Notes
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[*]
Doctorant et chargé de cours, Université Lumière - Lyon II, Institut de psychologie, Laboratoire Santé, individu et société (SIS, EA 4129), Groupe d’étude et de recherche en psychologie interculturelle (GERPIC).
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Psychologue, doctorante et chargée de cours, Université Lumière - Lyon II, Institut de psychologie, Groupe de recherche en psychologie sociale (GRePS, EA 4163).
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[1]
Pour une lecture approfondie de l’instrumentalisation politique du sujet de l’immigration, nous citons l’éditorial remarquable de GEISSER, Vincent, “Se tailler un costume de président dans la chair du migrant”, Migrations Société, vol. 18, n° 103, janvier-février 2006, pp. 3-15.
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[2]
Cf. LAHLOU, Mohamed, “Histoires familiales et mémoires d’exil”, in : LAHLOU, Mohamed (sous la direction de), Histoires familiales, identité, citoyenneté, Lyon : Éd. L’Interdisciplinaire, 2002, pp. 87-99.
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[3]
MOHAMED, Ahmed, “Jeunes issus de l’immigration : l’expérience de l’errance, de la galère et de la délinquance”, in : LAHLOU, Mohamed ; VINSONNEAU, Geneviève (sous la direction de), La psychologie au regard des contacts de cultures, Lyon : Éd. L’Interdisciplinaire, 2001, pp. 153-173.
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[4]
Cf. CAMILLERI, Carmel, “Identité et gestion de la disparité culturelle : essai d’une typologie”, in : CAMILLERI, Carmel ; KASTERSZTEIN, Joseph et al. (sous la direction de), Stratégies identitaires, Paris : Presses universitaires de France, 1990, pp. 85-110.
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[5]
Cf. AKKARI, Abdeljalil, “Construction solidaire et citoyenneté”, in : LAHLOU, Mohamed, Histoires familiales, identité, citoyenneté, Lyon : Éd. L’Interdisciplinaire, 2002, pp. 163-170.
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[6]
Cf. LORREYTE, Bernard, “Français et immigrés : des miroirs ambigus”, in : CAMILLERI, Carmel ; COHEN-ÉMERIQUE, Margalit (sous la direction de), Chocs de cultures : concepts et enjeux pratiques de l’interculturel, Paris : Éd. L’Harmattan, 1989, pp. 247-270.
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[7]
Cf. AKKARI, Abdeljalil, “Les jeunes d’origine maghrébine en France : les limites de l’intégration par l’école”, Revue Électronique de Sociologie – Esprit critique, vol. 3, n° 8, août 2001, http://critique.ovh.org/0308/article1.html
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[8]
Chasse à l’homme et massacres d’Italiens, expulsion violente de dizaines de milliers de Polonais dans les années 1934-1935… pour ne prendre que quelques exemples.
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[9]
Le plus souvent, cette histoire fait partie de non-dits dans la narration familiale, « intimité cachée, secrets refoulés, souvenir enfoui au fond de la mémoire ». Voir LAHLOU, Mohamed, Histoires familiales, identité, citoyenneté, op. cit., p. 29.
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[10]
Les lecteurs souhaitant une lecture plus approfondie de ces modèles pourront se reporter aux travaux de BOUCHER, Manuel, Les théories de l’intégration : entre universalisme et différentialisme, Paris : Éd. L’Harmattan, 2000, 337 p.
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[11]
Voir TODD, Emmanuel, Le destin des immigrés : assimilation et ségrégation dans les démocraties occidentales, Paris : Éd. du Seuil, 1994, 390 p.
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[12]
Voir NATHAN, Tobie, L’influence qui guérit, Paris : Éd. Odile Jacob, 1994, 350 p.
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[13]
Voir SCHNAPPER, Dominique, La France de l’intégration : sociologie de la nation en 1990, Paris : Éd. Gallimard, 1991, 347 p.
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[14]
Voir TOURAINE, Alain, Pourrons-nous vivre ensemble ? Égaux et différents, Paris : Éd. Fayard, 1998, 395 p.
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[15]
Voir CLANET, Claude, L’interculturel : introduction aux approches interculturelles en éducation et en sciences humaines, Toulouse : Presses universitaires du Mirail, 1990, 234 p
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[16]
MANÇO, Altay, Intégration et identités : stratégies et positions des jeunes issus de l’immigration, Bruxelles : De Boeck éditions, 1999, 239 p. (voir p. 111).
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[17]
CLANET, Claude, L’interculturel, op. cit.
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[18]
Cf. DENOUX, Patrick, “L’identité interculturelle”, Bulletin de Psychologie, vol. 48, n° 419, janvier-avril 1994, pp. 264-270.
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[19]
La circulaire adressée aux préfets le 13 juin 2006 par le ministre de l’Intérieur exige « l’absence de liens de cet enfant avec le pays dont il a la nationalité » comme condition pour régulariser les familles sans papiers qui ont au moins un enfant scolarisé depuis septembre 2005 en France.
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[20]
Cité par DASEN, Pierre, “Intégration, assimilation et stress acculturatif”, in : PERREGAUX, Christiane ; OGAY, Tania ; LEANZA, Yvan ; DASEN, Pierre (sous la direction de), Intégration et migrations, Paris : Éd. L’Harmattan, 2001, pp. 188-210.
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[21]
Cf. AMIN, Azzam, Dynamique interculturelle et processus d’interculturation. Appartenance, rejet et intégration psychosociale : approche comparative, thèse de doctorat de 3e cycle en psychologie, Université Lyon II, en cours.
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[22]
Cf. SABATIER, Colette ; BERRY John, “Immigration et acculturation”, in : BOURHIS, Richard ; LEYENS, Jacques-Philippe (sous la direction de), Stéréotypes, discrimination et relations intergroupes, Belgique : Éd. Mardaga, 1994, pp. 261-291.
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[23]
Sa forme définitive a été construite après une étude exploratoire (16 entretiens semi-directifs) et un pré-test sur un échantillon composé de 44 sujets.
