro du 8-9-2010.
  • [73]
    Le Monde du 18-9-2010.
  • [74]
    MOLEUX, Luc, “L’onu critique la France sur les Roms”, L’Express du 28-8-2010.
  • [75]
    Rappelons cependant qu’en anglais le mot “deportation” est couramment utilisé pour désigner une expulsion.
  • [76]
    Libération du 14-9-2010.
  • [77]
    Le Nouvel Observateur du 18-4-2011.
  • [78]
    Le Journal du Dimanche du 6-3-2010.
  • [79]
    Libération et Le Monde du 19-4-2010.
  • [80]
    Nice-Matin du 18-4-2010, Le Monde du 20-4-2010.
  • [81]
    Marianne du 9-4-2010.
  • [82]
    Le Figaro du 27-4-2010.
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