Marcel Martin, c’était d’abord un homme discret en adéquation avec son nom, ou plutôt son double prénom. Pas d’exubérance patronymique, sa personnalité en faisait un homme relativement effacé dont le sourire malicieux tranchait avec un physique sans aspérité, un visage avenant à la fine moustache (devenue une barbe à la fin de sa vie). On aurait presque pu l’imaginer avec un béret basque.
Pourtant, grâce à un esprit pénétrant, il fait ses débuts très tôt dans la critique : il n’a que 22 ans lorsqu’il commence à écrire en 1948 dans les Lettres françaises, un hebdomadaire prestigieux où il côtoie Louis Aragon et surtout Georges Sadoul, lorrain comme lui. Associé à l’aventure de Cinéma 55, la revue de la FFCC née en octobre 1954, il en est un des piliers jusqu’à la scission de décembre 1971 qui voit huit réacteurs quitter la revue pour fonder Ecran (1972-1979) dont il est désigné rédacteur en chef.Ecran 72 et la suite sera pendant huit ans une belle période d’une activité critique indépendante avec une rédaction où se côtoient des individus de sensibilités idéologique et esthétique différentes et vis à vis desquels Marcel Martin joue les médiateurs, usant de son magister et de sa courtoisie pour faire cohabiter des tendances qui ailleurs auraient été peut-être inconciliables. Dans ces années, j’admirais sa façon tranquille d’aborder les sujets les plus brûlants. Après la disparition d’Ecran et la fin des réunions de rédaction, je l’ai vu moins souvent, même si j’ai collaboré pendant quelques années à…
Mise en ligne 07/03/2018