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[24]
L’échantillon est composé de 200 jeunes âgés de 15 à 25 ans, dont 120 issus de l’immigration maghrébine et 80 issus de l’immigration turque.
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[25]
L’échelle des attitudes finalement retenue contient 36 items qui couvrent 36 propos sous-tendant les trois orientations. Pour chaque item, les sujets ont dû évaluer leur degré d’accord ou de désaccord sur une échelle à cinq points de type Lickert, allant de 1 (« pas du tout d’accord ») à 5 (« tout à fait d’accord »).
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[26]
Cf. MANÇO, Altay ; MANÇO, Ural, “Turcs de Belgique : la communauté comme logique d’intégration ?”, in : Actes du 8e congrès de l’ARIC, Genève, 24–28 septembre 2001, http://www.unige.ch/ fapse/sse/groupes/aric
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[27]
Cf. SABATIER, Colette ; BERRY John, “Immigration et acculturation”, art. cité.
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[28]
Voir ORIOL, Michel, “L’ordre des identités”, Revue Européenne des Migrations Internationales, vol. 1, n° 2, 1985, pp. 171-184.
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[29]
Voir CAMPANI, Giovanna ; CATANI, Maurizio, “Les réseaux associatifs italiens en France et les jeunes”, Revue Européenne des Migrations Internationales, vol. 1, n° 2, 1985, pp. 143-160.
-
[30]
Cf. BOURHIS, Richard ; PERSONNAZ, Marie ; BARRETTE, Geneviève ; PERSONNAZ, Bernard, “Étude sur les orientations d’acculturation de Maghrébins et de Français d’origine en région parisienne”, in : SABATIER, Colette ; MALEWSKA-PEYRE, Hanna ; TANON, Fabienne (sous la direction de). Identité, acculturation et altérité, Paris : Éd. L’Harmattan, 2002, pp. 123-147.
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[31]
Où les sujets, après avoir répondu au questionnaire, doivent répondre à cette question ouverte en se décrivant. Ce qui est à prendre en compte : sans l’amorçage de la dimension interculturelle, les réponses auraient sans doute été moins centrées sur cet aspect de l’identité.
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[32]
Au lieu de cinq catégories dans notre précédente recherche. Voir AMIN, Azzam, “L’intégration des jeunes Français issus de l’immigration. Le cas des jeunes issus de l’immigration arabo-musulmane et turque : Maghreb, Moyen-Orient et Turquie”, Connexions, n° 83, 2005, dossier “Différences culturelles, intégration et laïcité”, pp. 131-147.
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[33]
DENOUX, Patrick, “Processus psychologique dans l’objectivation de la différence culturelle par l’action sociale”, in : LAHLOU, Mohamed, Histoires familiales, identité, citoyenneté, Lyon : Éd. L’Interdisciplinaire, 2002, pp. 43-53.
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[34]
Cf. CAMILLERI, Carmel, “Identité et gestion de la disparité culturelle”, art. cité.
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[35]
Dix entretiens semi-directifs ont été réalisés, puis plusieurs entretiens collectifs, avec 20 professionnels : animateurs, assistants de service social, enseignants qui appartiennent à différentes institutions (association Léo Lagrange, Développement social urbain, Conseil général, Éducation nationale).
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[36]
Cf. SALHAB, Mohamad, “La médiation inter-culturelle. Enjeux et concepts”, Médiation inter-culturelle, Revue de l’Education Nationale. Fonds d’Action Sociale, n° 5, 1993, pp. 13-35.
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[37]
Ce qui veut dire “le Français” en arabe maghrébin.
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[38]
Voir BÉLANGER, Mario, “L’intervention interculturelle. Une recherche du sens et un travail du sens”, Service Social, vol. 49, n° 1, 2002, www.erudit.org/revue/ss/2002/v49/n1/006878ar.html
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[39]
D’autant plus quand l’histoire s’en mêle, pour les personnes ayant des racines en Algérie, par exemple…
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[40]
Cf. AMIN, Azzam, “L’intégration des jeunes Français issus de l’immigration”, art. cité.
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[41]
SALHAB, Mohamad, “La médiation interculturelle. Enjeux et concepts”, art. cité.
1 La rencontre entre acteur social mandaté institutionnellement et jeunes Français issus de l’immigration se heurte, souvent, à une part d’incompréhension. Celle-ci ne provient pas seulement des jeunes, mais aussi des intervenants sociaux et éducatifs qui se confrontent à ce public avec beaucoup de difficultés et d’interrogations. Les représentations que chacun des partenaires (travailleur social, jeune) a des processus d’insertion et d’intégration peuvent être divergentes et générer un écart, voire une inadéquation entre les besoins et les attentes des jeunes issus de l’immigration et les réponses qui peuvent leur être proposées.
2 De quels moyens disposent les intervenants sociaux et éducatifs chargés d’intervenir auprès de cette génération ? Quelles sont les difficultés auxquelles ils sont confrontés dans cette situation ? Ces jeunes ont-ils vraiment un problème d’intégration ? Notre contribution vise deux objectifs : d’une part, explorer le point de vue de jeunes Français issus de l’immigration et aussi celui de professionnels qui travaillent sur le terrain concernant la question de l’intégration, question qui occupe une place de plus en plus importante dans les préoccupations actuelles de la société française ; d’autre part, mettre en lumière les convergences et les divergences de ces points de vue.
3 Bien entendu, nous ne prétendrons pas donner une recette magique sur le travail social ou sur la problématique de ces jeunes, mais nous espérons ouvrir des pistes de recherches et d’interrogations soulignant plutôt les problèmes de fond que ces questions soulèvent pour tenter d’aboutir à une meilleure compréhension de ces jeunes, questions souvent médiatisées et instrumentalisées à des fins politiques [1].
Les jeunes Français issus de l’immigration
4 Actuellement, lorsqu’on évoque les problèmes de banlieues, de violence, d’agressivité, et qu’on les formule en termes de “choc des civilisations”, c’est souvent à la population des jeunes issus de l’immigration maghrébine que l’on fait référence. L’identité de ces jeunes Français est un élément à prendre en compte dans l’analyse de certaines conduites, souvent perçues comme liées à un défaut d’intégration. Elle s’inscrit dans une dynamique de redéfinition dans le contexte socio-politique français marqué par des relations historiques, symboliques et culturelles entre le pays d’origine des parents et la France. L’intégration psychosociale de ces jeunes est déterminée aussi par leurs interactions avec la société qui leur renvoie souvent une image d’eux dévalorisée. Les clichés négatifs à leur égard sont souvent fréquents dans les médias et sur la scène politique, ils relèvent plus des représentations de la société qui les désigne que de la réalité de leur vécu identitaire. Cet écart influence la relation entre les jeunes et les intervenants sociaux et éducatifs.
5 Les discours politiques et médiatiques font appel la plupart du temps à la culture soi-disant “d’origine” pour appréhender l’identité de ces jeunes. On les associe souvent à l’histoire migratoire de leurs parents, or ils ne l’ont pas vécue : celle-ci leur a été transmise à travers une mémoire familiale discontinue référentielle et mythique [2]. De nombreuses recherches se réfèrent à la « double appartenance » conçue comme un déchirement de l’entre-deux, à une « identité bipolaire » [3], source de problèmes et de conflits entre les systèmes de valeurs de la culture d’origine et celle de la société française [4].
6 Ces propos politiques et ces travaux culturalisants prennent peu en compte le contexte social et économique des jeunes, et ils pourraient laisser entendre que leurs problèmes demeureraient dans une différence culturelle. Ainsi, comme le remarque Abdeljalil Akkari, on peut glisser rapidement de la « différence culturelle » à la « déficience culturelle » car, actuellement, les limites entre une désignation de la différence et une assignation à cette différence sont de moins en moins nettes [5]. Culturaliser la question de l’intégration pourrait aboutir à la conclusion selon laquelle l’intégration des étrangers faisant partie des flux migratoires plus anciens tel que les Italiens, les Polonais, les Espagnols aurait été aisée, tandis que l’intégration des immigrés des vagues migratoires plus récentes et provenant essentiellement du monde musulman (Maghrébins et Turcs) soulèverait de plus graves difficultés dans la mesure ou ces derniers seraient, sur le plan culturel et notamment religieux, plus éloignés de la société française [6].
7 Or, certaines études ont montré qu’à l’instar des vagues migratoires plus anciennes, le comportement de ces jeunes Français issus de l’immigration maghrébine, à l’école et en dehors, est conforme à leur statut social [7]. D’autres ont démontré que non seulement l’intégration des étrangers des anciens flux migratoires n’a pas été facile et qu’elle a nécessité plusieurs générations, mais aussi que les manifestations xénophobes ou racistes d’aujourd’hui sont loin d’avoir atteint le degré de violence qu’elles ont connu dans le passé [8]. La construction de l’identité de ces jeunes devient alors difficile et problématique dans une société où, pour parler d’eux, on fait souvent appel à l’origine culturelle de leurs parents et à une histoire (imaginaire [9] pour eux) qu’ils n’ont pas connue. Quelles possibilités reste-t-il à ces jeunes de construire leur identité en dehors de cette histoire ? Sur quoi peuvent-ils appuyer leur identité ?
Différentes conceptions de l’intégration
8 La notion d’intégration est d’autant plus difficile à définir qu’elle revêt différentes acceptions suivant les discours : psychologique, sociologique, philosophique et politique. En France, le débat sur ce terme se définit autour de quatre grands modèles [10] : l’intégration assimilationniste (Emmanuel Todd [11]), l’intégration communautariste (Tobie Nathan [12]), l’intégration républicaine de tolérance (Dominique Schnapper [13]) et enfin l’intégration pluraliste et de reconnaissance (Alain Touraine [14], Claude Clanet [15]) que nous présentons brièvement.
9 En effet, l’enjeu dans ce débat qui fait rage porte sur le degré de reconnaissance qu’on accorde à la différence culturelle dans l’espace public. Pour les défenseurs du courant pluraliste, l’intégration « est un processus à la fois sociologique et psychologique » [16] par lequel les individus dans une situation interculturelle se conforment aux normes collectives de la société tout en conservant certaines de leurs spécificités culturelles. Elle implique, comme une condition indispensable de celle-ci, le maintien des liens avec la culture d’origine ou celle des parents. Ces liens contribuent à une identité positive et favorisent ainsi les processus d’intégration, ce sur quoi plusieurs chercheurs en psychologie sociale et interculturelle ont insisté. Ainsi, l’intégration pourrait être définie comme l’état d’une personne pouvant à la fois, d’une part, tendre vers un équilibre entre son projet d’individuation et sa tendance à la conformation à un héritage collectif, et, d’autre part, participer à la négociation sur le degré de différenciation et d’incorporation des groupes sociaux par rapport à un cadre global.
10 Selon Claude Clanet, « l’intégration pluraliste » implique dans une situation de contact de cultures trois processus : « échange », « participation » et « égalité » qui aboutissent à une reconnaissance du droit à la différence culturelle sans entraîner un ethnocentrisme ethnique ou une hiérarchie culturelle [17]. Cela donne la possibilité à l’individu d’exprimer une « identité interculturelle » structurée par une « culture tierce », laquelle n’est pas la somme mathématique des deux cultures en contact, mais une culture originale avec de nouvelles valeurs et de nouvelles normes [18].
11 Contrairement à cette vision pluraliste et interculturelle, le discours officiel français privilégie l’unification culturelle sur le territoire national. Les fondements philosophiques de la France comme État-nation, plus que n’importe quelle autre nation moderne, se réclament de l’universel et interdisent alors toute réflexion sur l’espace de la différence culturelle dans la société. Elle se considère comme une société nationale unie et intégrée dans un ensemble de rapports sociaux et culturels homogènes. Cette vision assimilationniste de l’intégration ne reconnaît qu’une seule identité culturelle et politique, celle d’une identité française homogène [19]. Donc, les minorités régionales, les immigrés et leurs descendants doivent s’aligner sur les mœurs majoritaires françaises. En effet, l’individu, quelle que soit son origine, n’est connu qu’en tant que citoyen.
12 Au grand regret de certains, le projet assimilateur ne marche plus, et d’ailleurs il n’a jamais réussi à gommer les différences régionales, culturelles, etc. Et comme le confirme John Berry dans son rapport au gouvernement fédéral canadien en 1991, la politique assimilationniste n’a réussi nulle part au monde et pourrait aboutir à une forte résistance et à des conflits sociaux [20].
Le point de vue des jeunes Français issus de l’immigration concernant l’intégration
13 Partant de la discussion théorique ci-dessus, qu’en est-il de l’attitude vis-à-vis de l’intégration et de l’identité des jeunes Français issus de l’immigration maghrébine et turque ? Notre recherche a ciblé deux objectifs [21] : tout d’abord, il s’est agi d’explorer les orientations (attitudes) de ces jeunes sur l’intégration. En nous inspirant du modèle de John Berry et de ses collègues [22], nous pouvons définir trois orientations :
14 — soit le jeune adopte la culture française tout en abandonnant ses spécificités familiales et culturelles, il y a alors “assimilation” ;
15 — soit il désire maintenir sa culture familiale tout en adoptant celle de la société d’accueil ; il recourt donc à une sorte de bricolage culturel qui peut aboutir à une identité interculturelle. Dans ce cas il y a “intégration pluraliste” ;
16 — soit le jeune refuse complètement la culture de la société française tout en essayant de préserver celle de ses parents ; dans ce cas-là on parle d’une attitude de séparation, nommée ici “repli communautariste”.
17 Le deuxième objectif concerne les appartenances sociales et culturelles — les « identifications » — revendiquées par ces jeunes dans la société, avec une question sous-jacente : à quoi ont-ils recours pour se définir et s’identifier dans la société française ? Le repérage de cette identification peut nous permettre, d’une part, de saisir l’image de soi déterminée par le rapport que le sujet a avec le système social et qui reflète la conscience qu’il a de ce rapport ; d’autre part, de déterminer la façon dont le sujet se situe dans le système social pour comprendre par là ses conduites.
18 Pour répondre à notre questionnement et atteindre notre premier objectif nous avons mené une enquête par questionnaire dans la région lyonnaise auprès de jeunes Français issus de l’immigration [23]. Les sujets étaient tous soit lycéens, soit étudiants, nés en France et de nationalité française [24]. Les attitudes qui sous-tendent les trois orientations concernées (assimilation, repli communautariste et intégration pluraliste) sont opérationnalisées par des indicateurs mesurant différentes valeurs de type relationnel telles que les coutumes, l’amitié, le mariage, la langue, les activités, la confiance, etc. [25]
19 Les résultats de cette enquête montrent que les jeunes ont une forte préférence pour l’intégration pluraliste, et qu’il n’y a pas de différence significative entre les jeunes issus de l’immigration maghrébine et les jeunes issus de l’immigration turque. 90 % des sujets interrogés refusent totalement les logiques assimilationniste et communautariste, et désirent maintenir une identité interculturelle : ils optent ainsi pour l’intégration pluraliste. Néanmoins, à la question concernant le mariage mixte, les jeunes issus de l’immigration turque ont montré davantage de réserves que les jeunes issus de l’immigration maghrébine. Ces derniers témoignent aussi de davantage de distance vis-à-vis des exigences familiales et culturelles que les jeunes issus de l’immigration turque.
20 Ces deux constats rejoignent ceux mis en lumière dans les recherches menées par Altay et Ural Manço [26]. Une série d’études conduites par John Berry et ses collègues ont démontré que la plupart du temps les immigrés et leurs descendants désirent maintenir leurs spécificités culturelles et adopter celles de la société où ils vivent [27]. De même, les recherches menées en France sur plusieurs communautés (jeunes issus de l’immigration portugaise [28] et italienne [29]) ont attesté également la préférence pour l’intégration pluraliste et l’interculturel. Les résultats de l’enquête menée par Richard Bourhis et ses collaborateurs en région parisienne sur les orientations d’acculturation ont montré que l’intégration constitue l’orientation privilégiée aussi bien chez les étudiants français d’origine que chez les étudiants d’origine maghrébine [30]. Ces derniers ont affirmé qu’ils n’acceptent pas d’adopter la culture de la société française au détriment de leur culture d’origine (assimilation). À la lumière de toutes ces recherches, la question sur la pertinence de la politique assimilationniste française se pose.
21 Concernant les manières par lesquelles les jeunes se définissent dans la société et les représentations qu’ils se font de leur identité, l’analyse de contenu thématique et catégorielle des réponses spontanées au test « Qui suis-je ? » [31] a révélé six façons de se nommer et de s’identifier [32] :
22 — une première façon consiste à se définir en s’affiliant au pays et à la culture d’origine de ses parents en recourant à des signifiants raciaux, ethniques, nationaux et religieux : « Je suis arabe, turc(que), musulman-e, algérien-ne, maghrébin-e… ». Ce que nous qualifions d’identité d’origine peut renvoyer à l’intégration communautariste ;
23 — une seconde façon consiste à se présenter en affirmant son appartenance à la France et à la société française : « Je suis français-e, citoyen-ne français-e, de culture française… ». Cette identité française revendiquée est le but de la vision assimilationniste de l’intégration ;
24 — une troisième façon consiste à caractériser son appartenance par des formes synthétiques interculturelles acceptant les deux cultures en contact : « Je suis français-e d’origine arabe ou turque, je suis français-e et marocain-e, je suis musulman-e français-e… ». C’est l’identité inter-culturelle qui est l’expression d’une intégration pluraliste ;
25 — un quatrième cas de figure concerne les sujets qui s’affilient au fait d’être d’origine immigrée pour se définir : « Je suis d’origine immigrée, je suis un immigré, je suis fils ou fille d’immigré… » (identité par affiliation) ;
26 — une cinquième façon de s’identifier est de revendiquer ses caractéristiques personnelles, professionnelles, physiques et/ou psychologiques (étude, sexe, beauté, ouverture d’esprit, intelligence…) : « Je suis un homme, étudiant, honnête ; je suis belle… » (identité par personnalisation) ;
27 — enfin, certains jeunes se réfèrent pour se définir à leurs expériences du racisme et du rejet qu’ils estiment subir dans la société : « Je suis fatigué de ce racisme ; je suis en colère quand on me demande si je suis français ; je suis étonné par les réactions que les gens ont à mon égard… » (identité par stigmate).
28 Le taux de réponses concernant l’identité d’origine et l’identité par personnalisation est plus élevé par rapport aux autres identités, comme l’illustre le tableau suivant :
Identité | 1re réponse | 2e réponse | 3e réponse | Ensemble |
Identité d’origine | 29,2 % | 24 % | 17,5 % | 23,6 % |
Identité française | 6,1 % | 8,1 % | 5,7 % | 6,6 % |
Identité interculturelle | 11,8 % | 4,9 % | 8,1 % | 8,3 % |
Identité par affiliation | 5,3 % | 8,9 % | 11 % | 8,4 % |
Identité par personnalisation | 41,1 % | 39 % | 39,4 % | 39,8 % |
Identité par stigmate | 6,5 % | 15,1 % | 18,3 % | 13,3 % |
Total | 100 % | 100 % | 100 % | 100 % |
29 Ceci peut, de prime abord, apparaître contradictoire avec les résultats de l’échelle d’attitudes qui montrent que 90 % des sujets préfèrent l’intégration pluraliste. Mais, comme l’ont déjà souligné plusieurs chercheurs, la revendication d’une appartenance ethnique, religieuse ou nationale est une des stratégies identitaires d’aménagement des conflits entre une culture dominante et une culture dominée, et il peut ainsi s’agir d’une « adhérence (adhésion pragmatique) à l’identité proposée, au sens d’identité temporaire qui permet de survivre et de s’adapter » [33]. En effet, la réalité quotidienne discriminatoire pousse les jeunes issus de l’immigration vers une forme d’ethnicisation qui se manifeste par l’expression langagière, musicale, religieuse, voire corporelle. Ainsi, cette revendication peut être considérée soit comme une identité “refuge” face à l’exclusion, soit comme une intériorisation de l’identité “prescrite” par la société [34].
Le point de vue des intervenants sociaux et éducatifs
30 Les données présentées ci-dessous sont issues d’une recherche-action réalisée suite à la demande d’un collectif d’intervenants sociaux et éducatifs visant à avoir une meilleure compréhension des questions interculturelles dans le quartier où ils travaillent et à pouvoir adapter au mieux leurs pratiques et leurs projets aux besoins de la population issue de l’immigration [35].
Concernant les jeunes
31 Nous pouvons en premier lieu établir un parallèle entre les résultats indiqués supra concernant l’identité et le point de vue des professionnels rencontrés : ceux-ci repèrent bien le fait que certains jeunes revendiquent une identité française, tandis que d’autres la rejettent au profit de celle du pays d’origine de leurs parents ou de leurs grands-parents. Ce qui est intéressant, c’est que cette identité culturelle ou nationale passe parfois, disent-ils, à l’arrière-plan d’une identité “de quartier” qui est davantage mise en avant.
32 L’identité de quartier devient particulièrement visible quand ces jeunes sont amenés ou invités à sortir de ce quartier ou à rencontrer des personnes qui n’y habitent pas.
33 Ceci met en évidence le fait que les enjeux identitaires sont plus complexes que l’on veut bien souvent le dire ou le penser. La question de l’identité, pour les jeunes Français issus de l’immigration, ne peut être réduite aux enjeux interculturels liés à leur position d’enfants de migrants. L’identité de quartier peut en effet constituer pour ces jeunes un étayage identitaire moins “fragile” qu’une identité française qui leur est déniée par une partie de la population française ou qu’une identité reliée au pays d’origine des parents ou des grands-parents et dans lequel, y ayant peu ou pas vécu, ils ne sont pas considérés comme membres de la société [36].
34 S’ils ne sont pas “d’ici” ni “d’ailleurs”, là, dans le quartier où ils ont grandi et créé des liens, leur appartenance ne peut être contestée. De plus, l’identité de quartier renvoie, au-delà des enjeux culturels, au contexte social et économique dans lequel ces jeunes se situent. Cette identité, qui apparaît souvent comme étonnante pour les professionnels, vient en effet bousculer une lecture en termes d’intégration des enjeux des “quartiers difficiles”, lecture ordinairement privilégiée, pour rappeler la dimension sociétale de ces enjeux.
35 L’analyse thématique et catégorielle de ces entretiens montre par ailleurs que les professionnels s’interrogent sur certains comportements et attitudes des jeunes Français issus de l’immigration. Ils témoignent de situations où ils se sentent en difficulté :
36 — un nouvel animateur de la Maison de Quartier, “Français de souche”, est difficilement accepté par les jeunes, qui l’appellent le gaouri [37] ;
37 — une institutrice explique que des parents lui font remarquer qu’elle ne prononce pas correctement le prénom de leurs enfants et qu’elle ne sait pas comment réagir ;
38 — au collège, le grand frère d’un élève se présente à la place des parents qui avaient été convoqués, et explique sa présence par le fait que ces derniers ne parlent pas français ;
39 — un père, reçu par une assistante sociale suite aux comportements transgressifs de son fils, exprime le fait qu’il a perdu ses repères éducatifs en venant habiter en France.
40 Autant de moments où les professionnels rencontrés ressentent la nécessité d’une prise en compte de la dimension interculturelle. Si les intervenants sociaux et éducatifs rencontrés se disent prêts à accueillir et à respecter l’expression d’une altérité culturelle qui vient questionner le sens donné par chacun à une situation [38], ils témoignent de leurs difficultés à le mettre en œuvre. Cette posture qui rejoint une perspective d’intégration pluraliste est souhaitée, mais se réalise peu.
41 On comprend ainsi que leurs pratiques, liées en grande partie à la formation des intervenants et au cadre institutionnel au sein duquel ils prennent place, ne permettent pas facilement d’intégrer la dimension interculturelle qu’apportent avec eux ces jeunes. En effet, si l’on resitue ces pratiques dans le contexte historique, le cadre institutionnel des travailleurs sociaux et des enseignants, constitué dans l’après-Seconde Guerre mondiale, a été pensé, “prévu” pour une société française relativement peu multiculturelle. Ce cadre s’est de plus constitué dans une logique assimilationniste, qui caractérise les politiques françaises. L’intégration pluraliste, à laquelle sont très majoritairement favorables les jeunes Français issus de l’immigration, mais aussi les professionnels rencontrés, se heurte donc à ce contexte politique et institutionnel qui ne la favorise pas.
Concernant l’intégration
42 Les données concernant les représentations des professionnels d’une bonne intégration psychosociale des populations issues de l’immigration permettent d’éclairer davantage leur point de vue sur les processus d’intégration de manière générale. Trois éléments sont consensuels, et ils correspondent à ce que ces intervenants considèrent comme important pour qu’une intégration puisse se réaliser de manière satisfaisante :
43 — la maîtrise de la langue française par les parents ;
44 — la découverte réciproque de la culture de l’Autre ;
45 — le travail et la formation professionnelle.
46 Nous pouvons tout d’abord constater que ce point de vue est assez pragmatique : il correspond aux obstacles à la communication, à l’insertion sociale et professionnelle rencontrés et observés par ces intervenants sociaux et éducatifs dans le cadre de leurs pratiques professionnelles. C’est donc d’abord en tant qu’acteurs sociaux, et à partir de leur expérience, qu’ils se positionnent sur ce qui peut favoriser une bonne intégration psychosociale.
47 Ce qui est en jeu dans les deux premiers aspects pointés par les intervenants interrogés, c’est la communication et la compréhension réciproque. Ainsi, pour eux, l’intégration se noue principalement à partir de la capacité à comprendre, mais aussi à être compris de l’Autre, et à partir d’une prise en compte de la diversité culturelle (intégration pluraliste). L’ancrage social par une participation à l’activité sociale, économique, citoyenne et culturelle de la France apparaît comme secondaire par rapport à cette première dimension de la compréhension réciproque, sans doute parce que cette dernière est perçue comme l’obstacle majeur à l’insertion sociale. Nous voyons donc que, comme nous l’évoquions précédemment, l’accent est mis sur la dimension culturelle plus que sur la dimension économique et sociale. Bien que les jeunes et les intervenants se rejoignent sur le modèle d’intégration pluraliste, une tension peut se produire, en amont, entre l’identité constituée par les jeunes et celle qui leur est renvoyée par les intervenants socio-éducatifs.
48 En effet, si certains jeunes se considèrent avant tout comme des “exclus”, c’est-à-dire comme des défavorisés au sein de la société française (l’identité par stigmate est davantage affirmée que l’identité française ou interculturelle), ce qui renvoie à leur condition socio-économique, cela entre en conflit avec la représentation des jeunes des quartiers comme étant à intégrer sur le plan culturel. Nous voyons bien, ainsi, le décalage qui peut exister entre la réalité vécue par ces jeunes, qui sont partie prenante de la société française dont ils maîtrisent les codes et les références (via l’école, la mixité culturelle, la télévision…) mais dans laquelle leur place est inconfortable, et une image d’individus à intégrer, culturellement, qui leur est renvoyée. Même si les intervenants éducatifs et sociaux n’adhèrent pas entièrement à ce “discours social”, il est difficile pour tout un chacun de s’en dégager, d’autant plus que la dimension interculturelle pose effectivement des enjeux spécifiques [39] qui entrent en interaction avec les enjeux sociaux.
49 Les données présentées ici montrent que les jeunes Français issus de l’immigration et les intervenants sociaux et éducatifs se rejoignent sur la préférence donnée à un modèle d’intégration pluraliste. Malgré le désir de rencontre et de dialogue de chacun des protagonistes, ce dialogue se réalise difficilement car, d’une part, les différents fonctionnements institutionnels laissent peu de place à un dialogue interculturel, et, d’autre part, la lecture de “l’origine du problème” peut différer. En effet, les représentations qui culturalisent les problèmes sociaux auxquels ces jeunes sont confrontés se heurtent nécessairement à leur définition d’eux-mêmes : l’identité étant toujours complexe et multidimensionnelle, elle ne se réduit pas à ses composantes culturelles. L’intervention d’un tiers peut donc faciliter la prise en compte des enjeux interculturels, en interaction avec les enjeux sociaux, dans les pratiques quotidiennes et les projets locaux conduits par les professionnels.
Conclusion
50 La culture d’origine n’est ni une raison en soi ni une explication des comportements psychologiques et sociaux de ces jeunes. Les approches interculturelles ne doivent pas être des “alibis” à des difficultés et des problèmes qui relèvent davantage de la précarité sociale et économique à laquelle ces jeunes sont confrontés [40]. En effet, dans les études relatives aux relations interculturelles, il faut trouver l’équilibre entre un “sociologisme” qui met l’accent sur les facteurs politico-économiques et un “psychologisme” centré sur les stratégies identitaires mises en place pour gérer la pluralité culturelle. Donc, il est important de ne pas sociologiser les rapports culturels ni culturaliser les rapports sociaux.
51 La mise en parallèle du discours de jeunes Français issus de l’immigration turque et maghrébine avec celui d’intervenants sociaux et éducatifs travaillant au sein d’un quartier, montre que, de part et d’autre, l’intégration pluraliste est perçue comme positive. Ces acteurs occupant des places différentes se rejoignent sur un point de vue favorable au fait que la culture d’origine des populations immigrées, et en partie transmise à leurs descendants, puisse être prise en compte. Les acteurs institutionnels que nous avons rencontrés ont témoigné de leur volonté d’adapter leurs pratiques aux enjeux spécifiques qui se posent pour les migrants et leurs descendants. Mais nous avons également pu observer les difficultés qu’ils rencontrent pour adapter ces pratiques, difficultés liées à un manque de formation et au contexte institutionnel au sein duquel ils travaillent. Ainsi, face à la demande d’intégration pluraliste des jeunes Français issus de l’immigration, mise en lumière par les premiers résultats présentés dans cette contribution, la réponse que voudraient donner les intervenants sociaux et éducatifs a du mal à être formulée. De plus, nous avons pu montrer l’écart existant entre l’identité affirmée par ces jeunes et leur identité perçue par les professionnels.
52 C’est pourquoi la nécessité d’une médiation interculturelle se fait sentir dans ces lieux, nombreux, où chacun des acteurs souhaite que l’incompréhension réciproque soit dépassée. En effet, la médiation interculturelle comme « activité communicationnelle orientée vers la compréhension des situations d’interaction sociale » [41] est de plus en plus ressentie à la fois comme un besoin et comme un droit de participer, avec les autres, à de meilleurs rapports sociaux. C’est une démarche interculturelle visant à combler une distance entre des univers mentaux et culturels différents et à réinstaurer des espaces de dialogue et de négociation, ce qui permet de rapprocher les systèmes de représentations et de faire évoluer les constructions identitaires et les modes de comportements.
Notes
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[*]
Doctorant et chargé de cours, Université Lumière - Lyon II, Institut de psychologie, Laboratoire Santé, individu et société (SIS, EA 4129), Groupe d’étude et de recherche en psychologie interculturelle (GERPIC).
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[**]
Psychologue, doctorante et chargée de cours, Université Lumière - Lyon II, Institut de psychologie, Groupe de recherche en psychologie sociale (GRePS, EA 4163).
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[1]
Pour une lecture approfondie de l’instrumentalisation politique du sujet de l’immigration, nous citons l’éditorial remarquable de GEISSER, Vincent, “Se tailler un costume de président dans la chair du migrant”, Migrations Société, vol. 18, n° 103, janvier-février 2006, pp. 3-15.
-
[2]
Cf. LAHLOU, Mohamed, “Histoires familiales et mémoires d’exil”, in : LAHLOU, Mohamed (sous la direction de), Histoires familiales, identité, citoyenneté, Lyon : Éd. L’Interdisciplinaire, 2002, pp. 87-99.
-
[3]
MOHAMED, Ahmed, “Jeunes issus de l’immigration : l’expérience de l’errance, de la galère et de la délinquance”, in : LAHLOU, Mohamed ; VINSONNEAU, Geneviève (sous la direction de), La psychologie au regard des contacts de cultures, Lyon : Éd. L’Interdisciplinaire, 2001, pp. 153-173.
-
[4]
Cf. CAMILLERI, Carmel, “Identité et gestion de la disparité culturelle : essai d’une typologie”, in : CAMILLERI, Carmel ; KASTERSZTEIN, Joseph et al. (sous la direction de), Stratégies identitaires, Paris : Presses universitaires de France, 1990, pp. 85-110.
-
[5]
Cf. AKKARI, Abdeljalil, “Construction solidaire et citoyenneté”, in : LAHLOU, Mohamed, Histoires familiales, identité, citoyenneté, Lyon : Éd. L’Interdisciplinaire, 2002, pp. 163-170.
-
[6]
Cf. LORREYTE, Bernard, “Français et immigrés : des miroirs ambigus”, in : CAMILLERI, Carmel ; COHEN-ÉMERIQUE, Margalit (sous la direction de), Chocs de cultures : concepts et enjeux pratiques de l’interculturel, Paris : Éd. L’Harmattan, 1989, pp. 247-270.
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[7]
Cf. AKKARI, Abdeljalil, “Les jeunes d’origine maghrébine en France : les limites de l’intégration par l’école”, Revue Électronique de Sociologie – Esprit critique, vol. 3, n° 8, août 2001, http://critique.ovh.org/0308/article1.html
-
[8]
Chasse à l’homme et massacres d’Italiens, expulsion violente de dizaines de milliers de Polonais dans les années 1934-1935… pour ne prendre que quelques exemples.
-
[9]
Le plus souvent, cette histoire fait partie de non-dits dans la narration familiale, « intimité cachée, secrets refoulés, souvenir enfoui au fond de la mémoire ». Voir LAHLOU, Mohamed, Histoires familiales, identité, citoyenneté, op. cit., p. 29.
-
[10]
Les lecteurs souhaitant une lecture plus approfondie de ces modèles pourront se reporter aux travaux de BOUCHER, Manuel, Les théories de l’intégration : entre universalisme et différentialisme, Paris : Éd. L’Harmattan, 2000, 337 p.
-
[11]
Voir TODD, Emmanuel, Le destin des immigrés : assimilation et ségrégation dans les démocraties occidentales, Paris : Éd. du Seuil, 1994, 390 p.
-
[12]
Voir NATHAN, Tobie, L’influence qui guérit, Paris : Éd. Odile Jacob, 1994, 350 p.
-
[13]
Voir SCHNAPPER, Dominique, La France de l’intégration : sociologie de la nation en 1990, Paris : Éd. Gallimard, 1991, 347 p.
-
[14]
Voir TOURAINE, Alain, Pourrons-nous vivre ensemble ? Égaux et différents, Paris : Éd. Fayard, 1998, 395 p.
-
[15]
Voir CLANET, Claude, L’interculturel : introduction aux approches interculturelles en éducation et en sciences humaines, Toulouse : Presses universitaires du Mirail, 1990, 234 p
-
[16]
MANÇO, Altay, Intégration et identités : stratégies et positions des jeunes issus de l’immigration, Bruxelles : De Boeck éditions, 1999, 239 p. (voir p. 111).
-
[17]
CLANET, Claude, L’interculturel, op. cit.
-
[18]
Cf. DENOUX, Patrick, “L’identité interculturelle”, Bulletin de Psychologie, vol. 48, n° 419, janvier-avril 1994, pp. 264-270.
-
[19]
La circulaire adressée aux préfets le 13 juin 2006 par le ministre de l’Intérieur exige « l’absence de liens de cet enfant avec le pays dont il a la nationalité » comme condition pour régulariser les familles sans papiers qui ont au moins un enfant scolarisé depuis septembre 2005 en France.
-
[20]
Cité par DASEN, Pierre, “Intégration, assimilation et stress acculturatif”, in : PERREGAUX, Christiane ; OGAY, Tania ; LEANZA, Yvan ; DASEN, Pierre (sous la direction de), Intégration et migrations, Paris : Éd. L’Harmattan, 2001, pp. 188-210.
-
[21]
Cf. AMIN, Azzam, Dynamique interculturelle et processus d’interculturation. Appartenance, rejet et intégration psychosociale : approche comparative, thèse de doctorat de 3e cycle en psychologie, Université Lyon II, en cours.
-
[22]
Cf. SABATIER, Colette ; BERRY John, “Immigration et acculturation”, in : BOURHIS, Richard ; LEYENS, Jacques-Philippe (sous la direction de), Stéréotypes, discrimination et relations intergroupes, Belgique : Éd. Mardaga, 1994, pp. 261-291.
-
[23]
Sa forme définitive a été construite après une étude exploratoire (16 entretiens semi-directifs) et un pré-test sur un échantillon composé de 44 sujets.
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[24]
L’échantillon est composé de 200 jeunes âgés de 15 à 25 ans, dont 120 issus de l’immigration maghrébine et 80 issus de l’immigration turque.
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[25]
L’échelle des attitudes finalement retenue contient 36 items qui couvrent 36 propos sous-tendant les trois orientations. Pour chaque item, les sujets ont dû évaluer leur degré d’accord ou de désaccord sur une échelle à cinq points de type Lickert, allant de 1 (« pas du tout d’accord ») à 5 (« tout à fait d’accord »).
-
[26]
Cf. MANÇO, Altay ; MANÇO, Ural, “Turcs de Belgique : la communauté comme logique d’intégration ?”, in : Actes du 8e congrès de l’ARIC, Genève, 24–28 septembre 2001, http://www.unige.ch/ fapse/sse/groupes/aric
-
[27]
Cf. SABATIER, Colette ; BERRY John, “Immigration et acculturation”, art. cité.
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[28]
Voir ORIOL, Michel, “L’ordre des identités”, Revue Européenne des Migrations Internationales, vol. 1, n° 2, 1985, pp. 171-184.
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[29]
Voir CAMPANI, Giovanna ; CATANI, Maurizio, “Les réseaux associatifs italiens en France et les jeunes”, Revue Européenne des Migrations Internationales, vol. 1, n° 2, 1985, pp. 143-160.
-
[30]
Cf. BOURHIS, Richard ; PERSONNAZ, Marie ; BARRETTE, Geneviève ; PERSONNAZ, Bernard, “Étude sur les orientations d’acculturation de Maghrébins et de Français d’origine en région parisienne”, in : SABATIER, Colette ; MALEWSKA-PEYRE, Hanna ; TANON, Fabienne (sous la direction de). Identité, acculturation et altérité, Paris : Éd. L’Harmattan, 2002, pp. 123-147.
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[31]
Où les sujets, après avoir répondu au questionnaire, doivent répondre à cette question ouverte en se décrivant. Ce qui est à prendre en compte : sans l’amorçage de la dimension interculturelle, les réponses auraient sans doute été moins centrées sur cet aspect de l’identité.
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[32]
Au lieu de cinq catégories dans notre précédente recherche. Voir AMIN, Azzam, “L’intégration des jeunes Français issus de l’immigration. Le cas des jeunes issus de l’immigration arabo-musulmane et turque : Maghreb, Moyen-Orient et Turquie”, Connexions, n° 83, 2005, dossier “Différences culturelles, intégration et laïcité”, pp. 131-147.
-
[33]
DENOUX, Patrick, “Processus psychologique dans l’objectivation de la différence culturelle par l’action sociale”, in : LAHLOU, Mohamed, Histoires familiales, identité, citoyenneté, Lyon : Éd. L’Interdisciplinaire, 2002, pp. 43-53.
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[34]
Cf. CAMILLERI, Carmel, “Identité et gestion de la disparité culturelle”, art. cité.
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[35]
Dix entretiens semi-directifs ont été réalisés, puis plusieurs entretiens collectifs, avec 20 professionnels : animateurs, assistants de service social, enseignants qui appartiennent à différentes institutions (association Léo Lagrange, Développement social urbain, Conseil général, Éducation nationale).
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[36]
Cf. SALHAB, Mohamad, “La médiation inter-culturelle. Enjeux et concepts”, Médiation inter-culturelle, Revue de l’Education Nationale. Fonds d’Action Sociale, n° 5, 1993, pp. 13-35.
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[37]
Ce qui veut dire “le Français” en arabe maghrébin.
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[38]
Voir BÉLANGER, Mario, “L’intervention interculturelle. Une recherche du sens et un travail du sens”, Service Social, vol. 49, n° 1, 2002, www.erudit.org/revue/ss/2002/v49/n1/006878ar.html
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[39]
D’autant plus quand l’histoire s’en mêle, pour les personnes ayant des racines en Algérie, par exemple…
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[40]
Cf. AMIN, Azzam, “L’intégration des jeunes Français issus de l’immigration”, art. cité.
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[41]
SALHAB, Mohamad, “La médiation interculturelle. Enjeux et concepts”, art. cité.